#13 Éducation sans frontières – un tour du monde des écoles avec Thomas Chopin

Description

Dans cet épisode de “Change and Chill” animé par Olivier My, Thomas Chopin raconte comment son tour du monde a changé ses perspectives de l’éducation en découvrant plus de 25 écoles dans 12 pays différents.

Dans ce voyage organisé avec sa famille, il explore les richesses culturelles, les expériences humaines qui ont fait parti de son parcours et nous partage ses surprises et ses apprentissages.

Thomas insiste sur le fait que l’adaptation et l’innovation sont cruciales pour rester pertinent dans un monde en constante évolution, illustrant comment les défis peuvent être transformés en opportunités enrichissantes.

Pour contacter Thomas : https://www.linkedin.com/in/thomaschopin

N’hésitez pas à laisser un message sur le répondeur du podcast : https://www.vodio.fr/repondeur/1273/

Séquençage du podcast

[00:00:04]: Introduction à Change and Chill
[00:02:26]: Parcours de Thomas Chopin
[00:03:53]: Transition professionnelle
[00:05:37]: Découverte de l’agilité
[00:07:27]: L’importance du changement
[00:08:41]: Le voyage autour du monde en famille
[00:12:26]: Préparation au départ
[00:15:45]: La dimension éducative du voyage
[00:19:08]: Organisation du voyage et premières expériences
[00:29:02]: Premières impressions en Thaïlande
[00:34:12]: Découvertes pédagogiques en Asie
[00:38:47]: Rencontre et enseignement au Cambodge
[00:49:54]: Contribution à Bali
[00:57:03]: L’école forestière en Nouvelle-Zélande
[01:08:47]: Réflexions et leçons du voyage
[01:23:33]: Conclusion et perspectives futures

Idées Clés

Introduction et Importance du Changement

Olivier My et Thomas Chopin discutent de la manière dont le changement peut être une force positive dans la vie quotidienne. Ils soulignent l’importance de s’améliorer constamment tout en accueillant le changement comme un processus naturel et bénéfique.

Parcours Professionnel de Thomas Chopin et Reconversion

Thomas explique son parcours, depuis un début en géotechnique jusqu’à sa reconversion dans le développement informatique, puis son travail actuel comme coach agile. Cette évolution démontre sa passion pour l’accompagnement au changement et l’amélioration continue.

Le Voyage Autour du Monde en Famille

Thomas partage comment sa famille a planifié et vécu un tour du monde axé sur la découverte des méthodes éducatives internationales, montrant l’importance de vivre ses rêves et d’intégrer ses enfants dans les décisions familiales.

Éducation et Pédagogie à Travers le Monde

La famille de Thomas s’intéresse particulièrement aux modèles pédagogiques rencontrés durant leur voyage, mettant en avant la variabilité des systèmes éducatifs et l’importance d’une approche personnalisée et culturelle de l’enseignement.

Expériences du Tour du Monde dans Différents Pays avec Focus sur les Écoles

Thomas relate des expériences marquantes dans plusieurs pays, notamment l’impact des visites d’écoles sur leur perception de l’éducation. Ils découvrent des méthodologies variées, comme la Forest School en Nouvelle-Zélande, et des exemples de générosité dans des cultures distinctes.

Retour d’Expérience et Leçons Apprises

Thomas évoque les leçons tirées de leur voyage, notamment la prise de recul face à la vie quotidienne, la valeur de la simplicité matérielle, et l’importance de la générosité. Il parle de l’impact durable sur sa famille et lui-même.

Session de Questions Réflexives

La session de cartes à la fin de l’entretien sert de réflexion introspective pour Thomas, lui permettant de partager des réflexions sur ses décisions passées, ses apprentissages, et ses aspirations futures.

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Olivier My: Bienvenue sur Change and Chill, le podcast où l’on parle de changement, simplement. Je suis Olivier My et avec mes invité.es, nous explorons comment le changement peut être une force positive dans nos vies. Des histoires inspirantes avec une touche de légèreté. Dans ce nouvel épisode, j’ai le plaisir d’accueillir Thomas Chopin. Salut Thomas, Comment ça va ?

 

Thomas Chopin: Ça va très bien. Et toi ?

 

Olivier My: Bah ça va, je suis moi-même accueilli chez toi et j’ai cru comprendre je suis à la place du roi.

 

Thomas Chopin: Tu es là où je mange.

 

Olivier My: Oui. Ça va, ça te dérange pas trop ?

 

Thomas Chopin: Au contraire, au contraire.

 

Olivier My: Tu arrives à survivre ?

 

Thomas Chopin: Ah bah j’adore t’avoir là à côté de moi, c’est cool.

 

Olivier My: C’est super! En tout cas, merci de prendre ce temps. Je suis ravi d’avoir cette conversation avec toi.

 

Thomas Chopin: C’est un plaisir partagé.

 

Olivier My: Et comme tu le sais, le thème du podcast est autour du changement. Et donc on va commencer avec cette fameuse question qui est : toi quand je te dis changement, qu’est ce que ça t’inspire ?

 

Thomas Chopin: Tu commences fort.

 

Olivier My: Oui, même si tu avais quelques minutes avant pour y réfléchir, tu n’en avais pas eu tant que ça de temps.

 

Thomas Chopin: J’ai déjà oublié ce que j’avais dit. Non, changement, c’est mon métier donc en grande partie, c’est quand même ça me cause quand même. Moi, tout de suite, ça me fait penser à cette fameuse phrase qui dit pour s’améliorer, il faut changer. Pour être parfait, il faut changer tout le temps.

 

Olivier My: Ah ouais, je la connaissais pas tiens.

 

Thomas Chopin: Il me semble que c’est Churchill. Je te laisserai vérifier, et si c’est faux tu me le diras.

 

Olivier My: Je te le dirai.

 

Thomas Chopin: Après sans vouloir chercher à être parfait, parce que je pense que c’est quand même une quête perdue d’avance. J’aime cette notion de se dire qu’on change tous les jours, on apprend tous les jours, on change plein de choses tous les jours en nous et que c’est un peu aller chercher à s’améliorer, à être demain quelqu’un de meilleur, différent d’hier.

 

Olivier My: J’aime bien ce que tu dis parce que c’est aussi une manière d’apprécier notre humanité. On vit chaque jour avec des expériences, des rencontres et au final, ça nous permet d’être quelqu’un de différent. Et j’aime bien cette nuance que tu donnes parce que plutôt que de toujours chercher le mieux, bah en fait le différent est aussi bien.

 

Thomas Chopin: Exactement.

 

Olivier My: Parce qu’on apprend chaque chose et…

 

Thomas Chopin: Il y a un peu plus tous les jours, tu vois, on a échangé tous les deux. Quand ce sera fait, ce sera encore un truc de plus que je n’avais pas ce matin en me réveillant.

 

Olivier My: Exactement. Oui, c’est une expérience à part entière.

 

Thomas Chopin: Exactement.

 

Olivier My: Bah super! Merci pour cette première réponse. Et du coup, comme je t’avais prévenu, cette grande question à laquelle tu adores répondre est ce que tu peux te présenter en quelques phrases s’il te plaît ?

 

Thomas Chopin: Bah écoute, je vais me plier à l’exercice.

 

Olivier My: C’est très bien.

 

Thomas Chopin: Parce-que tu veux l’avoir, je vais le faire. Donc je suis Thomas Chopin. Je suis aujourd’hui ce qu’on appelle coach agile dans une DSI, donc dans la tech. Mais avant tout, je pense que je suis acteur du changement. C’est un peu plus comme ça que je me définirais. Mon objectif, c’est accompagner les gens autour de moi dans le changement, l’amélioration continue, leur faire voir d’autres perspectives et leur permettre de s’ouvrir à des choses qu’ils n’auraient peut être pas imaginé tout seul.

 

Olivier My: Super! C’est déjà un spectre particulièrement large.

 

Thomas Chopin: Oui, il y a du boulot.

 

Olivier My: Et ce métier, tu l’as toujours fait ou pas ?

 

Thomas Chopin: Mais alors pas du tout.

 

Olivier My: Ok. Et donc du coup, tu viens d’où ? Qu’est ce que tu as fait avant d’en arriver là ?

 

Thomas Chopin: Alors là, je viens de vraiment très très loin de ce métier là. Moi, je suis issu d’un cursus scientifique, j’ai travaillé d’abord en sortie d’études dans la géotechnique donc le forage géotechnique. Je travaillais sur des machines de forage, sur des chantiers de forage, sur des chantiers où j’ai installé des enregistreurs de paramètres de forage.

 

Olivier My: Oui, donc rien à voir.

 

Thomas Chopin: Vraiment rien à voir. Je soudais, j’ai installé des capteurs sur la machine et l’été c’était cool, on faisait des barbecues sur les chantiers, je ramenais des merguez et tout. L’hiver, j’avais les clés de douze qui me collaient à la main et j’essayais de me réchauffer aux pots d’échappement des véhicules. C’était pas tout à fait pareil.

 

Olivier My: Oui, effectivement, je pense que le cadre était différent.

 

Thomas Chopin: Exactement. Bon, aujourd’hui, je travaille dans un bureau.

 

Olivier My: Donc tu as fait ce métier là et après tu as fait quoi d’autre avant d’arriver au métier que tu fais aujourd’hui ?

 

Thomas Chopin: Eh bien, à partir de ce moment là, j’ai déménagé et j’ai fait une reconversion professionnelle par le biais de Pôle emploi. Historiquement Pôle Emploi, France Travail aujourd’hui. Et c’est marrant d’ailleurs parce que quand j’ai changé de métier, donc ils m’ont lancé dans l’informatique. J’ai répondu à une une offre d’emploi dans l’informatique pour devenir développeur analyste Coboliste.

 

Olivier My: Coboliste.

 

Thomas Chopin: Oui, tout à fait. Oui, c’est vrai que.

 

Olivier My: Tu fais partie de ces gens là ?

 

Thomas Chopin: Ouais, voilà. C’est vrai, c’est recherché. Donc j’ai été formé à devenir développeur Cobol. Sauf qu’en fait, j’en ai jamais fait vraiment. Je suis rentré dans le monde de l’informatique et là, en fait, j’ai découvert un monde qui était très proche du monde du BTP que je connaissais. Maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’oeuvre. On fait des plans, on déroule des plans, on construit des trucs et on les livre à la fin quoi. Bon, très classique et en même temps, en parallèle de ça, j’ai découvert l’agilité qui me semblait tellement intuitif et tellement logique que ça m’a beaucoup intrigué et que je suis allé chercher un peu ce qu’il y avait derrière. J’ai commencé à participer aux premières soirées agiles.

 

Olivier My: À quel endroit ?

 

Thomas Chopin: À Nantes.

 

Olivier My: Tu avais déménagé directement à Nantes ?

