Et si on pouvait devenir CEO, sans renoncer à sa maternité ?
Et si changer de cap ne voulait pas dire abandonner ses convictions ?
Dans cet épisode de Change & Chill, Olivier My reçoit Laury Maurice, aujourd’hui CEO de Shodo, une ESN qui redistribue les richesses, promeut l’inclusion et casse les codes du salariat classique.
Mais son parcours ne suit aucun scénario traditionnel :
Un récit vibrant d’engagement, de courage, et de transmission :
Avec authenticité et humour, Laury Maurice nous montre qu’on peut porter des valeurs fortes, mener des combats justes, et réussir autrement.
Sans renier qui l’on est. Sans attendre qu’on nous donne la permission.
Un épisode pour celles et ceux qui veulent oser à leur tour.
Sans filtre. Sans cape. Mais avec puissance.
Si l’épisode vous a plus, n’hésitez pas à laisser un message sur le répondeur du podcast : https://www.vodio.fr/repondeur/1273/
[00:00] : Introduction légère – ADN grec et souvenirs communs
[02:30] : Sa vision du changement et le rôle du courage
[06:00] : Qui est Laury ? Famille, enfance, contexte intergénérationnel
[10:00] : Le rêve de journalisme et l’apprentissage de l’enquête
[17:00] : L’engagement derrière l’envie d’informer
[21:00] : La désillusion professionnelle et les réalités sociales
[25:00] : Entrée dans le monde de l’entreprise via la communication
[29:30] : Découverte de la tech et de ses enjeux sociaux
[34:00] : Anecdote marquante – oser dire non à un manager inapproprié
[38:30] : De la confiance à l’inclusion : créer un environnement sain
[43:00] : L’ascension chez Shodo : de la com au poste de CEO
[48:00] : Être nommée CEO pendant sa grossesse – récit du jour J
[53:00] : Leadership, transmission et légitimité
[01:00:00] : Créer un cadre pour faire grandir les autres
[01:07:00] : Le sens du travail, la transparence, et les valeurs incarnées
[01:11:00] : Conclusion et mot de la fin
Olivier My 00:05
– Bienvenue sur Chaban & Chill, le podcast où l’on parle de changement simplement. Je suis Olivier My et avec mes invités, nous explorons comment le changement peut être une force positive dans nos vies. Des histoires inspirantes avec une touche de légèreté. Dans ce nouvel épisode, j’ai le plaisir d’accueillir Laurie Laurie. Salut Laurie, comment vas-tu ?
Laury Maurice 00:29
– Ça va super et toi ?
Olivier My 00:31
– Maintenant que je sais que Laurie c’est un poisson rouge aussi, tout va bien.
Laury Maurice 00:36
– Pour la pub, les poissons rouges de Chocosuisse.
Olivier My 00:39
– Mais du coup, tu as des origines d’ici ?
Laury Maurice 00:42
– J’ai des origines bien d’ici. J’ai fait le fameux test ADN il y a quelque temps.
Olivier My 00:50
– Où tu vois les origines ?
Laury Maurice 00:51
– Oui, c’était assez surprenant. J’ai appris que j’avais 13 ou 14 % grec.
Olivier My 00:59
– Grec ?
Laury Maurice 01:00
– Je ne sais pas d’où ça vient cette histoire. C’était surprise ? Ah ouais, ça m’a plutôt surprise, ouais. Mais écoute, c’était assez rigolo comme découverte.
Olivier My 01:06
– C’est marrant ça, je me suis aussi posé la question de… Il y a une tendance, c’est marrant. Comme quoi, il y a des fois, il y a des mouvements comme ça, où on se dit, il y a tout le monde qui veut faire ça.
Laury Maurice 01:13
– Ouais, ouais, ouais. En plus, c’était, je crois qu’en termes de respect des données personnelles et tout, c’est pas ouf. Mais depuis, je découvre que j’ai des arrières-arrières petits cousins un peu partout.
Olivier My 01:24
– Donc c’est avéré alors ? T’as cherché un peu ces ressources grecques ?
Laury Maurice 01:27
– Non, j’ai demandé à mes parents, ils étaient eux-mêmes très étonnés. Ça se trouve, j’ai découvert un secret de famille, tu sais.
Olivier My 01:35
– Mais ça, c’est pour une autre histoire.
Laury Maurice 01:36
– Voilà, c’est ça.
Olivier My 01:38
– Et du coup, très content de te recevoir parce qu’effectivement, comme je te l’avais dit quand je t’avais envoyé un message, c’est qu’on s’était déjà croisés. Et donc, tu me disais en arrivant que tu avais fait tes recherches. C’était il y a près de dix ans.
Laury Maurice 01:52
– Ça ne nous rajeunit pas tout ça. C’est ça et à l’époque tu étais alternante J’étais alternante chargée de com Déjà en tout cas Déjà dans la communication Déjà dans la com.
Olivier My 02:01
– Mais effectivement ça ne nous rajeunit pas Mais ça me fait extrêmement plaisir de t’avoir Donc là on est dans un studio Donc moi ça me change Parce que habituellement c’est mon matériel que j’amène Et je me pose à un endroit particulier Là on est dans un petit bunker C’est une ambiance particulière.
Laury Maurice 02:16
– On est extrêmement concentré Puisque voilà Il n’y a que ça. Il n’y a que ça.
Olivier My 02:20
– C’est vrai, on n’entend rien à l’extérieur. Exactement, oui. Mais c’est un changement, donc c’est très bien. C’est bien dans le thème du podcast. Et du coup, pour démarrer ce podcast, la question que j’aime bien poser, justement, c’est toi, quand on te dit changement, ça t’inspire quoi ?
Laury Maurice 02:34
– Ça m’inspire quand même, en fait, je me rends compte que le changement, il a fait partie de ma vie depuis tout le temps et que c’est quelque chose dont je n’ai pas peur. Mais… qui demande quand même du courage.
Olivier My 02:50
– Ok, est-ce que tu peux aller plus loin sans ça ?
Laury Maurice 02:52
– Dans le sens où je pense qu’il ne faut pas avoir peur du changement, mais qu’il faut quand même savoir l’anticiper et ce que tu veux en faire. Dans le sens où moi, tu vois, au départ, je me prédestinais à être journaliste et puis j’ai dû changer parce qu’en fait, le milieu me plaisait, mais c’était quelque chose que je trouvais d’assez précaire. Tu n’as pas la possibilité d’être salarié, c’est dur. Moi, je ne me voyais pas être pigiste. Donc j’ai changé, j’ai décidé d’aller faire un cursus en alternance, concepteur web, chef de projet, autant te dire que je n’ai pas brillé. Je ne suis pas conceptrice web ni chef de projet.
Olivier My 03:31
– Dans tous les cas, on va effectivement y aller un peu plus en détail. Mais de ce que j’entends et que je trouve très intéressant et très pertinent, c’est qu’en fait, le changement en tant que tel, pourquoi en avoir peur, si effectivement on sait que ça va chambouler des choses chez nous.
Laury Maurice 03:46
– Oui.
Olivier My 03:46
– C’est ça. Et ensuite, si ça nous permet de regarder en avant, parce qu’on sait pourquoi est-ce qu’on le fait, c’est plus facile. Mais effectivement, ça demande une certaine dose de courage, comme tu l’expliques.
Laury Maurice 03:55
– Oui, je pense que quelque part, quand tu sais que tu vas pas forcément dans la meilleure des directions pour toi, de ne pas forcément s’acharner dans quelque chose qui te fait du mal ou qui ne te fait pas assez de bien, en tout cas, il faut le faire. Mais ça demande du courage, ça demande de prise de conscience, ça demande du travail, en fait, le changement.
Olivier My 04:14
– Du travail, effectivement. Même si on pourrait le faire avec plus de fluidité et de légèreté, c’est quelque chose qu’il faut entretenir. Je te rejoins tout à fait. Eh bien, merci. Je t’en prie. Et du coup, qui es-tu ?
Laury Maurice 04:26
– Eh bien, du coup, tu l’as dit en intro, je m’appelle Laurie Laurie.
Olivier My 04:30
– Ça n’a pas changé déjà.
Laury Maurice 04:31
– Ça n’a pas changé. Écoute, j’en suis ravie. Je suis maman d’un petit garçon qui s’appelle Arnaud.
Olivier My 04:37
– Que l’on salue.
Laury Maurice 04:38
– Que l’on salue. Qui écoute mal les podcasts. Il a 20 mois. Il n’est pas hyper attentif. Encore. Je suis un peu vexée. Donc, je suis la maman de mon petit garçon. Je suis la femme de mon mari, ce qui est pas mal. Je suis la sœur de mes frères, de mes quatre grands frères.
Olivier My 04:55
– Quatre grands frères ?
Laury Maurice 04:55
– Quatre grands frères, ouais. C’est un contexte familial très…
Olivier My 05:00
– Tu t’es sentie sécurisée ?
Laury Maurice 05:02
– C’est pas le mot. Ouais ? Non.
Olivier My 05:05
– Vous n’avez pas eu cette relation-là, je veux dire ?
Laury Maurice 05:07
– Je suis la dernière fille, je suis la dernière enfant de cette grande fratrie. J’ai quatre grands frères, avec qui j’ai quand même pas mal d’écarts. J’ai 17 ans d’écart avec mon plus grand frère.
Olivier My 05:19
– 17 ans ?
Laury Maurice 05:19
– Voilà. Mes parents, ils m’ont fait faire des enfants toute leur vie, donc ils ont fait des enfants toute leur vie. Ils ont commencé tout aussi. Et en fait, si tu veux, cette relation fraternelle, elle m’a beaucoup, beaucoup servi, mais… Je dirais pas sécurisée, en fait, tu vois, j’ai été plutôt assez challengeant, plutôt, tu vois.
Olivier My 05:36
– Ouais, c’est intéressant parce que, tu vois, je me suis dit, déjà, quand t’es le ou la dernière enfant et qu’il y a les autres, bah, t’es le petit piu-piu, tu vois, donc on aime bien le chérir, le protéger. En plus, bah, tu es la dernière petite fille avec, bah, en plus 17 ans, hein, 17 ans, c’est énorme, comme…
Laury Maurice 05:52
– Ouais, c’est beaucoup, ouais. Mais le fait que j’ai été la seule fille avec une éducation un peu plus, je dirais… Une éducation assez genrée. Donc, tu vois, on avait des attentes qu’il n’y a pas eu sur mes frères. Et bon, c’est comme ça. Mes parents sont un peu plus âgés. Ce n’est pas la même génération. Mais ce n’était pas spécialement sécurisant. C’était sport. C’était rigolo. C’était une enfance.
Olivier My 06:13
– C’est une enfance sportive. Oui.
Laury Maurice 06:14
– C’est ça.
Olivier My 06:17
– Très bien. Et mis à part ça, qu’est-ce que tu fais d’autre ?
Laury Maurice 06:20
– Et bien, mis à part ça, sur le plan professionnel, je suis donc CEO de Shodo. Donc Shodo, brièvement, c’est une ESN où nous, on va salarier des développeurs et des développeuses pour ensuite les envoyer en mission pour accompagner nos clients dans le développement logiciel. Shodo, c’est une ESN qui s’est créée en 2019 sur la base d’un modèle, je dirais, social, vraiment, où les piliers, c’est la redistribution des richesses, la transparence, plus tard, l’équité. Mais bon, voilà, avec. une envie d’aller changer les choses dans cette corporation qui est quand même pas souvent très bien vue. Les ESN, il y a une…
Olivier My 07:03
– C’est sûr que ce n’est pas toujours, on va dire, éclatant.
Laury Maurice 07:06
– Voilà, c’est ça. Mais en fait, si tu veux, John et Guillaume, qui sont donc les deux cofondateurs, eux, leur volonté, c’était d’aller redonner du sens aux salariats puisqu’en fait, durant leur expérience dans les précédentes ESN, ce qu’ils ont remarqué, c’est que les salariés avaient quand même tendance… Donc à beaucoup partir, il y a beaucoup de turnover. Et puis, tendance aussi à partir pas mal vers le statut freelance. Et quelque part, c’est une bonne chose quand tu l’as décidé, mais quand tu le subis, quand tu te dis que c’est la seule solution pour gagner en liberté ou en REM, c’est pas satisfaisant. En fait, on ne devrait pas se satisfaire de ça. Et en fait, leur idée à eux, c’était d’aller proposer, quelque part, une alternative The SN classique. en remettant justement au cœur du modèle ce qui manque beaucoup, donc la transparence, et puis d’aller redistribuer vraiment les fruits du travail des salariés. Donc c’est comme ça, par exemple, qu’ils ont ouvert le capital. En fait, tous les salariés sont associés au capital, qu’ils ont capé les TJ Seuil, ils ont mis des TJ Seuil, et donc ils redistribuent tout ce qui est en excédent, avec une grille de salaire transparente et public indexé sur les années d’expérience. Enfin voilà, vraiment ce qui se faisait. pas trop trop dans ce secteur-là. Et j’ai été nommée CEO de Shodo en 2024, janvier 2024.
Olivier My 08:26
– Ça fait un an et quelques mois là, depuis que je vous l’ai dit.
Laury Maurice 08:28
– Un an et quelques mois, c’est ça.
