Derrière les caméras, il y a autre chose que des plans parfaits. Il y a des doutes, des choix flous, des prises manquées… et parfois, un vrai script de vie qui se dessine au montage.
Dans cet épisode, Maëva Andrieux raconte son parcours dans le monde du cinéma comme on déroule un film indépendant : brut, sensible, parfois chaotique mais toujours sincère. D’un atelier de court-métrage découvert par hasard à une tournée internationale de danse, de l’expérimental à la publicité, elle nous embarque dans une traversée à la fois intime et systémique du 7e art.
On parle de ce que personne ne dit à l’école :
Maëva partage aussi ce qu’elle a mis du temps à comprendre :
Un épisode vrai, sans effets spéciaux, où il est autant question de cinéma… que de courage.
À écouter si tu veux :
Si l’épisode vous a plus, n’hésitez pas à laisser un message sur le répondeur du podcast : https://www.vodio.fr/repondeur/1273/
[00:05] : Introduction du podcast et accueil de Maëva
[01:45] : La vision du changement selon Maëva
[04:30] : Le déclic pour le cinéma et les débuts par accident
[08:10] : Un prix inattendu et le goût de la création expérimentale
[12:00] : Le rôle de la famille et des injonctions scolaires
[15:40] : L’expérience de Paris 8 : désordre, liberté et résistance
[20:15] : Le “bon goût” et les codes implicites du cinéma élitiste
[25:50] : Apprentissage sur le terrain : réseau, débrouille et intuition
[30:40] : La tournée de danse qui bascule tout
[35:10] : Les premiers projets professionnels et le Festival de Clermont
[39:45] : Précarité, illusions et pression dans l’industrie du cinéma
[44:20] : L’envie de ralentir et le retour à soi
[48:00] : Le métier d’assistante réalisatrice : responsabilités et nuances
[53:00] : Management sur un plateau : entre autorité et humanité
[58:30] : Fatigue, solitude et renoncement : quand le système use
[1:03:00] : Reconnexion avec le sens et recentrage entrepreneurial
[1:07:40] : Trouver sa manière de contribuer sans trahir ses valeurs
[1:13:00] : La notion de transmission et de “légitimité douce”
[1:17:30] : Derniers conseils : avancer sans attendre d’être “prêt”
[1:21:00] : Conclusion et rituels de fin d’épisode
1. Changement progressif et subtil
•Les changements imperceptibles qui deviennent clairs avec le recul du temps (ici, une période d’environ 4 ans).
2. Saisir les opportunités
•Comment Maëva a régulièrement saisi des occasions inattendues qui ont façonné sa vie professionnelle et personnelle.
3. Réinvention professionnelle
•Transition du cinéma expérimental vers la publicité et l’entrepreneuriat.
•La capacité à se réinventer en continuant d’évoluer au fil des expériences.
4. L’importance du “oui”
•Le pouvoir des petites décisions positives qui peuvent profondément influencer le parcours professionnel et personnel.
5. Le milieu du cinéma et de l’audiovisuel
•Immersion dans un milieu particulier, avec ses codes spécifiques, son élitisme, et ses exigences.
6. Les normes sociales et professionnelles
•L’impact des normes implicites et des attentes dans les choix de carrière.
•Le poids du « bon goût » et des apparences dans certains milieux professionnels, notamment artistiques.
7. La créativité et la passion
•Comment une passion initiale pour le cinéma et le montage est devenue un moteur d’évolution constante.
8. Gestion des équipes et des projets complexes
•Coordination des équipes techniques sur des tournages, management doux versus management autoritaire.
9. Équilibre entre vie professionnelle et personnelle
•Comment gérer une carrière exigeante tout en restant fidèle à soi-même et à ses aspirations personnelles.
10. Les rencontres décisives
•Comment certaines rencontres ont radicalement influencé ses décisions professionnelles et son cheminement personnel.
11. Apprentissage par l’expérience
•L’importance du terrain et des expériences réelles dans l’acquisition de compétences et la compréhension profonde d’un métier.
12. Réflexions sur l’argent et la précarité
•La précarité cachée du milieu artistique et l’importance d’une prise de conscience pragmatique des réalités financières.
Maëva Andrieux,
Olivier My,
saisir les opportunités,
changement subtil,
réinvention professionnelle,
cinéma expérimental,
audiovisuel,
publicité,
entrepreneuriat,
parcours professionnel atypique,
créativité,
gestion d’équipe,
normes professionnelles,
milieu du cinéma,
tournages,
storytelling personnel,
apprentissage par l’expérience,
réalités financières,
précarité artistique,
prise de conscience,
transitions professionnelles,
opportunités professionnelles,
développement personnel,
audace,
dire oui au changement,
gestion du changement,
expérience internationale,
rencontres décisives,
évolution continue
Olivier My
– Bienvenue sur Change & Chill, le podcast où l’on parle de changement simplement. Je suis Olivier My et avec mes invités, nous explorons comment le changement peut être une force positive dans nos vies. Des histoires inspirantes avec une touche de légèreté. Dans ce nouvel épisode, j’ai le plaisir d’accueillir Maëva Andrieux. Salut Maëva, comment ça va ?
Maëva Andrieux
– Salut Olivier, ça va très bien, merci de m’accueillir.
Olivier My
– Et merci de m’accueillir chez toi, c’est un joli petit appartement. Et pour commencer, d’une manière très simple, comme je t’avais prévenu et comme tu as pu l’entendre dans les autres épisodes, ce podcast s’appelle Change & Chill et donc on parle du changement de manière générale. Et donc toi, le changement, ça t’inspire quoi ?
Maëva Andrieux
– Comme on l’a mentionné précédemment, ce que je trouve fascinant dans le changement, c’est que c’est très microscopique et qu’on s’en rend compte généralement quatre ans plus tard.
Olivier My
– C’est marrant parce que tu dis… 4 ans plus tard ? Il y a un truc en particulier qui te vient à l’esprit, qui te dit tiens, c’est 4 ans plus tard que je m’en suis rendu compte ?
Maëva Andrieux
– J’ai 30 ans et donc dans mes tranches de vie, je dirais que de 16 à 20 ans, on navigue et à 20 ans, on se dit, ah oui, à 16 ans, j’étais là. Et de 20 à 24 ans, pareil, c’est vraiment des bons. Et je trouve que 4 ans, pour moi, en ce qui me concerne, j’ai peut-être une tortue, mais c’est là où je me rends compte que j’ai changé.
Olivier My
– Donc il y a plein de petits changements microscopiques et en fait ça se construit, ça se bâtit et au bout d’un certain temps, là tu te rends compte de l’impact que ça a pu avoir dans ta vie. C’est ça que j’entends ?
Maëva Andrieux
– Exactement. C’est plus une question, enfin c’est plus un diesel qu’un turbo.
Olivier My
– Ok, super. Avant qu’on démarre notre papote tous les deux, est-ce que tu pourrais te présenter ?
Maëva Andrieux
– Alors bonjour à tous, je m’appelle Maëva, je viens du milieu du cinéma. de la fiction, où j’ai pu naviguer dans ce milieu pendant je dirais 5 ans et petit à petit je me suis tournée plus vers l’audiovisuel publicitaire jusqu’à monter mon entreprise publicitaire.
Olivier My
– C’est un changement aussi de carrière pas tellement de vocation ça reste dans le même domaine mais justement on en parlera ensemble, merci et c’est vraiment top de pouvoir t’avoir Parce que le monde du cinéma et de l’audiovisuel, c’est vraiment un monde que je ne connais pas. Et du coup, c’est une porte ouverte aussi à de l’inspiration et de voir un peu comment ça se passe. Mais du coup, justement, c’est un monde que je ne connais pas. Et vu que je ne le connais pas, je ne sais pas comment on y rentre ou qu’est-ce qui fait qu’un jour on se dit, c’est là-bas que je veux y aller. Est-ce que tu te souviens de comment tu es rentré dans ce monde-là ?
Maëva Andrieux
– J’ai eu un éveil à la culture théâtrale, cinématographique assez fort, dans le sens où j’allais régulièrement au théâtre et je regardais beaucoup de films. Donc j’imagine que ça a beaucoup pesé dans la balance, plus que mon appétence pour les maths.
Olivier My
– Je comprends. Et tu te rappelles des pièces de théâtre que tu étais allé voir étant… Je ne sais pas si c’est… petite, jeune ?
Maëva Andrieux
– J’ai commencé très jeune. J’avais vu un fait d’eau. Je voyais plein de pièces de théâtre, des très classiques. Mais il y avait un fait d’eau où j’avais 7 ans et j’avais fait pipi dans ma culotte. Ça, ça a été très fort. Je ne me rappelle pas du tout de ce que raconte la pièce. Mais je me rappelle que j’étais…
Olivier My
– Du coup, il y a quelque chose qui s’est passé. Mais tu te souviens du pourquoi ? Est-ce que c’était quelque chose qui t’avait fait peur ? Est-ce que c’était quelque chose qui avait généré des émotions chez toi ? Qu’est-ce qui nous amène à faire pipi dans les culottes en regardant une pièce de théâtre ?
Maëva Andrieux
– J’avais jamais autant ri de ma vie. Et d’ailleurs, c’est la seule fois où j’ai fait pipi dans ma culotte au théâtre parce que ça ne m’arrive plus.
Olivier My
– Eh bien, je te souhaite, en tout cas. C’est marrant, ça veut dire que ça t’a tellement marqué que tu t’en souviens encore aujourd’hui. Donc, 7 ans.
Maëva Andrieux
– Oui. Et j’avais aussi vu, et j’étais beaucoup marquée par, on allait voir de la danse, et il y avait une représentation de Blancali, qui est une chorégraphe espagnole, il me semble. Et elle avait fait du hip-hop sur la chanson Singing in the Rain. Ça, je m’en rappelle très, très clairement. Et j’étais là, mais elle est super, cette chanson ! Enfin, j’avais vraiment adoré. Et là, j’ai découvert Singing in the Rain, parce que mon père m’a dit, mais ça vient d’un film. j’ai vu ce film et là en sixième tous les matins avant d’aller à l’école je me levais une heure et demie plus tôt donc vers 5h pour repasser ce film et le regarder De manière très monomaniaque. Mais bon, mes parents n’ont pas trouvé de très autistique là-dedans. Ils m’ont complètement laissé faire.
Olivier My
– Donc de ce que j’entends, c’est que tu as été influencée d’une certaine manière par ta famille, donc par ton père. Est-ce que c’est quelque chose qui t’a été utile dans ton cheminement et ta progression ? on va dire en tant qu’enfant, adolescente, puis ensuite adulte ?
Maëva Andrieux
– Je pense que cet éveil forcément a amené à comprendre que c’était un endroit qui me plaisait. Mais je ne sais pas si, enfin j’en suis sûre, à l’époque je comprenais que je regardais ça parce que ça me plaisait. Enfin je regardais ça juste parce que je regardais ça et que ça me fascinait. Et je pense qu’il y avait beaucoup cette… cet aspect de la fascination. Après, au lycée, je suis arrivée justement à une journée où, avant les vacances de la Toussaint, quelqu’un distribue des tracts. Il propose des ateliers de cinéma, donc un atelier d’une semaine où on pouvait faire son film. C’était en partenariat avec la mairie de Paris et le musée Carnavalet. C’était un atelier ouvert, gratuit, et qui était ouvert par le collectif Tribudome. où il y avait des encadrants. Alors moi, j’étais une des plus jeunes. Donc j’avais 15 ans, quelque chose comme ça. Et il y en avait qui avaient 23 ans.
Olivier My
– Donc tu rentrais au lycée alors ?
Maëva Andrieux
– Exactement.
Olivier My
– Et donc tu as une personne qui distribue les tracts devant ton lycée, tu te dis pourquoi pas ?
Maëva Andrieux
– Oui, et j’avais des parents qui me laissaient beaucoup de temps libre.
