#03 Changer les règles pour redonner goût au salariat avec Pauline Egea

Description

Dans cet épisode, Olivier et Pauline explorent comment Yeita, avec ses valeurs de transparence et de partage, redonne goût au salariat. Ils discutent de la création d’un environnement professionnel où chacun peut s’exprimer librement, sans crainte d’être jugé.

Pauline partage également des anecdotes personnelles sur son parcours, montrant comment ses expériences passées ont façonné sa vision actuelle du travail.

Cet épisode est une invitation à repenser notre rapport au travail et à envisager le changement comme une opportunité d’épanouissement personnel et collectif.

N’hésitez pas à laisser un message sur le répondeur du podcast : https://www.vodio.fr/repondeur/1273/

Séquençage du podcast

[00:00:04] : Introduction et Contextualisation
[00:03:59] : Naissance de Yeita
[00:10:08] : L’Influence du Sport sur le Parcours de Pauline
[00:15:33] : Les Débuts de Pauline dans le Monde Professionnel
[00:23:06] : Transformation de la Vision du Travail
[00:31:16] : Création et Culture de Yeita
[00:42:39] : Poser les Fondations et l’Évolution de Yeita
[00:51:51] : Défis de Leadership et Croissance Personnelle
[01:00:06] : Vers un Modèle d’Entreprise Inspirant
[01:09:19] : Réflexions Personnelles et Projets d’Avenir
[01:20:07] : Jeux de Réflexion pour l’Avenir

Idées Clés

Transition du sport à l’entrepreneuriat

Le parcours de Pauline montre comment les compétences et les valeurs acquises dans le sport, comme l’esprit d’équipe et la résilience, peuvent être transférées et valorisées dans un contexte entrepreneurial. Cette transition met en lumière la polyvalence des compétences et la manière dont elles peuvent être adaptées à de nouveaux défis.

Création de Yeita

L’idée derrière Yeita est née de la volonté de repenser les méthodes traditionnelles de product management. Pauline et ses co-fondateurs ont voulu créer un environnement où l’innovation et la diversité des idées pourraient prospérer, reflétant une nouvelle vision du travail en équipe et de la gestion de produits.

L’importance de la diversité et du feedback

Chez Yeita, Pauline a mis en avant la diversité comme un levier essentiel pour l’innovation. Elle souligne combien il est crucial d’intégrer des perspectives variées pour enrichir les processus de création et de décision. De plus, elle insiste sur le rôle vital du feedback positif dans le développement de produits réussis.

Approche innovante du leadership

En tant que leader au sein de Yeita, Pauline a adopté une approche de leadership ouverte et inclusive, facilitant un environnement où chaque membre de l’équipe peut s’exprimer et contribuer pleinement. Son style de leadership encourage l’autonomie tout en soutenant fermement l’innovation et la collaboration.

Mots-clés

  • Transformation professionnelle
  • Création de Yeita
  • Diversité en entreprise
  • Feedback positif
  • Transition du sport à l’entrepreneuriat
  • Leadership innovant
  • Gestion de produit
  • Entrepreneuriat féminin
  • Innovation en management
  • Esprit d’équipe
  • Olivier My
  • Pauline Egea

Olivier My: Bienvenue sur Change and Chill, le podcast où l’on parle de changement, simplement. Je suis Olivier My et avec mes invité.e.s, nous explorons comment le changement peut être une force positive dans nos vies. Des histoires inspirantes avec une touche de légèreté. Dans ce nouvel épisode, j’ai le plaisir d’accueillir Pauline EGEA. Salut Pauline ! Comment ça va ?

 

Pauline Egea: Salut Olivier, Ça va super bien. Et toi, comment ça va ?

 

Olivier My: Bah ça va bien. Merci aussi de m’accueillir là, chez toi. Là on est vraiment dans un bureau fait exprès pour les podcasts, tu disais ?

 

Pauline Egea: Oui, exactement. On a créé cette petite salle confortable.

 

Olivier My: Elle est vraiment confortable parce que moi j’ai mis une petite installation chez moi. C’est pas aussi cosy.

 

Pauline Egea: Mais tu vois, c’est un beau compliment que tu peux faire.

 

Olivier My: Je reviendrai.

 

Pauline Egea: Trop bien, c’est le but.

 

Olivier My: Alors pour démarrer cet épisode, est ce que tu peux te présenter s’il te plaît ?

 

Pauline Egea: Oui, bien sûr. Eh bien, je suis donc Pauline. Je viens de Montpellier. J’ai 37 ans, bientôt 38, donc ça pique un peu.

 

Olivier My: Ça pique un peu.

 

Pauline Egea: J’ai tendance à oublier et j’ai co-fondé Yeita il y a deux ans et demi. Donc un collectif spécialisé en Product management avec un modèle un peu atypique. Je ne sais pas si on en parlera aujourd’hui.

 

Olivier My: Bien sûr que si qu’on va en parler.

 

Pauline Egea: Mais en tout cas ça me définit. Yeita me définit pas trop mal en fait. Donc c’est pour ça que si on en parle en fait, en comprenant Yeita, on comprend un peu Pauline.

 

Olivier My: Alors forcément, tu utilises un terme qu’on ne connaît pas qui est Yeita. Est ce que déjà tu peux nous donner un petit teaser de ce que ça veut dire ?

 

Pauline Egea: Alors Yeita le nom Yeita tu veux dire?

 

Olivier My: Oui, c’est ça. D’où ça vient ? Et qu’est ce que potentiellement ça veut dire pour toi ou pour vous en tant que collectif ?

 

Pauline Egea: C’est une chouette question. En fait, il y a donc c’est la boîte qu’on a créée avec Peter, qui est donc mon associé, Yeita en fait, c’était la mamie folle dingue dans une nounou d’enfer. Je ne sais pas si tu l’as vu cette série.

 

Olivier My: Ça me rappelle des souvenirs en tout cas.

 

Pauline Egea: Donc Nounou d’enfer, ta Fran Fine avec sa grosse choucroute et qui est tu sais, la nounou et elle a une grand mère qui est pailletée, elle est atypique et à la fois elle est jamais trop déconnectée. Elle a un côté audacieux et un côté avec l’air de ne pas y toucher. Funky, complètement colorée, un peu tarée. Et ben en fait, elle a quand même des réflexions qui sont plutôt intéressantes, intelligentes en fait. Finalement, elle est jamais hors scope et quand on nous a demandé au tout début, on s’est fait un peu. J’ai une copine coucou Aurélie, qui nous a aidé à l’accompagnement de qu’est ce que vous voulez faire Yeita et tout parce qu’on avait les grandes lignes mais après quand tu rentres dans le concret, on ne savait pas comment l’appeler cette boîte avec Peter.

 

Olivier My: Et donner un nom, c’est finalement important.

 

Pauline Egea: Ouais, c’est hyper important. Et en fait, ce que je n’avais pas aussi maîtrisé, c’est en plus derrière, il faut que tu pitches, il faut que tu racontes l’histoire du nom, donc ce que je suis en train de faire.

 

Olivier My: Tu es rodée maintenant.

 

Pauline Egea: Donc comme ça, ça me permet de dire la vérité et de l’assumer, disons. Parce que dire que c’est quand même une mamie folle dingue dans une nounou d’enfer, c’est pas bon.

 

Olivier My: On va dire que c’est une private joke que tu peux garder parfois.

 

Pauline Egea: Qui est plus private. Et donc du coup, en fait on s’est dit comment on veut être comparé. C’est le côté audacieux en fait, foufou, un peu coloré mais qui finalement n’est pas complètement.

 

Olivier My: À côté de la plaque.

 

Pauline Egea: Ouais, à côté de la plaque, c’est le côté. On voulait apporter une touche funky, cool, différente je dirais, et complètement quand même connectée et qui peut avoir juste un regard différent sur les choses et faire progresser, attiser une genre de créativité. Et en fait, finalement, ça collait bien avec Yeita Yeita avec en tout cas notre envie et on a décidé d’assumer ce nom là parce qu’au début on s’est dit non mais on peut pas appeler.

 

Olivier My: On peut pas.

 

Pauline Egea: Yeita Yeita.

 

Olivier My: Pourquoi pas.

 

Pauline Egea: Voilà. Et donc du coup, si on l’a fait et on trouvait qu’on se souvenait assez bien du nom et qui nous faisait quand on l’entendait, il nous faisait sourire. Et voilà. Tu as dit tout à l’heure confortable, convivial. Enfin, tu vois. Sourire, ça va assez bien avec Yeita.

 

Olivier My: Super. Quand on s’est rencontré. Parce qu’au final, on se connaît depuis un certain temps sur les réseaux. Mais il s’avère qu’on s’est par tout hasard, je me suis assis à côté de toi lors d’une conférence qui a eu lieu il y a quelques semaines. Et donc on a discuté et ce qui m’a frappé, et c’est ce pourquoi je t’avais proposé de venir discuter ensemble, c’est que quand tu as monté cette boîte, déjà, ça n’a pas été un projet vraiment réfléchi au départ, au sens où tu ne t’es pas dit tiens, je vais être cheffe d’entreprise, entrepreneure, tout ça derrière. Et en plus, c’est que la conviction que tu avais ou la volonté que tu voulais, c’était changer la vision du salariat de par ce que tu avais pu voir dans le passé. Et c’est ça qui me paraissait intéressant de partager. Est ce que tu peux nous en dire plus justement sur ce qui a été un petit peu à l’origine de la création de la société ?

 

Pauline Egea: Oui, oui, bien sûr. Et en fait en dire plus peut être que je vais te raconter mon histoire.

 

Olivier My: Repartons par là bas.

 

Pauline Egea: Donc j’ai grandi et vécu. Moi j’ai. Donc je viens de Montpellier et j’ai joué au basket pendant des années. Voilà, le sport m’intéressait. Et puis finalement, sans m’en apercevoir, j’ai compris ce que ça voulait dire travailler au sein d’un collectif.

 

Olivier My: Et c’est par le sport, alors que tu as eu une sensibilité au niveau du travail en équipe ?

 

Pauline Egea: De l’esprit d’équipe.

 

Olivier My: Ouais.

 

Pauline Egea: Complètement. Et je dirais même que le sport m’a fait. Bien entendu, je me suis aperçu de rien en train de le vivre. Ça tu le sais des années après, dans le basket, j’ai rencontré des gens d’univers hyper différents. J’ai compris ce que c’était la diversité et sa richesse. J’ai compris ce que ça voulait dire se dire les choses, faire des feedbacks.

 

Olivier My: Parce que là justement, je trouve que c’est vachement intéressant ce que tu évoques. Je me permets juste de te couper là, c’est que là c’est à partir de quelle période ? C’est là, c’est vraiment ta jeunesse jeunesse ?

 

Pauline Egea: Ouais, j’ai douze ans. En fait, j’ai fait du basket de mes douze à mes 20 ans et je suis devenue coach à mes 19 ans. Et ça a été plutôt cette période là avant ma vie professionnelle en fait.

 

Olivier My: Ok. Et ce que je trouve super intéressant dans ce que tu dis, c’est donc une partie diversité. Ça veut dire que là, quand tu jouais donc tu jouais en club, c’était mixte ou c’était féminin ?

 

Pauline Egea: C’était Féminin / Masculin. Et enfin, on avait une équipe féminine et une équipe masculine. Et moi j’ai été donc dans l’équipe féminine avec les copains qui étaient en fait qui s’avère, c’est que ça a été une zone de. Enfin, mon éducation s’est beaucoup faite au basket en fait.

 

Olivier My: En fait, c’est des fois les activités extrascolaires sont là où on grandit énormément parce que tu passes beaucoup de temps avec les gens et en fait tu es réunis par une passion. Moi ça a été les arts martiaux par exemple.

 

Pauline Egea: Ok, trop bien.

 

Olivier My: Donc d’une certaine manière, c’est un peu naturel avec ma tête, c’est ce que je dis souvent mais c’est vrai que je me rappelle moi toutes les semaines pareil, j’allais deux fois par semaine, trois fois par semaine et en fait c’est un peu comme si tu retrouvais une sorte de deuxième famille avec qui tu partages une passion. Et puis tu as les conversations que justement des fois tu n’as pas à la maison aussi. Et donc tu grandis ensemble. Surtout si dans ce club là, il y a vraiment un esprit de corps qui se crée avec des valeurs, des choses comme ça.

 

Pauline Egea: Complètement. Et c’est ce que j’ai vécu. Il y avait une âme. Moi, j’ai joué à la Croix d’Argent, il y avait une âme hyper forte et c’est mes meilleurs amis d’enfance et c’est une expérience qui reste gravée. D’abord en tant que moi, en tant que équipière. Ça se dit pas mais en tant que joueuse. Et après en tant que coach. Mais à ce moment là, je ne réalise pas que la vie professionnelle, ça ne va pas du tout ressembler à ça. Et en fait, c’est finalement, entre ce que je vis, cette expérience là et puis ce que je vis après. Et Peter, donc mon associé est aussi basketteur, mais ça on en arrive, on en arrive après.

 

Olivier My: Et juste avant que tu enchaînes, avant que j’oublie. Le deuxième aspect, c’était la partie feedback. Parce-que tu parles du feedback et je me dis, c’est intéressant parce que aujourd’hui, dans le monde de l’entreprise, on est encore en train de parler du feedback et toi, tu le découvres entre douze ans et 19 ans. Dans quel cadre est ce que c’est toi qui recevais ? Est-ce que c’est toi qui le donnais ? J’étais vachement curieux sur ça.

