Dans le tourbillon de notre époque numérique moderne, maintenir un niveau élevé de concentration est devenu un défi sans précédent. En effet, nous sommes constamment sollicités et ces distractions peuvent avoir tendance à nous tirer de tous les côtés. C’est d’ailleurs ce que je peux voir moi-même dans mes activités quotidiennes mais également dans le monde de l’entreprise.
Cal Newport, professeur d’informatique à l’Université de Georgetown, a décortiqué cette problématique dans son livre révolutionnaire « Deep Work: Rules for Focused Success in a Distracted World ». Il apporte ici une nouvelle perspective sur la manière dont nous travaillons et interagissons avec notre environnement de travail.
Je vous propose dans cet article de le découvrir 🙂
Qu’est-ce que le Deep Work ?
Cal Newport définit le « Deep Work » (travail profond) comme :
Une capacité qui permet à une personne de se concentrer sans distraction sur une tâche cognitive difficile.
C’est un état de flux qui permet d’accomplir des tâches de haute qualité en un temps record.
À l’opposé, le « Shallow Work » (travail superficiel) est non cognitif ou routinier, peu exigeant et souvent réalisé tout en étant distrait.
Pourquoi est-ce important dans le monde de l’entreprise ?
Les travailleurs de l’information (« knowledge workers ») sont souvent enlisés dans des tâches superficielles : répondre à des emails, participer à des réunions inutiles, s’interrompre pour des notifications de médias sociaux. Cela ne laisse donc que peu de temps pour le « Deep Work », pourtant clé dans la création de valeur et dans l’innovation.
Prenons l’exemple d’une entreprise de logiciels. Le développement de nouvelles fonctionnalités exige du « Deep Work » de la part des développeurs. Ils ont besoin de blocs de temps ininterrompus pour se plonger dans le code et résoudre des problèmes complexes. Si leur journée est interrompue par des réunions et des courriels, ils finissent par faire du « Shallow Work ». La productivité chute, les délais de livraison sont plus longs et les clients sont mécontents.
Dans un autre contexte, un consultant en gestion a besoin de se plonger profondément dans des données de marché pour élaborer une stratégie efficace. S’il est constamment distrait par des conférences téléphoniques et des rapports d’état, sa capacité à fournir une analyse perspicace est compromise.
Les 4 philosophies du Deep Work
Cal Newport reconnaît le fait que tout le monde n’a pas la même flexibilité ou le même contrôle sur son emploi du temps et que les obligations et les responsabilités varient d’une personne à l’autre.
C’est pourquoi il décrit 4 approches, ou philosophies pour incorporer le « Deep Work » selon sa situation spécifique.
Philosophie | Concept | Adaptée pour les personnes | |
1 | Monastique | Éliminer presque totalement les tâches superficielles | Pouvant largement contrôler leur temps |
2 | Bimodale | Diviser le temps en périodes clairement définies de Deep Work et de Shallow Work | Flexibles dans leur emploi du temps |
3 | Rythmique | Incorporer le Deep Work dans la routine quotidienne. Une à deux heures par jour par exemple. | Ne pouvant pas faire de « Deep Work » pendant longtemps sans interruption |
4 | Journalistique | Passer au Deep Work dès que le temps le permet. Nécessite la capacité de passer rapidement et fréquemment entre le Deep Work et le Shallow Work | Ayant des emplois du temps imprévisibles et devant s’adapter pour faire du « Deep Work » |
Ces philosophies donnent un cadre pour comprendre comment le « Deep Work » peut s’intégrer dans différents modes de vie et professions.
En outre, elles permettent d’identifier la ou les approches qui nous conviennent le mieux, en fonction de notre situation professionnelle et personnelle.
Ainsi, elles mettent en évidence la flexibilité du concept de « Deep Work » et la possibilité pour chacun de l’adapter à ses propres besoins.
Le Deep Work en pratique
Voici quelques stratégies concrètes pour mettre en œuvre le « Deep Work » dans votre vie quotidienne :
1. Planifier le Deep Work
Bloquez des plages horaires spécifiques chaque jour ou chaque semaine pour vous consacrer à des tâches intensives. Ces périodes doivent être traitées comme des rendez-vous non négociables.
2. Éviter les distractions numériques
Fermez les onglets de navigateur non essentiels, désactivez les notifications sur votre téléphone ou votre ordinateur, ou travaillez dans un environnement calme.
3. Ritualiser le Deep Work
Créez un rituel de début pour vos sessions de « Deep Work », comme une tasse de thé, un moment de méditation, ou un certain type de musique. Cela signale à votre cerveau qu’il est temps de se concentrer.
4. Entraîner votre concentration
Renforcez votre capacité à vous concentrer avec des techniques comme la méditation ou la lecture de longs textes sans distraction.
5. Respecter les temps d’arrêt
Prenez des pauses sans distraction numérique et établissez un horaire stricte de fin de journée pour permettre à votre cerveau de récupérer.
Conclusion
Le « Deep Work » est une philosophie de travail adaptée au monde d’aujourd’hui. En effet, c’est un appel à repenser la manière dont nous travaillons et à valoriser notre capacité à nous concentrer. Newport offre ici une vision précieuse qui pourrait être l’antidote à l’éparpillement numérique de notre époque.
Ainsi, en mettant en oeuvre ces principes, nous pourrions tous apprendre à travailler plus profondément, à être plus productifs et à trouver plus de satisfaction dans notre travail.
Alors pourquoi s’en priver ? 🙂
Ressources complémentaires
Si le concept du « Deep Work » vous intéresse, voici d’autres ressources utiles sur le sujet :
- « Flow: The Psychology of Optimal Experience » de Mihaly Csikszentmihalyi. Il traite des conditions nécessaires pour atteindre un état de flux, fondamental pour le « Deep Work ».
- « Indistractable: How to Control Your Attention and Choose Your Life » de Nir Eyal. Une excellente ressource pour lutter contre la distraction.