 

Thomas Chopin: Ouais, Là, j’ai changé de métier. J’ai déménagé à Nantes et j’ai commencé l’informatique. Donc j’ai fait les premiers mercredis du mois, la soirée Agile Nantes et j’ai découvert des gens qui parlaient d’agilité en me disant que c’était pas des frameworks, c’était pas des méthodes, c’était pas clair ce que c’était, mais ça m’a intrigué, ça m’a intrigué vachement. J’ai fait des penny game, j’ai fait des marshmallow Challenge. Mais de quoi est ce qu’on est en train de parler quoi. Faire du petit, faire de l’itératif, faire de l’amélioration continue. Bah oui, très bien. Mais de quoi est-ce qu’on est vraiment en train de parler ? Et je me suis beaucoup documenté, beaucoup pour essayer de comprendre ce que c’était que tout ce qu’il y avait derrière. Et petit à petit, j’ai réussi à me retrouver dans un contexte où j’ai pu jouer moi aussi, à faire de l’agilité. C’est un jeu vraiment de pouvoir délivrer un projet en Agile. Alors moi, historiquement, j’étais plus testeur, donc j’ai eu la partie testeur en équipe agile. Mais j’ai découvert les cérémonies, la mise en place, le collectif, l’itératif, les rétrospectives, les planif. C’est très Scrum bon je te l’accorde.

 

Olivier My: Comme beaucoup en tout cas.

 

Thomas Chopin: J’ai fait partie de cette grande majorité. Et bah moi c’est m’éclater quoi. C’était tellement intéressant, ça ouvrait tellement de perspectives, beaucoup d’échanges entre les gens, beaucoup de discussions. Beaucoup d’humains ont délivré des produits qu’on comprenait avec de la valeur pour les utilisateurs. Passionnant. Et fort de cette expérience, petit à petit, on m’a proposé d’aller en parler à d’autres personnes et puis petit à petit, d’accompagner d’autres personnes et de leur expliquer ce que ça pouvait être cette expérience là et comment est ce que eux ils pouvaient aussi le mettre en place. Et là, j’ai découvert toute la dimension coaching, l’accompagnement des gens, l’accompagnement au changement, la prise en compte, la posture, la médiation, la communication non-violente, tout un tas de nouvelles méthodes. Et au même titre que l’agilité, je suis allé me former en potassant beaucoup.

 

Olivier My: Oui ?

 

Thomas Chopin: Le coaching pareil, j’ai fait la même chose.

 

Olivier My: Oui, donc le monde du changement, tu le connais bien parce que c’est quelque chose que tu accompagnes au quotidien, comme tu le disais en présentation. Et c’est venu d’une appétence que tu avais, c’est à dire que des gens t’ont invité à aller en parler à d’autres personnes, mais c’est quand même quelque chose que tu sentais être quelque chose que toi tu voulais faire ?

 

Thomas Chopin: Ouais, ouais, c’est vraiment ça. Tu vois la définition, cette phrase de Churchill dont je te parlais, je crois que je l’ai vue dans un House of Cards, un truc comme ça. Je crois que c’est gravé derrière une montre. Je te laisserai sourcer tout ça.

 

Olivier My: Je regarderai oui.

 

Thomas Chopin: Si c’est pas ça dit le moi parce que vraiment.

 

Olivier My: Je le ferais, je le ferais.

 

Thomas Chopin: Et ça, moi, ça me parle. Enfin, ça me paraît évident. Effectivement, tout bouge tout le temps. La nature bouge tous les jours. Les feuilles grandissent, elles tombent, elles vivent. Les plantes poussent. Tout change tout le temps. Pourquoi est ce que nous il faut qu’on cherche à se stabiliser, à se figer dans le temps, à faire un truc qui est tout le temps le même, sans aucune innovation et initiative ? Il n’y a pas de sens. En fait, ça, ça n’a pas de sens pour moi.

 

Olivier My: Je te rejoins et c’est vrai que le changement, j’ai toujours cette impression quand on est à la recherche de la nouvelle méthode, du nouvel outil, du nouveau process qui va nous permettre de gérer le changement. Et donc on essaye de contrôler quelque chose qui en fait est un processus continu et qui est un processus de la vie parce qu’on change chaque jour. Et donc c’est plus une aventure humaine que ça n’est une histoire de process et d’outils quoi.

 

Thomas Chopin: Ah bah là je pense que tu as résumé une phrase qui me parle.

 

Olivier My: Et justement parce que nous, quand on s’est rencontré et que je te parlais un peu de cette idée de podcast que j’avais en tête, je t’avais dit voilà, moi j’ai envie de parler de changement et surtout de changement humain et tu m’as dit cette phrase qui était ah bah moi j’ai un sujet pour toi qui a fait qu’il y a eu un avant et un après.

 

Thomas Chopin: C’est bien vrai.

 

Olivier My: Et forcément c’est pour ça que tu es en face de moi. Et donc j’étais très curieux. Et est ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

 

Thomas Chopin: Ouais ben c’est vrai que quand je t’ai dit cette phrase là il y a quelques mois de ça, j’avais une idée en tête évidemment. Tu l’as découvert depuis puisqu’on a eu le temps d’en parler un poil.

 

Olivier My: Effectivement.

 

Thomas Chopin: C’est qu’il y a deux ans de ça, maintenant, je suis parti faire un tour du monde en famille.

 

Olivier My: Mais un tour du monde un peu particulier.

 

Thomas Chopin: C’est vrai. On avait un fil rouge ce tour du monde. L’idée, ce n’était pas de voyager pour le voyage, c’était plutôt de créer une cohérence dans ce voyage. Et la cohérence qu’on a cherché à mettre en place c’est challenger les différents principes d’éducation au regard des différentes cultures qu’on a pu découvrir. Donc on a agrémenté ou enrichi, je dirais, notre voyage de visites d’écoles. Et sur un an de voyage, on a visité à peu près 25 écoles dans les différents pays dans lesquels nous sommes passés.

 

Olivier My: Et donc tu dis que tu es parti avec ta famille. Donc c’est ta femme et tes deux filles. C’est ça?

 

Thomas Chopin: Exactement.

 

Olivier My: Et c’est quelque chose qui a été prévu comment ? C’est à dire que c’est avec ta femme vous vous êtes dit Ok, c’est ça qu’on veut faire ? Est ce que les filles étaient au final à l’intérieur de la décision ou est ce que finalement elles vous ont suivi ? Comment ça s’est passé déjà ce départ ?

 

Thomas Chopin: Alors la phase de préparation, elle est un peu ambivalente parce que il y a eu une décision, il y a eu une envie de mon épouse et moi de partir. On s’est dit on veut avoir cette expérience là, on veut la vivre. La vie est trop courte, le monde est trop petit. Il faut qu’on aille voir ce qui se passe ailleurs. C’était une envie profonde. On l’a annoncé d’ailleurs à notre famille très tôt. C’était même avant le covid et ils nous ont dit oui, oui, on en reparlera.

 

Olivier My: C’est encore une lubie.

 

Thomas Chopin: Voilà, pourquoi pas. Et on en a discuté doucement avec les filles. Et petit à petit, on a commencé à insister un peu plus avec les filles, à leur en parler, à les questionner. Qu’est ce que vous en pensez ? Est ce que vous aimeriez y aller ? Elles étaient mitigées. Il y en a une qui est plutôt casanière, qui s’est dit Moi quitter mes potes, je suis pas sûre. Et l’autre qui était très aventurière, qui a fait Mais moi je veux partir tout de suite !

 

Olivier My: Vous aviez eu les deux alors c’est marrant.

 

Thomas Chopin: Ouais on avait vraiment les deux sons de cloche quoi. Donc on a discuté de ça entre nous, sans chercher à convaincre mais plus à comprendre. Mais pourquoi partir ? Pourquoi pas partir justement ? Et puis Covid est arrivé. Donc là, on a été obligés de mettre un stop dans notre idée d’aventure.

 

Olivier My: Donc ça a commencé bien avant et le Covid a arrêté en fait cette réflexion. Ça a continué à infuser, je suppose ?

 

Thomas Chopin: Exactement. En fait, on s’était laissé une fenêtre dans laquelle on pouvait partir. Il fallait que les filles soient suffisamment grandes, mais pas trop grandes, suffisamment grandes pour vivre les expériences. Donc on les avait déjà emmenées voyager, on les a emmenées au Mexique, au Sri Lanka, l’année du Covid, on est rentrés du Sri Lanka on a été confinés la semaine d’après.

 

Olivier My: Au moins, vous êtes rentrés.

 

Thomas Chopin: Exactement. Je ne te cache pas que ça, c’était une autre aventure. On pourra en reparler. Mais on est rentrés, on a fait une semaine, on a été confinés. Et donc là on s’est dit bah non, ça va pas être tout de suite le tour du monde. Mais en même temps, les années s’étaient écoulées et il ne fallait pas que notre grande soit trop grande. Il y a un moment où elle, elle a sa vie à faire. Le but de l’éducation, c’est l’autonomisation. On ne cherche pas à la garder à la maison. On cherche à lui donner toutes les armes possibles, tous les moyens et les outils possibles pour affronter la vie, quoi. Donc il fallait qu’on soit dans le bon créneau. Et là est arrivée la date où on s’est dit ou c’est cette année ou sinon on arrête d’avoir cet objectif là, on met une croix dessus et on passe à autre chose quoi. On s’est laissé du mois de mai au mois de fin août en se disant on y réfléchit sérieusement. Fin août, on se prend une soirée tous les deux, on va au resto et on cale. On décide si oui ou non on part.

 

Olivier My: J’avais cette question là quand tu disais le on, c’était qui ? Et donc c’était tous les deux alors quand même, c’est un projet qui vous vous tenait à cœur ?

 

Thomas Chopin: Ouais. C’était à nous de prendre cette décision parce qu’en fait, c’était une décision hyper difficile à prendre. C’est le concept de se dire ok, bah je mets tout en pause et je pars. C’est un switch intellectuel qu’il faut faire en fait. Ça paraît peu, mais une fois que c’est fait par contre ah bah après tout se déroule. La préparation, c’était pas du tout un problème, mais le principe de se dire non mais en fait si, je vais vraiment le faire, c’est pas juste une idée. Ce switch là, intérieurement intellectuel, il a fallu aller le chercher quoi.

 

Olivier My: Et tu te rappelles alors de ce resto ?

 

Thomas Chopin: Ouais, je m’en souviendrai toute ma vie.

 

Olivier My: Ouais ? Qu’est ce qui a fait le déclic ? Du coup, au delà, tu vois des détails que peut-être tu veux garder, mais c’est quoi qui a fait cette étincelle qui a permis le mouvement derrière ?

 

Thomas Chopin: Et ben tu vas me dire, je suis très citation mais c’est le.

 

Olivier My: C’est que la deuxième !

 

Thomas Chopin: Non mais attends, j’en ai plein d’autres. C’est le Il faut arrêter de rêver sa vie, il faut vivre ses rêves quoi. Et ben là on s’est dit ça c’est un rêve qu’on a depuis longtemps, on le vit ou on le vit pas ? Et on le fait en se disant on va enfin faire qu’on avait envie depuis longtemps ? Ou est ce qu’on se dit bah maintenant on fait une croix dessus et il faut arrêter d’avoir ce rêve là parce que, en fait, on ne le fera pas. Donc au lieu de courir après un truc qu’on ne fera jamais, mettons nous d’accord. Et c’est vraiment ça où ce soir là, on était au resto, on était au dessert, on a fait bon voilà, maintenant on est au bout du bout quoi. C’est maintenant qu’il faut la prendre la décision. Et on a fait Bah ok. Bah en fait il suffit de décider qu’on y va. Bah on y va.

 

Olivier My: C’est marrant, des fois on se pose beaucoup de questions sur quelque chose et au final, il suffit de se dire bah allez go!

 

Thomas Chopin: Exactement.

 

Olivier My: Genre t’as l’impression d’avoir décidé en deux secondes quelque chose que tu as mûri pendant six mois.

