Faut-il vraiment tout quitter pour évoluer ?
Dans un monde où l’on valorise le changement rapide et les transitions éclairs, Renaud Torri propose une autre voie : celle du changement intérieur, progressif et aligné, au sein même d’une entreprise qu’il connaît depuis 10 ans.
Dans cet épisode profond et authentique, on explore comment il a su transformer ses missions, sa posture, sa façon de collaborer… sans jamais changer de structure. Un témoignage rare qui bouscule les idées reçues sur l’épanouissement professionnel.
Vous découvrirez notamment :
Un épisode à écouter si vous vous sentez à un carrefour professionnel… sans être sûr·e qu’il faille forcément changer de route.
Si l’épisode vous a plus, n’hésitez pas à laisser un message sur le répondeur du podcast : https://www.vodio.fr/repondeur/1273/
[00:00] : Introduction – Qui est Renaud Torri ?
[04:22] : Ce qui l’a fait rester 10 ans dans la même entreprise
[08:39] : Le besoin d’alignement et la quête de sens
[12:56] : Grandir sans changer de cadre : une stratégie d’évolution interne
[18:31] : Se préserver dans un environnement en transformation constante
[23:58] : Le corps comme signal d’alerte : quand ça ne va plus
[29:47] : Conversations clés et bascules dans le parcours
[36:10] : Réinventer sa posture au sein d’une même structure
[41:25] : La tentation du départ vs. la fidélité à une vision
[48:03] : Relever les défis en changeant de regard, pas de décor
[53:40] : Oser se positionner autrement dans son collectif
[59:11] : Le rôle de l’écoute et de l’introspection dans la transition
[1:04:26] : La place du coaching et des accompagnements externes
[1:10:04] : Équilibrer impact et plaisir au fil des années
[1:15:36] : Le rapport au pouvoir, à l’autorité et au leadership
[1:21:59] : Ce qu’il retient de ces 10 ans de transformations progressives
[1:27:40] : Conseils à celles et ceux qui veulent changer sans partir
[1:33:02] : Mot de la fin & remerciements
1. Le changement progressif
•La philosophie des petits pas constants et réguliers.
•Éviter les changements brutaux pour privilégier un mouvement doux et régulier.
2. Les rituels et habitudes
•Le lien entre rituels personnels (comme le laçage précis des chaussures) et la gestion du stress ou de l’anxiété.
•Comment ces petits gestes anodins influencent notre bien-être mental et notre performance.
3. L’équilibre personnel et professionnel
•Comment Renaud gère son équilibre entre sa vie familiale, professionnelle et sportive.
•L’importance de trouver son rythme personnel.
4. La communication interpersonnelle
•Être à l’aise dans les interactions, l’écoute active, et la prise de parole dans les groupes.
•L’importance d’une communication fluide et transparente au travail.
5. Parcours professionnel atypique
•L’influence des rencontres inspirantes sur les choix de carrière.
•Comment une simple décision peut transformer une trajectoire professionnelle.
6. La stabilité vs l’immobilisme
•Comment rester dans une entreprise longtemps sans stagner.
•Éviter la routine par l’évolution régulière des responsabilités et des rôles.
7. Apprentissage continu
•Savoir apprendre de chaque expérience pour progresser constamment.
•L’intérêt de maîtriser suffisamment un sujet avant d’en explorer un autre (principe des 80-20).
8. Agilité et collaboration
•Passage d’un modèle traditionnel (cahier des charges, silos) à une approche agile et collaborative.
•L’importance du travail en équipe, du dialogue continu et des interactions directes.
9. Le rôle de l’UX et de l’expérience utilisateur
•Comment l’intégration d’un UX designer a transformé la qualité du produit et le travail en équipe.
•Comprendre et se rapprocher des utilisateurs finaux pour réussir des projets.
10. La confiance et l’autonomie
•Comment des managers bienveillants et confiants favorisent la montée en compétence et l’implication.
•L’importance de donner de l’autonomie pour favoriser la créativité et la prise d’initiatives.
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Olivier My 00:05
– Bienvenue sur Change & Chill, le podcast où l’on parle de changement simplement. Je suis Olivier My et avec mes invités, nous explorons comment le changement peut être une force positive dans nos vies. Des histoires inspirantes avec une touche de légèreté. Dans ce nouvel épisode, j’ai le plaisir d’accueillir Renaud Torri. Salut Renaud, comment ça va ?
Renaud Torri
– Salut Olivier, ça va et toi ?
Olivier My
– Ça va bien, surtout que pour une fois je suis à ta taille. Parce que là tu es assis en face de moi, moi je suis debout. Et pour une fois je peux voir à quoi ça ressemble.
Renaud Torri 00:38
– Ouais alors je suis assis sur un tabouret haut quand même, les gens vont croire que je fais 2 mètres.
Olivier My 00:43
– T’es quand même grand hein ?
Renaud Torri 00:44
– Ouais 1m85.
Olivier My 00:45
– Ah oui quand même. Je suis vraiment pas très grand moi tu me diras. Du coup on discutait juste avant et tu me disais que tu avais une manière très particulière de lasser tes chaussures. Est-ce que tu peux nous…
Renaud Torri 00:57
– Alors c’est pas une manière particulière de lasser, c’est… Un toc, quand je fais de l’activité sportive, de la randonnée ou de la course à pied, j’ai besoin que mes lacets soient serrés exactement de la même manière à droite et à gauche.
Olivier My 01:09
– Ok, donc lacés de la même manière, ça veut dire ?
Renaud Torri 01:12
– Serrés de la même manière. Peu importe qu’ils soient lacés, simples nœuds, doubles nœuds, peu importe. Il faut juste qu’ils soient serrés, que j’ai la sensation que mes deux pieds sont serrés de la même manière. Ça peut durer, je peux refaire le lassage 6, 7, 8 fois, ça dépend.
Olivier My 01:26
– Donc toutes les personnes qui vont partir avec toi ? pour faire une activité sportive, savent que quoi qu’il arrive, c’est le rituel.
Renaud Torri 01:33
– C’est le rituel. Voilà, ils savent. Maintenant, ils ont l’habitude. Je leur dis, vas-y, continue. Je refais le lassage et je te rejoins, je te récupère. J’ai un petit peu le match qui est arrivé. Les cinq premières minutes, je fais des sprints, je fais le lassage.
Olivier My 01:46
– C’est marrant, ça. Et ça te vient d’où ?
Renaud Torri 01:48
– Je n’en ai pas la moindre idée. Franchement, je ne sais pas. Je pense que les premières fois que je l’ai fait, c’était mes premiers trails, on va dire. Et après, c’est devenu une habitude. Je ne sais pas trop l’expliquer.
Olivier My 01:58
– Mais voilà, ça te rassure. Ouais.
Renaud Torri 02:00
– C’est ça. Ça me crée mes petites habitudes. Et entre elles, souvent, ça m’aide dans les derniers moments à ne pas être focalisé sur les pensées parasites. Rester focalisé sur un truc très terre-à-terre plutôt que de penser est-ce qu’aujourd’hui va être une bonne journée ? Est-ce que ça va bien se passer ? Est-ce que… Voilà. Au moins, la question, c’est le lassage.
Olivier My 02:18
– La question, c’est le lassage.
Renaud Torri 02:20
– Simple, basique.
Olivier My 02:22
– Bah super. En tout cas, vraiment ravi de t’accueillir pour cet épisode de podcast. Et… commencer. Est-ce que tu peux te présenter s’il te plaît ?
Renaud Torri 02:29
– Donc moi j’ai 38 ans, je suis product manager dans une boîte qui est un courtier en assurance qui s’appelle Alptis. Ça fait un paquet d’années que je suis chez Alptis maintenant, j’ai pas mal changé, pas mal évolué, mais toujours sur la partie produits fonctionnels et dans la vie plus perso. J’ai une femme, trois enfants et je pratique du sport en loisir, plein de petits sports régulièrement quand j’ai pas de petits bobos mais voilà.
Olivier My 02:54
– Ok, tu fais quoi comme sport au-delà de la randonnée du coup ? Ouais.
Renaud Torri 02:59
– Rando, trail, du vélo, de la boxe, du padel.
Olivier My 03:04
– Boxe ? Boxe de quel genre ?
Renaud Torri 03:05
– Boxe pieds-points.
Olivier My 03:06
– Et là pareil, les lacets sont faits ?
Renaud Torri 03:08
– Non, il n’y a pas de soucis. Alors, les gants, pour le coup, maintenant que tu le dis, c’est vrai que c’est rigolo. Il faut que les gants soient serrés pareil à droite et à gauche.
Olivier My 03:18
– Sinon ça ne démarre pas.
Renaud Torri 03:19
– Tu sais, je suis le gars pénible dans la session où à chaque fois qu’on enlève les gants, qu’on les remet, tu entends dix fois les scratchs qui se… qui se défend et qui se refond c’est fou donc quand même pas mal sportif ouais alors vraiment en loisir mais ouais du sport dès que je peux 2, 3, 4 fois par semaine ça dépend on va dire plutôt 2, 3 fois et voilà je suis plus focalisé sur un sport en particulier j’aime bien changer, j’aime bien évoluer après vraiment celui qui me plaît bien bien c’est quand même le trail j’en fais moins en ce moment parce que j’ai des petits pépins mais voilà c’est vraiment le truc je suis arrivé à bien m’évader ok super.
Olivier My 03:52
– Tu sais que le podcast c’est pas mal On parle de changement et du coup, la question qui devient rituelle, c’est pour toi le changement, ça t’inspire quoi ?
Renaud Torri 04:00
– Moi, le changement, c’est vraiment une marche en avant. En fait, tu vois, le changement, par définition, il se définit par un état actuel ou passé. Moi, je suis quelqu’un, tu me connais, qui est toujours focalisé sur ce qui arrive, sur la suite. Je ne suis pas trop focalisé sur ce qui s’est passé ou ça m’intéresse moins, on va dire, parce que je ne peux pas rendre prise dessus. Donc, pour moi, c’est vraiment une marche en avant et quelque chose qui est constant. Avant, il y a quelques années, j’aurais peut-être plus défini ça comme un changement un peu plus brutal. Et aujourd’hui, de par mon expérience, je pense beaucoup professionnelle, mais aussi parce que j’ai un peu vieilli, c’est quelque chose pour moi qui est beaucoup plus lent, mais dans la continuité.
Olivier My 04:40
– Donc plutôt des petits pas, finalement, mais très constants. Et avec la même pression de chaque côté. C’est ça que j’ai compris. Voilà.
Renaud Torri 04:49
– Pour la métaphore du lassage, exactement. Ça va nous suivre en fil rouge. Exactement.
Olivier My 04:54
– Mais voilà, un changement qui est plutôt progressif dans la durée, qui permet de voir venir et d’avancer au fur et à mesure.
Renaud Torri 05:00
– Et de jamais s’arrêter.
Olivier My 05:01
– Tu vois.
Renaud Torri 05:02
– Dès que tu t’arrêtes, ça aussi c’est… chose dans le trail qu’on a beaucoup en tête, c’est t’arrêtes pas, marche doucement, très doucement, mais marche, avance.
Olivier My 05:11
– Pour éviter de stagner. Justement, c’est un des sujets qui me paraissait intéressant d’aborder avec toi, parce qu’on se connaît quand même depuis un certain nombre d’années maintenant.
Renaud Torri 05:19
– Depuis 9 ans.
Olivier My 05:21
– 17, un truc comme ça.
Renaud Torri 05:22
– 9 ans.
Olivier My 05:24
– On a presque 10 ans. On va répéter nos 10 ans. On va dire qu’en défense.
Renaud Torri 05:29
– Franchement, ouais, de ouf.
Olivier My 05:31
– 10 ans et je t’ai vu pas mal évoluer au sein de la société et je trouvais ça intéressant de partager tous ces moments que tu as eu, toute cette période de vie parce que déjà, rester longtemps dans une entreprise, ce n’est pas donné à tout le monde, surtout dans la période actuelle. Et surtout, à chaque fois qu’on fait un changement de rôle, de poste, ça amène à certains challenges, ça amène à certaines perspectives, certaines inspirations et du coup, je trouvais ça intéressant de voir avec toi l’évolution que tu as pu avoir aussi dans la société et voir où ça nous mène.
Renaud Torri 06:01
– C’est intéressant ce que tu dis parce que souvent j’ai la remarque, tu vois, avec mes amis par exemple. Mes amis me disent ça fait combien de temps que t’es dans ta boîte ? Je leur dis ça fait 11 ans. Ils disent ah ouais c’est énorme. Et mes amis proches, on se parle et ils me disent mais tu t’ennuies pas ? Il y a un côté un peu quand tu restes longtemps dans une boîte, c’est genre t’évolues pas. Surtout quand t’es salarié. T’es indépendant, tu fais une mission de 10 ans, les gens se disent ouais c’est qu’il a une super mission. Alors que quand t’es salarié, ils se disent ouais en fait il fout plus rien.
Olivier My 06:31
– Non mais c’est sûr, on a l’impression que c’est le placard.
Renaud Torri 06:34
– Ouais c’est ça, et effectivement en fait en dix ans j’ai changé pas mal de fois de sujet, j’ai changé beaucoup de périmètre, de job en soi, de responsabilité, de niveau d’intervention, d’impact, et c’est ce qui fait que je suis toujours là. Après évidemment il y a eu des moments où je me suis posé la question et je me la reposerai certainement à l’avenir, mais l’idée est toujours pareille, c’est quand t’es arrivé au bout de quelque chose, quelles sont tes perspectives, comment tu peux évoluer ? Dans quelle direction ? Et quand la réponse, tu vois, tu es bien dans ta boîte, qu’il y a des choses qui se passent, pas spécialement raison de changer pour changer, tu vois.
Olivier My 07:08
– Mais justement, d’où est-ce que tu viens, toi ? C’est-à-dire que tes formations, ton parcours, avant qu’on se connaisse, c’était quoi ? Alors.
Renaud Torri 07:16
– À la base, moi, j’ai une formation vraiment généraliste. Je suis vraiment le gars qui n’a aucune idée de ce qu’il veut faire. Tu vois, classique, qui a la chance de ne pas être trop mauvais à l’école, en ne travaillant pas énormément. Et donc, je fais un petit bac S tranquille. Après, derrière, je rentre en classe préparatoire, école de commerce, sans savoir trop où ça va me mener.
Olivier My 07:37
– T’as fait commerce, toi ?
Renaud Torri 07:38
– Ouais, à la base, école de commerce. Alors, attention, j’ai fait classe préparatoire, école de commerce. Et donc, moi, j’arrive là-bas, je me dis, ça fait des années que je suis à l’école, au lycée, où je fais que de la théorie. Je vais arriver là et on va apprendre la vraie vie, tu vois. Et j’ai genre 15 heures de cours de maths par semaine. Ou dans les maths, il n’y a plus un chiffre, c’est que des lettres.
Olivier My 08:02
– C’est la littérature.
Renaud Torri 08:03
– C’est un truc fou. Ou par semaine, on me dit, cette semaine, il faut que tu apprennes 200 noms de fleurs et puis la semaine d’après, tu apprendras tous les noms d’animaux en anglais. Et donc, rapidement, je me rends compte que 1, je n’ai pas les capacités d’apprentissage adaptées à ça ou en tout cas, ça ne correspond pas à ce que je veux faire. Donc, je ne vais jamais y mettre l’énergie nécessaire. Et donc, à la fin de l’année, on me propose d’arrêter.
Olivier My 08:24
– On t’invite à arrêter.
Renaud Torri 08:26
– Ouais, mais ils ont raison. Je ne suis pas à ma place. Je fais un concours passerelle pour rentrer à l’IAE à Lyon, donc on va dire une licence de gestion. Je fais ma licence de gestion, très généraliste. Là déjà, ça commence à un peu plus me plaire parce qu’on parle de choses plus concrètes, on va dire. Et puis à la fin de la licence, il faut choisir ce que tu veux faire comme master. Mais moi, je n’ai encore pas vraiment d’idée de ce que je veux faire.
Olivier My 08:47
– Donc à cet endroit-là, tu étudies quoi ?
Renaud Torri 08:50
– Alors là, je vais faire de la communication, de l’analyse financière, de la comptabilité, de la gestion, du marketing, la stratégie produit, un peu d’IT, du droit. C’est très généraliste. C’est vraiment pour préparer les gens à travailler dans tout ce qui concerne de près ou de loin un peu le business. Et notamment avec un côté un peu poussé à l’IAE à Lyon, c’est le côté un peu entrepreneuriat aussi.
Olivier My 09:16
– Oui, d’accord. Parce que justement, là, tu commences à toucher du doigt la partie marketing business. Oui.
