#01 Entrepreneuriat, Résilience, Personal Branding avec Mona Boujtita

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Résumé

Dans cet épisode de “Change and Chill”, Olivier My et son invitée Mona Boujtita discutent des défis et des récompenses de l’entrepreneuriat dans le monde de la mode durable.

Mona partage son parcours inspirant, de ses débuts en tant qu’ingénieure à la création de sa propre entreprise durant le confinement, axée sur le personal branding et l’upcycling dans l’industrie de la mode.

Elle explore comment son background technique l’a préparée à résoudre les problèmes créatifs et logistiques de l’entrepreneuriat, tout en soulignant l’importance de l’innovation et de la persévérance.

Ce dialogue éclaire la manière dont les passions personnelles peuvent transformer les défis en opportunités et inspirer un changement significatif, résonnant avec ceux qui aspirent à infuser de l’éthique et de la durabilité dans leurs projets professionnels.

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Séquençage du podcast

[00:00:05] Introduction
[00:01:03] Présentation de Mona et de son parcours
[00:02:45] Réflexions sur la formation ingénieur et entrepreneuriat
[00:05:32] Les débuts de Mona dans l’entrepreneuriat
[00:09:48] L’impact familial sur l’esprit entrepreneurial
[00:12:35] Expérience chez Louis Vuitton
[00:19:19] Impact du COVID et remise en question chez Louis Vuitton
[00:24:44] Création de Resap
[00:32:18] Premières opportunités majeures: Galeries Lafayette et Levi’s
[00:42:54] « Qui veut être mon associé? » et montée en popularité
[00:47:28] Défis et fin de Resap
[00:58:48] Réflexions sur la fermeture d’une entreprise et le rebond
[01:04:02] L’importance du personal branding et la reconversion de Mona

Idées Clés

L’Entrepreneuriat comme Chemin de Vie

Mona Boujtita partage son parcours entrepreneurial, soulignant l’importance de l’entrepreneuriat comme un moyen de résoudre des problèmes et de créer un impact positif. Elle met en avant l’idée que l’esprit entrepreneurial peut être présent même chez ceux qui ne sont pas entrepreneurs de profession, comme ses parents immigrés qui ont reconstruit leur vie en France.

Le Personal Branding, un Atout Incontournable

Mona explique comment le personal branding a joué un rôle crucial dans sa capacité à rebondir après la fermeture de sa startup. Elle souligne que développer une image personnelle forte et authentique en ligne permet d’attirer des opportunités et de créer une communauté fidèle qui suit l’individu au-delà des projets spécifiques.

Saisir les Opportunités et Apprendre des Échecs

Tout au long de son aventure avec Resap, Mona a démontré une capacité à saisir les opportunités, même lorsqu’elle n’était pas totalement prête. Elle partage aussi l’importance d’apprendre de ses échecs et de les voir comme des étapes vers le succès, en insistant sur le fait que chaque expérience est une occasion d’apprentissage et de croissance.

L’Importance de l’Honnêteté avec Soi-même

Mona insiste sur la nécessité d’être honnête avec soi-même, surtout en période de difficulté. Elle admet qu’elle a parfois ignoré les signes avant-coureurs de la chute de sa startup, soulignant que reconnaître et affronter la réalité est essentiel pour prendre des décisions éclairées et éviter de prolonger l’agonie d’un projet.

La Résilience et le Rebond

Malgré les défis, Mona a su rebondir rapidement en utilisant son personal branding. Elle a transformé son expérience en une source de contenu et d’inspiration pour d’autres entrepreneurs, démontrant que même après une chute, il est possible de se relever et de continuer à avancer avec succès.

Mots-clés

  • Changement
  • Inspiration
  • Entrepreneuriat
  • Personal Branding
  • Carrière
  • ⁠Histoires de vie
  • Créativité
  • Identité de marque
  • Réinvention
  • Développement professionnel
  • Upcycling
  • Mode durable
  • Olivier My
  • Mona Boujtita

Olivier My: Bienvenue sur Change and Chill, le podcast où l’on parle de changement, simplement. Je suis Olivier My et avec mes invité.e.s, nous explorons comment le changement peut être une force positive dans nos vies. Des histoires inspirantes avec une touche de légèreté. Dans ce nouvel épisode, j’ai le plaisir d’accueillir Mona Boujtita. Salut Mona ! Comment ça va ?

 

Mona Boujtita: Hello ! Ça va très bien. Et toi ?

 

Olivier My: Est ce que tu es bien installée surtout ?

 

Mona Boujtita: Très bien, Merci beaucoup.

 

Olivier My: Dans ce temps un petit peu froid, c’est important qu’on soit cosy pour pouvoir discuter ensemble.

 

Mona Boujtita: Et là, on est cosy, on a une petite bougie à côté de nous. Tout va bien.

 

Olivier My: Intitulée « Doux Rêves ». J’espère que l’on va pouvoir rêver un petit peu avec toi aujourd’hui. Est-ce que pour commencer, tu peux te présenter s’il te plaît ?

 

Mona Boujtita: Avec plaisir. Donc moi, je suis entrepreneure depuis quatre ans. J’ai monté ma première boîte en 2020 pendant le confinement et c’était une marque de vêtements qui s’appelait RESAP Paris. Donc on faisait de l’upcycling et j’ai fermé la boîte il y a quelques mois, il y a six mois à peu près. Et aujourd’hui je suis dans le personal branding et j’accompagne des dirigeants à développer leur image en ligne. Voilà.

 

Olivier My: Super! Donc le sujet du personal branding, c’est quelque chose que tu connais très bien.

 

Mona Boujtita: Exactement.

 

Olivier My: Et donc c’est quelque chose qui peut effectivement changer énormément de choses dans la vie des gens et c’est sûrement un des sujets que l’on abordera. Mais justement, vu que tu as abordé le sujet dans ta présentation, j’ai été particulièrement fasciné par cette expérience entrepreneuriale que tu as pu avoir. Est ce qu’on pourrait commencer par là ?Pour voir en fait tout le trajet qui t’a amené justement à travailler sur le personal branding ? Donc d’où est ce que tu viens ? Alors initialement, tu me disais que tu avais une formation plutôt d’ingénieur, C’est ça ?

 

Mona Boujtita: C’est ça. Donc moi j’ai fait mes études à Nantes, j’ai grandi à Nantes, etc. Et après mon bac, du coup je suis partie en école d’ingénieur, donc j’ai fait cinq ans, six ans avec la césure. Mais j’ai fait toutes mes études en AG en ingé, en génie industriel,

 

Olivier My: Génie industriel donc vraiment rien à voir.

 

Mona Boujtita: Ouais, rien à voir. Après, moi je trouve que ingénieur, ça prépare vraiment à l’entrepreneuriat. Parce qu’en fait, ingénieur, c’est tu résous des problèmes et en fait l’entrepreneur c’est tu résous des problèmes.

 

Olivier My: Tu résous des problèmes ouais.

 

Mona Boujtita: Donc moi je trouve que les ingénieurs font des très bons entrepreneurs en général. Et que justement, limite, on ne pousse pas assez les ingénieurs vers cette branche, on ne leur dit pas assez qu’ils peuvent devenir entrepreneurs parce qu’en fait c’est des profils où justement ils comprennent un peu tous les cœurs de métier. Ils peuvent dialoguer avec tous les corps de métiers. Moi je sais que j’ai pas une spécialité, tu vois, je ne suis pas ingénieure aéronautique où tu vois là c’est vraiment hyper spécifique. Moi c’est vraiment l’ingénieure entre guillemets généraliste qui va pouvoir discuter avec tout le monde, faire des liens, connecter et gérer des projets en fait. Et du coup c’est top pour l’entrepreneuriat.

 

Olivier My: Et l’entrepreneuriat d’ailleurs on en parle un peu dans ton école ou en tout cas à l’époque où tu y étais ?

 

Mona Boujtita: Pas énormément, tu vois. Justement, j’ai regardé la stat il n’y a pas longtemps et il y a seulement 1 % des ingénieurs qui sont diplômés de mon école qui deviennent entrepreneurs à la sortie de l’école.

 

Olivier My: C’est pas beaucoup.

 

Mona Boujtita: Ouais donc et je crois que c’est pas beaucoup plus de manière générale en France. Donc on en parle un petit peu. J’ai quand même fait un double master en entrepreneuriat.

 

Olivier My: Excusez moi madame !

 

Mona Boujtita: À l’IAE à côté. Donc j’ai quand même fait ça, mais tu vois, ça reste hyper théorique. Enfin, quand tu connais le vrai entrepreneuriat, tu vois, c’est quand même une bonne approche, mais in fine. Après c’est vrai que l’entrepreneuriat tu l’apprends sur le terrain. In fine, donc. Mais c’est peut être ce qui manquait, peut être. C’est juste un peu plus de culture autour de l’entrepreneuriat. Et moi, c’est vraiment ça que j’ai développé toute seule à côté, avec des podcasts, des vidéos YouTube, des lectures. Et très vite, je me suis intéressée à l’entrepreneuriat et très vite je me suis autoformée sur le sujet pour découvrir ce milieu là.

 

Olivier My: Mais c’est vrai que j’ai l’impression que dans les écoles d’ingénieurs parce que moi du coup, je viens aussi d’écoles d’ingénieurs, c’est pas quelque chose qui est tellement mis en avant. Alors du coup, de mon côté, c’est un petit peu différent parce que on a de ce que je me souviens, une sorte d’association qui avait en fait pour objet de pousser un petit peu à l’entrepreneuriat. Il y avait une sorte de junior entreprise déjà, donc c’est pas exactement pareil qu’une junior entreprise, c’est en gros des entreprises qui nous demandent de faire des choses à tarif plus bas et tu le fais. Donc tu rentres dans le monde du travail. Il y a une petite dimension d’entrepreneuriat au sens où tu vas essayer de chercher un peu des clients, mais il n’y a pas la dimension d’entrepreneuriat au sens tu vois : créer son offre, définir sa cible. Il n’y a pas ce genre de choses là. Et je me dis que dans les écoles, peut être que c’est quelque chose qui n’est pas trop valorisé de manière générale, je sais pas toi l’avis que tu as sur est ce que dans ton école l’entrepreneuriat était quelque chose qui était une des options ou au contraire en fait on vous disait à vous étudiants, étudiantes, vous serez dans des grands postes, dans des grosses boîtes, etc.

 

Mona Boujtita: Ouais, c’était plus ça le débouché, c’était plus vous allez faire du conseil dans un grand groupe, tu vois ?

 

Olivier My: Ouais, c’est ça.

 

Mona Boujtita: Après, j’ai quand même fait une école qui était assez ouverte sur les orientations et qui était vachement. Il y avait une grosse partie un peu de développement personnel. Qu’est ce que tu veux vraiment faire ? Introspection pour que tu puisses vraiment choisir. Mais in fine, il y a quand même la majorité des gens qui partent en conseil,

 

Olivier My: D’accord.

 

Mona Boujtita: Et après il y a quand même des profils, tu vois, il y a beaucoup de gens qui sont dans mon école, qui sont devenus profs ou qui ont fait des métiers, qui ne sont pas ingénieurs, même qui sont dans des assos, etc. Mais entrepreneurs, pas vraiment. Mais je pense que c’est plus parce qu’il y a une non-connaissance, tu vois des professeurs de l’école sur l’entrepreneuriat et du coup bah forcément vu qu’ils ne connaissent pas, ils en parlent moins. Donc je pense que c’est plus ouais le fait qu’il n’y a pas de profs entrepreneurs, il n’y a pas ce mindset et cette culture, donc c’est très dur de le transmettre quand tu ne l’as pas.

 

Olivier My: Oui, c’est sûr. Et donc dans cette école, là où le mindset d’entrepreneur n’est pas forcément partagé, toi tu commences par quoi ? Parce que si on t’en parle pas, c’est dur de t’y intéresser. Donc du coup tu commences pas forcément par l’entrepreneuriat. Donc tu commences par quoi en fait quand tu sors d’école ?

 

Mona Boujtita: Ouais mais je m’y intéressais quand même pendant mes études.

 

Olivier My: Ok, d’accord, et qu’est ce qui a généré cette envie ?

 

Mona Boujtita: Franchement, j’ai toujours été attirée par l’entrepreneuriat. Je me souviens de même quand j’étais petite avec ma famille. On parlait de qu’est ce qu’on peut inventer comme truc ? Tu vois, on était. Je me souviens qu’on était vachement dans ce truc un peu innovant. On pourrait créer ça, on pourrait faire ça.

 

Olivier My: Et tu as une famille d’entrepreneurs aussi ou pas ?

 

Mona Boujtita: Non, mes parents, mes deux parents sont salariés.

 

Olivier My: C’est marrant ça. Ça veut dire que tu as une famille qui n’est pas dans le monde de l’entrepreneuriat. Mais ils ont quand même sollicité ta créativité d’entrepreneure pour justement innover à ta manière.

 

Mona Boujtita: Exactement. Je pense. Après mon père est chercheur tu vois,

 

Olivier My: Donc il cherche.

 

Mona Boujtita: Donc il cherche. Donc il a quand même toujours ce truc de innovant, tu vois, de ah, on pourrait faire ça. Ah en fait, cette recherche scientifique pourrait servir à cette innovation. Tu vois, il a un peu quand même ce truc de comment il peut développer des technologies pour aider des entreprises, ce qui, il est dans l’électrochimie. Donc tu vois, il a un peu ce mindset quand même. Et après, enfin, il y a quand même un peu quand même un esprit un peu entrepreneur dans ma famille, dans le sens où par exemple, ma grand mère et mon grand père ont monté une école au Maroc. Tu vois, ma famille travaille dans cette école. Donc il y a quand même des petits.

 

Olivier My: Ah oui quand même.

 

Mona Boujtita: Il y a des petits trucs, tu vois. Mais mes parents sont salariés dans le sens où dans mon quotidien, je les ai vus aller au travail le matin, revenir le soir, travailler du lundi au vendredi, tu vois.

 

Olivier My: Ouais je comprends, je comprends. C’est pour ça que j’aime bien faire la différence entre le statut salariat, freelance, etc. tu vois ? Et l’esprit entrepreneurial.

 

Mona Boujtita: Oui.

 

Olivier My: Parce que effectivement, quand on est free, on peut aussi, comme moi je l’ai fait pendant des années, simplement continuer la route qu’il y avait avant. Simplement répondre aux demandes de clients sans forcément réfléchir à cette dimension de qu’est ce que j’apporte au monde ? Quelle est la valeur que j’apporte au monde, ce que je définis comme étant l’esprit entrepreneurial. Et à l’inverse, être en cdi et ouvrir une école au Maroc par exemple, tu vois ? Ce qui pour moi au contraire est une preuve d’un esprit entrepreneurial qui était en germe peut être, mais qui s’est exprimé d’une autre manière. C’est à dire que c’est pas forcément sur ça qu’ils vont essayer de chercher à gagner de l’argent, mais c’est une source d’épanouissement quand même, parce que c’est quand même un effort. Il y a plein de choses à connaître. J’imagine que administrativement, il y a plein de choses à faire. Toi, tu y as contribué à ce projet là ?

 

Mona Boujtita: Moi non. Je n’étais pas née.

 

Olivier My: C’était encore avant alors.

 

Mona Boujtita: Oui. En fait, c’est mes grands parents qui ont monté cette école. Et après du coup, mes oncles et mes tantes travaillent dans cette école, tu vois. Donc c’est un projet familial, mais elle a été créée bien avant ma naissance.

 

Olivier My: Oui.

 

Mona Boujtita: Mais aujourd’hui cette école existe et ma famille travaille encore dedans. Donc tu vois, je connais l’école etc. Mais moi je n’y ai jamais contribué personnellement.