 

Thomas Chopin: Voire même six ans.

 

Olivier My: Six ans oui effectivement !

 

Thomas Chopin: Six ans mais on a accéléré le mûrissement sur les six derniers mois et même les trois derniers mois. Et effectivement, à la fin, ça a juste été un bon bah go, on y va. Et à partir de ce moment là, dans notre tête, c’était plus on va faire ça un jour, c’était on va faire ça là, là. On s’est laissé l’année. Pas tant pour les temps de préparation, C’est juste parce que bah on était en septembre, il fallait l’année scolaire enfin, je ne sais même pas pourquoi on est parti en juillet en fait.

 

Olivier My: Après c’était encore un peu bloqué non ?

 

Thomas Chopin: Ça traînait encore un peu. Je ne te cache pas que les premières agences de voyages qu’on est allé voir pour leur dire on veut faire un tour du monde, on cherche un billet Tour du monde. Ils nous ont regardé, ils ont fait Mais vous avez entendu parler du Covid ?

 

Olivier My: Ce truc là ?

 

Thomas Chopin: Bah oui, mais bon, en même temps, à un moment où la vie elle continue quand même, on ne va pas tourner autour de ça tout le temps quoi. Et tu vois, on a trouvé des billets.

 

Olivier My: Ouais, d’accord, juste avant qu’on aille sur le trajet et tout ce que vous avez fait, il y a un élément qui me paraît important, c’est que parce-que j’ai d’autres personnes qui me parlaient de tour du monde et ils me racontent surtout culturellement, voilà les expériences qu’ils ont vécues. Ce que je trouvais intéressant dans ton histoire à toi, c’est la dimension pédagogique derrière. C’est un sujet qui toi te tient à cœur en particulier ?

 

Thomas Chopin: Ouais, vraiment, vraiment beaucoup. C’est pour ça que tout de suite, il était question de faire le tour du monde des écoles. Ça faisait partie du projet. C’était pas Il était hors de question qu’on fasse juste le voyage pour se dire on est en vacances pendant un an. Ce n’était pas le projet, quoi. Déjà le tour du monde, c’est loin d’être des vacances, c’est de l’organisation en permanence et beaucoup, beaucoup de choses à gérer. Très très loin d’être juste le chill. Heureusement, il y a plein de moments qui ponctuent l’aventure, qui permettent de prendre du recul. Et ensuite de toute façon, les écoles, ça a toujours fait partie du projet. Parce que depuis qu’on a des enfants, on s’est rendu compte qu’un enfant n’était pas livré avec une notice.

 

Olivier My: Ah bon ?

 

Thomas Chopin: Je te le dis, fais gaffe, t’attends pas à avoir la notice. Et résultat, quand tu as tes premiers enfants, tu te dis bah ok, mais je fais quoi en fait ? Enfin, l’éducation ça marche comment ? On a tous plein d’idées, mais c’est bien d’avoir des idées, mais quand tu les mets en œuvre, c’est autre chose quoi. Oui, moi je parlerai à mon enfant en anglais tous les soirs, comme ça il va être bilingue quoi. Mais pas du tout, C’est pas du tout comme ça que ça se passe en fait. Tu as envie, mais c’est pas ça la réalité du truc quoi. Et il y a plein de choses comme ça. Donc nous, on avait ces échanges tous les deux en tant que parents, mère et père. Et mais comment est ce qu’on fait ? Qu’est ce qu’on va chercher ? Mais la pédagogie, c’est passionnant. Mais c’est formidable de pouvoir apprendre la capacité des enfants à découvrir des nouvelles choses. Ils sont dans une découverte et un changement permanent. Ils apprennent un nouveau truc tous les jours. Ils en apprennent même pas même pas qu’un. Ils en apprennent des milliers. Enfin, je vais temporiser. Ils en apprennent beaucoup. Donc tu vois, tu te dis Mais toute cette quantité de choses à apprendre, comment est ce que tu intègres le savoir et toutes ces questions là ? On a parlé pendant des heures et des heures là dessus avec mon épouse.

 

Olivier My: Oui, donc c’est vraiment un sujet qui, de base, était un sujet de passion pour tous les deux de ce que je comprends. Et si je me souviens, tu disais que ta femme est même dans le métier ?

 

Thomas Chopin: Ouais, elle est enseignante. Ouais, carrément.

 

Olivier My: Donc je pense que vraiment ça faisait partie de votre vie et vous a dit OK, non seulement il y a la dimension du voyage qui vous intéressait et en plus vous allez embarquer vos filles pour découvrir d’autres modes de fonctionnement. En tous cas, éducatif.

 

Thomas Chopin: Ouais, exactement. C’était vraiment ça.

 

Olivier My: Mais ça veut dire que derrière, vous avez dû aussi réfléchir pendant cette année-là à comment vous vous alliez supporter la dimension éducative de vos filles ?

 

Thomas Chopin: Oui, ça faisait forcément partie du jeu. Mais ça, ça a été répondu assez rapidement, parce que, fort de notre expérience du premier confinement qui a duré deux semaines et un mois et demi finalement, nous ça a pas été une difficulté. Je sais qu’il y a des parents pour qui ça a été compliqué et je suis désolé pour eux, mais nous c’était l’aboutissement en fait de plein de trucs. C’était l’occasion de leur faire l’école nous-même qu’on n’avait pas vraiment l’occasion de faire avant. Ça a été découvrir comment est-ce qu’elles apprenaient les choses ? Comment est ce qu’elles comprenaient ce qu’on leur expliquait ? Comment est ce qu’elles retenaient les informations ? Quelles étaient les meilleures méthodes pour elles pour comprendre et apprendre les choses ?

 

Olivier My: Ouais.

 

Thomas Chopin: On était dans cette dimension de Ah! On va enfin pouvoir voir comment est ce qu’elles apprennent les trucs. Parce que à l’école, on n’y est pas avec elles, alors que ça faisait des années qu’on leur disait Mais l’école, elle est là pour vous apprendre à apprendre.

 

Olivier My: Ouais.

 

Thomas Chopin: Donc posez vous la question comment est ce que vous arrivez à apprendre des nouvelles choses ? Quel que soit le nouveau truc, que ce soit des maths, du français, de l’anglais ou tout ce que tu veux. La question c’est qu’est ce qui fait que toi tu arrives à apprendre l’information ? C’est ça qu’il faut que tu découvres et nous on va t’accompagner à ça. Et là on pouvait en plus mettre en pratique avec elles. Donc là, une année de voyage, ça a été une année où on a pu faire ça tous les jours quoi.

 

Olivier My: Ouais. Donc quand vous avez quand même pris ça à votre charge, quoiqu’il arrive. Vous avez dit Voilà, Malgré le fait qu’on va naviguer dans plein d’écoles, vous vous êtes quand même responsabilisés sur le sujet et en même temps vous l’aviez déjà fait, mais vous avez dédié donc du temps dans le voyage ?

 

Thomas Chopin: Dans le voyage exactement. Très régulièrement, mais c’est ça qui était fou aussi parce que pour le coup, on a fait l’école partout, on a fait l’école au bord de la mer, au bord de la rivière, sur une table de pique nique, dans un bar, dans un resto, au coin du feu, partout. C’était fou, c’était fou.

 

Olivier My: C’est marrant parce que quand tu le dis comme ça, moi j’ai plein d’images qui popent dans ma tête. Je me dis c’est improbable et en même temps, c’est la beauté de la chose, c’est que vous vous êtes aussi permis d’avoir cette expérience là.

 

Thomas Chopin: Exactement.

 

Olivier My: Donc ça c’est vraiment super. Mais justement, on va rentrer dans le voyage parce que là tu m’as déjà fait voyager dans ma tête. Donc si on revient au restaurant, vous prenez la décision. Qu’est-ce qui arrive ensuite avant le décollage je veux dire, il y a quand même de la préparation. Qu’est-ce qui est important pour vous ? Qu’est ce qui se passe ?

 

Thomas Chopin: Et ben alors fort de métier je pense en fait, on a commencé à faire un Golden Circle. Mais pourquoi on fait ce voyage en fait ? C’était quoi le concept ? Ok, c’est bien de voyager, mais donnons-lui du sens quoi. On veut faire ça pour les écoles, on veut faire ça pour nous, On veut faire ça pour écrire un livre demain, on veut faire ça pour ouvrir une école. Il y a tout plein d’idées qui sont arrivées. Comment on va le faire? Où est ce qu’on veut aller? C’est toutes ces questions là qu’on a commencé à se poser. Ça a concrétisé vachement la démarche et ça a levé des trucs du genre Ok, on va créer une asso qui s’appelle Bougeons les murs et avec cette asso, on va aller visiter des écoles et financer des projets dans ces écoles pour participer et aller voir aussi toute cette dimension associative et d’entraide qu’on pouvait apporter, nous occidentaux qui voyageons, qui peuvent se permettre de voyager, qu’on pouvait apporter ailleurs quoi.

 

Olivier My: Ça veut dire que ce projet qui initialement partait simplement de vous, vous vous êtes dit on va essayer de voir plus grand.

 

Thomas Chopin: Exactement.

 

Olivier My: Parce-que créer une asso, c’est quand même un effort, il y a des dimensions administratives à prendre en compte derrière ça pour ensuite financer des choses là-bas. Donc effectivement, c’est pas juste des vacances comme tu disais.

 

Thomas Chopin: Voilà, c’est ça, il y a une dimension beaucoup plus grande. Il a fallu effectivement créer l’asso, donc la déclarer en mairie, la structurer. Après on a fait un crowdfunding pour récupérer du financement, qu’on a pu investir sur deux grands projets dans le financement des études d’un enfant orphelin à Bali, un orphelinat de Bali à Ubud et un autre de l’alimentation en livres d’une bibliothèque sur la petite île de Chiloé, dans une école qui s’appelle Entre terre et mer.

 

Olivier My: Bah super! Comme quoi, on peut être utile quoiqu’il arrive, même avec les fonds qu’on peut récolter.

 

Thomas Chopin: Tout à fait.

 

Olivier My: Et donc vous préparez tout ça. Vous préparez ça à deux ou à quatre ?

 

Thomas Chopin: Alors cette partie là, on l’a fait à deux parce que c’était une dimension beaucoup plus large, mais on s’est dit aussi Bah, pour l’asso, on va créer un blog pour que l’asso elle ait de la visibilité, que les gens sachent dans quoi ils investissent quoi. C’est pas juste, on va leur payer un peu de vacances à l’autre bout du monde. Donc on a structuré le projet et là on s’est dit Attends pendant un an, les filles, elles vont faire quoi elle? Elles aussi, elle veulent peut-être avoir des projets. Donc on va leur demander ce qu’elles veulent faire. Et là, là, les idées étaient belles, les idées ont fusé dans tous les sens et on a essayé de recentrer un peu sur les priorités.

 

Olivier My: Et tu te rappelles de quelques exemples d’idées qui ont émergé ?

 

Thomas Chopin: Ah oui carrément. Ma petite, elle voulait faire les cabanes du monde. Elle voulait trouver des cabanes dans le monde entier et voir à quoi ça ressemblait et faire un livre de toutes les cabanes du monde, ma petite.

 

Olivier My: C’est marrant.

 

Thomas Chopin: C’était ça son premier enjeu. Ouais, carrément. Parce qu’elle adore faire des cabanes.

 

Olivier My: Elle fait déjà des cabanes ?