Olivier My 08:30
– Mais justement, c’est cette aventure, moi, qui m’avait fasciné. Et donc, on parlera un peu plus de Shodo, parce que justement, je connais quelques personnes par là-bas. Et c’est justement un modèle que je trouve intéressant. Et ça serait intéressant de voir ce qui s’y passe de l’intérieur.
Laury Maurice 08:43
– Carrément.
Olivier My 08:44
– Mais justement, tu nous disais, donc toi… Avant de devenir CEO, tu as commencé dans le journalisme. Oui. Est-ce que c’était un rêve de petite fille ?
Laury Maurice 08:53
– C’était une vocation. Ça a été une raison de vivre très, très longtemps. Et j’ai été très malheureuse assez longtemps, d’ailleurs, de devoir quitter ce secteur-là. Parce que, en fait, ça a été… Si tu veux, moi, j’ai signé mon premier contrat en sortant de l’école. Ça s’est terminé au prud’homme. Wow, c’était chiant, quoi. Ah oui. Relou. C’était chiant, oui. Nul pour commencer.
Olivier My 09:14
– Je n’ai pas kiffé. Donc tu as fait formation de journalisme ?
Laury Maurice 09:17
– Formation de journalisme d’investigation même. Diplômée journaliste en investigation.
Olivier My 09:24
– C’est quoi la différence entre un journalisme normal ? Je ne connais pas du tout.
Laury Maurice 09:30
– En fait, si tu veux, moi dans mon école, l’Institut européen de journalisme, l’IEJ, qui est une école privée qui a été très professionnalisante. Tu as été dans le 13e ? Non, non, non, non, c’est une école… Pas dans les grandes écoles, non, elle est dans le 16e.
Olivier My 09:45
– Ah, dans le 16e ?
Laury Maurice 09:46
– Oui, oui, oui. Madame a fait ses études dans le 16e. C’était l’enfer d’ailleurs pour y aller. C’était trop loin de chez mes parents. Mais je me suis accrochée parce que j’ai adoré. J’ai fait trois ans dans cette école-là, j’ai adoré. Et en fait, si tu veux le journalisme d’investigation, ça va t’apprendre vraiment à aller mener des enquêtes, à ne jamais lâcher l’affaire et en fait, à aller structurer ton propos. Tu vois, vraiment avoir un raisonnement très suivi, construit pour aller jusqu’au moment de la conclusion et puis d’aller apporter vraiment les réponses. Et tu as tout l’art aussi d’aller quand même raconter les histoires. J’ai appris à me servir d’une caméra, à construire des plans. Enfin voilà, c’était vraiment ça, moi, mes études. En investigation.
Olivier My 10:29
– En investigation. Et quand tu dis, on nous apprend à ne pas lâcher, est-ce que du coup, tu te souviens de quelque chose qui te fait dire que c’est une compétence que tu as développée ?
Laury Maurice 10:36
– C’est vraiment une compétence que j’ai développée, mais je pense même, tu vois, que je l’avais développée avant et que quelque part, j’ai trouvé ma voie aussi. Mais oui, en fait, ça t’apprend à ne pas lâcher parce que tu vas poser des questions. En fait, tu es étudiant et tu vas quand même mener des enquêtes et des enquêtes qui sont importantes, tu vois, genre avec des vraies questions. Enfin, moi, tu vois… J’ai fait mon devoir pour aller valider mon master, qui était un documentaire de 26 minutes. Donc en fait, il faut estimer une heure de tournage pour une minute de documentaire.
Olivier My 11:08
– Donc c’était forcément un reportage vidéo, c’est ça ?
Laury Maurice 11:12
– C’est ça. Et si tu veux, j’ai fait ça sur le gaspillage alimentaire. C’est un sujet qui me passionne toujours, mais avec un vrai côté documentaire de société. Tu vois, d’aller chercher le pourquoi du comment, on en arrive là. Et en fait, t’es étudiante et je me suis retrouvée à faire l’aller-retour à Avignon en une journée, à voir des mecs. Enfin, tu vois, j’ai eu, par exemple, Nicolas Chaban, qui aujourd’hui, je ne sais pas si tu connais la marque C’est qui le patron ? Comme ça.
Olivier My 11:38
– Ça ne me dit rien.
Laury Maurice 11:39
– En fait, ce mec-là, il a créé… Aujourd’hui, c’est des produits qui sont redistribués dans les supermarchés où le consommateur décide des prix, du prix, par exemple, de la brique de lait pour savoir combien tu vas redistribuer. à l’agriculteur, enfin c’est un gros truc quoi. Et tu vois, en tant qu’étudiant, on est allé l’interviewer, on est allé à Rungis, dans les hauts fourneaux où ils vont brûler des trucs, et ça pour ça, il ne faut vraiment rien lâcher quoi.
Olivier My 12:07
– Parce que du coup, vous n’avez pas de droit particulier. En gros, on vous dit juste démerdez-vous quoi.
Laury Maurice 12:13
– Exactement.
Olivier My 12:14
– Et le sujet, tu l’as choisi ? Oui.
Laury Maurice 12:18
– On l’a choisi, oui.
Olivier My 12:19
– Tu choisis ce sujet-là, tu sais que c’est à peu près telle personne qu’il faut aller voir, et après, il ne faut pas lâcher pour réussir à la voir.
Laury Maurice 12:25
– Tu te démerdes et vraiment, tu y vas à fond, tu lâches rien. Mais c’est vraiment ça, je pense, le propre du journaliste ou de la journaliste d’investigation. Tu vois, en tant qu’étudiante, mais même quand tu n’es plus étudiant, il faut vraiment s’acharner, prendre son courage à deux mains, le téléphone. Et si ce n’est pas le téléphone, tu vois, genre Élise Lucie qui va… Pour le coup, c’est l’exemple le plus parlant. qui va jusque dans les grandes instances ou aller rencontrer les patrons quand ils sont dans des sommets. C’est vraiment ça le journalisme. Et moi, j’adorais ça.
Olivier My 12:57
– Justement, c’est quoi qui te fascine dans ça ? Parce que dans ce que tu décris, ça a l’air d’être quand même challengeant. Oui.
Laury Maurice 13:04
– Justement, le challenge en fait. Ce que j’aime, c’est… Moi, j’adorais l’idée d’aller renseigner. Pas d’aller enseigner, mais de renseigner. D’aller prendre une vérité. et d’aller chercher la vérité derrière ça. De prendre un concept et d’aller chercher la vérité derrière ça. Et ça, c’est vraiment le truc que j’adorais. Et dans le fait de s’acharner, c’est la satisfaction que tu as derrière, en fait. Quand tu as eu ce que tu voulais.
Olivier My 13:27
– D’être allé au bout.
Laury Maurice 13:28
– D’être allé au bout et d’avoir eu le fin mot de l’histoire quand même. Et puis, il y a aussi ce côté confrontation pour aller donner de l’information. Il y a ce truc-là. Alors, ce n’est pas du conflit, même si ça m’a amené du conflit. Même en tant qu’étudiante.
Olivier My 13:44
– Tu vas creuser à des endroits où on ne t’a pas demandé de creuser.
Laury Maurice 13:47
– Tu prends quelques coups de pression. Mais en fait, c’est une expérience de terrain qui était hyper chouette et qui était très, très satisfaisante.
Olivier My 13:53
– Mais justement, quand on va dans ce monde-là, c’est-à-dire journalisme, d’investigation, donc j’en rajoute bien la deuxième partie, est-ce que toi, tu te sentais déjà engagée de quelque chose ?
Laury Maurice 14:06
– Oui. Oui, j’étais engagée pour vraiment aller débunker ce qu’on nous disait. Tu vois, je… Il y a vraiment ce truc où tu allumes ta télé, tu as une seule vérité. Et en fait, c’était d’aller mettre en image mon esprit critique. Il y a un peu ce truc-là. Et donc oui, en fait, t’es engagé quand tu mènes des enquêtes. Forcément. Le mythe du journaliste objectif, tu ne peux pas être objectif en tant que journaliste.
Olivier My 14:34
– Et heureusement, en fait. Sinon, où va ton énergie ? Où vont tes convictions ?
Laury Maurice 14:39
– Ouais. Et en fait, à partir du moment où tu fais des choix, de la façon dont tu racontes une histoire, ce que tu choisis de mettre en avant, en image ou quoi que ce soit, tu n’es déjà plus objectif. Et c’était ça, oui, qui était hyper moteur pour moi. Et donc, oui, de l’engagement. Après, je n’avais pas encore… mis les mots sur cet engagement. Tu vois, mon engagement féministe, mon engagement écolo. Ces engagements-là étaient encore un peu tout le slam. Tu vois, j’étais plus jeune. Oui.
Olivier My 15:05
– C’est ça. À l’époque, c’était pas aussi marqué, en tout cas.
Laury Maurice 15:08
– Et puis, on parle de ça il y a plus de dix ans.
Olivier My 15:11
– Vu que nous, on s’est vus déjà il y a plus de dix ans. Juste un dernier aspect qui attise ma curiosité, c’est que tu sentais que il y avait des vérités derrière des vérités et c’est ça que tu voulais aller chercher. Mais étant petite, parce que tu disais que tu avais un peu trouvé ta voie quand même, est-ce qu’il y a quelque chose, étant petite, qui a déclenché cette étincelle-là ? Est-ce qu’il y a quelque chose que tu as vu ? Est-ce qu’il y a quelque chose que tu as perçu ? Parce que tu vois, il y a plein d’autres métiers qui s’offrent à toi, et j’ai l’impression quand même que très rapidement, tu t’es dit « c’est ça que je veux faire » .
Laury Maurice 15:44
– Alors je crois que quand même… Alors, depuis toute petite, je voulais écrire. C’était vraiment un truc qui me branchait, je voulais écrire. J’écrivais beaucoup. Et en fait, le journalisme, je pense qu’on était très branchés télé à la maison. J’ai beaucoup grandi avec la télé. Aujourd’hui, je ne la regarde plus, mais ça a été une bonne compagne de vie. Et il y avait une part d’admiration quand même d’aller pour la télé et pour ce qu’on pouvait nous raconter. Mais non, je n’ai pas eu de déclic un jour en me disant « Ah, c’est ça qui fait que je veux être journaliste » . C’était vraiment l’idée d’aller pouvoir porter ma voix de façon publique.
Olivier My 16:24
– C’est-à-dire que tu n’as pas cette crainte des gens, de ce que les gens vont penser, de ce que tu penses. Tu vois, toute cette appréhension qu’on peut avoir des fois de s’exposer, parce que finalement, quand tu es journaliste, tu exposes quelque chose.
Laury Maurice 16:34
– Non, je n’avais pas cette crainte-là parce que je ramène rarement ma science sur des sujets que je n’ai pas un peu pensé avant. Et tu vois, mine de rien, le journalisme, c’est ça, c’est tu as un peu ta science une fois que tu as vraiment bossé.
Olivier My 16:45
– Normalement, en tout cas.
Laury Maurice 16:46
– Normalement, oui, c’est vrai, tu fais bien de rajouter de nuances. Donc, je n’ai jamais eu de problème là-dessus, pour le coup. Vraiment, c’est même un truc qui me branche à tueur.
Olivier My 16:55
– Oui, c’est bien. C’est très cohérent avec ce fameux courage que tu exprimes dès le départ. C’est quelque chose quand même que je perçois comme étant, faisant partie de toi depuis petite.
Laury Maurice 17:05
– Oui, forcément. Je pense que tu vois, le contexte familial fait que, je te disais, ça avait été challengeant mon enfance, dans le sens où il y a quatre frères avec quatre personnalités, des parents qui sont occupés. Plus âgée, donc j’ai vite eu des neveux et des nièces, tu vois. Ok, ouais. En fait, tu vois, mes parents, c’est le truc un peu rigolo, c’est que moi, j’avais 7 ans quand mes parents sont devenus grands-parents.
Olivier My 17:27
– Ok.
Laury Maurice 17:27
– Ouais. Et en fait, le fait que ce soit très intergénérationnel comme ça, tu dois quand même aller trouver une place pour exister. En fait, dans une famille, chacun à sa place, tu vois. Chacun, chacune à sa place. Ouais, tout à fait. Et en fait, il faut aller naturellement se démarquer. Enfin, naturellement, j’ai voulu me démarquer. En fait, chemin faisant, je pense que c’est d’avoir du courage aussi de porter sa perso pour exister. Et je pense que j’avais un terrain familial qui m’a donné aussi la confiance de pouvoir le faire. Et qui m’a porté. Et du coup, c’est intrinsèque, mais je pense que j’ai de la chance de l’avoir de façon intrinsèque, si tu veux.
Olivier My 18:01
– En tout cas, tu la nourris parce qu’effectivement, une autre personne que toi aurait pu simplement rester enfermée dans un placard et puis laisser la vie se passer. Ouais. En tout cas, ce que j’entends, c’est que même si, non seulement devant toi, tu avais plein de gens parce qu’ils vivent leur vie, mais derrière toi, quand je dis derrière, encore une fois, c’est les années. Tu as des personnes qui ont sept ans de moins que toi, qui sont tes neveux et nièces. C’est une relation qui est particulière parce que tu as des gens… Moi, dans ma famille, c’est pareil. J’ai un papa qui fait une partie d’une fratrie de neuf. Et c’est le dernier.