Olivier My
– D’accord. Tu vois, moi quand j’ai des personnes qui distribuent des tracts, même maintenant, tu vois, des fois je n’ose pas trop les approcher. Mais là, à l’époque, en tout cas, tu t’es dit tiens, ça a l’air d’être pas déconnant ce qu’ils racontent.
Maëva Andrieux
– Oui, mais j’ai aussi donné de l’argent à beaucoup de tracteurs.
Olivier My
– D’accord, donc tu n’as déjà pas eu de difficulté à aller voir les gens. Oui.
Maëva Andrieux
– Il y a des beaux et des mauvais côtés à prendre les tracteurs.
Olivier My
– Ok, donc tu as vraiment cette personne qui propose d’avoir ces sortes de stages d’une semaine. Et tu te dis, pourquoi pas ? Est-ce que c’est le genre de truc que tu avais l’habitude de faire dans le passé ?
Maëva Andrieux
– Alors moi, j’ai l’impression que… Au collège, au lycée, même quand j’étais enfant, c’était très flottant et que je prenais un peu comme s’il y avait plein de cuillères de gâteaux au chocolat, de miel et puis je disais je vais toutes les manger.
Olivier My
– Elles sont là, ok.
Maëva Andrieux
– Mais après, je ne sais pas si je me rendais compte de l’impact que ça pouvait avoir fondamentalement sur comment j’ingérais finalement ce chocolat, ce miel, cette fraise tagada. Et là, du coup, dans ce choix que j’ai fait, qui était un premier choix où, pour le coup, mes parents ne m’ont pas incité à faire ça, parce que c’était bien qu’ils m’aient quand même éveillée culturellement de manière très forte.
Olivier My
– Oui, je pense.
Maëva Andrieux
– Et bien là, j’y suis allée toute seule. Je me suis dit, bon, c’est bien, ça va m’occuper pendant la Toussaint, super. Et puis, je ne savais pas du tout ce qu’on allait faire.
Olivier My
– C’était pendant les vacances, en plus. Oui.
Maëva Andrieux
– Donc, j’étais fille unique. Donc, du coup, ben… J’ai pas de frères et sœurs à embêter donc là je…
Olivier My
– Autant aller embêter d’autres personnes. C’est ça.
Maëva Andrieux
– Et je me retrouve dans cet atelier, on nous ouvre les portes d’un musée, donc un décor. On nous donne une caméra, donc moi c’était ma première caméra. Avec personne ? Ouais, et en fait j’ai commencé à tout faire alors je me suis dit bah ok, faut faire un petit film. Alors là j’ai une amie du lycée, Yasmine, qui s’est dit bah t’as rien à faire, bah viens on va faire un petit film. Donc… tu vas danser dans le musée, puisqu’elle aimait bien la danse. Et voilà, et puis je l’ai filmé. Et après, on avait une salle de montage, mais c’était formidable. Et je me retrouve devant Final Cut, et c’est pas très compliqué le montage quand on fait pas d’effets spéciaux, quoi que ce soit, c’est juste très long. Alors, eux l’ont mixé et étalonné. Et puis voilà, à la fin, j’avais un film. Et puis, deux mois après, il y a des gens qui m’appellent sur mon téléphone pour me dire que j’ai gagné un prix dans un petit festival. Alors, j’ai… Moi, je n’avais rien compris. J’étais complètement à la ramasse.
Olivier My
– Tu savais que ces petits films allaient être présentés ?
Maëva Andrieux
– Mais pas du tout. Parce qu’en fait, moi, je suis allée à l’atelier. J’ai fait mon truc et j’ai fait « ba ba bye » .
Olivier My
– C’était sympa, Samy. J’ai fait mon truc.
Maëva Andrieux
– Je n’ai même pas réclamé mon film. J’ai trouvé ça artisanalement très chouette à faire. Et après, j’ai commencé à faire du montage chez moi.
Olivier My
– Ça veut dire que quand tu dis que tu n’as pas réclamé ton film, c’est que tu as pris… Le film, donc la caméra, t’as filmé, t’as monté une partie, et puis après tu l’as renvoyée à mixage, etc. Mais après c’est tout, t’es partie.
Maëva Andrieux
– Bah c’est eux qui l’ont pris, ils ont dit bon bah t’as fini de monter, alors eux ils l’ont étalonné et mixé très rapidement, et puis à la fin de l’atelier on montrait tout ce qu’on avait fait, et pour moi c’était fini, mais en fait je pense aussi c’était dans le cadre… ils ont sûrement dû recevoir des subventions et donc du coup ils ont envoyé en festival pour faire vivre un peu ce qu’ils ont créé avec tout le monde. Et en fait c’est ça, envoyer un film en festival c’est le faire vivre, parce que c’est faire exactement comme ce que j’ai fait. C’est comme si là on enregistrait ton podcast et puis on disait bah salut !
Olivier My
– C’est sympa en tout cas, ouais.
Maëva Andrieux
– Je l’aurai jamais publié, personne ne l’entendra.
Olivier My
– Ouais d’accord, donc c’est vraiment une manière aussi de rendre réel. tout ce qui est subventionné par peut-être les administrations. Et donc, ces films-là sont envoyés en festival. Et toi, on te dit, tu as gagné quelque chose.
Maëva Andrieux
– Oui, mais en fait, il m’énervait à m’appeler, donc je n’ai pas décroché tout de suite. Enfin, bref.
Olivier My
– L’envers du décor.
Maëva Andrieux
– Genre. Et au bout d’un moment, on dit, mais si, t’as été prise à un prix. Moi, je ne savais même pas ce que c’était un festival. Enfin, tout en plus, un festival de court-métrage, c’est très niche. Bon. Voilà, je ne m’étais pas particulièrement renseignée. Et puis, je vais à ce festival. Les gens sont très sympas, mais je suis complètement en décalage. Moi, je suis une lycéenne. Du coup.
Olivier My
– Tu disais que t’étais la plus jeune. Ouais. Donc, tu disais 15, 23, c’est ça ? C’est à peu près la tranche d’âge qu’il y avait. Et à ce festival, qu’est-ce qui se passe ? Parce que tu sais que t’as un prix, mais c’est quoi ce prix ?
Maëva Andrieux
– Alors, j’ai gagné une télé, un écran. Un grand écran. Et du coup, j’étais là, hop, ça va plaire à ma mère, on va changer la télé, voilà. Mais bon, je n’avais pas particulièrement… Je ne me suis pas dit, je vais être réalisatrice, c’est bon, c’est le début d’une carrière, mais pas du tout.
Olivier My
– D’accord, donc à l’époque, tu sais que tu gagnes quelque chose, mais tu connais les critères qui ont fait que justement, toi, tu as gagné quelque chose ? Est-ce que tout le monde a gagné quelque chose ? Non. Qu’est-ce qui a été remonté, en tout cas, qui a fait que justement, tu méritais une grosse télé ?
Maëva Andrieux
– Alors, c’était un festival de cinéma très expérimental. Je suis arrivée à la projection. Alors moi, j’avais filmé Yasmine, qui maintenant est comédienne, qui danse dans un musée avec un tableau de Madame de Récamier. Donc bon, déjà, c’était un peu un patchwork. Il n’y avait pas une vraie narration. Alors là, je vois des films. pareil, je me dis mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Après je vois mon film, je me dis bon, bah oui, ça rentre.
Olivier My
– Ça rentre dans ce truc un peu étrange.
Maëva Andrieux
– Voilà. Mais voilà, et après j’ai appris par la suite que c’était du cinéma expérimental. Voilà, je ne savais pas que j’en avais fait. Et en fait, moi pendant tout le festival, j’étais tellement stressée alors que j’étais en seconde, j’avais peur de ne pas avoir mon bac. Donc je n’ai parlé que du fait que je l’ai fait. J’allais passer le bac, mais dans trois ans.
Olivier My
– Tu te projetais déjà trois ans plus tard sur le bac ?
Maëva Andrieux
– Oui, voilà. Ça, c’est le côté maman chinoise.
Olivier My
– Et du coup, tu as fait quoi comme parcours ? Donc, ton lycée, tu as fait quoi ? Tu as fait un truc scientifique, littéraire ?
Maëva Andrieux
– Scientifique, parce que ma mère, il fallait que je fasse médecine.
Olivier My
– Disons-le.
Maëva Andrieux
– Et puis moi, j’étais « Ah non, mais quand même, j’aime bien le cinéma, j’aime bien le montage et tout. » Alors du coup, il y a ce deal de « Bon, ok, tu fais un bac plus deux, tu fais ce que tu veux, mais après, t’intègres à une grande école de cinéma. » Oui, oui, très bien. Faisons ça.
Olivier My
– Quand tu dis « grande école de cinéma » , c’est un peu au sens « grandes écoles » comme on l’entend habituellement ?
Maëva Andrieux
– Il y a deux écoles publiques. Il y a l’Aphémis, elles sont toutes et deux à Paris, et Louis Lumière. Louis Lumière, c’est plus axé technique. pour former des ingénieurs son, des chefs opérateurs. Enfin, c’est ce qu’on dit. Et la FEMIS a aussi ses formations spécifiques en son, en image, en montage, mais aussi en réalisation, en scénario. Donc, ce serait plus porté sur la réalisation. Bon, il s’avère que je n’ai pas fait ces écoles.
Olivier My
– Ok, d’accord.
Maëva Andrieux
– Mais que j’ai fait une licence en cinéma à Paris 8, dans une fac de cinéma. J’ai fait mon mémoire de licence sur le cinéma expérimental.
Olivier My
– Comme quoi, ça boucle la boucle. Donc tu es à peu près en 15 ans, c’est seconde. Tu fais ce court-métrage qui vient d’une initiative de ta part. d’un tracteur ça peut même pas comme ça une personne qui est à l’entrée, tu fais ça pendant une semaine tu gagnes un prix t’es stressé par le bac et on te dit quand même fais des études scientifiques il y a médecine d’un côté on connait les familles asiatiques c’est médecine, ingénieur, avocat non c’est ça.
Maëva Andrieux
– Ou pianiste professionnel ah oui j’ai fait du piano au conservatoire moi je rentre dans la case pile poil mais du coup vous avez eu cette conversation là ou pas ?
Olivier My
– C’est à dire bah tiens on aimerait bien que tu fasses ce métier là ou ta mère peut-être en particulier on aimerait bien que tu fasses ce métier là moi c’est plus le métier cinéma.
Maëva Andrieux
– Audiovisuel qui m’intéresse alors je sais pas si c’était ton cas mais Pour moi, les familles chinoises, ma mère chinoise, la communication, c’est pas en grand fort.
Olivier My
– Oui, c’est pas effectivement le plus facile, oui.
Maëva Andrieux
– Et non, on n’a jamais eu cette conversation. Il y avait juste une pression énorme sur le fait que j’allais rater ma vie si je ne faisais pas ces trois métiers présentés. Voilà, où je sentais que ma mère était dans une inquiétude folle, ce que je peux comprendre. Oui, je comprends. Mais… C’est vrai que ça n’aide pas à bien délibérer dans sa pensée en disant « bon alors qu’est-ce que je fais comme choix ? » parce que du coup, parfois, je pense que ça a été mon cas, ça a renforcé le fait que « je vais faire du cinéma, quoi qu’il en coûte » .
Olivier My
– Oui, il y a un côté à la fois à ce que je suis vraiment une rebelle, parce que je ne vais pas dans la direction qu’il m’est demandé, et en même temps, tu avais quand même ton papa qui était dans ce monde-là, donc… Peut-être que ça a tempéré aussi la chose ?
Maëva Andrieux
– Mon père, il est complètement l’inverse de ma mère, dans le sens où il disait « Mais de toute façon, même si elle ne passe pas son bac, elle s’en sortira. » Donc, on était vraiment dans des extrêmes.