 

Thomas Chopin: Ouais, ouais, ouais, elle construit. Ça, c’est une passion. Elle adore construire des cabanes. Mais après, tu sais, tu prends une couverture, tu l’étends sur trois poteaux et ça fait une cabane quoi.

 

Olivier My: Oui, ok, d’accord. Ouais.

 

Thomas Chopin: Oui, ce genre de cabane.

 

Olivier My: Oui, ce genre de cabane. D’accord. Oui.

 

Thomas Chopin: Pas que les cabanes. Je vois ce que tu veux. Pas que les cabanes en bois dans les arbres.

 

Olivier My: Oui effectivement, moi j’avais un peu ça en tête, mais du coup elle s’est dit je veux aller voir des cabanes. Ok, pourquoi pas, mais je vais en faire un livre de toutes les cabanes ?

 

Thomas Chopin: Ouais, voilà, je vais faire un recueil de toutes les cabanes que je verrai et je prendrai des photos et j’expliquerai comment est-ce qu’elles sont faites.

 

Olivier My: Tu vois, c’est marrant, je trouve qu’il y a une vision plus large quand même et je trouve ça vachement intéressant pour des personnes qui ont une dizaine d’années.

 

Thomas Chopin: Ah oui bah oui, neuf huit On est partis, Elle avait huit ans, elle a fêté ses neuf ans sur le voyage.

 

Olivier My: Et l’autre ?

 

Thomas Chopin: Et l’autre, elle a retenu moi j’aime manger et je veux découvrir. Je veux découvrir plein de plats, je veux découvrir les plats du monde et en faire un recueil.

 

Olivier My: Et ça, c’était la plus casanière ou c’était ?

 

Thomas Chopin: La plus casanière ouais. Tu l’as trouvée. C’est celle là. Ok, je veux bien y aller, mais par contre je veux trouver des trucs à manger quoi.

 

Olivier My: Ouais, c’est ça. Ok. Et du coup, donc elles ont pu contribuer à l’intérieur pour dire voilà, nous on aimerait bien que ce projet, il ressemble à ça aussi, pour qu’on puisse s’y retrouver.

 

Thomas Chopin: Exactement. On voulait leur laisser une place, parce que tu l’as dit à un moment, c’est bien que nous ce soit notre projet, mais de toute façon, on les emmenait. Je n’avais pas prévu de pas les emmener.

 

Olivier My: C’était une de mes questions. C’est à dire que si effectivement il n’y avait qu’une qui avait dit oui et l’autre qui avait dit non. Est ce que vous seriez partis ou pas ?

 

Thomas Chopin: Alors il y a non et non. Il y a non parce que j’ai peur. Je sais pas ce qu’il va m’arriver, ce qui est très légitime. Et dans ces cas là, on en discute. Tu vois, c’est je comprendrais très bien cette peur donc je ne vais pas lui dire qu’il ne faut pas qu’elle ait peur, je vais juste essayer de travailler avec elle, travailler c’est peut être un peu fort.

 

Olivier My: De converser en tout cas.

 

Thomas Chopin: Ouais, voilà. Et l’accompagner pour que ses peurs ne soient pas des freins, que ce soit plutôt des leviers sur lesquels elle puisse s’appuyer pour faire en sorte que son voyage, il se fasse pleinement et qu’elle en soit satisfaite. C’est vraiment, tu vois donc c’est pas un non, non, à cet âge là, à dix ans, quand tu dis non, c’est pas forcément un non qui veut dire jamais de ma vie je ferai ça quoi.

 

Olivier My: Ouais, je comprends.

 

Thomas Chopin: C’est un j’ai du mal à appréhender tout ce qui va se passer donc dans le doute, je commence par dire non. Et puis après si on en parle et que vous m’expliquez je vais comprendre des choses et ça va peut-être me donner envie d’y aller. Et c’est ce qui s’est passé d’ailleurs.

 

Olivier My: Et j’appuie sur ce moment là parce que dans les démarches, tu vois qu’on voit en entreprise déjà un, le fait d’impliquer les gens dans le choix initial déjà sur le pourquoi et potentiellement sur le comment et les résultats escomptés c’est déjà pas toujours fait. Et donc c’est quelque chose que vous avez fait et déjà je trouve ça top. Et la deuxième chose, c’est lorsqu’il y a des soupçons d’objections, c’est d’avoir cette démarche de créer la conversation.

 

Thomas Chopin: De comprendre.

 

Olivier My: De comprendre et ensuite d’en discuter et puis de s’accorder sur certaines choses.

 

Thomas Chopin: Oui exactement.

 

Olivier My: C’est à dire que peut être qu’elle aurait eu certaines demandes pour justement la rassurer. Et en fait, l’anxiété de manière générale est souvent une des émotions ou un des facteurs de freins. Et on parle souvent de résistance au changement en fait, il n’y a pas vraiment de résistance, c’est juste que quand tu as la conversation, tu comprends simplement ce qui empêche la personne de faire le pas.

 

Thomas Chopin: Ouais je suis entièrement d’accord.

 

Olivier My: Je voulais souligner ça parce que je trouve que c’est justement une démarche qu’on voudrait faire de manière générale dans le monde de l’entreprise et qui est assez rarement faite ou difficilement faite. Tout simplement parce qu’il y a une sorte d’inconfort de la relation, un inconfort de la conversation. Mais s’il y a bien une personne avec qui on veut pouvoir converser et avoir des discussions libres et ouvertes, c’est bien avec ses enfants et sa famille proche.

 

Thomas Chopin: Ah oui je te confirme.

 

Olivier My: Donc c’est déjà super d’avoir pu le faire.

 

Thomas Chopin: Déjà c’est notre modèle pédagogique. De base on peut tout se dire, il faut qu’on puisse toujours tout se dire avec nos enfants. Vraiment je pense que le truc qui nous ferait le plus mal, c’est qu’on ne puisse plus converser avec elle quoi. Ce serait un échec, un aveu d’échec de notre part. Ça veut dire qu’on a on a clairement pas fait les choses comme on voulait le faire, on veut le faire. Et justement, il y a une dimension dans ce voyage qui était importante en plus de l’éducation, c’est on veut passer du temps avec nos filles pendant que c’est le temps, pendant que c’est le moment.

 

Olivier My: Et pendant qu’elles veulent encore passer du temps avec vous !

 

Thomas Chopin: Mais oui, mais c’est ça paraît mesquin, mais en fait c’est tout à fait vrai quoi, Tu vois, il y a un moment où c’est maintenant qu’il faut qu’on passe du temps avec elles. C’est pas quand elles auront 18 ans où elles seront en pleine découverte de plein d’autres trucs et justement qu’elles aillent voir ailleurs. Parce que c’est ça la vie quoi. C’est ça qu’on leur souhaite. Mais là, tant qu’on les a avec nous, rendons ce temps efficace. Si c’est pour passer notre temps à rentrer du boulot, à les voir 1 h pendant qu’elles elles font leurs devoirs et que nous on prépare à manger. Et après discuter encore un peu 1 h ou même si tu fais un jeu de société et tout, mais c’est trop peu en fait, on avait envie de passer du temps, du temps quoi. Et là, on a passé 365 jours, 24 h sur 24 ensemble quoi. Oui, il y a des trucs difficiles.

 

Olivier My: On y passera.

 

Thomas Chopin: On y passera. Mais par contre, enfin, je recommencerais tous les jours, il n’y a même pas photo.

 

Olivier My: Bah super, tu nous mets plein de petits éléments comme ça, c’est super, un vrai teaser ! Donc vous avez ce moment où vous préparez le voyage, vous donnez une vision, vous impliquez tout le monde dans l’exercice avant qu’il y ait le décollage. Comment est-ce que vous décidez des lieux ? Parce que tu disais que vous aviez vu 25 pays, c’est ça ? Ou 25 écoles ?

 

Thomas Chopin: 12 pays, 25 écoles.

 

Olivier My: 12 pays, 25 écoles, ça veut quand même dire 12 pays, quoi. Est ce que ça a été plus une démarche au fur et à mesure on définit où on va ou est ce que déjà vous aviez voilà à peu près tous les endroits et etc. dès le début ?

 

Thomas Chopin: Pour nous, la grande question c’était est ce qu’on va à l’est ou à l’ouest ?

 

Olivier My: Ok.

 

Thomas Chopin: Dans quel sens on tourne en fait ? Parce que bon, de toute façon on va faire le tour. Mais la question c’est dans quel sens ?

 

Olivier My: Ok, d’accord.

 

Thomas Chopin: Pas de pré-requis particulier, pas d’opinion particulière au départ. On a demandé à chacun. On a tous fait une liste des pays dans lesquels on voulait aller. Ouais, donc on avait chacun fait notre liste.

 

Olivier My: Donc pays, pas ville.

 

Thomas Chopin: Pays ouais. Pays dans la globalité. Alors je te dis ça, mais en fait ma plus petite, elle était plutôt sur des villes parce que je pense que la dimension pays, elle ne l’avait pas forcément. Et puis après elle disait ben je vais aller en Italie. Oui bon bah ça, ça ne fera pas partie du tour de monde, mais on ira en Italie, mais pas dans ce tour du monde en tout cas, tu vois. Parce que c’est une dimension qu’elle n’avait pas forcément. À huit ans, c’est tu veux aller en Australie ou pas? Bah je sais pas, je sais même pas où c’est.

 

Olivier My: Oui, je comprends. Ouais.

 

Thomas Chopin: Donc elles ont fait quand même quelques pays ou villes qu’elles voulaient, dans lesquelles elles voulaient aller. Nous, on avait les nôtres. Moi, depuis que je suis tout petit, je voulais absolument aller en Australie. J’avais d’autres envies, je les ai fait, mais celle là, je l’avais pas. Il y avait le Japon. On voulait absolument aller mais à cette époque là c’était juste pas possible.

 

Olivier My: C’était fermé ?

 

Thomas Chopin: Ouais c’était juste fermé. Ça a ouvert pendant le voyage. La question s’est posée de se dire est-ce qu’on ne fait pas un petit tour par là bas ? Tu vois, on en reparlera plus tard. Donc là, on avait une liste de pays, on avait. Il fallait qu’on choisisse le sens et après il fallait qu’on trouve un billet en fait. On savait qu’il y avait des billets Tour du monde qui existaient. On a commencé à se renseigner, on a trouvé une agence.

 

Olivier My: D’accord, je ne savais pas que ça existait ça.

 

Thomas Chopin: Oui, qui font du multi companies et ils t’optimisent le truc. On a réussi à décrocher un billet. Après, c’est plutôt tu payes en fonction du nombre de continents, tu vois, il y a quelques contraintes. Il faut que tu tournes, que tu peux aller que dans un sens. Tu peux pas faire des allers retours, tu vois. Tu peux pas, c’est maximum un an jour pour jour.

 

Olivier My: Ok, d’accord. Donc du coup, quand même, vous avez défini un trajet pour avoir ce billet là. Je veux dire, il fallait avoir la possibilité pour le définir.

 

Thomas Chopin: Voilà, nous on a dit on veut faire un tour du monde, on veut utiliser un de vos billets, vous avez plusieurs offres. Ils nous ont dit si vous voulez, vous pouvez faire l’Asie du Sud, l’Australie, la Nouvelle Zélande, machin, à tourner. Ou sinon, vous pouvez partir dans l’autre sens, faire ci, faire l’Amérique du Nord, tout ça. Et nous, on a fait le point. On a regardé aussi la météo en fonction des périodes de l’année. Et au bout d’un moment, on a choisi Est-Ouest et on a dit bon bah ok, vas-y c’est parti, on part à l’est.