Laury Maurice 18:32
– Je crois.
Olivier My 18:33
– Plus ou moins le dernier. Et c’est toujours un peu particulier.
Laury Maurice 18:36
– Il y a plein de derniers.
Olivier My 18:36
– Oui, c’est ça, c’est un peu particulier. Et du coup, moi, j’ai des neveux et nièces qui ont mon âge. forcément la relation est particulière parce que du coup tu sais pas si c’est des cousins si c’est une neuve nièce.
Laury Maurice 18:46
– Donc quelle relation tu vas créer avec eux exactement et puis en fait il y a aussi ce côté où il n’y a pas la rivalité je pense que tu peux avoir par exemple entre frères et sœurs moi j’ai jamais eu de rivalité avec mes frères mais je vois mes neveux et nièces dans les fratries il peut y avoir un peu ce truc là mais quand t’es la tante, t’es vite érigée un peu en modèle quelque part tu vois il y avait un peu cette notion d’exemplarité qu’on m’a donner. Et je pense que dans la famille, il y avait un peu ce truc-là que j’ai encore aujourd’hui. Et tu vois, je suis fière de pouvoir aider, donner des conseils à ma neveu et nièce. Et à la fois, t’es pas la tante reloue. Parce qu’en fait, t’es pas si vieille que ça. Je suis pas si vieille que ça. Non mais voilà, j’ai peu d’écart avec eux. Mais pour autant, je commence à avoir une expérience de vie qui peut leur servir. Tu vois, j’en ai qui sont en train de passer le bac. Putain, moi je voudrais pas y retourner à cette époque-là. Moi non plus. Il se pritane le chou, c’est hyper anxiogène en fait.
Olivier My 19:44
– Moi le stress des examens, je me rappellerais à chaque fois, tu sais tu rentres dans la salle, même si tu penses avoir… tout réviser, etc., t’attends le moment où on te dit retourner la feuille. J’aimais pas du tout ce moment-là. Ouais.
Laury Maurice 19:56
– Ouais, ouais. Et en plus, je pense que c’est quand tu bosses à fond que tu ressens encore plus ce truc-là. Et puis, en fait, les choix que tu dois faire.
Olivier My 20:03
– Effectivement.
Laury Maurice 20:04
– Quand t’as ce stage-là, on te demande de faire des choix. Parcoursup et tout, tu vois. J’ai ma nièce, elle sait pas quoi faire. Et puis, elle a l’impression que si elle fait le mauvais choix, sa vie est finie, qu’elle ne pourra plus jamais changer.
Olivier My 20:17
– Exactement.
Laury Maurice 20:19
– Et c’est dur. En fait, je trouve que quand tu es si jeune, tu ne sais pas ce que c’est que le travail. Tu n’as jamais bossé de ta vie. Tu ne sais pas ce qu’il y a comme travail. Tu vois, genre…
Olivier My 20:27
– Effectivement, on est éduqué par rapport aux différents canaux d’information. La télé en fait partie, mais tout ce qui est audiovisuel au sens général, c’est-à-dire Netflix, Encore tu vois, c’est pareil. Donc, est-ce que c’est ça le monde ? Est-ce que c’est ça le monde chez moi ? Parce qu’encore une fois, c’est globalisé, mondialisé. Donc, quelle est la culture dans laquelle je suis ? Qui est un petit peu chaotique actuellement, il faut quand même le dire. Donc j’imagine qu’effectivement, à leur période, c’est compliqué.
Laury Maurice 20:53
– Ouais, c’est hyper compliqué. Puis tu sais, ils ont vachement, je vais parler comme une vieille, mais il y a les réseaux aussi, tu vois. L’idée qu’ils se font du monde du travail, de l’entrepreneuriat. Tu sais, sur les réseaux, tu as vachement de trucs comme ça, d’entrepreneurs qui te montrent comment monter une entreprise qui va te rapporter des millions, tu vois.
Olivier My 21:09
– Oui, c’est ça.
Laury Maurice 21:10
– Du coup, c’est Disney leur truc, tu vois. Mais ce n’est pas ça la vie d’entrepreneur. ou d’entrepreneuse. Et c’est vrai qu’il y a une sorte de pression à la réussite. Tu vois, tu dois être beau, tu dois être riche, tu dois faire les bons choix tout de suite. Je pense que pour le coup, moi, à mon époque, j’avais l’impression d’être quand même préservée de ça. Et puis il y a aussi cette idée, moi, je trouve, sur les réseaux, de… C’est hyper méritocratique, en fait, tu vois, de…
Olivier My 21:33
– Très surécanisant, finalement.
Laury Maurice 21:35
– Quand tu veux, tu peux. Mais non, en fait, ça, non.
Olivier My 21:41
– C’est pas aussi simple.
Laury Maurice 21:42
– C’est pas aussi simple. Tu vois, genre, il y a Salomé Sake qui dit quand tu peux, tu veux. Quand tu peux avoir les moyens de faire une grande école, tu veux peut-être faire une grande école. Mais c’est pas parce que tu veux aller faire une grande école que tu vas pouvoir aller la faire. Parce qu’il va falloir peut-être allonger des milliers d’euros et que c’est pas évident d’aller allonger des milliers d’euros pour tout le monde, tu vois. Et ça, tu vois, c’est un truc aussi que moi, j’avais pas forcément en tête à l’époque et que j’essaye vraiment de leur apprendre, entre guillemets. en leur disant attention, sache quand même d’où tu viens, qu’on n’est pas les moins bien lotis, très loin de là, mais qu’on n’est pas les mieux lotis, que tu vas avoir aussi une différence culturelle avec des personnes qui ont un capital culturel plus important que le tien. Et ça va faire une diff, et attention, et tu vas te prendre une clade, donc tiens-toi prête. C’est vraiment ça que j’essaye aujourd’hui de leur apprendre pour qu’ils évitent de se prendre la petite. tarte que moi je me suis prise en sortant du bac tu vois. Ah ouais ? Oui. Parce qu’en sortant de bac je voulais faire une prépa une hippocagne dans le 16ème.
Olivier My 22:50
– Toujours là-bas hein ?
Laury Maurice 22:51
– Ouais je te jure j’ai pas eu de step intermédiaire moi je suis passée du 95 ma petite banlieue tranquillou à Milou au 16ème, j’ai pris une énorme claque dans ma tête quoi genre j’ai vu là que le niveau alors pas le niveau de réflexion mais le niveau culturel allait être vraiment étaient radicalement différents. Les profs me le disaient, d’ailleurs. Ils disaient, si vous aviez la culture générale des autres, vous seriez première. Ah ouais, mais en attendant…
Olivier My 23:19
– Je ne l’ai pas en attendant.
Laury Maurice 23:20
– En attendant, je ne l’ai pas. Donc, en fait, oui. Et en fait, tu vois, l’égalité des chances, alors que moi, je m’estimais très privilégiée. On ne va pas se mentir, je suis blanche, j’ai des parents qui ont pu subvenir à mes besoins, qui ont pu me payer des cours particuliers, j’avais de très bons résultats. Ah ouais, mais en fait, ça ne suffit pas. Et c’est là que j’ai pris conscience un peu des inégalités qu’il y a un peu dans le monde. Et puis très devant moi, quoi, tu vois.
Olivier My 23:42
– C’est marrant parce que même en étant plutôt bien l’outil, entre guillemets, dans le monde dans lequel on est, on sent quand même qu’il y a une inégalité, en fait, quand tu regardes tout ce qui est encore possible à l’extérieur.
Laury Maurice 23:53
– Quoi. Et puis tu sens bien que tu vas devoir mettre un peu plus d’énergie, quoi, pour arriver là où certains, certaines sont déjà. Et en fait, c’est un constat qu’il faut faire. C’est un constat, c’est comme ça. Et justement, en fait, ce n’est pas un constat pour tout le monde. C’est ça, moi, qui parfois me fait un peu bondir et qui me donne envie de me battre aussi, tu vois. Et puis de l’ouvrir, puisque aujourd’hui, c’est ce que je fais quand même, tu vois, en prenant la parole ici, quand on me la donne, sur les réseaux, etc. C’est d’aller, tu vois, cette quête de sens que j’avais en tant que journaliste, je trouve qu’aujourd’hui, je la retrouve.
Olivier My 24:29
– Tu peux révéler des choses qui sont sous-jacentes, que toi, potentiellement, tu vois. Oui. Parce que d’autres, peut-être, ne le peuvent pas d’une certaine manière. Et au moins, tu leur donnes cette possibilité de développer leur esprit critique aussi.
Laury Maurice 24:41
– Oui, c’est ça. Et puis, oui, c’est vraiment l’idée de moi. Voilà ce que je le vois, ce que mes convictions, je ne les garde pas pour moi. Je les porte. Et puis, qu’on soit d’accord avec moi ou pas, c’est la vie. C’est comme ça. Tout le monde ne sera pas d’accord avec moi.
Olivier My 24:54
– Mais au moins, décritons-en.
Laury Maurice 24:56
– Mais voilà, ça provoque des débats et j’adore ça.
Olivier My 24:59
– Ah, tu aimes bien débattre ?
Laury Maurice 25:00
– Oui.
Olivier My 25:01
– Les vrais débats, je suppose. Oui. Les vrais débats où on en ressent tous les deux grandi, normalement.
Laury Maurice 25:06
– Ou même de m’engueuler, ça ne me dérange pas. Alors.
Olivier My 25:10
– Je te préviens, on n’est pas là pour s’engueuler. Mais du coup, tu me disais journalisme, expérience un peu particulière et monde dans lequel, on va dire, la réalité t’a rattrapé. Oui. Et du coup, il y a peut-être autre chose qui s’ouvre à toi. Et tu rentres dans la communication quand même. Oui, par dépit. Par dépit.
Laury Maurice 25:31
– Par dépit de fou.
Olivier My 25:32
– Et donc, du coup, tu vas où ?
Laury Maurice 25:33
– Et bien, du coup, là, j’entame une alternance. Et donc, je vais dans la première scène chez Arola, qui me donne ma chance. Parce que là, clairement, pour trouver une alternance, c’est un truc de fou. Tu vois, c’est vraiment une dinguerie. C’est très, très dur. J’ai passé, je pense, vraiment plusieurs mois à chercher du travail. Ça a été mon travail pendant plusieurs mois. En fait, je partais du principe qu’à partir du moment où je n’avais pas de réponse quand j’avais envoyé un CV, je n’allais pas les lâcher.
Olivier My 26:06
– Encore ?? Voilà.
Laury Maurice 26:07
– En fait, je voulais un nom, tu vois. Et on me répondrait. C’était vraiment mon truc. Donc du coup, je harcelais à chaque fois. Et j’ai beaucoup, beaucoup, beaucoup candidaté.
Olivier My 26:16
– J’ai bien épilé trois ou quatre beaucoup.
Laury Maurice 26:19
– Voilà. Et donc, j’ai bourriné partout. Et en fait, à Rola, j’ai bourriné aussi. Et ça a fini par passer, tu vois. Et en fait, là, j’ai commencé à la com. Donc, je ne connaissais pas grand-chose au monde de l’entreprise. Enfin, tu vois, quand tu es dans le journalisme, parce que j’avais fait pas mal de stages, tu vois, j’avais déjà un peu d’expérience, mais pas dans le monde de l’entreprise comme ça. Enfin, tu vois.
Olivier My 26:43
– De toute façon, toi, tu allais interviewer des gens. C’était plutôt extérieur. Ouais.
Laury Maurice 26:48
– C’est ça. Et donc là, en fait, je découvre un peu ce que c’est justement les RH, la com. Enfin, je fais partie des fonctions de support d’une ESN. Donc là, je fais partie vraiment du fonctionnement de l’entreprise. Et donc, en fait, c’est un monde qui, au départ, me fait halluciner.
Olivier My 27:04
– Ah ouais ? De quel angle ?
Laury Maurice 27:06
– J’arrive dans une entreprise parisienne où ça fait un peu la teuf. C’est… Enfin, voilà, tu vois, t’as des soirées, ça rigole. ça profite. Enfin, tu vois, moi, j’étais habituée au dur, dur labeur, tu vois, genre où il n’y avait pas de sous, tu vois, dans le journalisme, dans les boîtes dans lesquelles j’étais, il n’y avait pas de rond, il n’y avait pas d’avantage pour les salariés, tu vois, d’ailleurs, t’es pas salarié. C’est vrai. Et en fait, j’arrive là-dedans et je me dis, putain, c’est Disneyland, quoi, le truc. C’est trop cool.
Olivier My 27:34
– Plutôt positif, alors.
Laury Maurice 27:36
– Ouais, c’est positif et je me dis, putain, c’est cool. Et en même temps, j’arrive quand même dans un secteur qui est la tech, où j’y connaissais absolument rien, mais qui m’intéresse quand même, parce que… Tu sens vite quand même que tu es face à des problématiques qui sont sociales. Il n’y a pas de neuf, la diversité, il n’y en a pas beaucoup. Quand il y en a, c’est quand même assez particulier. Tu retrouves à chaque fois les mêmes profils. Et donc, en fait, ça a tout de suite quand même suscité mon intérêt.