 

Olivier My: Pas encore, peut-être.

 

Mona Boujtita: Pas encore.

 

Olivier My: C’est ça, ouais.

 

Mona Boujtita: Ouais, mais après dans tous les cas je considère comme tu as dit, il y a cette idée de l’esprit entrepreneurial. Je considère aussi mes parents comme des entrepreneurs, même s’ils n’ont jamais monté de boite etc. Dans le sens où tu vois je trouve, mes parents sont du coup immigrés du Maroc et je pense que juste en fait les immigrés pour moi ce sont des entrepreneurs parce que le fait de quitter un pays pour venir tout reconstruire ailleurs, étudier ailleurs. Tu vois, en fait, ils ont tout bâti en partant de zéro. Construire une famille, acheter une maison. Tu vois monter en niveau social, etc. Je trouve que ça vient d’un esprit entrepreneurial.

 

Olivier My: Je te rejoins tout à fait. Je ne sais pas à quelle époque sont venus tes parents, mais les miens ont à peu près le même passé sous un certain angle. Moi je suis la première génération qui est née en France. Je ne sais pas toi aussi ? Et donc moi, ils ont fui la guerre aussi. Ils sont arrivés en tout cas ma mère, elle est arrivée à douze ans ici. Donc c’est quand même fou de se dire qu’il y a des personnes qui sont venues d’un autre pays, rentrer dans une nouvelle culture et réussir à s’intégrer déjà. Alors déjà que je trouve en tant que français, rentrer juste dans un groupe de personnes, c’est pas évident, tu vois. Tu imagines que tu viens d’un autre pays, dans un autre pays, avec une culture que tu connais plus ou moins ? Je pense que s’ils ont décidé de venir en France, c’est qu’il y avait peut être une connexion. Te créer en fait un réseau suffisamment, on va dire qualitatif pour pouvoir progresser. Donc Moi elle est arrivée en étant enfant. Donc elle est rentrée dans le système scolaire. Donc il faut aussi apprendre la langue. Il faut grandir avec les autres, avec les bagages qui ne sont pas les mêmes. Et ensuite il faut tout bâtir. Et ce que tu dis je trouve qui est très fou dans la capacité que tes parents ont eue et les miens de tout bâtir de quasiment zéro pour avoir ce que l’on a aujourd’hui quoi.

 

Mona Boujtita: Exactement.

 

Mona Boujtita: Et du coup, au final, tu vois, je me dis, le fait de bâtir tout ce qu’ils ont bâti, limite c’était plus dur que aujourd’hui moi monter une boîte, tu vois.

 

Olivier My: C’est marrant, j’ai vraiment la même sensation quoi. Moi, quand des fois je regarde en arrière, je fais C’est dingue quoi, ce que vous avez fait pour avoir ce que vous avez aujourd’hui. Ça veut dire qu’aujourd’hui il y a des gens qui partent de là où vous étiez peut-être à l’époque, mais ils n’y arrivent pas parce que le monde a changé. Il y a plein de choses qui se sont passées aussi entre temps. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, il y a quand même une. Non seulement il y a des gens qui n’arrivent pas à faire ce qu’ils ont fait et en même temps, il y a une facilité avec Internet qui a changé énormément la donne. Parce qu’à leur époque, en fait, ça n’existait pas. Et donc cet esprit entrepreneurial donc on voit que c’est quand même quelque chose qui était chez toi, mais tu ne t’es pas lancée tout de suite.

 

Mona Boujtita: Ouais, donc je me suis formée donc beaucoup de choses avec The Family qui à l’époque ont mis énormément de vidéos sur YouTube.

 

Olivier My: Ok.

 

Mona Boujtita: Et donc moi je suis tombée là-dessus et j’ai un peu absorbé, bu toutes les paroles de ce que je voyais de The Family qui ont eu un énorme impact en vrai dans l’écosystème français entrepreneurial. Je ne sais pas si tu avais regardé.

 

Olivier My: Moi, je n’étais pas trop dans ce monde là tu sais.

 

Mona Boujtita: C’était il y a dix ans. Mais du coup, ils ont vraiment éduqué toute une génération à l’entrepreneuriat alors qu’en France c’était encore pas non plus développé. Donc moi j’ai appris avec eux, genre les bases et après j’écoutais plein de podcasts sur l’entrepreneuriat à impact etc. Mais en sortie d’école, j’ai. Enfin moi quand je suis entrée en école d’ingénieur, à la base c’était je voulais travailler dans le luxe, je voulais travailler, je me voyais travailler dans une grande maison, avoir une carrière, tu vois, monter les échelons. Et je me disais Ok, je veux entreprendre, mais je pense que je vais entreprendre tu vois, à 45 ans, à 50 ans, tu vois.

 

Olivier My: Quand j’aurais déjà en fait des bases un peu établies.

 

Mona Boujtita: Ouais, vraiment, c’était. J’ai tout donné dans un taff, je vais me donner à fond et un jour, tu vois, je vais faire la crise.

 

Olivier My: La fameuse crise de la quarantaine.

 

Mona Boujtita: La quarantaine. Je vais tout quitter, j’ai monté ma boîte, etc. Et je voyais souvent des reportages en plus de gens qui à 40 ans, tu vois quitter leur carrière chez L’Oréal pour aller monter une asso pour aller faire un truc. Et je me disais ça.

 

Olivier My: C’est moi dans quelques années.

 

Mona Boujtita: C’est ça.

 

Olivier My: Donc tu avais déjà en fait toute l’histoire qui était dans ta tête.

 

Mona Boujtita: Ouais mais bon, ça s’est pas passé comme ça. Forcément, la vie est toujours plus créative que nous. Et donc je me suis dit moi je veux travailler dans le luxe. Donc tout mon projet professionnel était là-dessus. Donc tous mes stages, j’ai eu la chance de les faire chez Louis Vuitton.

 

Olivier My: Donc déjà tu as pu rentrer dans le domaine que tu cherchais.

 

Mona Boujtita: Ouais. J’étais hyper déterminée pour faire le truc. Donc j’avais commencé ma recherche de stage hyper en avance, j’avais contacté tout le monde, etc. Je suis rentrée, premier stage en atelier chez Louis Vuitton.

 

Olivier My: Ouais. Tu devais faire quoi ?

 

Mona Boujtita: Au début, le premier stage, c’était un stage ouvrier, tu sais.

 

Olivier My: Ouais.

 

Mona Boujtita: J’étais à la logistique et je faisais de la préparation de commandes pour les chaînes de production.

 

Olivier My: Ok. Ça va, c’était sympa ?

 

Mona Boujtita: Ouais, franchement, c’était trop bien. C’était, t’es dans l’atelier de production Louis Vuitton. Donc même si je faisais juste.

 

Olivier My: Tu vois les sacs passer.

 

Mona Boujtita: Même si je faisais juste de la préparation de commandes, c’était trop bien tu vois.

 

Olivier My: Et il y a un truc que tu as appris là-bas ou que tu as découvert là-bas ?

 

Mona Boujtita: Ouais, j’ai appris l’excellence. Genre vraiment, moi j’ai été fascinée par la rigueur du travail, par l’esprit. Tu vois le mindset de l’excellence qu’il y a partout dans la boîte. Et donc tu vois, ça se ressent sur le produit. Ça se ressent sur comment les gens travaillent, sur les process, sur même l’environnement. C’est vraiment, tout est pas parfait, mais tu vois super bien pensé, etc.

 

Olivier My: Il y a vraiment un souci du détail c’est ça ?

 

Mona Boujtita: Il y a un souci du détail. Il y a un autre truc qui m’a marqué, c’est. Il y a plusieurs trucs qui m’ont marqué.

 

Olivier My: Vas-y vas-y, un par un.

 

Mona Boujtita: Le leadership des dirigeants, là-bas.

 

Olivier My: Quand tu dis dirigeant, c’est qui ? Parce que je suppose qu’il y a des dirigeants intermédiaires ?

 

Mona Boujtita: Il y a les managers, mais il y a surtout tu vois il y avait je me souviens du directeur de l’atelier qui venait. Chaque semaine, il faisait un discours à l’atelier et avec vraiment une vraie prestance et un vrai discours qui rassemblait, qui était vraiment en mode.

 

Olivier My: Fédérateur.

 

Mona Boujtita: Fédérateur, tu vois ? Enfin tu écoutes le discours et tu es en mode allez, j’ai envie de travailler la semaine prochaine, tu vois, j’ai envie de dépasser mes objectifs, etc. Et j’ai trouvé ça hyper puissant parce qu’en fait il arrivait à ce que du coup toutes les maroquinières et toutes les donc les ouvrières etc qui font le travail entre guillemets, ça reste du travail à la chaîne, même si c’est un atelier de production. Il arrivait à les rassembler autour d’une mission commune et autour de : vous travaillez pour un truc qui est plus grand que vous. Et vous travaillez pour la maison Louis Vuitton.

 

Olivier My: C’est pas juste mettre des boutons sur un sac et y coller des choses quoi.

 

Mona Boujtita: Ouais. Là vous êtes en train de contribuer à un truc qui est ouf! Et du coup, tout le monde était en mode on est trop contents de travailler pour ce monsieur mais aussi pour la maison. On est trop contents de faire ce travail. Il partageait les chiffres, il disait c’est grâce à vous, etc. Donc ça, ça m’avait beaucoup marquée de voir un leader qui était vraiment un vrai leader, tu vois, par son discours, sa prestance et la considération qu’il avait aussi pour les employés. Donc tu vois, il serrait la main à tout le monde. Je trouve qu’il y avait ce mélange d’exigence et de considération qui était excellente.

 

Olivier My: C’est super d’avoir un exemple comme ça, surtout pour un stage ouvrier, parce que j’ai, en tout cas j’ai eu des collègues qui ne m’ont pas du tout raconté ça dans leur stage ouvrier et je trouve que c’est un bel exemple de leadership qui montre que c’est pas juste le statut de la personne qui fait que les gens se mettent au travail. Mais au contraire, c’est toutes les actions que cette personne mettait en œuvre pour engager les personnes justement dans un travail, mais pas juste pour faire le travail, mais pour justement cette cause plus grande que tu évoquais. Et c’est super comme exemple parce que je connaissais pas trop le domaine du luxe jusqu’à ce que je rencontre quelques personnes qui travaillent aussi dans le luxe et qui me disaient qu’effectivement il y avait autre chose qu’un prix cher, notamment à Louis Vuitton. Que derrière il y a toute l’expérience aussi.

 

Mona Boujtita: Ah oui, et c’est une expérience folle.

 

Olivier My: Et c’est ça que je trouve intéressant. C’est pour ça que je suis aussi curieux sur cette dimension tu disais, ça change la manière dont les personnes aussi travaillent. Est ce que tu peux nous en dire plus un petit peu sur ça ? Qu’est ce qui pour toi faisait que cette ambiance crée un mode de travail un peu différent ?

 

Mona Boujtita: Ouais, et bien justement, le troisième point que j’ai retenu de mon expérience en atelier, c’était vraiment à quel point les salariés étaient engagés dans leur travail et à quel point ils étaient fiers. Il y a une fierté de travailler pour Louis Vuitton et en fait, c’est pour ça qu’ils sont aussi fidèles. Et tu vois, à l’atelier, tu vois des femmes qui travaillent dans l’atelier depuis 40 ans 50 ans, elles sont rentrées à 18 ans et elles en ont 60 et elles sont toujours là, tu vois. Et elles ont toujours cette même fierté de : je travaille pour une des plus belles maisons du monde, tu vois ?

 

Olivier My: Ouais c’est quelque chose de super important. En tout cas, ça résonne chez moi cette notion de fierté. Parce qu’aujourd’hui, ce que je vois en entreprise, c’est au contraire que cette fierté s’est un peu évaporée et que les gens y vont de manière un peu alimentaire, même si les gens aiment leur travail tu vois je sens de moins en moins, on va dire, cette dimension de voilà ce que je fais, ça apporte quelque chose et ça contribue à quelque chose qui résonne chez moi en interne. Voire même, c’est ok au final que je fasse n’importe quoi. De toute façon, c’est pas mon problème. Et effectivement, je trouve que c’est quelque chose qui est dommage. Donc c’est intéressant de voir que dans d’autres domaines aussi de par l’environnement qui est créé par le leadership, des personnes peuvent être fières de ce qu’elles produisent. Et je pense que ça change tout dans l’ambiance de travail en même temps.

 

Mona Boujtita: Oui, carrément, parce que les gens sont engagés, ils sont contents d’être là. Après, je ne parle pas pour tout le monde, etc. Mais de manière générale, l’ambiance qui en dégage, c’est des gens qui sont contents d’être là, qui sont fiers d’être là, qui sont fiers de contribuer à développer cette entreprise, qui sont soucieux de leur travail et qui font les choses bien avec excellence. En fait, je pense que cette notion d’être engagés dans le sens où on leur partage les chiffres, on leur partage les actualités, tu vois, on va leur dire bah Louis Vuitton cette semaine va participer à cet event ou voilà ou aujourd’hui sur la boutique de Miami il y a eu tant de ventes de ce produit d’excellence. Tu vois, en fait, on va vraiment les inclure dans le projet. Et du coup, même si toi tu as juste à faire cette tâche répétitive toute la journée, bah tu as l’impression que t’es vraiment considérée et que tu participes à ce que ça avance, tu vois. Alors que je trouve que dans. Je pense que dans beaucoup de métiers d’entreprise, les gens ne sont pas inclus, tu vois, dans.

 

Olivier My: Ou parfois un peu trop tard.

 

Mona Boujtita: Ou trop tard. Et du coup ils sont détachés du truc en mode ah bah en fait.

 

Olivier My: On ne m’a pas demandé mon avis, alors je ne vais pas non plus y mettre plus que ça comme effort quoi. Non mais c’est sûr, j’entends de la transparence, ce qui est surprenant mais c’est parce que je n’avais pas cette vision du luxe et aussi un partage du rêve commun. Parce que je trouve qu’effectivement, quand on est dans une maison de luxe comme Louis Vuitton, il y a quelque chose, je ne sais pas qui navigue autour de ce qu’on apporte au monde. Il y a, il y a une image, il y a aussi derrière, il y a une histoire, derrière.

 

Mona Boujtita: Il y a une histoire et puis je pense qu’il y a l’excellence qui est aussi ce truc où tu as tout le temps envie de progresser. Parce qu’en fait, tu ne veux pas te reposer sur tes acquis. En fait, on te demande tout le temps de progresser, de fournir un produit d’excellence et je pense que c’est un vrai driver. D’ailleurs, c’est quelque chose qu’ils répètent souvent dans la maison Louis Vuitton, c’est quelque chose qui est tout le temps répété en management. C’est : c’est en étant exigeant avec les gens qu’on les fait progresser. Et en fait, du coup, ils sont tout le temps en train de faire progresser les gens et du coup je pense que ça te maintient aussi intellectuellement de je progresse donc moi aussi je suis fier de moi parce que j’ai progressé. Et du coup on me dit que c’est bien. Du coup tu vois, je pense que c’est.

 

Olivier My: Un cercle vertueux.

 

Mona Boujtita: Ouais, et ça contribue à ton estime de toi même parce que tu sens que tu stagnes pas dans ta vie, etc. Donc je pense qu’ils ont réussi à créer un truc où c’est bénéfique pour les employés et c’est bénéfique pour eux et ça fait avancer les choses.