Olivier My
– Oui, c’est intéressant, mais ça veut dire quand même que tu avais, quoi qu’il arrive, un soutien un peu inconditionnel de ton père, une inquiétude de ta mère, qui n’est pas contre toi, mais c’est juste les modèles qu’on peut avoir parfois d’une carrière, de ce qui est rassurant. mais au final, t’as fait ton choix t’as l’air de quand même pas trop mal au vu de ce que je vois de où on est donc c’est plutôt cool et entre justement ce stage que tu as eu et le fameux bac que tu as fait, est-ce qu’il y a des choses à l’intérieur qui ont fait que ça a quand même cheminé parce que tu vois, ça aurait très bien pu s’arrêter là, tu te dis voilà je fais ce truc là bon j’ai gagné un prix c’est cool, j’ai une nouvelle télé donc ça te le rappelle toujours, je vois que tu regardes la télé mais tu vois ça aurait pu être juste une expérience.
Maëva Andrieux
– C’est vrai, mais j’ai commencé à faire du montage de manière frénétique. Alors avec… Bah du coup, j’avais pas de caméra, donc j’avais un appareil photo. Et donc, j’avais bien appris à m’en servir, à régler comment servir un appareil photo, les iso, l’ouverture, la focale. Et du coup, je faisais des photos et je faisais des montages avec ces photos, mais sur iMovie. Enfin, j’avais pas de logiciel. Mais du coup, j’en faisais de manière… aussi assidu que comme je regardais Singing in the Rain tous les matins en 6ème d’accord et quand tu dis frénétique frénétique c’est à quel point ? c’était plus intéressant que Youtube et les mangas c’était aussi fun de faire du montage photo sur iMovie et du coup c’est quoi le lien entre justement Youtube.
Olivier My
– Les mangas et le montage photo ?
Maëva Andrieux
– Et bien c’est juste que j’avais ça m’a ouvert une autre porte En fait, moi, je m’étais vraiment enfermée dans quelque chose d’assez passif. Puis finalement, quand on regarde YouTube, quand on lit des mangas, tout d’un coup, je faisais quelque chose. J’étais active derrière un écran. Et du coup, ça changeait toute la donne.
Olivier My
– C’est-à-dire que c’est toi qui créais le truc que les autres regardent, quoi.
Maëva Andrieux
– Exactement. Alors, personne ne le regardait parce que j’avais toujours pas compris cette notion de partager. justement.
Olivier My
– C’est-à-dire que toi, en gros, tu exportais les choses pour toi et puis après, c’était là, quoi.
Maëva Andrieux
– Oui.
Olivier My
– Voilà.
Maëva Andrieux
– C’était comme faire du Lego et puis détruire la pyramide et en refaire une autre. Mais c’était marrant. Oui, c’était palpable, en fait. Voilà. Et après, je suis allée à la fac Paris 8 ou la grande perdition. Parce que la fac de cinéma, c’est quand même très laxe.
Olivier My
– La grande perdition, dit-elle.
Maëva Andrieux
– On arrive, on a 18 heures de cours, mais c’est nous qui choisissons nos cours. Donc, t’as 18 ans, tu sors du lycée où t’es tout encadré. Et là, t’es avec des gens qui, en plus, en cinéma, veulent se donner un style. Donc, il y a des goûts à avoir. Par exemple, dans cette fac de cinéma, la nouvelle vague était détestée. Donc, Truffaut, Romer, Godard. Bon. Moi, je ne les aime pas particulièrement. Mais là, il fallait les avoir vus et avoir des arguments pour les critiquer. Ah.
Olivier My
– Ok.
Maëva Andrieux
– Et c’est un peu comme ça où j’ai compris aussi la notion du bon goût, très important dans le milieu du cinéma à avoir.
Olivier My
– Tu veux dire que c’est des codes qui sont normés et qui induisent si en gros, tu mérites d’être bien vu ou pas ? C’est un peu ça l’idée ?
Maëva Andrieux
– En fait, c’est majoritairement ça que ça m’a appris la fac. Et aussi le fait qu’il n’y a pas de règles. Je n’ai jamais écrit de mémoire, mais j’avais écrit une intro, et j’avais négocié avec le prof, et le prof m’a mis 18. Bon, j’ai eu une mention très bien, une licence mention très bien.
Olivier My
– J’ai négocié avec mon prof.
Maëva Andrieux
– Mais c’est que ça. Et c’est fondamentalement ça, le cinéma. Et il y avait un prof qui m’avait dit ça, mais dans le cinéma, de toute façon, si tu es vendeur de tapis, ça marche.
Olivier My
– Ah oui ! C’est une manière de voir la chose. C’est intéressant, je reviendrai juste sur le… On va revenir sur ton histoire de mention, très bien, parce que je trouve ça intéressant. Parce que je sais pas comment est-ce qu’on évalue du coup, tu vois. Ok, donc j’ai l’impression qu’il y a un truc. Ton regard, on pourra en discuter. Juste avant que ça me file, l’histoire du bon goût. Parce que j’aime bien ce terme que tu évoques, parce que c’est comme le bon sens. que moi j’entends beaucoup dans mon domaine, c’est toujours très relatif. Mais du coup, de ce que j’entends, c’est que vraiment, là à l’époque, alors je ne sais pas si c’est juste à l’époque ou si c’était de manière générale, il y a des normes qui sont imposées de ce que l’on appelle le bon goût. Ça c’est du bon goût, ça ce n’est pas du bon goût. Sachant que toi tu as fait de l’expérimental, en plus. Comment est-ce que tu as perçu l’impact de cette norme-là sur justement les gens qui rentraient dans la fac ?
Maëva Andrieux
– Mais le bon goût, ça sert aussi, par exemple, à rentrer dans les écoles. Donc, il y a plusieurs écoles. Il y a les deux écoles étatiques, dans le sens où elles sont publiques, Louis-Lumières et La Fémis. Là, le bon goût pour ces deux écoles-là, c’est un goût très France Culture, entre guillemets.
Olivier My
– Ok.
Maëva Andrieux
– Qui est…
Olivier My
– Entre guillemets, les personnes ne le voient pas, mais il y a eu des guillemets.
Maëva Andrieux
– À l’inverse des magazines comme… premières ou, je mets des gros guillemets, populaires. Ça veut dire qu’on ne doit pas aimer les blockbusters, mais on doit aimer toute la tranche du cinéma très indépendant, puisque c’est ça que La Fémis et Louis Lumière créent. C’est des talents pour ce cinéma indépendant, qui est à l’inverse de toutes les comédies un peu grossières. mais qui font travailler des techniciens. Ça, c’est du mauvais goût, aimer ce genre de comédie. Ou aimer, par exemple, Harry Potter, Le Seigneur des Anna. Ce ne sont pas des films dont on peut débattre. Ça fait partie de la culture populaire.
Olivier My
– Ah oui, d’accord.
Maëva Andrieux
– Et c’est extrêmement élitiste. Et ça, c’est très important de le savoir, puisqu’il y a des oraux dans ces deux écoles. Il faut savoir que… que c’est très encadré par quel style de cinéma te façonne. Mais on s’en fout de quel style de cinéma te façonne, c’est comment tu communiques sur tes goûts en cinéma. C’est surtout ça qui est très important. Et par exemple, l’école Luc Besson, Luc Besson, avant le scandale qui a émané sur lui grâce à MeToo, avait monté une autre école. Mais cette école, elle privilégiait les films à la Luc Besson, donc plutôt les blockbusters. Et il fallait plus avoir des goûts blockbusters. Mais tu pouvais carrément avoir comme refoulement à l’école, parce que c’est pareil, c’était sélectif, vos goûts ne correspondent pas à l’école. Alors La Fémis et Louis Lumière, ils cachent un peu ça, mais vu les élèves qu’ils choisissent et la manière dont on veut, dont on se dirige, c’est plus ancré là-dedans. Et Paris 8 ? façonner un peu dans cette mentalité donc voilà c’est intéressant parce que tu me disais d’un côté on peut rentrer assez facilement mais quand même il faut rentrer dans un moule.
Olivier My
– De ce que j’entends, c’est ça ?
Maëva Andrieux
– Exactement, c’est très important.
Olivier My
– Ouais, c’est fou parce que, tu vois, moi je suis dans le monde de l’entreprise, on va dire les bureaux, ce genre de trucs-là. Et vraiment, ce que ça fait résonner avec moi, c’est, tu vois, mettre toujours en avant la diversité. Tu vois, c’est important qu’on puisse écouter tout le monde parce que ça crée quelque chose de plus riche. Et du coup, au contraire, c’est bien qu’on fasse des choses différentes et on peut apprécier des choses différentes. La difficulté, c’est que, je pense que c’est un peu pareil que dans ces écoles-là, c’est que, oui, ça existe, mais presque, la différence permet encore plus de valoriser ce que nous on fait, pour dire, ben, eux, c’est ça. Mais nous, on fait ça, et entre guillemets, c’est mieux. Et c’est nous qui allons définir ce qui est bien et ce qui est mal. Et le problème, en tout cas, que ça peut faire émerger, c’est qu’aujourd’hui, il y a tellement de choses qui existent, qu’à force de façonner toujours les mêmes genres de personnes, on en perd un esprit critique. autre parce que du coup de ce que tu me dis c’est que oui on veut vous façonner au style qui vous plaise mais en même temps pour réussir il faut quand même que vous disiez que c’est ce que nous on aime au sens ceux qui ont créé l’école pour faire ce que vous avez à faire quoi je.
Maëva Andrieux
– Suis quand même fou malheureusement je pense que ça marche comme ça dans beaucoup beaucoup de milieux et moi je les ressentis très très fortement en arrivant dans la fac Alors que c’était une fac, vraiment, comme tu disais pour la notation, comme c’était une fac très orientée politiquement de gauche, il y avait des grands mouvements sociaux au sein de la fac. Et par exemple, nos profs décidaient de faire des blocages. Et du coup, parfois, ça pouvait venir à, bon, on n’a pas cours pendant tout le semestre, mais comme il faut quand même vous évaluer, vous nous envoyez une carte postale.
Olivier My
– Une carte postale. postale.
Maëva Andrieux
– Une carte postale.
Olivier My
– Oui.
Maëva Andrieux
– J’ai été notée sur une carte postale.
Olivier My
– Mais genre ça veut dire il faut que tu partes en vacances et que tu envoies une carte postale ?
Maëva Andrieux
– C’est le Paris.
Olivier My
– Ok d’accord. Mais du coup tu dois écrire quoi dessus ?
Maëva Andrieux
– Alors ce que tu veux. Ou alors il y avait un prof qui disait bon bah alors moi je suis contre les notes donc vous allez écrire une critique de mon cours et je vous noterai en fonction de la critique de mon cours. Donc Oui, Paris 8.
Olivier My
– Ils sont un peu biaisés, on va dire, dans ce que j’entends.
Maëva Andrieux
– Ça peut être très bien, mais à 18 ans, il faut être accroché.
Olivier My
– Et donc, tu fais tout ce parcours-là, d’accord ? Et avec le recul, en tout cas, c’est intéressant de pouvoir le regarder avec finalement un aspect à la fois critique, mais où tu apprécies ce que tu as appris. Mais justement, qu’est-ce que tu en retiens, toi ? ce passage-là de ta vie ? Qu’est-ce que ça t’a appris au-delà du chaos de l’organisation et des normes ? Parce que du coup, c’est quand même un aspect intéressant.
Maëva Andrieux
– En fait, c’est un très bon exemple pour ce qui va t’attendre dans la vie active en cinéma. Par exemple, j’ai des amis qui ont fait la FEMIS et qui sortent. Donc alors, la FEMIS c’est des super écoles qui t’encadrent ou c’est structuré, cadré. Tout d’un coup, ils sortent, ils se retrouvent, ils n’ont pas de travail parce qu’en fait, on est dans le monde du cinéma. que c’est précaire, que c’est un marché à flux tendu. Le cinéma, ça reste une niche. Et par rapport au monde qui est formé, il n’y a pas match. Forcément, ça se bouscule au portillon. Et ça, quand on est dans une école, on est très bien, parce qu’on est hyper encadré, les locaux sont magnifiques, c’est sympa, il y a un emploi du temps qui est prédéfini. Et puis tout d’un coup, on sort, en fait, on n’a pas d’emploi du temps, on n’a rien, il faut toquer à toutes les portes, mais on ne sait pas trop comment. En ça, Paris 8, ça ne m’a aussi pas trop changé du monde du travail, qui, dans un premier temps, peut paraître chaotique.