Olivier My 28:04
– D’accord, le monde de la tech, même si tu ne le connais pas, tu sentais qu’il y avait quelque chose d’intéressant à aller creuser là-bas ? Oui.
Laury Maurice 28:08
– Je trouvais, oui.
Olivier My 28:09
– Au-delà de ta fonction de com ?
Laury Maurice 28:12
– Oui, en fait, ma fonction de com, c’était un peu un… prétexte aussi pour aller comprendre les enjeux. Moi, à la com à l’époque, je faisais du boulot de chargée de com en ESN. À l’époque, j’organisais des soirées, par exemple. T’organisais des événements, tu vas sur les salons, et puis t’organises des salons, et puis après tu fais de la présence. Qu’est-ce que je faisais ? Mais du coup, c’était quand même aussi vraiment l’occasion d’aller discuter avec du monde. À l’époque, on les appelait les geeks. Mais mine de rien, les personnes qui sont dans la tech sont des profils qui sont méga intéressants. Moi, c’est là que j’ai découvert des gens qui étaient à gauche de ouf. On le connaît bien, Fabien, que je connais, que l’on salue. Pour le coup, ça a été un mec qui m’a beaucoup fait réfléchir sur ces notions-là. Parce qu’on a un terreau familial qui est à peu près similaire. Et en fait, j’ai discuté, j’ai eu des débats trop chouettes et hyper intéressants. Et c’était peut-être qu’une seule petite partie de ma fonction.
Olivier My 29:21
– C’est marrant parce que ça veut dire que tu es rentré dans un monde que tu ne connaissais pas, avec suffisamment de confiance pour te dire je vais me débrouiller. Et de toute façon, ils me diront non s’ils osent me dire non. C’est comme ça que je l’entends en tout cas. Et donc, tu découvres tout ça. Et du coup, il se passe quoi ? C’est que tu fais ça pendant quelques années, c’est ça ?
Laury Maurice 29:40
– Je fais ça pendant trois ans. À Rola, j’y reste trois ans, trois ans et demi, je crois. Et puis Chaudot secret.
Olivier My 29:48
– Donc juste après, tu passes chez Chaudot. Oui, effectivement. Parce que c’est quoi, 2016, 2017, nous on se croise justement à une soirée à Rola. Ou en tout cas, nous on venait présenter avec Fabien une conférence, on venait la tester. Et tu disais 2019, Shodo ?
Laury Maurice 30:05
– 2019, ouais.
Olivier My 30:07
– Donc du coup, juste après, tu vas chez Shodo.
Laury Maurice 30:08
– Et juste après, je vais chez Shodo, ouais. Et là, ils me recrutent en tant que responsable communication et marketing. Et c’est là que ça démarre. Parce que là, en fait, ce qui est chouette, c’est qu’il y a tout à créer. Et que cette fois, je suis responsable.
Olivier My 30:21
– Parce qu’avant, tu étais sous quelqu’un, c’est ça ?
Laury Maurice 30:24
– Ouais. Oui, j’ai commencé alternante, voilà. Et puis après, j’étais chargée de com. En fait, j’étais alternante, donc j’étais avec… Océane à l’époque, qui était ma tutrice, si tu veux. Et puis après, Océane est parti. Après, on a essayé de me mettre un responsable qui, malheureusement…
Olivier My 30:41
– Très bien que tu dises ça.
Laury Maurice 30:42
– On a lui tombé sur la ligne d’arrivée. Il a fait le zinzin. Dans 100 ans, c’est tombé. Pour la petite anecdote, les patrons de l’époque veulent recruter un responsable communication. Ils veulent mettre quelqu’un au-dessus de moi, alors que moi, je m’attendais plutôt à passer responsable. Mais bon, quoi qu’il. C’est dans le passé. De toute façon, j’étais hyper jeune. Les fantasmes de l’époque. Mais bon, toujours est-il qu’ils veulent recruter un responsable. Il est quasiment recruté. On me laisse l’opportunité de le rencontrer avant de signer le contrat. Je vois ce qui est plutôt… Moi, j’estime que c’est plutôt cool. Et puis, comme de toute façon, comme on m’a dit plus tard, je ne sais pas faire semblant. Quand je rencontre ce mec-là, je dis, je ne suis pas convaincue. Je ne le trouve pas très drôle.
Olivier My 31:27
– Je ne le trouve pas très drôle.
Laury Maurice 31:30
– Je le trouvais… hyper… Enfin, tu vois, genre, à l’époque, on était quand même une équipe… Enfin, voilà, je t’ai dit, on rigolait pas mal entre nous et tout. Enfin, c’était…
Olivier My 31:37
– Il déçonnait, quoi, par rapport à l’ambiance.
Laury Maurice 31:38
– Ouais, ça allait pas, quoi. Tu vois, genre, ça… Je le sentais pas. Et donc, je dis, bah, moi, j’aimerais bien le voir, peut-être dans un autre contexte, d’aller déjeuner avec lui, à l’occasion, voilà. Parce que là, peut-être que le contexte de l’entretien l’a un peu bridé, ce que je peux comprendre. Et donc, mon patron, à l’époque, il hallucine que j’ose encore ramener ma science, tu vois, ramener ma fraise. Bon…
Olivier My 31:57
– Il s’est pas habitué.
Laury Maurice 31:59
– Non, non, pas trop, je crois. Mais il me laisse quand même l’occasion de déjeuner avec.
Olivier My 32:03
– Plutôt ouvert quand même, alors du coup.
Laury Maurice 32:04
– Ouais, ouais, ouais, franchement, voilà. Et je vais déjeuner avec. Et déjà, à l’arrivée, il se comporte bien. On déjeune ensemble, je prends une salade et un verre de vin. Donc autant te dire que bon, on s’est pas mis la tête à l’envers, quoi, tu vois. Et pendant la discussion, il me dit, oui, moi, tu sais, je travaille, j’ai une collègue. Moi, je l’appelle ma petite. Les gens, ça les dérange, mais moi… Dans ma tête, je me dis, attends, vas-y, je ne vais pas l’envoyer chier pendant le déj. Sinon, je vais rentrer, je vais me faire… Si l’autre, il ne veut pas venir à cause de moi, je vais me faire découper. Donc, je ne vais pas faire ça. Mais dans ma tête, je me disais, l’autre, il ne m’appellera qu’une seule fois sa petite. Genre, ça ne va pas. Bon, voilà, le déj se passe. Ok, machin, tout ça. Bon, je le trouve un peu plus… Bon, allez, un peu plus détente.
Olivier My 32:49
– Après un verre de vin, tu ne trouves plus détente.
Laury Maurice 32:51
– Ouais, ouais, après, ouais, voilà. Et à la fin du déj, il me fait la bise, mais il me fait la bise en m’attrapant les épaules. Tu vois ? En fait, il me force à lui faire la bise, en m’attrapant les épaules comme ça. Je me dis, c’est trop chelou ce qui vient de se passer. Tant que c’est si bien que je suis déstabilisée de fou, je me trompe de chemin pour rentrer au bureau. Bref, voilà.
Olivier My 33:09
– Ça te marque quand même.
Laury Maurice 33:10
– Ah ouais, ouais. En fait, à ce moment-là, je me dis, ce qui vient de se passer, c’est pas ouf, tu vois. Je suis pas à l’aise.
Olivier My 33:17
– C’est marrant, ça veut dire que t’as peut-être pas complètement intellectualisé la chose, mais il y a ton corps qui fait quelque chose de bizarre.
Laury Maurice 33:23
– Ouais, ouais, voilà. Et en fait, à ce moment-là, je suis… plus jeune qu’aujourd’hui, je pense que j’ai peut-être 22 ans, tu vois. Et je rentre au bureau et je me dis, bon, vas-y, c’est bon, arrête de faire des films. Il ne l’a pas fait exprès, ce n’est pas méchant ce qu’il a fait. Je rentre au bureau et on s’était échangé les numéros pour savoir, avant le déj, tu vois, pour savoir où se retrouver, etc. À l’époque, il n’y avait pas WhatsApp trop et tout. Et en fait, il m’envoie un texto en me disant, bien rentré, tu fais la sieste, bisous. C’est trop chelou.
Olivier My 33:58
– Oui, c’est un peu chelou.
Laury Maurice 34:00
– C’est mon futur responsable. Le bisou, il est trop… Pourquoi je ferais la sieste, en fait ?
Olivier My 34:05
– En plus, là, il n’est même pas embauché.
Laury Maurice 34:09
– Il n’est pas embauché. Il n’a pas signé.
Olivier My 34:11
– C’est très étrange.
Laury Maurice 34:12
– Et en fait, à ce moment-là, quand je reçois ce texto-là, je me dis, attends, je vais aller demander quand même à une collègue ce qu’elle en pense. Et donc, tu vois, je vais lui demander un peu dans le creux de l’oreille pour… Je ne sais même pas pourquoi, d’ailleurs. Et à ce moment-là, Guillaume Ferron, avec qui je travaillais à l’époque, qui entend ça et qui lui, avec sa grande gueule, dit « Attends, qu’est-ce qu’il a dit ? C’est un truc de fou ! » Et là, tu as le deuxième patron d’Arola qui passe et Guillaume dit « Montre-lui ! » Parce que moi, je n’allais pas le montrer. Et donc, je lui montre le message. Et là, il dit « Attends, arrête, c’est une blague, ce n’est pas vrai ! » Je lui dis « Mais non, mais… » Et tu sais, j’ai cette phrase-là de « J’ai rien fait ! » Non mais tu sais, mais dinguerie, tu vois. Et donc là, en fait, à partir de ce moment-là, il est allé montrer ça au deuxième boss, qui lui a dit arrête tes conneries, c’est pas vrai, nan nan nan, enfin vraiment. Et puis au final, il a été gentiment éconduit, ce monsieur de l’époque. qui a essayé de me rappeler et tout, on m’a dit bloc son numéro. Non mais en vrai, et heureusement, mine de rien, et je pense que tu vois, tout à l’heure, on parlait de chance, je pense que j’ai eu la chance d’avoir eu vraiment un terrain familial qui m’a permis d’avoir confiance en moi. Parce qu’en fait, à ce moment-là, mine de rien, j’ai osé ramener ma tronche quand je l’ai eue en entretien. Tu vois, en fait, il y a plein de choses qui font que j’ai eu des signaux et que j’ai pu, grâce à ça, me protéger. Mais parce qu’en fait, une nana qui était… peut-être un peu moins grande gueule, un peu moins confiante, un peu moins tout ça, ça aurait été son responsable. Il l’aurait appelée sa petite et il lui aurait peut-être envoyé des petits textos un peu chelous le soir. Et on ne sait pas ce que ça aurait pu donner.
Olivier My 35:49
– Tout à fait. Mais tu as osé.
Laury Maurice 35:51
– Oui, j’ai osé. Et en fait, grand bien me fasse, mais j’ai eu la chance de pouvoir oser.
Olivier My 35:57
– C’est que tu avais quand même un environnement là où tu pouvais le faire. C’est aussi là d’ailleurs que je suppose que tu as voulu reproduire.
Laury Maurice 36:05
– Oui, bien sûr. En fait… Quand tu es une meuf, tu as beaucoup d’injonctions. Justement, il faut oser, il faut aller oser négocier, il faut oser y aller, il faut oser machin. Mais attends, pour oser, il faut aussi avoir plein d’éléments qui te permettent de le faire. Et celles qui n’osent pas, on ne devrait pas nous dire d’oser. On devrait juste se dire qu’on ne devrait pas avoir à plus oser que les autres. Et que si on doit en faire plus, c’est parce qu’au départ, on en a moins. Et en fait, c’est un peu ça, moi, aujourd’hui, vraiment, ce que j’ai envie de faire changer, c’est qu’on ait l’égalité des chances, en fait. L’égalité des genres, qu’on soit un homme ou une femme, qu’on parte de la même ligne.
Olivier My 36:44
– C’est intéressant parce que, juste ce matin, j’interagissais sur un post LinkedIn où une personne parlait de comment est-ce qu’on peut changer certaines routines dans notre vie en changeant notre environnement. C’est marrant, d’ailleurs, la connexion, parce que c’est une équation. d’un monsieur qui s’appelle Kurt Lewin, peu importe, que moi j’avais apprise quand j’avais fait la conf avec Fabien, qui nous dit en fait que le comportement est une fonction de deux aspects que sont un, la personnalité et deux, l’environnement. Et en fait, ce qui est intéressant, c’est que dans le long terme, quand tu fais du coaching, tu vois, tu peux dire par exemple, qu’on travaille avec une femme ou un homme, peu importe, mais tu peux travailler sur l’aspect, comment est-ce que je me permets d’oser faire des choses, etc. Tu vois, presque peu importe d’où on part, c’est… Tu peux le faire dans le long terme et avoir cette capacité comme toi aujourd’hui et comme toi à l’époque de dire les choses et prendre sur toi et d’avoir cette capacité justement à exprimer les choses. Mais ça, c’est plutôt le long terme. La question qui se pose, c’est que le long terme, on ne sait jamais quand est-ce que ça va arriver. Mais par contre, la deuxième fonction, là, ça devient intéressant. Parce que ça veut dire que travailler sur l’environnement va aussi avoir un impact énorme sur le comportement. Et donc, le fait de jouer sur cet aspect-là est en fait super pertinent. Donc, ça reste une formule mathématique pour expliquer quelque chose de mou, mais parce qu’on aime bien ça. C’est là où je trouve que c’est très pertinent de dire, en fait, si je ne peux pas travailler, on peut toujours travailler à la fois sur la personnalité et sur l’environnement, mais là où toi, tu as la main aujourd’hui, finalement, c’est de créer un cadre qui permet à tout le monde, quel qu’il ou qu’elle soit, en fait, de s’exprimer plus pleinement en ne se disant pas, moi, je n’ai pas ce qu’il faut.