 

Pauline Egea: Ouais alors moi j’ai appris à savoir dire les choses dans ce contexte là, grâce Je pense que c’était des coachs qui libéraient la parole en fait, et qui disaient bon ben voilà, pendant le match, il s’est passé ça, ça, ça. Qu’est ce qu’on peut mieux faire ? Donc d’abord en tant que joueuse et après, j’ai essayé en tout cas de mettre en place quand moi j’ai pris le rôle d’entraîneur, mais on n’appelait pas ça du feedback, enfin, juste on a appris à se dire les choses. Et puis alors ça, il y a peut être un côté montpelliérain. Moi je ne sais pas, mais c’est possible. À Montpellier, il y a quand même une espèce de gouaille, il y a quelque chose d’un peu cash, un truc qui est en train de se passer, où tu apprends à ce que c’est le basket. Est ce que c’est mon environnement familial où tu vois quand je commence ? Voilà, ça je ne sais pas trop d’où ça vient, mais apprendre à se dire les choses, c’était quand même assez direct quoi. C’est assez sans chichis je dirais et ça à ce moment là je ne comprends pas pareil qu’en entreprise, ça ne va pas être comme ça et ça me surprend. Je me dis mais ça pourrait être plus simple.

 

Olivier My: Effectivement. C’est pour ça que je trouvais que ça méritait qu’on en parle de manière plus précise. Parce qu’aujourd’hui, dans le monde dans lequel on évolue, dire les choses si ce n’est utiliser le feedback, parce qu’encore une fois, je trouve que c’est galvaudé avec le temps, comme beaucoup de choses, juste apprendre à se dire les choses sans forcément qu’il y ait une intention négative, voire même positive c’est juste de se dire les choses simplement comme étant un fait sur lequel on va pouvoir échanger. C’est très difficile.

 

Pauline Egea: En tout cas, je le découvre là et je suis très loin de m’imaginer que le monde de l’entreprise ne va pas du tout ressembler à ça. Moi, c’était mon expérience. Et puis quand j’ai douze ans, je rêve d’entreprendre. Je rêve d’être une femme d’affaires à New York. Alors va savoir, je pense que ça va être les séries américaines.

 

Olivier My: C’était quoi les séries que tu regardais à l’époque ? Tu te rappelles pas ?

 

Pauline Egea: Franchement, je ne sais pas. Mais je sais, tu vois, il y avait quand même. La nounou d’enfer était pas loin. Mais je suis génération. Je suis née en 86. Qu’est ce qu’il y avait à ce moment là ? Je ne sais pas, mais en tout cas, j’avais l’impression que j’avais envie de ça. Il y avait un côté. Et puis assez rapidement, je rentre donc le scolaire n’est pas hyper facile pour moi parce que je ne sais pas si je réfléchis comme il faut et donc c’est dur. Je subis quoi. Je subis le lycée. Je pars aux Etats Unis, enfin j’ai eu mon bac un peu par hasard, j’essaye de partir à la fac. Ouais, c’était un peu n’importe quoi.

 

Olivier My: Mais au moins tu l’as eu.

 

Pauline Egea: Ouais, je l’ai eu avec trois de moyenne générale. Donc en fait, après ça, tu ne sais pas quoi faire parce qu’en fait tes dossiers ne passent nulle part. Donc je pars aux Etats-Unis et là je me dis non mais en fait tu vas essayer de devenir femme d’affaire. En fait, c’est ça que tu veux faire.

 

Olivier My: Tu avais quand même cette vision en étant plus jeune, que tu voulais potentiellement aller dans cette direction là. Et tu as quand même fait le mouvement pour aller aux Etats-Unis.

 

Pauline Egea: Ouais, j’ai fait. J’étais Nanny, j’étais jeune fille au pair à Princeton, donc j’étais à Princeton. Mais je n’ai pas du tout fait la fac de Princeton. J’étais Nanny à Princeton. Et là, je rencontre des mecs qui sont géniaux, qui sont à Epita et donc ils me racontent ce que c’est le développement et tout. Et moi j’adore parce qu’à l’époque je jouais beaucoup aux jeux vidéo et tout. Donc ça me parlait pas mal. Mais ouais, je me dis je sais pas. Mon père était directeur commercial d’une boîte pharmaceutique internationale. Je pense qu’il y avait un côté papa modèle. Je vais faire comme Daddy, donc je vais devenir directrice. Voilà, je sais pas trop quoi penser. Donc je vais faire une école de commerce à Montpellier. Et en fait, je ne me sens pas à ma place en école de commerce.

 

Olivier My: Donc juste pour que je sois au clair moi même dans ma tête. Là t’es partie aux Etats-Unis et après t’es revenue et t’as fait l’école de commerce en revenant c’est ça ?

 

Pauline Egea: Exactement. Je pars. En fait, je suis restée quatre ou cinq mois aux Etats-Unis en me disant Ok, là ça m’a donné la force. Parce qu’en fait, suite aux études, perte de confiance en moi maximum. En fait, tu as eu ton bac par hasard, donc tu sais pas vraiment ce que tu vas devenir et tu te dis Bon, c’était un peu dur cette période là et les Etats-Unis m’ont donné l’énergie de me dire non, en fait, tu vas revenir, tu vas faire une école et tu vas bosser en fait et tu vas bosser pour réussir parce-que les Etats-Unis ont quand même ce côté de donner de la force en fait, et de l’énergie.

 

Olivier My: C’est vrai que c’est dingue à quel point la culture américaine, après, encore une fois, il faut la prendre avec ses bons côtés, il y a aussi des mauvais côtés, mais ils ont ce côté tout est possible quand tu es là-bas. Et ça te donne une énergie où tu as l’impression que vraiment presque tu as tout ce qu’il faut pour réussir. Il ne suffit que d’y aller quoi.

 

Pauline Egea: Ouais, c’est ça. Et c’est ce que j’ai fait. Ça m’a fait un bien fou. J’avais 19 ans en plus, j’étais jeune fille au pair, mais j’ai détesté ça. Les gens qui me connaissent, moi, les enfants, c’est compliqué. C’est. Donc je ne suis pas du tout à ma place à cet endroit là. Et je me dis là, il faut reprendre le rêve. En fait, à 19 ans, si tu ne rêves pas, à 19 ans, finalement après je me suis aperçu que tu pouvais, il fallait rêver toute sa vie. Mais à 19 ans, il faut y aller. Et donc là, je réussis, je fais une école, passe des concours pour une école privée à Montpellier, école de commerce, enfin Sup de co en fait. Et puis ça marche parce que je me dis Waouh! Ok. Et donc là, à partir de ce moment là, je me suis dit Non mais tu t’arrêtes plus maintenant. Quand je reviens, c’est là où je deviens coach de basket. En fait, mon ancien club me propose de prendre en fait, de m’occuper d’une équipe d’adolescentes. Et donc expérience incroyable qui dure pendant un an où je découvre plein de trucs de leadership, que pareil, je ne comprends absolument pas que je suis en train d’acquérir ce type de compétences. Mais finalement, très naturellement, je vis une expérience mais incroyable. Et en parallèle je fais mes études etc. Et là, études, je ne me sens pas à ma place mais je ne comprends pas pourquoi à ce moment là. Je ne me sens pas à ma place parce que j’ai toujours besoin d’un univers diversifié pour pouvoir être créative et trouver ma bonne place à l’intérieur de cet univers. Donc, dès que je vais retrouver qu’une seule typologie de population, je n’éprouve pas beaucoup de plaisir dans ce contexte là.

 

Olivier My: Parce que du coup, école de commerce, il y a un peu le même profil qui y va. Et après le fait d’aller dans une sorte de tunnel parce que les études, malheureusement, sont faites comme ça. Moi je suis d’école d’ingénieur, donc c’est encore un autre monde. Mais pareil, on est un peu formaté.

 

Pauline Egea: Exactement.

 

Olivier My: Donc toi qui aime bien la créativité justement, péter les codes, tu as quand même réussi à ce côté là, Ça veut dire que tu t’es adaptée.

 

Pauline Egea: J’ai lutté, j’ai lutté. Ça a toujours été très dur, que ce soit les études et tout ça. Mais par contre, je me disais il faut que tu aies quand même ce bagage là. Et puis il y a ce côté j’ai commencé un truc, il faut que j’arrive à le finir, il y a ce truc là, le bac, c’était pas quand même très fameux. Là, on va essayer de faire un peu mieux. C’est pas très compliqué.

 

Olivier My: Mais justement, je trouve que c’est déjà énorme de t’être dit je ne vais pas abandonner parce que beaucoup de gens auraient pu se dire ok, j’y arrive pas, j’aime pas. Et en plus pourquoi est ce que je me ferais chier à finir quoi ?

 

Pauline Egea: Non mais voilà donc je réussis ça et puis je découvre. Donc là, je suis à Montpellier, je découvre Paris en stage, coup de cœur parisien, enfin coup de cœur, Paris, ville incroyable et puis ville qui me permet de retrouver de la liberté. Enfin Paris c’est beau et pour moi c’est un environnement hyper nourricier.

 

Olivier My: C’est quoi la différence que tu fais avec Montpellier ?

 

Pauline Egea: C’est le côté anonyme de Paris. J’ai un besoin de liberté qui est hyper fort de pouvoir. Montpellier finalement. À l’époque, quand j’y étais, maintenant, ça a pas mal changé mais tu connais les gens, tu connais tout le monde, tout le monde te connaît. Et puis tu as un côté, tu vas devenir ce que les gens pensent que tu veux. Enfin, moi ça, c’est très difficile. Et là où à Paris j’étais une anonyme, c’était un peu à l’image de New York. Paris,

 

Olivier My: Tu es dans la masse quoi.

 

Pauline Egea: Tu es dans la masse et donc en fait, tu fais absolument ce que tu as envie de faire.

 

Olivier My: Et il y a une liberté dans un anonymat de foule quoi.

 

Pauline Egea: Ouais, tu as ça. Et puis tu as aussi ce côté j’ai besoin de changer d’environnement pour me redécouvrir moi aussi. Ce côté que j’avais vécu à New York, enfin, à Princeton, c’était ok, tu es là, tu es toute seule, tu vas dans un environnement, tu vas ailleurs, Qu’est ce que tu deviens en fait ? Est ce que finalement tu as réussi à définir ton socle de valeurs de base qui ne va pas te quitter où finalement tu vas les faire évoluer. Et je trouve que c’est intellectuellement c’était hyper apprenant.

 

Olivier My: Et donc quand tu vas à Paris, c’est pour quelle raison ?

 

Pauline Egea: Bah j’y vais parce que j’ai un premier stage. Je ne trouve pas de stage à Montpellier, il y a de ça. Et puis il y a une envie de découvrir Paris. C’était mon mini New-York quoi. Une envie de découvrir cette ville un peu plus près, un peu plus accessible. Et donc j’y vais. Je fais un premier. Qu’est ce que je fais ? Je fais un premier. Je fais une année de césure à Paris. Ouais, c’est ça. Avec une année incroyable où j’apprends plein de trucs et après je m’y installe en stage de fin d’études, je me dis bah en fait c’est Paris. C’est Paris, stage de fin d’études et là je découvre l’univers de la SSII Slash ESN Slash Société de conseil par hasard. J’ai 24 ans. Ouais c’est ça. Donc il y a quatorze ans et je suis très naïve et je me dis que ça ressemble à une agence matrimoniale pour des, en fait, que mon job c’est de faire rencontrer. Vraiment. Je le vois comme ça parce que moi je suis bizdev en ESN et donc.

 

Olivier My: À l’époque ?

 

Pauline Egea: À l’époque, ouais. Et donc mon job c’est de rencontrer des clients qui ont des besoins. C’était à l’époque, je faisais informatique et prod et je dois rencontrer les bonnes personnes que je mets en face de besoin. Je me dis oh, il faut créer un match et il y a un côté qui m’intéresse c’est : ok, mais si j’ai quelqu’un qui n’a pas les compétences qui sont attendues et demandées par le client, mais qu’il y a autre chose qui se passe entre eux, est ce que c’est cool ou pas cool ? Et en fait ça, ça me triggait, enfin c’est un truc que j’adore. C’est vraiment ce côté comment la relation humaine prend le dessus sur les hard skills en fait. C’est pareil, je ne comprends pas à ce moment là, mais j’adore faire créer ces matchs-là et je ne vois pas du tout au début quand je démarre, je ne vois pas du tout l’envers du décor en fait. Je vois vraiment le côté waouh, ce job est incroyable. Je vois se naître des rencontres, des gens qui ont une passion, des autres qui ont un besoin, qui me racontent des environnements hyper diverses parce qu’en fait les clients me racontaient des choses incroyables sur leur environnement et ça m’a beaucoup nourrie pendant des années en fait. Et ça me nourrit encore d’ailleurs aujourd’hui.

 

Olivier My: Donc c’est de ce que j’entends, il y a une dimension aussi sociale forte c’est-à-dire que tu aimes bien naviguer autour de gens ?

 

Pauline Egea: Ouais, en fait, mon apprentissage, ça a beaucoup été dans le contact avec l’autre. Maintenant, ça a un peu changé parce que je pense que quand tu vieillis, peut être ton niveau d’énergie, il évolue un petit peu.

 

Olivier My: De tolérance aussi. Ça arrive.

 

Pauline Egea: Je sais pas, mais je pense que je voyais ça comme vraiment le partage. J’adore entendre la passion des autres. En fait ça m’embarque. Et alors, moi je pense que ma force à moi c’est de dire à l’autre waouh, mais ce truc là, tu en parles hyper bien, c’est ta passion. Tu as pensé à vendre ce truc là ? Ou alors Mmmmh, tu l’as packagé ce truc ?

 

Olivier My: Tu as la vision business.

 

Pauline Egea: Ouais, je pense que je suis le côté C’est vachement plus facile de dire à l’autre Waouh, tu as un truc là, tu es hyper fort que de s’apercevoir de ses propres forces en fait.

 

Olivier My: Ça c’est dur et en même temps, les yeux voient à l’extérieur.

 

Pauline Egea: Oui, c’est ça. Et en fait, c’est un énorme kiff pour moi de pouvoir aider. En fait, se dire ok, j’ai eu un impact positif sur quelqu’un. Je trouve que, en fait, en termes de reconnaissance, c’est un plaisir fou. Tout comme on l’a fait aussi pour moi en me disant Waouh Pauline en fait, tu as potentiellement ce truc là et j’ai adoré qu’on le fasse parce qu’en fait il y a plein de trucs dont tu n’as pas du tout conscience.