Renaud Torri 09:21
– C’est ça, exactement. Et je ne suis pas spécialement passionné par ça en soi. Par contre, ce que j’aime bien, c’est que c’est des choses concrètes. Moi, j’aime bien le concret. Et donc, à la fin de mon année de licence, il faut faire un choix pour ton master. Donc, moi, je fais deux choix. Je fais un premier choix, management de la communication, je crois, quelque chose comme ça. Et un deuxième choix, informatique.
Olivier My 09:43
– Quand tu dis qu’il faut faire un choix, c’est parce qu’après, ça va… t’orienter quelque part.
Renaud Torri 09:46
– C’est ça en fait, tu choisis un master que tu veux faire.
Olivier My 09:48
– Et c’est toujours lié à eux ? Toujours lié à eux.
Renaud Torri 09:51
– Et en fait, je prends marketing, communication, enfin communication même en 1, et 2 système d’information. Et ça c’est rigolo parce que certains de tes épisodes en parlent, des petites rencontres qui changent un peu des fois certaines choses dans ta vie. Et en fait, il se passe qu’en année de licence, en système d’information, on commence à toucher du doigt un petit peu. On a un cours avec un prof qui s’appelle Monsieur Bouzidi. Je n’ai jamais eu aucun lien après avec lui, mais il m’a marqué de ouf. Où ce gars-là, on fait des petites bases de données access. Et moi, je trouve ça cool. En fait, tu tapes deux, trois trucs, paramètres de trois trucs. Tu as un truc vraiment opérationnel. Et ce gars-là, assez inspirant, tu vois. Dur, mais inspirant. Et en fait, dans l’été, je ne sais pas pourquoi, je me dis… Bah en fait, est-ce que vraiment tu vas partir en communication avec 300 autres personnes, où au final, la filière, elle est quand même un peu bouchée ? Et tu vois, c’est parce que t’as des facilités d’interaction avec les autres que tu vas être bon en communication, c’est pas du tout la même chose, tu vois. Et j’appelle le secrétariat de l’IAE, mais genre, je sais plus la date exacte, mais ça doit être genre un 10 juillet, tu vois. Moi, dès que j’appelle, je me dis, jamais de la vie, quelqu’un me répond. Et là, il y a quelqu’un qui répond et je lui dis, est-ce que c’est possible d’inverser mes deux choix ? Il me dit, bien sûr, pas de problème. Incroyable. Moi, dans ma tête, j’appelais vraiment au hasard. Et je suis pris dans le master système d’infos et je me retrouve avec, on était peut-être 30 ou 40. Tout petit truc.
Olivier My 11:21
– C’est plus petit alors ?
Renaud Torri 11:22
– Beaucoup plus petit, beaucoup plus sympa. Avec des profs qui sont beaucoup plus proches, des élèves.
Olivier My 11:26
– C’est quand même dingue d’avoir une différence aussi énorme. C’est-à-dire que d’un côté, c’était 300 et de l’autre côté, c’était 30.
Renaud Torri 11:30
– Parce qu’en fait, tu vois, Lyon 3, c’est vraiment… une fac sur IAE, donc toute la partie business, économie et le droit et les langues. C’est vraiment les trois gros trucs. Je pense ne pas me tromper. Peut-être que je dis des bêtises, mais dans l’idée, c’est ça. Et à côté de ça, à Lyon, tu as d’autres facs qui sont plus spécialisées sur l’IT. Et donc, en fait, cette branche à la fac Lyon 3 de système d’information, c’est pour ça que je fais la différence par informatique. Je n’ai pas de sujet. De toute façon, les gens pensent que je suis informaticien et c’est OK. Mais tu vois, en fait, là, c’est vraiment un système d’information où on parle de… stratégie. Alors évidemment, on a les bases, on apprend quelques bases pour histoire d’être capable de discuter avec tout le monde mais en fait, ça forme globalement des gens qui vont travailler plutôt dans l’encadrement du système d’information. J’ai des collègues à moi, ils sont devenus DSI, il y en a d’autres qui sont responsables de sécurité, il y en a d’autres qui sont développeurs, ça dépend. Mais à la base, c’est pas la spécialité de la fac, tu vois, de cette fac-là.
Olivier My 12:24
– Des débouchés qui sont quand même très variés lors de ce que tu dis.
Renaud Torri 12:26
– Très variés. Ça, c’est Master 1, c’est généraliste, puis en Master 2, on spécialise et il y a ceux qui sont partis, je le dis, classiquement assez simplement, mais plutôt côté consulting, on va dire, et puis ceux qui sont partés plutôt dans la partie un peu technique, dev. Donc là, on se retrouve, moi, en Master 2, on est genre, on est 20, quoi. Et le truc qui est dingue, c’est que les profs, ils nous proposent du travail. Pas directement eux, mais avec leur réseau. Et un jour, donc en fin de Master 2, on doit faire un stage de 6 mois, et un prof en plein milieu d’un cours, le responsable du Master qui rentre, il dit, ouais, j’ai un job dans une boîte qui s’appelle Nextinso, qui fait de la compta, ce que ça peut intéresser, je lève la main. Je postule, je suis pris instant, tu vois, parce que les mecs, ils ont leur réseau. Et donc, en fait, vraiment, j’ai touché du doigt une filière où t’as ta formation, t’es embauché direct. À cette époque-là, c’est fou. Et ma période d’essai, en fait, à la base, c’était un stage de six mois qui sert de période d’essai. Si c’est OK, on continue. Et tu vois, j’ai fait quatre ans et demi chez eux. C’était super, vraiment super premier taf.
Olivier My 13:22
– Oui, c’est top. Je vais juste revenir un petit peu en arrière parce qu’il y a un élément qui me paraît très intéressant de discuter avec toi. Et puis, on repartira sur ce mouvement-là. Tu parlais de cette personne qui t’avait inspirée et tu l’avais décrite comme étant inspirante et dure. Est-ce que tu pourrais nous en dire un peu plus ? Parce que si elle te vient à l’esprit, je trouve qu’il y a peut-être quelque chose d’intéressant. En fait.
Renaud Torri 13:45
– Déjà, ce n’est pas n’importe qui. C’est genre le vice-président de l’IAE. C’est un gars, tu le croises, jamais tu dis ça, mais dès que tu discutes deux secondes avec lui, tu sais, le gars est au niveau. Et en fait, la particularité qu’il a, c’est que… lui il maîtrise son environnement et il sait très bien à la fac, il sait très bien qu’en licence de gestion il y en a ils sont là parce qu’ils savent pas ce qu’ils veulent faire et il y a des gens comme moi qui savent pas ce qu’ils veulent faire mais qui essayent de jouer un minimum le jeu et puis il y en a ils font la brinque tout le temps et lui c’est pas son problème lui tu rentres dans son cours, si t’es un touriste tu vas vraiment prendre tu l’appelles à certains moments ? bien sûr, il dit à des gars mais il leur dit il appelle tout le monde binôme je sais pas pourquoi binôme binôme il leur dit écoute binôme t’es pas content d’être là tu sors point barre moi j’ai pas de temps à perdre avec toi tu vois et à côté de ça tu vois il est toujours un peu second degré tu sais jamais sur quel pied danser tu vois c’est un gars genre même les bons élèves ou les gars qui étaient un peu studieux tu vois ils sont jamais rapprochés de lui tu vois tu deviens pas ami ou tu viens pas proche de ce gars là il est là pour te former et par contre il adore les jeunes ça se voit tu vois il adore les jeunes mais ancienne génération c’est j’adore les jeunes Mais t’es à ta place, moi je suis à la mienne. Une notion un peu de, tu vois, c’est moi le boss. Tu me donnes du respect, et moi en contrepartie, je te donne de la connaissance et du respect. Tu me donnes pas de respect… bah déjà t’as rien à faire ici et tu vas prendre cher et lui il disait moi j’en ai rien à faire il nous disait ça, il nous disait moi perso je sais très bien qui vient, qui vient pas, je sais très bien vous pensez tous que les copioles sont anonymisées mais vous croyez quoi ? le gars il te met des coups de pression comme ça mais à côté de ça ultra inspirant parce qu’il t’explique plein de choses lui il travaille avec beaucoup de pros donc il t’explique vraiment comment ça se passe et pourquoi l’IT c’est l’avenir en vrai tu vois ça veut rien dire ça mais quand t’as 22 hum 23 ans et qu’il y a un gars qui te dit de toute façon vous ne pourrez pas faire sans l’IT même si vous n’aimez pas ça ça va être omniprésent dans votre vie, notamment professionnelle et moi tu vois je ne suis pas du tout contre ça en fait, en soi l’IT tu vois je ne me définis pas comme geek parce que maintenant geek ça veut tout dire à rien dire tu vois mais ouais j’aime bien les trucs le digital.
Olivier My 15:57
– T’aimes bien configurer des trucs quand même toi.
Renaud Torri 15:59
– Ouais voilà mais pas hard tu vois, j’ai jamais monté de PC et tout ça ouais je comprends ouais tu vois quand ça devient pénible j’arrête mais t’aimes bien les gadgets j’aime bien les trucs, tu vois moi une bonne expérience utilisateur ça peut me, enfin je me rappelle c’est un peu voilà tout le monde a eu ça mais quand j’ai eu mon premier iPhone tu vois à l’époque c’était vraiment un truc de fou et genre oui je peux passer des heures à paramétrer ça parfaitement je peux voilà et même encore aujourd’hui ça m’arrive moins mais j’aime bien ce genre de choses électronique, électro-technique ces trucs là tu vois et donc ça me parle quand il me dit ça et moi en fait c’est à ce moment là où je me dis bah Je ne sais pas ce que je veux faire, mais quitte à avoir un travail qui est plutôt un travail de bureau, entre guillemets, je ne pense pas que ce soit un problème pour moi de passer des heures devant un PC toute la journée à faire des choses, tu vois.
Olivier My 16:41
– D’accord, c’est-à-dire qu’à l’époque déjà…
Renaud Torri 16:42
– À l’époque, c’était un truc qui était OK. Et encore aujourd’hui, c’est OK, malgré le fait que… Par contre, sur mon temps libre, en temps de loisir, j’ai vraiment besoin d’être dehors maintenant. Ouais.
Olivier My 16:51
– Tu bouges…
Renaud Torri 16:51
– Et tu vois, parfois, je me pose la question. Est-ce que je ne devrais pas faire un taf plus proche de l’extérieur ? Et puis après, tu vois… Je suis raisonnable et je me dis « Regarde, tu dis ça, mais après, quand il fait 40 degrés, tu es dehors. Quand il pleut, tu es dehors. .
Olivier My 17:05
– C’est vrai.
Renaud Torri 17:05
– Il faut peser le pour et le contre. Et c’est toujours trop facile de dire « Ce que je veux, c’est dans les bois toute la journée. » En fait, dans les bois, tu vas faire plein de trucs chiants. Forcément, comme dans nos taffes. Dans nos taffes, il y a des trucs qui sont pénibles, d’autres qui sont super bien. Et donc, même encore aujourd’hui, quand j’en parle à beaucoup de mes amis, ils disent « Je ne sais pas comment tu fais. Bon, passez 7, 8, 10 heures dans un PC, tu vois. » Mais moi, ce n’est pas un problème. En plus en soi, je ne suis pas toute la journée dans un PC, je passe la majorité de mon temps à parler avec des gens en fait.
Olivier My 17:31
– Oui, ça on a pu voir, oui.
Renaud Torri 17:33
– Voilà, c’est ça.
Olivier My 17:35
– Mais du coup justement, là tu nous as décrit la partie dure, de ce que je comprends, la partie inspirante, c’est qu’il vous a donné des perspectives. C’est ça. C’est-à-dire que plutôt que simplement vous faire passer de la théorie, de la connaissance, c’est aussi finalement une capacité à voir plus loin, voir plus grand et potentiellement à vous projeter dans un avenir qui était un peu… une illusion ou un doute dans ta tête. Mais du coup, tu as réussi à trouver du droit. Un doute ?
Renaud Torri 18:01
– Non, c’était juste que…
Olivier My 18:03
– Tu ne savais même pas, du coup, c’est ça ?
Renaud Torri 18:05
– Moi, je ne suis pas passionné par un sujet. J’aime bien découvrir plein de choses. Et c’est drôle parce que je parlais de ça avec ma sœur il y a quelques mois. C’est qu’en fait, moi, j’aime bien… La règle des 80-20, pour moi, c’est vraiment la règle absolue. Et donc, j’aime bien, quand je rentre dans un sujet, creuser, creuser, creuser. Et quand j’estime que je suis arrivé à un niveau de connaissance et d’expertise un peu au-dessus de ce que les gens normaux qui ne s’y intéressent pas ont comme connaissance. Je ne vais pas être celui qui va pendant 20 ans s’acharner pour grappiller. Non, ça ne m’intéresse pas. Je suis comme ça. Ce gars-là, il me donne des perspectives, mais c’est exactement ça. Il nous dit voilà les opportunités, voilà comment ça fonctionne. De toute façon, vous serez obligé de faire ça. Si ça vous intéresse, plutôt que de le subir, Soyez acteurs du truc, tu vois. Et si la première fois, quelqu’un me donne une vraie perspective de… Je me dis, en fait, utiliser un PC, ça je sais faire. Discuter avec des gens, ça je sais faire. Probablement que les accompagner dans la mise en place d’outils, de process… Tu vois, ça me parle. C’est des choses qui commencent à me parler. Moi, je bricole. Je suis un peu bricoleur à mes heures perdues, tu vois, vraiment des trucs basiques. Mais il y a un peu cette logique-là. J’ai une problématique, j’essaie de la résoudre. Et puis à la fin, j’ai quelque chose de concret, tu vois. et pour la résoudre, parfois, tu as besoin de discuter avec des gens. Et ça, ça me parle un peu. Plutôt que de dire, j’ai d’autres cours qui m’amusent, mais qui ne m’inspirent pas. Quand on fait des simulations de vente, du dernier yaourt 0% taver vanille, ça m’amuse. On est à trois, on fait ça, c’est rigolo, en vrai, c’est sympa. Après, on fait une petite présentation. Mais jamais de ma vie, je me dis que je veux faire ça ne serait-ce qu’une semaine. Et le droit, je ne t’en parle pas. Je trouve ça hyper intéressant, mais c’est une punition. Et donc en fait, plutôt qu’au-delà de m’inspirer, ça crée un décalage. C’est-à-dire que tous les autres sujets, je ne peux pas du tout me projeter. Et ça, c’est le seul qui se démarque. Et je me dis, go. Honnêtement, je pense que sans ce gars-là, je passe à côté de ça. J’ai le même cours avec un autre gars, je suis persuadé que je passe pas ce coup de téléphone et je pense que je suis pris en communication et ma vie est toute autre et ça se trouve je me serais largement épanoui, c’est pas la question, mais voilà en tout cas c’est une rencontre qui a changé de goût.
Olivier My 20:21
– Oui c’est ça, ça se joue à une rencontre et ensuite ce que ça a généré chez toi pour passer ce fameux coup de téléphone et puis ensuite aller vers la suite. T’évoquais tout à l’heure le fait que t’avais une capacité à communiquer avec les gens, en tout cas à aller parler avec les gens facilement, c’est quelque chose qui a toujours été le cas ?
Renaud Torri 20:35
– Alors oui. Paradoxalement, ça se ressent pas, mais quand je connais pas, je suis plutôt un peu en retrait. Je peux pas vraiment me définir comme timide, c’est pas vrai, parce que très rapidement, j’arrive à être à l’aise. Mais dans un groupe, au tout début, quand je maîtrise pas un contexte, quand j’arrive, je suis plutôt un peu en retrait. Je vais avoir du mal à… Je suis pas le gars qui arrive dans un groupe et… Vas-y, direct, il se sent à l’aise, etc. Par contre, à partir du moment où je sens que c’est ok, oui, là, après, j’ai… Après, tu prends de la place. Ouais. Je prends de la place parfois même trop, je le sais. D’ailleurs, j’en discute avec certains de mes collègues parfois. Mais oui, oui. Donc, quand les gens, je leur dis que je sens parfois un peu timide dans les interactions, ceux qui me connaissent vraiment, ils savent que ça peut être vrai. Mais il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens qui se disent, ben non, ça va, toi, t’es pas timide. Parce que tu sais, il y a le côté timide, c’est même à long terme, t’arrives pas à parler avec les gens. Non, moi, c’est pas mon cas. Souvent, au début, je suis à la pointe des pieds, puis après, rapidement, c’est OK. Ça a toujours été le cas.