Laury Maurice 38:17
– Oui, voilà, c’est ça. Mais je pense que c’est même le rôle du manager et plus globalement de l’entreprise. C’est pour aller révéler les talents, en fait, pour que les personnes que tu recrutes, parce que ça coûte cher de recruter, c’est du temps, c’est de l’investissement, c’est la confiance que tu donnes. Enfin bref, en fait, un recrutement, ça coûte cher. Un mauvais recrutement, ça coûte encore plus cher. Et donc, en fait, je pense qu’on tente qu’entreprise pour faire en sorte que ça fonctionne. Tu vois, encore une fois, on ne vit pas dans le monde des bisounours. En fait, moi, quand je fais de l’inclusion, c’est parce que je porte ces convictions-là, mais parce que aussi, j’estime qu’en fait, une entreprise plus inclusive, et ce n’est pas d’ailleurs, je l’estime, c’est vrai. c’est une entreprise qui fonctionne mieux. Et donc, en fait, l’idée, c’est vraiment de se dire que ton rôle à toi, c’est de créer un cadre qui va permettre aux salariés de pouvoir s’épanouir et de donner le meilleur d’eux ou d’elles-mêmes. Parce qu’en fait, on partage tous le même but, c’est que l’entreprise réussisse. Et donc, en fait, pour ça, tu les intéresses, tu les mets bien, tu penses à leur bien-être. Enfin, voilà, en fait, c’est vraiment l’idée d’aller créer un écosystème qui est favorable à l’épanouissement personnel de chacun, chacune.
Olivier My 39:21
– Et ce n’est pas que de le dire.
Laury Maurice 39:22
– Et ce n’est pas que de le dire, en effet. C’est réfléchir et mettre en place. Et puis, il faut vraiment appliquer ces valeurs-là. Parce que d’aller marquer juste que tu es une entreprise bienveillante, je crois que ce n’est pas…
Olivier My 39:36
– C’est plus suffisant aujourd’hui.
Laury Maurice 39:38
– C’est plus à la mode. C’est moins à la mode.
Olivier My 39:41
– Donc, tu nous disais, anecdote. Merci en tout cas pour l’histoire. Et donc, Chaudot.
Laury Maurice 39:47
– Oui.
Olivier My 39:48
– Chaudot. Il y a un passage à Chaudot. Qu’est-ce qu’a fait d’ailleurs le passage à Chaudot ?
Laury Maurice 39:52
– Ils ont créé la boîte, mine de rien. Et le premier recrutement qu’ils font au staff, ce n’est pas un recruteur, une recruteuse, ce n’est pas un ou une commerciale, c’est une meuf à la com. Ce qui n’est quand même pas anodin en termes de choix. Parce qu’en fait, une ESN, je pense que le premier recrutement que tu dois faire, c’est une RH ou un commercial. Mais déjà, Guillaume et John occupent ces postes-là. Et ils mettent les mains fort, fort, fort, fort dans le cambouis. Et en fait, je pense qu’ils ont la conviction profonde de se dire le modèle suffira par lui-même à attirer les talents et après les clients. Mais en fait, pour ça, pour attirer les talents et les clients, il faut faire parler de soi. Et donc, on va miser sur de la com. Et donc, en fait, c’est ça, moi, pourquoi je suis recrutée. C’est pour qu’on parle de Shodo. Pour qu’on parle de Shodo et aussi pour créer un sentiment de communauté. Donc voilà, je reprends mes fonctions d’aller organiser les séminaires et tout ça, tu vois. Ça.
Olivier My 40:50
– Tu fais permanent.
Laury Maurice 40:51
– Franchement, je suis très rodée. Non, et en plus, je vais te dire, à chaque fois, je me suis faite accompagner par des partenaires et tout. Mais bon, oui, allez, pas de fausses modesties, je sais le faire. Ouais, ouais. Qu’on se le dise, je gère.
Olivier My 41:03
– Moi, je suis la reine du fun. Ouais.
Laury Maurice 41:05
– Je suis la reine du fun. Non, mais voilà, je sais vachement bien commander des goodies aussi, tu vois. Non, mais tu vois, par exemple, c’est un truc aussi sur le sujet dont j’ai déjà discuté. C’est qu’aujourd’hui, je suis CEO, mais je mets encore mes mains dans les trucs un peu relous. Parce qu’à la com, il n’y a personne. Je n’ai personne d’autre chez Shodo. Pas encore, ça va arriver. Donc du coup, ce qui est rigolo, c’est que là, je partage un podcast, je vais faire des conférences, des trucs qui sont quand même un peu plus plaisants, clairement. Mais ça ne m’empêche pas d’aller faire des commandes de stickers pour Devox qui est dans 15 jours. Enfin, tu vois, un peu moins d’ailleurs. Peut-être que je me grouille, mais ça c’est Shodo, c’est chouette aussi. Tu gardes les pieds quand même sur terre.
Olivier My 41:48
– Sur terre. Mais du coup, justement, tu nous envoies sur un sujet qui m’avait vraiment titillé. C’était que moi à l’époque, j’avais vu passer un post LinkedIn qui disait voilà, je suis devenu CEO de Shodo. Et effectivement, j’avais ce souvenir de com.
Laury Maurice 42:02
– Ouais.
Olivier My 42:03
– Et je me dis mais du coup, comment est-ce qu’on devient un CEO comme ça alors qu’on devient de la com ? Est-ce que tu pourrais nous raconter un peu l’histoire de qu’est-ce qui s’est passé et comment tu as vécu la chose ?
Laury Maurice 42:13
– Ouais, en fait, je crois qu’on ne devient pas CEO. En fait, on le devient si, mais on ne le devient pas du jour au lendemain. En fait, quand Shodo crée en 2019, ils me recrutent après en 2020. Et en fait, on est trois au staff, longtemps. Et mine de rien, on traverse le Covid. Ouais. On passe d’une boîte de… Quand j’arrive, je crois que je suis la douze ou treizième salariée. Il y avait déjà un peu de monde, mais pas grand monde. Aujourd’hui, on est 150.
Olivier My 42:41
– 150, je ne savais plus combien vous étiez.
Laury Maurice 42:43
– Donc voilà. Et en fait, on passe d’un projet speakeasy. Au départ, Shodo, c’est speakeasy. C’est-à-dire qu’on veut rester tranquille, on veut rester 50, aller 60 max, tranquille ou milou. Et en fait, ça évolue par la suite parce qu’on se dit que tu ne changes pas le monde. en étant 50. Tu ne vas pas montrer que ton modèle fonctionne en restant que si peu. Et en fait, dans cette volonté d’aller faire plus de bruit, on est trois, puis quatre après au staff, et puis maintenant, on a fait quatre, cinq, et puis maintenant quatre. Mais en fait, je suis là dans l’évolution de l’aventure. Et en fait, à chaque fois, puisque Shodo, c’est aussi vraiment l’un des piliers très forts, c’est la transparence. Et moi, j’estime avoir été actrice de la transparence. Dans le sens où la transparence, c’est aussi aller expliquer tes choix en interne. Et en fait, pour ça, il faut être un peu pédagogue. Parce que le tout, c’est pas de dire, vas-y, tenez les chiffres et puis démerdez-vous avec, c’est nul. Enfin, tu vois, ça, c’est la transparence, mais un peu pétée, je trouve. Et en fait, on a fait des comms en interne. On a, tu vois, quand il faut aller expliquer les chiffres, quand il faut aller expliquer même le Covid, tu vois, quand on a décidé de prendre des actions pour traverser la crise, pour aussi aller rassurer les gens. Enfin, voilà. Moi, j’étais là et je disais toujours à John et Guillaume, expliquez-moi tout, parce que si moi, je ne comprends pas, les autres ne vont pas comprendre non plus. Donc, il faut que je comprenne tout. Et pour que moi, en plus, je puisse derrière aller donner de l’info. Donc, tu vois, il y avait encore un peu ce truc, mine de rien, alors un peu plus éloigné, mais même de journalisme, en fait. Tu vois, il y avait encore un peu ce truc quand même d’aller porter la parole, d’expliquer, de renseigner. Et en fait, ça s’est fait comme ça pendant trois ans où vraiment mon rôle à moi, c’était de… à la fois d’aller comprendre, et donc en fait pour comprendre, tu poses des questions, et parfois quand tu poses des questions, ça fait réfléchir, et en fait tu challenges. Et je les ai challengées je pense pendant trois ans, au point que même on a mis en place une politique d’inclusion, d’égalité des genres, etc. Parce que tout ça, c’est parce qu’à un moment donné tu les challenges, et tu dis attends, on parle de justice sociale, il n’y a pas de meuf. C’est pas la justice sociale ça. Là c’est incohérent, donc du coup, voilà. Et en fait, je crois que c’est ça qu’ils ont tenu à reconnaître en me demandant CEO, c’est… la capacité à chaque fois d’aller peut-être les questionner pour donner, qu’on donne toutes et tous le meilleur de nous-mêmes.
Olivier My 45:04
– Ça veut dire qu’en fait, tu t’es déjà traité comme une paire, si je puis dire, plutôt que finalement une subordonnée, si on peut appeler ça comme ça. Mais tu vois ce que je veux dire au sens hiérarchique du terme, c’est que les conversations que tu avais déjà avec eux étaient déjà des conversations de niveau CEO.
Laury Maurice 45:19
– Exactement. En fait… Alors, je me suis traitée comme ça parce qu’ils m’ont bien voulu laisser cette place-là. Enfin, vraiment, tu vois. Et ça, je pense que c’est vraiment la chance que j’ai eue. C’est qu’à aucun moment, ils m’ont dit, bon, toi, à la com’, on s’en fout. Tu vois, vraiment. Et j’ai toujours eu la possibilité de ramener ma science. Et puis après, ça ne va pas, ce n’est pas ma chance. De toute façon, c’est eux qui décident et c’est toujours eux qui décident. Tu vois, mais j’avais quand même vraiment la possibilité d’en discuter. Et tu vois, par exemple, John j’ai 13 ans d’écart avec lui. certains pourraient se dire à sa place, vas-y, elle, c’est une petite jeune, qu’est-ce qu’elle va m’apprendre de la vie ? Qu’est-ce qu’elle vient me casser les pieds ? Voilà. Et je n’ai jamais cette impression-là avec lui. Et ce qui est assez dingue, tu vois, parce que l’écart d’âge, il n’existe pas entre lui et moi. Enfin, si, quand même. Vraiment, il est vieux, tu vois.
Olivier My 46:08
– On le dira. Voilà.
Laury Maurice 46:10
– Je lui dis souvent, quand même. Mais en fait, c’est ça qui est hyper cool, c’est ce sentiment de pouvoir être… légale de deux cofondateurs courageux et visionnaires. Et c’est hyper chouette et je pense que c’est la chance que j’ai eue.
Olivier My 46:24
– Parce qu’au final, vous avez le même objectif, c’est juste que vous avez des backgrounds différents, même des références différentes, au vu de la différence générationnelle. Mais il y a un respect mutuel suffisant pour avoir créé cet environnement et te permettre de faire ce que tu veux. C’est marrant parce que tu as utilisé le terme chance. Et rien que ce matin, on me posait une question sur la chance et je disais moi, il y a un proverbe que j’aime bien. qui est la chance est un hasard qui se provoque. Et je pense que de part, on va dire, ce que je découvre de toi et de toute ton histoire, c’est qu’il y a plein d’actions qui ont fait que, au final, quand on t’a nommé CEO, ça n’a pas été de la chance. En fait, tu as pavé ton chemin pour qu’au final, on se rende compte que tu étais la bonne personne de par l’écosystème qu’il y avait autour de toi, de par toutes les actions que tu as mises en œuvre et de par toutes les conversations qu’il y avait déjà avec toi.
Laury Maurice 47:10
– Oui. Mais c’est toujours cool de l’entendre parce que c’est vrai. Pour le coup, tu vois, l’un des premiers à me l’avoir dit, c’est Guillaume, qui m’a dit « Attends, la chance, ça se provoque. » Et en fait, c’est vrai. Il y a une part de chance. J’ai eu vraiment de la chance. Mais en fait, à un moment donné, j’ai aussi su actionner les choses, prendre sur moi, travailler. Tu vois, il y a eu du travail. Même si le travail, ce n’est pas forcément une torture. Ça ne m’a plus travaillé, mais j’ai travaillé. Et en effet, à un moment donné, là où j’ai eu de la chance, c’est de tomber sur des personnes qui vont… te redistribuer les fruits de ton travail. C’est vraiment ça. Et j’ai récolté les fruits de ma chance. Je parle dans des métaphores. Porte quoi ?