 

Olivier My: On ne se rend pas compte non.

 

Pauline Egea: Exactement. Et en fait de pouvoir faire ça, je me suis dit Waouh! Peut être que c’est mon truc à moi et que si ça fait du bien, bah c’est mon petit pas quoi. C’est mon petit truc à moi qui peut faire du bien.

 

Olivier My: Et c’est pour ça que tu vois, on met souvent ça sous le terme feedback, alors qu’en vrai, rien ne nous empêche de dire ça à quelqu’un un jour comme ça, tu vois. Sans pour autant se dire ok, c’est un feedback positif bla bla bla bla bla. C’est juste une manière de donner un cadeau à des gens et il n’y a pas de mal. La personne fait ce qu’elle veut après de ça, mais au moins elle a un retour sur ce qu’elle dégage.

 

Pauline Egea: Ouais, complètement. Et c’est marrant que tu parles de ça parce que j’en parlais avec un copain aux Etats-Unis, au Canada. J’y étais ces dernières semaines. Tu as un côté les gens te font des feedbacks. Alors là, pour le coup, quand ils te connaissent pas trop, c’est plus waouh, t’as un super look. Waouh! C’est très superficiel entre guillemets.

 

Olivier My: Mais ils le font quand même.

 

Pauline Egea: Mais ils le font quand même. Et quel plaisir quand tu reçois en fait, quand t’entends un truc comme ça, ça te met un sourire tout de suite. Et ta journée, si elle a été un peu nuageuse au début de la journée, en fait, elle devient quand même. Enfin, ça fait toujours hyper plaisir. Et depuis quelques temps à Paris, moi il y a eu deux ou trois fois où des gens m’ont dit des trucs trop sympas. Et je me suis dit Waouh, en fait, ça coûte pas grand chose. Des fois, on ressent des choses et on n’ose pas dire parce qu’en fait on a peur de passer pour. Enfin un peu. Enfin moi en tous cas, je parle pour moi, pour une imbécile. Et je me dis non, en fait Pauline, tu vas changer. Et donc quand à chaque fois que je vais croiser cette meuf qui est trop bien habillée, ou alors je la trouve trop solaire, ou j’adore je ne sais quoi parce que ça restera superficiel dans. Et ben je le ferai. Donc ça c’est dans le côté très dans la rue. Mais si je peux le faire avec tous les gens que je croise en n’hésitant pas, c’est là où je kiffe, moi, l’état d’esprit de l’Amérique du Nord. C’est ce que j’adore et je pense que voilà, il faut prendre un peu ce qui touche et si on peut garder ça un peu en France, je trouve que ça fait un bien fou.

 

Olivier My: C’est tellement dingue de se dire que on n’ose pas dire des choses positives aux gens. Et c’est vrai que c’est marrant. En France je trouve que c’est très marqué. Alors Paris c’est encore plus marqué, c’est. Moi je me rappelle, c’était quand c’était quand j’étais allé à New York. Je suis allé je crois deux fois dans ma vie et la première fois que j’y étais allé, on m’avait dit tu vas voir quand tu vas te balader dans la rue, et donc à l’époque, il y avait moins quand même internet et tout. Enfin si quand même, je ne suis pas si vieux que ça, mais tu vois, tu ouvres une carte dans la rue.

 

Pauline Egea: Oui oui.

 

Olivier My: Tu vas voir, il y a des gens qui vont venir te voir et ils vont essayer de t’apporter de l’aide. Ouais, moi je te dis attends, nous on fait ça en France, Tu as tout le monde qui tourne la tête et qui se barre quoi.

 

Pauline Egea: Qui se casse. On le laisse dans sa merde.

 

Olivier My: C’est ça et en plus parce que eux, ils vont venir, ils vont te parler en anglais et ils vont peut-être supposer que tu parles anglais mais c’est vrai qu’en France il y a encore plus ce côté. En plus un étranger, l’anglais c’est pas forcément le truc dans lequel je suis le plus sain enfin je suis plus à l’aise blabla etc tu vois. Et donc comment est ce que je crée le contact ? Et je trouve que la facilité de contact des Anglo-Saxons aide à beaucoup de choses, aide à beaucoup de choses et on pourrait apprendre beaucoup de choses de leur côté. Bien sûr, tout n’est pas, tout n’est pas rose non plus.

 

Pauline Egea: C’est clair, c’est clair. Mais en tout cas, ce truc là, moi je trouve que c’est un truc à prendre. Enfin même ne serait-ce que on parlait de conférence. Moi quand j’assiste à une conférence que je kiffe, je vais voir la personne à la fin en lui disant merci, c’est trop cool! Et si je kiffe pas, je dis rien. Je ne me vois pas aller. En fait, il y a aussi ce côté en fait, la personne elle a fait quelque chose qui était bien, il faut le dire, faut apporter. Moi j’aime beaucoup. De toute façon, les gens qui font, c’est les personnes à qui j’aurais, j’irais naturellement faire du feedback. Mais je veux m’habituer à le faire de plus en plus, même sur des trucs qui peuvent paraître bateau comme dire ok, ton look je kiffe ou waouh trop bien, je sais pas tel truc en fait je pense que c’est finalement tu ancres des habitudes qui sont cool et on peut se distribuer ça. Et finalement le quotidien avec tout ça, moi je le trouve beaucoup plus agréable en tous cas.

 

Olivier My: Surtout dans une période qui est un peu morose comme celle qu’on vit aujourd’hui. Et ce qui est super dans cette dynamique là, c’est que c’est quelque chose qu’on partage aux autres, mais qu’on ne perd pas en le donnant. C’est au contraire quelque chose qui se multiplie et comme tu le disais, ne serait ce que des fois de sourire dans la rue, si tu réussis à faire sourire quelqu’un en fait dans la rue, il y a quelque chose qui se crée ailleurs. Et effectivement, je te rejoins tout à fait.

 

Pauline Egea: Tu as des moments un peu bon bref, mais bon, c’est un peu le je sais plus ce que je te racontais du coup j’en ai peut être perdu le fil.

 

Olivier My: On était à Paris.

 

Pauline Egea: Paris Tac.

 

Olivier My: Bizdev.

 

Pauline Egea: Société Conseil. Voilà, c’est ça. Société de conseil. Le job, j’adore! Et puis je comprends pas les modèles, mais je me dis en fait ça, ça veut dire que c’est la vie en entreprise. Et je me dis bon bah je dois prendre les codes, je ne comprends pas. Enfin, je suis au début de ma vie pro quoi. Et puis je ne comprends pas les codes, mais je me dis que en fait, à ce moment là, je me dis c’est les codes et tu ne peux pas trop en faire ce que tu veux parce que c’est comme ça que ça se passe. Et tout comme quand j’ai joué au basket, il y avait les règles, c’était les règles du basket et c’était comme ça, un peu dans une démarche d’apprentissage Shuhari. J’étais Shu. Et quand t’es Shu, tu fais ce qu’on te dit de faire quoi.

 

Olivier My: Vu que tu évoques le shuhari, peut-être qu’il y a des personnes qui ne connaissent pas le concept. Est ce que tu pourrais en dire quelques mots ?

 

Pauline Egea: Bah peut être toi c’est quelque chose que tu maîtrises bien. Je pense que tu vas le dire avec moi. Je peux le faire, mais peut être que je n’ai pas les bons mots. Mais moi, la manière dont je l’ai compris, c’est quand tu es Shu, t’es celui qui est dans l’apprentissage en fait, c’est shu-ha-ri, c’est une matrice en fait de la progression pour montrer en fait où est ce que tu te positionnes dans l’apprentissage de quoi que ce soit. Donc Shu, c’est vraiment tu es l’élève et donc tu es celui à qui on dicte les règles et tu suis absolument les règles pour comprendre ce que tu es en train de faire. Ha donc ça s’écrit Ha, là tu commences un peu à maîtriser. Donc tu peux un peu pas twister les règles, mais tu peux commencer un peu à adapter en fait en fonction de ton niveau de connaissance. Et le Ri, c’est toi l’expert et c’est toi qui enseigne en fait aux autres. Et donc quand tu es en mode Shu, là tu n’es pas celui ou celle qui va comprendre. Pour le moment, tu ne comprends pas encore comment tu peux twister et en fait tu prends l’information etc. Et donc au fil de l’eau, quand tu deviens, tu développes ton expertise, tu passes par le Ha et tu finis par le Ri. Donc entre par exemple, j’ai été joueuse de basket la première année et puis finalement je suis devenue coach. Et puis bien entendu Ri à mon niveau.

 

Olivier My: Après, c’est pas grave, c’est en fait c’est vrai que dans cette progression là, le Shu que tu décris, il y a vraiment cette dimension de je reproduis un geste un petit peu comme on me l’enseigne, parce que avant de commencer à faire des modifications sur quelque chose, autant que je fasse ou que j’expérimente ce qu’on est en train de m’apprendre.

 

Pauline Egea: Exactement.

 

Olivier My: Et puis le Ri effectivement, il y a cette dimension non seulement d’enseignement, mais aussi le fait de transcender. C’est à dire que tu vas créer ton propre style potentiellement.

 

Pauline Egea: Exactement.

 

Olivier My: Et ce qui est intéressant, c’est que dans le Shu-ha-ri, je ne sais pas si tu avais cette connaissance là, mais il y a le kokoro juste après.

 

Pauline Egea: Ah non.

 

Olivier My: Et le kokoro est intéressant parce que là on ne le voit pas parce que c’est audio. Mais je suis en train de faire un dessin avec ma main. Mais Shu-ha-ri, tu as trois marches qui montent le kokoro, c’est quelque chose qui redescend.

 

Pauline Egea: Ok.

 

Olivier My: Et Kokoro, En fait ça veut dire cœur.

 

Pauline Egea: Ok.

 

Olivier My: Pourquoi ? Parce que la plupart du temps, quand tu fais une pratique et peut être que tu l’as vécu au basket, moi je l’ai vécu tu vois, je faisais du karaté et du Kung-Fu. Par exemple tu arrives jusqu’à la ceinture, je ne sais pas quoi, noire ou etc. J’ai jamais eu ça, mais. Mais en tout cas, tu montes. C’est quand tu as commencé à atteindre un certain niveau que tu te rends compte en fait que ce qui était important, c’était la base. Et du coup, en fait, tu reviens au cœur et dans le monde de l’agilité que tu connais ce qui est marrant, c’est qu’il y a eu tout un mouvement autour du cœur de l’agilité. En fait, ça vient de là, le fameux kokoro de se dire bah c’est souvent les gens qui ont atteint un certain niveau qui comprennent que c’est le début du chemin qui commence. Parce que c’est la base en fait qu’il faut consolider.

 

Pauline Egea: Canon. Hyper intéressant.

 

Olivier My: Une ouverture en tout cas autour de ça.

 

Pauline Egea: Très bien. Hyper intéressant. Et donc voilà donc découverte du monde de l’entreprise. Et là, je bosse pendant une dizaine d’années dans ce monde là. Je change de boîte et tout ça.

 

Olivier My: Donc tu bouges quand même de boîte.

 

Pauline Egea: Je fais une première. Dans cette première, je rencontre celui qui est devenu mon mentor en fait, qui m’a dit Va plutôt dans la deuxième si tu veux apprendre à manager. Et j’ai une qualité, une qualité de formation. Enfin, j’en suis hyper reconnaissante parce que j’ai été formée, la première boîte que je fais en cdi. J’ai une super qualité de formation et j’apprends les bonnes bases en fait dès le début et je découvre bien plus tard qu’en fait ça n’a pas été le cas pour tout le monde. Et la manière dont j’ai été formée et que j’ai trouvé ça vraiment génial. Et suite à ça, je vais dans une autre boîte, je deviens manager. Et puis là, je découvre des nouvelles règles. Là déjà, je commençais à me dire Waouh, il y a des trucs, ça ne me va pas du tout. Enfin, vraiment. Donc je commence à mentir là, je crois que je mens déjà dans la première boîte.

 

Olivier My: Je crois que je mens.

 

Pauline Egea: Parce qu’en fait, je ne comprends pas. À ce moment là, je me dis que ce qu’on me demande potentiellement de faire, ça va à contre-courant de mes valeurs. Mais je ne savais pas que j’avais défini mes propres valeurs et que, en fait, ce qu’on me demande de faire.

 

Olivier My: Au moins tu sens que ça gratte.

 

Pauline Egea: Mais ça gratte, c’est au delà de gratter, c’est que je ne peux pas en fait, j’ai un truc qui fait que si je regarde les gens dans les yeux, j’ai une difficulté avec le mensonge. Il y a plein de trucs où pour moi ça ne sert à rien. Et moi, j’ai toujours appris que quand tu mens, en fait, il y a tout se sait. Enfin je veux dire, il y a un moment donné et c’est un truc que je veux me libérer de.

 

Olivier My: C’est un poids hein.

 

Pauline Egea: C’est un poids, je ne veux pas de ça. Et donc tous les trucs un peu cachés, un peu chelou, où tu apprends des informations, etc. C’est difficile à vivre pour moi. Et il y a des trucs où je me dis mais je pense que ça marcherait beaucoup mieux si on se disait les choses tout simplement. Je pense que les gens sont en capacité d’apprendre les informations justes. Enfin voilà, de se dire c’est plus simple.

 

Olivier My: D’être adulte.

 

Pauline Egea: Ouais, voilà. Et en fait, les premières boîtes, je découvre un peu ça. Et puis en fait, tu découvres un peu les dessous qui sont pas hyper chouettes. Et la deuxième où je suis en position de manager, là, ce qui est difficile pour moi, c’est que je dois dire à mon équipe des trucs avec lesquels je suis potentiellement en désaccord. Et je me dis waouh, la posture, elle est quand même un petit peu chelou.

 

Olivier My: Tu te rappelles d’un exemple ?