 

Olivier My: Ok. Donc du coup, tu décides de partir Est-Ouest avec la famille.

 

Thomas Chopin: Exactement.

 

Olivier My: Et ensuite, qu’est ce qui se passe ? Donc vous avez défini le trajet. Est ce que c’est la seule chose que vous avez fait avant de commencer à partir ?

 

Thomas Chopin: Et ben écoute, quasiment. Alors attends, pas tout à fait, j’accélère. Mais par contre, ça, ça a été le deuxième élément déclencheur. C’est à dire que tu peux prendre la décision intellectuelle de partir, mais il y a un moment où tant que t’as pas acheté ton billet, bon bah tu peux toujours trouver une excuse quoi. Mais là, en mars 2022, on achète le billet. Donc quand tu débourses 11 000 €, ça t’investit un peu dans ce que tu fais, tu vois ?

 

Olivier My: Bah c’est sûr que ça change un peu la donne.

 

Thomas Chopin: Ouais voilà. Donc bah là, à partir de ce moment là, on a dit ah ouais, donc c’est bon. Et ça y est, on a la date de départ en fait, parce que les billets ils te structurent dans la date. C’est ça qui définit, ils te demandent Masomenos la date, tu vois ?

 

Olivier My: Mais c’est quoi ? C’est début et fin c’est ça ? Parce que tu disais début et après 365 jours exactement.

 

Thomas Chopin: Donc le 23 juillet 2022, ça y est, on a la date, on est en mars, on ça y est, on sait que ce sera un 23 juillet 2022 et à partir de là, bah.

 

Olivier My: Il y a quelques mois pour finaliser les choses quoi.

 

Thomas Chopin: Qu’est ce qu’il faut pour faire un voyage quoi ? Donc là, ça pop, ça pop, tu vas aimer. On a fait un immense tableau Kanban.

 

Olivier My: Ouais.

 

Thomas Chopin: Au pied du lit, devant nous, tout ce qu’on a à faire, tout ce qui est en cours ou limite du WIP et tout ce qu’on a fait. Et on a fait passer les post-its les uns après les autres et voilà. Bah écoute, il faut qu’on fasse ça, qu’on achète des sacs à dos, qu’on achète des chaussures, qu’on fasse une trousse de secours et voilà, on a dépilé, on a dépilé.

 

Olivier My: Et déjà là, c’était une expérience collective je suppose.

 

Thomas Chopin: Alors là, c’était plutôt mon épouse et moi, c’est quand même beaucoup. Et là, je ne te cache pas que les filles, elles ont regardé les post-it bouger, mais à part les recoller quand ils tombaient sinon. Sinon elles aimaient les voir bouger, mais elles, elles ont pas bougé grand chose, je te le cache pas.

 

Olivier My: Au moins vous avez eu la partie logistique, comme ça au moins vous étiez aussi potentiellement rassurés. Je ne me rends pas compte. Comment est-ce que vous vous sentiez émotionnellement là ? Quand vous avez votre billet, vous savez que ça va vraiment arriver, comment est ce que vous vous sentez en fait là, tous les deux, si tu te souviens ?

 

Thomas Chopin: Ouais, bah on est un peu dans l’expectative parce que tu sais que tu vas partir. Et en fait, c’est déjà le voyage, toute cette phase de préparation là. Tu es déjà dans ton voyage, tu commences à te documenter sur tout ce qu’il y a à faire et en même temps, on ne voulait pas non plus réserver tous les hôtels les uns après les autres. On voulait absolument se laisser beaucoup de liberté dans ce qu’on pouvait faire en fonction des gens qu’on rencontrait, des expériences qu’on vivait. Donc on a réservé quasiment rien. On a juste réservé les deux premières nuits d’hôtel à Bangkok en arrivant quoi. Et après on s’est dit on verra.

 

Olivier My: Donc ça veut dire que vous avez une dimension de planification d’ensemble où vous avez grosso modo les pays, c’est ça ?

 

Thomas Chopin: Ouais.

 

Olivier My: Donc, les douze pays, c’est ça.

 

Thomas Chopin: Exactement. Avec quelques avions pour aller de pays en pays.

 

Olivier My: Ouais, ok, ouais. Donc vous avez ces avions là. Et par contre vous vous dites Ok, nous, on va réserver les premiers points de chute quand on va arriver, mais après, en fait vous vous débrouillez.

 

Thomas Chopin: On verra.

 

Olivier My: Sur le moment.

 

Thomas Chopin: Exactement. Et les écoles, là, nous, on a en amont, on a commencé à contacter certaines écoles, à prendre des rendez vous. L’orphelinat où on avait prévu d’aller les voir, contacté.

 

Olivier My: Ah oui, d’accord, c’est le questionnement que j’avais. C’était que vous avez fait aussi vos recherches en amont des différentes écoles que vous allez voir. Et donc vous avez pris contact avec elles pour leur dire voilà, ok, il y en a certaines, peut-être que vous avez découvert sur le moment et vous avez.

 

Thomas Chopin: La majorité quand même.

 

Olivier My: Ok, d’accord.

 

Thomas Chopin: Ouais parce qu’à distance tu vois les écoles, elles te regardent oui mais tu viens quand ? Et là tu fais entre le 24 novembre et le 13 janvier quoi.

 

Olivier My: Ouais je vois.

 

Thomas Chopin: Ok, bah écoute, on verra ça quand il sera là quoi. Oui, t’as pas tort, ok.

 

Olivier My: Et puis en supposant que tu peux les contacter et que tu arrives à avoir accès aux personnes.

 

Thomas Chopin: Aux bonnes personnes.

 

Olivier My: Et qu’ils te prennent au sérieux.

 

Thomas Chopin: Exactement.

 

Olivier My: Parce que voilà.

 

Thomas Chopin: D’où le blog.

 

Olivier My: Ah ok, d’accord.

 

Thomas Chopin: Ça donnait aussi une certaine crédibilité au projet quoi. Tu vois, on n’est pas juste des touristes qui venons faire des photos avec des enfants quoi. Ce qui était très très loin d’ailleurs d’être notre modèle. On a pris très peu de photos des écoles pour ne pas rentrer dans ce truc là, dans l’Instagrammable et Machin là. C’était vraiment très respectueux, très orienté sur c’est quoi les pédagogies que vous mettez en œuvre ? C’est quoi vos déroulés ? C’est quoi les pratiques ? C’est quoi ? Beaucoup plus dans l’échange.

 

Olivier My: D’accord. Ok, super. Donc là on arrive au bout de la phase de préparation et du coup vous montez dans le premier avion. Tu disais Bangkok, c’est ça la première destination ?

 

Thomas Chopin: Première destination c’est Bangkok oui.

 

Olivier My: Donc du coup, on va peut être pas avoir l’occasion de faire les 12 pays et les 25 écoles.

 

Thomas Chopin: J’aimerais bien, mais bon !

 

Olivier My: Mais malheureusement là on ne pourra pas trop. Mais justement, si tu pouvais effectivement en prendre quelques unes et puis ben on va naviguer ensemble dans ce voyage là. Donc tu arrives à Bangkok, au moins commencer par le démarrage, comment ça se passe pour ce premier pays ?

 

Thomas Chopin: Bah là tu sais que tu es parti pour un an quoi.

 

Olivier My: Ouais.

 

Thomas Chopin: La dimension, elle est folle.

 

Olivier My: Et puis je pense que déjà, Bangkok, tu vois, tu sens le côté culturellement parlant, c’est pas pareil. La ville, c’est incroyable tout ce qui se passe.

 

Thomas Chopin: Honnêtement, c’est une de mes villes préférées de tout le voyage. Ça a été un hub en plus, tu passes vite par Bangkok pour faire toute l’Asie du Sud et nous c’était notre première destination. C’est Thaïlande, Cambodge, Vietnam de l’Asie du Sud. Donc on est repassé plusieurs fois par là. À chaque fois, on avait notre petit point de chute à Bangkok. C’est une ville que j’ai beaucoup aimé. Mais oui, effectivement, culturellement parlant, tu rentres, tu es en Asie quoi. Ça n’a plus rien à voir avec ce que tu connais en terme de culture, de langue. T’arrives pas à lire ce qui est écrit sur les panneaux tu sais. La température, il fait chaud, il fait humide, tu sors de l’aéroport, tu te rends compte que t’es pas chez toi quoi.

 

Olivier My: C’est marrant parce que du coup, vous avez préféré faire un voyage quand même assez lointain vers l’Est. C’est à dire que vous auriez très bien pu faire d’autre pays entre temps pour faire des voyages peut être plus courts, etc. Mais vous vous êtes dit non, on va déjà partir assez loin.

 

Thomas Chopin: Et en fait c’est surtout que c’est ce qu’on disait tout à l’heure, c’est on a décidé de faire un an, 12 pays.

 

Olivier My: Ouais.

 

Thomas Chopin: Parce que on voulait vraiment faire les pays, donc on s’est dit sinon on peut faire une semaine par pays et on va te faire 25 pays dans l’année.

 

Olivier My: Effectivement.

 

Thomas Chopin: Et il y en a qui font ça en tour du monde. Mais on s’est dit nous c’est pas de ce voyage là dont on a envie, chacun fait ce qu’il veut, j’ai pas de problèmes.

 

Olivier My: C’est vrai que 12 pays du coup ça fait à peu près un mois par pays quoi.

 

Thomas Chopin: Et ouais. Tu as le temps de voir du pays quand même. Mais tu vois, j’te dis t’as un mois pour faire la France, t’auras pas visité toute la France. Mais par contre c’est quand même mieux qu’une semaine où là bah t’as fait Paris-Marseille et c’est fini quoi. Et ben pareil pour les autres pays en fait. Si tu veux visiter la Thaïlande, si tu restes pas un mois, t’auras fait Bangkok, tu seras parti sur une île au bord de la plage et puis tu repars quoi. Alors que nous, c’était pas du tout ça l’idée. On voulait vraiment, déjà, on y est allé une première fois, on a fait le nord de la Thaïlande, ça nous a pris un mois pour.

 

Olivier My: Ah oui!

 

Thomas Chopin: Ouais, juste pour ça. Et après on est parti au Cambodge, quoi. Donc on a même pas fait toute la Thaïlande.

 

Olivier My: Il va falloir qu’on discute du Cambodge parce que je ne sais pas si tu sais, mais moi je suis d’origine de ce pays-là.

 

Thomas Chopin: Ah non bah écoute, tu vois je savais pas.

 

Olivier My: Je suis assez curieux de savoir ce que ce que tu y as vu.

 

Thomas Chopin: Ouais.

 

Olivier My: Donc tu arrives à Bangkok et donc là vous allez voir une école particulière parce-que là c’est la première. Donc je trouve ça intéressant parce que la première visite va un petit peu annoncer, bah que vous avez aimé ce que vous avez moins aimé, comment est ce que vous allez appréhender les autres rencontres. Alors comment ça se passe ?

 

Thomas Chopin: Non, on n’a pas vu d’école à Bangkok.

 

Olivier My: Ah ok.

 

Thomas Chopin: Alors la première école on l’a fait à Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande, au fin fond de la Thaïlande. Là, tu commenceras à rentrer dans une vision un peu en dehors du tourisme classique. Ça reste une ville assez grosse mais tu es quand même bien empreint de la culture thaïlandaise, quoi.