Olivier My 47:51
– Mais du coup, je ne sais pas du tout comment ça s’est passé, mais ce jour où on te dit salut Lory, comment ça va ? Je ne sais pas trop comment vous parlez. On a décidé de te nommer CEO de Shodo. Tu te rappelles de ce jour-là ?
Laury Maurice 48:02
– Bien sûr, bien sûr, bien sûr, je m’en souviens. C’est en janvier 2023 qu’on me le propose. Je m’en souviens très bien parce qu’en fait, il m’invite au resto pour mon entretien annuel, en sachant qu’on n’a pas tellement d’entretien annuel chez Chaudot, puisque je t’ai dit, on a une grille de salaire indexée sur les années d’expérience. Donc, en fait, les augmentations, on n’en parle plus. En gros, on se fait une bonne bouffe pour célébrer l’année passée et puis pour célébrer celle qui va arriver. Et puis, quand même discuter de ce qui s’est passé. Voilà, mais donc, entretien annuel plutôt cool. À ce moment-là, je suis enceinte. Je suis enceinte depuis peu de temps, ils le savent. Voilà, moi, je leur ai dit tout de suite, je suis dans un contexte. confiance avec eux. Donc, en fait, j’ai tenu à leur dire très vite, parce que j’avais envie qu’ils m’accompagnent dans cette aventure. Et tu sais, en général, on te dit oui, il faut attendre les trois premiers mois, au cas où. Oui, au cas où, j’avais envie qu’ils soient à mes côtés, tu vois. Donc, ils savent très bien que je suis enceinte. Et donc, ils m’invitent au restaurant, on est tous les trois. Et là, John parle sérieusement et me dit, écoute, on va… Nous, ce qu’on te propose, c’est… Si tu le veux bien, on va avoir besoin de prendre de la hauteur. Maintenant, Shodo devient un groupe. On va avoir besoin de prendre de la hauteur pour aller gérer l’ensemble du groupe. Et on veut un relais. Et on a pensé à toi parce que tu nous accompagnes depuis le début. Qui mieux que toi pour aller porter nos valeurs ? Tu n’as pas les compétences. Et il a raison. Je n’ai pas les compétences pour gérer une boîte. Mais ça, ce n’est pas grave. Ça s’apprend. Et en fait, au pire, tu es très bien accompagné. Tu ne vas pas tout faire. Mais en fait, tu sauras prendre des décisions. Et on a pleinement confiance dans les décisions que tu prendras. Donc, est-ce que tu veux bien passer CEO ? Voilà. Je n’ai pas hésité tellement longtemps. J’ai dit oui tout de suite. J’ai dit, bien sûr.
Olivier My 49:48
– C’est passé quoi dans ta tête à ce moment-là ?
Laury Maurice 49:50
– Je me suis dit…
Olivier My 49:51
– Que tu ne t’y attendais pas en vrai ?
Laury Maurice 49:53
– Non, je ne m’y attendais pas. Même si, en fait, il y avait depuis quelques temps, ils me parlaient de me donner le mandat d’une filiale en région. Ok. Que j’avais refusé. parce que j’ai dit non, moi je travaille avec vous. Je ne veux pas que vous alliez me mettre en région, je veux être avec vous en fait. C’est comme ça qu’on est depuis le départ, c’est comme ça que je veux évoluer. Et puis qui plus est, je n’avais pas forcément envie de me tirer en région, mais bon bref, après avec le train tu peux faire des allers-retours, mais moi je voulais bosser avec eux. Et c’était le deal. Et c’était le deal. C’était que je reste avec eux. Et donc, tu vois, il y avait déjà quand même un peu ces enjeux de monter un poste plus que responsable com, mais jamais CEO, groupe avec eux, quoi. Tu vois ? Donc, quand ils me le proposent, je me dis, parce qu’en fait, secrètement, je le voulais un peu quand même, ce truc.
Olivier My 50:39
– Tu l’avais quand même, on va dire, si ce n’est imaginé, un peu fantasmé, quoi, de ce côté… Ouais.
Laury Maurice 50:45
– Bah, en fait, j’avais pas fantasmé de prendre ce poste-là même qu’on me le propose. Mais j’avais vraiment l’envie de rester, d’être avec eux à la direction du groupe, etc. Mais bon, je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse me proposer un tel rôle. Pour moi, je pensais que j’allais rester, enfin, je n’en sais rien. Je t’ai dit, je suis le monde de l’entreprise, moi, je n’y connais rien. Je ne sais pas ce qu’on aurait pu me proposer. Mais voilà. Et donc, à ce moment-là, quand on me propose ça, je me dis, ah, c’est…
Olivier My 51:15
– Quand on voit le sourire sur ton visage.
Laury Maurice 51:17
– Ouais. T’hésites pas en fait Là tu sais qu’à ce moment là tu vas Prendre l’un des rôles les plus importants de ta vie Et tu le sais en fait Tu sais que cet instant là faut pas l’oublier Et je l’ai pas oublié, je l’oublierai pas Et en fait le truc qui est aussi Incroyable c’est que Je t’ai dit j’étais enceinte Et en fait ils se disent pas Elle va devenir daronne, elle va avoir moins de temps Ça va chambouler sa vie certainement, mais peut-être qu’elle aura moins de temps à nous donner au travail. Ils n’ont jamais, jamais douté de mon investissement, même en tant que future maman. Et par contre, ce qu’ils me disent, c’est tu vas faire ta grossesse tranquille, tu vas prendre ton congé mat tranquille et on te nommera qu’à ton retour.
Olivier My 51:58
– C’est pour ça que moi, du coup, quand j’ai vu la nouvelle, j’ai eu l’impression que c’était genre elle revient de congé mat et boum, elle a la nouvelle. C’est comme ça que je l’avais perçu à l’époque. Mais du coup, tu étais prévenu avant.
Laury Maurice 52:10
– Ce qui paraît pas déconnant ouais ils ont été cool j’ai eu une année en fait pour me préparer à l’idée et puis t’organiser aussi bien, enfin aussi personnellement parce que quand tu rentres à la maison et que tu dis au fait là je vais prendre une petite promotion il va falloir qu’on trouve un moyen de s’organiser tu vois, et tu vois par exemple mon mari qui était à l’époque en ESN, il a fait le choix de passer indépendant pour avoir plus de REM mais plus de flexibilité, tu vois puisqu’il n’avait pas de boîte avec le modèle Shodo dans son secteur. Donc, c’est le choix qu’il a fait. Et on s’est organisé comme ça. Et depuis, on s’organise comme ça.
Olivier My 52:48
– Vous faites comme vous pouvez, en tout cas. En fait, oui. Avec ce que vous avez. Et du coup, comment est-ce qu’on passe de charge d’Edcom à CEO ? C’est-à-dire que là, tu sais. Tu sais que ça va arriver. Et pendant cette année, donc déjà, tu dois gérer la nouvelle vie que tu vas avoir. Premier enfant ?
Laury Maurice 53:04
– Premier enfant.
Olivier My 53:04
– Donc du coup, tu vois, premier changement qui va arriver. Et je crois que de toute façon, on n’est jamais formé pour être parent. On n’a que des exemples de ce que les gens ont fait au bout de compte. Donc je pense que déjà, c’est un changement important à avoir. Et du coup, tu sais que tu as ce deuxième truc-là. Comment ça se passe ? Il y a des choses sur lesquelles tu commences à lire, j’en sais rien, te former, t’es accompagnée. Comment est-ce que ça se prépare ?
Laury Maurice 53:25
– Alors oui, je suis accompagnée. En fait, tu as l’annonce de la nouvelle, tu as le fait que ça va se mettre en place. Donc, en fait, pendant cette année-là, si tu veux, l’année entre guillemets de ma grossesse, bon, 9 mois ressenti 15 ans, clairement, c’est long, une grossesse. Mais donc, pendant cette année-là, je pense que c’est le moment où, tu sais, t’es un peu sur ton petit nuage où tu dis, ah, ça va être trop bien. Tu vois, t’es encore un peu dans ta zone de confort de ouf, parce que t’es encore au cran d’en dessous. En fait, si tu veux, moi, j’étais encore responsable comme, je ne suis pas encore passé CEO et puisqu’ils me disent, voilà, c’est pas pour maintenant. Donc, en fait, l’investissement que tu mets en plus de ton statut de responsable communication, il est valorisé. Et si tu veux, pendant cette année-là, je pense que je ne réalise pas encore trop trop ce qui va vraiment m’arriver. J’en profite à fond. Et puis, en fait, après, tu as quand même la grossesse qui te prend du temps de cerveau, en fait, aussi. Ça te mange le cerveau, vraiment. Et donc, je pense que je ne mets trop rien en place, mis à part, je continue à travailler. beaucoup, comme je l’entends, et à m’investir beaucoup. Et puis après, en fait, t’as un congé mat qui dure 4 mois, 16 semaines et en fait, le vrai game il commence quand je reviens de congé mat. C’est là où ça commence, vraiment, pour moi, parce que, bah, déjà, d’une, quand tu… Tu sais, moi, tout le long de ma grossesse, j’ai dit, non, mais en fait, un bébé, ça changera pas ma vie.
Olivier My 54:48
– Ah ouais.
Laury Maurice 54:48
– Tu t’es dit ça ? N’importe quoi, enfin, tu sais, genre… Tu vois, genre, quand je m’écoute…
Olivier My 54:53
– Y’a que toi qui te dis ça, je crois.
Laury Maurice 54:54
– Mais de ouf ! Non, mais tu sais… genre non mais t’inquiète et tu sais et John et Guillaume ils étaient là c’est ça et en fait quand tu rentres de congé mat bah là t’as beaucoup en fait encore une fois je suis chez Chaudot je suis CEO de Chaudot j’ai mis en place des mesures inclusives j’ai mis en place vraiment des choses pour faciliter la parentalité je les mets en place parce qu’on en parle avec Guillaume et John donc je suis dans un contexte hyper hyper bienveillant accueillant par rapport à ça et je reviens et je me mets une pression de dingue. Genre parce que non, la maternité, ça ne doit pas changer ma vie. Je ne dois pas faire peser la maternité sur l’entreprise. C’est mon choix perso. Non mais tu sais, en fait, j’ai été…
Olivier My 55:33
– Il y a beaucoup de codes quand même qui ont eu un impact sur tes décisions à ce moment-là.
Laury Maurice 55:36
– Ouais, en fait, à ce moment-là, je le vis mal même. Je pense qu’il me faut un an pour vivre bien tous ces changements-là. Et à moi, il m’a fallu ce temps-là alors que je suis dans ce contexte-là. Pour toutes les nouvelles mamans qui reviennent après un congé mat. dans des postes à responsabilité, mais tu m’étonnes qu’il y en ait plein qui fassent des pressions postpartum, qui se tirent. En fait, c’est des burn. En fait, je ne me rendais pas compte et aujourd’hui, je pense qu’il faudrait qu’on s’en rende un peu plus compte, en tant qu’employeur, de l’enjeu qu’il y a autour de cette identité maternelle, en fait, qui se construit entre identité maternelle et professionnelle. Et ça, ouais, en fait, le game, il a commencé quand je reviens, genre, le 19 octobre. Je reviens le 19 octobre, la première chose que je fais, c’est « vas-y, je vais aller à Nantes pour… » Alors que personne ne me le demandait. « Je vais aller à Nantes pour aller à cette conf et tout. Je vais laisser mon bébé deux, trois mois avec son père. » Mais c’est bon, arrête. Non, mais en fait, arrête. Je me m’énerve aujourd’hui quand je réponds à ça.
Olivier My 56:36
– Je m’énerve moi-même.
Laury Maurice 56:37
– Non, mais je te jure. Et c’est là, en fait, où tu manges un peu ton pain noir, parce que tu vois bien que tu n’es plus la même, que tu n’as plus le même temps, que tu n’as plus le même cerveau, parce qu’en fait, il y a un bébé maintenant. Avant, je ne devais penser à rien. avant d’avoir mon enfant. Mais maintenant, tu penses toute la journée à ton gosse, tu vois. Mais même pas en tant que charge mentale, tu vois. C’est en fait, émotionnellement, effectivement, t’es prise, en fait.
Olivier My 56:58
– Il y a une connexion quelque part.
Laury Maurice 57:00
– Ouais, tu vois, il y a vraiment ça. Et forcément, en fait, t’es pas forcément toujours focus sur le taf, parce que, bah, voilà, tu penses à ton fils, et voilà. Et en fait, c’est là où je galère un peu plus. Et puis après, bah… tu te détends un peu du genou à partir du moment où tu comprends que tout le monde est là pour t’aider et que personne n’est là pour te juger. Et du coup.
Olivier My 57:23
– À ce moment-là, quand tu réussis à retoucher un peu le sol après tous ces émois, je dirais, c’est quoi que tu apprends concrètement qui, pour toi aujourd’hui, tu pourrais définir comme étant des activités de CEO ?