 

Pauline Egea: Ouais, j’ai un exemple qui est potentiellement marrant. J’ai un mec de l’équipe qui arrive en tant que business développeur. Il intègre la boîte et assez rapidement on voit qu’il fitte pas trop avec le job. Il fitte pas trop et donc on lui laisse un peu le temps de prendre sa place. Mais potentiellement ça va pas marcher en fait.

 

Olivier My: Il était donc c’était la période d’essai et tout là ?

 

Pauline Egea: Ouais c’était sa période d’essai et tout ça. Et donc mon management me demande de mettre fin à sa période d’essai.

 

Olivier My: Ok.

 

Pauline Egea: Sauf que moi je pars du principe que quand tu fittes pas dans un job, tu t’en aperçois toi-même en fait. Tu le vois bien que tu fittes pas et donc tu as potentiellement peut être que ce que tu dois déclencher en tant que manager, c’est une discussion. Mais mettre fin à une période d’essai. Enfin, avant de dire je mets fin à ta période d’essai, pour moi la discussion elle est importante, mais dans ce genre de boîte en fait, il faut que tu fasses les choses très vite parce que plus tu attends pour mettre fin à une période d’essai, plus ça te coûte potentiellement de l’argent.

 

Olivier My: Ouais, je comprends.

 

Pauline Egea: Donc la discussion elle ne fait peut-être pas sens. Bref. Et donc on me demande officiellement de mettre fin à la période d’essai. Je me dis. Je vais quand même déclencher une discussion pour voir lui Tu vois, qu’est-ce qu’il ressent quoi. Et donc je déclenche une conversation. Comment vas tu?

 

Olivier My: Ok.

 

Pauline Egea: Et donc dans le comment vas tu tout de suite genre : en fait ça ne va pas, Je ne me sens pas bien, je ne me sens pas à ma place. Ce job, il me va pas. Je lui dis donc. Moi je souris à l’intérieur, je me dis bah oui, c’était ok. Et puis il me dit franchement Pauline, ça m’arrangerait que tu mettes fin à ma période d’essai. Mais le truc, il est quand même lunaire. Et donc je lui ai dit écoute, ça tombe bien parce que je lui ai dit la vérité. On m’a demandé de le faire, donc on a ri tous les deux parce que pour lui c’était un soulagement. Moi c’était une demande, mais j’en avais pas besoin avant de passer à ce truc directif. Je pense que tu peux avoir une discussion et toutes ces histoires là, c’était souvent ça. C’est à dire que ta direction prend des décisions sans même demander en fait aux membres de l’équipe ce que la personne ressent ou etc. Et en fait, quand tu discutes, souvent tu dénoues des problématiques qu’une directive va être là pour enfin ces directives là, pour moi elles peuvent bloquer. En fait, tu peux te dire, quand tu reçois une directive, ça peut générer quelque chose de très rebelle chez les gens, c’est à dire que tu peux ressentir le truc, mais le fait que ça soit imposé par quelqu’un qui arrive de haut, qui ne suis pas ton quotidien, en fait, tu peux déclencher un espèce de bah non, ça ne me convient pas.

 

Pauline Egea: Bon bref, en fait ce truc là me fait ressentir. J’essaye de processiser ce que j’ai en tête c’est de ressentir que en fait, les règles du jeu des boites dans lesquelles je suis en train de travailler, elles sont soit pas claires, soit elles me conviennent pas. Et ce qui ne me va pas en fait, ce sont les modèles et les règles du jeu. Et mes valeurs ne sont pas en accord avec ça, mais j’ai l’impression encore à ce moment là que, en fait, c’est le monde de l’entreprise et que je suis un peu tributaire. En fait, je suis salariée et c’est partout pareil, on te le dit : l’herbe, elle n’est pas plus verte ailleurs. Ce sont les règles du jeu. Et puis on te fait parfois aussi croire que là t’es au top quoi. Tu vois, t’es dans l’endroit, c’est le top du top.

 

Olivier My: Il n’y a pas mieux quoiqu’il arrive.

 

Pauline Egea: Y’a pas mieux. Et donc tu as quand même un peu la trouille de te barrer. Et donc voilà, ça te demande un niveau d’énergie de se dire bon en fait là, faut que je prenne le risque quoi. Il faut que je prenne le risque à chaque fois.

 

Olivier My: Mais je trouve que dans ce que tu dis, il y a. Il y a deux aspects qui me paraissent importants. C’est un le on a toujours fait comme ça, donc il y a des règles et des normes qui sont établies. Et le monde de l’entreprise, ça marche comme ça. Et donc toi, quand tu rentres, en plus, quand tu as l’âge que tu avais, tu vois, il y a une sorte de biais d’autorité, on te regarde de haut et tout. Donc effectivement, toi tu ne peux pas savoir. Et le deuxième, c’est qu’il y a un aspect très déshumanisant de la relation. Ça veut dire que qu’est ce qui nous empêche de simplement avoir la conversation que tu as eu avec la personne et de lui dire Bah en fait, c’est un contrat relationnel qu’on a au départ. Tout le monde est au clair que pendant X mois c’est une période d’essai. Mais c’est à la fois pour toi et à la fois pour nous, pour savoir si ça fitte. Parce que derrière, voilà, il y a ce qui est derrière. Mais des fois, on n’arrive pas à simplement avoir cette conversation là parce qu’il y a une sorte d’embarras, d’inconfort, de je ne suis pas capable de te le dire. Donc déjà, on te l’a délégué à toi, tu vois.

 

Pauline Egea: J’en ai eu plein des trucs comme ça.

 

Olivier My: T’en a eu plein des trucs comme ça ?

 

Pauline Egea: Ah ouais, ouais, tu sens que les règles, elles viennent d’en haut, mais sur des trucs un peu nazes quoi. Et tu te dis mais vas y toi, dis le en fait, toi ce que tu me demandes de dire, viens fais-le et la position elle est. Elle est horrible quoi.

 

Olivier My: C’est dur. Et en fait on te met déjà toi dans une disposition qui est peut être inconfortable, mais justement, le fait d’avoir une conversation entre êtres humains, on va dire suffisamment bien câblés pour comprendre les enjeux de chaque position. Bah souvent comme tu le dis, ça dénoue les choses et on peut prendre une décision qui a été co-créé en co-responsabilité. En fait, nos chemins se séparent et en fait c’est ok que ça se sépare plutôt que de rentrer dans un conflit direct, déshumanisé de je suis un chiffre supplémentaire dans la boîte.

 

Pauline Egea: Ouais ouais, c’est ça. Mais à ce moment là. Et pourtant le job, je l’aime. Il y a plein de trucs, du job que j’aime, mais je me sens tellement désalignée avec mes valeurs. Et pendant trois quatre ans, je vis dans cette boîte et en fait je m’entends me plaindre en permanence et être la Pauline que j’aime pas. Je l’aime pas cette fille là et je le suis pendant trois ou quatre ans. En fait, je pense que je suis malheureuse et que je ne le sais pas parce qu’en fait je suis en désalignement et ce que je vis je ne comprends pas que je suis désalignée, mais je le suis et j’ai besoin de m’en aller quoi. J’ai besoin de m’en aller et à ce moment là, j’ai la première envie. En fait, j’ai l’envie qui est toujours là, pas loin de ton rêve d’enfance là, Coucou, il est là, là il est pas loin, il est pas loin et j’ai 28 29 ans et je ne me sens pas prête, je ne me sens pas prête. Et puis mon premier boss qui était un formateur et un mentor incroyable me dit non mais là, j’ai ma boîte. Il avait créé sa propre boîte entre temps, donc il me dit rejoins nous, l’aventure est trop belle. La boîte, elle fait 70 personnes, c’est une boîte qui est canon. Et donc je vais dans cette boîte là finalement. Et là, expérience incroyable pendant quatre ans, je rencontre en fait des. C’est donc c’est là où nous on s’est croisé pour la première fois et je rencontre plein de gens. Je découvre déjà un truc qui est fantastique. C’est une boîte qui est gouvernée par ses valeurs et avec plus ou moins une vision quoi. Mais surtout une boîte qui est gouverné par ses valeurs et dans laquelle je suis accueillie comme si j’étais si importante. Alors déjà, ça fait un bien fou. J’ai été onboardée d’une manière formidable et je rencontre des gens qui sont hyper enfin avec moi, d’un accueil, un truc que je n’avais jamais vécu avant.

 

Olivier My: Tu peux nous raconter un peu comment tu as été onboardée parce que moi je te vois en face de moi avec les yeux pétillants et je me dis qu’il y a quelque chose d’intéressant là à découvrir.

 

Pauline Egea: Ouais, en fait il y a. J’avais déjà sur mon ordi un truc et tu vois, c’est bête ce que je te dis. Tu vois, j’ai pris un post-it et un stylo et je me suis dit il faut que je reproduise les trucs que j’ai kiffé dans mon passé et je ne les ai pas fait ça. Mais il faut qu’on le fasse absolument chez Yeita. Mais déjà sur mon ordi d’arrivée, j’avais des petits post-its, des membres de l’équipe qui m’avaient tous marqué un petit mot Bienvenue Pauline, Truc Enfin je sais pas.

 

Olivier My: Tu les avais rencontrées ou pas ces personnes ?

 

Pauline Egea: Je ne les avais pas toutes rencontrées. J’avais rencontré en entretien. Bah en fait c’était pas pipé mais je connaissais déjà mon ancien boss. J’avais rencontré deux ou trois personnes de l’équipe en plus, mais ceux qui m’ont vraiment accueilli et écrit les post-it, je les connaissais pas. Donc le bienvenu et tout il était hyper agréable, tout le monde était très souriant et les locaux, ils étaient en plein Paris. Beaux, tu vois dans lequel tu te sens bien. Il y a aussi ce côté là et les gens qui n’ont pas arrêté de me sourire. Et donc le premier jour, tu te dis attends, j’ai 18 sourires, les post-it, des petits mots sympas. Et non, c’était enfin pour moi, rien que ça, ça a changé de toutes les autres boîtes que j’avais vécu, où j’arrivais quand t’es commerciale ou biz, tu arrives et tu vas te faire fusiller quoi. C’est à dire t’es la tête à abattre un peu, Faut pas qu’elle soit. Moi j’ai fait des trucs, c’était un peu lunaire, là c’était hyper agréable, hyper agréable.

 

Olivier My: Ça donne envie de revenir le lendemain.

 

Pauline Egea: Oui, exactement. Et la première semaine était dingue et ça a facilité les choses. Et en fait, je me suis aperçu que si ça avait été le cas, c’est que les gens étaient heureux d’être dans cette boîte. Donc du coup, ils t’accueillaient les bras ouverts, ils étaient heureux et puis ils avaient processé ça. C’est à dire qu’à chaque nouveau arrivé, nouvel arrivant, tu avais ce petit truc qui était créé. Et donc tu as une espèce d’habitude et tu sais que tout le monde va être bien accueilli. Donc nous, je me le note de côté, il me manque les petits post-its sympas sur le Mac, je trouve que sur tout le reste c’est assez chouette. Bon, je demanderais quand même à l’équipe.

 

Olivier My: Tu nous en diras plus tout à l’heure.

 

Pauline Egea: Ouais mais donc du coup ça c’était dingue. Et après je rencontre des gens formidables qui sont très cultivés et qui me font découvrir un tas de trucs. Développement personnel. Enfin, j’avais un socle de connaissances, mais là, j’ai la to do list de tous les bouquins un peu qui sont chouettes sur du dev personnel sur en fait un tas de sujets et ça me libère. Et ça me libère tellement que en fait quand j’arrive chez la boite s’appelle beNext, je sais pas si c’est pas secret, elle s’est fait rachetée.

 

Olivier My: Ça l’est plus en tout cas.

 

Pauline Egea: Ça l’est plus. De toute façon, elle s’est fait rachetée, mais la première année, quand j’arrive, je décide de me libérer aussi du poids que j’ai pris quand je suis arrivée à Paris, c’est à dire dix kilos. Et donc en fait, pour la première fois, moi qui suis un peu pudique, enfin je parlais pas trop de ces trucs là en fait, assez naturellement, je dis que je vais voir une diététicienne et puis tout le monde est là pour m’encourager. Enfin c’était un peu. Voilà. C’était une expérience d’entreprise qui était très différente de ce que j’avais vécu et dans laquelle je me suis sentie bien pour plein de raisons. Mais je me suis sentie bien, je me suis sentie moi même et à ce moment là, je me suis dit Waouh, c’est possible. Il y a des choses qui ne me convenaient pas, mais globalement, le mood dans lequel j’étais. En fait, je me suis dit Waouh, ça, ça existe, c’est possible et c’est hyper intéressant. Ça dure trois quatre ans. Je rencontre des gens canons et sauf que la boîte se fait racheter. Et donc là, tu as le moment où en fait ça se fait racheter.

 

Olivier My: Après tu as le choix. Pilule rouge ou pilule bleue ?

 

Pauline Egea: Exactement. Et en fait ça se fait racheter et à ce moment là, il se passe des trucs qui font que je suis complètement. Je me re-retrouve désalignée avec mes valeurs et je capte qu’en fait je suis dans le même schéma dans lequel j’étais dans le passé. Et je me suis dit je ne revis plus ça.

 

Olivier My: Tu as appris.

 

Pauline Egea: J’ai appris et je comprends où est ce que je me trouve. De toute façon, quand je me lève le matin et qu’il y a un truc que je ne me sens pas bien. Je me retrouve et là, je déjeune avec Peter. Peter je l’ai rencontré sept huit ans avant, un truc comme ça et c’est la personne que je rencontre où je me dis Waouh! En fait, notre connexion, elle est immédiate. C’est à dire qu’on se comprend, on travaille de loin ensemble et surtout on se comprend parfaitement sur les valeurs. Et puis finalement après on apprend qu’on était deux basketteurs. Enfin tu vois, on voit les similitudes en fait. Mais plus tard.

 

Olivier My: Tu sais pourquoi tu te connectes finalement de manière intangible aux gens, quand tu comprends aussi leurs histoires et leurs expériences.