 

Olivier My: Ok, donc c’est à dire que le premier mois, là, que vous avez passé donc à Bangkok, enfin en tout cas une petite partie à Bangkok, c’est après que vous êtes allés à Chiang Maï.

 

Thomas Chopin: Ouais, c’est ça. Ouais. On a passé quelques jours à Bangkok, on est descendus à Koh Chang quelques jours. On est remonté à Bangkok, on est remonté dans le nord, à la Cité des Rois. Je me souviens. Bref, il y a des mots, il y a des noms qui me manquent.

 

Olivier My: Après, ça peut se comprendre.

 

Thomas Chopin: Ouais, Ayutthaya. On a découvert plein de choses. On a commencé à faire plein de rencontres. On pourrait aller jusqu’à Chiang Maï et à Chiang Maï on a fait deux écoles.

 

Olivier My: Ok, vous avez fait deux écoles, deux écoles que vous aviez contactée ?

 

Thomas Chopin: Pas du tout. Complètement par hasard, On est passé devant. On est allé les voir la première. On est arrivé, On a demandé au gardien si on pouvait parler à quelqu’un. Il a dit Vous êtes français ? Et juste à côté, il y avait une prof de français. La prof de français qui était là et moi je parle français. Bah super.

 

Olivier My: Sérendipité quoi. Tu vois, c’est vraiment.

 

Thomas Chopin: Là, tu es en plein dedans. Et elle a dit Bah écoutez, là, moi je peux pas, mais revenez dans trois jours et à telle heure, et je vous accueillerai, je vous ferai visiter l’école. On a fait bah à dans trois jours, nickel. On va partir à Pai pendant deux jours, on revient et on fera ça quoi.

 

Olivier My: Mais justement, j’étais curieux de savoir comment ensuite vous avez fait vos visites d’écoles. C’est à dire que ok, il y a une personne qui vous dit moi je vous accueille. Déjà, vous y allez à quatre dans l’école, c’est à dire qu’il y a déjà une appréhension qui est différente, une peut-être une envie qui est différente aussi de vous adultes et puis ensuite, les filles. Comment est ce que vous avez prévu ces rencontres là ? Est ce que vous aviez une idée de comment vous alliez faire les choses ou ce que vous vouliez voir, les questions que vous vouliez poser ?

 

Thomas Chopin: Alors on avait quelques éléments de questions. Il y avait trois axes qu’on voulait adresser, qu’on a cherché à comprendre à chaque fois dans toutes les écoles qu’on a visitées. Le premier, c’était comment est-ce que les écoles s’inscrivent dans le numérique ? C’est quoi votre connaissance du digital ? Moi étant du métier de la tech et puis même, tu vois aujourd’hui beaucoup de téléphones partout dans ces pays d’Asie. Le téléphone, il est ultra présent, omniprésent à tout âge. Donc comment est ce que ça s’intègre dans la pédagogie, dans les modèles pédagogiques ? Quelles sont les pratiques du développement de l’esprit critique ? C’est une notion qui m’est très importante. La propension aux fake news, au déploiement d’Internet. J’ai un regard un peu particulier là dessus. C’est un sujet qui m’intéresse vraiment beaucoup. Comment est ce qu’on fait pour s’informer de la meilleure façon possible ? Et le dernier, c’est le rapport à l’écologie. C’est quoi votre perception en fonction de votre culture et de votre contexte des enjeux écologiques ? Pas du tout pour faire de leçon à personne, c’est pas du tout l’enjeu, mais j’ai besoin de comprendre.

 

Olivier My: C’est intéressant de voir à quel point les gens sont sensibles ou pas, selon les pays, selon les cultures.

 

Thomas Chopin: Tout à fait.

 

Olivier My: D’accord. Donc au début, vous y allez avec ces trois axes.

 

Thomas Chopin: Exactement. Et après, en fonction des contextes. Tu vois, là, on était accompagné par une prof de français. Donc elle nous a tout traduit. On a pu visiter l’école pleinement, assister à des cours d’ailleurs avec des vraies expériences éducatives qui m’ont marqué. Le prof de physique qui faisait de l’itératif. Moi je n’avais jamais vu ça avant. Pour un prof de techno physique, c’est une vraie belle rencontre.

 

Olivier My: Tu peux nous donner une anecdote ou des éléments plus ?

 

Thomas Chopin: On a pu assister à ce cours de physique où les élèves fabriquaient des robots. L’objectif c’était vous devez fabriquer un robot pour leur faire parcourir une certaine distance. Il y avait 50 cm à faire.

 

Olivier My: Ils avaient quel âge ces gens ?

 

Thomas Chopin: Là on était plutôt au collège, fin de collège pour nos années collège donc c’est plutôt quinze seize ans quoi.

 

Olivier My: Ouais, parce que je me disais quand même des robots, faut peut être un minimum de connaissances.

 

Thomas Chopin: Ouais, faut peut-être que c’est comme les cabanes si tu veux les robots. Il y a robot et robot. Il y a robot et robot quoi. Tu vois, tu me mets un Lego avec un petit moteur pas à pas et et deux roues qui sont entraînées. C’est un robot quoi.

 

Olivier My: Ouais, mais c’est déjà ça. C’est à dire qu’il y a de la programmation derrière.

 

Thomas Chopin: Exactement. Et en tout cas, il y a une alimentation électrique, il y a un petit moteur qui est fourni. Il y a des trucs, tu vois. Mais après il y en a qui faisaient ça avec du carton, d’autres avec du papier, d’autres avec des boîtes métalliques, d’autres avec des Lego, d’autres tu vois. Chacun utilisait ce qu’il avait en fait, mais c’était ça le challenge. Et lui, son concept, c’est de dire et ben cette notion de travail de la robotique, je vais la faire de façon incrémentale, donc je vais la refaire faire un robot pendant une semaine, ils doivent parcourir 50 cm et après la semaine d’après on recommence. On recommence de zéro. Vous me refabriquez un nouveau robot. Vous pouvez récupérer des pièces si vous voulez, c’est pas le sujet mais vous essayez de le faire différemment. Mieux. Qu’il aille plus loin, plus de centimètres quoi tu vois. De quoi vous avez besoin et il rajoutait des notions bah vous regardez la robotique, ça marche comme ça. Regardez un moteur pas à pas, ça sert à ça. Regardez la transmission comment est ce que ça peut se faire si on met une courroie de transmission ou si on met un démultiplicateur, ça peut aller plus vite, plus efficace et il rajoutait des notions au fur et à mesure. Et la semaine d’après, il recommençait et il faisait ça quatre semaines de suite.

 

Olivier My: Ok, donc par bloc de quatre semaines, il adressait un thème.

 

Thomas Chopin: Ou trois. Ça dépendait des thèmes.

 

Olivier My: Où il allait de plus en plus loin à chaque fois.

 

Thomas Chopin: Exactement. C’était ça sa méthode. Et pour lui, c’était fondamental de faire ça comme ça. C’est comme ça qu’il avait envie d’enseigner et c’est ça qu’il nous a présenté quoi.

 

Olivier My: Et ça, c’est quelque chose que lui a défini et qu’il a déployé à sa manière ou est ce que c’était un mode d’enseignement qui était.

 

Thomas Chopin: Non, c’était le sien.

 

Olivier My: Ok.

 

Thomas Chopin: Enfin un moment il nous a dit Moi, c’est comme ça que j’enseigne. Il ne m’a jamais dit Après, je ne lui ai pas spécifiquement posé la question. Il ne m’a pas dit C’est comme ça qu’on m’a demandé d’enseigner quoi. Tu voyais que c’était quelque chose qui lui était assez personnel.

 

Olivier My: Ok. Et donc ça, ça fait partie d’une des personnes que vous allez rencontrer dans cette école là.

 

Thomas Chopin: Exactement.

 

Olivier My: Est ce qu’il y a autre chose dans cette école qui te paraît notable ?

 

Thomas Chopin: On a dansé !

 

Olivier My: Vous avez dansé ?

 

Thomas Chopin: Ouais, on a dansé.

 

Olivier My: Est ce que tu as un danseur de base ?

 

Thomas Chopin: Pas du tout. Tu fais bien de le dire. C’était une sacrée expérience. Mais tu es là pour ça en fait. Tu es là pour vivre des expériences. Donc on a dansé. La danse thaïlandaise c’est très très spécial. Tu joues beaucoup avec tes mains. C’est difficile à décrire comme ça à l’audio, mais c’est vraiment des mouvements de mains avec le doigt et l’index et le pouce collé et des mouvements de main et de poignet très harmonieux sur une musique très rythmée.

 

Olivier My: En tout cas, les gens ne le voient pas. Mais Thomas me fait le geste en face. C’est très harmonieux, c’est très beau.

 

Thomas Chopin: J’ai appris. J’ai appris.

 

Olivier My: C’est marrant parce que du coup, moi je suis assez sensible à ça parce que au Cambodge, c’est le même genre de danse.

 

Thomas Chopin: Oui, tout à fait.

 

Olivier My: Je les connais bien.

 

Thomas Chopin: Donc toi ça te parle ?

 

Olivier My: Moi ça me parle et je t’imagine en train de faire ça. Donc c’est ça.

 

Thomas Chopin: Donc tu rigoles.

 

Olivier My: Non, c’est intéressant parce que c’est une rythmique différente. C’est à dire que tu vois, quand on regarde dans la culture occidentale, tu vois, tu as les danses qu’on connait avec des mouvements particuliers, que tu vois, que tu reconnais. Mais quand tu vas dans des cultures différentes, comme une langue qui a une logique différente, tu as les danses qui ont une logique différente.

 

Thomas Chopin: Oui, je vois très bien de quoi tu parles.

 

Olivier My: Et du coup donc tu t’es dit ok, je vais sortir de ma zone de confort. De toute façon, je suis là pour ça.

 

Thomas Chopin: Exactement.

 

Olivier My: Qu’est ce qui a aidé à ce un peu ce détachement parce que tu sais, surtout pour la danse parce-que je suis un peu le même. Tu sais, moi je fais partie des gens qui en soirée, tu sais, c’est le gars qui est assis, etc. tu vois ?

 

Thomas Chopin: Ça me parle.

 

Olivier My: Je fais un peu d’effort. Mais qu’est ce qui fait que justement, quand tu as été là bas, il y a eu le côté je m’en fous, j’y vais quoi, tu vois ?

 

Thomas Chopin: Et ben je pense que c’est cumulatif avec le on va dire on va partir en voyage en fait. Bon bah vas y. Ben maintenant on y est. Bon bah en même temps, si je suis là, c’est pour ça quoi, tu vois ? Ok, ça dure 365 jours, j’ai le temps, mais en même temps ça dure que 365 jours.

 

Olivier My: Exactement ouais.

 

Thomas Chopin: Et c’est chaque instant donc il faut que je profite quoi. Je pense que ça a été vraiment ça le déclencheur de beaucoup de choses pendant le voyage.

 

Olivier My: Ouais, ça veut dire que vous avez quand même réussi à déclencher des expériences rapidement. Parce que effectivement, comme tu le dis, vous auriez très bien pu commencer par profiter un peu, tu vois, laisser passer du temps et puis peut-être vous rendre compte au bout d’un moment voilà, ça fait trois mois qu’on profite et en fait on n’a pas réussi encore à faire notre première école mais là du coup, la première école, elle est arrivée quand ?