Olivier My 21:30
– Ouais, donc c’est quelque chose… En vrai.
Renaud Torri 21:31
– J’ai toujours été, tu vois, très bavard. Petite anecdote, quand j’étais… À la maternelle, j’avais deux bureaux en fait. J’avais un bureau à côté de la prof.
Olivier My 21:41
– Parce que tu parlais trop.
Renaud Torri 21:42
– Et un bureau dans le couloir. Mais c’est pas une blague, tu pourrais plus faire ça maintenant. Je peux même pas dénoncer, je me souviens plus comment s’appelait ma prof.
Olivier My 21:51
– Non mais ça veut dire quoi ? T’étais à côté de la prof, donc la fit.
Renaud Torri 21:54
– C’est ça ? Dans la classe, j’avais le bureau à côté de l’instit. Et vu que je parlais trop, au bout d’un moment, elle me mettait dans le couloir dans mon bureau. Et en fait, je bossais dans le couloir tout seul.
Olivier My 22:03
– Je veux dire, quand t’étais à côté de l’instit, tu parlais à qui ?
Renaud Torri 22:05
– Bah je me retournais, tiens j’ai une deuxième anecdote, donc ça c’était maternelle, ok ? Maternelle et ouais, je pense que maternelle, je me souviens plus trop, peut-être CP mais tu vois j’étais petit. Et en CE2, j’ai ma prof, c’est ma voisine, c’est ma voisine mais nous on s’entend bien avec les voisins. Tous les week-ends on fait les apéros, les barbecues, les repas, on fait les anniversaires et tout. Et elle c’est tous les matins, c’est elle qui m’emmène à l’école et j’arrive bien à faire la part des choses, pour autant elle très rapidement… elle se rend compte que je ne peux pas être à côté de quelqu’un. C’est impossible parce que je parle trop. Et donc, elle me met à côté d’elle. Et un soir, elle rentre, elle dit à ma mère, en fait, il est à côté de moi, mais il me parle toute la journée. Donc, elle, on ne le pouvait plus, tu vois. Et donc, oui, j’ai toujours été très bavard. Dès que je suis régulièrement avec des personnes, ben voilà, tu vois.
Olivier My 22:54
– Je parle, je parle. Mais du coup, tu parles de quoi ? Ça veut dire que, après, tu ne te rappelles peut-être pas de ce que tu discutais avec cette personne-là, mais… Quand tu dis que tu es bavard, est-ce que tu sens ce qui te nécessite de devoir parler ?
Renaud Torri 23:08
– En fait, c’est bizarre ce que je vais te dire, mais je ne ressens pas le besoin de parler. Je suis content de parler avec les gens. Je ne suis pas content de parler, je suis content d’interagir.
Olivier My 23:18
– Oui, je comprends.
Renaud Torri 23:19
– Parler tout seul, au bout d’un moment… Moi, en fait, comment je me définis, c’est plus… Si tu mets une pièce, je peux tenir longtemps et il suffit juste de temps en temps de remettre une petite pièce. Mais si tu ne remets pas la pièce… Moi, ça ne va pas trop m’intéresser. Donc, si tu commences à réagir ou à interagir avec moi, je ne me souviens plus du tout de ce dont je parlais quand j’étais petit, mais ma mère m’a toujours dit, tu vois, tu étais un moulin à parole.
Olivier My 23:44
– Donc déjà, dès ton enfance.
Renaud Torri 23:46
– Depuis que je suis tout petit.
Olivier My 23:49
– Et donc, tu disais que tu arrivais, si on reprend un peu le parcours, donc tu arrives dans cette première boîte, tu y restes quatre ans. Et qu’est-ce que tu fais là-bas ?
Renaud Torri 23:57
– Alors là-bas, j’arrive… Je… Dans une équipe, on est trois. Il y a mon boss et un dev. Donc, c’est une boîte qui fait de la comptabilité. Et elle est en train de mettre un outil, un extranet à destination de ses clients, dans lequel ils peuvent retrouver leur bilan comptable, échanger des messages avec leur comptable, etc. Et donc, nous, on crée ça. Et donc, on est deux. Mon boss, il a commencé le travail et moi, je suis là pour reprendre avec le dev.
Olivier My 24:25
– Et quand tu dis on crée ça, c’est quoi le rôle que tu as à cet endroit-là ?
Renaud Torri 24:29
– Moi, je travaille sur la partie fonctionnelle. Donc, je suis AMOA, comme on disait à l’époque.
Olivier My 24:34
– Et quoi, si tu devais expliquer à des gens qui ne connaîtraient pas, ce serait quoi ?
Renaud Torri 24:38
– En gros, à cette époque-là, je dis bien à cette époque-là, c’est moi, mon travail, c’est de formaliser tous les besoins afin que le développeur, il développe la bonne chose qui correspond à ça, en fait. Voilà, c’est en gros… On va me dire, je dis n’importe quoi, on veut pouvoir supprimer une conversation. Moi, j’écris la spec et lui, il fait la spec. À l’époque, c’est ça mon travail. C’est la première partie. Et la deuxième grosse partie de mon travail, c’est la formation. C’est-à-dire que je dois aller former… les comptables dans les cabinets de comptabilité. C’est une grosse boîte. Il y a de mémoire 4000 personnes. Il y en a plusieurs centaines de cabinets comptables partout en France. Et donc moi, je fais le tour, pas de tout cela, parce qu’on essaie de rationaliser un peu, mais je fais le tour pendant quasiment deux ans de tous ces cabinets pour expliquer à des personnes comment être en capacité de prendre en main cet outil-là et surtout de le présenter à leurs clients. Et donc ça, c’est intéressant. notamment par rapport à la suite parce qu’à cette époque-là, j’explique à des gens comment ce que j’ai imaginé, qui sort de ma seule et unique tête, qui a au mieux été validé par mon boss, est une bonne idée et pourquoi ça fonctionne bien. Et quand eux me disent « Ah mais alors attends, c’est pas clair comment on fait ça » , moi en gros je leur explique qu’ils n’ont pas compris. Tu vois ?
Olivier My 25:57
– Oui.
Renaud Torri 25:58
– Voilà. Alors évidemment je le fais pas comme ça. Mais tu vois je leur dis « Oui, non mais alors, parce que là, il faut le prendre en main comme ça. » Quand je le regarde maintenant avec le recul, je me rends compte que c’est ce qu’on faisait. Et eux ensuite, qui ont plus ou moins compris, ils doivent le transcrire à leurs clients. Bon, voilà. Donc ça c’est mon travail. Et en vrai, super taf. Et d’ailleurs, si un jour il tombe dessus, je remercie William, mon premier boss, qui a été franchement le boss idéal pour commencer. Il m’a donné énormément d’autonomie, de confiance, qui m’a mis vraiment dans un fauteuil. Et moi, si tu me mets dans un fauteuil, je vais faire le taf et j’ai tendance à aller un peu au-delà, tu vois. Je vais voir un petit peu plus loin. Et j’avais déjà cette sensibilité-là à l’époque.
Olivier My 26:36
– Ça veut dire que dès ton premier job, finalement, quand tu dis qu’on t’a donné de l’autonomie, c’est qu’on t’a fait confiance très vite. Mais au final, est-ce que tu avais comme un cadre pour y aller ? Parce que quand c’est ton premier job, tu pourrais avoir un peu peur de faire ça, faire ci, sachant qu’en plus, tu n’avais pas vraiment de spécialité, parce que c’était assez généraliste, donc tu vois plein de petits trucs, mais tu n’es spécialiste de rien. Du coup, comment tu as appréhendé cette première expérience ?
Renaud Torri 27:02
– Alors… Ce dont je me souviens, c’est que j’ai pas spécialement eu besoin d’être rassuré sur la partie un peu technique du travail. Parce que, tu vois, une fois que t’as compris le truc, c’est un peu OK. Et c’est bête, mais le premier truc qui me vient en tête quand je pense à ça, c’est… Ah ouais, mais genre, je vais faire des déplacements, organiser mes déplacements, que je réserve mon avion et que j’arrive à 23 ans avec… mon costume, parce qu’à l’époque je suis en costume ma petite sacoche de gars sérieux pour expliquer à des gars qui font de la compta depuis 30 ans qu’il y a ce nouvel outil et qu’ils n’ont rien compris en plus c’est exagère, il y en a plein qui comprenaient parce que notre truc était quand même plutôt bien mais voilà, et donc en fait les premières fois j’ai ce syndrome de est-ce que je vais être crédible et donc je surjoue la crédibilité en préparant le truc, en étant un peu carré en jouant le jeu et c’est là où la communication, elle m’aide beaucoup. Parce qu’en fait, ils se rendent compte que le sujet, je le maîtrise et que je suis capable de comprendre mon environnement. Et ça, c’est ce qui m’a globalement beaucoup aidé sur les 15 années depuis que je travaille. C’est que généralement, j’arrive à bien comprendre le contexte global et pas juste le périmètre sur lequel j’interviens.
Olivier My 28:22
– Tu as une prise de recul qui te permet, avec cette volonté de bien faire aussi, c’est ce que j’entends quand tu dis j’avais peur pour… un peu cette crédibilité, mais du coup, tu t’es pas laissé prendre par cette crainte-là. Tu as fait tout ce qu’il fallait pour, toi, te sentir bien, et puis ensuite délivrer ce que tu avais délivré.
Renaud Torri 28:40
– Moi, ils me parlent compta, je parle compta, tu vois. Je suis nul en compta, mais j’ai quand même des bases. Je sais ce que c’est un bilan, j’en ai fait un peu à l’école, et j’ai bien compris rapidement qu’il y a une période comptable. Et donc, il y a un moment charnière pour eux. Et tu vois, ce genre de choses, en fait, ils ne me voient plus que comme l’informaticien qui vient leur présenter un outil, mais quelqu’un qui est censé leur présenter un outil qui correspond à un besoin. Ou en tout cas qui vient résoudre un problème. Même si, tu vois, ça sera refait aujourd’hui. Je me dis, quand je le regarde dans le rétro, et tant mieux, tu vois, je me dis, comment je ferais différemment aujourd’hui ? Mais c’est normal, heureusement. Et donc, ça se passe hyper bien. Et après, au bout de quatre ans et demi, quatre ans, grosse période d’immobilisme dans l’entreprise. Pas de mon fait, mais classique dans une grosse entreprise. Il y a des rapprochements avec des filiales. Et puis, il y a une filiale qui fait beaucoup d’IT. Et donc, cette filiale-là se pose la question de, est-ce que le périmètre qu’on a, nous, ça ne serait pas plus logique que le récupère, tu vois. Et la décision prend vraiment longtemps à être prise. Et donc, moi, ça fait 4 mois, 5 mois que je n’avance plus beaucoup, tu vois. Et je ne vois pas trop le truc se décanter. Et donc, je prends la décision de dire, je vais au moins regarder ce qui se passe ailleurs. Et au bout d’un petit bout de temps, je tombe sur une annonce, je lis l’annonce, je lis mon poste, en fait. Je dis, bah, attends. à part le nom de l’entreprise qui change c’est le même job sauf la partie formation qui n’était pas là mais tout le reste je m’y retrouve et donc voilà et donc je viens et c’est là où je suis rentré chez Altice tu vois.
Olivier My 30:07
– Donc c’est la deuxième boîte ?
Renaud Torri 30:08
– C’est ma deuxième boîte, chèque de boîte. Et là, pareil, j’arrive, là pour le coup, lui peut-être qu’il l’entendra, mais mon boss Julien, pareil, il me met dans un fauteuil. Et j’arrive, il me donne beaucoup d’autonomie, énormément de confiance.
Olivier My 30:23
– Donc dès le départ ?
Renaud Torri 30:24
– Dès le départ.
Olivier My 30:25
– Tu te rappelles de l’entretien ?
Renaud Torri 30:27
– Oui, je m’en souviens bien, oui. Globalement, tu vois, en y repensant, la même personne que je connais maintenant, il est genre… il me met à l’aise, il est nature, je sens quelqu’un qui sait exactement où il veut aller et il est très honnête il me dit là si t’arrives et qu’on décide de travailler ensemble, un des premiers enjeux c’est de réussir à gérer de telle manière, moi j’y arrive pas forcément c’est pas si simple moi j’ai plus envie de m’occuper de ça et j’ai besoin de quelqu’un qui prenne le relais et toi il me dit un peu qu’il s’est cassé les dents, c’est pas du tout le cas mais en fait il faut quelqu’un qui prenne le relais et ce rendez-vous là j’en garde un bon souvenir tu vois J’en garde un souvenir où évidemment, à la base, j’arrive stressé. Mais après, très vite, je me sens à l’aise. Le courant, il passe rapidement.
Olivier My 31:10
– Mais tu disais que tu avais commencé à regarder ce qui se faisait sur le marché. Donc, tu avais cette annonce-là. Mais il y en avait eu d’autres ?
Renaud Torri 31:17
– Beaucoup de cabinets de consulting. Mais moi, je ne le sentais pas à l’époque. Et aujourd’hui, c’est encore quelque chose que j’ai en moi. J’aime bien avoir une certaine stabilité dans mon environnement pour être capable justement de maîtriser parfaitement cet environnement-là. Et tous les tenants aboutissants. Et dans une boîte, il y a aussi des éléments qui sont importants, notamment quand tu essaies d’avoir de l’impact, c’est de comprendre les enjeux, de comprendre ce que j’appelle moi la politique. Et voilà, ça, c’est important. Et quand tu es en consulting, c’est quand même rare d’avoir le mandat et la capacité d’influer des grosses décisions, tu vois. Et donc, plein de rendez-vous comme ça, enfin plusieurs, tu vois. Je me souviens d’ailleurs d’un super rendez-vous que je fais, j’ai plus le nom de la boîte. une fille qui me dit j’aimerais bien vous rencontrer donc je lui explique ça et elle me dit si ça vous va j’entends mais on se rencontre quand même au pire vous aurez perdu une heure tu vois et je lui dis ok on se rencontre super entretien et la fille à la fin de l’entretien elle me dit bah écoutez moi je suis hyper embêté parce que j’aimerais trop qu’on travaille ensemble mais ce que vous venez de me dire c’est ultra cohérent avec ce que vous m’avez dit au téléphone et effectivement je pense que en tout cas pour le moment c’est pas le bon moment pour vous faire du consulting et ça se finit comme ça en mode on aurait vraiment aimé Je pense que si c’est une personne qui est au sein d’une boîte, je signe parce que le courant y passe et on parle exactement la même langue. Mais pour te dire que c’était déjà clair dans ma tête, ça. Et aujourd’hui, ça l’est aussi. Je n’ai pas trop changé par rapport à ça. C’est pour ça qu’il faut distinguer la notion de stabilité qui te permet de maîtriser ton environnement, ou en tout cas le plus possible, et l’immobilisme. C’est parce que ça fait longtemps que…
Olivier My 32:53
– C’est justement ça que je rapproche par rapport à ce que tu disais au départ. Parce que… Le changement, c’est le mouvement, c’est les pas en avant. Et de ce que j’entends, ce qui, toi, a déclenché le fait d’avoir envie de partir et de voir ailleurs, c’est parce que ça ne bougeait plus.
Renaud Torri 33:08
– Oui, mais ça, pour moi, c’est impossible. C’est-à-dire que, puis j’en parle, on en parle souvent entre collègues. Dis-moi, je ne peux pas m’ennuyer au travail, c’est impossible. Enfin, quand je dis, je ne suis pas non plus fou, je sais qu’il y a des périodes dans une entreprise et il y a des cycles. Et il y a des moments où, oui, tu as peut-être un peu moins d’activités ou des activités à moindre enjeu. C’est normal, c’est toujours cyclique. Et je pense que ça ne changera jamais, ne serait-ce que parce qu’il y a des codires qui changent, des budgets qui sont à faire annuellement. Pour autant, moi, je ne peux pas m’ennuyer longtemps, c’est impossible. J’étais dans ma boîte, c’est-à-dire que quand je te dis que je m’ennuyais, c’est que j’arrivais le matin, à 9h30, j’avais fini mon taf. Et tu ne peux pas légitimement, par respect pour tes collègues, vraiment que ce soit visible que tu ne fais rien. Donc j’ai la chance d’être dans un bureau fermé avec mon collègue. Et je passe ma journée sur Internet. Mais t’as fait ça pendant 15 jours.
Olivier My 33:59
– À la longue…
Renaud Torri 33:59
– T’as passé Internet, quoi.
Olivier My 34:00
– Tu vois, c’est ça.
Renaud Torri 34:01
– Et à côté de moi, j’ai des gens qui bossent et qui ont des gros enjeux. Et donc, je ne peux pas passer mon temps à aller les voir.