Olivier My
– Oui, d’accord. Donc ça veut dire que ça t’a forcé, toi, à te prendre un peu plus en main pendant tes études. Et du coup, quand tu sors, la vie est la même. Il faut te prendre en main aussi. Et donc au-delà de l’organisation, en termes de compétences, qu’est-ce qu’on y apprend en fait dans une école de ce genre-là ? Est-ce que c’est plus technique ? Est-ce que c’est plus théorique ? J’en sais rien en fait, je ne connais pas.
Maëva Andrieux
– Alors la fac, c’est clairement théorique. Ce qui était utile pour le marché du travail… Dans l’audiovisuel, pas grand-chose. Parce que la théorie reste la théorie. Mais en revanche, moi, ça m’a permis de faire énormément de stages. Mais du coup, aussi, j’ai négocié un nombre incalculable de conventions de stages. Et ça, ça t’apprend aussi très bien qu’est-ce que c’est qu’un stage. Donc, j’ai fait des stages avec quelqu’un qui faisait des vidéos, un youtubeur. Là, c’était très artisanal. J’ai fait des stages chez des loueurs de caméras. Après, j’ai fait un stage en production, en boîte de production. qui a après débouché sur un travail. J’ai quand même poursuivi en master, qui était soi-disant sélectif, mais bon, encore une fois, c’est une marchandage de tapis. Si on connaît bien les profs, on y arrive. Ma première année de master, j’étais quasi absente. Entre-temps, je faisais mes petits projets de cinéma expérimental où je filmais des gens qui dansaient.
Olivier My
– Donc, c’est en parallèle ?
Maëva Andrieux
– Oui. D’accord. Oui, je continue à filmer en parallèle, mais… Encore une fois, c’était comme quand j’avais 16 ans, je faisais mes projets pour moi, je n’exportais rien, enfin, je n’exportais rien au grand jour. Et du coup, il y a un danseur avec lequel je fais un projet que j’ai rencontré au 104, qui s’appelle Alex, qui est anglais. Et on s’entend bien. Et puis, voilà, ils voient le film. Donc, c’était avec Alex et Yasmine, ma fidèle compagnonne.
Olivier My
– Tu as suivi jusque-là.
Maëva Andrieux
– Voilà, qui disait, je vais danser dans la rue si tu veux. Alors là, il y avait Alex aussi. Donc, on était dans la gare de Lyon. Et puis, j’ai fait un projet comme ça. Après, il dit, j’adore ce que tu fais, ce que ça rend. Écoute, je vais faire une tournée internationale de danse. Est-ce que tu veux venir ? Moi, je fais, bah oui, pourquoi pas ? Qu’est-ce que tu veux que je fasse ?
Olivier My
– Oui, c’est ça, pourquoi pas.
Maëva Andrieux
– Et là, il m’a dit, bah tu vas filmer. Bon, d’accord. Et puis là, bah super quoi. Enfin, je… Tout ferai payer. Premier salaire, je vais à Edimbourg, en Chine, au Japon.
Olivier My
– Oui, c’est une vraie tournée internationale.
Maëva Andrieux
– Moi, je ne m’en rendais pas du tout compte. Donc, moi, j’étais juste avec… Ouais, caméra. Et puis petit à petit, je me suis un peu plus mêlée à l’organisation de la tournée.
Olivier My
– Là, t’as quel âge à l’époque ? Là, t’es encore en études ? Ouais. Tu es sortie ? Non.
Maëva Andrieux
– T’es encore en études ? En master 1. Bon, je suis partie 6 mois de mon master 1, mais tout va bien, je l’ai eu.
Olivier My
– Tout va bien.
Maëva Andrieux
– Alors, j’avais… Gros 25 ans, quoi. 25 ans, ouais. Peut-être un peu moins, ouais, 24.
Olivier My
– Donc ça veut dire que tu fais ces petits projets en parallèle et c’est une rencontre qui déclenche une expérience.
Maëva Andrieux
– Exactement, mais une véritable expérience.
Olivier My
– Une vraie grosse expérience. Et tu pars seul pour faire ça. C’est-à-dire que ce n’est pas une équipe qui y va.
Maëva Andrieux
– Il y avait une troupe.
Olivier My
– Mais justement, la partie technique.
Maëva Andrieux
– Ah oui, j’étais toute seule.
Olivier My
– C’est toi qui fais à la fois qui filme et après qui gère l’avantage, etc.
Maëva Andrieux
– Et puis au final… Petit à petit, je me suis intéressée à l’organisation de la tournée. Et je trouvais ça plus confortable. Parce qu’en fait, je n’étais pas trop à ma place dans la caméra. Et donc, j’ai commencé à organiser. Et petit à petit, c’était un peu plus le côté humain qui m’a plu là-dedans. Et puis, on retourne de la tournée. Super. Bon, voilà. Je rentre en Master 2. Je ne m’en rends pas du tout compte de ce que je viens de faire. Je suis là, bon.
Olivier My
– La tournée, c’était combien de temps ?
Maëva Andrieux
– Six mois.
Olivier My
– Donc, tous les six mois, c’était vraiment… C’était pour ça, ok. C’est quand même dingue de partir six mois comme ça. On te propose de partir, parce que là, t’as fait quoi ? Trois, quatre pays, tu disais ?
Maëva Andrieux
– Ouais, j’ai fait trois pays. Écosse, je vais dans mon branche, Chine, Japon.
Olivier My
– Ouais, parce que c’était même pas les pays à côté, quoi.
Maëva Andrieux
– C’était la grande aventure, mais j’étais un peu encore dans ce flou. Même vis-à-vis de moi-même, j’ai l’impression que tout ce qui caractérise jusqu’à la fin de mes études à Paris 8, J’étais dans le flou limite un peu nébuleux de l’adolescence comme ça. Genre je prends, voilà, c’est fantastique. Moi, bon, je suis là, oui, c’est chouette, voilà.
Olivier My
– Il y a une opportunité qui arrive, ça a l’air d’être sympa. Tu vois, il y a un peu de lumière par là-bas, je vais aller voir quoi.
Maëva Andrieux
– Voilà, mais c’est temps de prendre conscience de qu’est-ce que ça veut dire dans un choix, dans une vie. Comment je peux m’orienter vis-à-vis de ça.
Olivier My
– C’est quatre ans plus tard que tu le sors.
Maëva Andrieux
– Oui, voilà, exactement. Oui, donc, voilà. Il y a quand même des bombardements. Puis après, je suis rentrée. J’étais, ah bon, j’ai quand même fait des études en cinéma. C’est sympa, le spectacle vivant, parce que là, c’était de la danse. Et j’avais des opportunités pour devenir, du coup, stage manager pour d’autres tournées de comédie musicale. Mais j’ai décidé de rester parce que, finalement, dans la tournée, c’est quelque chose de très solitaire. Pendant six mois, on est tout seul. Enfin… Au début, c’est sympa, c’est excitant. Au bout d’un moment, c’est un peu long.
Olivier My
– Oui, parce qu’on ne se rend pas compte quand on voit, par exemple, les artistes qui font tourner, soit national ou international. C’est vrai que tu dois juste naviguer, je ne sais pas, d’hôtel en hôtel ou de lieu en lieu. Sauf si vraiment tu es un groupe de potes et tu as l’impression que c’est un voyage, tu vois, comme tu parties avec tes potes. Mais je suppose que ce n’est pas toujours le cas.
Maëva Andrieux
– Ben là, ils étaient super sympas. Mais ce n’est pas tes potes, c’est des collègues que tu viens de rencontrer. En plus, ils sont fatigués parce qu’ils dansent. Donc, finalement, tu te retrouves à faire des trucs dans ton coin. Je pense que ce n’était pas le moment pour moi. Mais ça n’empêche que c’était plutôt bien. Et puis après, j’ai embrayé. Je me suis inscrite dans un festival format court. C’était un magazine. Je rencontre une fille qui dit, allons à Clermont. Alors là… C’est un Clermont, c’est un festival de court-métrages reconnu de manière internationale. Le court-métrage est une niche. Le court-métrage, ça sert surtout, c’est un marché pour les professionnels, pour repérer de nouveaux talents. Par exemple, quand on est producteur, on ne va pas se lancer dans un long-métrage à 10 millions d’euros avec un réalisateur avec lequel on n’a jamais travaillé. On va faire un cours à 100 000 euros, si on a la chance d’avoir beaucoup d’argent et des subventions surtout, pour faire un test. pour voir si ça peut le faire ou pas, parce que c’est très relationnel.
Olivier My
– Donc là, c’est vraiment relation producteur-réalisateur ?
Maëva Andrieux
– Exactement. Et donc, j’arrive dans ce marché à Clermont-Ferrand, super.
Olivier My
– Mais tu t’y inscris, tu te dis, voilà, moi je vais rentrer dans ce monde-là.
Maëva Andrieux
– Du coup, je cherchais des stages. En fin de master, je rencontre une fille.
Olivier My
– Katia qui a un webzine sur le format court le court métrage alors du coup je fais pas oui moi je peux t’écrire des articles tu les rencontres comment ces gens parce que tu vois tu en parles comme si les gens étaient genre là tu vois et puis je tourne la tête et ils sont là mais il y a quand même un moment où tu.
Maëva Andrieux
– As fait la démarche pour les trouver ou en tout cas d’aller à un endroit où ces gens étaient Alex je l’ai rencontré au 104 parce que je cherchais des danseurs pour mon nouveau patchwork de danseurs dans Paris. Ok, ouais. Mais littéralement, je suis allée le voir, je lui ai dit, ben voilà, je fais une petite vidéo, t’es dispo. Il fait, oui, voilà. Comme ça. Katia, c’était une annonce en ligne. Je trouve pas mal de travail sur Facebook. Ouais.
Olivier My
– C’est intéressant.
Maëva Andrieux
– Et après, c’est surtout le contact humain. Et puis, là, je vais au festival de Clermont-Ferrand et ça a été une porte d’entrée pour trouver mon premier travail parce qu’elle me présentait un producteur qui a besoin d’une assistante en production. J’ai jamais fait ça de ma vie. Ça marche bien. Alors moi, j’arrive, je suis là. Voilà, je peux tout donner, tout donner. Super ! Je travaille dur. Bon, mon enthousiasme a fonctionné.
Olivier My
– Comme quoi, c’est pas toujours important d’avoir les lignes de CV ou les compétences si le fit se fait. Parce que finalement, les compétences, ça s’apprend. Les connaissances, en tout cas, ça se bâtit de ce que j’entends. Parce que du coup, tu dis, tu n’as jamais fait ça. Et pourtant, le feat se fait et il accepte.
Maëva Andrieux
– Absolument. J’ai démoli mes croyances sur la compétence et la ligne de CV. Parce que pour moi, tout s’apprend vite. On est dans une société où on comprend qu’il faut constamment s’adapter. Quand on fait du cinéma, on apprend très vite à manier une caméra, manier des logiciels de montage. On n’est pas spécialiste. Oui. On a des portes d’entrée partout. J’ai appris à manier les chiffres en production. Du coup, j’étais sur des premiers dossiers de longs-métrages. C’était une très bonne porte d’entrée pour découvrir ce que c’est vraiment le cinéma, comment ça fonctionne et à quel point l’image de soi est très très importante, de ce qu’on représente en cinéma. Tout se fait beaucoup par le réseau. Le réseau, c’est comment toi tu te présentes en société, dans un cercle. qu’est-ce qu’il faut dire, qu’est-ce qu’il faut aimer qu’est-ce qu’il faut éviter le fameux bon goût exactement, par exemple même si en cinéma tout est très précaire les salaires sont très précaires ne jamais en parler en cinéma c’est c’est tabou, voilà nous on vit en respirant de l’air mais jamais en gagnant de l’argent c’est une illusion l’argent ok.
Olivier My
– Il y a un peu ce côté voilà, c’est en gros je vis de ma passion et ça suffit.