 

Olivier My: En tout cas, c’est une belle phrase, être exigeant avec les gens pour les faire progresser. Mais ça veut dire qu’il y a aussi une dimension de reconnaissance de l’effort, du travail des gens et des résultats, tout en leur demandant de faire potentiellement un peu plus la prochaine fois, sans forcément les cramer parce que ce n’est pas l’idée mais cette dimension d’inclusion et d’engagement que tu décris effectivement, je trouve ça extraordinaire quand tu le racontes avec ces yeux de stage ouvrier.

 

Mona Boujtita: Ouais, c’était une belle première découverte du monde du travail.

 

Olivier My: Dans le luxe en plus.

 

Mona Boujtita: Dans le luxe.

 

Olivier My: Ok. Donc tu fais cette première expérience là et ensuite tu continues dans la même maison, c’est ça ?

 

Mona Boujtita: Donc après oui, je continue à la maison, je fais un stage de césure de six mois, là au siège à Paris. Donc là je suis en développement matière. Donc là je suis vraiment, je passe à.

 

Olivier My: Rien à voir alors, là c’était vraiment dans un métier encore plus précis, parce qu’avant tu étais dans la logistique, tu disais ?

 

Mona Boujtita: Ouais, là c’est la logistique avant. Et donc là je passe vraiment à un poste qui est un poste de future ingénieure. Donc c’est sur la partie maroquinerie donc la conception des sacs. Et là du coup, je suis l’intermédiaire entre les ateliers de production et les designers. Donc les designers vont me dire ben nous, là, on veut développer un nouveau sac, ça va être ce vert là, avec ce motif là, etc. Moi, je vais aller voir les fabricants et je vais leur dire Il faut qu’on arrive à développer ce truc là. Et donc je vais faire l’intermédiaire entre les corps de métier. Et je vais aussi être, parler avec les chefs de projet avec, tu vois. Donc, c’est vraiment un métier qui est transverse, que j’ai adoré parce que c’est transverse, parce que tu parles un peu avec tout le monde. Et j’avais aussi un truc, c’est que moi dans mon école d’ingénieur, s’il y avait bien un truc qui me manquait, c’était tout l’aspect créatif. Et c’est aussi pour ça que je voulais retourner dans le milieu de la mode ou du luxe et tout. C’est parce que je suis hyper créative et donc j’adore tout ce qui est créatif. Créer un truc de zéro. J’adore aussi tout ce qui est beau. Et donc là, pouvoir avoir accès aux designers de chez Louis Vuitton. C’était aussi une magnifique expérience parce que j’étais au cœur de la création. T’arrives dans les studios où c’est vraiment, tu vois ce que tu vois dans les films, tu vois les studios créatifs et tout. Donc. Et en plus tu es à Paris, rue Rivoli.

 

Olivier My: Oui ok.

 

Mona Boujtita: J’avais l’impression d’être dans un film américain, tu vois, de la fille qui fait son stage dans la mode, tu vois.

 

Olivier My: Mais au moins tu pouvais voir aussi un petit peu voir le produit, passer du rêve à la réalité.

 

Mona Boujtita: C’est ça ouais.

 

Olivier My: Parce que là tu avais vraiment accès à des gens qui étaient créatifs mais qui aussi rendaient la chose concrète. Donc l’expérience, en tout cas, ça t’a donné les étoiles aux yeux, comme les gens ne le voient pas mais elle avait les étoiles aux yeux quand elle en parlait. Donc ça, c’est la deuxième expérience que tu avais. Tu progresses dans les échelons aussi là-bas. Et tu fais quoi après ? Tu y restes ? Tu y restes pas ?

 

Mona Boujtita: Non bah du coup c’était césure. Mais après je fais une troisième expérience là bas, donc je refais un stage de six mois encore. Donc je suis reprise dans la même équipe parce que ça s’était super bien passé et je continue un peu dans la même lignée. C’est un peu plus ou moins le même poste, toujours en tant que je suis plus ou moins cheffe de projet dans la maroquinerie. Et donc je finis mon stage et à ce moment là covid. Tu vois, moi j’étais rentrée à la base en mode Ah, je fais mon stage chez Vuitton, je vais être embauchée là-bas parce que c’est un stage de fin d’études.

 

Olivier My: Il faut commencer l’histoire je veux dire, à un moment donné, il faut rentrer dans la boîte pour atteindre les 40 ans et après tout balancer, tu vois.

 

Mona Boujtita: Il faut commencer le plan.

 

Olivier My: C’est ça.

 

Mona Boujtita: Donc pour moi, c’était vraiment je rentre pour être embauchée en fin d’études parce que voilà, troisième stage chez Vuitton, ça se passe super bien, donc c’était la suite logique tu vois.

 

Olivier My: En plus tu avais déjà deux expériences avant, donc ça veut dire quand même que tu fittais bien au profil de la boîte.

 

Mona Boujtita: Ouais, c’est ça. Suite logique. Donc là, le covid arrive et donc ça rabat un peu toutes les cartes parce que bah les embauches sont gelées, tu vois à l’époque. Enfin c’est un peu le bazar parce que eux en fait, toutes leurs boutiques sont fermées pendant le covid, donc eux ils ne savent pas ce qui va se passer. Ils réduisent les budgets, etc. Donc je comprends assez vite que ça va être très chaud pour une embauche directe après le stage. Et en parallèle, je me souviens que moi je commence aussi à avoir un peu une quête de sens à cette époque là où je me dis mais en fait là c’est le covid, le monde est en train de couler on va dire, il y a une pandémie mondiale et moi je suis en train de faire des sacs qui valent 10 000, 20 000, 30 000, 50 000 € pour des gens qui sont déjà extrêmement riches. Et je commence à me dire mais en fait.

 

Olivier My: Est ce que je suis au bon endroit ?

 

Mona Boujtita: Est ce que je suis au bon endroit et est ce qu’il n’y a pas un endroit où je pourrai plus contribuer ? Et en fait, est ce que ça a du sens en fait de vendre des sacs à des gens ultra riches alors que le monde est en train de couler tu vois. Et donc là, je commence un peu à avoir ces réflexions là ou alors qu’avant j’étais en mode carrière. Le luxe, tu vois.

 

Olivier My: C’est un peu comme ça qu’on nous drive quand on est dans les écoles. Voilà, vous serez l’élite de la France, etc.

 

Mona Boujtita: Vous êtes l’excellence.

 

Olivier My: Non mais voilà, c’est ça, c’est important. Et après des fois on fait simplement notre bonhomme de chemin sans penser trop à ce qui se passe autour. Donc là, tu as quand même un petit coup d’arrêt sur le grand plan que tu avais. En même temps, tout le monde s’est arrêté en même temps et quand même tu as fait une pause sur : ok, mon rêve, c’était d’aller dans cette direction là. Et maintenant, je me rends compte aussi que ce à quoi je contribue, ça ne résonne pas tant que ça avec qui je suis et tu te dis je vais créer une autre histoire.

 

Mona Boujtita: C’est ça l’idée de créer un nouveau chemin arrive et à ce moment là, je me souviens que je travaillais chez Vuitton mais en même temps, toute la journée, j’écoute des podcasts sur les entrepreneurs à impact qui racontent comment ils ont créé tu vois, too good to go. Tu vois qu’ils ont créé des innovations qui ont permis en fait d’aider le monde, etc. Et du coup, je me dis ah mais en fait, peut être que je pourrais.

 

Olivier My: Et moi alors ? Est ce que je pourrais faire un truc ?

 

Mona Boujtita: Créer un truc qui va vraiment aider les gens et qui va vraiment contribuer à ce que ce monde s’améliore et pas l’inverse, tu vois.

 

Olivier My: C’est à dire que tu n’avais pas arrêté depuis l’école à continuer à écouter ces podcasts d’entrepreneuriat.

 

Mona Boujtita: Non toujours. Vraiment, ça faisait vraiment partie de mes passions, dans le sens où quand j’ai du temps libre et encore aujourd’hui, tu vois, l’entrepreneuriat fait partie de mes passions. Parce que pour moi, écouter un podcast sur l’entrepreneuriat c’est un kif. C’est vraiment ce que je vais faire sur un temps libre, sur un trajet, etc.

 

Olivier My: Il y a toujours une inspiration à avoir par rapport à un trajet, une décision, même un échec, un apprentissage de quelqu’un. C’est toujours une pierre de plus qu’on peut éviter chez nous aussi.

 

Mona Boujtita: Exactement. Donc moi j’adore écouter les histoires des gens. Enfin, je pense. C’est ma passion, c’est écouter l’histoire des gens et encore plus des entrepreneurs. Et donc en fait, je commence ces podcasts, tu vois, petit à petit je les écoute et petit à petit ça réveille un truc en moi. Je commence à avoir des idées, etc. Et du coup, en parallèle, je commence à créer un compte Instagram du coup avec mes associés de l’époque pour dire ok, comment on peut créer une mode qui est plus alignée avec nos valeurs ? Parce qu’à ce moment là, il y avait aussi le scandale des Ouïghours qui avait éclaté, qui montrait que tout Zara, H&M, enfin toute la Fast-fashion, était en fait fabriquée dans des conditions extrêmement graves. Et donc toute ma génération qui avait consommé énormément de fast-fashion plus jeune, etc commençait à dire mais en fait on n’a plus envie de contribuer à ça et on n’a plus envie de porter des vêtements sur lesquels on n’est pas du tout alignés. Donc il y a eu aussi un peu ce mouvement là qui est là. Et du coup, nous, on a créé un compte Instagram en disant Ok, on en a tous marre de créer de la fast fashion. Qu’est ce qu’on peut faire ? Quels types de solutions on peut mettre en place pour.

 

Olivier My: Pour changer les choses.

 

Mona Boujtita: Pour changer les choses tout en restant stylé. Tu vois.

 

Olivier My: Je viens quand même de la mode c’est pas pour mettre des torchons après quoi.

 

Mona Boujtita: Exactement. Parce qu’on disait ça aussi. En fait, on disait il y a plein de marques éco-responsables, mais c’est très simple, etc. Nous, on kiffe s’habiller, on kiffe être dans le style et tout. Qu’est ce qu’on peut faire.

 

Olivier My: Kiff et chic.

 

Mona Boujtita: Exactement pour être stylées tout en restant alignées avec nos valeurs. Donc en fait, on part un peu dans ce délire là. Et en fait, moi à l’époque, je vraiment je ne connaissais rien encore à Instagram, aux réseaux sociaux, etc. Mais tu vois, là on était confinés, donc il n’y avait pas d’autre choix que d’utiliser Instagram.

 

Olivier My: Pour te connecter finalement aux autres, les réseaux sociaux, c’était la meilleure.

 

Mona Boujtita: C’était la seule chose possible, tu vois. Donc en fait, on crée le compte Instagram et en fait c’est un peu le confinement. Donc tu vois, je suis un peu, j’ai pas non plus 1000 trucs à faire. Donc en fait on commence à se prendre au jeu et je commence à faire des story toute la journée sur ce compte, à parler aux gens, à lancer des challenges, etc. Alors que vraiment, je ne savais pas du tout ce que je faisais à l’époque.

 

Olivier My: En même temps tu n’avais rien à perdre.

 

Mona Boujtita: J’avais rien à perdre. Et en fait, ça prend, ça prend et tu vois, en deux trois mois, on arrive à 10 000 abonnés alors qu’on avait pas de concept, rien à vendre. Donc ça prend.

 

Olivier My: Est ce que tu peux nous en dire un peu plus sur c’est quoi le genre de challenges que tu as proposé ? Parce que si vous partez de rien, c’est quel a été un peu la ligne éditoriale si je puis dire ?

 

Mona Boujtita: En gros, on proposait des challenges up-cycling. Donc en faisant nos recherches, on a commencé à découvrir ce concept d’up-cycling. Donc faire du neuf avec du vieux donc qui était développé dans d’autres pays mais qui était encore très peu connu en France. Et du coup on a créé des challenges up-cycling et donc on proposait aux gens qui étaient du coup tous confinés, d’aller prendre des vêtements dans leur placard qu’ils ne portaient plus et de faire des customs avec et de les modifier etc pour les remettre au goût du jour. Et du coup, on a fait un challenge comme ça où on disait aux gens faites une photo avant après et vous nous l’envoyer. Et nous on partage tout sur sur notre compte Instagram et on va faire un système de vote. Vous allez venir voter et on va élire la meilleure création.

 

Olivier My: Une sorte d’expo un petit peu en ligne. Ouais, super! Et ça, ça a bien marché.

 

Mona Boujtita: Ça a marché super bien parce que je savais, enfin je connaissais pas encore les algo à l’époque et tout, mais du coup pour l’algo, c’est incroyable parce qu’en fait du coup tout le monde vient voter sur ton compte à un instant T. Donc tu as un énorme pic et en fait du coup ça faisait exploser le compte à chaque fois. Et donc on gagnait je crois, 2000 ou 3000 abonnés par challenge parce que en fait, on avait genre 60 70 participants, donc il y avait quand même du monde qui partageaient eux sur leurs réseaux et qui demandaient à tout le monde d’aller voter sur notre compte.

 

Olivier My: Ah bah oui forcément.

 

Mona Boujtita: Donc en fait, on avait vraiment des. Enfin, ça faisait exploser l’algo et on devenait hyper visible d’un coup. Et donc ça a super bien marché et les gens ont kiffé le challenge. Tout le monde se mettait à la couture en plus parce que tout le monde faisait les masques.

 

Olivier My: Oui, exactement.

 

Mona Boujtita: Donc tout le monde a sorti sa machine à coudre. Donc en fait, on était vraiment.

 

Olivier My: Vous étiez vraiment en fait au bon endroit, au bon moment pour une fois.

 

Mona Boujtita: Avec les bons concepts. Ouais, vraiment avec le bon concept et tout. Donc ça a super bien pris et du coup quand j’ai fini mon stage, et bah on avait déjà pas mal d’abonnés etc et on s’est dit bah vas y, on tente le truc.

 

Olivier My: Ok, donc en fait de ce que j’entends, c’est qu’il y avait une idée. Finalement, cette idée elle a été testée, c’est à dire qu’il y avait pas de conviction. Enfin il y avait une envie quand même de ce que j’entends.

 

Mona Boujtita: Il y avait un problème.

 

Olivier My: Il y a un problème. Ensuite, une envie de contribuer. Vous l’avez fait à votre manière. Alors je sais pas pourquoi Insta et pas autre chose d’ailleurs ?

 

Mona Boujtita: Bah à l’époque c’était.

 

Olivier My: À l’époque c’était insta ouais ?

 

Mona Boujtita: Insta ouais.

 

Olivier My: Et ensuite vous avez testé vos challenges, vous avez vu que ça a répondu et vu que ça répond, bah autant aller avec la vague.

 

Mona Boujtita: Exactement. Et donc on se dit tu vois, là du coup je suis diplômée et je me dis bah soit je cherche un taff mais c’est compliqué en ce moment, soit j’ai ce projet là qui est en train de prendre. Je le tente et puis on verra.

 

Olivier My: Donc là, par rapport à un peu la timeline, quand tu décides de te lancer, on est déconfinés ou on est encore confinés. Je ne me rends pas compte à quel point.

 

Mona Boujtita: Septembre 2020. Du coup on est entre.

 

Olivier My: Entre Ouais, on est un peu entre.

 

Mona Boujtita: On est entre deux confinements parce que je crois que octobre ou novembre on s’est refait confinés.

 

Olivier My: Ouais, enfin il y a eu une période en tout cas fin d’année il me semble. Ou en tout cas on était dans une sorte de demi confinement.

 

Mona Boujtita: Ouais c’est ça, on était entre deux mais ce n’était pas stable du tout.