 

Pauline Egea: Ouais, c’est ça. Et donc là, je me dis tu as deux options, c’est soit tu mets ton énergie à essayer de t’adapter à une boîte qui est beaucoup plus grosse potentiellement, et qui en fait enfin, ton énergie, tu la mets là où est ce que tu la mets à aller au bout de ton rêve. Et donc par rapport à ton rêve d’enfant, on est 20 ans après, est ce qu’on y va ? Est ce qu’on se reconnecte ? Et donc là, on déjeune avec Peter un peu par hasard et c’était vraiment c’est là où c’était pas du tout prévu. Donc on déjeune et on se parle de tout ça. On ne s’était pas vu depuis trois ans, je sais pas depuis combien de temps, depuis hyper longtemps on s’était pas vu et à la fin du dej on se tape dans la main, on se dit allez c’est bon, on y va. En fait on se lance. Et donc là, je suis toujours BeNext qui, on vient d’apprendre le rachat, mais je suis toujours dans cette boîte là et je dis bah en fait non, je vais pas aller plus loin. Et lui pareil dans la boîte. Et en fait on se décide là quoi. Et tu vois, en un mois on est libéré chacun et donc là on en vient à on décide que Yeita s’appelle Yeita, tu vois, on fait ce premier atelier. Non, ce qu’on sait juste à ce moment là, c’est on veut créer un modèle. On a compris maintenant. En fait, ce qui nous a manqué dans ce qu’on a vécu, là où on veut pousser. Tu vois, j’ai beaucoup pris des trucs de ce que j’ai vu chez Benext et j’ai poussé ce qui m’avait manqué. Et donc on a pris ça. Lui, il avait vécu en société de conseil, mais un autre profil encore Peter que moi, et on a pris sa sensibilité à lui et la mienne pour se dire ok, créons un modèle dans lequel nous on aurait déjà nous kiffé travailler et potentiellement ça répond à plein de gens qui ont envie de vivre ça aussi.

 

Pauline Egea: Et le postulat c’était de se dire là on a l’impression et même on le sait parce qu’on nous le dit, que plein de gens sont devenus freelances, pas forcément par envie, mais parce qu’en fait ils en avaient marre.

 

Olivier My: Pour fuir en fait les modèles ouais.

 

Pauline Egea: En fait, ils en avaient marre des modèles ESN classiques et ce dont ils avaient potentiellement marre, c’est ça peut être le manque de liberté, le manque d’autonomie, le manque de transparence, les bullshit et les trucs qu’on vit dans une boite traditionnelle.

 

Olivier My: Tout ce que tu me décrivais tout à l’heure.

 

Pauline Egea: Ouais, c’est ça. Et en fait, je pense qu’on n’est pas les seuls à avoir été. Nous, on a été blessés, on a potentiellement été blessants parce qu’on a été dans des modèles qui généraient ça. Et donc qu’est ce que tu peux mettre en place pour éviter tout ça et créer juste une alternative à ce qui existe mais qui redonne goût au salariat et non pas qui dise qu’une option aurait pu se dire ok, tu crées un collectif de freelance et en fait non. C’est comment tu redonnes aussi du sens au salariat et au salariat dans le conseil ? Parce qu’en fait, faire du conseil nous ce métier là avec Peter, on l’adore. En fait ce truc n’a pas changé ce truc de se dire nous on aime bien rendre service, ça nous fait plaisir. Et puis être là sur une petite période, et dire hop tac tac. En attendant, soit en management de transition, soit autre, bah c’est hyper appréciable, ça peut être très chouette.

 

Olivier My: Et ça reste utile. C’est à dire qu’il y a un besoin, donc en fait.

 

Pauline Egea: Exactement.

 

Olivier My: Vous apportez quand même une solution et de la valeur.

 

Pauline Egea: C’est ça. Et donc du coup, on se dit ça. Entre temps, on découvre que Peter il vient plutôt du monde de la tech. Moi je faisais du product, de la tech enfin en conseil, et puis de l’agilité quoi. Et donc on se dit ok, côté tech, on voit qu’il y a un modèle qui existe déjà et qui casse les codes, qui est celui de Shodo. Et donc on se dit bon bah en fait regarde trop bien, ils font ça donc ça existe déjà.

 

Olivier My: Il y a déjà des gens qui ont osé.

 

Pauline Egea: Ils ont osé. Et donc on a trouvé ça génial que déjà ils ont osé avec leur style, leur culture à eux et leur modèle. Moi que je trouve canon. Et nous on se dit eh ben on peut oser en faisant ça plutôt sur du product et de l’agilité. Et comme ça, ça reste nos copains avec qui on peut collaborer quand on a des des besoins en fait plus globaux. Mais on sait, on est vraiment parti sur ce postulat là. Au tout départ, on est parti de ça et on s’est dit voilà, après là on a commencé à construire comme nous on l’aurait imaginé. Donc on a posé un socle de valeurs, on a posé notre vision à nous et on s’est dit Bah en fait on pose les bases et après on va co-construire avec les gens qui vont rêver avec nous en fait. Et finalement qui vont se dire en fait ça me va bien votre mindset et puis on va le faire ensemble.

 

Olivier My: Et je trouve que vraiment la beauté de la chose, et c’est ce qui m’avait marqué dans notre petite conversation qu’on avait eue, c’est vraiment qu’aujourd’hui sur les réseaux, on voit beaucoup des messages sur Maintenant partez en freelance, le salariat c’est pas du tout ce qu’il faut, gagnez plus. Voilà enfin tous les messages qu’on peut voir sur les réseaux. Et justement, cette volonté de recréer un modèle un peu intermédiaire, de se dire voilà, on peut avoir un peu mieux que dans les écosystèmes habituels du salariat sans avoir finalement peut être pas toute la liberté qu’un freelance pourrait avoir, mais pas non plus tous les risques et redonner goût au salariat. Je trouvais que cette phrase était importante parce qu’effectivement, il y a un côté de Le salariat m’a dégoûté parce que ça, je l’entends. Beaucoup de freelances qui se lancent effectivement souvent par dépit que par véritable volonté, avec quelque chose qui a, on va dire, qui est une source d’épanouissement autre que simplement être payé pour faire quelque chose quoi. Et donc je trouvais vraiment important le fait de poser cette dimension, de redonner goût au salariat en créant vos propres règles. Ce sont les règles qui vous correspondent.

 

Pauline Egea: Oui et qui sont finalement des fois des règles juste de bon sens en fait. Et pour autant c’est dur parce que quand tu as vécu pendant plus d’une dizaine d’années avec des règles où on te dit en fait c’est un peu la base quoi, tu vois, tu te dis purée, et si je fais complètement différemment, quel va être le résultat ? Le premier truc, c’était déjà de se dire ok, là on crée un peu, on écrit ce qu’on ressent, on écrit Yeita, on dit voilà, la première step, c’était de dire ok, on, mais déjà on regarde s’il y a des gens qui veulent bien nous rejoindre. Enfin, on le savait pas. Très sincèrement, tu ne sais jamais. Parce qu’il y a des gens qui peuvent te dire à un moment donné Pauline je t’adore, Peter je t’adore, mais en fait tu ne sais pas si une fois que tu diras go, est ce que les gens ils vont vraiment venir ?

 

Olivier My: Et c’est à partir de quoi ? C’est à dire qu’est ce que vous avez mis comme pierre à 2 à minima avant d’en parler à d’autres et de leur demander est ce que ça vous parle ? Est ce que vous voulez nous rejoindre ?

 

Pauline Egea: Oui. Alors les premières pierres qu’on a mises, c’est les valeurs. Donc on a dit chez Yeita on est authentique, on est audacieux, on est attentif. C’était le A un peu le tu sais, le truc de l’andouillette.

 

Olivier My: Le triple A.

 

Pauline Egea: Le triple A.

 

Olivier My: C’est marrant parce que j’ai eu exactement la même idée fut un temps pour créer une approche et je me suis dit voilà, j’ai déjà trois A, je mets quatre. Au bout d’un moment, je vais effectivement avoir l’odeur de l’andouillette.

 

Pauline Egea: Tu vois le truc ? Bon bah du coup ça nous faisait rire le A de Yeita, mais finalement c’était assez adapté à ce qu’on voulait. C’est à dire authentique. On savait qu’on voulait d’un endroit dans lequel chacun puisse être lui même. Donc la diversité. Donc Peter, lui, il est issu. Lui, typiquement, il n’a pas fait d’école de commerce ni d’ingénieur. En fait, il n’a pas eu de diplôme et il a fait sa carrière comme ça. Mais il s’est souvent senti un peu tout seul.

 

Olivier My: De côté ouais.

 

Pauline Egea: Parce que ouais, finalement, on est plutôt sur des environnements de bac plus cinq, quoi que ce soit, ingé ou autre.

 

Olivier My: C’est un peu excluant. C’est vrai que souvent dans ces mondes là déjà, souvent la grille de salaire est adossée à ce cursus.

 

Pauline Egea: Un diplôme ouais.

 

Olivier My: Donc direct, forcément tu n’es pas vu de la même manière, pas considéré de la même manière. Malheureusement.

 

Pauline Egea: Mais tu as ça et puis tu as tu vois, c’est bizarre, mais moi la Montpelliéraine avec l’accent, fille dans un environnement plutôt masculin.

 

Olivier My: Un peu cash.

 

Pauline Egea: Voilà, c’est ça, un peu cash, les deux ensemble en fait, on était un peu quand même des, pas des rebus de la société.

 

Olivier My: Non, pas jusque là, mais en tout cas, vous sentiez que vous étiez un peu à l’écart.

 

Pauline Egea: On était un peu à l’écart et pour des petites, c’est des petites différences. Enfin, c’est pas pour moi, on n’est pas des ovnis quoi. Enfin, c’était quand même pas grand chose pour qu’on se sente déjà en fait faire partie. On se sentait pas complètement dans un moule donc. Enfin potentiellement, on se dit si nous on se sent déjà un peu pas en marge mais comme ça, ça veut dire que potentiellement il y a énormément de gens. Les gens se sentent potentiellement plus comme nous que comme faisant partie du socle de base.

 

Olivier My: Vous êtes plus la normalité que le reste ouais.

 

Pauline Egea: Et donc peut être qu’on va créer d’abord un truc qui va être plus sensé pour nous. Ça va peut être parler à beaucoup plus de monde que le contraire. Donc en fait, on est parti plutôt de ce postulat là.

 

Olivier My: Donc les valeurs.

 

Pauline Egea: Les valeurs : authentique, audacieux, attentif. Donc ce qui allait derrière, c’était de dire ok, on veut d’un endroit dans lequel chacun puisse se sentir lui même. Donc, pour que chacun puisse se sentir lui même, il faut qu’on sécurise l’environnement dans lequel on bosse et qu’on en fasse une safe place. Donc ça, c’était dès le début on s’est dit ça. Qu’on veut que les notions de collectif prennent le dessus sur le reste. Donc vraiment, quand on accueille des personnes qui ont envie de jouer collectif, en fait, qui ont envie et c’est à nous de définir nos propres règles du jeu pour qu’on puisse permettre de faire ça.

 

Olivier My: Et vous vous considérez dans le collectif ?

 

Pauline Egea: Et nous non, on se considère plutôt garant du socle en fait.

 

Olivier My: Ok, d’accord.

 

Pauline Egea: Alors parfois on joue dans le collectif et parfois tu vois, on essaye de gérer en fait les règles du jeu. Ce qui n’est pas facile parce que à la fois on vient de changer de posture. On a été salarié pendant des années. Nous, c’est notre première boîte ensemble, même si on a été managers ou directeurs directrices. Là, on découvre aussi et l’équipe en est consciente, c’est que nous, on découvre aussi notre posture. Et ensuite dans une boîte aussi un peu atypique. Donc parfois et même souvent, on fait quand même plein de conneries. Heureusement, tout le monde nous le dit. Enfin j’espère. En tout cas, on a essayé de mettre en place cette culture aussi de la franchise où on se dit les choses et tout le monde prend conscience que nous on est sur des aspects, on sait et sur il y a plein d’autres. On apprend avec l’équipe parce que ce type de modèle là, en fait. Donc, quand je dis ce type, donc, on a ça, on a décidé les valeurs, ensuite on a décidé que toutes les informations allaient être transparentes et on allait les exposer. Donc, c’est quoi les informations ? C’est les données financières, c’est la marge, c’est les tarifs de vente. Enfin, en fait, il ne faut pas qu’il y ait de sujets tabous chez Yeita. En fait, moi je ne veux plus entendre l’information c’est le pouvoir en tout cas que le pouvoir soit distribué et que chacun dans l’équipe ait les informations et comprenne ce qui est en train de se passer. Et ça, c’était hyper important. Donc ça, on le savait au début qu’on voulait exposer et on savait qu’on voulait un modèle plus égalitaire dans lequel on redistribue les bénéfices. Donc ça, on le savait. On se disait ok, si tu veux redonner aussi goût au salariat, il faut que quand en fait la boîte, elle soit hyper bénéficiaire.

 

Olivier My: Que ça se voit.

 

Pauline Egea: Ouais, c’est ça que ça se voit et que en fait, tu puisses en gagner une partie. Ça me paraît assez logique quoi.

 

Olivier My: C’est marrant parce que ça a beau être logique, il y a beaucoup de boîtes chez des clients ou des personnes que je connais, avec qui je discute, où ils entendent justement les nouveaux résultats de la boîte, ça n’a jamais été aussi bien, blablabla cette année, etc. Et eux, c’est Oh, vous savez, c’est la crise, c’est compliqué et personne n’est augmenté.

 

Pauline Egea: Ouais, c’est ça. Mais enfin, c’est un peu what the fuck.

 

Olivier My: Il y a un paradoxe qui fait que c’est dingue l’impact que ça peut avoir sur l’engagement des gens sur plein de choses.