Maëva Andrieux
– Exactement. Et c’est comme ça aussi qu’on te carotte parce que du coup au début moi j’ai allé tout feu tout flamme et en fait on fonctionne à la carotte. Ça veut dire là je te paye pas mais t’inquiète, enfin je te paye très très peu mais t’inquiète parce qu’au bout d’un moment tu vas être en charge de ça ou tu vas découvrir ça. Mais en fait la carotte plus t’avances plus elle s’éloigne, plus elle change. Et au début, ça marche très bien. Au bout d’un moment, tu comprends. Et sauf que…
Olivier My
– Soit du riz, soit du pain. C’est ça. Tu te dis qu’effectivement, ça commence à faire long.
Maëva Andrieux
– Voilà, tu deviens constipée. Et bien, au bout d’un moment, le Covid est arrivé. Et ça a aussi remis des choses en perspective parce que je me suis dit, ok… Maintenant que je ne suis pas dans le tourbillon des paillettes, parce qu’on dit « Ah, tu vas aller dans ce festival, c’est super » , tu rencontres des gens qui te disent « Moi, j’ai fait ça, j’ai été sélectionnée là » . C’est sur l’apparence, ça brille.
Olivier My
– Parce que tous ces événements-là, c’était quand même très physique, présentiel. Tu voyais les gens, il y avait un peu le côté apparat.
Maëva Andrieux
– Exactement, oui. Et… Et bon, au final, toi, t’es payé une misère derrière un bureau à aligner des chiffres derrière Excel. Et voilà, il y a à dire, quand même, on n’est pas beaucoup payé. Mais tu vas à des festivals, donc ça n’a pas de prix. Et tu y vas avec une carte sur laquelle il y a le nom d’une production. Mais ça ne changerait. La production, ce n’est pas toi. La production, c’est le producteur. Toi, tu es l’assistante.
Olivier My
– Ah oui, c’est ça. Mais donc dans ce cadre-là, dans le job que tu as récupéré, tu t’enlèves derrière la caméra et tu fais un peu plus d’administratif, d’organisationnel, comme tu disais que tu avais découvert. Donc ça veut dire que tu navigues entre différents métiers, tu coordonnes ces différents métiers, donc au fur et à mesure tu apprends les différents métiers à leur manière, c’est ça ? Et du coup ça t’allait de faire un pas de recul par rapport au terrain finalement ?
Maëva Andrieux
– Oui. jusqu’au Covid où j’ai dit bah non en fait j’ai envie de reprendre le temps parce que pendant que tu faisais ça tu faisais toujours tes projets à côté ou pas ? non j’avais plus le temps et puis aussi j’avais envie de je suis rentrée dans ce système où j’ai envie de plaire j’avais envie que les gens me voient me reconnaissent c’est très insidieux tu comprends très vite que c’est un milieu d’apparence et qu’il faut qu’ils te voient d’une certaine manière et ça c’est très vite installé en moi et j’ai complètement perdu pied sur qu’est-ce que j’aimais vraiment. Et je parlais de projets qui n’étaient pas les miens au final.
Olivier My
– Ouais, c’est quand même dingue aussi la capacité qu’un groupe social peut avoir comme impact sur qui on est. Parce que quand je t’entends, en fait, j’entends la perte d’identité personnelle, tu vois. Je suis rentré dans ce milieu-là. Ce qui est très Ce qui est censé être bien, je reprends le bon goût, parce que c’est vraiment l’idée, ce qui est censé être bien a été imposé par un groupe de gens. Et du coup, si je veux continuer à naviguer dans ce monde-là, il faut que je prenne ça. Et que je me les approprie de manière à ce que ça fasse partie de moi, d’une certaine manière, pour continuer à naviguer.
Maëva Andrieux
– Absolument. Et c’est très compliqué. de revenir à des bases concrètes où tu es là, bon, concrètement, de quoi j’ai besoin ? Alors là, à ce moment-là, c’était je veux un salaire. Descends.
Olivier My
– Non, mais ça a le mérite d’être clair. Tu vois, je pense que c’est aussi un moment où tu te réveilles.
Maëva Andrieux
– Exactement. Tu vois.
Olivier My
– C’est tu te réveilles, tu dis ok, j’ai rien dans le frigo, j’ai besoin de vivre. L’argent n’a rien de mal en soi tant que, tu vois, ça me permet de vivre un peu plus sereinement et d’une manière plus décente, effectivement.
Maëva Andrieux
– On n’imagine pas à quel point c’est précaire le cinéma, parce qu’on voit des gens, on se dit, ils ont réalisé ça. Par exemple, il y a un film qui est sorti, qui s’appelle The British List. Je ne sais pas si tu l’as vu avec Adrian Brody. Bref, oscarisé, un film de 3h40 aux Etats-Unis. Le réalisateur ne s’est pas payé, ne reçoit pas d’argent dessus. Il est oscarisé, il est partout. Il y a un acteur fantastique, le film tourne à l’international. C’est un film à 10 millions d’euros. Le réalisateur ne s’est pas payé. Le réalisateur ne recevra pas d’argent dessus. L’argent qu’il recevra, c’est l’argent qui est fait grâce à sa femme et lui parce qu’ils sont réalisateurs de publicité. Mais c’est la publicité qui les remunère. Et ça, c’est quelque chose qu’on ne t’apprend pas dans aucune école, ni à la fac, on te dit, dans ce milieu, il n’y a pas d’argent.
Olivier My
– Et tout l’argent va à la production.
Maëva Andrieux
– Exactement, parce qu’en fait, tout… Tout coûte un bras. Louer un lieu, louer des logements. Rien que loger une équipe de 100 personnes pendant un mois, ça en pute un peu un budget.
Olivier My
– C’est ça, ouais.
Maëva Andrieux
– Les nourrir, voilà.
Olivier My
– Que ces gens-là, ils mangent.
Maëva Andrieux
– Oui, de temps en temps. Et du coup, après, je suis allée sur les plateaux. Et puisque j’avais un ami de master, justement, qui a dit, moi, je fais de la pub. J’ai besoin d’une assistante réa. L’assistante réa, c’est la coordination de toutes les équipes. Donc, c’est un peu ce que j’avais tâté quand j’ai fait ma tournée en spectacle vivant. Du coup, il y a l’équipe son, l’équipe maquillage, l’équipe costume, l’équipe décor, l’équipe image, l’équipe régie. Alors, la régie, c’est tout ce qui va… les transports, la nourriture, le confort de l’équipe, la production. Alors la production, c’est tout ce qui va gérer les flux budgétaires surtout. Et donc, il y a une personne qui s’appelle première assistant réa et qui s’occupe de coordonner tout ça. Donc autant te dire que sur un tournage, on perd des points de vie. Mais c’était génial, ça m’a happé. Et j’ai commencé à en faire pas mal parce qu’en fait…
Olivier My
– C’est-à-dire que tu peux quand même aller travailler à gauche à droite, t’as pas des contrats exclusifs où tu travailles que chez nous et tu travailles pas ailleurs ?
Maëva Andrieux
– Exactement, c’est l’intermittence du spectacle qui est un peu l’équivalent du freelance, sauf que en quoi c’est différent ? C’est que l’intermittence en fait, une fois que t’as fait un certain nombre d’heures dans l’année, tu bénéficies d’une allocation au chômage si jamais tu ne travailles pas. Ok. Mais par contre, il faut faire… 507 heures déclarées il y a beaucoup de blagues et si tu ne les fais pas l’année prochaine t’es au RSA donc la marche est grande et et en soit finalement l’allocation chômage on en profite que par exemple dans mon cas où on est en changement de carrière et tout, de transition mais sinon on a tellement peur de commencer à dire non, qu’on dit oui à tout.
Olivier My
– Il y aura toujours un besoin, il y aura toujours autre chose. Et la fameuse carotte qui en vient.
Maëva Andrieux
– Oui, voilà. Et donc j’ai commencé directement à être première assistante Réa, grâce à Gaspard, du coup à Nami.
Olivier My
– C’est vrai que du coup, une grande force que je vois quand même chez toi, c’est que tu as eu la capacité à saisir les opportunités quand elles se présentaient à toi. Voir même de les forcer de manière naturelle parce qu’il s’avère que tu as le contact facile.
Maëva Andrieux
– Oui, je pense que ça, ça a permis de forcer pas mal de choses parce que rien n’est naturel au final. Si on ne bouge pas, il ne se passe rien.
Olivier My
– C’est comme on dit, tous les vainqueurs du loto ont acheté un ticket pour au moins faire le premier pas. Oui.
Maëva Andrieux
– L’année a acheté 40 des tickets.
Olivier My
– C’est ça que je trouve… beau dans ton histoire, en tout cas jusqu’ici, c’est que on sent pas le côté brutal de ta démarche. Ça a souvent été, j’ai rencontré telle personne à tel endroit et ça m’a permis de faire telle chose. Effectivement, on sent que t’as dit oui beaucoup parce que du coup, il faut vivre des choses. Mais c’est ce qui fait aussi la richesse que tu as aujourd’hui et qui, je suppose, aujourd’hui te permet de mieux te connaître toi pour pouvoir faire les pas qui toi te correspondent plutôt que… d’être simplement sujette à des normes qui ont été imposées par un cadre différent.
Maëva Andrieux
– Et dire oui, c’est la clé des contrats. Plus tu dis oui et plus tu t’entraînes, donc plus t’es bon. Sauf si c’est catastrophique, parce que certaines personnes sont au mauvais endroit dans leur job. Mais bon, sur un tournage, tu te rends très très vite compte.
Olivier My
– De ceux qui ne sont pas bons ?
Maëva Andrieux
– De ceux qui ne sont pas bons et de si toi, tu n’es pas à ta place. Parce que t’es avec des équipes pendant 12 heures par jour, souvent. Tu dors souvent avec eux. C’est exténuant. Alors moi, mon rôle, je suis toujours en train de préparer la journée suivante à communiquer avec tout le monde. Si tu comprends pas tout de suite tous les mécanismes et que t’as quelques trains de retard, le milieu du cinéma, le tournage, surtout, les gens sont très durs. Ils te le font comprendre.
Olivier My
– Ah oui, c’est très direct, c’est très…
Maëva Andrieux
– Extrêmement direct, extrêmement hiérarchique, très militaire. Par exemple, moi j’ai eu de la chance d’être toujours première assistante réa, parce que j’ai commencé dedans et après on m’a appelée en tant que première. Mais en principe, tu commences par troisième, seconde, première, si tu gravis les échelons. Et par exemple, tu ne vas pas t’adresser au chef. on appelle ça un chef tu t’adresses souvent à son second ou à son premier pour ne pas ne pas hiérarchier voilà exactement donc c’est C’est très dur, un tournage. C’est pas doux.
Olivier My
– Nous, quand on voit des films, en tout cas de fiction, on voit que le résultat. Et on ne se rend pas compte de tout ce qu’il y a eu derrière. Et peut-être tous les dégâts humains qu’il y a eu derrière.
Maëva Andrieux
– Il faut être sacrément solide. Il faut se construire une grosse carapace. Je pense qu’il faut toujours se remettre en question pour évoluer. Moi, j’ai eu… Parfois, je me suis un peu trop remise en question, alors qu’en fait, je suis quand même dans un rôle très particulier où je dois faire avancer le navire. Donc, il faut être… Beaucoup d’assistants réa, et ça, c’est l’ancienne école, ce sont des gens qui hurlent, qui vraiment… Des assistants réa qui…
Olivier My
– À la militaire, ils hurlent, quoi.
Maëva Andrieux
– Maintenant, heureusement, on est dans une nouvelle génération, on est en train de changer ces codes-là. Mais bon, du coup, il y a deux écoles. Donc, bon. Moi, j’ai eu de la chance d’avoir ce côté où je peux faire avancer les gens.
Olivier My
– Je ne te vois pas trop gueuler sur les gens. Non.