 

Olivier My: D’accord, donc quand même, tu décides. Ok, je vais, on va lancer quelque chose alors que tu ne sais toujours pas vraiment ce qui va se passer.

 

Mona Boujtita: Ouais. Et du coup on se lance à fond, mais moi je me prends. Enfin, on se prend toute l’équipe vraiment de passion pour le projet dans le sens où je deviens obsessionnel sur le projet en mode je mange RESAP, je dors RESAP, je pense à ça toute la journée.

 

Olivier My: Le nom vient d’où ?

 

Mona Boujtita: C’est alors le « RE » de la réutilisation et « SAP » du vêtement.

 

Olivier My: Ok.

 

Mona Boujtita: Donc RESAP.

 

Olivier My: Ok. Je me posais la question maintenant que tu le disais, je me dis tiens, il y a peut être une histoire, mais voilà.

 

Mona Boujtita: Et du coup je deviens obsessed par le truc. Et du coup, je mets toute mon énergie, tout mon temps, toutes mes ressources sur ce projet et en fait on arrive à créer vraiment une émulation tu vois autour de ça où, en fait on partage énormément sur les réseaux, tu vois tout ce qui se passe et en fait les gens s’attachent à l’histoire et donc on arrive à créer une communauté hyper vite de gens qui suivent l’histoire et qui sont hyper engagés. Et donc tous les jours on présente des pièces, on fait des drops sur Instagram. Très vite, on arrive aussi à avoir une boutique parce qu’on a une amie en fait qui avait une boutique sur Paris et elle nous dit j’en ai trop marre de ma boutique etc. Vous voulez pas la prendre ? Moi j’ai besoin d’aller prendre des vacances.

 

Olivier My: Ok, bah pourquoi pas. On prend.

 

Mona Boujtita: Ouais grave. Du coup on se retrouve avec une boutique où on peut exposer nos pièces directement où en fait du coup on est directement en contact du client. Donc le client vient et en fait direct on voit sur quelles pièces il s’arrête, on discute avec lui, sur ses besoins, qu’est ce qu’il en pense, etc. Et donc en fait, ça a été aussi une vraie chance de pouvoir être avec autant de proximité avec notre cible au quotidien, parce que ça nous a fait évoluer hyper rapidement et faire évoluer notre offre par rapport aux besoins qu’il y avait. Et donc ça prend hyper vite, autant en physique que sur les réseaux. Les choses se font hyper naturellement, on grossit, on constitue une équipe et en fait, très vite, on a de très belles opportunités qui arrivent parce qu’on est visible très vite. Tu vois, au bout de six mois, on est démarché par Galeries Lafayette.

 

Olivier My: Galeries Lafayette c’est pas mal quand même.

 

Mona Boujtita: Ouais, c’est énorme.

 

Olivier My: Et démarché comment ? C’est tu reçois un message, on t’appelle ?

 

Mona Boujtita: Ouais on reçoit un mail en mode une acheteuse de Galeries Lafayette qui nous dit qu’ils ont repéré notre marque sur les réseaux, qu’ils sont intéressés. Et est ce qu’on peut en parler tu vois. Alors qu’à cette époque on n’avait même pas de collections, tu vois. Genre vraiment, on n’avait même pas de collections. On travaillait dans trois mètres carrés, à l’arrière de la boutique, avec des machines familiales. On ne savait pas coudre.

 

Olivier My: Artisanal quoi.

 

Mona Boujtita: Ouais, c’était vraiment le freestyle total. Mais tu vois, on se fait repérer. Enfin, on part au call vraiment en bluff total. Les collections ? Mais oui, pas de souci, on n’a pas de collections. Après, on se dit bon, on va devoir faire des collections, là.

 

Olivier My: Maintenant on y va hein. Et tu te rappelles un peu de la réaction que vous avez eue quand vous avez eu ce premier message ? Galeries Lafayette ? Parce que je pense qu’il y en aura d’autres après, mais ce premier message déjà de vous dire ben vous n’êtes plus seuls.

 

Mona Boujtita: Ouais bah c’est ouf parce qu’on se dit mais ils ne savent pas les coulisses du truc.

 

Olivier My: Ils ont pas vu l’arrière-boutique là.

 

Mona Boujtita: Mais on se dit let’s go On va leur dire oui et après on avise tu vois. Genre pendant toute l’aventure ça a été ça, ça a été toujours on dit oui et après on voit comment on le fait.

 

Olivier My: Par contre vous avez tout donné pour que ça marche quoi.

 

Mona Boujtita: Ouais, ouais, on a tout donné pour que ça marche mais on a toujours eu des opportunités avant même qu’on soit prêt. Et en fait, les opportunités nous ont permis de nous construire à chaque fois. Parce que, à chaque fois, il fallait en fait construire un nouveau palier pour pouvoir répondre de manière honorable à cette opportunité là. On a toujours été démarché avant d’être prêt et on a toujours dit oui et on s’est toujours dit bon ben.

 

Olivier My: Vous avez réussi à saisir les opportunités et à les concrétiser.

 

Mona Boujtita: C’est ça. Alors que d’autres auraient dit bah non, on est pas prêts ou attends, faut qu’on voit. Ou nous on était vraiment en mode fonceuse tu vois. Et donc on a eu Galeries La Fayette, donc on arrive aux Galeries Lafayette, donc c’était ouf. Un an après on a fait une collab pareil, on avait reçu un message pour faire une collab avec Levi’s.

 

Olivier My: Ça c’est stylé aussi.

 

Mona Boujtita: Alors que c’était dans notre plan Levi’s. C’était ok c’est le goal sur dix ans de faire une collab, tu vois parce-que nous c’était une marque de jeans en fait.

 

Olivier My: Ah ok, d’accord.

 

Mona Boujtita: C’était une marque de jeans donc genre quelle est la plus belle collab qu’on pourrait faire ? Bah Lévis.

 

Olivier My: Ça fait un peu élite hein. Lévis.

 

Mona Boujtita: Ouais et donc on fait une collab avec Levi’s.

 

Olivier My: Et c’est arrivé comment ça ?

 

Mona Boujtita: Bah pareil, les réseaux sociaux, on est extrêmement visible sur Instagram. Et en fait, à ce moment là, toutes les marques aussi voulaient être plus dans l’écologie, dans le social, dans le made in France. Donc on était vraiment dans le truc qui était tendance sur le moment. Et donc Levi’s, en fait les marques ont beaucoup d’invendus, ont beaucoup de deadstock, etc. Donc en fait ça fait totalement sens. Nous, on apportait vraiment une solution aux marques. Et donc Levi’s nous contacte en mode bah écoutez, on serait trop chaud à faire une collab avec vous.

 

Olivier My: Et là, c’est qui qui vous contacte ?

 

Mona Boujtita: C’est une cheffe de projet de chez Levi’s.

 

Olivier My: Ok. Parce-qu’il y avait les achats la première fois, là c’est une cheffe de projet. Donc quand même, dans une relation de collaboration réelle, peut être de construction de quelque chose.

 

Mona Boujtita: C’est ça. Donc je me souviens, on fait un premier call ensemble, après elle nous invite dans ses locaux, on va dans ses locaux. Enfin tu vois c’était ouf pour moi parce que en vrai, j’avais 24 ans, j’ai toujours rêvé de faire de l’entrepreneuriat. Et là, genre je suis dans les locaux de Levi’s quoi, je monte une marque et ça prend et je suis invitée dans des trucs de fou genre en plus je me souviens qu’elle nous reçoit, elle nous montre sa collection, elle nous dit bah prenez les jeans que vous voulez, c’est pour vous.

 

Olivier My: C’est pour vous ?

 

Mona Boujtita: Moi je suis en mode je vais prendre tous les jeans. Non mais tu vois, c’est des beaux moments parce que enfin tu vois que le travail paye entre guillemets. Et quand tu vois que les choses marchent, c’est un accomplissement de fou.

 

Olivier My: Je pense qu’il y a aussi derrière un aspect intangible qui est important à mettre en avant, c’est que non seulement vous aviez une conviction, vous aviez une envie qui était suffisamment forte pour un peu dépasser les obstacles qui auraient pu y avoir, parce que c’est pas quand même la meilleure période. Même si vous avez trouvé le bon concept, peut-être qu’avant vous le saviez pas forcément c’est venu d’une réflexion personnelle qui a résonné avec d’autres personnes parce que tu t’es associée. Ça c’est une autre question que j’avais pour toi. Mais vous êtes quand même allés au bout. C’est-à-dire qu’il y a plein de gens qui auraient pu se lancer à faire la chose, mais pas se mettre sur les réseaux. Parce que se mettre déjà sur les réseaux, c’est quand même une manière de se dévoiler. C’est pas un exercice qui est facile. Et ensuite vous avez été visibles et vous avez accepté les challenges vous-même de Galeries Lafayette de Levi’s. Parce que quand vous êtes en face de marques comme ça, je pense qu’il faut avoir la pêche quoi.

 

Mona Boujtita: Ouais, c’est ça. Mais je pense que tout succès entrepreneurial rapide entre guillemets, découle d’une intensité et d’une obsession réelle pour moi. Genre c’est pas possible de réussir aussi vite que ça si t’es pas obsédé. Mais quand je dis obsédé en mode comme je t’ai dit, genre tu as toutes tes pensées qui sont dangereux parce que moi à cette époque-là de ma vie, j’avais vraiment que ça. Et c’est pour ça que je pense que c’est cette raison là qui a fait que ça a pris, c’est que c’est une phase hyper intense. Et c’est pour ça aussi que la notion de temporalité est hyper importante dans l’entrepreneuriat. Parce que cette phase là, elle ne peut pas durer longtemps.

 

Olivier My: Sinon, après tu es totalement mort.

 

Mona Boujtita: Ça ne marche pas. Oui c’est comme une relation amoureuse où en fait tu as une phase d’intensité et tu sais que ça ne va pas durer dix ans, tu vois. Mais cette phase d’intensité, quand elle est là, il faut y aller all in, tu vois. Et du coup, si ça dure trop longtemps en fait c’est pour ça que genre il faut que tu aies réussi, il faut que tu aies eu des premières victoires dans les trois premières années. Après, tu vas commencer à te décourager, à ne plus être aussi motivé. Tu vas commencer.

 

Olivier My: Le creux de la vague.

 

Mona Boujtita: Tes pensées vont aller vers d’autres trucs, etc. Et d’ailleurs moi c’est arrivé après tu vois, au bout de deux ans et demi, trois ans, j’ai commencé à vouloir faire d’autres trucs, etc. Et en fait, c’est là où ça devient compliqué.

 

Olivier My: C’est marrant. C’est un petit peu comme dans les relations amoureuses, deux trois ans, tu commences à te dire bon allez.

 

Mona Boujtita: On va aller voir ailleurs.

 

Olivier My: Non mais c’est important. Je pense que dans cette dynamique où tu crées un changement aussi dans ta vie à toi, parce que là tu passes d’un rêve initial de je vais aller me poser dans une boîte, etc. À là, je commence à prendre mon quotidien en main, à développer quelque chose. C’est à dire que tout cet aspect un peu qu’on pourrait décrire marketing si je puis dire, ça, c’est pas quelque chose que tu avais forcément appris en plus à l’école.

 

Mona Boujtita: Pas du tout. Et pareil en fait, j’étais pas du tout une meuf des réseaux, je ne connaissais pas les réseaux. Enfin j’ai jamais envisagé de faire de la communication, tu vois. On m’avait jamais dit un jour tu pourras faire de la comm, tu vois, je savais même pas que ça existait comme métier, tu vois. Genre donc vraiment, c’est un truc qui a été hyper instinctif parce que je me suis jamais formée à ça et je pense que ça a été aussi ma force parce-que du coup j’ai pas du tout communiqué comme les autres marques et j’ai pas du tout utilisé les codes de la communication. Du coup, j’ai fait un truc qui était hyper authentique et naturel.

 

Olivier My: Personnel ouais.

 

Mona Boujtita: Et personnel parce qu’on ne m’a jamais dit en fait, tu communiques pour faire un lancement de produit, tu fais tatatatata.

 

Olivier My: Tu savais pas alors tu l’as fait.

 

Mona Boujtita: Ouais, moi j’ai juste fait en mode : les gars on sort un nouveau produit, c’est ça, achetez.

 

Olivier My: Et justement, tu prenais ce que j’avais pu voir, tu prenais des photos, tu étais ton propre modèle.

 

Mona Boujtita: Ouais, des fois ouais. Bah en fait, les filles de l’équipe, c’était les modèles. Des fois il y avait personne avec moi, donc je faisais moi, les photos, c’était vraiment intuitif. Qu’est ce qui est logique à faire là, tu vois ? Et donc c’est comme ça qu’on a fait mais je pense que ça a été vraiment l’élément différenciant de pas faire comme les autres et de faire un truc nouveau. Parce qu’en fait les gens disaient ah mais c’est votre manière de présenter les choses, c’est hyper nouveau, ça casse tous les codes, c’est pas les codes de la mode, c’est pas les codes de l’entrepreneuriat, c’est pas les codes d’une marque. Donc c’est intéressant, tu vois.

 

Olivier My: C’est normal parce qu’il n’y avait pas de code au départ,

 

Mona Boujtita: Y’avait pas de code.

 

Olivier My: Et du coup là on est un petit peu dans la partie pic où est ce qu’on est encore dans la phase montante ?

 

Mona Boujtita: Montante.

 

Olivier My: On est encore dans la phase montante. Et donc du coup, qu’est ce qui se passe après ? Parce qu’après, il me semble qu’il y a encore d’autres belles aventures qui arrivent.

 

Mona Boujtita: Ouais, après il y a plein de trucs. Donc en fait, après le milieu de la mode, c’est ça, c’est une fois que tu as fait une collab avec une marque, toutes les autres marques t’appellent. On a vu votre cas avec Levi’s, c’est intéressant nous aussi. Donc en fait, après on arrive à avoir pleins de très beaux clients tu vois Etam, Maison 1.2.3, Lacoste, Timberland. Enfin tu vois.

 

Olivier My: Vraiment plein de maisons ouais.

 

Mona Boujtita: On travaille avec plein de marques. C’est trop cool. La marque se développe bien, on déménage dans un 100 mètres carrés à Paris, on monte un atelier propre, on recrute.

 

Olivier My: Vous êtes combien là à l’époque?

 

Mona Boujtita: On est à peu près cinq six.

 

Olivier My: Ouais.

 

Mona Boujtita: On est monté jusqu’à dix dans l’équipe.

 

Mona Boujtita: Ah oui, quand même. Recrutement interne ? Genre cdi ou plutôt des free ?

 

Mona Boujtita: On avait de tout, on avait des cdi, des free, des stagiaires, des alternants.

 

Olivier My: Ouais de tout quoi.

 

Mona Boujtita: Ouais, de tout. Donc tu vois, ça prend vraiment. Là, on part en mode croissance. Donc du coup, on avait nos propres vêtements up-cyclés. On faisait aussi du service en B to B. Donc avec les marques, on faisait des projets, on faisait des collabs, on faisait des ateliers up-cycling. En même temps, on continuait à développer la notoriété sur les réseaux, à avoir une belle présence en ligne. Donc ça se développe. On fait plein de coups marketing très sympas. On sort un livre avec larousse. Enfin, on fait vraiment.

 

Olivier My: Vraiment plein de trucs oui.

 

Mona Boujtita: Oui, plein d’opportunités ouf tu vois, on écrit un livre, c’était encore un truc, pareil, réseaux sociaux : bonjour, je suis la directrice de la section DIY chez Larousse. On aimerait beaucoup écrire un livre avec vous. Un DM insta, tu vois. Avec plaisir. Parlons-en.

 

Olivier My: Parlons-en.