Olivier My 34:08
– Il y a une impression de ne pas contribuer. Il y a plein de choses qui peuvent se passer, ouais.
Renaud Torri 34:12
– Tu vois, même à la limite, ne pas contribuer, ce n’est même pas ça qui m’a le plus dérangé. Parce que c’est l’entreprise qui m’a mis dans cette situation-là.
Olivier My 34:17
– Oui, OK.
Renaud Torri 34:18
– Tu vois ce que je veux dire ? C’est elle, de par le fait… qu’il y a des discussions sans fin sur un sujet peut-être compliqué, certes, mais sur lequel en fait, c’est plutôt souvent des enjeux personnels, on va pas se le mentir. Oui.
Olivier My 34:29
– Tout à fait.
Renaud Torri 34:29
– De par ces discussions-là, eux, ils décident indirectement qu’il y a des gens en dessous qui vont être impactés et pour eux, c’est OK. Une fois de plus, c’est pas une critique. Mais donc, le côté je suis redevable, alors moi, j’ai pas du tout ça dans une entreprise. Enfin, j’ai pas ce syndrome-là pour le coup. Tu vois, je parle syndrome parfois de l’imposteur, je peux être attentif au manque de crédibilité que je peux renvoyer. Mais je n’ai pas du tout le syndrome de « je dois quelque chose à ma boîte » .
Olivier My 34:52
– Vous m’avez embauché, c’est une offre par rapport à un besoin ?
Renaud Torri 34:56
– Pas dans le sens que je ne lui dois rien, tu vois. Je suis conscient de ce que l’entreprise m’apporte, de ce que les personnes dans l’entreprise m’apportent. Mais il faut aussi avoir conscience de ce que toi, tu apportes.
Olivier My 35:07
– Tout à fait.
Renaud Torri 35:07
– Il ne faut jamais enlever exactement de l’équilibre que… Si moi demain on me verse ce qu’on me verse, c’est parce que je rapporte bien plus à l’entreprise. Si je coûtais plus cher, je serais déjà plus là. Donc ça ne veut pas dire considérer comme le meilleur du monde loin de là. Ce n’est pas du tout la teneur de ce que je suis en train de dire. Ce que je suis en train de dire, c’est qu’il ne faut pas non plus considérer que ce travail-là, c’est une chance que me donne la boîte. Parce qu’en soi, oui, c’est une opportunité et c’est super, je suis ravi d’être là. Mais en fait, si je ne suis pas là, je serai ailleurs.
Olivier My 35:37
– Oui.
Renaud Torri 35:38
– Tout à fait. Et nous, on a un peu ce syndrome, tu sais, c’est nos générations où, avec la période de fort chômage, où, tu sais, on entendait parfois quand on était jeunes « Vous avez déjà la chance d’avoir un travail » .
Olivier My 35:47
– Tu sais. Exactement, oui. Tu sais.
Renaud Torri 35:48
– Des fois, nos parents, ils disaient ça. « Attends, déjà, t’as la chance d’avoir un travail. » Alors oui, mais certes, il y a des gens qui n’ont pas de travail et en vrai, c’est un problème. Mais moi, maintenant, dans la situation dans laquelle je suis, je ne considère plus que c’est une chance d’avoir un travail. C’est une chance d’avoir un bon travail. Et d’avoir le travail où il n’y a pas un matin où je me dis « C’est un calvaire de venir » . C’est une chance d’avoir mon manager direct, qui est une personne avec qui ça fonctionne très bien. Parce qu’un manager direct avec qui ça ne fonctionne pas, ça peut être vraiment un calvaire. Oui, ça, c’est une chance. Mais ce n’est pas une chance d’avoir un travail. Si je n’ai pas eu de travail ici, j’en aurais ailleurs. Peut-être dans des mois moins de conditions, c’est sûr.
Olivier My 36:24
– Justement, vu qu’on parle de travail, tu arrives en tant que quoi alors ?
Renaud Torri 36:28
– Moi, j’arrive en tant qu’AMOA, c’est-à-dire le même poste. Comme je t’ai dit.
Olivier My 36:32
– La file de poste. Oui, c’est vraiment exactement la même. Même le titre, tout.
Renaud Torri 36:35
– Le même titre, tout pareil. Et donc, grosso modo, je fais à peu près la même chose, c’est-à-dire que j’accompagne des projets sur la partie fonctionnelle, je fais des specs, je fais des cas et des charges, je teste des développements, j’estime que c’est OK et je lance des mises en prod. Et à côté de ça, j’ai une grosse mission quand j’arrive pour essayer d’industrialiser un peu la gestion de la maintenance avec les équipes métiers.
Olivier My 36:59
– Donc ça, c’est la première étape. Tu arrives là, tu fais ça.
Renaud Torri 37:02
– Vraiment ma première étape. Et donc, je fais ça pendant un paquet d’années. Parce que je suis arrivé en 2014 et je fais ça en gros pendant 5 ans.
Olivier My 37:11
– Donc ça, c’est vraiment une grosse partie de ton expérience. Tu faisais 11 ans, donc c’est ça ?
Renaud Torri 37:16
– Oui, je suis arrivé en 2014. C’est la 11e année.
Olivier My 37:19
– C’est ça. Donc quasiment la moitié. Oui.
Renaud Torri 37:20
– C’est ça. Alors évidemment, là je le résume. Mais quand j’arrive, j’ai des projets petits. Et puis après, les gens se rendent compte que je suis capable de tout. tenir la route et donc j’ai des projets qui sont un peu plus à enjeu. Et puis voilà, donc ce qui m’occupe sur ces cinq premières années, c’est de toucher à tout et de vraiment de travailler sur des projets différents. Ne serait-ce qu’en termes parfois tout simplement d’offres. Chez nous, on vend des contrats d’assurance, une offre santé, ça n’a pas les mêmes spécificités qu’une offre de prévoyance. Et donc ça, c’est ce qui fait que je crée mon bagage aussi là-dessus, mais voilà. Et je crée, maintenant, je suis sur des plus gros projets à la fin de ces années-là.
Olivier My 37:55
– Donc là, tu développes finalement tes compétences. technique, si je puis dire, au sens fonctionnel, en fait, de tes connaissances de contexte. C’est plus pareil qu’avant. Avant, c’était comptabilité. Là, c’est plutôt l’épreuve.
Renaud Torri 38:08
– Un jour, je finirai à la banque, c’est sûr.
Olivier My 38:11
– J’aurais fait le triplé. C’était le triplé. Est-ce qu’il y a, dans cette période, quelque chose qui t’a marqué et qui te reviendrait comme une anecdote ou des gens que tu as rencontrés, peut-être, ou des projets particuliers où tu sais que c’est ce projet-là qui t’a appris quelque chose ?
Renaud Torri 38:26
– Alors, Globalement, ces années-là, j’en garde un souvenir où vraiment ça me paraît relativement fluide. Parce qu’à cette époque-là, il y a une petite subtilité, c’est qu’on est rattaché directement à la direction commerciale. Et donc, au quotidien, moi, mon N plus 2, c’est le directeur commercial. Et donc, on travaille avec toutes ces équipes-là. Et donc, il y a un côté où on est très proche de ces équipes et donc, il y a un côté un peu, c’est fluide. On est proche d’eux, on comprend, c’est facile de leur faire comprendre nos roadmaps, notre fonctionnement, etc. Par contre, ce qui pèse de plus en plus, c’est ce côté un peu rédactionnel. Ça, tu vois, ça commence un peu à me peser. Surtout quand tu commences à arriver où tu as fait un peu quand même plusieurs fois la même chose. Et donc, il y a un moment particulier, tu vois, ce que j’appelle moi le point de rupture, c’est 2016. 2016, il y a un point de rupture, c’est la dernière fois que j’ai écrit un cahier des charges.
Olivier My 39:19
– Et tu te rappelles, c’était combien de pages ?
Renaud Torri 39:21
– Ouais, 50 pages. Et donc en fait, pourquoi je m’en souviens ? Parce qu’on travaille sur une nouvelle offre, tu vois, un truc un peu nouveau pour l’entreprise, c’est un peu un pari. Et donc, moi, je fais un énorme cahier des charges. Donc, je fais les specs, je fais les maquettes aussi, sur Paint et tout, je fais des maquettes. Je fais les captures d’écran, je coupe avec Paint, je mets des boutons en disant là, il faut que ce soit comme ça. Un gros cahier des charges. Et moi, je suis assez rigoureux sur certains trucs, tu vois, tout ce qui est un peu écrit, etc. J’aime bien que les choses soient à peu près propres, tu vois.
Olivier My 39:50
– Voire très propres.
Renaud Torri 39:51
– Et donc, j’envoie ce qu’il y a des charges. J’aurais pu l’envoyer par la poste, tu vois, mais je l’envoie par mail à mes collègues du troisième. Et à cette époque-là, j’ai pas le droit de leur parler. C’est pas une blague. On me dit, tu ne pars pas au développeur. Mais en soi, aujourd’hui, ça me paraît lunaire, mais à l’époque, de toute façon, moi, je passe… spécialement trop envie de leur parler, dans le sens enfin, oui, on s’entend bien au café, il n’y a pas de problème, mais je ne vois pas d’intérêt trop de leur parler, tu vois. Et au bout de, genre, trois mois, il me livre en recette le truc. Et là, c’est la douche froide. Il y a tellement de choses qui ne correspondent pas à ce que j’avais dans ma tête. Et genre, moi, je suis en mode, mais c’est écrit dans le cahier des charges.
Olivier My 40:29
– Comment c’est possible ?
Renaud Torri 40:30
– Vous n’avez pas compris. Et le gars en face, tu vois, pareil, il n’entendra, je pense, jamais ça, mais super gars, un gars qui s’appelait Landry. Il me dit, donc le lead dev, tu vois, il me dit, bah ouais, on a fait exactement ce qu’il y a dans le cahier des charges. Et là, je me dis, il y a un problème, tu vois. Et en parallèle de ça, mon chef, il réfléchit beaucoup à l’orgueil. Lui, sa spécialité, vraiment, c’est ça. Il le sait, de toute façon, je l’ai déjà dit, tu vois, mais il est vraiment très bon pour créer et faire évoluer des orgues. Et déjà, à cette époque, lui, il commence à être un peu attentif à tout ce qui se passe dans le monde de l’agilité, tu vois, le grand et vaste monde de l’agilité que tu connais bien. Et lui, déjà, il a commencé à dire. tu as ce côté un peu cyclanvé où on est en effet tunnel pendant longtemps, c’est pas ouf et ça vraiment ça nous saute aux yeux, c’est genre en mode on se retrouve à 4 donc le boss de l’équipe tech le lead dev, mon chef et moi dans un bureau et on se dit qu’est-ce qui va pas et puis on fait des constats qui aujourd’hui paraissent évidents à tout le monde ah ouais mais inquiet des charges, c’est soumis à interprétation En fait, il y a neuf versions. Donc, les mecs se sont basés sur la version 4, mais moi, j’ai refait neuf versions. Dans mes versions, tu sais…
Olivier My 41:36
– Neuf versions ? Ouais.
Renaud Torri 41:37
– Je te dis neuf, mais ça se trouve, c’était cinq ou dix, ou j’en sais rien. À un certain moment, en tout cas. Mais il y a plein de versions. Et puis, tu sais, moi, je pars du principe qu’il y a une version. J’ai dit en tête de version ce qui changeait. Et voilà, c’est évident, tu vois. Et tout le monde prend ça et tout le monde le consomme. Et je ne comprends pas pourquoi ils sont passés à travers. Et donc là, on se dit, il ne faut plus faire ça. Et là, Julien, mon chef, il te rencontre.
Olivier My 42:01
– C’est à cette période-là ?
Renaud Torri 42:02
– Oui, c’est exactement à cette période-là. Je crois qu’il te rencontre juste avant ou juste après, je ne sais pas. Mais c’est vraiment pile dans ces moments-là. À Gilles France ou à Gilles Ansen, je ne sais plus.
Olivier My 42:10
– Oui, c’est à Gilles France. À Gilles Ansen, qui n’existait pas à l’époque.
Renaud Torri 42:12
– Et par le plus grand des hasards, tu en parles des rencontres. Et bien, vous mangez ensemble.
Olivier My 42:17
– Oui, ils s’assoient à côté de moi le midi. Oui.
Renaud Torri 42:19
– C’est ça. Et ils te rencontrent et vous commencez à discuter. Et puis, c’est là où toi… Tu commences ton accompagnement, mais à la base, vraiment, en one shot.
Olivier My 42:26
– Je crois qu’on s’est rencontrés, et c’est genre un an après. Ouais.
Renaud Torri 42:31
– Je ne suis pas étonné.
Olivier My 42:32
– On a rediscuté, mais moi, presque, j’avais oublié à l’époque. Bah oui. Au dernier moment, effectivement, il me rappelle. Mais c’est-à-dire qu’entre le moment où on s’est rencontrés et le moment où il m’a rappelé, il s’est passé quoi chez vous ?
Renaud Torri 42:44
– En fait, je pense qu’il t’a peut-être rencontré juste avant ce truc-là, un peu avant. Mais il ne se passe pas grand-chose. C’est-à-dire qu’on fait le constat que ce n’est pas dingue, mais on n’est pas encore mûr et l’entreprise n’est pas encore mûre à vraiment changer. Et puis, toi, tu interviens, tu nous fais une sorte de sensibilisation à l’agilité auprès des équipes et on décide de lancer une expérimentation. Et ce n’est pas moi qui suis choisi, tu vois. Alors.
Olivier My 43:13
– Ce n’est pas moi personnellement qui suis choisi. C’est un choix ? Parce que tu dis, je n’ai pas été choisi.
Renaud Torri 43:18
– Non, mais justement, c’est pour ça que je voulais préciser. Ce n’est pas une notion de moi en tant que tel qui n’ai pas été choisi. C’est juste que le périmètre qui est le mien, il n’est pas hyper propice à ce qu’on fasse une expérimentation là-dessus. Parce que moi, sur les années qu’on suivit, il y a beaucoup de maintenance, pas forcément beaucoup de sujets qui se prêtent à ça. Et donc, c’est une de mes collègues, Jennifer, qui prend l’expérimentation sur un autre périmètre. Et en fait, ce qui se passe, c’est que ce point de rupture, en 2016, il se traduit pour moi jusqu’en 2019. Donc, il y a quand même trois ans avec pas énorme de changements. Alors en fait, si, on communique plus. un petit peu plus tu vois, quand je fais des changements on essaie d’aller se voir avec les équipes et c’est vraiment très ponctuel et en 2019 il y a un projet qui arrive et qui est un bon candidat pour que nous on vienne enchaîner avec vraiment cette mise en place des bases de l’agilité, d’un scrum like etc. Donc ma collègue elle était toujours dessus et on s’est dit ça a l’air de bien marcher et on essaie de le décliner.
Olivier My 44:13
– C’est-à-dire que pendant effectivement deux, trois ans, tu voyais ce qui se passait à côté, parce que moi en attendant, j’étais pas mal avec tes collègues.
Renaud Torri 44:19
– Carrément.
Olivier My 44:20
– Et on se croisait. C’est ça. Mais effectivement, à l’époque, on se croisait, mais on se parlait pas tant que ça. Non.
Renaud Torri 44:26
– Moi, c’est la période de la théorie sans la pratique. C’est-à-dire que j’écoute, je vois, mais de loin. Et je suis pas… En vrai, j’en retiens pas de la frustration. C’est pas ce qui me vient à l’esprit. Je sais pas pourquoi. Après, il faut aussi remettre en contexte. Moi, 2016… J’ai mon deuxième enfant. Tu vois, je suis aussi dans une vie où…
Olivier My 44:44
– T’as une priorité, quoi, aussi.
Renaud Torri 44:46
– Voilà. Il y a une grosse place aussi de ma vie où, tu vois, je dors moins, j’ai moins d’énergie. Je ne sais pas s’il y a un lien direct. Tu vois, j’y réfléchis là comme ça, à chaud. Mais bon, quand tu as un enfant de 3 ans et un qui vient d’arriver, je pense que c’est aussi des périodes où, tu vois, j’achète une maison. Enfin, j’ai aussi plein de projets à côté qui font que peut-être ce qu’il a avec le recul peut me sembler être un manque de challenge. À cette époque-là, ça me semblait OK. Et en 2019, il y a ce petit projet qui arrive là, qui semble être le bon candidat. Et là, truc génial, on se met juste sur un plateau toute l’équipe. Donc, il y a deux choses qui arrivent, c’est qu’on se met tous autour des mêmes tables, on passe nos journées ensemble et on intègre un UX designer. Donc, ça fait quand même deux gros changements. Tu passes de t’as pas le droit de parler à l’équipe technique à te leur parler toute la journée et tu fais tes pauvres maquettes sur Paint, il y a quelqu’un qui va les gérer avec toi.