Maëva Andrieux
– Souvent les gens disaient, on dirait que tu es une animatrice de colo, on dirait Dora en camp de vacances. Mais je crois profondément au pouvoir de l’enthousiasme qui a fait que tous mes tournages se sont très bien passés et se sont finis dans les temps. Parce que le principal, c’est de ne pas faire d’hors-sup dans mon métier. Et faire avancer une équipe de 30 à 50 personnes, c’est faire avancer un gros, gros boulet.
Olivier My
– Justement, c’est intéressant ce sujet. Comment est-ce que toi, qui semble avoir un caractère plutôt doux, de ce que je perçois en tout cas, tu dis, voilà, habituellement, voilà comment est-ce que mon métier est fait. C’est-à-dire, en gros, à la dure, presque, tu vois, s’il y avait des fouets, on l’utiliserait. Comment est-ce que toi, tu réussis à faire autrement et que quand même, ça se passe bien ?
Maëva Andrieux
– Alors, au début, j’ai été dure. Au début, par exemple…
Olivier My
– Ça ressemble à quoi, toi, qui es dure ?
Maëva Andrieux
– Alors, moi, je peux crier très fort parce que, aussi, l’assistant Réa, il est chargé du silence sur le plateau. Il faut qu’un…
Olivier My
– Ah, le fameux silence sur le plateau, c’est pareil.
Maëva Andrieux
– Alors… Alors, quand tu as un second, souvent, c’est lui qui relaye.
Olivier My
– C’est ton écho, en fait. Tu fais le premier cri et ça.
Maëva Andrieux
– Voilà. Mais ça, je l’ai vraiment appris. Et donc, au début, en plus, j’ai une voix aiguë. Donc, c’est fatigant pour les techniciens, quelqu’un qui est silencieux. Pour le coup, les voix graves sont moins fatigantes. Je pense que c’est une fréquence un peu plus… qui tape, quoi. Et donc, au début, j’étais vraiment… Puis, c’était très sèche avec les techniciens. J’étais là, on n’est pas à penser à mes œuvres. C’est terrible.
Olivier My
– Mais après moi je finis dans les temps bon franchement j’étais là mais moi je prends pas de plaisir à faire ça il y a un truc un peu automatique et puis il y a les modèles qui sont à côté tu fais ce que t’as à faire si en plus c’est les premières fois que tu fais le métier t’as.
Maëva Andrieux
– Encore les codes qui viennent ouais exactement et petit à petit j’ai j’ai j’ai trouvé ma place aussi en fonction de ma personnalité ouais Dans le sens où moi, ça passait toujours parce que les gens disaient « Tu nous gueules dessus, mais t’as le sourire ! » Ouais ! Et du coup, en fait, mes gars de soir, mes amis qui me connaissent disent « Oui, mais tu souris quand t’es stressée. » Donc ça n’a rien à voir avec un sourire très sympathique.
Olivier My
– Moi, c’est perçu comme étant un sourire et donc du coup, ça passe mieux.
Maëva Andrieux
– Exactement. Et maintenant, il y a plein de choses que j’ai apprises au fur et à mesure. Par exemple, le silence. Dès qu’il y a légèrement des hausses de voix, en fait, à quoi ça sert le silence ? C’est aussi pour que, quand il y a 50 personnes, ça peut vite partir en brouhaha. Et ça devient très fatigant. Et donc, du coup, il s’est gardé le ton bas. Même entre équipes, ça permet de soulager la journée. Rien que pour la nuit.
Olivier My
– Vous n’avez pas une sorte de… Je ne sais pas comment ça s’appelle, le décibelomètre, là ?
Maëva Andrieux
– C’est les ingé-sons qui ont ça dans leur tête oui ils ont ça dans leur tête mais non on n’a pas ça et donc du coup maintenant j’ai compris que sur le plateau tu sens qu’il y a une légère mais du coup il faut être c’est de l’hyper-vigilance constante de l’hyper-vigilance sur le timing sur quoi est-ce qu’on peut perdre un peu de temps sur quoi est-ce qu’on doit resserrer sur quoi est-ce que je peux m’avancer donc en fait c’est ne jamais déjà être dans vraiment le temps présent mais essayer de l’analyser et toujours être vigilant sur le son, les bruits et dès qu’il y a une augmentation de volume par exemple c’est quelque chose de très bas Mais ça marche. Sur mes autres tournages, c’est beaucoup plus agréable quand il y a quelqu’un qui gueule. Silence plateau !
Olivier My
– Et du coup, justement, tu as appris au fur et à mesure des retours et de tes réussites. C’est vraiment le concret qui t’a aidé. Mais qu’est-ce qui t’a fait te dire à un moment donné, je vais arrêter de dire silence plateau, par exemple ?
Maëva Andrieux
– J’ai eu la chance, une fois, d’être seconde assistante réa. Et ça, c’est quelque chose que j’ai beaucoup voulu faire. Rien que pour pouvoir avoir des exemples de premiers. Parce que moi, je n’avais aucun exemple de premier. J’ai tout de suite été première. Et du coup, j’étais seconde. Et il y a du coup ce mec qui utilisait cette technique. Et j’étais, mais c’est génial, c’est révolutionnaire.
Olivier My
– Quand tu dis cette technique, c’est le fait d’être…
Maëva Andrieux
– Sur l’hyper-vigilance sonore. Ça veut dire ne pas attendre que ça ait atteint un stade où toi, tu dois gueuler. Mais ça te demande un effort supplémentaire. Mais c’est un métier exténuant, on n’en parle pas tant que ça. C’est un métier nécessaire puisque les équipes ne se parlent pas entre elles parce que le HMC, habillage, m’accueillir, costume, va être souvent en loge. Il va y avoir souvent quelqu’un à la face, c’est-à-dire au plateau. Mais il n’y a pas de communication. Par exemple, le chef opérateur, celui qui est derrière la caméra, dit « bon, là, il y a un pli, ça se voit et tout » . C’est toi qui relègue, en fait. Il ne se parle pas entre équipes.
Olivier My
– Il y a vraiment un mur. Les gens ne se voient pas, ne se parlent pas.
Maëva Andrieux
– C’était de la folie.
Olivier My
– C’est ça que je trouve super fascinant dans ce que tu racontes. Plutôt que de devoir crier, quand tu cries, tu es arrivé à un extrême qui mérite finalement une action forte. Alors que si tu as fait attention à tous les signaux faibles qui naviguent dans le quotidien, tu n’as pas besoin d’avoir une action trop forte qui peut être tranchante. parce que du coup, quand tu gueules sur quelqu’un, forcément c’est perçu comme étant dur. Mais si tu t’en perds au fur et à mesure, finalement, en fait, tu peux simplement avoir un flux continu, on va dire, ne serait-ce que sonore, et puis une capacité à gérer ton projet de manière plus légère.
Maëva Andrieux
– Je ne sais pas si pour l’assistant réa, pour le plateau, ça vaut le coup, parce qu’il y a du silence tout au long, et ça évite les cris. Mais c’est aussi fatigant, parce que comme tu es dans cette hyper-vigilance… Mais au final, c’est plus agréable pour le retour collègue.
Olivier My
– C’est aussi ça. C’est-à-dire qu’au final, je pense qu’il y a une dimension où il y a une vigilance qui est permanente. L’action qui se pose, c’est à quel point il faut qu’elle soit hyper. Parce que du coup, quand tu fais un truc à l’extrême, c’est fatigant aussi. C’est toujours une question de s’il y a une personne qui gère ça, ça enlève la charge à tous les autres aussi. Donc tu vois, c’est un jeu d’équilibre qui est intéressant à avoir.
Maëva Andrieux
– Oui, c’est ça. Mais c’est en fait sur un plateau de cinéma, ce qui est assez dingue et c’est ce qui m’a plu pendant de longues années. Je dis longue parce que c’est long un tournage, mais c’est galvanisant et c’est magique. Enfin, il y a un truc, on est 50, personne ne se parle, il n’y a pas de communication, il n’y a qu’une personne qui fait la communication. C’est hiérarchique comme au XVIe siècle. Enfin, il y a des trucs de fous. On travaille avec des technologies super récentes, mais on a des comportements hyper archaïques. Et tout est très cloisonné. Et pourtant, quand il y a silence moteur, un silence de cathédrale, une concentration extrême de chacun, et ça tourne. Moi, j’adore ces silences. C’est le silence moteur. Il y a toujours une magie là-dedans. Je trouve ça très magique de voir ces 50 personnes qui se sont décarcassées le cul pour filmer une plante verte. Ça peut être n’importe quoi.
Olivier My
– C’est marrant parce que ça veut dire vraiment que dès qu’il y a le signal, tu vois tous ces gens qui d’habitude ne se parlent pas, où il y a un roi, d’un coup ils sont tous focalisés. exactement là d’un coup on sent qu’il y a un objectif commun et du coup c’est ça qui est agréable et puis après dès que c’est fini tac ça repart mais oui non mais c’est de la folie et en plus il y a des égaux alors les chefs-op donc souvent.
Maëva Andrieux
– On dit qu’est-ce qui est plus grand que Dieu sur un plateau c’est le chef-op voilà c’est la blague c’est vos blagues à vous c’est ça voilà c’est ça Mais c’est des égaux. Alors maintenant, encore une fois, il y a une nouvelle génération qui est en train de s’installer et tout. Parce que l’image prend toute la place. Alors que le son, c’est hyper important dans un film. Un mauvais son, ça passe beaucoup moins bien qu’une mauvaise image. Mais le son, comme c’est pas visuel, et qu’on est dans une société occidentale, et que le visuel, ça a pris le dessus, et qu’aussi, c’est difficile de parler du son. Enfin, si on ne connaît pas les termes techniques d’une image, on peut dire que c’est trop rouge, c’est trop vert. Oui.
Olivier My
– Effectivement.
Maëva Andrieux
– En son, si on ne connaît pas les termes techniques, parler de couleur du son, ça devient très compliqué très vite. Donc souvent, les sondiers sont relégués aux…
Olivier My
– Les sondiers, on appelle ça ?
Maëva Andrieux
– Oui. Les ingé-sons, c’est les sondiers. Et donc, tu les vois, ils se décarcassent, essayent de mettre leur perche pour faire le moins d’ombre possible, alors que le chef-op, il est en train de rajouter 45 lumières autour de la perche. Ah ouais ! Mais c’est toujours à l’ingé son de s’adapter. Voix, mystère. Alors maintenant, nouvelle génération, il y a plein de nouveaux chefs-op qui commencent, de plus jeunes chefs-op, qui commencent à s’adapter. Ou des chefs-op qui sont un peu plus dans la mouvance, qui, je pense, respectent plus le travail de l’ingé son.
Olivier My
– Il y a moins de nivellement, tu veux dire ?
Maëva Andrieux
– Oui, parce que… les ombres, enfin des ombres de perches et tout, par exemple une image ratée on va tout de suite dire bon c’est un peu mou au point, c’est à dire c’est un peu flou on la refait, ok, mais alors dès qu’il y a une perche qui rentre dans le champ alors là c’est, mais quel mauvais perchman c’est pas possible.
Olivier My
– Enfin c’était la scène du siècle c’est incroyable d’être aussi c’est perchman ? ouais c’est comme quoi vraiment chaque milieu a sa terminologie ouais Mais c’est marrant parce que quand tu as décrit ce monde-là, quand tu dis très hiérarchique, avec des gens qui ne se parlent pas, avec des nouvelles technologies, mais des comportements qui sont très archaïques, en fait, ça décrit extraordinairement bien aussi le monde de l’entreprise que moi, je peux voir parfois. Donc, comme quoi, c’est des milieux qui sont très différents, qui ne se parlent pas, mais qui ont quand même eu une inspiration, je pense, très forte sur la manière dont on gère les choses. Et effectivement, la mouvance que, dans mon métier en tout cas, on cherche à amener, c’est comment est-ce qu’on réussit à combiner les énergies qui sont parfois très diverses, un perchman avec un caméraman, tu vois ? Un chef-op. Un chef-op, oui. Et comment est-ce que tu réussis à combiner toutes ces forces-là pour justement réussir à avoir cet objectif commun ? Mais tu vois, ce que je trouve très beau dans l’image que tu as amenée, c’est que ce moment-là… où tu vois il y a une sorte de il y a un clap pour le silence ou pas ?