 

Mona Boujtita: Oui.

 

Olivier My: J’ai vraiment toujours voulu faire ça.

 

Mona Boujtita: Oui. Exactement. Donc là, on est encore une fois accueillis.

 

Olivier My: Vous aviez des locaux en plus maintenant.

 

Mona Boujtita: On avait des locaux, mais là ils nous invitent chez eux. Donc à Montparnasse, tu sais, il y a Larousse qui est à Montparnasse, donc on va dans les bureaux de la maison d’édition.

 

Olivier My: Vous voyez tous les gros bouquins Larousse, là ? Prenez tout ce que vous voulez aussi.

 

Mona Boujtita: Ouais, mais ils nous ont passé des trucs, franchement. Vraiment c’était les trucs VIP tout le temps. Et en fait, ce qui était marrant parce que du coup on a eu l’histoire après, c’est que justement cette directrice de chez Larousse, en fait c’est sa fille qui avait acheté une pièce RESAP tu vois.

 

Olivier My: Ah ok.

 

Mona Boujtita: Et en gros il lui avait dit ah mais c’est original ton manteau, ça vient d’où etc. Et elle lui a dit non mais c’est trop bien, c’est RESAP tu ne connais pas, etc. Et donc c’est comme ça qu’elle a connu la marque grâce à sa fille. Et donc voilà. Et donc on fait ce projet de livre trop bien distribué partout en France, etc. Et je pense que le dernier coup de maître, ça a été « Qui veut être mon associé ? ». Donc après on est passé dans qui veut être mon associé. Pareil, c’était trop bien. Et ça a encore fait plus boomer la marque. Parce que la télé, ça ouvre à une autre cible, à des gens qui ne sont pas forcément dans la mode, qui ne sont pas forcément. Donc là on a encore une autre type de résonance qui est encore plus forte qu’avant.

 

Olivier My: La notoriété explose.

 

Mona Boujtita: Ouais.

 

Olivier My: Comment ça se passe d’ailleurs pour aller là bas ? Il faut postuler ? C’est à dire que c’est vous qui avez postulé ?

 

Mona Boujtita: Nous, on a postulé. Eux ils chassent aussi des boîtes, mais nous, pour le coup, on avait postulé. Pareil encore une fois, une histoire de fou genre c’était la fin du casting, je suis sur LinkedIn, je vois passer genre « dernier jour, casting nanana » Répondez. Je réponds, en fait il fallait envoyer une vidéo. Du coup je dis à mon associé vas y, on fait une vidéo. Mais on n’avait pas le temps.

 

Olivier My: C’était une sorte de présentation c’est ça ? Pour l’exercice ?

 

Mona Boujtita: Ouais. Donc on fait vraiment une vidéo mais très à l’arrache, une vidéo très nulle qu’on fait à l’arrache en mode : Hello, c’est nous, on a monté une marque. Je remplis le questionnaire, j’envoie le truc et on dit rien à perdre, on verra tu vois. Et je me souviens, je rentre chez moi et là, vers 20 h, je reçois un coup de téléphone. Oui, bonjour, je suis X du casting « Qui veut être mon associé ? », on a vu votre profil, on est hyper intéressé. Je dois présenter demain matin au comité. Est ce que vous pouvez me livrer demain matin telle ou telle pièce pour que je présente ? Du coup, je retourne au bureau. Je retourne au bureau et je me souviens que j’avais fait une nuit blanche parce qu’en fait, il fallait préparer plein de trucs. En gros, il y avait tout un questionnaire à remplir, il fallait que j’aille leur déposer des pièces dans le 16ᵉ et tout. Donc je prépare tout le truc. Le lendemain matin à 8 h, je suis là, je leur donne les pièces, je leur dis voilà.

 

Olivier My: Toute fraîche.

 

Mona Boujtita: Ouais, exactement. Et en fait, après, c’est deux mois de castings qui suivent où c’est vachement les montagnes russes. Parce que au début, c’est en mode ouais, ils adorent votre projet, il est trop bien, na na. Deux semaines après, c’est en mode finalement ça va être chaud. Un mois après c’est, bon vous avez été sortis du casting. Finalement, il y a une autre marque concurrente qui est passée devant vous. Après, ils nous rappellent en mode Bon, finalement, vous avez été remis dans le casting, bon vous êtes sur liste d’attente, etc. Jusqu’au moment où en fait c’est un lundi 12 h. Ils me rappellent en me disant donc là vous êtes vraiment genre dans la liste d’attente, mais genre très proche du but. Donc.

 

Olivier My: Y a de grandes chances.

 

Mona Boujtita: Soyez ready.

 

Olivier My: Ah oui, d’accord. En fait c’est soyez sur les starting-blocks parce que ça peut arriver ok.

 

Mona Boujtita: 16 h il me rappelle. Hello ! Bon bah vous passez mercredi matin à 8 h. On était lundi soir, donc on a eu 24 h pour se préparer. Alors que les gens qui passent dans « Qui veut être mon associé ? » ils préparent pendant genre un mois, deux mois leur passage.

 

Olivier My: Encore une opportunité qui a été saisie.

 

Mona Boujtita: Exactement. Donc là pareil, heureusement, on était les rois du freestyle, donc ça va, tu vois.

 

Olivier My: Easy Peasy.

 

Mona Boujtita: Ouais, heureusement. Donc on a 24 h pour aller louer une camionnette, faire une scéno, faire un pitch, faire une valo, faire des tenues, préparer une équipe.

 

Olivier My: Est-ce qu’ils vous aident ou pas ?

 

Mona Boujtita: Non. Bah la scéno ils nous aident. Mais enfin, tu fais quand même beaucoup de choses tout seul quoi. Donc c’est hyper intense le truc. On annonce à l’équipe parce que l’équipe n’était pas au courant, forcément, on n’allait pas leur dire. Donc on leur annonce Bon les gars, ouais, on devait sortir une collection genre la semaine lundi.  Bon, les gars, on annule la sortie de la collection, on passe à la télé dans deux jours. Donc.

 

Olivier My: Comment dire ?

 

Mona Boujtita: Faites nous des tenues. Donc ouais, c’est hyper intense, mais hyper cool. Encore une fois, un moment incroyable, un super moment de vie parce qu’en fait on ramène toute l’équipe, mais on ramène aussi nos proches. C’est un moment qui est hyper fort et hyper beau. Super souvenir quoi !

 

Olivier My: Est-ce que là on peut dire que c’est le pic un peu de l’aventure RESAP ?

 

Mona Boujtita: Ouais c’est une continuité de tout se passe bien et c’est trop cool et ça marche et tu vois c’est trop stylé quoi.

 

Olivier My: Et donc qu’est ce qui s’y passe ?

 

Mona Boujtita: Bah ça se passe bien. Enfin, moi j’étais hyper stressée, j’avoue, j’allais tomber dans les pommes sur le plateau, mais j’y suis arrivée.

 

Olivier My: Tu l’as fait.

 

Mona Boujtita: Je l’ai fait. Ça s’est bien passé. On a eu trois investisseurs sur le plateau. Finalement, le deal ne s’est pas fait après en off. Mais ce qui est cool parce que enfin, vu qu’il y avait quelque chose de positif sur le plateau, bah.

 

Olivier My: Ça résonnait quand même.

 

Mona Boujtita: Ça résonnait. On est découvert par plein d’autres personnes, etc. Et donc là, on a un pic de croissance juste après l’émission, c’était en 2023, donc là on a un pic de croissance après l’émission, etc. Et en fait, je pense que c’est quelques mois après « Qui veut être mon associé ? » que ça commence à chuter. Il y a un peu le vent, tu vois, change de sens.

 

Olivier My: Tu sens que la roue tourne.

 

Mona Boujtita: La roue tourne. Il y a un peu un contre-coup dans le sens où déjà on a eu un gros boom pour « Qui veut être mon associé ? ». On avait embauché, on avait investi pas mal de choses et en fait ça, enfin même si on essaie de surfer la vague le plus possible, et ben en fait, on sent que ça retombe un peu. Et en fait, nous on avait engagé des nouvelles personnes, etc. Donc en fait, on se trouve à un moment où on a beaucoup plus de charges, on avait un peu surestimé le truc et en fait à ce moment là, on arrive un peu à un moment où on peine un peu à se réinventer. On sent que ça devient de plus en plus difficile sur le marché. Il y a à ce moment là, il y a aussi l’inflation qui arrive. Et en fait il y a un truc multifactoriel qui fait que ça commence à être chaud. Il y a l’inflation où les gens ils ont plus autant de pouvoir d’achat.

 

Olivier My: Ils achètent moins, mais au final, vu qu’ils achètent moins, ils auraient pu rester dans la partie bah comment est-ce qu’on réutilise ce qu’on a ?

 

Mona Boujtita: Mais en fait, en même temps, il y a un peu la partie éthique écologique qui commence un peu à retomber. Parce que tu as eu une vraie, un vrai engouement en 2000 2021 où il y a eu beaucoup de projets éco-responsables qui sont sortis. Il y a eu tout un truc en mode c’est trop bien, c’est le futur, etc. Et en fait, dès que tu as de nouveau des problèmes d’argent, c’est ce qui passe à la trappe en premier.

 

Olivier My: C’est le moins cher qui est important.

 

Mona Boujtita: On est quand même sur un marché qui est ultra concurrentiel, t’as la Chine qui explose ses stats etc. Nous-même je pense que sur le produit, on commence à avoir du mal à se réinventer. Je pense qu’on commence aussi nous à fatiguer. Ça fait trois ans qu’on est à fond là.

 

Olivier My: L’intensité, elle commence à être un peu dur à garder.

 

Mona Boujtita: On est à fond sept sur sept H24, etc. Et là on commence à sentir qu’on est vraiment fatigué. On n’a plus autant d’idées, on n’a plus autant d’énergie.

 

Olivier My: L’envie ? Vous sentez que à ce moment là, vous avez toujours autant envie ? Ou est ce que ?

 

Mona Boujtita: En fait, c’est un truc qui est hyper dur à s’avouer, tu vois ? Donc je pense que, en tout cas pour moi personnellement, je pense que je commence à rentrer un peu dans une phase de déni où en fait je pense que je commence à m’intéresser à d’autres trucs et tout, mais en même temps c’est impossible de m’avouer que j’ai envie de faire autre chose parce que c’est à l’instant là. C’est le projet de ma vie.

 

Olivier My: C’est ton bébé.

 

Mona Boujtita: C’est mon bébé, je l’ai créé de zéro et on est arrivé à là. Donc c’est impossible pour moi de penser à faire autre chose ou à me dire qu’en fait je ne kiffe plus autant. Donc c’est un peu une phase de déni. Mais du coup, quand tu ne peux pas te mentir à toi même, ça te rattrape au bout d’un moment.

 

Olivier My: C’est la difficulté de l’annonciation d’un nouveau chapitre. C’est à dire que comme une page qui se tourne, il y a un moment donné où il va falloir tourner la page. Ou quand on marche, il faut arracher en fait le pied de derrière pour le mettre devant, tu vois ? Donc il y a forcément quelque chose qu’il va falloir laisser de côté quoi. Mais là tu sens que quoiqu’il arrive, alors qu’au tout départ, tous les vents étaient dans votre sens, là, les vents commencent à être quand même beaucoup à l’inverse. Et du coup, qu’est ce qui se passe ? Donc ça commence à descendre un petit peu, mais qu’est ce qui se passe ?

 

Mona Boujtita: Ça commence à baisser au niveau des ventes. On commence à réfléchir à un nouveau positionnement parce qu’en fait on a un gros problème, c’est qu’avec l’inflation des coûts des matières premières et de la production, etc. En fait, nous, on a plus de marge sur nos produits. Donc en fait, ça devient aussi économiquement très compliqué, au delà de la demande qui baisse en fait même quand on vend, on ne gagne plus d’argent, tu vois ? Donc en fait ça devient hyper chaud. Donc on se dit ok, il faut qu’on repositionne la marque en plus premium parce qu’il faut qu’on augmente les prix. En fait, c’est soit on partait à l’étranger pour baisser les coûts, soit on augmentait les prix. On était déjà sur un délire de made in France etc. Donc en fait on se dit bon bah on va augmenter les prix, donc on repositionne la marque et tout, mais ça prend pas tout de suite. Donc en fait, on fait un Noël catastrophique, on ne vend pas comme on voulait.

 

Olivier My: Puis Noël, c’était une grosse période pour vous ?

 

Mona Boujtita: Ouais, ouais. Donc en fait, ça devient hyper compliqué. Tous les mois c’est chaud, tous les mois c’est coup de stress, tu vois. Et en fait, quand ça devient très difficile comme ça aussi, c’est très dur de prendre du plaisir parce qu’en fait tu es tout le temps dans le stress. Tu n’as que des problèmes. Tu as les gens qui t’appellent pour te dire vous n’avez pas payé ça. Donc en fait, tu rentres dans un truc où c’est une angoisse.

 

Olivier My: C’est un problème après l’autre, alors que l’histoire d’avant, c’était une opportunité après l’autre.

 

Mona Boujtita: C’est ça, exactement. On rentre dans un problème après l’autre. Et donc là, tu es en mode ouah, c’est chaud ! Donc forcément, tu as plus de plaisir. Et donc tu commences naturellement, comme tout être humain, à regarder d’autres trucs, à voir où est ce que ça brille parce que là, ça ne brille plus autant. Donc en fait, où est ce que ça brille ? Et en fait, c’est justement l’erreur qu’il ne faut pas faire. C’est à ce moment là, il faut prendre une décision. Et nous, je pense qu’on n’a pas pris une décision directe mais c’est prendre une décision c’est en fait, soit tu cherches dès que tu sens que ça commence à tourner, faut même avant que ça tourne.

 

Olivier My: Il faut sentir que le vent va tourner c’est pas évident.

 

Mona Boujtita: Et puis en fait, c’est quand tu es au top qu’il faut prendre les décisions. Et c’est quand justement quand tu es en train de briller qu’il faut penser à est ce que on peut revendre ? Est ce qu’on peut lever des fonds ? Est ce que il y en a un de nous qui peut sortir ? Tu vois.

 

Olivier My: C’est sûr que c’est difficile. En plus de ça, avec le parcours que vous avez eu ou presque vous avez grandi tellement vite que tout a l’air possible et rien ne peut vous arriver. Ou presque. Et là, quand ça arrive d’un coup, c’est un peu dur à digérer déjà, d’une certaine manière. Et ensuite à décider derrière pour couper le cas échéant.

 

Mona Boujtita: Oui, exactement.

 

Olivier My: Il y a un moment donné où il faut en discuter.

 

Mona Boujtita: Ouais il faut en discuter. Et c’est vrai que c’est hyper complexe parce qu’en fait, au delà d’un projet ça a été un projet où il y a eu beaucoup d’émotionnel.

 

Olivier My: Beaucoup de vous dedans.

 

Mona Boujtita: Beaucoup de nous, beaucoup d’attachement, etc. Donc même si ta raison te dit un truc, même si tu sais au fond de toi ce qu’il faut faire, tu as tout l’attachement émotionnel qui te dit autre chose et qui te dit mais en fait c’est peut être pas fini, tu vois, peut être il y a encore un truc à faire et t’as pas envie de lâcher quoi.

 

Olivier My: Comme dans une relation amoureuse, On revient encore sur ça.

 

Mona Boujtita: Oui. C’est exactement ça. Sauf qu’à un moment, il faut cut parce que c’est en train de pas partir dans la bonne direction. Donc voilà, on essaie plein de choses, etc. On essaye un peu de se débattre un peu dans tous les sens.

 

Olivier My: C’est un petit peu comment dire les actions de la dernière chance.