Olivier My 45:37
– Et du coup, là… Ton rôle change déjà ou pas encore ?
Renaud Torri 45:40
– Mon rôle, il change. Il change notamment sur cette partie où naturellement, je prends une casquette qui ne fait pas partie de mon rôle officiel, mais qui devient un peu une casquette, un peu de leader, entre guillemets, de l’équipe. Je suis un peu le porte-voix. Et moi, j’ai un peu cette nature-là aussi. Si tu me laisses la place dans un groupe pour le faire, mais pas dans le sens où personne ne veut le faire, dans le sens où les gens sont OK pour que je m’en occupe, je vais le faire. Je n’ai pas de problème à prendre le lead sur un sujet. Je ne vais pas le prendre pour le prendre. Et donc là, j’ai un peu ce rôle-là qui se met en place. Et puis en parallèle, j’ai toute la partie interface qui n’est plus de ma responsabilité. Le confort de dingue. Et la qualité qu’on livre n’a rien à voir. Je parle pure d’interface. Et donc, ce qui est super, c’est qu’on discute énormément. Alors là, à cette époque-là, il n’y a pas grand-chose de cadré, tu vois. On dit, on fait des US, on essaie d’être assez assidus sur les grands rendez-vous entre nous sur Scrum. Mais voilà, donc ce sont des moments où on se rend compte avec des formats de réunion qui sont définis et cadrés. Mais voilà, on en est là et donc on parle beaucoup. Et donc, rapidement, on se rend compte tous que le premier impact direct, c’est que ça fait baisser la pression. C’est pas que, attention, on se tirait pas dans les pattes avant, loin de là. Mais c’est qu’on enlève le côté, ils ont pas compris. C’est on s’est pas compris. Ça change déjà beaucoup le prisme de l’analyse. C’est que, voilà, il y a un canal de communication et l’info, elle est pas passée. C’est pas eux qui n’ont rien compris ou lui qui s’est mal exprimé. Et donc ça, c’est cool parce que du coup, ça commence à créer un esprit d’équipe. On crée des choses et globalement, on crée des choses qui sont assez qualies, dans les temps impartis, voilà. Mais on ne crée ni plus ni moins que ce qui nous est demandé. Tu vois, voilà. On a amélioré notre capacité à délivrer des choses.
Olivier My 47:21
– Donc là, ce que j’entends, c’est plutôt d’être, on va dire, des équipes qui se font passer un relais en vous mettant sur le même plateau. Toi, tu faisais partie autant que les autres de l’équipe.
Renaud Torri 47:32
– Tout en gardant le même rôle que tu avais avant mais du coup ça change tout ça change beaucoup beaucoup de choses même en termes de plaisir de travail c’est sympa tu vois je commence à me rapprocher des devs je comprends leurs contraintes moi j’ai envie de les faire monter dans le métier qu’ils comprennent ça j’aime bien tu vois j’aime bien transmettre donc ça c’est fin 2019 et puis en 2020 il y a un petit sujet qui arrive dans le monde le Covid ce petit là petit ouais léger Et donc nous, ça a un impact direct, c’est qu’on se voit toute la journée, on ne se voit plus. Alors en fait, on ne se voit plus, nous on essaie de mettre en place des règles assez strictes, où les réunions c’est forcément caméra allumée, on ne change pas les horaires. Tu vois, les gens essaient de jouer le jeu, on crée un peu des canaux ouverts toute la journée où les gens peuvent se connecter, venir discuter si besoin, mais ce n’est quand même pas la même chose. Et donc ça nous force aussi à dématérialiser tous nos process, c’est-à-dire avoir un grand tableau en présentiel. Ah oui ! Donc, il faut dématérialiser ça. Donc, voilà, ça change quand même beaucoup. Ça coupe un petit peu la première dynamique. Et puis, en soi, ça le fait. Et le gros avantage que ça nous a offert, c’est qu’à cette époque-là, on a un sujet qui est ultra ambitieux. On n’est pas en avance. Et en fait, on travaille énormément. En Covid, on a vraiment travaillé énormément. Et on finit le truc vraiment, mais au dernier moment. Pas du tout à l’arrachat, tu vois. Le truc est qualitatif, ça marche, les gens sont contents, mais… Je me rappelle les dernières semaines, on passe toute la journée à taffer et le soir, des fois, je suis obligé de dire à certains de l’équipe, en vrai, décroche quoi. Au pire, tant pis, écoute, on sera en retard. Qu’est-ce que je te dis ? On aurait fait le max, mais toi, décroche, il est 21h, tu y es depuis 7h, même pour toi, puis même pour nous, parce qu’après, tu ne seras plus dedans. Mais ça nous aide quand même malgré tout là-dessus, c’est que si on avait été en présentiel, je pense qu’on n’aurait pas fini le projet. Enfin, pas à temps en fait. Et puis petit à petit, on commence à se structurer.
Olivier My 49:23
– Et du coup, juste avant que tu continues. C’est que toi, entre 2016 et 2020, comment tu perçois ton rôle dans l’entreprise ? Est-ce qu’il y a des choses qui ont changé ? Est-ce que, grosso modo, c’est toujours pareil ? C’est juste que toi, tu commences à faire différemment, mais tu es toujours considéré pareil ? Non.
Renaud Torri 49:41
– Ce n’est jamais tout à fait pareil. C’est juste qu’à cette période-là, on ne met pas forcément de mots sur les choses encore. Mais de toute façon, oui. Tu prends plus de place, tu commences à une logique un peu de… T’es responsable d’une partie, t’es responsable de la partie fonctionnelle. Et moi, directement, je deviens un peu responsable de ce qui est livré. C’est moi qui vais le présenter au métier. C’est moi qui prends les retours, qui les centralise. Donc, tu vois, en termes d’interaction avec l’extérieur, déjà, c’est plus la même chose. Ça évolue un petit peu. C’est progressif, c’est touche par touche. Et en termes de pratique, oui, ça n’a plus rien à voir. On essaye des choses, on n’arrive pas. Tu as peut-être en souvenir cette super roadmap qu’on avait fait sur un mur qui devait faire 3 mètres par deux.
Olivier My 50:25
– Ah ça c’est sûr, oui.
Renaud Torri 50:26
– Parce que tu m’avais dit mille fois qu’il fallait que j’ai les idées claires en termes de roadmap et que je n’étais pas prêt encore à l’entendre. Et puis voilà, donc tu vois, petit à petit, on évolue là-dedans. Et oui, oui, déjà ma posture par rapport à l’extérieur, directement par rapport à… rapport aux autres services, parce qu’en l’occurrence, à cette époque-là, l’équipe technique est un autre service encore. Moi, je suis toujours attaché à la direction commerciale et je suis détaché auprès d’une équipe projet multicompétence. C’est ça, le fonctionnement. Et donc, les autres personnes qui sont là, pareil, sont détachées. Mais tu vois, c’est détaché pour un projet.
Olivier My 51:00
– Et à la fin du projet.
Renaud Torri 51:04
– C’est terminé. Et puis, s’il y a un autre projet, on reforme une équipe. Donc, il y a cette posture-là qui change un peu. Mais oui, naturellement, moi, je commence à prendre un peu plus de place, tu vois, là-dedans. Parce que je me retrouve avant 2019, je suis dans des coproches avec 15 personnes et puis chacun explique sa partie. Là, c’est moi dans le coproche qui viens expliquer ce que toute l’équipe a réalisé. Et donc, je représente des gens qui sont mes collègues, mais qui ne sont même pas dans ma direction, etc. Et c’est OK. Et pour eux, ça semble OK.
Olivier My 51:35
– Mais c’est pour ça que c’est… un truc que je trouve intéressant parce que finalement, quelques années avant, tu étais la personne qui rédigeait des trucs et qui l’envoyait et puis qui attendait de voir à quel point, en sortant de la boîte noire, il y a quelque chose qui arrivait. Puis ensuite, tu commences à prendre une posture où tu mènes d’une certaine manière une équipe. Et là, tu arrives avec une posture où tu es aussi le représentant vers l’extérieur et tu commences à coordonner un écosystème qui est plus large.
Renaud Torri 52:04
– Non seulement t’es pas juste sur toi mais tu t’ouvres vers l’extérieur et t’as un scope qui grossit et à cette époque là je me souviens parce qu’il y avait un directeur commercial qui challengeait beaucoup et on lui explique que son projet ça va quand même être compliqué et lui il dit ok vous allez venir me l’expliquer et donc je monte, je me souviens plus si il y avait le tech lead qui était là, ouais il me semble que Laure était là déjà et qu’on monte tous les deux Laure qui était à l’époque la lead tech sur le sujet avec qui je travaillais beaucoup.
Olivier My 52:35
– Et qui est toujours là. Ah.
Renaud Torri 52:36
– Qui est toujours là. Qu’elle aussi changeait de casquette, ce serait intéressant, tu vois.
Olivier My 52:40
– Et que l’on salue au passage.
Renaud Torri 52:41
– Exactement, qu’on salue. Et donc, en fait, on monte lui expliquer pourquoi ça va être compliqué, tu vois.
Olivier My 52:46
– C’est vrai que tu as une interaction directe.
Renaud Torri 52:47
– Directe. Et c’est hyper intéressant. Et c’est là où de m’être nourri très concrètement du contexte et de quand même bien maîtriser ce qui se passe dans l’entreprise et les enjeux, que quand on discute ensemble, il a bien pris conscience que… j’avais vraiment connaissance des enjeux, de pourquoi c’était important. Et donc du coup, la discussion, elle ne s’engage pas sur il faut que j’explique à ce gars-là. Lui, il ne se dit pas, il faut que j’explique à Renaud pourquoi c’est important. On avait compris ça, c’est ok. On a compris l’urgence, l’importance et tout ce qui va avec. Et donc, on a des discussions qui sont plus intéressantes, qui commencent à être plus intéressantes, où on lui explique que ce n’est pas qu’on ne veut pas. C’est que on ne peut pas tout faire d’un coup, que parfois on a des contraintes de devoir… Il y a des dépendances entre les éléments. Et que si l’élément le plus important pour lui, c’est la date, il faut qu’on enlève certaines choses. Et là, on commence à avoir les premières prémisses des discussions où on explique à nos métiers qu’ils ne peuvent pas choisir le budget, le délai et le périmètre. Et ce gars-là, lui, il te le dit, moi, je ne comprends rien à l’IT. Moi, je connais le business, je ne comprends rien à l’IT. C’est vous les experts. Et donc, OK, on va enlever des choses. Ce qui est d’ailleurs assez novateur à cette époque parce qu’il y a peu de gens. Ensuite, lui, cette personne-là, Étienne en l’occurrence, et après, il est parti à la retraite. Et il n’y a pas grand monde qui a pris le relais aussi intensément que lui sur ce genre de choses. Aujourd’hui, beaucoup plus. Mais à cette époque-là, tu vois. Et donc, on commence à avoir cette logique-là. Et donc, là, la posture, elle change encore. C’est que tu passes de client-fournisseur un peu plus partenaire. Il faut qu’on se mette d’accord ensemble sur ce qui est le plus important pour toi. Si le plus important, c’est le périmètre, alors tu vas… devoir lâcher soit sur le délai, soit sur le budget. Souvent, quand tu lâches sur un, tu as tendance à lâcher un peu sur l’autre. Et donc, on a ces discussions-là qui sont hyper intéressantes. Et donc, on sort, on commence à évoquer des notions de MVP. Qu’est-ce que tu veux en priorité ? Qu’est-ce que tu veux dans un second temps, un troisième temps ? Et donc là, la posture, elle change complètement parce que tu passes d’exécutant à vraiment expert. C’est-à-dire que tu maîtrises ton sujet. La contrepartie de ça, c’est que tu deviens responsable. pas responsable que dans le sens où s’il y a un problème, c’est toi qu’on vient chercher. C’est, tu vois, tu as cette notion de t’es responsabilisé sur le fait que, en fait, tu as pris des engagements, tu vois. Et donc, tu t’es même auprès de ton équipe, auprès de ces choses-là, tu vois. On a dit qu’on y allait, il faut y aller maintenant. Mais du coup, c’est beaucoup plus intéressant. Parce que tu as un peu les cartes en main et donc tu acceptes de prendre des risques ou de ne pas les prendre. Mais c’est toi qui as choisi, on ne te les a pas tous imposés. Alors une fois de plus, je passe les traits assez larges et épais, tu vois, parce que l’idée c’est d’aller un peu à l’essentiel. Mais c’est quand même un peu ce qui s’en dégage. Tout ça est évidemment blindé de nuances et la vérité d’un jour n’est pas toujours la vérité du lendemain. Mais c’est quand même un peu ce qui se dégage.
Olivier My 55:35
– Ce que je comprends, c’est que c’est un moment clé quand même qui amorce finalement une nouvelle ère. Si je puis dire de votre côté et même pour toi, pour un positionnement qui est différent.
Renaud Torri 55:44
– Nouvelle ère. Et puis après, ça s’est validé, entre guillemets, et officialisé en 2021, je crois, par l’organisation. C’est-à-dire qu’entre-temps, en organisation, on a navigué dans une direction. Nous, les AMA, Business Analyst, on avait changé de nom, on s’appelait Business Analyst. On sentait qu’il y avait une volonté de changement, mais c’était encore assez proche de ce qu’on faisait. On était rattachés dans une direction un peu support. Et puis en 2021, si je ne dis pas de bêtises, là, il y a une bascule complète, c’est-à-dire que tous les profils comme nous, ils sont rattachés directement à la DSI et on crée des lignes produits. Et là, on commence à évoquer une notion très importante, c’est qu’on ne parle plus de projet, on parle de produit. Évidemment, dans les faits, il y a encore des projets et la notion de produit, il faut du temps pour qu’elle se mette en place. Et encore aujourd’hui, on est en train de travailler dessus. Mais il y a ce changement-là et donc, dans ces changements-là, moi, mon rôle, il change. vraiment le statut de mon poste il change en fait je deviens product owner et là en l’occurrence le terme est plutôt bien choisi tu vois tu deviens responsable tu deviens propriétaire c’est un peu dur mais d’un produit et donc là oui avec en plus ce rôle là et le rattachement côté IT il y a encore une étape très importante qui se passe où là au lieu de travailler et de décliner sur des projets successifs on est responsable d’un périmètre c’est que là maintenant on dit voilà moi mon périmètre de responsabilité, c’est celui-ci. Et donc là, tout le challenge, c’est de réussir à gérer les projets au sein de ce périmètre, mais également de gérer tout ce qu’on appelle le run, c’est-à-dire le quotidien, les tâches que tu es obligé de faire tous les ans, mise à jour de tarifs chez nous, beaucoup, les corrections de bugs, les petites évolutions, toutes ces choses-là. Et donc là, tu commences à rentrer, à devoir t’engager sur des délais, sur des projets, tout en gardant en tête que tu as le reste à faire. Et donc là, tu gères une micro-entité.
Olivier My 57:36
– Une micro-pouette.
Renaud Torri 57:37
– Wow ! Non, parce que j’ai trop de respect pour les gens qui gèrent des boîtes pour dire ça. Parce que t’as pas tout le côté, d’autant que moi je fais pas trop le profil entrepreneur. En tout cas, de manière autonome. Et ces gens-là, ils font des milliards de choses. Mais tu vois, t’as quand même une petite entité qu’il faut quand même gérer parce qu’il y a des personnes, parce qu’il y a des gens à côté, il y a des enjeux et il faut pas faire n’importe quoi.
Olivier My 57:59
– Mais du coup, pour toi, c’est quoi la plus grosse différence entre ton métier d’avant, qui était AMOA ou business analyst ? Et ce nouveau métier-là que tu as à ce moment-là, qui est Product Owner, pour toi, c’est quoi la plus grosse différence ?