Maëva Andrieux
– Oui, c’est ça c’est pas pour le silence, c’est pour le montage c’est pour le montage.
Olivier My
– Oui ok je dis n’importe quoi, mais en gros le moment du silence ça on l’a très rarement en entreprise en tout cas je le vois moins, c’est à dire que tu vois ce moment où en fait il y a le signal où tu as vraiment tout le monde qui est focalisé et tu sens que vraiment il y a une vraie équipe Et en fait, c’est marrant parce que le cœur de mon métier, et puis des gens qui font mon métier, c’est de réussir à générer ça plus souvent. Vous, vous avez ce moment où tu vois silence plateau, et là, ça te donne un signal où tout le monde est concentré pour la chose. Dans le monde de l’entreprise, vu que c’est plus du courant, des choses comme ça, en fait, tu as moins ce côté cérémonial de maintenant on y va ensemble. Et je trouve que peut-être que c’est ça qui serait intéressant à généraliser un peu plus. pour que les gens se rendent bien compte que c’est pas juste un silo et que seul ils peuvent fonctionner parce qu’en fait tu peux rien faire tout seul mais totalement c’est le principe du cinéma c’est que un.
Maëva Andrieux
– Acteur tout seul il peut gigoter voilà c’est ça mais il n’y a aucun sens dans son métier s’il n’est pas entouré c’est à dire que chaque métier perd de son sens si les autres métiers ne sont pas là. Et pourtant, chaque métier peut être extrêmement invisible. Par exemple, maquilleur, si tu vois le maquillage à l’écran, c’est qu’il est mal fait. Ou alors c’est voulu, volontaire. Mais donc, du coup, c’est des métiers qui doivent être invisibles, mais en même temps qui sont très présents et nécessaires. Et bon, c’est comme dans les décors, les décorateurs, parfois ils passent toute une journée, enfin… des semaines à travailler sur un décor, et travailler sur une phase d’un décor qui va être la phase droite, et finalement, on va filmer qu’à gauche. Bon, voilà. Ça peut être aussi des trucs très ingrats, le cinéma comme ça, mais je pense que le silence plateau, ça tourne. Et qu’au moment où ça tourne vraiment, on comprend l’essence de son travail. On se dit, ok, en fait, c’est ça, ça a servi à ça. Donc après, ça peut être pour un super film ou une petite série TF1 ou un clip, peu importe. Mais au moins, ça se matérialise. En fait, c’est ça qui est très fort. C’est comme, moi, je m’agite partout pour réunir l’équipe. L’équipe se parle, coordonnées et tout, qu’il y ait une bonne communication. Et là, quand tu vois ça, tu te dis, ok, là, ça a du sens. Bon, ça ne sert à rien, parce qu’on ne sauve pas le monde, on ne sauve pas des vies. Donc, c’est pour ça que ça n’a rien à faire.
Olivier My
– C’est vrai qu’il y a, comme tu le dis, c’est une sorte de rappel. Comment est-ce qu’on rappelle à tous ces gens-là qui triment, qui font du mieux qu’ils peuvent, je suppose, leur propre métier et qui, des fois, de manière un peu ingrate, ne sont pas reconnus. Parce qu’il y a un nivellement, il y a des choses, ce que j’entends, c’est qu’il y a des métiers qui sont un peu plus mis en avant que d’autres. Mais il y a un moment donné où tout ça, on le met de côté parce qu’on a un résultat concret à mettre en avant. Et surtout, on le voit avancer de manière concrète. Moi, je travaille beaucoup dans des métiers qui sont intangibles. Et tu as le monde des idées, quoi. Vous, justement, dans le monde du… du cinéma, vous voyez quelque chose au bout. Il y a quelque chose qui se passe en face de vous et vous arrivez à voir les horreurs plus rapidement. Quand tu es dans des mondes plus intangibles, quand tu en parles, ça reste intangible. Le monde des idées, ça vient, ça part, et puis ce n’est pas très organisé. Je trouve vraiment que ce moment-là, je vois l’image, je ne sais pas si ça ressemble à ça, mais il y a un moment où tu sens que l’énergie est focalisée à un endroit, et du coup, go, on y va. Même si c’est court, le fait d’avoir ce rappel qu’on n’est qu’une équipe, Même si toi, t’es maquilleur, tu disais HMC, c’est ça ? Habillage, maquillage, costume. Tous ces gens-là travaillent ensemble. Tu as les gens du son, tu as les gens d’image. En fait, on a beau faire des métiers différents, en fait, on va dans la même direction. Et je trouve que ça, on l’oublie beaucoup. Donc, je trouve que c’est un rappel qui est intéressant à avoir et qui pourrait inspirer pas mal d’entreprises et de collectifs.
Maëva Andrieux
– Oui, c’est ça, c’est voir le résultat. matérialisé quoi bon et après le plus beau résultat c’est de voir la projection ou de voir la suite mais même si on travaille pour quelque chose qui nous intéresse pas par exemple qu’on est fan de cinéma d’auteur et qu’on va faire une pub bon bah en fait au tournage on comprend pourquoi on a travaillé parce que on est autour de ce parfum comme ça bien l’éclairer et tout On est là, ok, c’est concret. Donc il y a ce côté artisanal qui perd un peu de son sens quand on voit les énormes équipes de cinéma. Mais quand même, quand ça tourne, ça tourne, c’est un silence.
Olivier My
– C’est marrant parce que quand tu parles de parfum, il y a plein de gens autour de ça. Moi, je pense toujours aux burgers, genre Burger King et tout. Tu te dis, il y a une image. genre un burger sur fond blanc je pense qu’il y a tellement de personnes autour pour avoir fait cette image là ou même à l’avènement des émissions télé autour de la cuisine par exemple où tu filmes d’en haut et puis il y a quelqu’un qui fait à manger ou sur Youtube il y a beaucoup de gens qui ont fait ça je trouve ça fou quoi tu te dis combien il doit y avoir de choses autour de ce petit truc que tu dois réussir à suivre donc c’est beaucoup de travail pour avoir finalement un résultat qui est le plus parfait possible, et qui plaît à l’œil, et qui a le niveau de qualité qu’on n’aurait pas s’il n’y avait pas tous ces gens-là.
Maëva Andrieux
– Oui, il ne faut surtout pas manger les burgers qui sont dans les pubs, parce qu’ils sont aspergés de trucs brillants. C’est vraiment un délire.
Olivier My
– Mais c’est effectivement pour avoir un résultat qui donne envie. J’avais une question pour toi que je t’avais posée quand on avait discuté tout à l’heure, qui était dans ces films-là, En tout cas, dans les productions dans lesquelles tu assistais, je suppose que comme la plupart des histoires qu’on a dans notre vie, tout ne se passe pas comme prévu. Et même si toi, tu fais tout pour que tout se passe comme prévu, des fois, il y a des imprévus. Est-ce que tu aurais des anecdotes comme ça à nous raconter sur un changement qui a eu lieu et puis qu’est-ce qui s’est passé ?
Maëva Andrieux
– Oui, alors, bon, j’ai fait ça et j’ai fait… Il y a des projets, en fait, en tournage, c’est très humain. Donc, parfois, on s’entend très bien avec les gens, ça se passe bien. Parfois, on ne s’entend pas bien. Au bout d’un moment, j’ai comptabilisé mes tournages. J’ai fait, il y en a deux par an qui se passent super bien. Le reste, c’est la galère.
Olivier My
– Il y en a plus qui sont galérieux.
Maëva Andrieux
– Je ne suis pas convaincue. Il y en a, c’est la galère où vraiment… Mais en fait, c’est le cas pour tout le monde, pour tous les techniciens. Il y en a, il se passe très bien. Et surtout quand tu es chef de poste, parce que quand tu es chef de poste, tu as des responsabilités. Donc tu ne peux pas juste être là, bon, ce n’est pas grave, je suis là, je fais mon truc et puis basta. Quand tu es chef de poste, tu es en charge, donc tu as une responsabilité. Et moi, j’estime que quand on a une responsabilité, en fait, il faut la prendre, même si c’est désagréable. Et bon, au bout d’un moment, j’étais fatiguée d’avoir cette responsabilité parce qu’il y a des moments, par exemple, il y a des producteurs qui ne vont pas… Toi, tu leur dis, ça ne rentre pas dans le budget. Enfin, je ne sais pas, regarde tout ce qu’on est. Là, mais si, t’inquiète, ça va le faire et tout. Et en fait, ne pas anticiper en amont parce que… Dans un tournage, déjà, il y a toujours des imprévus. Ça, c’est obligatoire. Ça peut être des imprévus très graves comme un accident, parce qu’il y a des cascadeurs, ou des imprévus comme le camion n’a pas démarré le matin, quatre heures de retard, des heures supagogo. Donc ça, on ne peut pas les prévoir. mais du coup il faut essayer d’anticiper en amont au maximum et il y a des producteurs qui veulent absolument faire un film parfait ou des réalisateurs qui ne veulent pas voir que le budget ne permet pas à leur film de se faire dans leur totalité et ne veulent pas l’entendre et au bout d’un moment c’est très fatigant parce que toi t’es là je vais pas te mettre un revolver sur la tête pour que tu réduises ton film. Mais du coup, on va s’en apercevoir au tournage. Et là, c’est la cata. Parce que ça fait des heures à rallonge, des techniciens qui n’en peuvent plus, qui ne comprennent pas, qui sont épuisés. Et ça, ça m’a beaucoup fatiguée, en fait, de dire, j’ai quand même une expertise, je vous le dis, mais c’est le loup de tous les premiers assistants réa. Donc voilà, parce qu’un réal, c’est son bébé. Il ne veut pas couper. Sauf qu’en fait… Le problème, c’est que les réals, et beaucoup en France, ne sont pas techniciens. Donc, ils ne comprennent pas, pour beaucoup, le fait que tout prend du temps. Et plus, rien ne se fait en 30 secondes. Et ils sont dans une imagination, ils ont tellement imaginé leur film qu’il est impossible pour eux de réimaginer ce film d’hiver.
Olivier My
– Effectivement. C’est là où, en fait, on voit que l’illusion prévaut souvent sur la réalité, tu vois. Et ça, c’est… C’est marrant parce que tu en parles pour des réalisateurs, mais c’est souvent pareil dans les équipes que j’ai pu voir ou dans les entreprises. C’est que des fois, il y a aussi un manque de… je ne sais pas si c’est un manque, mais en tout cas, une distanciation par rapport au terrain où on ne se rend plus compte effectivement que cette action que l’on considérait toute petite, en fait, prend un certain temps, souvent quand en plus il y a beaucoup de personnes qui sont impliquées. Et du coup… On n’arrive plus à changer le plan parfait. Et ça, tu l’évoquais. Un plan trop parfait est difficile à modifier.
Maëva Andrieux
– Oui, et pour moi, c’est l’inverse du cinéma. Parce qu’il ne faut pas oublier que le cinéma, c’est un art, mais c’est une industrie aussi. Et donc, on est contraint par des budgets, par du temps. Et du coup, c’est ça qui m’a beaucoup énervée au bout d’un moment. Au début, je pensais que c’était moi. qui me prenait mal et tout, au bout d’un moment je me suis dit bon c’est bon, j’ai compris parce qu’en fait quand ça se passe mal sur un tournage c’est le premier assistant qui s’en prend plein la gueule parce que c’est lui qui doit rattraper le temps et tout mais bon on peut pas rallonger les journées et j’étais déçue par le fait que beaucoup de personnes se mettent dans cette idée de l’art aussi l’art va te permettre de manger alors qu’en fait c’est l’argent quand même et l’art va permettre de surpasser les contraintes de temps alors que non au fait c’est juste nos cerveaux qui vont imaginer d’autres solutions et ça va être tout aussi bien parce qu’encore une fois on ne sauve pas des gens donc rien n’est prioritaire ce qu’il faut c’est juste qu’on fasse un projet ensemble et ça c’est quelque chose où je me distancie beaucoup de ce milieu et où pour moi le principe c’était de travailler ensemble … c’est tout, on fait un projet ensemble et on peut faire un projet plus ou moins chouette mais voilà, on le construit ensemble et je me distancie complètement du discours de non mais ça c’est nécessaire dans le scénario et tout pour moi rien n’est nécessaire dans un scénario il suffit juste de le réimaginer une histoire peut.