 

Mona Boujtita: Voilà.

 

Olivier My: On essaye. C’est comme le dernier petit cadeau ou le dernier repas tu vois.

 

Mona Boujtita: C’est ça.

 

Olivier My: Pour essayer de consolider un peu la chose.

 

Mona Boujtita: Et c’est comme tu dis, comme dans une relation amoureuse en fait. Quand une relation amoureuse elle a duré longtemps et qu’elle a été aussi intense, bah tu ne l’arrêtes pas du jour au lendemain. Tu vas jusqu’au bout de l’histoire. Et donc c’est exactement la même chose. C’est en fait tu vas au bout de l’histoire parce que ça a été trop gros pour prendre une décision hâtive. Si tu dois aller au bout de la chose, même si c’est pas la meilleure chose à faire, ou même si tu vois que ça coûte.

 

Olivier My: C’est là où le rationnel n’a pas toujours raison, quoi. C’est à dire que logiquement et même maintenant, c’est beaucoup plus facile de te dire : rétrospectivement c’est là qu’on aurait dû arrêter, on n’aurait pas dû faire ça. Mais sur le moment, quand tu y es, il y a autre chose qu’il faut satisfaire. Et cette dimension émotionnelle, elle est super importante.

 

Mona Boujtita: Oui, c’est ça. Et puis encore une fois, c’était notre première boîte. Tu vois, tu réfléchis pas aussi comme un entrepreneur avéré qui est en mode ah non là les gars, il faut.

 

Olivier My: C’est la 18ᵉ boîte que je fais.

 

Mona Boujtita: Donc tu vois, on était hyper jeunes, c’était notre première boîte, tu fais énormément d’erreurs sur une première boîte. Tu apprends énormément de choses. On a eu une réaction tout à fait, je pense, normale pour des primo entrepreneurs. Aujourd’hui, bien sûr avec du recul, tu te dis j’aurais pu faire ça, j’aurais pu faire ci, j’aurais pu faire ça. Mais je pense qu’on a fait ce qu’on pouvait avec les infos qu’on avait à l’instant T.

 

Olivier My: C’est ça. Et donc on est un petit peu dans la pente descendante. Qu’est ce qui a fait que justement vous avez arrêté ?

 

Mona Boujtita: Bah ouais, du coup, on essaie de repositionner la marque, ça ne prend pas et en fait on arrive au pied du mur parce que Noël ça passe pas. Janvier, on n’a plus de tréso. Et donc en fait c’est juste, un moment, la tréso a décidé pour nous quoi.

 

Olivier My: Et donc cette conversation, elle a ressemblé à quoi ?

 

Mona Boujtita: Bah du coup on a dit ok, on va aller déposer la cessation de paiement au tribunal de commerce parce qu’on s’est dit très clairement : nous, on peut se mettre dans la merde, ça fait déjà plusieurs mois qu’on se met dans la merde personnellement, mais hors de question de mettre les salariés dans la merde. Genre hors de question d’arriver à la fin d’un mois et de ne pas pouvoir payer les salariés. Tu vois, ça, c’était inenvisageable pour nous. Et en fait, quand on a commencé à dire OK, là il y a possibilité que, à la fin du mois, on n’arrive pas à payer les filles. Ce n’était pas possible.

 

Olivier My: Oui, donc en fait, vous aviez cette éthique personnelle qui a fait que ça vous a aidé à faire un choix ?

 

Mona Boujtita: C’est ça.

 

Olivier My: C’est que d’autres personnes auraient pu ne pas réfléchir comme ça, je veux dire.

 

Mona Boujtita: Oui, oui, mais nous, ça a toujours été ok nous, on se met dans la merde, c’est ok, mais tu ne mets pas les autres dans la merde alors qu’ils ont rien demandé. Et sachant que c’est des gens qui nous ont fait confiance, c’est des gens qui nous ont énormément suivis, apportés. Donc à partir du moment où on a vu que ce n’était plus question de juste nous, on a dit bah ok, la responsabilité de dirigeant, c’est aussi savoir où sont les limites, savoir arrêter au bon moment et savoir prendre des décisions qui sont pour le entre guillemets le bien commun tu vois. C’est pas que ta gueule quoi.

 

Olivier My: Oui, c’est quelque chose qui est admirable. Parce qu’au-delà des discours, parce qu’il y a beaucoup de gens qui le disent ça, mais la question qui se pose, c’est est-ce que lorsque ça va arriver, ils vont le faire ? Et vous, c’est ce que vous avez réussi à faire.

 

Mona Boujtita: Bah il fallait. Et vraiment, pour nous tous c’était impossible d’aller dire aux filles là, il n’y a pas de salaire à la fin du mois. Donc c’était vraiment le truc. Donc après s’enclenche le tribunal de commerce. Tu déposes la cessation des paiements, tu es convoqué, liquidation prononcée après, mandataire.

 

Olivier My: Tu connais un petit peu tout le processus du coup maintenant.

 

Mona Boujtita: Je suis calée, je suis calée. Appelez-moi si vous avez besoin. Non mais du coup voilà, tout s’enclenche et après ça va assez vite. Mais c’est vrai que c’est une période qui est extrêmement stressante. C’est une période qui est extrêmement dure pour le mental, pour l’émotionnel et aussi pour le corps. Je me souviens que c’était une période où j’étais, genre je me réveillais la nuit, tu vois, je me réveillais à 3 h du mat. J’avais un taux de cortisol qui était en train d’exploser dans mon sang, tu vois. Et c’était une période très très difficile. Parce que ouais, tu dors mal, t’es stressée, t’es mal.

 

Olivier My: Et le système en lui-même. Est ce qu’il est, j’ai mon idée mais du coup, autant que je te le demande, est ce que lorsque tu arrives dans toute cette procédure là, qu’est ce qu’ils font ? Est ce qu’ils sont plutôt aidants ? Est ce qu’ils sont plutôt là finalement à pointer du doigt Voilà les problèmes que vous avez eus et voilà ce que vous auriez dû faire ? Comment c’est un petit peu l’ambiance dans tout ça ?

 

Mona Boujtita: Franchement, ils sont plutôt aidants.

 

Olivier My: Ils sont plutôt aidants quand même.

 

Mona Boujtita: Ouais. Après moi j’étais avec un avocat, du coup ça simplifie aussi beaucoup les choses. Je pense que c’est beaucoup plus dur si tu vas tout seul. Moi j’étais avec un avocat du coup qui m’a beaucoup aidée, même d’un point de vue soutien émotionnel. Déjà, quand tu es avec quelqu’un, quand tu vas au tribunal, c’est déjà plus rassurant, etc.

 

Olivier My: Qu’une personne qui a une expertise aussi qui peut répondre ? Parce que toi, quand tu débarques.

 

Mona Boujtita: C’est ça.

 

Olivier My: Déjà que la comm tu connaissais pas et tu l’as fait, je pense que tu peux pas t’inventer avocate quoi.

 

Mona Boujtita: C’est ça, voilà. Donc en vrai, t’es pas obligé d’aller avec un avocat, c’est vraiment, c’est toi si tu veux. Nous, on a pris la décision de prendre un avocat et ça m’a beaucoup aidée et c’est quelqu’un que j’apprécie énormément aussi, donc ça m’a beaucoup rassurée de l’avoir à mes côtés. Et donc c’est plutôt aidant. Après tu vois, c’est très factuel, c’est très, tu vois, tac tac tac. Mais tu vois, je me souviens que quand on a eu la liquidation prononcée, il y avait une dame de l’assemblée qui était dans la cour de liquidation là, et qui m’a regardé dans les yeux et qui m’a dit Vous finirez par avoir raison.

 

Olivier My: Raison de ?

 

Mona Boujtita: Genre là, vous avez coulé votre boîte parce que ça n’a pas marché, mais vous finirez par avoir raison d’avoir créé un truc d’économie circulaire, engagé pour une mode meilleure, etc. Et du coup, ça m’avait beaucoup touché parce que j’étais en mode, je suis en train de fermer ma boîte.

 

Olivier My: Et surtout le contexte dans lequel elle te l’a dit quoi. C’est à dire qu’elle te l’aurait dit, tu vois, dans la période où tout brillait, etc. Bah évidemment que j’ai raison. Mais là, c’est au moment où tu as le genou à terre où tu as une personne en fait qui est là pour te dire « Ne t’inquiète pas. En fait, le futur sera aussi plus joyeux quoi. »

 

Mona Boujtita: Ouais, et même pour être plus précise, elle m’a dit c’est bien d’avoir essayé, vous finirez par avoir raison, tu vois. Et donc tu vois.

 

Olivier My: C’est une phrase qui t’es restée en tête.

 

Mona Boujtita: Ah ouais, c’est resté en tête et c’était un peu genre c’était pas culpabilisant, tu vois, c’était en mode bah t’as essayé, c’était le mieux que tu pouvais faire. C’est peut être pas le bon moment, mais tu finiras par avoir raison. Et du coup, tu vois, même si l’ambiance était froide et tout, pour moi, ça a été.

 

Olivier My: Une petite chaleur.

 

Mona Boujtita: Ouais, une chaleur, un soutien et en mode bah c’est réconfortant en mode tu as bien fait et part en paix entre guillemets.

 

Olivier My: Tous les murs sont froids, mais tu as une mini lueur en fait de chaleur qui t’aide quand même à survivre à l’expérience. Oui.

 

Mona Boujtita: C’est ça. Et après, une fois que tu as passé ça, en fait, tu n’es plus responsable de ce qui se passe. Donc en fait, une fois que la liquidation a été prononcée, tu n’es plus responsable. C’est un mandataire qui devient le dirigeant de ta boîte. Et donc ça a été aussi un énorme soulagement parce que là, je me disais ok, bon, c’est bon, les gens ne peuvent plus me réclamer de l’argent à moi personnellement. Genre j’ai le droit de ne plus répondre aux appels, je ne suis plus responsable. S’il se passe quelque chose.

 

Olivier My: C’est le mandataire.

 

Mona Boujtita: C’est le mandataire.

 

Olivier My: C’est à dire que c’est à ce moment là où vraiment le cordon il se coupe.

 

Mona Boujtita: Oui.

 

Olivier My: Et donc c’est à la fois difficile et en même temps, c’est à la fois libérateur de ce que j’entends.

 

Mona Boujtita: C’est libérateur, parce que, en fait, il y a un autre truc, c’est qu’en fait, c’est une période où tu te sens extrêmement seule parce que tu ne peux pas en parler aux gens autour de toi.

 

Olivier My: C’est légal, c’est ça ? Il y a une confidentialité qui t’es imposée ou c’est toi qui voulais le garder ?

 

Mona Boujtita: Un peu des deux. Mais en fait, parce que jusqu’à ce que tu ne sois pas sûre, tu ne peux pas le dire à tes salariés bah, c’est fini. Donc déjà, toute la période où tu es en train de réfléchir toi, en fait tu fais bonne figure avec les équipes et en même temps tu peux en parler à personne parce que si ça fuite.

 

Olivier My: Ça va vite.

 

Mona Boujtita: Ça va vite. Et encore une fois, hors de question qu’un salarié l’apprenne de quelqu’un d’autre que de nous tu vois.

 

Olivier My: Oui, effectivement.

 

Mona Boujtita: Donc en fait, c’est toute une période où tu dois faire bonne figure, alors qu’en fait c’est extrêmement difficile et tu dois continuer à gérer ta boîte et en même temps, tu réfléchis à toutes les options, tu regardes qu’est ce qui est possible de faire. En même temps, tu gères le fait que ça va trop mal dans la boîte, que tu as plus de tréso et tu ne peux pas en parler à tes proches et que tout le monde est en mode mais meuf je sais pas, on te voit plus, t’es où ? Du coup c’est un peu tu peux rien dire alors que tu es en train de vivre un moment hyper dur et du coup le moment où la liquidation est prononcée, c’est aussi le moment où tu peux enfin dire aux gens bah les gars, en fait j’étais en train de liquider ma boîte. Et donc c’est aussi un soulagement parce que du coup tu peux en parler. Et je pense qu’on a fait l’annonce sur les réseaux une semaine après avoir eu la vraie liquidation, tu vois. Et donc tu vois, il y a beaucoup de gens qui disent ah ok, je comprends, tu vois. Parce que pareil, genre moi j’avais beaucoup, on me proposait des trucs, des invitations à des events, à des podcasts, à des trucs et tu dis non, ou alors tu réponds pas trop aux messages. Enfin tu vois, tu n’es pas exemplaire pendant cette période là et tu reçois des messages. Voilà, moi je me souviens que j’étais. Je n’en pouvais plus tu vois parce-que je reçois des messages en mode tu ne m’as pas répondu, tu ne m’as pas fait ça et en fait tu es en mode.

 

Olivier My: J’aurais voulu ouais.

 

Mona Boujtita: Ouais. Laissez-moi genre là, je dois juste gérer un truc et tu sais, tu reçois des messages un peu genre culpabilisants. Je ne pensais pas que tu me laisserais tomber sur ça etc. Et tu es en mode genre juste je ne peux pas te dire ce qui se passe, je ne peux pas, mais genre juste laisse moi. C’est très dur en fait, parce que tu essayes d’être bien pour tout le monde et tu essaies de gérer en même temps, les gens ne te comprennent pas et c’est normal qu’ils ne comprennent pas.

 

Olivier My: Mais en même temps, ils ne peuvent pas savoir ce qui se passe dans ta tête et dans ta vie, sauf s’ils sont très très proches, etc. Mais effectivement, il y a une dimension quand même vraiment libératrice dans ce que tu mettais derrière. Ça t’enlève un poids, des responsabilités, ça fait tomber un masque que tu as forcé sur ton visage pendant un certain temps et au moins, ça te permet de aussi redémarrer et de regarder devant toi sans avoir à regarder sur le rétroviseur, c’était pas mal. Ok, donc c’est une phase qui n’est pas toujours très marrante. En tout cas, tu en parles de manière suffisamment apaisée je dirais, même si c’est quand même récent. Mais après l’esprit entrepreneurial chez toi est encore présent. Et donc qu’est ce que tu fais ? Parce que tu en es là, tu viens de liquider ta boîte, mais la vie n’est pas finie, sachant que tu vois ton chemin jusqu’aux 40 ans, tu as encore des années. Qu’est ce que tu fais ? Qu’est ce que tu décides de faire ?

 

Mona Boujtita: Je prends un peu de temps. Je prends deux trois semaines, un mois, tu vois, un peu à vivoter. Je vais dans le sud de la France un peu. Je prends un peu de. Enfin tu vois, j’essaye un peu de ralentir, mais très vite, il y a deux choses en fait. Très vite, je m’ennuie parce qu’en fait je passe d’un truc où j’ai passé trois ans à 1000 à l’heure où j’étais sur-sollicitée, où tout le monde m’appelait tout le temps, où j’étais utile pour des gens. Tu vois, j’avais une équipe et tout, donc j’avais quand même ce sentiment d’utilité que j’aimais bien, etc.

 

Olivier My: Tu avais à la fois des clients et des collaborateurs et collaboratrices.

 

Mona Boujtita: À d’un coup, en fait, plus personne ne m’appelle.

 

Olivier My: T’es en pyjama devant la télé.

 

Mona Boujtita: Ouais, je ne sers plus à rien. Et vraiment, c’est un énorme vide. Parce qu’en fait, tu cours vraiment pendant trois ans après une quête. Et là, d’un coup, bah t’as plus cette vision, t’as plus de sollicitations, t’as plus de trucs auxquels penser tout le temps. Donc je m’ennuie très vite. Et en fait, très vite, je ressens ce besoin de remonter à cheval quoi. Et je me dis aussi ok, là tu viens de te casser la gueule, il faut remonter vite parce que si tu laisses passer du temps.