Renaud Torri 58:13
– Pour moi, c’est vraiment la notion de responsabilité, responsabilisation. En fait, tu as le mandat pour être responsable de cette chose-là, de cette partie-là. C’est-à-dire que la chaîne hiérarchique, quand elle est dans des différents comités, réunions, elle dit aux personnes en face d’elle, ce sujet-là, c’est telle personne qui gère. Ce sujet-là, c’est Renaud c’est du périmètre de Renaud. Il n’y a pas un projet qui est dispo, on va voir qui on met, puis tu verras avec lui, puis pendant le projet, ça sera ton point d’entrée. Non, non. Ce périmètre, c’est Renaud mais ça veut aussi dire… Enfin, Renaud évidemment. Tout à fait. Il n’y a pas moi. C’est l’équipe de réalisation. Mais souvent, les métiers, c’est des profils comme les nôtres qui allient en discuter. On essaye de faire en sorte que ça change aussi dans le temps. Mais à cette époque, c’est beaucoup vraiment les PO qui viennent discuter avec les métiers. Et donc, en fait, il commence à y avoir une notion qui se met en place aussi, c’est qu’en tant que responsable d’un périmètre, Nous, on est responsable du fait que ce périmètre, il soit cohérent, qu’il fonctionne dans le temps et que ça ne parte pas dans tous les sens. Et donc, on commence à pouvoir dire non. Alors attention, à cette époque-là, quand on dit non, il faut être un peu équipé quand même. Tu vois, ce n’est pas juste parce que tu n’as pas envie. C’est toujours le cas. On ne dit pas non parce qu’on n’a pas envie. Si jamais un jour quelqu’un tombe là-dessus, tu vois. Mais non, voilà, on commence à dire ça, non, on ne va pas pouvoir le faire comme ça. Ou on va décider de ne pas le faire. Parce que ça ne peut pas rentrer dans ce périmètre. Ce n’est pas la vision du produit qui est la nôtre. Il n’y a plus qu’une vision. L’IT est au service d’autres choses. Il y a aussi l’IT est un produit en tant que tel. Par exemple, on vend des contrats d’assurance. Évidemment, il faut un bon contrat d’assurance. Sinon, personne n’en achètera. Mais si tes outils de distribution ne sont pas bons, ça ne va pas le faire. Personne ne va en vendre non plus. Et donc, tu commences à rentrer dans une relation un peu… Je ne veux pas dire d’égal à égal, mais… Des responsables produits sont responsables de leurs produits d’assurance et nous, on est responsable de l’outil du produit numérique qui va permettre de les distribuer.
Olivier My 1:00:07
– Ce qui veut aussi dire que, de part et d’autre, ce sont des éléments qui apportent de la valeur.
Renaud Torri 1:00:12
– Exactement. C’est que tu passes de… L’IT est un outil et un centre de coût. L’IT est un moyen et on va dire un investissement. C’est un peu différent. Après, évidemment, comme je le dis souvent, les nuances sont parfois fines et il faut un temps énorme pour que tout le monde l’entende, l’accepte et même le digère. Et nous, les premiers. C’est facile, a posteriori, après, une fois que tu as écrit l’histoire, d’expliquer pourquoi l’histoire s’est passée comme ça. Mais tout ça, ça prend des mois, voire des années.
Olivier My 1:00:41
– Ça met un certain temps. Parce que du coup, tu fais ça pendant combien de temps ?
Renaud Torri 1:00:44
– Vraiment la partie PO à fond, j’irais trois ans à peu près, deux, trois ans. En fait, je le faisais avant, mais au sein de projet. Après, on a la ligne produit qui se met en place et je le refais encore deux ans.
Olivier My 1:00:56
– En fait, au milieu, il y a une sorte de changement d’organisation, mais en termes de métier, c’est déjà ce que tu faisais.
Renaud Torri 1:01:02
– Sur la fin, c’est ce que je faisais avant que ça change vraiment d’orgas. Et donc, dans ce changement-là, sur ces deux années-là, où je fais vraiment PO à temps plein, là, on a des gros sujets. Et en fait, il s’avère que dans les faits… On est responsable d’un périmètre, mais ces périmètres, régulièrement, ça reste quand même une succession de projets au sein d’un même périmètre. Et on fait quand même des projets qui sont assez costauds. Et je commence à travailler avec une équipe qui commence à être vraiment nombreuse. Genre à une époque, si je ne dis pas de bêtises, il y avait 8 devs, un product designer et un PO. Donc c’est trop. Aujourd’hui, on ne le referait plus, je pense. Mais à cette époque, c’est beaucoup. Et donc, qu’est-ce qui se passe ? En fait, il se passe qu’on met quelqu’un avec moi, qui s’appelle Fatma. Je salue, la mère un jour elle passe par là. Et donc Fatma elle arrive et en fait on vient travailler ensemble sur un périmètre quasiment identique. Alors au début elle arrive et puis moi ça fait des années que je suis dans la boîte, je prends de la place. Et puis elle forcément elle arrive, elle démarre dans la boîte. Donc au début je suis plus dans une logique d’accompagnement de la faire monter. Puis après elle rapidement elle monte. Et puis au bout de, je sais pas, un an, deux ans, j’ai plus en tête exactement les délais. Mais on se rend compte qu’on est… deux sur un même périmètre et plutôt que d’avoir une relation il y en a un qui accompagne l’autre en fait qu’est-ce qu’on a fait ? On a découpé le périmètre et on a dit cette partie là tu t’en occupes, cette partie là je m’en occupe donc en fait on crée quasiment deux sous-équipes dans l’équipe alors c’est pas la même chose côté dev mais d’un point de vue fonctionnel, elle elle prend une partie et moi je prends l’autre. Et donc là on se dit ce modèle là il marche pas parce que il a pas vraiment d’avantage dans le sens où on peut pas dire qu’on se marche sur les pieds mais on cohabite l’un à côté de l’autre alors ça se passe hyper bien, c’est hyper sympa mais du coup ça crée de la confusion dans l’équipe parce que… et donc on commence à expliquer si c’était le sujet avec Fatma, si c’était le sujet avec Renaud, et quand Renaud n’est pas là, Fatma elle est responsable de tout et inversement c’est pas optimal et donc toujours pareil on en discute, et Julien toujours dans sa perpétuelle évolution lui il a un truc, si tu lui parles un jour de PO et proxy PO tu t’entendras l’arrestre lui il dit moi j’y crois pas Je n’y crois pas, PO, proxy, PO, et je comprends ce qu’il veut dire par là. C’est-à-dire qu’en fait, tu peux parler de personnes qui ont le mandat sur un sujet, quelqu’un qui accompagne, sinon ce n’est pas un proxy PO, c’est quelqu’un qui va être là plutôt pour un profil un peu spécifique, soit être vraiment analyste sur un sujet, un data analyst, ou quelqu’un responsable de la qualité aussi. Nous, on a des gens aussi qui intègrent les équipes, qui font de la qualité. Et donc, ça tombe bien parce que moi, dans le même temps, je commence à me rendre compte que je tourne en rond. gentiment, tu vois, mais je me dis, ça fait quand même un paquet d’années depuis 2019, tu vois, que je fais ça, sachant que j’avais commencé plus ou moins tout ça, tu vois, c’est une longue évolution. Je commence un petit peu, entre guillemets, je dis vulgairement, mais en avoir un petit peu marre de rédiger des US, de faire de la recette, de présenter son métier, et puis ensuite on recommence, tu vois. Et donc, dans le même temps, Julien, lui, il a un périmètre qui devient de plus en plus large, donc mon responsable, et on se dit, en fait, il faut quelqu’un qui arrive aussi à… l’accompagner et à l’aider et tu vas faire un relais. Et donc, ça c’est en 2023, je change de poste et je deviens PM, en gros.
Olivier My 1:04:14
– Et du coup, qu’est-ce que ça change ?
Renaud Torri 1:04:16
– Très concrètement, ce que ça change pour moi, c’est que je suis plus rattaché à une équipe de réalisation. C’est-à-dire que moi, mon rôle maintenant, c’est de faire le relais du Head of Product, qui est Julien, et d’accompagner les équipes et notamment les profils fonctionnels, donc les PO, dans leur fonctionnement quotidien. Donc, ça passe… parfois par des phases un peu de mentoring, d’essayer de leur faire gagner du temps sur certains sujets. Tu vois, je déblaye des sujets. Quand on a un projet un peu chiant qui arrive, ou qui part dans tous les sens, je fais un peu le diplomate avec les métiers, et puis une fois que le truc est un peu stabilisé, ils prennent le relais. J’essaie de travailler sur l’harmonisation des pratiques, et j’essaie de leur faire gagner du temps sur la mise en place de nouvelles pratiques. C’est-à-dire qu’ils n’aient pas un peu ce frein à l’entrée de, tu sais, on a une nouvelle pratique, il faut entrer dedans. Moi, j’essaie de le vulgariser, de leur faire gagner du temps, de mettre en place des choses. Mais avec eux, tu vois, toujours en discutant. On se voit beaucoup, on discute énormément. Et puis, je fais leur backup quand ils ne sont pas là pour leur filer un coup de main. Et puis, parfois, je les accompagne sur des sujets un peu politiques, tu vois. Parce que depuis le temps, moi, je commence à gérer un peu ce genre de choses. Et je travaille beaucoup avec Julien sur la partie vision produit, stratégie produit.
Olivier My 1:05:25
– Donc, ce que j’entends, c’est que tu prends plus de hauteur. Tu es plus rattaché, on va dire, à un terrain particulier. Tout à fait. Par contre, tu vas naviguer un peu partout parce que tu as la vision d’ensemble. C’est ça. Qui te permet justement d’être de backup à gauche, à droite. La question qui me vient, c’est que tu prends ce nouveau poste. De ce que je comprends et de ce que je sais en vrai. Il n’y a pas de rattachement hiérarchique entre toi et les autres, même si ton rôle est quand même plus encadrant, si je puis dire. Qu’est-ce qui a changé dans votre relation à ce moment-là ? Parce que forcément, avant, vous étiez entre guillemets ensemble sur le terrain, entre guillemets ensemble dans la boue.
Renaud Torri 1:06:04
– Ah bah, tout à fait.
Olivier My 1:06:05
– Et du coup, maintenant, il y a un décalage. Parce que forcément, ça peut changer les relations, ça peut changer des choses. Comment toi, tu as vécu ce truc-là ?
Renaud Torri 1:06:12
– Pas simple. Alors, quand je dis pas simple… Les personnes autour de moi ont toujours été vraiment ultra, entre guillemets, bienveillantes. C’est-à-dire que personne ne m’a mis de bâton dans les roues. Et les personnes qui avaient des a priori ont eu vraiment l’amabilité dans un premier temps de les garder pour eux. Et je sais qu’il y en a eu, mais voilà. Et en vrai, c’est carrément OK. Et pour moi, pas simple, parce que comme tu le dis, trouver le juste milieu entre l’accompagnement… sur une personnalité comme la mienne, tu vois, qui prend de la place. Moi, je fais du bruit, je prends de la place, je parle parfois avant de réfléchir. Et donc, ça peut être un peu déstabilisant. Et donc, toute la question, c’est comment j’arrive à leur apporter quelque chose sans leur marcher sur les pieds. Et ça, c’est pas évident. Et au début, j’ai eu du mal. Enfin, j’ai eu du mal. J’ai pas eu de grandes difficultés ressenties, mais j’avais plus du mal par rapport à eux, tu vois. Je voulais pas, entre guillemets, venir et faire le petit chef, tu vois. Y’a rien qui m’énerve plus que ça. ce rôle de petit chef, tu vois. Donc moi, il n’y a jamais un monde où je viens contrôler ce qu’ils font ou quoi que ce soit. Juste, j’essaie de me rendre au maximum disponible pour confronter éventuellement un avis et je me permets de leur donner le mien tout en leur précisant que ça reste ma vision. Et en fait, ce que j’ai eu du mal au tout début à prendre en main, c’est un peu, tu vois, on parlait de crédibilité, c’est d’accepter le fait que si on m’avait mis là, c’est aussi parce que j’étais légitime à le faire. Parce que parmi les gens qui étaient là, Je faisais partie de ceux qui étaient crédibles et compétents pour faire cette tâche-là.
Olivier My 1:07:45
– Mais au départ, ce n’est pas quelque chose qui t’était évident ?
Renaud Torri 1:07:47
– Moi, si. Je savais qu’il n’y a aucun moment quand on m’a proposé ça, où je me suis dit « c’est chaud ou ce n’est pas dans mes cordes » . Non, moi, c’était OK. C’est la direction que je voulais prendre. Moi, ce qui m’intéresse et ce qui me passionne pas mal dans le taf, c’est la capacité de faire bouger les choses. Et donc, d’avoir de l’influence, mais pas dans le sens de l’influence, tu vois, je vais avoir du pouvoir et tout, ça, je m’en fous complet, mais être capable de faire bouger les lignes. et de faire progresser une structure à différents niveaux. Et donc, je savais pertinemment que si je voulais avoir plus d’impact positif dans l’entreprise, il fallait que j’évolue. Il fallait que je prenne de la hauteur un petit peu. Entre guillemets, de la hauteur, tu vois, je n’aime pas trop ce côté. Ce côté de la hauteur, c’est… Mais tu vois, de sortir un peu la tête de l’eau et d’avoir une vision 360, c’est plus ça, tu vois. Et donc, moi, j’en étais convaincu. Mais à côté de ça, il faut que les autres, ils soient convaincus. Parce qu’avec toute la bonne volonté du monde, en fait, quelle était la stratégie à la base ? La stratégie, c’était de se dire… Ce qu’on veut, c’est que tout le monde monte. Il faut que toutes les personnes, elles montent à chaque fois d’un cran, tu vois. Moi, je monte d’un cran dans ma perception, dans ma vision, dans ma stratégie, dans mes échanges avec les autres. Mais il faut que demain, ce que moi je fais, quelqu’un soit capable de le faire. Et donc l’idée, c’est de tirer tout le monde vers le haut. Mais pour ça, il faut aussi que les personnes en face, elles aient la capacité d’accepter qu’il y a un rôle qui va venir, entre guillemets, les accompagner. Et donc ça sous-entend. que ma séniorité était peut-être un peu plus importante que la leur. Et ne serait-ce que ça, si tu n’as pas des personnes ultra bien câblées, comme c’est le cas chez nous, toutes les personnes évoquées se reconnaîtront. Mais si elles n’étaient pas ultra attentionnées, qu’elles aient une bonne vision de leur taf, de notre taf, et surtout des intentions, ça aurait été difficile. C’est pour ça qu’on a beaucoup communiqué sur les intentions. Et moi, souvent, au début, je marchais sur des oeufs. Et donc j’essaie de faire par petites bribes, de donner un peu ma vision, comment j’aurais fait ci, comment j’aurais fait ça. Ce qui a été le plus dur pour moi, c’est au début un peu d’accepter, entre guillemets, de déléguer. C’est-à-dire d’accepter que les choses soient faites autrement, mais aussi bien faites.
Olivier My 1:09:54
– C’était un autre chemin pour aller au même endroit.
Renaud Torri 1:09:56
– Exactement. Ça au début c’est un peu difficile. En fait, j’ai eu plus de mal au début quand je travaillais avec Fatma, qu’on était en binôme parce que là, pour le coup, on voyait vraiment le quotidien. Mais même parfois, tu vois, quand je voyais là, quand je suis devenu PM et que je voyais certains PO faire certaines choses, des fois, je me disais, ah, je n’aurais pas fait comme ça. Et ça, après, rapidement, je suis passé outre ça. Et après, la deuxième chose qui a été un peu difficile, c’est… Mais ils le savent aussi, parce qu’on en parle beaucoup, c’est pour ça que je sais que tout ça, je peux le raconter, tu vois. C’est d’accepter le fait qu’à certains moments, ils n’étaient pas mûrs pour entendre certaines choses.
Olivier My 1:10:26
– T’as un exemple ?