Olivier My
– Se réécrire à foison c’est quelle est l’essence de la chose ? qui fait que peut-être la matérialisation qu’on va manifester, finalement, sera cohérente.
Maëva Andrieux
– Voilà, c’est ça. Mais comme on est dans une fascination de le réalisateur, auteur, qui a des convictions et tout, ben oui, mais au final, si tu as des convictions, laisse tes techniciens dormir au moins 8 heures par jour.
Olivier My
– C’est ça ? Oui, non, mais effectivement, oui. C’est vrai que c’est une… Une belle image et c’est important de l’avoir en tête. C’est pour ça que le changement fait vraiment partie d’un quotidien, que ce soit personnel et professionnel. La question qui se pose, c’est plutôt comment est-ce qu’on va réussir à le gérer.
Maëva Andrieux
– Exactement. Et du coup, c’est comme ça que je me suis orientée vers l’audiovisuel plus publicitaire, où là, les budgets sont plus grands. Et c’est considéré comme un travail plus que comme un art. et donc il y a cette notion de ok bah t’es payé pour ton travail c’est pas et je retrouvais un peu quelque chose de plus qui me correspond plus je sais pas si c’est plus sain ou pas mais je trouve que c’est plus dans l’air du temps que.
Olivier My
– Moi je me reconnais pas du tout dans le portrait de l’artiste maudit je comprends et du coup c’est le choix que tu as fait aujourd’hui et justement euh Comment est-ce que tu es passée de ce constat à la décision de te dire, voilà, maintenant je vais changer, j’ai appris plein de choses dans ce monde-là. Et forte de tout ce que j’ai appris, je vais monter ma boîte et je vais justement shifter.
Maëva Andrieux
– J’ai travaillé après avec des producteurs en publicité. Et moi, j’étais directrice de production, c’est-à-dire que je gère un budget, on me donne un budget. Le producteur me dit, moi, je veux tant de marge parce que c’est de la pub. Et ensuite, moi, j’engage les techniciens. Je crée les équipes et ensuite, je les coordonne. Et le seul truc qui est en plus, c’est que je coordonne beaucoup, je fais beaucoup de communication avec le client. Ça se passe bien, qu’il comprenne. Parce qu’un client, les clients ne savent pas trop parfois comment ça fonctionne. Voilà, donc c’est juste les heures expliquées.
Olivier My
– Donc c’est un métier dans lequel tu es rentrée aussi. Et du coup, là, c’est juste que tu fais le même métier, mais tu le fais à ton compte.
Maëva Andrieux
– C’est ce que j’entends. Et bien là, du coup, j’ai décidé d’ouvrir ma propre boîte parce que je me disais, bon, je sais que c’est confortable aussi de travailler pour un producteur puisque je n’ai pas à démarcher des clients. Mais je pense aussi que je suis très volatile, on va dire, dans mes activités. Et j’aime vraiment évoluer. Là, je me dis, bon, je sais le faire, directrice de production. Ce que je ne sais pas, c’est démarcher des clients, c’est gérer ma propre boîte. C’est un bon test. Si ça ne marche pas, je ferai autre chose.
Olivier My
– Et en même temps, si on reprend ton histoire, tu as démarché naturellement des gens. Forcé, tout est une manière de voir la chose. Mais il y a plein de choses que tu as réussi à déclencher simplement en ayant des conversations avec des personnes. en répondant à des opportunités. Donc, d’une certaine manière, tu l’as fait.
Maëva Andrieux
– Oui, voilà. Sauf que là, je le fais en connaissance de cause.
Olivier My
– En connaissance de cause, oui.
Maëva Andrieux
– Et ça charge tout.
Olivier My
– Et donc ça, effectivement, c’est la nouvelle aventure que tu démarres en ce moment, de ce que je comprends.
Maëva Andrieux
– Je me laisse le temps. De toute façon, moi, je me connais, je suis un diesel. Mais…
Olivier My
– Bah super. Merci beaucoup, en tout cas, pour toute cette histoire-là. Ce que je te propose, c’est qu’on passe… Voilà, des petites dernières parties de l’épisode de podcast. Je vois tes grands yeux. Effectivement, tu m’as vu tout à l’heure trier des cartes. Donc, elles sont spécifiquement pour toi. Tu m’as vu sélectionner des trucs, réfléchir, en prendre et pas en prendre. On va les découvrir au fur et à mesure. Comme tu peux le voir en face de toi, tu as trois tas de cartes. Il y a un tas de cartes qui est plus… orienté sur le passé, donc hier. Un tas de cartes sur plutôt aujourd’hui, un tas de cartes sur le futur. Donc voilà, on va naviguer un petit peu dans ces questions-là.
Maëva Andrieux
– J’ai l’impression d’être chez Irma, la voyante.
Olivier My
– Mais il paraît que t’aimes bien.
Maëva Andrieux
– J’adore.
Olivier My
– Donc, ce que je te propose, c’est de prendre, sélectionner une carte dans ce premier paquet d’hier. Chuck ? Je te laisse la lire.
Maëva Andrieux
– Alors, quelles sont les personnes les plus marquantes positivement de ton enfance ? Pourquoi ?
Olivier My
– Et donc du coup, je te laisse le choix. soit tu y réponds, soit tu changes de carte. Par contre, si tu changes de carte, donc tu changes de question, tu n’auras pas le droit de changer la deuxième question.
Maëva Andrieux
– Non, je vais essayer d’y répondre.
Olivier My
– Ça te va ? Ok. Ah.
Maëva Andrieux
– Ce n’est pas facile parce que bien évidemment, mes parents sont les deux premières personnes au monde que j’ai rencontrées.
Olivier My
– Tout à fait. Est-ce qu’il y a des personnes qui te sont venues instinctivement dans ta tête quand tu as lu la question ?
Maëva Andrieux
– Alors, il n’y a personne qui m’a fait… Non mais je suis ingrate parce que je pense tellement qu’il y a des gens tout le monde.
Olivier My
– Je pose la question parce que des fois il y a des trucs qui viennent quand tu lis une question et puis après tu commences à réfléchir et puis là du coup ça floute mais voilà s’il y a des personnes qui t’ont aidé à faire des choix à des moments difficiles ou simplement qui ont été là lorsque tu en avais besoin ou qui t’ont ouvert une porte qui aujourd’hui en fait c’est.
Maëva Andrieux
– Non, mais je dirais, oui, c’est mes parents qui m’ont subie à l’adolescence, mais sont toujours là. Non, mais oui, je ne vais pas citer un grand philosophe, parce que ce serait mentir quand il n’y a pas de philosophe quand on est enfant. Mais après, je pense fondamentalement, c’est mes parents et mes amis. Parce que mes parents, je ne les ai pas choisis. Mais je leur remercie d’avoir été patient avec moi. Et mes amis, c’est des gens que j’ai choisis.
Olivier My
– Oui, normalement en tout cas.
Maëva Andrieux
– Et du coup, j’avais un trio d’amis, Anna et Laure, quand j’étais au primaire. Et du coup, j’allais beaucoup aussi dans la famille d’Anna avec sa mère Martine. Et puis après, j’ai rencontré Caroline. que je côtoie encore, donc c’est une prolongation. Mais Caroline, c’est plus l’adolescence. Oui, je dirais Anna et Laure, je ne sais pas où elles en sont, mais j’espère qu’elles sont bien là où elles sont.
Olivier My
– En tout cas, on sent que justement, ça t’apporte ce sourire et ces yeux brillants quand tu penses à elles. Donc c’est top, en tout cas, de voir ça. Ce que je te propose, c’est que tu vas en prendre une autre. Parce que moi, j’étais curieux quand même de tirer d’autres questions du passé avec toi. Tu aimes bien choisir au milieu.
Maëva Andrieux
– Mais je te dis, moi, je ne choisis pas trop. Quelles sont les trois personnes qui t’ont le plus fait évoluer ces cinq dernières années ? Ah, wow. Je dirais Caroline, qui est une de mes amies du collège, que je connais depuis 20 ans. et on se suit et même si on a fait des parcours extrêmement différents ou on a changé, c’est quelqu’un qui, pour le coup, je considère comme ma famille très intrinsèque.
Olivier My
– Du coup, ça c’est un regard sur le passé. Ce que je te propose, c’est d’avoir un regard sur le présent.
Maëva Andrieux
– Ok. Je vais pas choisir au milieu.
Olivier My
– Voilà, regarde, je vais remélanger, tu vois. Vas-y.
Maëva Andrieux
– Qu’est-ce qui te rend vraiment heureuse que tu as déjà ? Je suis très heureuse. Qu’est-ce qui me rend très heureuse que j’ai déjà ? Je dirais que c’est les gens qui m’entourent. C’est vraiment mes amis, ma famille. Mes amis. Mes amis parce que c’est un choix. Et c’est très très très fort. Voilà. Après… non, je ne dirais pas que l’art me rend heureuse ou… Voilà, parce que je suis contre ce discours. C’est un choix. Mais oui, j’ai beaucoup, beaucoup de chance d’être entourée d’amis où je ressens tous les jours leur amour. C’est très bisounours.
Olivier My
– C’est intéressant de voir que tu vois la question telle que tu l’as appréhendée n’était pas matérielle. C’est plutôt justement les gens. Donc, c’est la valeur que tu trouves aujourd’hui dans ton espace. C’est les gens avec qui tu fais ce bout de chemin-là. Donc, c’est top.
Maëva Andrieux
– Oui, oui, complètement. Oui, mais je reste dans cette croyance que le salaire est nécessaire à la vie.
Olivier My
– Ah, c’est intéressant. Tout à fait, tout à fait. Du coup, on va faire une exploration du futur. On va la faire un peu différemment. Du coup, pour le futur, ce que je vais te proposer, c’est de choisir, dans les quatre cartes que tu as en face de toi, de choisir deux.
Maëva Andrieux
– Ok.
Olivier My
– Tu es sûre ? Oui. Choisir deux. Tu vas lire les deux. Et puis, je te laisse choisir celle à laquelle tu souhaites répondre. Et si vraiment, coup de zèle, tu as envie de répondre aux deux, tu répondras aux deux. C’est ton choix.
Maëva Andrieux
– Alors, qu’aimerais-tu accomplir dans les cinq prochaines années ? J’aimerais que l’entreprise que j’ai montée, Svalbard, une entreprise de production audiovisuelle, qui finalement rassemble tout ce que j’ai pu apprendre ces dix dernières années, prennent sens et s’introduisent dans la société comme moi je me suis introduite dans la société. Un peu comme un bébé qui grandit.
Olivier My
– C’est un beau projet, une belle image. Merci beaucoup pour ton partage, pour la légèreté et pour ton sourire que les gens ne voient pas. Je l’ai eu tout l’épisode, donc merci à toi. Avant de terminer l’épisode, si des personnes voudraient continuer à discuter avec toi, comment est-ce qu’elles peuvent faire pour te joindre ?
Maëva Andrieux
– Vous pouvez me retrouver sur les réseaux Svalbard Productions, S-V-A-L-B-A-R-D. Pourquoi Svalbard ? Parce que c’est un archipel le plus au nord du monde et c’est l’endroit qui rassemble toutes les graines du monde. C’est le grenier du monde et donc s’il y a une pénurie, il faudra aller là-bas récupérer des graines et commencer à planter.
Olivier My
– Donc allons-y alors. Super, merci beaucoup. Très bel épisode et puis à très bientôt alors merci à toi.
Maëva Andrieux
– Merci beaucoup.
Olivier My
– Salut.