 

Pauline Egea: Bah oui, mais moi j’ai vécu ça, j’ai vécu ça pendant des années. Et puis surtout quand tu vois des gros montants et puis tu ne comprends pas, tu ne comprends pas. Et puis tu vis des fausses promesses aussi. On te dit oui, on va partager les trucs qu’on va faire, etc. Moi j’en ai vécu pas mal des moments comme ça. Et puis tu te dis bon en fait non, ça ne va pas se passer. Et donc nous, on était assez sûr de nous, on avait un peu peur de mettre en place des systèmes parce que c’était notre première boîte. Au début, on s’est dit est ce qu’on fait une SCOP ? Est ce qu’on est en mode déjà dès le début dans les mandats, etc. On avait peur en fait de l’administratif, ça c’est un truc qui nous fait un peu peur. Et lui et moi. Et donc on s’est dit d’abord on fait un modèle qui est basé plus sur la. On a une SAS classique, on a 50 50 Peter et moi. Et après on s’est dit assez logiquement, on distribue 30 % des bénéfices, 15 % en participation individuelle et 15 % en collectif et en collectif on s’est dit en fait ce qu’on veut, c’est qu’il y ait une partie où c’est l’équipe qui, le collectif, qui décide de faire des projets collectifs avec cette redistrib. Parce que finalement, en fait, ce que tu as envie, ça peut être aussi d’avoir des projets perso avec ta participation individuelle, mais aussi pourquoi pas, de faire des projets ensemble parce que tu as une idée pour dynamiser tu vois ta créativité, pour grandir. Enfin, il peut y avoir plein d’autres options. Et on s’est dit ça, ça nous paraît être un truc qui nous paraît plus juste et en plus qui peut être un cercle vertueux parce que en fait, c’est l’endroit dans lequel tu peux innover et tu peux tester des choses. Et si ça fonctionne, c’est génial. En fait, ça va permettre de continuer à élever Yeita vers le haut. Enfin, ça peut avoir que du positif quoi.

 

Olivier My: Donc c’est une sorte de réinvestissement collective.

 

Pauline Egea: Ouais, exactement. En fait, au début on se disait on veut pas trop cadrer le truc, on se disait bon, si l’équipe par exemple, elle a envie de partir en remote à Barcelone pour bosser ensemble et tout ça. Enfin en fait, le cadre de ça, au tout début, on s’était dit c’est vraiment développer la créativité de chacun. Parce qu’on pense enfin, moi je suis assez convaincue que la créativité permet de résoudre des problèmes complexes et c’est de ça dont on a besoin actuellement, c’est qu’est ce que tu peux apporter ? Peut être le point de vue un peu différent pour résoudre un problème qu’en fait on a. Enfin, on n’arrive pas à résoudre quoi. Ou alors qui est juste par nature il n’est pas compliqué, il est complexe donc si tu n’apportes pas de la créativité ou un angle de vue de l’innovation différent, pour moi ça c’était un point hyper important. Et le modèle, cette cagnotte, mais aussi le modèle, le côté de se sentir safe dans ton environnement, tu vois de pouvoir proposer des choses, de pouvoir tester et de le tester avec de l’argent. Ben ça permet en tout cas d’apporter cette liberté de pouvoir essayer de faire changer les choses, quoi.

 

Olivier My: Et justement, comment est ce que vous avez fait pour développer cet environnement safe ? Parce que tu l’as évoqué au tout départ, mais concrètement, c’est quoi les actions que vous avez mises en œuvre pour justement que les personnes puissent s’exprimer ? Ne serait ce que vous dire : vous faites n’importe quoi.

 

Pauline Egea: Bah c’est là déjà ce qu’on se dit. On a déjà essayé en un d’exprimer notre intention de dire le pourquoi on a créé les choses et on a raconté. Déjà, on a raconté que nous on se sentait pas à l’aise dans ce qu’on avait vécu et que du coup, ce dont on avait envie, c’est déjà de faire autrement et de protéger cet environnement. Donc par exemple, en recrutement, on fait hyper attention d’être sûr des intentions de chacun. Est ce que tu viens parce qu’en fait tu as des intérêts individuels ou est ce que tu as envie de vivre une aventure collective ? Mais je ne sais pas bizarrement, la manière dont on a potentiellement écrit les choses et défini Yeita, en fait on a toujours eu des candidatures de, tu sais quand tu écris j’ai l’impression tes valeurs et que tu les clames et que tu racontes un peu l’environnement, en fait on a attiré beaucoup de gens qui nous ressemblaient et qui avaient aussi envie de vivre ça. Donc quand tu exposes cette intention là, tu as des gens qui viennent vers toi et qui vont te ressembler. Donc ça, c’était la première chose, c’était de le dire, de l’écrire.

 

Olivier My: Vous avez raconté une histoire qui a résonné avec des personnes et donc vous avez attiré les personnes qui justement ont eu cet attrait pour votre histoire, ce que vous avez dit.

 

Pauline Egea: Il y a ça. Ensuite, la chance qu’on a eue, c’est qu’on n’a pas eu d’histoires négatives. C’est à dire qu’on n’a pas onboardé des gens qui en fait ont eu un comportement, tu vois chelou x mois après qu’on a dont on a du se séparer pour dire attends là on garantit que ce soit safe. Non, en fait, il n’y a pas eu de soucis là dedans. En revanche, ce qu’on a fait, c’est qu’un membre de l’équipe aussi, qui avait pas mal navigué dans le monde associatif nous a dit Moi, j’ai un. Ouais, moi j’ai un tip. Il a dit Voilà, j’ai un tip, c’est nous on utilise le safeword. Bon, c’est pas que dans le monde associatif apparemment qu’on utilise ça, mais je n’irai pas plus loin. Et il nous a dit voilà, c’est un mot qu’on pourrait définir et utiliser ensemble quand la conversation nous dérange. Et j’ai trouvé ça assez cool parce que. Donc nous on a notre mot qui s’appelle guacamole.

 

Olivier My: C’est un mot qui ne change pas ?

 

Pauline Egea: Ça ne change pas. En fait c’est dès que alors bon, on aime bien l’humour aussi chez Yeita, donc parfois ça ricane autour de guacamole. Mais globalement, le truc c’est de dire s’il y a un truc qui est en train de se passer autour de nous, une discussion ou un truc qui nous dérange, on l’utilise. Et c’est hyper important. Et on a défini aussi dès le début qu’il y avait un système de nanny chez Yeita. Donc là on a repris un peu le truc.

 

Olivier My: On boucle la boucle.

 

Pauline Egea: Voilà c’est ça. On a repris un peu le truc, c’est à dire que chaque personne chez Yeita choisit une personne qui le suit mais qui est pas un ou une RH. Peter ou moi, il n’y a pas de hiérarchie, c’est vraiment on veut s’assurer que chacun se sente bien et entouré. Tu vois au moins en tout cas, tu as un suivi au moins d’une personne. Et tu vois, on a mis en place des trucs comme ça, où ça nous permet de garantir en fait ce côté safe. Et après la franchise, bah on essaye de l’être. Tu vois, là je te parle sans filtre comme je parle à l’équipe. Et donc ce que je dis souvent c’est si je le fais, c’est parce que j’attends en retour que en fait on fasse pareil. Ce qui est génial, c’est qu’on a onboardé des gens avec qui par exemple, moi j’ai bossé dans le passé et donc qui me connaissaient avant Yeita et donc pas avec ce statut de co-fondatrice de Yeita. Donc ça c’est hyper bien parce que ils ont pu dire devant les autres non mais Pauline, tu fais de la merde. Enfin tu vois, ils ont pu dire non, je ne suis pas d’accord avec ça. Je ne suis pas d’accord avec toi, j’aime pas comment c’est.

 

Olivier My: C’étaient des gens qui étaient au même niveau que toi, en dessous, au-dessus ?

 

Pauline Egea: Non, on avait un niveau hiérarchique un peu différent parce que des fois, tu vois, tu as un Scrum Master, Timothée et Romain un designer. Et puis après il y a Tiffany. Je n’avais pas forcément de rapport hiérarchique avec eux.

 

Olivier My: D’accord parce que je me dis que quand tu dois des fois changer tu sais ton rapport aux gens par exemple, ils étaient managers ou au dessus de toi, et puis d’un coup tu te transformes. La relation est difficile. Mais tu n’as pas eu trop ça.

 

Pauline Egea: Non, non, ça ne s’est pas produit juste ici, ça pourrait se produire. Non, ça ne s’est pas produit. Mais ce qui était trop cool d’avoir des gens d’avant et d’avant avant, c’est à dire que c’est des gens que j’avais rencontré sept ans peut être avant, c’est que il captait mon intention de base et donc ils savaient qu’ils pouvaient y aller et que je leur ai dit. Je leur ai dit je vous en supplie, moi je veux que en fait la parole, elle soit bien libre et qu’elle soit franche, parce que je vois bien que c’est ce qui peut aider une structure à se niveler vers le haut. Tu vois, d’être dans cette. Je ne vais pas dire empathie bienveillante, tu vois dans cet endroit dans lequel tu sens que tu peux dire les choses assez facilement et tout le monde a bien conscience que c’est pour qu’on s’améliore et pas pour juste s’envoyer des piques. Parce-que des fois tu peux vivre des environnements comme ça, où ça s’envoie des trucs en disant je te fais un feedback et l’intention derrière.

 

Olivier My: C’est pour ça que je n’aime pas le terme, parce que c’est comme si on justifiait tout ce qu’on pouvait balancer. Alors qu’en fait, si t’as envoyé un coup à quelqu’un, la personne a quand même reçu le coup. Donc après qu’est ce qu’on en fait quoi ? Mais je trouve que ce qui est intéressant, c’est d’avoir ces gens là qui étaient dans une démarche plutôt positive et constructive. C’est que ça a aussi autorisé les autres d’une certaine manière.

 

Pauline Egea: Exactement.

 

Olivier My: Et ça crée cette permission qui est vertueuse chez vous et qui vous permet de vous exprimer. Et justement, la question que je me posais, c’est le fameux guacamole. Imagine qu’il y a une conversation qui émerge et que ça ne me plaît pas. C’est quoi ? C’est je le dis comme ça à haute voix. Et il se passe quoi ?

 

Pauline Egea: Et ben la conversation à l’autre, celui qui est en train d’avoir par exemple, il y a eu une conversation, moi qui ne m’a pas plu, on a parlé d’un membre de l’équipe sans qu’il soit là et j’ai dit Bah ça, je ne suis pas à l’aise avec ça. Pour moi, c’est un guacamole. Toi tu pourrais dire juste guacamole.

 

Olivier My: Ok, d’accord, c’est juste le fait d’utiliser le terme en lui même pour dire.

 

Pauline Egea: Tu dis guacamole et tu dis bah là tu signifies que tu es mal à l’aise. Donc moi par exemple, j’étais pas très mal à l’aise de dire je suis mal à l’aise avec le truc donc c’est ok. En revanche, si tu as quelqu’un qui est peut être plus timide ou peu importe, tu peux juste dire guacamole.

 

Olivier My: Au moins en fait, on donne la permission à la personne de simplement dire le mot qui est déjà un effort et un courage de la personne de le dire. Et après elle a pas besoin, je suppose, de justifier quoi que ce soit. C’est la chose un peu s’arrête et puis.

 

Speaker2: Non. Et ça moi j’ai trouvé que c’était un super tip pour le coup, c’est un truc que j’ai jamais vu avant. Bon alors nous on l’a un peu, pas retwisté mais on est quand même des humoristes. Donc tu vois, t’es chez Yeita, t’as les spécialistes du guacamole, tu vois des fois. Et donc il y a quand même cette conversation et c’était cool. Il y a eu cette conversation de attention au guacamole, c’est sérieux, c’est pas là parce que du coup, forcément, tu vois, on se dit attends, t’as pas fait un houmous là ? Enfin tu vois, c’est bon, ça peut prendre des proportions, mais ça a été chouette parce que ouais, t’as d’autres qui peuvent dire non mais c’est sérieux en fait, c’est un vrai truc et c’est un vrai truc qui peut être hyper utile en fait.

 

Olivier My: On peut parler de sujets sérieux sans trop se prendre au sérieux et après faut juste réussir à définir le bon cadre, les bonnes limites.

 

Pauline Egea: C’est ça. Tu vois, il y a ce truc là. Mais là jusqu’ici je suis hyper contente parce que j’ai pas vu de moments de friction, de colère ou de truc pas cool, de mauvais, tu vois, d’agression quoi. Parfois, peut être qu’il y a des choses qui peuvent blesser parce que les mots, l’équipe a au contraire a un peu peur de blesser l’autre en fait. Et donc il y a une partie bon problème. Et puis moi j’essaye de faire en sorte que tant pis si parfois il y a un petit peu de maladresse, tant que les choses sont dites et qu’on comprend l’intention qui est derrière, c’est à dire qui n’est pas de blesser mais plutôt de le dire pour qu’on s’améliore ensemble, c’est ok. Et là on a fait d’ailleurs une petite formation sur le feedback il y a peu, mais en fait.

 

Olivier My: Félicitations !

 

Pauline Egea: Non mais tu vois, ne serait ce que d’avoir le cadre de base, de dire en fait juste l’objectif c’est de pouvoir clarifier. En fait, tant que l’intention est claire de pourquoi on se dit ça et quelle est ton intention. Enfin, pour moi c’est primordial.

 

Olivier My: D’avoir un peu un rappel sur les codes de la relation humaine.

 

Pauline Egea: Oui.