Renaud Torri 1:10:27
– Là, comme ça, qu’ils ne me viennent pas forcément, tu vois. Enfin, j’ai des exemples vraiment très précis, mais il va falloir rentrer dans la technique et tout, ça peut être un peu pénible, tu vois. Mais des fois, oui, j’ai des exemples de toi, de dire, en fait, des choses que j’ai vécues. Si ta roadmap, elle n’est pas limpide, pour toi dans ta tête et à l’écrit, en fait, tu peux me dire ce que tu veux, même si toi, t’as l’impression que c’est clair dans ta tête, ça peut pas l’être à 100%, si t’es pas capable de la poser à l’écrit et de l’expliquer, etc. Quand tu mets 10 minutes à expliquer un truc tout simple, c’est que c’est pas clair. Tu vois, des choses comme ça. Et en fait, pourquoi aussi, moi, j’ai accepté au bout d’un moment de se dire, mais juste, c’est pas le bon moment et c’est pas grave, tu vois. Parce qu’en fait, il faut regarder ton propre chemin. Et tu vois, en plus, toi, tu le sais très bien, puisque tu es Tu m’as distillé un certain nombre de choses, de visions. On peut pas dire de conseils parce que c’est pas ton approche, mais voilà, tu m’as déposé des choses sur la table et des fois, il m’a fallu des années avant de les prendre et de me les approprier. Et donc, faut pas oublier par quel chemin t’es passé, tu vois. Et donc, en fait, c’est de se dire, ok, bah, à ce moment-là, ils étaient pas mûrs pour l’entendre. Et tu vois, je constate très régulièrement, et on en parle ensemble, dire, bah, tu vois, sur tel truc. Au final, peut-être qu’ils ont pris une direction totalement différente de la mienne. Tu vois, je suis pas en train de dire, ils avaient pas compris un truc que j’avais déjà compris. C’est juste qu’ils n’avaient pas forcément perçu peut-être l’importance d’un sujet ou la manière de faire tel autre ou la manière dont ils pouvaient être perçus. Et parfois, d’ailleurs, souvent, ça arrive aussi de dire, moi, j’avais une vision sur ton travail de telle manière et en fait, tu l’as fait totalement différemment et tu sais quoi ? C’est mieux parce que le travail et l’évolution que tu as fait toi, elle a plus de valeur et elle est plus cohérente avec moi qui, maintenant quand même de l’extérieur, parce que ça, c’est une des difficultés quand tu regardes 360 et que tu es moins au quotidien dans ce qui se passe au jour le jour opérationnellement. c’est que tu perds un peu le contact. Et donc, tu vois, par exemple, aujourd’hui, nous, on a certaines équipes qui ont changé leur manière de travailler. Je suis plus là à rester attentif à ce qui se pose les bonnes questions, du style, est-ce que vous avez la certitude que les choses sont sous contrôle quand on est dans une période un peu qui nécessite d’être sous contrôle ? Est-ce que vous avez pensé à telle chose, etc. ? Mais je ne peux plus trop me permettre de leur dire, ah ouais, mais telle manière, tel process, c’est sûr. En fait, j’en sais, moi, c’est eux qui font leur truc au quotidien et qui fonctionnent ensemble, tu vois.
Olivier My 1:12:35
– Et qu’est-ce qui t’a permis de ne plus avoir à marcher sur des oeufs ?
Renaud Torri 1:12:39
– Énormément de communication. En fait, en gros, les personnes que j’accompagne opérationnellement, en gros, on se voit une heure tous les 15 jours, chaque personne individuellement. Et donc, ces réunions-là, ces points-là, ils créent de la confiance. Et très rapidement, moi, je leur explique aussi comment je fonctionne. J’ai un paquet de défauts, mais j’ai aussi un certain nombre de qualités. Et tu vois, ma communication, c’est souvent… Une qualité mais un défaut. Parce que j’ai une communication qui est très directe. Pas directe dans le sens où je ne vais pas aller n’importe comment. Ça, ça ne m’arrive pas. Je ne parle pas n’importe comment aux gens. Le respect, c’est un truc ultra important. Mais des fois, je peux être maladroit. Dans une réunion, je te prends un exemple. Il y a notre boss. Il y a quelqu’un qui donne un avis. Et toi, je peux vraiment être le gars qui dit « Honnêtement, j’ai entendu. Mais moi, je ne suis pas du tout d’accord avec ça. » Et en fait, c’est OK. Mais il y a la relation où mon boss, c’est leur boss aussi. Donc, tu vois, il y a cet équilibre qui n’est pas forcément évident. Et en fait, ça, ça arrive la fois d’après ou directement après. Tu vas voir la personne et je lui dis en fait là, je suis désolé. Peut-être que je t’ai mis en difficulté. Ce n’était pas du tout mon intention. Et maintenant, je fais un truc que tu connais peut-être, mais on nous a fait une sensibilisation au management des couleurs. Ça te donne les quatre grandes couleurs sur ta personnalité. Les personnalités qui sont plutôt introverties, analytiques, d’autres, etc. Et donc maintenant, en fait, moi, souvent, les personnes avec qui on travaille, elles ont un peu cette vision-là. Et souvent, j’arrive et quand on met en place un début de relation, j’explique. Moi, je suis comme ça. Je suis plutôt cette couleur et cette couleur. Et donc, les défauts de ces traits de caractère-là, ça peut être ceci, ça peut être ceci. Et donc, ce qui fait que toi, comment toi, tu te perçois ? Quelles sont tes couleurs ? Et donc, en fait, souvent, ça nous aide, tu vois.
Olivier My 1:14:23
– On te prévient en amont, avant qu’il y ait trop de problèmes.
Renaud Torri 1:14:26
– Comme ça au moins il ne veut surtout pas dire il faut que les choses soient claires il ne veut surtout pas dire que ça c’est un joker et qu’après tu peux faire n’importe quoi tout à fait c’est juste que tu donnes une clé de lecture à la personne pour la fois où tu vas merder qu’elle soit capable de dire ok c’était peut-être pas contre moi etc et en fait beaucoup de feedback énormément de feedback c’est à dire que j’en fais mais j’en demande aussi tu vois moi il faut que chaque personne n’importe quelle personne qui travaille avec moi Je ne crois pas que ça me soit arrivé une fois qu’une personne me dise « moi, j’ai perçu ça » ou « j’ai eu cette impression-là » et que je suis en mode « non, tu n’as rien compris, ce n’est pas comme ça » . Non, non. Oui, j’explique. Ok, j’en suis désolé. Et tu vois, moi, je fais des erreurs, il n’y a aucun problème, comme tout le monde. Par contre, j’essaie de m’excuser, tu vois, ou en tout cas de dire « ce n’était pas mon intention » .
Olivier My 1:15:09
– Mais je pense que c’est une des grandes forces, en tout cas, de l’expérience que tu racontes, c’est qu’il y a eu des opportunités, tu as évolué dans les différentes… position, donc à la fois en termes de rôle, en termes de poste et en termes de responsabilité finalement. Mais de ce que j’entends, c’est que tu as eu cette capacité aussi à garder la tête sur les épaules, à comprendre que tu avais un écosystème autour de toi qui fonctionnait d’une certaine manière. Et je pense que justement, ce dernier pas que tu as fait, c’est que tu as eu l’intelligence aussi de comprendre qu’il y avait des gens autour de toi qui allaient être impactés par ton changement de poste. Parce que le reste, au final, c’est juste toi qui change pour toi. Mais là, ce dernier, justement, il y a un écosystème autour de toi. Et justement, tu les as pris aussi en compte dans ce changement-là. Et effectivement, le fait d’aller discuter avec chacune des personnes, voir comment est-ce qu’elles le vivaient, et d’une manière régulière, dans le temps, parce que tu ne peux pas juste imposer à quelqu’un une idée et supposer que tout va aller bien.
Renaud Torri 1:16:02
– Tu vois, moi, maintenant, je me définis un peu comme un catalyseur. C’est-à-dire que souvent, dans notre orga, il y a un certain nombre d’idées qui poppent de notre chef, de Julien. sur soit de l’orgas, etc. En fait, je me rends compte aussi que moi j’ai voulu, c’est que plus ça va dans le temps, plus j’arrive à faire popper des idées. Mais là où je suis normalement pas trop mauvais, c’est passer l’étape suivante. C’est-à-dire de dire, ok, il y a un sujet, venez on le fait avancer. Et moi, souvent, j’arrive à le mettre sur les rails, mais après, derrière, c’est plus moi qui vais gérer. Donc, il n’y a pas un monde où tu peux imposer aux gens de dire, gérez-le. Ce qui veut dire qu’en fait, moi, mon travail, il n’a d’intérêt. que si derrière, les personnes prennent le relais. Si je suis le seul à courir mon 100 mètres, mais que mes trois collègues qui sont censés faire le 200, le 300 et le 400, ils ne veulent pas courir, on arrivera dernier quoi qu’il arrive. Ça, c’est certain. Moi, je peux faire le meilleur départ possible en essayant de mettre les personnes ou l’équipe ou la structure ou l’organisation dans laquelle j’interviens sur les meilleurs rails. Et d’ailleurs, des fois, ce n’est même pas moi le premier relais. Souvent même, c’est d’autres. Mais en tout cas, j’essaie de faire mon relais correctement. Mais si les personnes derrière, elles n’ont pas envie de courir avec toi. c’est mort tu vois donc en fait moi mon travail aujourd’hui au quotidien s’il n’y a pas plein de personnes qui ont envie de travailler d’aller dans les directions qu’on essaye de mettre en place bah le travail il est nul il sert à rien en tout cas il n’a aucun impact donc après tu peux t’enfermer dans ils n’ont pas compris mais non c’est pas ça la vraie vie tu vois si tu n’arrives pas à convaincre les gens c’est que bah soit t’es pas bon dans la capacité de les convaincre soit que tes idées elles sont pas bonnes d’ailleurs il y a quelques mois là j’ai beaucoup discuté avec chacun des personnes à qui on discute en tête à tête et je leur ai posé là deux questions tu vois Est-ce qu’aujourd’hui, vous estimez que nos points d’échange, ils ont encore un intérêt ? En fait, est-ce que vous y trouvez encore de l’intérêt ? Ou est-ce que c’est juste une habitude qu’on a prise ? Et tu vois, c’est ok, il faut l’arrêter parce que ça ne nous apporte plus grand-chose. Moi, perso, ça m’apporte encore des choses, mais je ne peux pas être le seul. Si je suis le seul à qui ça apporte des choses, ça ne sert à rien. C’est un point d’échange, ce n’est pas un point de reporting, il n’y a pas de ça. Et donc tous, soit ils sont très gentils, soit ils le pensent, mais je pense qu’il y a un peu des deux. Mais en vrai, ils m’ont dit non, non, c’est cool. Ces points-là, ils sont utiles. Tu vois, ça nous fait un moment où on peut avoir un avis. Et tu vois, au moins avoir quelqu’un qui donne un avis sur un sujet, sans toujours aller déranger le boss. Et donc, ça, c’est la première question. Donc, tu vois, on a aussi revalidé. Ça, c’est important, tu vois. Parce que souvent dans l’entreprise, tu sais, tu tombes dans des habitudes aussi. Tout à fait. Puis à la fin, tu te retrouves, tu dis, ça fait dix ans qu’on fait ce comité. Quelqu’un sait pourquoi il est autour de la table ?
Olivier My 1:18:27
– Parce qu’on a toujours fait comme ça.
Renaud Torri 1:18:28
– On a toujours fait comme ça. Il faut aussi se poser cette question-là. Est-ce que ça nous apporte encore ? Je trouve que ça, c’est aussi un des trucs sur lequel mon changement de positionnement m’a aidé. C’est que ça me fait beaucoup plus réfléchir à leur gars. Et ça, c’est vrai que c’est un truc que j’aime bien. Et en plus, à côté de moi, j’ai Julien au-dessus de moi qui est vraiment bon là-dessus. Et donc, lui, il me tire vers le haut sur ça. Donc, première question et la deuxième question, parce que comme tu l’as dit, il n’y a pas de statut hiérarchique entre eux et moi. On est au même niveau. La deuxième question que je vais poser, c’est est-ce que … il y a ou il y a pu avoir confusion des genres sur ma posture par rapport à vous et vis-à-vis de votre vrai responsable hiérarchique qui est Julien ? Voilà, ça c’était une question que je leur ai posée. Moi, j’essaye de vraiment faire le maximum pour que ce ne soit pas le cas, mais comment ils l’ont perçu, c’était différent. Et en l’occurrence, ils m’ont dit non, non, de notre point de vue, individuellement, ils m’ont tous fait le même retour. Non, non, il n’y a pas de confusion des genres, c’est OK, c’est clair. Alors, il y a probablement des moments, parce que moi, j’en suis rendu compte, où on était un peu à la limite, tu vois. Mais j’essaie que ce ne soit pas le cas.
Olivier My 1:19:30
– Mais je trouve que ce qui est vraiment intéressant dans cette démarche-là, c’est qu’au moins tu sondes de manière régulière, plutôt que de partir sur le fait qu’ils me l’ont dit une fois, donc du coup c’est bon. Non, ce n’est pas acquis. C’est acquis, mais au contraire, tu te dis, de manière régulière.
Renaud Torri 1:19:46
– On va essayer. Ça peut même être pervers, parce qu’eux, ils peuvent me dire ça, moi du coup, ça peut un peu me conforter, je peux prendre un peu mes aises, je peux commencer à me détendre un peu sur certains trucs, et puis après, tu vas franchir juste la petite étape qu’il ne faut pas, tu vois. Alors normalement, j’essaie vraiment d’y réfléchir et de faire gaffe. Donc non, clairement, les choses ne sont pas acquises. Et puis ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que ces personnes-là, elles s’épaississent, elles prennent de la séniorité, elles ont des envies. Et puis elles aussi, elles disent, attends, les sujets dont on discutait il y a un an, ce n’est pas du tout les mêmes que ceux dont on discute aujourd’hui. Parce qu’elles aussi, elles évoluent. Donc, il y a peut-être un moment où on dira, la posture que j’ai aujourd’hui, elle n’a plus d’intérêt. Probablement même qu’un jour, on le dira. Après, tu es dans un écosystème, il faut trouver la capacité de gérer une orga qui sera meilleure que ça.
Olivier My 1:20:31
– Et ça, ça fera l’objet d’un prochain épisode où tu nous raconteras la prochaine étape. Mais justement, avant de passer à la dernière partie de cet épisode-là, j’ai une dernière question pour toi. Maintenant que tu regardes ce chemin que tu as parcouru, parce qu’on a traversé, navigué un petit peu ensemble. C’est quoi l’apprentissage principal que tu gardes de toutes ces étapes que tu as passées au sein de la même boîte, du coup ? Et qu’est-ce que tu en gardes ? Alors.
Renaud Torri 1:20:58
– Ce qui me vient, c’est que ces évolutions-là, en fait, elles ont toujours un peu la même source. C’est que moi, je m’arrête rarement au périmètre qui m’est donné. Je m’arrête souvent quand on me dit stop, tu vois ? Quand quelqu’un commence à me dire « attention, là, tu viens… » sur un périmètre qui n’est pas le tien et c’est pas ok là je m’arrête mais par contre si tu me dis pas stop je vais quand même avoir tendance à prendre un peu plus de place un peu trop de place parfois et donc en fait il y a ce côté mais ça je pense ça dépend vraiment des structures et aussi de la manière dont les personnes te donnent ta chance moi j’ai jamais eu la posture de je ferai quand on me donnera le rôle tu vois ou quand on me donnera le mandat Il y a plein de fois où, avant d’avoir le mandat, mon boss m’envoyait à sa place à certaines réunions. Alors au début parce qu’il ne pouvait pas, et puis après parce qu’il disait en fait, tu sais quoi, ça m’arrange, moi je vais me focaliser sur autre chose. Et puis un jour, on s’est dit, on l’officialise. De toute façon, c’est un fait. Et mon évolution avait toujours été basée là-dessus. Et ça, je sais que pour en avoir discuté avec certaines personnes, je pense que ça n’est lié qu’à un contexte. Mais il y a quand même une posture à avoir. Il y a des personnes qui vont dire, mais moi, c’est mort. D’abord, on me donne le poste et le salaire. Et ensuite, je prends le rôle, tu vois. Je ne sais pas. Je ne dis pas que ça ne peut pas marcher parce que tu as aussi des fois où les boîtes ne jouent pas le jeu, tu vois. Et donc, en fait, tu prends le truc et en fait, tu n’as jamais rien derrière en termes d’intérêt de travail, d’impact, de reconnaissance et de salaire et plein d’autres choses potentiellement. Donc, au bout d’un moment, je comprends que ça freine certaines envies. Mais si tu as une boîte qui est plutôt saine là-dessus, à mon sens, je pense quand même que la posture, elle est plus productive si tu es OK pour aller un peu au-delà, tu vois.
Olivier My 1:22:40
– Et au moins, tu construis ta voie. au fur et à mesure, et c’est les opportunités qui arrivent aussi.
Renaud Torri 1:22:44
– Voilà, en tout cas, tu donnes les chances aux personnes, quand elles vont imaginer quelque chose, de se dire on pense probablement que cette personne est capable de faire ça parce qu’en fait, elle nous prouve qu’elle n’est pas très loin de ça. Plutôt que de faire un pari, de dire il est capable de passer cette marche-là. Moi, j’aime bien commencer à passer la marche, ou en tout cas, essayer de commencer à prendre la direction, et puis après, j’ai eu la chance aussi, une fois de plus, je le répète, j’ai eu beaucoup de chance depuis que je travaille, parce que on m’a toujours donné énormément de confiance et d’autonomie. Donc j’ai eu cette chance-là. J’étais dans un contexte, dans un terreau très fertile pour ça. Autant demain, on refait l’histoire et mes deux boss, c’est pas les boss qui sont ou les structures sont pas les mêmes et je reviens te voir en disant c’est tous des cons, tu peux pas évoluer dans une boîte, tu vois. C’est pas une vérité absolue.