Laury Maurice 57:36
– Alors, ce que j’apprends concrètement, en fait, j’apprends pas. Si, j’apprends, j’apprends tous les jours. Mais une des premières actions qu’on m’a donnée, C’est de me donner le temps de reprendre ma place, vraiment, tu sais que je disais tout à l’heure, d’actrice de la transparence, de la pédagogie, vraiment de la commande interne. Et puis aussi d’aller, par exemple, mettre mon nez vraiment dans toutes les autres parties opérationnelles. Par exemple, avant, je ne faisais pas de commerce. John m’a dit, viens avec moi au commerce. Tu vas voir, parce qu’en fait, demain, tu vas devoir savoir prendre des décisions. Tu ne vas pas être commercial du jour au lendemain, c’est bien évidemment. Mais tu vas devoir savoir prendre des décisions. et en fait c’est ça aujourd’hui qu’ils m’apprennent ils m’apprennent pas tellement opérationnellement à être CEO parce que moi mon coeur de métier c’est la com j’ai en fait depuis 10 ans, je trouve que je le fais pas trop mal je ne vais avoir aucune valeur ajoutée à être la chef des commerciaux la chef des recruteurs ça n’a pas de sens, en fait on est accompagné pour ça et voilà, mais en fait ce qu’ils m’apprennent c’est à savoir mettre tous les tenants et les aboutissants pour prendre la meilleure des décisions ça veut dire qu’en fait tu ne deviens pas experte de tout.
Olivier My 58:41
– Tu deviens simplement experte Du processus de décision qui va t’amener à justement emmener la boîte dans une direction ou dans une autre.
Laury Maurice 58:48
– C’est ça. Et en fait, je suis garante des valeurs de Chaudot. Donc en fait, dans chaque décision qu’on prend, il faut, et en tout cas, moi, c’est comme ça que j’interprète mon rôle. Il faut qu’on puisse retrouver les valeurs Chaudot. Donc, dans les décisions cool et moins cool, tu vois, d’aller protéger le collectif, d’aller protéger l’entreprise tout en restant droit dans tes bottes. Enfin, en fait, c’est ça. C’est ça, aujourd’hui, je pense, mon rôle de CEO apprenante. Mais est-ce qu’on n’apprend pas tous les jours ?
Olivier My 59:16
– Tout à fait.
Laury Maurice 59:16
– C’est de savoir comment aligner les éléments pour prendre la meilleure décision chez Shodo. C’est ça.
Olivier My 59:25
– Mon rôle. C’est la responsabilité que tu as. C’est finalement les dangers que tu prends. C’est ça qui repose sur tes épaules. C’est ça aussi, au-delà d’un titre.
Laury Maurice 59:35
– Oui, c’est ça, exactement. En fait, tu prends le titre, mais tu prends aussi les responsabilités qui vont avec. Et c’est normal. Et puis après, il faut aussi, et ça, c’est quelque chose que j’apprends à faire, mais tu prends aussi la posture.
Olivier My 59:45
– C’était quoi une posture de CEO, alors ?
Laury Maurice 59:46
– C’est quoi ? J’en sais rien.
Olivier My 59:48
– Oula, d’être bien installée dans un fauteuil, là.
Laury Maurice 59:50
– Ouais, voilà. Déjà, c’est pas mal. En fait, c’est ça qui a été aussi compliqué, je pense, pour moi. C’est que, en fait, je reviens de congé maths et je dois apprendre à être maman. En fait, tu vois, tu es déjà une nouvelle personne. Et je dois aussi changer de… Enfin, je change de poste. Et donc, du coup, à la com, en fait, moi, mon taf à la com, c’était quand même… d’être très avenante avec tout le monde, d’écouter. En fait, tu n’as pas de rôle de décideur, donc quelque part, tu n’as que le bon rôle. Et demain, aujourd’hui, en tant que CEO, j’ai toujours le bon rôle, mais tu as aussi le rôle de prendre des décisions, de porter les décisions. Et aussi d’aller marquer des certaines limites, en fait. Tu vois, dans le sens où quand je demande à quelqu’un de faire quelque chose, je ne suis plus la responsable comme. Là, c’est ta directrice qui te demande quelque chose. Donc, au-delà même de l’aspect hiérarchique, en fait, à un moment donné, c’est comme ça. Et en fait, c’est ça aussi qui est plus compliqué. C’est qu’à un moment donné, déjà, je suis une meuf, je suis jeune, je n’ai pas le bon diplôme, je n’ai pas la bonne fonction. Quelle légitimité j’ai ? Pour dire maintenant, je suis ta directrice. Et quand je te demande un point, par exemple, c’est malvenu de dire que tu n’as pas le temps. À part si tu n’as vraiment pas le temps. Ou que tu n’as pas envie, disons. Parce que si tu n’as pas le temps, tu as quand même le droit de ne pas avoir le temps. Quand même. On n’est pas des animaux. On n’est pas des animaux. Mais en fait, voilà. Et ça, ou de savoir dire non aussi. Genre, tu as des sollicitations. C’est même plus ça. C’est de savoir dire non à certaines sollicitations. Parce que maintenant, en fait, tu n’as pas le temps. Toi-même. Et c’est ça qui a été, je pense, le plus questionnant pour moi, parce que je passe vraiment d’une fonction où on s’attend qu’à une meuf un peu cool, souriante, etc. à une fonction un peu plus sérieuse où tu vas décider. Et ça, ça demande, je pense, une sorte de… Déjà, d’intérioriser ce truc-là, de le conscientiser, et après, de savoir l’exprimer. Et ça, c’est le truc où John me bouscule quand même pas mal là-dessus. Enfin, me bouscule, non. ne bouscule pas, mais m’aide beaucoup à le réaliser et à surmonter mes biais que j’ai.
Olivier My 1:01:59
– Et du coup, c’est bien parce que c’était une des questions que j’avais, donc tu me l’as amené subtilement. Mais quand tu passes de chargé de com à CEO, les relations que tu as avec les personnes, comment est-ce qu’elles changent ? Parce que du coup, il y a des personnes avec qui tu étais au même niveau et tu as.
Laury Maurice 1:02:16
– Je ne sais pas comment on va passer le niveau.
Olivier My 1:02:17
– Mais du coup, comment ça a évolué ? Est-ce que, voilà, en gros c’est… Les relations au sens relationnel, est-ce que ça a été facile, pas facile ? Qu’est-ce qui s’est passé à ce niveau-là ?
Laury Maurice 1:02:28
– Franchement, les consultants et consultantes étaient hyper cool. Ils rigolent, tu vois, Madame la directrice et tout ça. Mais c’est très cool, ça s’est très bien passé. Après, évidemment, il faut camper le rôle, mais il n’y a pas de difficultés à ce niveau-là. Non, en fait, les relations ne changent pas vraiment. Les autres ne changent pas, en fait. Les autres que tu es… Le rôle ou pas, c’est pas parce qu’ils t’ont connu hier à la com, pas parce que tu passes directrice, qu’ils disent ça y est, c’est une nouvelle personne. C’est juste toi qui ne dois pas changer tes relations, mais qui dois changer ton rapport au travail, en fait. Et la façon d’aller repenser aussi à l’ordre de tes priorités, la fonction que tu as, enfin tu vois, c’est ça. Et je pense que les relations, entre guillemets, ne changent pas. Moi, je n’ai pas eu l’impression que ça avait changé ou qu’il y avait une sorte de… ou qu’ils étaient intimidés ou quoi que ce soit, pas du tout. Mais que moi, je devais quand même incarner le rôle différemment. Tu vois, c’est plus ça.
Olivier My 1:03:30
– Oui, c’est intéressant.
Laury Maurice 1:03:31
– Incarner le rôle, en fait, tout court même.
Olivier My 1:03:32
– C’est intéressant, je me pose la question, parce que du coup, je n’ai pas de conviction, parce que je n’ai jamais vécu ça. Mais c’est vrai que, par exemple, j’avais échangé avec des personnes qui avaient changé de rôle, comme ça, souvent… Ça monte, toi t’es montée tout en haut, mais du coup ça monte. Mais par exemple, quand tu dois manager tes anciens collègues, du coup là, la relation forcément, elle a une évolution qui est différente. Peut-être que le fait que tu aies été une fonction de support, peut-être que ça a aidé parce que tu avais des relations qui étaient déjà, on va dire, distanciées sous un certain temps.
Laury Maurice 1:04:01
– Oui, sûrement. Et après, pour le coup, j’ai eu à manager une ancienne collègue, Lucie, qui plus est, est mon amie. Et pour tout te dire, on était deux meufs au staff chez Chaudot. On est tombés enceintes en même temps, on a accouché le même jour.
Olivier My 1:04:14
– Le même jour ?
Laury Maurice 1:04:15
– Le même jour, à deux heures près, c’est incroyable. Nos fils seront amis d’enfance, je pense qu’ils n’ont pas tellement le choix. Et en fait, du coup, moi j’ai dû la manager. Parce que quand elle est arrivée, il n’était pas question que je passe au CEO, puis après je suis passée CEO. Mais encore une fois, tu vois, c’est particulier parce que c’est mon amie. Et elle savait que quelque part, j’allais le faire pas pour aller la cartonner ou pas pour machin. Moi, mon but, c’était de protéger l’entreprise et que pour ça, il faut la manager, il faut lui dire quand ça va, quand ça va moins bien, la compagnie, etc. Voilà, donc ça a été…
Olivier My 1:04:49
– Quand tu le fais en bonne intelligence, avec un cadre qui est clair et contrat relationnel, si je puis dire, qui va aux deux parties, grosso modo, ça se passe.
Laury Maurice 1:04:56
– Ouais, j’aime bien l’idée de contrat relationnel. C’était vraiment ça. En fait, c’est de… quelque part, c’est de faire confiance. Tu fais confiance à la personne et la personne te fait confiance et d’être hyper transparente. Enfin, tu vois, pour le coup, j’ai lu… Alors j’ai lu parmi mes lectures de signaux, qui n’en est même pas tellement une, mais Radical Candor, je ne sais pas si tu… Et pour le coup, la sincérité bienveillante et en fait, l’idée d’aller le faire avec quelque part de la bienveillance, de la transparence, sans jamais aller mettre de faux semblants. Et ça me va très bien parce que mon ancienne responsable chez Arola, c’est vrai que je l’ai oublié tout à l’heure. Je vais travailler avec elle. Mais elle m’avait dit à l’époque, elle m’avait reproché. Mais de toute façon, toi, tu ne sais pas faire semblant. Et tu vois, je trouve que c’est vraiment le plus… nul reproche qu’on m’ait fait. C’est nul comme reproche. Parce qu’en fait, je suis très contente de ne pas savoir faire semblant.
Olivier My 1:05:52
– Et c’est justement une des qualités qui probablement t’a permis de faire ce que tu fais et d’être qui tu es aujourd’hui.
Laury Maurice 1:05:59
– Ouais, parce que ne pas savoir faire semblant, c’est pas ne pas avoir de filtre. Je ne suis pas une zozote non plus qui met le feu partout où elle passe. Mais en fait, oui, quand quelque chose ne me plaît pas ou me plaît, et ben… j’essaye de ne pas faire semblant et que quelque part, mes réactions suscitent la confiance, en fait.
Olivier My 1:06:19
– C’est qu’au moins, il y a une cohérence par rapport à qui tu es, ce que tu fais, ce que tu dis.
Laury Maurice 1:06:23
– Oui.
Olivier My 1:06:23
– J’essaye. Ça, c’est déjà pas mal, quoi. Oui. Et du coup, une petite dernière question pour boucler cet épisode de ta vie. Qu’est-ce que ça t’a ouvert comme perspective ?
Laury Maurice 1:06:37
– Je pense que ça m’a ouvert… En fait, tu as un nouveau monde qui s’ouvre à toi, étant donné que tu arrives… Tu sais, moi j’ai 30 ans. Ça y est.
Olivier My 1:06:47
– T’as basculé.
Laury Maurice 1:06:47
– Ouais, j’ai basculé. Les cheveux blancs et tout. Et en fait, si tu veux, il y a ce plafond de verre qui explose. Où en fait, tu te dis, maintenant que je suis là, je pense que tout est possible. Alors avec les biais qu’on connaît, le fait que je sois une femme, etc. Voilà, encore une fois, moi, c’est les convictions que je porte. C’est que je n’aurai pas forcément les mêmes facilités qu’un homme qui vient d’école de commerce. Voilà, mais ça, maintenant, c’est bon, c’est intégré. Donc, je fais avec, je joue avec les règles du jeu. Et ce n’est pas pour autant que je n’ai pas envie de les changer, mais je joue avec. Et quelque part, il y a un peu cette idée de voilà, je peux ne pas m’arrêter là. Tu vois, c’est-à-dire que demain, je peux peut-être avoir aussi des ambitions politiques. Enfin, vraiment, en fait, il y a un monde nouveau qui s’ouvre. où tu n’es pas cantonnée à rester responsable de communication et peut-être après directrice de communication. Enfin, tu vois, en fait, je peux avoir envie de tout faire.
Olivier My 1:07:39
– Donc là, tu as la capacité à créer un chemin vraiment qui te ressemble et qui répond à tes convictions, à tes envies, à tes contours.