 

Olivier My: Tu risques de commencer à creuser un peu.

 

Mona Boujtita: Tu vas creuser, tu creuses le doute en toi, t’es dans un truc où t’es plus visible des gens. Donc en fait, les gens ne sollicitent plus.

 

Olivier My: Et dans l’esprit des gens, finalement, on oublie vite aussi.

 

Mona Boujtita: Et en même temps je me dis en fait tu vas vite tomber aux oubliettes ma belle. Donc je pense que j’avais le truc profond en moi peut-être c’est que j’avais peur d’être oubliée tu vois.

 

Olivier My: Et je pense que c’était une réflexion importante aussi parce que quand on chute, forcément, ça fait des vagues et des hauts et des bas. Quand on est en bas, c’est aussi important d’apprécier le fait que là tu n’as plus l’intensité. C’est là où tu peux aussi réfléchir et te poser et te reposer aussi. Parce que toute la dimension un peu émotionnelle que tu as vécu juste avant, elle a dû être importante et forte. C’est pour te retrouver aussi. Mais par contre, si tu passes trop de temps là, bah d’un coup, tu perds tout le rythme et toute l’énergie que tu pourrais développer pour déployer quelque chose de nouveau parce que ça nécessite quand même de l’énergie pour créer quelque chose de nouveau. Et le fait de te dire de remonter à cheval rapidement, je trouve qu’effectivement c’est quelque chose qui est super important quand tu veux retourner dans un mouvement différent.

 

Mona Boujtita: C’est ça. Et du coup, en fait, ce qui m’avait surprise et en même temps mis en difficulté quand j’ai fermé ma boîte, c’est qu’en fait tu as zéro témoignage en ligne de gens qui ont fermé leur boîte. Tu n’as personne qui en parle. C’est hyper secret, en fait les gens qui ferment des boîtes, ils ferment les boîtes et ils disparaissent, tu vois. Des fois, il n’y a même pas d’annonce. C’est juste en fait, il y a une disparition, tu dis mais ça fait longtemps que j’ai pas vu ça. Et tu retournes en fait, ils ont juste arrêté de poster à un instant T. Et en fait, moi ça a été très difficile, j’ai dû contacter des gens en privé pour leur demander de prendre des cafés pour qu’ils m’expliquent comment ça s’était passé, pour m’expliquer c’était quoi les meilleures stratégies à faire. Parce qu’en fait, quand tu fermes une boîte, tu te pose énormément de questions : Mais je fais quoi avec ça ? Je fais quoi de mon stock ? Je fais quoi de ça ?

 

Olivier My: Oui, effectivement. Parce qu’en plus, toi, ce n’était pas juste une boîte avec un service en ligne par exemple. Tu as des dimensions physiques quand même à prendre en compte de la logistique qu’il y a derrière oui.

 

Mona Boujtita: Plein de choses en fait. Tu ne sais pas à quelle sauce tu vas te faire manger au tribunal. Donc en fait, c’est hyper rassurant de parler avec d’autres gens qui sont passés par là.

 

Olivier My: Est-ce que tu penses que les personnes qui justement donnent plus signe de vie lorsqu’ils ont fermé c’est plus parce que ça les a tellement touchés qu’ils ne veulent pas en parler ? Parce que c’est tabou ?

 

Mona Boujtita: Les deux. Du coup, pour avoir rencontré des gens, en fait, il y en a beaucoup qui partent en dépression après avoir fermé une boîte. C’est vrai. C’est véridique. Il y a beaucoup de gens, en fait, qui peuvent tomber vraiment très bas. Moi, j’ai eu de la chance parce que je n’avais pas d’argent personnel dans la boîte. Mais il y a des gens où ça peut les mettre en vraie difficulté parce qu’ils ont investi de l’argent, parce qu’ils ont des prêts bancaires qui sont sous leur nom, qu’en fait ils peuvent continuer à rembourser de manière personnelle. Il y a des gens qui vont perdre leur maison, qui vont perdre leur relation avec. Enfin, tu vois, il y a des cas qui sont vraiment bien plus graves que le mien. Et donc il y a beaucoup de gens qui sombrent après une fermeture de boîte. Et après, c’est aussi extrêmement tabou dans la Start-Up Nation, l’échec. Donc les gens n’en parlent pas, ils ne savent pas comment en parler. Après, parfois, tu n’es pas forcément en bons termes avec les gens avec qui t’as taffé ou tu vois si tu ne fais pas les trucs clean. Et c’est très facile de faire un truc pas clean quand tu fermes une boîte. Tu vois.

 

Olivier My: Je pense qu’en plus, c’est là où la dimension émotionnelle est très forte. Quelles sont les décisions que tu prends si vous n’avez pas prévu ça dans les moments où ça se passait bien, c’est difficile de les faire à ce moment là. Donc en tous cas, tu as rencontré des personnes qui avaient fermé, qui allaient plus ou moins bien aussi.

 

Mona Boujtita: Oui. Et donc en fait, je prends la décision en fait de beaucoup communiquer sur cette partie, sur cette phase là de ma vie, sur les réseaux. Donc je fais toute une série de posts sur LinkedIn pour expliquer pourquoi on a fermé. Quels sont mes apprentissages de cette fermeture là ? Qu’est ce que j’ai appris de mes trois ans d’entrepreneuriat ? Et donc je fais un peu mon deuil en partageant avec les gens. Et en fait, c’est une série de posts qui marche extrêmement bien. Donc il y a beaucoup de gens qui la suivent. Je reçois beaucoup de messages et je reçois aussi beaucoup de soutiens, d’autres créateurs de contenus. Tu vois, notamment Thibault Louis qui va beaucoup m’aider à rebondir, à me dire comment devenir solopreneur, tu vois ?

 

Olivier My: Oui, effectivement.

 

Mona Boujtita: Et donc je suis aussi hyper touchée par la vague de soutien que je reçois en partageant sur les réseaux. Il y a beaucoup de gens qui me disent mais en fait nous aussi ça ne va pas du tout dans notre boîte. Merci d’en parler, merci de nous expliquer comment ça se passe.

 

Olivier My: Ça résonne.

 

Mona Boujtita: Ça résonne de fou, vraiment. Parce que c’est comme si je parlais d’un truc que tout le monde vivait, mais personne n’en parlait.

 

Olivier My: C’était quand ça ?

 

Mona Boujtita: Mars. Mars dernier.

 

Olivier My: Mars 2023. Alors oui.

 

Mona Boujtita: 2024.

 

Olivier My: Mars dernier, vraiment en mars dernier. Ok.

 

Mona Boujtita: Donc voilà, en parallèle, je crée une page Instagram qui s’appelle Entrepreneurs Solitaires, parce que à ce moment là, je reçois tellement de témoignages de gens qui me livrent des trucs.

 

Olivier My: Autant les partager et les mettre en lumière.

 

Mona Boujtita: Et donc je crée une page Instagram où je partage ces témoignages en anonyme. Parce que justement le truc c’est les gens ne veulent pas en parler parce que souvent c’est, comme je l’ai dit, des histoires qui sont un peu difficiles.

 

Olivier My: Ça les touche émotionnellement, identitairement.

 

Mona Boujtita: Oui, souvent ça inclut un associé, une personne de l’équipe, un fournisseur, tu vois. Et donc partage anonyme, ça aide beaucoup les gens à parler. Et donc je fais ce compte là où je partage et du coup ça aide beaucoup de gens parce qu’ils me disent J’ai lu ce témoignage là, je vis exactement la même chose et c’est vrai que j’ai jamais entendu quelqu’un en parler. Parce qu’en fait l’entrepreneuriat, le truc qui est dur, c’est que tu dois toujours faire bonne figure. Tu dois toujours dire que ta boite va bien, tu dois toujours dire que tout se passe bien, qu’on est en pleine croissance, etc. Alors que les coulisses sont tout autres, tu vois. Pour tout entrepreneur, tous les entrepreneurs savent que les coulisses et la réalité de l’entrepreneuriat, ça n’a rien à voir avec « j’ai fait plus 100 % de croissance pendant six mois, etc. » C’est certes possible des fois, mais si tu mets le tableau global, il y a plein d’autres choses à raconter et il y a aussi beaucoup de difficultés. Il y a aussi beaucoup de moments de down. Il y a aussi beaucoup de moments de doute et c’est des vraies épreuves. Donc c’est une vraie aventure avec le négatif et le positif.

 

Olivier My: Et le fait d’associer les deux est important.

 

Mona Boujtita: Et les extrêmes.

 

Olivier My: Et les extrêmes effectivement.

 

Mona Boujtita: Ça peut être très positif et très négatif, tu vois.

 

Olivier My: Et toi, tu as vécu surtout le très positif, le très négatif tu l’as vécu ? Tu as l’impression d’avoir vécu aussi le très négatif ?

 

Mona Boujtita: Oui. Après ça reste relatif par rapport à toute histoire, mais c’était un moment difficile. Ouais.

 

Olivier My: Ouais, je comprends. Mais c’est vrai que je pense qu’il y a dans la diversité de ce que l’on peut voir. Effectivement, on voit surtout les succès des gens, ils en parlent beaucoup, mais en fait derrière ça, on sent quand même le côté artificiel de la chose. C’est à dire que quand on ne montre que ce qui va bien, on est tous humains, y’a un moment donné ou même nous, ça ne va pas bien pour x ou y raisons, même quand ça va très bien au sens de la boîte, Même nous ça peut être.

 

Mona Boujtita: Oui, ça fluctue.

 

Olivier My: Ça fluctue effectivement. Et donc le fait d’en parler et toi, c’est ce que tu as fait, c’est que tu as parlé de cette dimension plus difficile, quand même de manière plus apaisée, c’est à dire que quand tu en as parlé, tu n’en as pas parlé sur les réseaux au moment où ça se passait.

 

Mona Boujtita: Ah non.

 

Olivier My: Voilà.

 

Mona Boujtita: Ça aussi je conseille vraiment aux gens qui ferment de ne pas parler à chaud, mais vraiment même, tu vois, j’avais fait un exercice qui était intéressant, c’est que je devais écrire le communiqué de presse pour annoncer la fin de la boîte et j’ai écrit la première fois une version. Je l’ai envoyée à un ami. Il m’a dit Bon, c’est très négatif et tu vois, je t’avais dit tu vois, malheureusement, nous avons dû faire face. J’avais écrit un truc très dramatique, c’est la fin. Il m’a dit Bon, c’est très négatif, réécrit une version, tu vois. J’ai réécrit une version. Il m’a dit Ça reste hyper comment tu l’a écris, Ça sonne vraiment comme un échec, tu vois. Et en fait, j’ai réécrit plusieurs fois le communiqué de presse jusqu’à ce que j’écrive un truc qui est positif.

 

Olivier My: Et ça a pris combien de versions ?

 

Mona Boujtita: Quatre je pense. Quatre fois. Ouais.

 

Olivier My: Ouais, quand même.

 

Mona Boujtita: Et en fait, je suis hyper reconnaissante d’avoir fait cet exercice là parce que ça m’a énormément aidée. Bon, déjà, juste pour dire, il ne faut pas communiquer à chaud parce qu’en fait, sinon j’aurais lancé la V1 du truc qui était en mode c’est la fin du monde, tout s’arrête et tout, tu vois.

 

Olivier My: Déprimons tous ensemble.

 

Mona Boujtita: Ouais, vraiment très très. C’est un drame immense qui tombe sur la France. RESAP ferme. Et en fait, faire l’exercice là de réécrire plein de fois, je me suis dit en fait : Ok ça t’es arrivé. Ok, c’est dur, ok. C’est potentiellement un échec. Mais comment tu peux écrire l’histoire pour que ce soit quelque chose de positif qui serve et qui impulse une suite d’espoir pour les gens qui sont dans ce domaine là, dans l’entrepreneuriat, mais aussi pour mes équipes qui ont vécu l’histoire, pour nous, qui avons vécu l’histoire, comment je peux écrire cette fin comme quelque chose de positif. Et en fait, ça m’a énormément aidée et je pense que ça m’a enlevé un gros truc pour aujourd’hui parler avec plusieurs personnes qui ont fermé, qui sont en mode, qui restent sur un goût d’échec, qui restent sur un goût de négatif. Le communiqué de presse m’a permis de dire en fait, c’était une aventure incroyable. J’ai appris énormément de choses, on a appris énormément de choses, on a apporté énormément de choses à l’écosystème. Aujourd’hui, c’est un chapitre qui se ferme. Mais il faut en garder que le positif et à quel point c’était incroyable.

 

Olivier My: C’est marrant parce que dans la manière dont tu en parles, j’ai l’impression que entre ta première version et ta dernière version, ce qui a changé, c’est aussi ton objectif. C’est à dire que quand on te dit écris un communiqué de presse sur la fermeture de ta boîte, j’ai l’impression que ta première version qui était assez triste, c’était peut être ce que tu vivais à ce moment là. C’est triste pour toi. Et donc tu écris ce que tu es en train de vivre, toi pour toi, presque tu t’écris à toi même tu vois. Effectivement, malheureusement, voilà le drame qui s’abat sur la France. Et puis plus tu as avancé dans tes versions et c’est ce que j’entends, c’est que au final, tu t’es rendue compte que l’expérience que toi tu as vécu, elle pouvait être utile à d’autres. Et tu as changé l’objectif de ton message pour justement être générateur d’espoir. Et c’est pour ça que je rebondis sur ce thème là que tu as utilisé parce que toute fermeture, tout échec, finalement tout apprentissage, autant le partager à d’autres parce que c’est quelque chose qui va se multiplier plutôt que de simplement t’être enlevé à toi. Et je pense que c’est aussi la beauté de ce que tu as fait et de ce pour quoi ça a résonné. C’est que derrière ça, il y a plein de gens qui ont vécu des choses qui sont similaires. On a tous vécu des échecs d’une manière ou d’une autre. Comment est ce que, de par toi qui a osé être finalement une sorte de porte parole de toutes les voix silencieuses, on peut avancer ensemble ?

 

Mona Boujtita: Exactement. Et puis c’était aussi un peu reprendre mon pouvoir en disant Bah en fait, j’ai encore la main pour écrire la suite de l’histoire et la suite des histoires elle peut être très positive. Si je décide qu’elle va être très positive, tu vois. J’avais l’impression d’avoir subi beaucoup, tu vois les derniers mois, etc. Et là, je reprenais un peu mon pouvoir en me disant bah, j’écris l’histoire que j’ai envie de raconter et je suis encore maître de ça quoi.

 

Olivier My: Et donc tu as commencé sur LinkedIn ce coup-ci ?

 

Mona Boujtita: Ouais. Et donc là c’était plus sur LinkedIn. Enfin j’ai partagé. Bien sûr, on a fait un post sur Instagram qui est devenu viral d’ailleurs, qui a fait énormément de vues, etc, avec un soutien immense. Et après, sur LinkedIn, j’ai continué en expliquant tout ce qui s’était passé et en faisant une série de posts avec mes apprentissages etc qui a été bien reçu. Et donc j’ai continué. Et en fait, c’est aussi à ce moment là que j’ai découvert que je ne repartais pas de zéro. Et encore, il y a encore des trucs que j’ai découvert. Tu vois, vraiment en marchant, pas après pas. Parce que en fait, les moments où je pensais ok, je vais dire que c’est la fin de RESAP, tout le monde va se désabonner et c’est fini pour moi. Tu vois. Et en fait on m’a dit mais déjà bravo, félicitations et on a hâte de voir ton prochain projet. Et là j’étais.