Olivier My 1:23:29
– Mais en tout cas, merci pour ces derniers mots et pour tout ce trajet qu’on a fait ensemble. Ce que je te propose, c’est qu’on va passer à la dernière partie de cet épisode. Comme tu as pu le voir tout à l’heure, j’ai avec grand plaisir sélectionné des cartes pour toi. Je sais que tu les attends avec grande impatience.
Renaud Torri 1:23:47
– Grande impatience.
Olivier My 1:23:48
– Donc du coup, je vais les prendre. Et du coup, il y a trois paquets en face de moi. On va passer par les trois, mais tu vas faire une seule question de chaque paquet. En fait, tu as une question sur le passé, une question sur le présent, une question sur le futur. Grosso modo. On va commencer par le passé, bien évidemment, sinon ce ne serait pas marrant. Du coup, je vais te demander de choisir une carte. Donc, tu n’en as pas beaucoup.
Renaud Torri 1:24:13
– Il y en a peut-être 5 ou 6.
Olivier My 1:24:15
– Ce que je te propose, c’est que tu vas la lire à haute voix. Si tu penses que tu pourrais piocher une autre carte qui serait mieux, je te laisse le faire. Sinon, je te laisse y répondre.
Renaud Torri 1:24:25
– De toute façon, je vais jouer le jeu parce que tu sais toujours ce que tu pioches et jamais ce qu’il y a derrière.
Olivier My 1:24:29
– Tout à fait.
Renaud Torri 1:24:30
– Je prends le risque. La question, c’est quelles sont les trois choses que tu as découvertes sur toi au cours des cinq dernières années ? Alors, il y a quelque chose qui me vient. naturellement c’est que je suis plus empathique que ce que je pensais être en fait tu vois à la base je disais en rigolant bon bah moi les gens pas que j’aime pas les gens du tout j’adore les gens mais côté un peu dès que tu commences un peu à te plaindre ou à te traîner de la patte et en fait je me rends compte maintenant que j’ai aussi un rôle où je travaille beaucoup plus aussi sur la partie humaine bah qu’en fait je suis beaucoup plus empathique que ce que je laisse paraître Je suis carrément attentif à ce que les personnes vivent, au chemin qu’elles traversent. En fait, c’est quelque chose même qui m’intéresse. Ça, c’est sûr. J’ai aussi découvert que j’étais… moins impatient que ce que je pensais être. En fait, ce n’est pas vraiment vrai. J’ai évolué. J’étais beaucoup plus impatient avant. Après, j’ai eu des enfants. Et du coup, j’ai beaucoup travaillé cette partie-là. Et tu vois, c’est intéressant, c’est une discussion qu’on a régulièrement avec quelqu’un que tu connais qui s’appelle Lucas, qui est notre product designer, qui est quelqu’un qui est très costaud, mais qui est aussi jeune. Attention, comme il dit, qui a un NNBAPE, moi, tu ne me parles pas d’âge. Mais il a ce côté où parfois, il peut… Je ne vais pas parler pour lui, mais on en a parlé, il le sait. Je ne pense pas trahir quoi que ce soit, mais le côté un peu frustrant de ne pas voir les choses avancer assez vite. Et en fait, c’est aussi une des choses qui est positive quand tu commences à prendre un peu d’expérience et à maîtriser un contexte, c’est qu’à l’inverse, quand je regarde dans le rétro, je me rends compte de la quantité de choses qu’on a fait évoluer, la quantité de mentalité qu’on a fait changer. C’est juste que l’échelle, ce n’est pas la semaine et ce n’est pas le mois. En fait, c’est les années, voire plusieurs années. Et donc, en fait, en ayant beaucoup d’exemples comme ça, je me rends compte que maintenant, ça m’aide beaucoup dans le côté impatient. Je me dis non, non, toujours toi, pareil, continue à avancer. Et en fait, une somme de plein de petites choses à la fin, ça va faire. Alors évidemment, il y a encore plein de moments où je suis ultra impatient. Et si certains écoutent ça, je suis sûr qu’ils vont se marrer, tu vois. Mais factuellement, vraiment, au fond, je suis beaucoup moins impatient qu’avant. Et je trouve que c’est vraiment bien parce que… L’impatience, moi, c’est vraiment un de mes très caractères forts à la base et c’est plutôt un bon défaut qu’une qualité.
Olivier My 1:26:46
– Il y en a une troisième, non ?
Renaud Torri 1:26:48
– Est-ce qu’il y a quelque chose qui te vient à l’esprit ? C’est étonnant, mais il y a un truc qui me vient comme ça qu’il n’y a pas forcément exactement à voir. Moi qui avais postulé à un master de communication, tu te souviens ? Je me rends compte que dans notre job, aujourd’hui, 2024, c’est vraiment une année sur laquelle on a travaillé sur les retours utilisateurs et remettre vraiment le client au cœur de ce qu’on construit. On s’en était trop éloigné. Et donc, on a rencontré beaucoup de représentants des clients et de clients. Et en fait, je me suis rendu compte que ces rencontres-là, pour moi, elles n’étaient pas si simples. Tu vois, ça rejoint un peu ce que je te disais au tout début sur le côté d’être timide, c’est me confronter, confronter directement son travail ou même sa posture, tu vois. Nous sommes un de vos fournisseurs et on vient se soumettre à vos avis et tout. Et bien, en fait, c’est un exercice pour moi qui n’est pas si simple. Pas sur le côté où j’ai peur de ce qu’ils vont dire. Non, mais ce côté juste, la prise de contact. Créer le rendez-vous, les premiers mots dans la réunion. Une fois que la réunion est lancée, c’est complètement OK et je suis à l’aise. Mais voilà, cette partie-là, je me suis rendu compte que j’étais moins à l’aise que ce que je pensais.
Olivier My 1:27:50
– Super, déjà trois choses. Super, merci, on va continuer tranquillement. Je te vois zyoter les cartes là, mais je te montrerai les autres cartes bien évidemment après coup. On va aller sur le présent maintenant. On fait le même exercice. Je vais te laisser tirer une carte, la regarder et la lire. Comme ça, au moins, les personnes qui ne les voient pas auront assez de curiosité là. Et puis, si tu le souhaites, tu as le droit de changer une fois. Je vois déjà ton sourire.
Renaud Torri 1:28:15
– Je la garde.
Olivier My 1:28:16
– Tu la gardes ?
Renaud Torri 1:28:17
– Toujours pareil, pour les mêmes raisons. Non, mais elle est marrante, celle-là.
Olivier My 1:28:21
– OK.
Renaud Torri 1:28:21
– Quel âge te donnerais-tu physiquement ? En fait, il y a plein de lectures. Moi, si je me fie juste à ma balance connectée, ma balance connectée, elle me dit que j’ai 33 ans d’âge physiologique.
Olivier My 1:28:31
– OK.
Renaud Torri 1:28:32
– Donc, je la crois, tu vois.
Olivier My 1:28:33
– Donc.
Renaud Torri 1:28:33
– Je la crois. Vu que j’en ai 38. Non, c’est très drôle parce que… Très régulièrement, je suis confronté à des personnes qui ont un avis totalement différent sur mon âge. En fait, tu as des personnes qui vont me dire « Ah ouais, tu as 38 ans ? Ah c’est fou, j’aurais jamais dit que tu avais autant. » Pourquoi ? Parce que moi, j’ai encore plein de rêves de jeune, j’écoute pas mal de musique urbaine, donc tu vois, je suis un peu dans ce truc-là. Et donc en fait, j’ai une capacité de communication avec les plus jeunes que moi assez facile. Notamment, tu vois, mon frère, il a 9 ans de moins que moi. Et tous ses potes, en fait, ils sont trop cool et ça devient mes potes. Plus je passe du temps avec eux, plus ça devient mes potes. Au bout d’un moment, il a trop de potes, il faut faire gaffe aussi. Et eux, parfois, me disent, souvent, ce qui revient, il y a deux choses. C’est, t’as 38 ans et t’as trois enfants. Toi, en mode, t’es quand même bien immature pour un mec qui a trois enfants et qui a 38 ans. T’es quand même des fois sur des délires un peu…
Olivier My 1:29:28
– La petite intonation qui fait toute la différence.
Renaud Torri 1:29:30
– Exactement, tu vois. Et à l’inverse, parfois, certains me disent, ah ouais, t’as que 38 ans. Alors ça veut dire que physiquement je dois faire plus, tu vois, mais dans le boulot ça m’arrive. Personne qui dise, je sais pas parce que, comme je te disais, moi parfois sur certains trucs je peux avoir une certaine maturité, tu vois, être capable de me mettre à niveau dans des discussions de niveau correct dans l’entreprise, tu vois. Et donc certains, quand ils me découvrent, me disent, ah ouais t’as que 38 ans, t’es jeune, tu vois. Mais donc du coup c’est plutôt dans le sens, bah en fait on aurait dit que t’avais plus, donc j’imagine que peut-être je dois faire plus.
Olivier My 1:30:02
– Que tu imploses.
Renaud Torri 1:30:03
– En gros, ce qu’il en ressort globalement, c’est que plus que le physique me concernant, j’ai l’impression que c’est la posture et la carapace que je prends en fonction du contexte qui a une incidence sur la manière dont les gens me perçoivent.
Olivier My 1:30:15
– Super, merci pour le partage. On dit jamais 203. Du coup, je fais un petit mélange.
Renaud Torri 1:30:21
– Tu fais semblant de mélanger un truc que de toute façon, tu as sélectionné. C’est quoi ça ? C’est vraiment une arnaque en fait.
Olivier My 1:30:26
– Il n’y en a pas suffisamment en plus pour faire le choix.
Renaud Torri 1:30:29
– Donc.
Olivier My 1:30:31
– Je te laisse la lire. Et encore une fois, tu as le droit de changer si tu le souhaites.
Renaud Torri 1:30:34
– Elle n’est pas facile celle-ci.
Olivier My 1:30:36
– Tu peux au moins nous la lire ?
Renaud Torri 1:30:37
– Oui, bien sûr, je vais essayer de jouer le jeu. Si tu avais le pouvoir de changer quelque chose dans ton comportement, qu’est-ce que ce serait ? Franchement, ça, ce n’est pas simple. Ce n’est pas simple parce que… En fait, mes gros défauts, qui sautent le plus aux yeux des personnes, c’est aussi ce qui parfois fait ma force, tu vois. Je m’explique. Ce que je disais, c’est ma communication un peu franche, directe, tranchée. Tu vois, je sais que ça empêche certaines personnes parfois de s’exprimer. Et ça, c’est un problème pour moi parce que je suis ultra attentif à ça. Mais je sais que naturellement, c’est le cas. Tu as des personnes qui ont des personnalités beaucoup plus calmes, introverties. Quand je suis dans une réunion, En fait, c’est hyper dur d’en placer une parfois ou bien, tu vois, une fois que je t’ai fait un monologue de cinq minutes, passer derrière, ce n’est pas toujours évident, tu vois. Et ça, pour moi, c’est un problème. Donc, en fait, j’essaie, comme je te disais, de communiquer dessus et parfois de laisser la place. Mais franchement, tu l’as déjà vu en plus. Des fois, des réunions, je dis je viens et je ne parlerai pas et ça tient trois quarts de la réunion. Et puis, le dernier quart d’heure, je ne peux pas m’en empêcher.
Olivier My 1:31:38
– C’est déjà pas mal, trois quarts de la réunion.
Renaud Torri 1:31:39
– Mais d’ailleurs, quand même, je précise parce qu’après, les gens vont me prendre pour un fou. C’est pas parler pour rien dire, c’est que généralement quand même j’essaie de venir avec des éléments qui servent à quelque chose et pas juste m’écouter parler. Non mais ça peut donner cette impression tu vois. Mais d’un autre côté, c’est aussi ce qui fait que par moments j’arrive à emmener des gens, c’est aussi ce qui fait que par moments j’arrive à convaincre des gens, c’est aussi ce qui fait que quand j’ai des idées ou que je défends des idées, pas que les miennes mais des idées qu’on estime être, qui vont dans la bonne direction, il faut quand même que les personnes en face qui voudraient pas pour des raisons qui sont pas toujours les bonnes, viennent aussi un peu équiper. Donc ça, c’est un problème. Dans le monde professionnel, c’est un problème. Dans le monde privé, ça ne l’est pas parce que les gens me connaissent et ils savent qu’à côté de ça, j’ai tellement d’autres défauts sur lesquels ils viennent me challenger. C’est comme ça, c’est ma personnalité. J’aimerais bien l’atténuer parfois, ça, pour la perception que les gens peuvent en avoir.
Olivier My 1:32:32
– Merci pour ton partage. J’avais dit j’aimais 203, mais en vrai, j’ai envie de t’en faire une quatrième. Sauf que ce que je vais te proposer, c’est que tu vas choisir un des trois paquets. Et moi, je vais choisir une question dedans que je vais te poser. Le futur. Alors, je regarde les questions que je ne connais pas, mais que j’ai présélectionnées.
Renaud Torri 1:32:53
– En fait, la vraie phrase, c’est « dont je ne me souviens plus » .
Olivier My 1:32:58
– Allez, la question. Si tu devais savoir faire quelque chose qui n’est pas particulièrement surnaturel, en claquant des doigts, ce serait quoi ? Pourquoi ?
Renaud Torri 1:33:08
– En fait, moi, je ne suis pas du tout… perfectionniste. C’est-à-dire que je te parlais tout à l’heure de la règle des 80-20 et ça c’est bien, souvent, mais des fois c’est limitant. Moi dans une équipe par exemple, généralement je vais être la personne qui va pouvoir mettre un peu d’énergie pour démarrer un sujet, mais si tu veux que le sujet vraiment il soit parfait, qu’il arrive vraiment d’aller chercher les derniers pourcentages, ça ne pourra pas se faire avec moi. Il faut qu’il y ait des personnes qui soient capables de faire ça à côté. Je pense qu’aujourd’hui, dans mon boulot, c’est pas trop un problème parce que c’est pas ce qu’on me demande. Mais tu vois, dans la vie privée, par exemple, je trouve que c’est un problème. Moi, je suis le genre de personne, je vais mettre trois semaines à faire un benchmark sur qu’est-ce qu’il faut acheter pour tel besoin. À partir du moment où j’ai décidé, surtout où j’estime que j’ai passé du temps et j’en ai un peu marre, et bah c’est terminé, la décision elle est prise et je vais aller acheter instantanément. Et en fait, bah tu vois, du coup, ça me prive en fait… parfois de dire si t’avais mis un tout petit peu plus d’énergie tu serais rendu compte que ça c’était pas ouf ou pareil dans le bricolage par exemple moi le bricolage très rapidement je vais avoir une V1 et après je vais faire une V2 et puis une V3 et en fait la vérité c’est qu’il faudrait une V5 mais je vais jamais la faire je vais estimer que ouais ok c’est peut-être pas ultra joli c’est peut-être pas parfait c’est suffisant et ça m’est encore arrivé il n’y a pas longtemps tu vois j’ai posé du lambris tu vois sur mes murs dans mon bureau et genre 90% des découpes elles sont nickels et juste les découpes de la poutre Elles sont un petit jour. Et en fait, je pense souvent à mon ami Benjamin. Il n’entendra jamais ça, mais lui, il aurait passé deux heures à tout refaire. Ça aurait été nickel. Et moi, en fait, alors que j’y avais déjà passé dix heures, il aurait fallu deux heures de plus. Je ne les ai pas mises. Et ça, c’est dommage. Donc, j’aimerais bien corriger ça.
Olivier My 1:34:51
– Clac en des doigts.
Renaud Torri 1:34:52
– Voilà. Clac, la poutre. Clac.
Olivier My 1:34:54
– La poutre. En tout cas, merci pour ton partage. Et ce que je te propose, c’est qu’on va terminer tranquillement cet épisode. Mais avant ça, s’il y a des personnes qui souhaiteraient continuer la papote avec toi, comment est-ce qu’ils peuvent te joindre ?
Renaud Torri 1:35:10
– Le plus simple pour tout le monde, ça va être classiquement LinkedIn.
Olivier My 1:35:14
– Donc Renaud Toury. Tout à fait. Théo Dezeri.
Renaud Torri 1:35:17
– Exactement.
Olivier My 1:35:18
– Super, merci beaucoup pour ce moment passé ensemble.
Renaud Torri 1:35:21
– Merci pour la découverte, c’était un très bon moment.
Olivier My 1:35:25
– Salut.