 

Thomas Chopin: Ouais, alors attends, parce que c’est ça qu’il faut que je te dise.

 

Olivier My: Ah Ok. Je touche du doigt des trucs au fur et à mesure.

 

Thomas Chopin: Exactement. En fait, quand on est partis, on a commencé par partir à Koh Chang. Ce que je te disais tout à l’heure on a fait Bangkok, Koh Chang. Koh Chang, on y a passé une petite semaine, même pas quatre jours. Et là, pour le coup, c’était que Chill quoi. C’était ok on vient d’arriver en voyage. Il faut aussi qu’on fasse cette coupure de ce qu’on faisait avant.

 

Olivier My: Et y’a le décalage horaire.

 

Thomas Chopin: Il y a le décalage horaire, il y a toute la préparation du voyage. Là, je t’ai passé tous les détails de il faut louer la maison, il faut vider la maison, il faut ranger toutes tes affaires, il faut préparer ton sac, il faut trier, il faut machin. Tu vois, tu pars vivre chez tes parents pendant une semaine parce que la maison est louée. Il faut quitter tous tes proches. Il faut. Tu vois, pour un an. Donc il a fallu passer tous ces trucs là. Donc là on a fait ok, on break quatre jours, on profite. Donc on a fait ça et après on a.

 

Olivier My: Ça va, tu vois une semaine.

 

Thomas Chopin: Ça va.

 

Olivier My: Tu te dis quand même, c’est pas non plus ouf quoi.

 

Thomas Chopin: On est d’accord.

 

Olivier My: Ouais, c’est ça.

 

Thomas Chopin: On n’a pas fait trois mois.

 

Olivier My: Non mais c’est ça. Mais je trouve que c’est la beauté de la chose. Parce qu’on se dit souvent tu sais, plus on attend, plus on prend le temps.

 

Thomas Chopin: Loi de Parkinson.

 

Olivier My: Exactement. Donc du coup, vous avez pris rapidement le pli pour y aller. Et donc cette première école, vous voyez ça. Est ce qu’il y a autre chose qui te parait notable que tu pourrais nous raconter sur cette école là ou est ce que ça vaut le coup d’aller sur une autre ?

 

Thomas Chopin: Ouais, on va peut être changer d’école parce qu’après on a visité la salle des cérémonies où ils disent Il y a quand même très peu de gens qui viennent ici. Il n’y a que les diplômés de fin d’année qui ont le droit de rentrer dans cette pièce et tout, et toi, ils t’accueillent dedans et donc c’est des choses que moi je trouve notables. Mais après bon, des trucs comme ça, si on fait ça, c’est quatorze jours de podcast donc.

 

Olivier My: Ok, d’accord. Bah en tout cas,

 

Thomas Chopin: Passons à autre chose.

 

Olivier My: C’est ça, passons d’abord à autre chose. Et on n’est pas à l’abri qu’il y ait un autre épisode un jour qu’on fasse ensemble.

 

Thomas Chopin: On n’est jamais à l’abri.

 

Olivier My: On n’est jamais à l’abri. Et donc du coup, Cambodge, tu y vas quand ? Parce que moi ça m’intrigue.

 

Thomas Chopin: Cambodge dans la foulée.

 

Olivier My: Dans la foulée.

 

Thomas Chopin: On a fait un mois en Thaïlande et après on est parti un mois au Cambodge.

 

Olivier My: Ok. Et donc là bas, qu’est ce que vous avez fait ? Vous êtes allés où ?

 

Thomas Chopin: On est arrivés par voie terrestre. On a traversé la frontière depuis Bangkok. On a traversé la frontière jusqu’à Siem Reap. Je sais pas d’où tu es originaire au Cambodge.

 

Olivier My: Bah moi je suis français donc.

 

Thomas Chopin: Tu m’as dit que tu étais.

 

Olivier My: Ouais, ma famille est à Phnom Penh.

 

Thomas Chopin: Phnom Penh. Ok, très bien.

 

Olivier My: Mais en tout cas Siem Reap, c’est la ville de touristes en tous cas.

 

Thomas Chopin: Là, on est en plein dedans. Donc on a découvert cette magnifique culture des temples d’Angkor. Enfin, j’étais pas prêt, je n’étais pas prêt. Non, vraiment, tu sais, je me suis dit ouais bon, c’est ça.

 

Olivier My: C’est des pierres.

 

Thomas Chopin: C’est des trucs à touristes, tout le monde y va. Bon, on va jeter un oeil, on va voir ce que c’est. Mais non, mais alors pas du tout. C’est pas du tout ça. C’est empreint d’une culture qui est extraordinaire. C’est tellement ancestral, c’est tellement riche, Il y en a partout. Tu peux passer des jours et des jours là dedans à visiter des temples qui n’ont rien à voir entre eux, qui sont allés sortir du fin fond de la jungle. C’est extraordinaire. Donc là, grosse claque. On est arrivés dans un petit hôtel hyper mignon avec un gérant d’hôtel qui nous raconte sa vie. Comment le covid c’était compliqué pour lui. Il a été obligé de rentrer chez sa mère au fin fond de la campagne et se remettre à travailler dans les champs alors qu’il parle anglais fluently parce qu’il a toujours fait, travaillé dans les hôtels. Sauf qu’il y avait plus de touristes, il y avait plus de taf.

 

Olivier My: Moi je peux témoigner parce que je suis allé au Cambodge l’année dernière et en fait à Siem Riep tu avais une tripotée d’hôtels sur la grande rue où y’a des hôtels qui s’enchaînent là. Et moi celui dans lequel je suis allé, c’était genre un cinq étoiles je crois. Mais genre tu avais l’impression que c’était un hôtel fantôme.

 

Thomas Chopin: Ah ouais. Ah oui.

 

Olivier My: Tu sais donc tu y vas. Tu sens que l’hôtel, il était bien à un moment, mais il y a tellement eu personne pendant les périodes que tu vois, on allait dans la salle de sport, ils ne savaient même plus comment allumer l’électricité quoi, tu vois, c’était tout sombre etc. Donc ça me parle bien ce côté où ça a été dur pour beaucoup de gens pour les hôtels, parce que c’est une ville touristique.

 

Thomas Chopin: Oui, parce que les temples d’Angkor, quoi. Et donc c’est une très très belle rencontre. Vida. Je m’en souviendrai longtemps. Pendant un temps on s’est même dit mais peut-être qu’on va aussi raconter les histoires des gens qu’on rencontre. Mais là y’a un moment c’est Focus école.

 

Olivier My: Chaque chose en son temps.

 

Thomas Chopin: Ouais voilà c’est ça. On ne va pas… mais pour le coup Vida extraordinaire!

 

Olivier My: Et donc là vous allez trouver une école ?

 

Thomas Chopin: Et bah ouais, en fait on lui dit bah nous on cherche à visiter des écoles, il y en a une dans la rue là-bas. Allez y, pourquoi pas quoi ? Et alors là, pas du tout la même expérience. Complètement autre chose. On arrive dans une toute petite école, toute mignonne. On tape à la porte, on demande si on peut rencontrer quelqu’un. On rencontre une maîtresse d’école qui nous dit Bah là, c’est la pause repas. Mais en fait, elle fait même venir sa fille qui parle anglais parce qu’elle ne parle pas anglais et qui nous fait comprendre qu’on peut revenir dans 2 h. Elle nous accueille avec plaisir. Donc on revient, on passe toute l’après-midi avec elle, mais elle ne parle quasiment pas anglais. Donc en fait, bah là.

 

Olivier My: Tu disais que c’est quoi donc c’est la maman, c’est ça ?

 

Thomas Chopin: Là, c’est la maîtresse d’école.

 

Olivier My: Donc la maîtresse d’école, elle vous accueille en parlant pas anglais, mais elle a quand même appelé sa fille qui parle anglais c’est ça ?

 

Thomas Chopin: Ouais, voilà.

 

Olivier My: Mais le temps que la fille arrive, c’est ça ? Elle vous accueille.

 

Thomas Chopin: Non elle était juste à côté. Sa fille. Elle était là pour la pause repas, elle était là, donc elle nous a discuté, elle a fait Ouais, ma maman veut bien vous recevoir dans sa classe tout à l’heure quand elle aura fini de manger, mais moi je m’en vais. Et après bah débrouillez vous quoi.

 

Olivier My: Ok, d’accord.

 

Thomas Chopin: Donc là, pas du tout la même expérience, mes trois questions tu peux te douter que je ne les ai pas du tout posées, mais c’est pas grave en fait.

 

Olivier My: Alors comment vous prenez en compte l’écologie dans votre…

 

Thomas Chopin: Eh bien exactement, Écoute, tu feras les déductions que tu veux, mais débrouille toi quoi. Mais par contre complètement autre chose en fait. C’est pas grave, ça a été une autre expérience. On a passé toute l’après-midi avec elle dans sa classe. Mes filles, elles ont accompagné des élèves en plus, c’était des tout petits. Ma femme était hyper contente et ça a été une expérience, peut-être une des plus riches qu’on ait vécues dans les écoles. Alors qu’en fait, on a très très peu parlé avec elle, mais elle avait envie de nous dire plein de trucs par les yeux, ça se voyait. Pareil elle nous montrait les cahiers et nous on échangeait quelques petits mots comme ci, comme ça. Et en fait c’était, on a fait autre chose. C’était autre chose. C’était une autre expérience.

 

Olivier My: C’est marrant parce que au Cambodge, il y avait, en tout cas c’est le souvenir que j’en ai. Il y a une période, tu sais où ils parlaient français. C’était une colonie. Et puis ensuite, il y a eu les années où ça a changé, donc c’est plutôt l’anglais qui est passé. C’est pour ça j’étais curieux, je me suis dit si ça se trouve, la maîtresse, elle aurait pu vous parler français.

 

Thomas Chopin: Ah non pas du tout.

 

Olivier My: Mais là, du coup, non, pas du tout.

 

Thomas Chopin: Ni français, ni anglais.

 

Olivier My: Ni français, ni anglais.

 

Thomas Chopin: Petite école, petite école plein de charme, hyper mignonne avec des élèves, mais trop chou. Tous habillés pareil. Quand ils arrivent, ils viennent, ils enlèvent leurs chaussures dehors, ils débarquent devant le bureau de la maîtresse et ils viennent lui faire un salut hyper respectueux. C’était magnifique à voir. Vraiment très très riche comme expérience aussi.

 

Olivier My: Mais justement, la curiosité que j’ai par rapport à ça, c’est que moi je m’imagine pas en France débarquer dans une école, sonner et dire voilà, j’aimerais bien voir ce qui se passe.

 

Thomas Chopin: Complètement.

 

Olivier My: Toi en tout cas, l’expérience que tu décris, c’est que à chaque fois, en tout cas les deux fois que tu nous racontes, tu dis voilà, nous on est dans le coin parce que tu les avais pas contactés avant. On aimerait bien comprendre comment vous fonctionnez etc. Et on vous a accueilli ?

 

Thomas Chopin: Exactement. Et ben ça c’est une très bonne remarque parce que pour le coup, il y a eu plein d’exemples comme ça dans les écoles principalement parce que on l’a fait quand même de nombreuses fois, mais même dans d’autres circonstances de voyage, il y a des trucs je me suis dit mais ça en France, ce serait jamais passé quoi. Et c’est pas une question de généralisation. C’est juste qu’il y a des trucs culturellement effectivement, et ça serait sûrement pas passé comme ça quoi. Et beaucoup pour les écoles parce que on ne nous a jamais refusé aucune visite d’école.