 

Olivier My: Quoi ?!

 

Mona Boujtita: Comment ça tu te désabonnes pas parce que RESAP c’est fini ? J’étais juste la CEO de RESAP pis du coup, ma valeur ne dépend pas que de ça. Tu vois, j’étais en mode : Ah vous attendez mon prochain projet, c’est à dire que vous allez continuer à me suivre sur la suite.

 

Olivier My: Même moi sans RESAP.

 

Mona Boujtita: Ouais. Et donc là, ça a été aussi : Ah genre j’ai une communauté. Il y avait une communauté RESAP mais il y a aussi des gens qui me suivaient moi pour qui j’étais et qui en fait n’ont pas arrêté de me soutenir parce que c’est la fin de ma boîte, tu vois. Et donc là aussi, ça m’a permis de dire en fait, je ferme pas un livre, je ferme un chapitre de ma vie. Et en fait, il va y avoir d’autres chapitres et les gens vont me suivre sur les autres chapitres. Et c’est aussi là que j’ai découvert du coup la puissance des réseaux, la puissance du personal branding, parce que du coup, j’avais développé un personal branding moi depuis 2020, mais sans vraiment savoir vraiment que c’était du personal branding ce que je faisais tu vois juste en fait je partageais sur LinkedIn et sur Insta mon aventure d’entrepreneure.

 

Olivier My: C’est marrant parce que ça veut dire que tu partageais l’aventure de RESAP, mais vu que tu t’étais pas basée sur des codes particuliers de communication, tu partageais finalement beaucoup de toi au travers de RESAP, ce qui fait que ça aussi ça t’a aidé à accumuler une sorte de personal branding naturel avec l’évolution de ta boîte.

 

Mona Boujtita: Ouais c’est ça. Et en fait. Enfin tu vois, j’avais 20 000 followers sur LinkedIn, mais j’avais jamais pris conscience de la valeur que c’était tu vois. J’étais en mode bah tu vois, j’ai raconté mais façon c’est pas moi, c’est ma marque et tout. Et en fait là où je dis mais en fait là il y a plus la marque. Et moi Mona Boujtita j’ai encore mes 20 000 followers et qui me suivent moi. Et en fait c’est un truc de fou, j’ai vraiment capté ça à l’instant T et du coup je me suis dit je ne repars pas de zéro parce que j’ai une image en ligne et j’ai des gens qui me suivent. Et du coup ça a été aussi un peu un élan d’espoir en mode je ne repars pas de zéro donc bah go quoi. Juste continue ce que tu fais depuis quatre ans, continue à communiquer, continue à partager et continue à inspirer des gens parce que c’est ce pourquoi les gens te suivent. Donc j’ai juste continué et j’ai essayé de me recentrer sur ma communauté en essayant de voir de quoi ils avaient vraiment besoin. Et qu’est ce que je pouvais leur apporter.

 

Olivier My: Et donc, vu qu’on évoque le sujet du personal branding, on l’utilise comme si c’était évident pour tout le monde. Mais si tu devais le définir pour l’expliquer, qu’est ce que tu dirais ?

 

Mona Boujtita: Du coup, le personal branding c’est un peu utiliser tous les codes de branding qu’on peut faire sur une marque tu vois donc, être reconnaissable parce que tu véhicules tel message, tu utilises tel type de couleur, tu as tel ton, etc. En fait, c’est réutiliser tous ces codes là sur une personne physique pour créer un branding, donc des codes de marque, et te faire connaître toi pour qui tu es et pas pour la boîte que tu développes, etc. Donc c’est vraiment créer un attachement émotionnel entre toi personnellement et ta communauté et codifier un peu ta personnalité. Enfin, même si c’est très authentique, etc. C’est créer des codes qui te permettent d’être reconnaissable et du coup créer ta réputation en ligne. Donc tu auras une réputation par rapport à ton contenu.

 

Olivier My: Et donc ton propre personal branding. Qu’est ce que ça a changé dans ta vie par la suite ? Donc l’après RESAP. Qu’est ce que ça a changé ?

 

Mona Boujtita: Bah ça m’a permis de rebondir hyper vite et c’est encore une fois, je n’en avais pas conscience, mais je me suis dit en fait, là, je peux rebondir hyper vite parce que j’ai une communauté et en fait ça te crée une notoriété, une influence qui te permet de pouvoir reproposer quelque chose, d’avoir directement de la demande et de pouvoir être payé à ton juste prix directement alors que normalement tu recommences de zéro. Soit tu travailles gratuitement, soit tu fais des petits prix, soit tu vois, là j’ai été directe : ok, j’ai assez de crédibilité pour proposer une offre, toucher une cible qui est qualifiée parce que moi aujourd’hui je cible les dirigeants, donc une très belle cible et de me vendre à mon juste prix quoi.

 

Olivier My: Et donc effectivement, ce personal branding là, toi c’est aujourd’hui, donc ce que tu fais. Donc tu cibles des dirigeants pour développer leur propre personal branding. Qu’est ce que pour eux ça peut changer ?

 

Mona Boujtita: Exactement. Donc là, aujourd’hui je me suis reconvertie là dedans. Donc là j’accompagne des dirigeants, à notamment poster sur LinkedIn et à développer leur image en ligne pour qu’ils deviennent visibles. Et en fait, ça apporte énormément de choses parce que déjà aujourd’hui, les gens sont beaucoup plus attachés à des personnes qu’à des marques ou à des entreprises. Et ensuite, en fait, tu crées de l’inbound marketing dans le sens où c’est vraiment ce que j’ai fait avec RESAP, c’est tu te rends visible de manière permanente et dès qu’il y a une opportunité, les gens vont penser à toi. Donc en fait tu vas avoir des demandes entrantes, tu vas créer du contenu pour, au lieu d’aller toi prospecter et chercher des opportunités et tout le temps être en quête de choses, tu deviens visible et tu attires à toi des choses qui te correspondent et même des opportunités qui sont, tu vois, un livre ou une émission qui sont diverses en fait, par rapport à ta personnalité, ça peut t’ouvrir énormément de portes, énormément de réseaux aussi, parce qu’avec le Personal Branding tu rencontres des gens du même domaine que toi, tu vas potentiellement rencontrer des amis après. Tu te fais un cercle et tu développes une notoriété qui est aujourd’hui, la notoriété a un prix, tu vois. Ça te permet de te faire payer plus cher, d’avoir accès à des trucs, des opportunités qui sont hyper cool. Mais aujourd’hui, on est dans une économie d’attention, tu vois où si tu as une communauté qui est engagée, bah ça vaut beaucoup.

 

Olivier My: Et toi, depuis que tu es vraiment sur le domaine du Personal Branding, est ce que tu as un exemple de quelque chose que tu as pu avoir grâce à ce Personal Branding ? Genre une personne que tu as rencontrée ou une opportunité que tu as pu avoir ?

 

Mona Boujtita: Bah tout en fait. Moi ma vie est basée sur le Personal Branding dans le sens où aujourd’hui je ne vais pas beaucoup vers les gens et du coup je suis un peu j’attends les opportunités qui sont à moi, mais de manière très. Par exemple, j’ai fermé ma boîte deux semaines après, j’ai été contacté par Les Echos pour faire un article sur moi, tu vois. Donc j’ai eu un article dans Les Echos juste après. Un mois après, je suis passée dans le podcast de Justine Roy. Je suis passée dans le podcast de Sandra Verger juste après. J’ai eu plein d’opportunités de médias en fait, qui sont arrivées juste après. Après, il y a des clients qui sont venus à moi. Enfin encore une fois, là, même dans mon métier aujourd’hui, j’ai jamais démarché. C’est des clients qui viennent à moi en mode ah bah j’ai entendu parler de toi, est ce qu’on peut travailler ensemble ? Donc tu vois, ça change tout dans ta manière de travailler et dans ton rapport aux gens.

 

Olivier My: Tu peux te concentrer sur ta zone de génie.

 

Mona Boujtita: Ouais, et moi, la création de contenu. Bah du coup, vu que j’ai Enfin, c’était vraiment ce que je faisais vraiment chez RESAP, c’était ça. Je communiquais toute la journée. C’est devenu vraiment un truc que j’ai appris à bien faire et que j’adore faire aussi. Du coup, aujourd’hui, je communique sur Insta, sur LinkedIn. J’ai aussi mon podcast et tout ça me permet d’être visible.

 

Olivier My: Podcast qui a quel nom ?

 

Mona Boujtita: Notes à moi même.

 

Olivier My: Très bien.

 

Olivier My: Bah merci beaucoup en tout cas pour tous ces éléments et pour ta grande chaleur dans ce partage. Ce que je te propose, c’est que on va terminer en fait notre épisode par la petite dernière partie qui quand je t’en ai parlé, a amené un sourire crispé. Ne t’inquiète pas, il n’y a rien de particulier, c’est juste d’autres petites questions.

 

Mona Boujtita: Ok.

 

Olivier My: Voilà. Plus ouverte pour toi. Et donc, comme tu le vois sur la table, donc il y a des petites cartes. Ce que je te propose, ça te donnera une impression de pouvoir encore une fois de prendre les cartes et tu vas les mélanger. Donc tu ne les regardes pas, tu vas les mélanger.

 

Mona Boujtita: Je mélange les cartes.

 

Olivier My: Sur ces cartes, il y a des questions et donc on va un petit peu discuter sur ça avant de terminer ensemble. Donc ce que je te propose, c’est simplement d’en piocher une où tu veux. Donc est ce que tu peux la lire ?

 

Mona Boujtita: Qu’est ce que l’année passée t’a appris ?

 

Olivier My: Ben voilà.

 

Mona Boujtita: Tu réponds ou je réponds ?

 

Olivier My: Non, c’est toi. Ça y est, elle est déjà en train de hacker le truc.

 

Mona Boujtita: Ça m’a appris qu’il fallait être honnête avec soi-même. Il fallait savoir être honnête avec soi-même.

 

Olivier My: Est ce que tu peux élaborer un peu plus ?

 

Mona Boujtita: Parce que comme je t’ai dit, c’est que je pense que j’ai pas voulu voir la vérité en face et que je pense que ça faisait plusieurs mois que je savais que on fonçait dans le mur et plusieurs mois que je savais que ça n’allait pas. Et en fait j’ai laissé un peu pourrir la situation jusqu’à ce qu’on arrive au pied du mur où en fait tu es obligé de liquider alors que je me dis tu vois, si j’avais été honnête avec moi même et que j’avais dit ok, je prends les choses en main parce que ça ne va pas et que j’avais plus anticipé pour dire les options, c’est ça, ça, ça, ça, ça. Bah peut être que l’histoire aurait été différente.

 

Olivier My: En tout cas, apprendre à faire face aux moments où on a la situation, un de tes apprentissages de cette année.

 

Mona Boujtita: Alors en fait, il ne faut pas se dire ça va s’arranger et ça va s’arranger.

 

Olivier My: On peut toujours se le dire en tout cas. Après.

 

Mona Boujtita: Il faut plutôt se dire ok, comment je peux être totalement honnête avec moi même pour faire les bons choix.

 

Olivier My: Super, merci bien. Il n’y en a pas qu’une, Ce n’est pas fini ce que je te propose. On va faire un deuxième tour. C’est que tu peux en choisir deux dans le paquet.

 

Mona Boujtita: Ok.

 

Olivier My: Tu vas lire les deux et tu choisis à laquelle tu veux répondre.

 

Mona Boujtita: Ok. C’est parti. Roulement de tambour. Je sélectionne deux cartes que je retourne. Première carte. Quel était ton dernier moment d’audace ? Raconte le moi en détail.

 

Olivier My: Là, vous n’avez pas vu, mais il y a eu un regard en l’air.

 

Mona Boujtita: L’autre carte. Si tu pouvais avoir un superpouvoir, lequel serait-ce ? Comment l’utiliserais tu ? Super-pouvoir je sais exactement ce que j’utiliserais. Là tu sais, quand tu peux te déplacer d’un endroit à l’autre.

 

Olivier My: Téléportation ?

 

Mona Boujtita: La téléportation. Téléportation de fou. Je déteste les trajets et j’aimerais trop me téléporter de dire Ok, je suis là. Bam ! J’arrive dans mon lit. Bam ! J’arrive à la soirée.

 

Olivier My: J’arrive dans mon lit !

 

Mona Boujtita: Vraiment, j’ai tout le temps en mode le dernier trajet avant de rentrer à la maison, tu vois. Je sais pas si t’as cette sensation mais c’est vraiment la flemme genre, je suis là, j’ai juste envie d’arriver. Bam chez moi face à un truc à manger.

 

Olivier My: Face à un truc à manger.

 

Mona Boujtita: Et tout va bien. Mais voilà, la téléportation est aussi pour aller rencontrer des gens, pour aller quand je veux tu vois sur une plage au soleil et après revenir à Paris, tu vois? C’est vraiment.

 

Olivier My: Sans la fatigue du trajet quoi.

 

Mona Boujtita: Sans les trajets et de manière rapide.

 

Olivier My: Ok, super. Pour une dernière. Ce que je te propose c’est que moi je vais en sélectionner trois.

 

Mona Boujtita: Ok.

 

Olivier My: Et c’est moi qui vais la sélectionner.

 

Mona Boujtita: Ok.

 

Olivier My: Ça te va ?

 

Mona Boujtita: Vas y.

 

Olivier My: Je te laisse même sélectionner les trois tiens, va y.

 

Mona Boujtita: Pour avoir quand même un peu de pouvoir.

 

Olivier My: Exactement. Tu vois la manipulation ?

 

Mona Boujtita: Et voilà.

 

Olivier My: Allez super. Alors je vais lire les trois questions. Donc, quelles sont les valeurs qui sont importantes pour toi ? Parle moi de trois rêves que tu as ou trois objectifs que tu t’es fixés. Et tu as 102 ans, tu regardes ton passé et tu te dis que tu es vraiment fière d’avoir réalisé trois petits points. J’ai bien aimé les grands yeux quand j’ai dit 102 ans. Donc c’est celle-là que je vais te poser. Donc imagine que tu as 102 ans, tu regardes en arrière et tu te dis que tu es vraiment fière d’avoir réalisé. Je te laisse compléter.

 

Mona Boujtita: Je pense que si tout se passe comme je veux.

 

Olivier My: Imagine que tout s’est passé comme tu le voulais.

 

Mona Boujtita: Et que tout s’est passé comme je veux. Je pense que j’aurai deux grandes fiertés dans ma vie. La première, ça serait d’avoir créé une famille épanouie et soudée. Et la deuxième chose, ça aurait été de. Enfin, c’est compliqué les conjugaisons de temps.

 

Olivier My: Je comprends. Dans le passé.

 

Mona Boujtita: Ça aurait été d’avoir créé une boîte ou un projet qui a impacté positivement la vie de milliers de personnes.

 

Olivier My: Super! En tout cas, tu l’as déjà fait une fois à ta manière et je et on je suppose, te souhaite tout cela pour le futur.

 

Mona Boujtita: Merci beaucoup.

 

Olivier My: Et du coup, si on veut prendre contact avec toi par la suite, comment est ce qu’on fait ?

 

Mona Boujtita: Du coup, vous pouvez me retrouver sur LinkedIn : Mona Boujtita. Sur Instagram Mona Jilbana et sur mon podcast Notes à moi-même.

 

Olivier My: Bah super ! Merci beaucoup encore pour ton temps ! C’était super.

 

Mona Boujtita: Avec plaisir, c’était très agréable.

 

Olivier My: Et puis à la prochaine!

 

Mona Boujtita: À la prochaine ! Bye !

 

Olivier My: Salut!

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