 

Olivier My: Parce que finalement c’est marrant, parce que la résonance par rapport à ce que tu dis et va peut être être un peu étrange, mais tu vois, moi quand on m’a formé au podcast, on me disait tu vois, il faut que tu prennes un appareil qui a une gamme suffisamment grande pour qu’il n’y ait pas de larsen. Donc là tu vois, le matériel que j’ai là fait que grosso modo, même si tu cries très fort, etc. Normalement, en fait ça devrait passer. Et pour moi, en fait, c’est exactement ce qu’aujourd’hui vous réussissez à faire. Est ce que c’était volontaire ou pas ? Je pense qu’il y a plein de choses qui font que ça se fait comme ça, mais que les bornes extrêmes de la capacité des gens à se gérer mutuellement n’est pas encore dépassé. C’est pour ça que vous n’avez pas de problèmes extrêmes aujourd’hui. Que ce soit des gens qui prennent trop mal les choses ou des gens qui partent en colère. Parce qu’aujourd’hui, les limites que vous avez définies font que les gens arrivent à naviguer dedans sans que ça touche justement en fait à des limites personnelles. Ce qui est extraordinaire, j’ai envie de dire sous enfin on va dire dans tous les exemples que moi j’ai d’entreprises ou au contraire la parole est souvent beaucoup plus emprisonnée et quand je parle, c’est beaucoup plus pour exprimer mon propre ego dans la discussion que d’essayer de prendre soin de toi en exprimant mon intention. Et je trouve que c’est assez intéressant de voir ce que vous avez réussi à développer. Et ça change, je suppose énormément de choses dans votre quotidien et dans leur quotidien.

 

Pauline Egea: Ben oui, oui oui. En fait, c’est une nouvelle posture pour moi, tout ce qui est en train de se passer et ça me dépasse un peu parce que là donc ça fait deux ans et demi, quasiment trois en fait. Et là on est 25, donc ça a pris assez vite avec ce changement de posture qui allait avec puisque donc moi je n’ai jamais dirigé de boîte de conseil, quelle qu’elle soit.

 

Olivier My: Bah voilà c’est fait.

 

Pauline Egea: Et alors encore plus avec un modèle qu’on n’a jamais vu. Donc en fait, j’ai du mal déjà à différencier avec une autre expérience. En revanche, ce que j’ai toujours fait, c’est que j’ai toujours fait en sorte dans mes anciens jobs de me sentir bien. Donc avant, je devais mentir, je devais réadapter le job pour qu’en fait il soit aligné avec mes valeurs. Donc je faisais en fait, je refaisais les règles à ma sauce quoi. Mais ça n’est pas forcément tout le temps.

 

Olivier My: En vrai c’était pas forcément autorisé oui.

 

Pauline Egea: C’était pas tout le temps autorisé, mais j’arrivais à faire ça parce que j’avais bien conscience que c’était important pour moi de me lever le matin, de me regarder dans la glace et de me sentir bien et que du coup, c’était plus facile pour moi de switcher les règles. Et en fait, j’avais pas vraiment peur de me faire virer parce que je me disais ouais, au pire tu trouveras un autre job. J’avais pas cette crainte là, mais par contre j’avais vraiment peur de me désalignée.

 

Olivier My: Et ça c’était important. Et là, ce qui est génial dans ce qu’on vit, c’est qu’il y a des côtés qui sont très durs, même très durs. Le côté génial c’est là, je suis complètement en accord avec mes valeurs, je ne fais pas tout le temps les choses bien. Donc ça c’est le truc qui est dur, c’est de se dire waouh! En fait, il faut quand même prendre des décisions, faire des choix. Et en fait, on manque aussi clairement d’expérience dans ce type de modèle, dans la manière de piloter, dans la posture qu’on peut prendre dans parfois moi j’ai besoin que ça aille vite de prendre des décisions, mais ça peut être bon, en fait, c’est ma personnalité. J’ai envie de faire de mon mieux pour l’équipe, mais parfois, tu ne fais pas de ton mieux en fait. Enfin en tous cas, c’est pas tout le temps, c’est pas ce qui est ressenti. Et tu fais beaucoup je pense potentiellement de bêtises. Et ça c’est un peu dur pour moi parce que j’ai vraiment envie que tout le monde kiffe sincèrement et je veux vraiment que chacun se sente bien. Et ça c’est parfois un peu. C’est le truc qui peut être difficile pour moi. C’est la pression en tout cas que je me mets.

 

Olivier My: En tout cas ça se ressent dans tes mots.

 

Pauline Egea: Je ne sais pas, mais en tout cas.

 

Olivier My: Les gens ne te voient pas. Mais moi je vois toute ton expression avec et on sent qu’il y a une volonté sincère de faire de ton mieux et d’apporter une sorte d’alignement non seulement pour toi au niveau des valeurs, mais de toutes les personnes qui vont vous rejoindre aussi pour qu’elles se sentent bien dans cet écosystème que vous créez quoi.

 

Pauline Egea: Ouais mais c’est chouette que tu puisses dire ça, parce que c’est ce qui est vraiment important à mes yeux. Mais c’est potentiellement par rapport à ce que j’ai vécu où je me suis dit Waouh, Quel bien-être de trouver une boîte dans laquelle toi tu te sens bien ! Moi ça m’est arrivé avant Yeita et j’ai voulu pousser le truc, mais je pense que c’est malheureusement assez rare. Et donc je me suis dit si on arrive nous à pousser le truc et à donner envie à d’autres en le faisant et en réussissant. Après, l’enjeu c’est de se dire ok, tu dois le faire et tu le fais bien et après il faut que la boîte elle marche parce que si la boîte elle marche, elle donne l’exemple de tu peux entreprendre autrement, ça fonctionne, ça rend plus heureux.

 

Olivier My: C’est possible.

 

Pauline Egea: T’es potentiellement pas celui qui va être le plus rentable. Et encore, je pense que tu peux finalement générer ce truc là.

 

Olivier My: Tout est relatif.

 

Pauline Egea: Exactement. Parce que le bien être peut avoir des effets incroyables, je pense, sur la rentabilité d’une boite, mais c’est encore un autre, c’est un autre débat. Mais si tu prouves que c’est rentable potentiellement, en fait tu peux avoir ce déclic pour d’autres à dire ok, ils l’ont fait dans leur secteur d’activité, il y a pas mal de boîtes qui commencent à le faire dans des secteurs différents. Et en fait tu donnes l’envie de tenter en fait de tenter ce genre d’expérience. Et ça c’est hyper important pour moi.

 

Olivier My: Ce que je trouve fascinant dans cette expérience là, c’est que. Alors c’est que mon regard maintenant je découvre ton histoire en même temps que on discute, c’est qu’au final c’est de créer un modèle qui est beaucoup plus aligné avec qui on est en tant qu’être humain. C’est un modèle qui fait que tout n’est pas figé dans le marbre. Parce que finalement votre modèle, c’est un ensemble de valeurs, un ensemble de règles qui, je suppose, peuvent aussi évoluer et bouger avec les gens qui viennent. Mais c’est au contraire parce que vous n’êtes pas trop gros que vous pouvez encore le faire. C’est à dire que si vous commencez à devenir 50, 60, 100, il va y avoir encore d’autres difficultés qui vont arriver. Et finalement, c’est de rendre à l’humain sa place dans le modèle en lui même, plutôt que de dire que l’humain est notre plus précieuse ressource ou je sais pas quoi. Au moins là, vous avez le courage d’y aller pleinement et de vous, vous humaniser aussi en tant que dirigeants et dirigeantes.

 

Pauline Egea: Bah oui, parce que en fait, je pense que ça marche bien des modèles, enfin à partir du moment où ce sont les humains qui créent en tous cas dans les boîtes de conseil, le job il est fait par des humains. Donc si tu remets le bon sens et l’humain au cœur a priori, en fait, ça devrait avoir des résultats vertueux sur ton entreprise. Enfin, nous c’était un peu le postulat et qui peut parfois, pour moi en tout cas, ce qui manque c’est juste du bon sens, c’est à dire la fameuse est ce que tu fais des règles pour 3 % ou pour 97 % ? Et est ce que tu es ok d’accepter ? Parce que c’est ça qui peut être parfois intellectuellement dur à vivre pour certaines personnes, c’est ok. Et les menteurs ? Bon bah tu décides que ta vie, tu vas faire quoi ? Tu ne vas pas dire dans la rue à quelqu’un qu’en fait elle a un trop un style qui déchire ou peu importe parce que tu en as trois qui vont te répondre : mais je t’ai rien demandé ou tu pars du principe que bah en fait je vais le faire parce qu’en fait 97 % des cas la personne elle va adorer que je lui dise ça, ça va lui mettre une good energy et c’est très cool. Enfin ça dépend, c’est est ce que tu vois le verre à moitié plein ? Comment tu te positionnes ? Et moi, depuis longtemps, je sais que j’ai envie d’avoir une énergie positive qui envoie des vibes positives et qui essaye de construire même quand le monde qui nous entoure il est pas tout le temps agréable et tout ça.

 

Pauline Egea: Moi je veux si je peux apporter un truc cool, donc un environnement dans lequel on se sent bien. Ou alors tu vois un client, une problématique, enfin quelqu’un, on va l’aider, on va l’aider autrement. Enfin c’est mon mood. Et puis si on peut créer en allant plus loin une génération de plein de boîtes qui ont envie de faire ça ensemble et qu’on crée un collectif qui va plus loin et qui donne envie de faire autrement. Ah mais trop bien ! Enfin, ça c’est vraiment le truc. Je me dis que ce serait extraordinaire quoi. Et on voit déjà, on entend parfois des petits feedbacks. J’ai un peu des feedbacks comme ça où je dis ouais, on a pris ça de. Donc du coup, chez Yeita, on a une grille de salaire transparente qu’on expose, on a aussi, on fait des outils en fait pour la communauté. Et des fois je reçois des petits messages, mais ils sont lunaires, enfin ils sont solaires, ils sont incroyables. Moi je reçois des trucs jamais j’aurais imaginé recevoir ça. C’est à dire que j’ai plus que des mercis, j’ai des on a des messages, on a des déclarations. La première fois qu’on a reçu ça, on était en mode What !? Et là on en reçoit vraiment régulièrement. Mais si tu savais le bien que ça nous fait que ça nous procure. Et quand on reçoit ce type de ressenti, etc, on se dit que en fait, les gens si globalement juste on rajoute des petits trucs cool à nos organisations, ben globalement, on pourrait niveler les choses par le haut en fait.

 

Olivier My: Vous n’avez pas juste fait quelque chose que pour vous au final, c’est quelque chose qui a rayonné autour de vous et qui impacte.

 

Pauline Egea: J’aimerais, j’adorerais. Je veux vraiment. Je sais. En fait, c’est très dur à dire parce qu’en fait on est à l’intérieur nous. Donc on ne voit pas les ricochets que ça pourrait avoir. Mais si on peut, parce que c’est là où on a envie de s’exposer un peu, de dire des choses sur LinkedIn et ça a été pas. En fait, ça fait toujours bizarre de le faire parce que tu te dis pourquoi je fais les choses, est ce que c’est pour me la raconter entre guillemets ? Est ce que c’est pour transmettre ? Quel est le sens de ce que je fais ? Et en fait, le résultat, c’est si ça nous permet de faire des ricochets dans d’autres endroits et d’être inspirant, et je trouve le mot il est difficile parce qu’il dit tout de suite que Yeita tu vois, c’est. Mais en vrai, si ça peut être inspirant ouais.

 

Olivier My: Il y a des preuves que effectivement c’est quelque chose qui est différent, donc qui dit différent ne veut pas dire forcément extraordinaire. Et on met toujours les trucs sur un piédestal et en même temps on s’en fout si c’est un piédestal ou pas. Il suffit que ça puisse générer une petite étincelle dans la tête de quelqu’un et déjà on a déjà gagné quelque chose.

 

Pauline Egea: C’est ça. En tous tout cas, c’est l’intention. L’intention de départ, c’est de dire on peut entreprendre autrement et se sentir mieux et que ça marche et que ça résolve. Enfin, tu vois qu’il y a un côté résultat à des problématiques complexes. Moi, ça j’y crois énormément. Je pense que quand tu as un endroit dans lequel tu te sens bien tu es plus créatif, tu es plus créatif tu résous des problèmes complexes. Ça, pour moi, c’est la logique est là. Et après, si derrière ça peut être ricoché dans tous les sens, c’est génial. Moi, ma vie peut s’arrêter là.

 

Olivier My: Ma vie peut s’arrêter là. Tu as encore un long chemin.

 

Pauline Egea: Donc voilà, si tu me demandes ce que ça peut, c’est cool, c’est génial.

 

Olivier My: Et la prochaine fois, on se retrouvera à New York. Du coup, pour vivre la vie.

 

Pauline Egea: J’en rêve plus trop. Je suis bien à Paris.

 

Olivier My: T’es bien à Paris oui. Ton New-york est à Paris.

 

Pauline Egea: Mon New York est finalement est crée à Paris. Paris, c’est tellement à nouveau, c’est tellement inspirant. J’adore quand même l’état d’esprit New-Yorkais. Je ne dis pas américain, mais New-Yorkais.

 

Olivier My: New-yorkais. C’est pas l’Américain. Soyons clairs.

 

Pauline Egea: Non mais Paris, que c’est beau quoi. Ouais, mais tellement ouais.

 

Olivier My: J’ai une toute petite dernière question avant qu’on passe à la dernière séquence, tu as décidé de te lancer avec Peter.

 

Pauline Egea: Oui.

 

Olivier My: Ok, donc Peter, si tu nous entends parce qu’on parle beaucoup de lui. Mais au final voilà. Mais on sait que décider seul, c’est beaucoup plus facile parce que c’est beaucoup plus facile d’être d’accord avec soi-même.

 

Pauline Egea: Oui.

 

Olivier My: Maintenant, vous êtes deux têtes.

 

Pauline Egea: Ouais.

 

Olivier My: Est ce que quand vous décidez dans ce modèle là, c’est plutôt facile ? Est ce que vous avez des difficultés parfois à prendre des décisions ? Comment ça se passe ?