Laury Maurice 1:07:47
– Ouais, en fait, il y a un peu de ça. Et tu vois, je n’ai que 30 ans, 31 ans. Et ça, c’est ultra, ultra privilégié. Et c’est pour ça que je le fais avec beaucoup de conviction aujourd’hui, parce que je sais que j’ai une belle histoire, mais je n’ai pas envie d’être la seule à avoir cette belle histoire. J’ai envie qu’on puisse aussi donner la chance aux profils qui n’ont pas toutes les cartes en main ou pas le profil. Tous ceux qui ne paraissent pas être le fameux mouton à cinq pattes, le mâle blanc qui sort de l’école de commerce à 15 000 balles l’année. On fait que la diversité, même au poste de direction, on a… C’est une vraie richesse pour la réussite des entreprises. Ça, c’est vraiment ma conviction profonde, pour le coup. Une de mes convictions profondes.
Olivier My 1:08:31
– En tout cas, c’est une belle phrase de fin d’histoire.
Laury Maurice 1:08:35
– Yes.
Olivier My 1:08:36
– Merci beaucoup. Merci à toi. Pour tout ce partage, pour ces anecdotes qui resteront dans nos mémoires. Et pour ta sincérité, ta franchise. Parce qu’il paraît que tu ne sais pas faire semblant. Exactement. effectivement c’est un très mauvais retour. Moi c’est mieux. Alors comme je t’en avais parlé tout à l’heure, on va passer à la dernière phase de cet épisode-là, où j’ai quelques questions qui ne sortent pas de ma tête, mais qui seront sur des cartes. Et on va en passer quelques-unes, et du coup on va voir ce qui en émerge. Ça marche. Alors, ce que je vais te proposer, c’est de choisir un nombre, dans un premier temps, entre 4… et 18. Ok. Ok. Et du coup, je te lirai la question qui correspond.
Laury Maurice 1:09:27
– 4 et 18, je vais prendre le 9, ma date de naissance. 9 décembre.
Olivier My 1:09:35
– 9 décembre ? Tu veux faire 9 et 12 ?
Laury Maurice 1:09:37
– Allez.
Olivier My 1:09:40
– Alors, qu’y a-t-il sur la liste de tes envies ? C’est chose à faire absolument avant de mourir.
Laury Maurice 1:09:46
– Alors, tu vois, c’est marrant parce que j’en parlais dernièrement. Mais je ne me vois pas finir ma vie sans avoir vu le moindre recoin de la planète. Et ce qui est assez dur pour moi, puisque j’ai décidé de ne plus prendre l’avion, ou alors jusqu’à la fin de ma vie, je n’ai que la possibilité de prendre cinq fois l’avion. Dix allers-retours.
Olivier My 1:10:09
– Ok, c’est dix et l’air tour que tu as. Et ce chiffre, il est venu comment ?
Laury Maurice 1:10:12
– Je pense que c’est Jean-Covici qui a dit qu’on devrait tous prendre cinq fois l’avion. Bon, ok, Jean-Covici, d’accord, mais tu aurais dû me le dire avant parce que j’ai déjà pris peut-être… Alors, je n’ai pas pris beaucoup l’avion parce que je n’aime pas trop ça. Mais voilà, en fait, je me suis fixée ce cap-là et du coup, je réfléchis à comment je vais pouvoir faire. Mais oui, j’ai envie de voir toute la Terre, de voyager.
Olivier My 1:10:32
– Donc, probablement que tu vas nager beaucoup.
Laury Maurice 1:10:36
– Non, je nage comme une pierre. Non, je vais faire de la rondeau.
Olivier My 1:10:39
– Je nage comme une pierre. Merci pour ton partage. Tu voulais faire la douze, vu que c’était 9h12 ?
Laury Maurice 1:10:46
– Ouais, vas-y, douze.
Olivier My 1:10:48
– Alors, la douzième, parle-moi d’une rencontre qui a changé ta vie pour toujours.
Laury Maurice 1:10:55
– Mon fils. Ouais. C’était une rencontre. Tout à fait. Pour le coup, c’est une vraie rencontre, c’est-à-dire qu’il y a quelqu’un que tu ne connais pas et que d’un coup, tu ne connais toujours pas, en fait. et qui à la fois tu connais comme si tu l’avais fait. Et c’est le rôle…
Olivier My 1:11:09
– En vrai, tu l’as fait ?
Laury Maurice 1:11:11
– Ouais, c’est vrai. Je le connais comme si je l’avais fait, ouais. Mais c’est vrai ça. Mais ouais, c’est la rencontre qui change ta vie pour toujours. Quand tu deviens maman, en fait, c’est… En fait, avant de devenir maman, j’avais des principes. Bon, autant te dire que ça balaye tout, tu vois. Devenir maman, ça balaye tous tes principes. Et en fait, tu te reconstruis et ça change ta vie pour toujours.
Olivier My 1:11:34
– Donc la rencontre avec ton fils.
Laury Maurice 1:11:36
– Oui.
Olivier My 1:11:38
– Eh bien, merci. Donc ça, c’était le premier paquet de…
Laury Maurice 1:11:41
– De cartes.
Olivier My 1:11:41
– De cartes. Il y en a encore deux. OK. Donc je vais te demander de choisir maintenant entre 19 et 39. C’est pas super sexy les nombres, mais c’est…
Laury Maurice 1:11:50
– T’inquiète. Je vais prendre le 20, parce que mon fils est né le 20 juillet.
Olivier My 1:11:56
– OK, on reste sur les…
Laury Maurice 1:11:57
– Je vais te donner son choix.
Olivier My 1:11:59
– Son choix, très bien. Eh bien, raconte-moi quelque chose que tu as appris récemment, globalement.
Laury Maurice 1:12:08
– J’ai appris à dire non. C’est un vrai truc. C’est-à-dire que j’ai appris à dire non, donc à poser des limites, genre dans le cadre du travail. C’est-à-dire que quand… Tu vois, c’est tout bête, mais je dois programmer un point pour un besoin. Quand on me dit non mais là ça m’arrange pas, plutôt telle semaine, non. Non, vraiment, on peut tous trouver un moyen d’avoir 30 minutes, parce que moi c’est mon besoin. Et tu vois ça, je ne savais pas le faire avant, putain. Et le pouvoir de dire non, tu vois, je crois que c’est une connerie dans un film ou un sketch ou un truc comme ça, tu vois. Mais c’est ce que j’ai appris, et aussi à poser des limites. C’est qu’à un moment donné, quand il y a quelque chose qui, je sais pas, ou on t’a fait perdre un peu de temps ou quoi que ce soit, en fait, à le dire. Et ça, je la prends là.
Olivier My 1:12:57
– Donc tu veux dire, poser des limites, c’est qu’est-ce qui est acceptable et qu’est-ce qui n’est pas acceptable ? Voilà.
Laury Maurice 1:13:03
– Voilà. Aussi, dans le sens où, d’arrêter de vouloir toujours être aimé, c’est un grand mot, mais de vouloir toujours plaire. En fait, c’est le… Quelque part, je pense que j’apprends le… Alors, le courage managérial, non, parce que je pense que c’est… De porter des décisions difficiles, ça ne m’a jamais posé problème. Mais en fait… Il y a porter les décisions que les autres prennent et il y a porter tes propres décisions. Il y a ça aussi. Et donc, à un moment donné, quand tu décides que c’est comme ça ou que tu décides que là, ça s’est mal passé, d’aller le dire parce que ta personne au travail, elle a été contrariée. Et ça, avant, je ne le faisais pas. C’est-à-dire que c’est pas grave, c’est comme ça. Tu gardes pour toi, c’est ça ? Voilà. Et maintenant, je le fais.
Olivier My 1:13:45
– Et tu penses que ça, c’est lié au fait que tu sois devenue CEO ?
Laury Maurice 1:13:48
– Oui. Oui, parce que ça fait partie, je pense, de la posture, pour le coup. de te dire, enfin tu vois, c’est Guillaume qui m’a dit ça, qui m’a dit tu sais, avant on me proposait des déjeuners mais pour tout, et parfois des choses, des personnarias qui ne m’intéressaient pas mais parce que je ne sais pas par quelle force de ma pensée, je me disais, il faut que j’y aille. Et en fait, Guillaume me dit, mais attends, t’es DG maintenant, pourquoi tirer déjeuner pour ça ? Ton temps, il n’est pas extensible. Ah ouais, putain, c’est vrai. C’est vrai. T’as raison.
Olivier My 1:14:22
– Et ouais en fait c’est ça que j’apprends à dire non bah c’est génial ouais c’est cool bon en tout cas j’espère qu’on a pas besoin de devenir CEO pour apprendre à dire non non c’est vrai mais en tout cas c’est un bon moyen pour toi de le faire exactement ouais bah super je te propose une petite dernière allez dans.
Laury Maurice 1:14:39
– Le dernier paquet ouais donc entre 40 et 52 ouais putain mais je sais pas compter jusque là moi 40 et 52 je vais dire 47.
Olivier My 1:14:53
– Donne-moi une raison pour laquelle ta vie est mieux aujourd’hui qu’avant.
Laury Maurice 1:14:59
– La thune. Non, pas du tout.
Olivier My 1:15:05
– Voilà, on aura gardé la dernière phrase pour résumer.
Laury Maurice 1:15:09
– La tuna, ouais, putain. Bon, après, on ne va pas se mentir. C’est un peu mieux quand t’en as, tu vois. Tout à fait. En fait, c’est un peu mieux quand t’as les moyens de ne plus tellement t’inquiéter de ce que ça va donner la fin de ton mois. Voilà, comme tu le dis. Mais je ne dépense pas énormément d’argent. Voilà, mais non, ce qui est mieux qu’avant, c’est pour le coup, j’ai envie de dire, alors l’expérience. Tu vois, tout à l’heure, je te disais, j’aimerais pas retourner à mes 20 ans. Parce que je pense qu’à 20 ans, on doit prendre des décisions qui nous semblent être difficiles. Mais aussi parce que j’avais beaucoup moins confiance en moi à 20 piges que maintenant. Et pour rien au monde, je pense que je voudrais retourner à cette époque-là, même si t’es plus jeune, t’as moins de responsabilités, t’es plus oisif. Mais en fait, j’étais beaucoup plus angoissée que maintenant, où quelque part, j’apprends à dire non, j’apprends à me connaître plus. à savoir où mettre mon énergie, dans quels combats, les convictions, prioriser aussi ce qui est important dans la vie ou pas. Et en fait, alors qu’à 20 ans, j’étais, je pense, un peu trop tout feu, tout flamme et que la moindre injustice me mangeait le moindre machin. Tu vois, il y avait de l’énergie qui partait à tout va, quoi. Une sorte de brasier. Aujourd’hui, je pense que j’apprends à canaliser plus tout ça et ce qui fait que ma vie est beaucoup plus sereine maintenant, la vieillissage. Maintenant, carrément.
Olivier My 1:16:31
– Super. J’ai envie dans les quelques minutes qui me restent, de te poser une dernière question qui viendra de moi. Qui est justement, si tu devais donner un conseil de toi, Laurie, aujourd’hui à toi, Laurie, de 20 ans, ce serait lequel ?
Laury Maurice 1:16:47
– N’aie pas peur. N’aie pas peur de changer. N’aie pas peur de prendre des décisions fortes. Et quelque part, entoure-toi bien aussi. Ça, c’est important. Entoure-toi vraiment très bien. Entoure-toi des personnes qui ne vont pas t’alourdir l’existence, mais qui vont te soutenir. Pour ne pas avoir peur, je pense qu’il faut être bien accompagné quand même.
Olivier My 1:17:07
– Super. J’espère en tout cas que dans les mondes parallèles que l’on sait qui existent quelque part, cette laurie-là t’entendra. Et j’espère que d’autres personnes t’entendront aussi. pour tous ces conseils que tu apportes merci beaucoup Laurie merci à toi Olivier.
Laury Maurice 1:17:22
– C’était hyper cool comme moment c’est la première fois que je fais quelque chose en format long comme ça et c’est super cool super.
Olivier My 1:17:29
– Mais avant qu’on se quitte si il y a certaines personnes qui veulent continuer la petite papote avec toi comment est-ce qu’on fait pour te contacter ?
Laury Maurice 1:17:37
– Et bien ils peuvent venir me contacter sur LinkedIn, sur mon profil LinkedIn directement.
Olivier My 1:17:41
– Donc Laurie Laurie Laurie Laurie voilà comme Laurie comme.
Laury Maurice 1:17:46
– Laurie comme le prénom. Ils peuvent venir me contacter. J’essaye d’être la plus réactive possible par messagerie, mais c’est vrai que parfois, je ne suis pas toujours très sérieuse, je lis tous les messages et je réponds dès que je le peux. Et sinon, en venant me contacter aussi directement via le site Shodo contactatchodo.io aussi. Mais à part LinkedIn et le site Shodo.
Olivier My 1:18:12
– C’est déjà pas mal.
Laury Maurice 1:18:12
– Je ne vais pas donner mon numéro.
Olivier My 1:18:16
– C’est trop. Ça.
Laury Maurice 1:18:16
– C’est les limites, tu vois. Il faut mettre les limites.
Olivier My 1:18:19
– C’est ça. Et après, on t’envoie un bisou.
Laury Maurice 1:18:21
– Exactement. Voilà. Et c’est parfait.
Olivier My 1:18:24
– Merci, Laurie. Merci à toi. C’était très sympa de t’avoir. Et puis, à la prochaine.
Laury Maurice 1:18:28
– À la prochaine. Salut. Salut.