 

Pauline Egea: Bah c’est. C’est. Non, en fait c’est Je rigole parce que je me dis je suis infernale. Peter est obligé de dire oui à la fin. Non, en fait, c’était facile parce que vraiment, Peter et moi, on est en fait, on a des valeurs très alignées et je pense que ce qu’on avait l’un envers l’autre, qui est fort au début d’une association, c’est qu’on avait confiance l’un en l’autre. On avait vraiment confiance. Et donc c’est ça aussi au début d’une association, ce qui est primordial pour moi, c’est est ce que tu es capable de montrer ton compte en banque ou peu importe. Parce que là tu mets de l’argent. Il y a quand même un côté enfin skin in the game quoi. Tu joues ta peau avec quelqu’un. Et donc il y a un niveau de confiance à avoir pour moi qui doit être absolue. En tout cas, ce que j’ai compris en tout cas, c’était ce premier truc là. Et après on était, vu qu’on avait vécu de deux façons différentes les problématiques dont on a parlé, de décrire, de finir le modèle. Moi je suis plutôt celle qui écrit parce que Peter, il ressent des choses, mais il a plus de mal à les exprimer, en tout cas à les écrire. Donc j’ai écrit pour nous deux.

 

Olivier My: C’est plus toi effectivement qu’on voit.

 

Pauline Egea: Moi j’ai écrit pour nous deux et en fait il se sentait très aligné avec ce que je disais. Et après en fait on se chamaille tout le temps.

 

Olivier My: Mais vous êtes plutôt alignés à l’heure actuelle.

 

Pauline Egea: En fait sur l’intention, la vision, on est hyper aligné sur ce qu’on veut en fait, tu vois qu’est ce qu’on veut vraiment. On est hyper aligné. Par contre sur les petits trucs genre du quotidien, c’est infernal. Mais non, non, je plaisante parce qu’en plus l’équipe se fout de nous parce qu’on se chamaille beaucoup, mais je pense que c’est notre mode de communication et non, non, franchement, c’est génial.

 

Olivier My: C’est un message super important, c’est que la direction, tant qu’elle est très claire pour vous, même si c’est pas au détail près, mais vous avez un horizon dans lequel vous savez que vous voulez aller et que vous avez la confiance qui est là. Après, grosso modo, on y va et on dépote quoi.

 

Pauline Egea: Mais c’est hyper dur de trouver pour le coup la bonne personne avec qui s’associer. Et si ça n’avait pas été lui ? Enfin tu vois, on s’en est aperçu parce qu’on a voulu s’associer avec d’autres personnes pour créer une autre boîte. Et en fait on s’est dit un, en fait on l’a fait tous les deux parce qu’on a un niveau de confiance absolu, mais nous on n’est pas des serial entrepreneurs. Enfin tu vois, on n’est pas, c’est pas notre truc de base. Notre truc de base, c’est d’avoir vécu dans un environnement où on s’est dit ok, on peut changer les règles du jeu pour être plus heureux. En fait, c’est ça notre truc à nous.

 

Olivier My: Bah commencez déjà là.

 

Pauline Egea: Ouais, c’est ça. Et donc du coup, on a fait ça et après plus tard, on verra. Mais déjà, si on peut faire bien marcher cette boîte là, devenir un modèle en son genre, c’est extraordinaire et on aura réussi le pari. Maintenant, à partir de quand tu te dis ça, comment tu le mesures etc. C’est une vaste question.

 

Olivier My: On verra ça en tout cas dans le futur. Merci en tout cas pour tout ça.

 

Pauline Egea: Je t’en prie.

 

Olivier My: Ce que je propose, c’est que donc, comme je te l’avais présenté, il y a une dernière petite section avec des cartes que tu vois sur la table.

 

Pauline Egea: Oui.

 

Olivier My: Maintenant, tu vas pouvoir les découvrir.

 

Pauline Egea: Trop bien.

 

Olivier My: Alors, le jeu que j’utilise donc habituellement, j’utilisais un autre jeu, mais là je me suis dit avec toi parce que tu fais les choses différemment, je vais faire les choses différemment aussi. Donc c’est un jeu qui s’appelle Vertellis pour les personnes qui connaîtraient le jeu. Donc tu as deux paquets de cartes en face de toi. Il y en a un, donc tu vois, c’est plutôt celle intitulée Première manche qui vont être des questions si je ne me trompe pas sur l’année écoulée.

 

Pauline Egea: Ok.

 

Olivier My: Donc ce que je te propose, c’est de mélanger les cartes.

 

Pauline Egea: Oui, c’est moi qui le fais ?

 

Olivier My: Oui, vas-y vas-y. Comme ça tu vois, ça te donne une impression de maîtriser ce qui va sortir tu vois ?

 

Pauline Egea: Oui, c’est ça. La carotte est là.

 

Olivier My: Et ensuite ce que je te propose, c’est d’en tirer une. Celle que tu souhaites. Donc tu vas la lire à haute voix et ensuite je t’invite à y répondre.

 

Pauline Egea: Donc, c’est : Quelle est la leçon la plus précieuse que tu aies apprise cette année ? Eh bien, c’est une très bonne question. En fait, il y a deux trucs principaux je dirais. Il y a là j’apprends à communiquer en fait. Donc je pense que tout le monde le voit un peu dans l’échange. Je dis les choses mais parfois mes mots ne sont pas les plus adaptés aux sentiments que je ressens.

 

Olivier My: Ok.

 

Pauline Egea: Et donc dans la découverte aussi de la posture, avant je parlais pour moi, mais maintenant je parle potentiellement pour 25 personnes. Donc il y a quand même de la responsabilité liée à ça. Et en fait, j’ai écrit un texte qui a blessé des membres de l’équipe parce que les mots, j’ai pas utilisé les bons mots et j’ai pas bien exprimé mes intentions. Et en fait, j’ai été blessante et ça a été dur pour moi de blesser et je me suis dit que absolument, il fallait que je fasse beaucoup plus attention à la manière dont j’écrivais les choses et dont je les communiquais parce que j’avais l’impression que tout le temps, les gens y comprennent. De toute façon, ils savent à peu près qui je suis et que donc je peux être maladroite en fait. Ça me permettait que les autres acceptent ma maladresse.

 

Olivier My: Ouais, je comprends.

 

Pauline Egea: Et bien non.

 

Olivier My: Mais comprendre n’est pas justifier.

 

Pauline Egea: Oui, exactement. Et donc je me suis promis de faire plus attention. Donc ça c’est la première chose. Et la deuxième, c’est plus sur moi. J’ai besoin avec aussi cette nouvelle posture, j’ai plus de stress. Donc moi je dors très bien la nuit, j’ai pas trop de soucis de sommeil là dessus, mais j’ai besoin de sas de décompression beaucoup plus fréquents. Donc pour moi c’est le sport. Et en fait, ça me permet de ne pas avoir. Je sens que parfois, quand je suis stressée, mon stress à moi, il peut être pas chouette pour les gens qui m’entourent parce qu’il est un peu provoc. Mon stress c’est des trucs de process com persévérant, rebelle. Enfin le truc ensemble c’est pas cool. Et donc il faut que j’arrive à me faire beaucoup plus de potentiellement de sas de décompression. Parce que moi, mon stress à moi c’est pas de pleurer ou d’être triste et donc de pas de faire de mal aux gens, il est dur et je l’aime pas.

 

Olivier My: Tu vas aller en interaction quoi.

 

Pauline Egea: Exactement. Je vais aller même en confrontation et pas très cool et donc j’ai besoin absolument d’avoir beaucoup plus de sport ou de moments solo etc pour pouvoir bien décompresser et avoir toujours cette posture qui soit bien adaptée à mon nouveau, mon nouveau job en fait, et qui est important à mes yeux pour. J’ai pas du tout envie d’être blessante, c’est le truc qui me fait vraiment peur quoi.

 

Olivier My: Bah super, 2 belles leçons en tout cas. Ce que je vais te proposer maintenant, c’est que tu vas sélectionner deux cartes.

 

Pauline Egea: Toujours dans la même pile.

 

Olivier My: Toujours dans la même pile et on fera pareil en fait dans la suivante. Enfin.

 

Pauline Egea: Ah drôle.

 

Olivier My: Je vais peut être réfléchir. Alors tu nous lis les deux et en fait tu choisis laquelle?

 

Pauline Egea: Tu vas voir c’est facile parce qu’il y a : quelle a été ta meilleure décision et Qu’est-ce qui t’a empêché de dormir ? C’est quand même drôle.

 

Olivier My: C’est marrant quand même.

 

Pauline Egea: Donc on ne va pas faire. Donc je dors bien. Je dors très bien.

 

Olivier My: Félicitations à toi.

 

Pauline Egea: Il n’y a pas de souci. Alors je dors trop bien parce que du coup, je vais plus au sport, donc ça me met des coups, tu vois voilà. Et quelle a été ta meilleure décision de cette année ou de ma vie ?

 

Olivier My: Bah on peut déjà partir sur cette année, comme ça quand on rediscutera l’année prochaine, je pourrais te ressortir la même.

 

Pauline Egea: Non, c’était vraiment plus de sport. Ah Top ! Je me sens mieux.

 

Olivier My: C’est vraiment quelque chose qui a changé quelque chose chez toi ?

 

Pauline Egea: Et puis en plus, j’ai découvert. En fait, je suis en apprentissage permanent. En fait, je découvre des nouveaux sports un peu dans tous les sens. Et ça nourrit beaucoup d’autres endroits. Enfin, je n’avais pas trop planifié ce truc là, mais en fait ça me rééquilibre bien par rapport au reste parce que c’était chargé, hyper chargé sur la partie boulot quoi.

 

Olivier My: Et C’est quel genre de sport qui semble te correspondre le mieux ?

 

Pauline Egea: En fait, c’est un mix de boxe. En fait, je reste sur des trucs un peu cardio et dans le contact.

 

Olivier My: Comme ça ça permet d’extérioriser.

 

Pauline Egea: Yoga, Pilates, des choses un peu plus douces et de méditation.

 

Olivier My: Pour apaiser.

 

Pauline Egea: Ouais, un mix des deux. Et ce qui est génial je trouve, c’est la posture de l’apprenant. C’est à dire de redémarrer. Il y a des sports que j’ai eu maîtrisé et j’adore retourner, tu vois back to the basics quoi. Et la posture de repartir là dessus et le sentiment de progrès, de te voir, de te sentir progresser, de te dire Au début,

 

Olivier My: Surtout au début.

 

Pauline Egea: C’est infernal, tu te sens progresser et la sensation est hyper agréable. Et donc du coup, j’ai envie de re. C’est des choses que je ne m’étais pas permises avant. Et en fait maintenant je me dis mais c’est génial quoi.

 

Olivier My: Non mais c’est super ! Bah merci bien.

 

Pauline Egea: Je t’en prie!

 

Olivier My: Ce que je te propose comme ça, ça m’a permis de naviguer sur ce que j’allais te proposer par la suite. C’est qu’on a une deuxième pile de cartes qui correspond à plutôt des questions orientées vers l’année prochaine.

 

Pauline Egea: Ok.

 

Olivier My: Donc ce que je vais faire, c’est que moi je vais en choisir trois.

 

Pauline Egea: Ok.

 

Olivier My: Trois. En vrai, il n’y en a pas beaucoup, mais je vais en prendre trois. Je vais les lire et tu peux décider de la ou les questions auxquelles tu veux répondre.

 

Pauline Egea: Ok.

 

Olivier My: Donc que vas tu faire pour la première fois de ta vie l’année prochaine ? C’est la première question. La deuxième, c’est l’année prochaine, quand tu regarderas les photos que tu as prises, qu’est ce que cela te dira ? Et la troisième, c’est une phrase qu’il faut compléter c’est : le moment est venu de, tu pourras compléter.

 

Pauline Egea: Donc j’en choisis qu’une.

 

Olivier My: Bah, choisis en une.

 

Pauline Egea: Le Qu’est ce que tu vas faire ? J’aime bien là pour la première fois de ta vie parce que j’en ai aucune idée.

 

Olivier My: Bah réfléchis-y maintenant, c’est l’occasion.

 

Pauline Egea: Pour la première fois de ma vie l’année prochaine, je pense que je vais découvrir un endroit que je trouve hyper inspirant, tout comme démarrer un nouveau sport, c’est découvrir un nouvel endroit. Enfin, le monde est chargé de plein de trucs et l’année prochaine, il n’est pas prévu ce trip là mais je vais me dire, je vais découvrir un endroit qui est pas forcément très loin de Paris, mais je vais aller voyager dans un truc que je ne connais pas quoi.

 

Olivier My: Bah super.

 

Pauline Egea: Voilà.

 

Olivier My: C’est déjà pas mal.

 

Pauline Egea: Ouais.

 

Olivier My: Et ce n’est pas un engagement. Encore une fois, c’était juste une question.

 

Pauline Egea: Non mais on va faire ça.

 

Olivier My: Bah super! Merci beaucoup Pauline de t’être prêtée au jeu.

 

Pauline Egea: Merci à toi, Olivier.

 

Olivier My: Et si on veut te contacter, papoter un peu avec toi. Comment est ce qu’on fait ?

 

Pauline Egea: Et bien on m’envoie un petit message soit sur LinkedIn donc Pauline EGEA. Soit par mail, non LinkedIn je réponds. Ou sinon, si je passe à côté du truc par mail directement. Donc pauline.egea@yeita.fr. Yeita ça s’écrit Y E I T A parce que la Yetta, la mamie Yetta ça s’écrivait pas comme ça. On a rajouté un petit i à l’intérieur pour faire comme Haïti, pour dire c’est le monde dans lequel tu vois, pour rajouter quand même un petit twist. Mais non mais sur LinkedIn c’est super. Je réponds, je réponds.

 

Olivier My: Ok, super ! En tout cas merci beaucoup Pauline, c’était extraordinaire. Merci pour ton authenticité, ton audace et pour ton attention en tous cas.

 

Pauline Egea: C’est génial tu t’en es souvenu !

 

Olivier My: Oui, tu vois le triple A et l’andouillette. Tu vois, j’ai gardé ça en tête.

 

Pauline Egea: Génial.

 

Olivier My: Et belle soirée à toi et à la prochaine.

 

Pauline Egea: Merci à toi aussi Olivier. C’était trop bien, Merci!

 

Olivier My: Salut.

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