 

Olivier My: Donc sur les 25 que vous avez faites, à chaque fois, on vous a ouvert les portes ?

 

Thomas Chopin: Ouais. Exactement. On n’a pas passé tous une semaine, mais il y en a on y a passé 1 h, quoi. Ils étaient d’accord pour nous accueillir 1 h pour nous faire visiter l’école. C’est peu.

 

Olivier My: C’est déjà pas mal.

 

Thomas Chopin: Mais c’est déjà extraordinaire. C’est déjà exceptionnel. Effectivement, en France, je suis pas sûr que ça se passe comme ça. En tout cas, dans l’école de ma femme, elle l’a dit elle-même, je ne suis pas sûr que ça se passe comme ça quoi. Après, il y a un phénomène de famille, de petites filles, blog. Tu vois, tu arrives, tu montres que tu es pas.

 

Olivier My: Donc quand vous arrivez, vous montrez voilà, on est en train de faire ça, voilà. En fait, le blog.

 

Thomas Chopin: On parle de notre projet.

 

Olivier My: Ouais d’accord.

 

Thomas Chopin: C’est toujours le point d’entrée. C’est voilà notre projet quoi. On visite des écoles dans le monde entier et on aimerait visiter votre école. Là, c’est cohérent. Mais déjà, c’est vrai. Et ensuite, ils voient bien que c’est cohérent par rapport à ça.

 

Olivier My: Ouais, ça montre un minimum de sérieux. C’est pas juste des gens qui débarquent et qui vont foutre le bazar.

 

Thomas Chopin: Tu n’arrives pas non plus avec la paire de tongs, le short et le oh tu me diras.

 

Olivier My: Quand il fait chaud, Etc.

 

Thomas Chopin: A bien y réfléchir, si, peut-être un peu, mais c’est pas non plus avec la serviette et tu vois, je reviens de la plage tiens, je visiterais bien l’école. C’est plutôt tu vois que je suis en train de visiter et j’aimerais, je vous demande si c’est possible de visiter votre école. C’était toujours très respectueux. On avait une attention particulière à ça je te l’ai dit tu vois, pas de photos, on voulait pas communiquer plus que ça, sur la méthode pédagogique oui, mais pas trop non plus sur les réseaux sociaux pour ne pas faire du buzz autour de ça.

 

Olivier My: C’est ça que je trouve aussi fascinant dans la démarche. Parce-que ça veut bien dire que vous n’êtes pas arrivés dans une nouvelle culture en imposant votre projet aux autres.

 

Thomas Chopin: Non.

 

Olivier My: Je parle de ça parce que dans les transformations qu’on peut voir, nous, il y a un peu de ça.

 

Thomas Chopin: À fond.

 

Olivier My: C’est à dire que des fois tu arrives avec ton propre jargon, tes propres règles et tu les imposes à la culture initiale. Donc vous vous êtes quand même dit ok, on a beau être français, on arrive, on laisse la porte aux gens, en tout cas on laisse le choix aux gens de nous dire non, mais on essaie de rentrer dans leur culture pour justement réussir à apprendre comment est ce que les choses se font et de vous accorder avec eux.

 

Thomas Chopin: Mais pleinement. Mais là tu vois, c’est significatif quoi. Nous, notre enjeu, c’était de découvrir leur culture. Ce n’était pas du tout d’arriver avec la nôtre et pas non plus de consommer leur culture. Ce n’était pas non plus on vient, on pompe tout ce qui est à pomper et on se barre quoi. C’était vraiment du on aimerait découvrir ce que vous êtes prêts à nous offrir, à découvrir quoi.

 

Olivier My: Et du coup, il y a eu un échange. Ça veut dire que vous êtes allés là bas, ils vous ont donné du temps, mais est ce qu’il y a eu un moment où vous avez pu donner quelque chose de votre côté ?

 

Thomas Chopin: Et ben écoute, à Bali, on a passé une semaine dans un orphelinat de jour.

 

Olivier My: Du coup là on continue à voyager. C’est la suite ?

 

Thomas Chopin: Ah bah là oui.

 

Olivier My: C’est une manière de continuer. Ok.

 

Thomas Chopin: Tu m’as dit qu’il fallait qu’on voyage.

 

Olivier My: On voyage alors ok.

 

Thomas Chopin: On a quitté le Cambodge si tu veux, on en reparlera du Cambodge, parce-que c’était vraiment un pays magnifique, mais là en terme de où on a pu offrir là pour le coup, c’était clairement l’orphelinat de jour à Bali, à Ubud où, ça c’était un des seuls rendez-vous qu’on avait vraiment réussi à caler avant parce-que par des contacts de contacts, on a eu ce nom là et on a pu leur dire qu’on voulait venir. On était un peu mieux calés sur les dates donc on a réussi à prendre rendez-vous et ils nous ont dit Ben écoutez, vous avez une semaine, si vous voulez, vous pouvez venir cette semaine là. Donc là, on a pu y aller et l’idée c’était de donner des cours. Je mets des guillemets qu’on voit pas là, mais je mets des guillemets.

 

Olivier My: À deux doigts.

 

Thomas Chopin: À deux doigts pour les enfants qui étaient disponibles, parce que comme ça reste un orphelinat, c’est aux enfants qui peuvent venir. L’idée en fait de cet orphelinat de jour, c’est les élèves y sont élèves pendant la journée, dans des écoles si possible. Sinon, ils travaillent avec leurs parents. Leurs parents qui restent ou leur famille chez qui ils sont. Je vais te passer les histoires un peu glauques comme ça.

 

Olivier My: Ouais j’imagine.

 

Thomas Chopin: Mais l’idée c’est surtout qu’à partir de 16 h, ils peuvent venir et ils sont sûrs d’avoir un repas dans la journée. Donc il y a une cuisine, il y a des trucs à manger, des trucs à boire, ils font à manger ensemble, ça fait partie des apprentissages. Et après il y a des intervenants qui sont là ou pas, qui peuvent leur proposer des activités, des apprentissages, des choses comme ça. Et nous, pendant une semaine, on leur a fait l’anglais, le dessin et la cuisine.

 

Olivier My: Ok, et comment ça s’est organisé ? C’est à dire que vous avez pris contact avec cette école, vous leur avez dit voilà notre projet et ils vous ont dit Ok, vous pouvez venir si vous contribuez à telle chose ? Est ce que c’est vous qui avez proposé ?

 

Thomas Chopin: Même pas. Non, même pas. Alors, c’est nous qui avons proposé dans toutes les écoles où on est passé et qu’on a contacté à distance. L’idée, c’était de leur dire Si vous avez besoin d’aide pour faire quelque chose, de repeindre un cabanon, même des trucs extra pédagogiques quoi. On sera disponible pour ça.

 

Olivier My: Surtout qu’on a une pro de la cabane.

 

Thomas Chopin: Voilà, exactement. Je voulais faire travailler ma fille. T’as tout compris. Faudra que je te parle de la Nouvelle-Zélande, mais c’est un autre sujet. Et là, on leur a dit ben nous, on aimerait pouvoir venir et vous aider si vous avez besoin d’aide. Ben ouais, pas de problème, vous pouvez venir et vous pouvez donner des cours aux enfants quoi. Donc choisissez vos sujets, Allez y quoi.

 

Olivier My: Donc il y a quand même une ouverture et une confiance naturelle.

 

Thomas Chopin: Oui, oui, vraiment. On a contacté Mama You, la responsable de l’orphelinat, et qui nous a ouvert les portes tout de suite, vraiment avec beaucoup de bienveillance.

 

Olivier My: Et donc là, vous avez donné à la fois en termes de temps pour partager. Donc, c’était quoi les matières que vous aviez faites ?

 

Thomas Chopin: On a fait de l’anglais, du dessin et de la cuisine.

 

Olivier My: Oui. Anglais. Dessin. Cuisine. Cuisine. Quoi du coup ?

 

Thomas Chopin: Et bah Des crêpes. Des gâteaux au chocolat. Des trucs comme ça quoi.

 

Olivier My: Vraiment la cuisine européenne.

 

Thomas Chopin: C’était ça le truc, quoi tu vois, c’était ça l’idée, c’était de leur faire découvrir ça aussi. Ils ont beaucoup aimé les crêpes.

 

Olivier My: C’est marrant ça. Tout le monde adore les crêpes.

 

Thomas Chopin: Ouais, en plus c’est tellement facile à faire. On en a fait partout des crêpes.

 

Olivier My: Et donc il y a ce truc là. Donc les cours. Mais de mon souvenir, il y a aussi avec les fonds. C’était à cet endroit là, non ?

 

Thomas Chopin: Exactement. Et c’est là qu’on a pu créer notre premier projet avec l’asso Bougeons les murs du petit Nova qui venait d’arriver et qui a perdu son papa d’un cancer foudroyant. Et quelques mois avant, il venait tout juste d’arriver en tant que nouvel enfant et il fallait l’aider à financer son parcours d’études et il en était à son année de, nous c’est un équivalent sixième pour nous, un peu avant même CM2 et il avait huit grades à passer et chaque grade, c’était un certain montant. Et pour lui payer les livres, la tenue parce qu’ils ont un uniforme.

 

Olivier My: C’est l’uniforme ouais.

 

Thomas Chopin: Quasiment tous les pays, ce sont des uniformes. Il n’y a que chez nous qu’on n’a pas de uniformes, j’ai l’impression. C’était vraiment.

 

Olivier My: Ou qu’on en a plus.

 

Thomas Chopin: Ou qu’on en a plus. Et donc ils nous ont demandé si on pouvait l’aider pour ça et le parrainer. Et on a dit avec plaisir l’association elle est là pour ça. Donc on a participé à ça et on le parraine pour les huit prochaines années.

 

Olivier My: Ouais, c’est cool.

 

Thomas Chopin: Ouais, c’est un beau projet.

 

Olivier My: Ouais, c’est cool de se dire que tu peux avoir un impact dans la vie de quelqu’un. Donc si tu génère un vrai changement positif pour ces personnes là et c’est pas juste on va dire un égotrip. Voilà, nous on fait notre voyage, on vit notre meilleure expérience en même temps. Voilà, vous avez changé la vie d’un jeune. C’est vraiment cool.

 

Thomas Chopin: Ouais, ça faisait partie du truc en fait. Je me souviendrai toujours un peu avant de partir, une phrase qui m’a marqué. Je discute de ça avec un pote, je lui ai dit bah c’est bon, on va partir faire un tour du monde. Ça y est, on a pris la décision. C’est vraiment une décision importante pour moi et tout. Et il me regarde, il me fait : ça c’est vraiment un truc d’occidental quand même. Partir faire le tour du monde et machin, c’est vraiment les gens qui ont les moyens qui le font quoi. Et là j’ai fait pffff. Ah ouais, c’est vrai qu’il peut avoir cette perception là du voyage n’était pas du tout mon concept, mais maintenant que tu en parles, il va peut être falloir que je prenne en considération le fait qu’il peut y avoir cette perception là du truc et que ce n’est pas celle là que je veux moi. Donc on va s’en prémunir un peu et on va faire attention à la façon dont on fait ce voyage, et on ne va pas le faire comme ça quoi.

 

Olivier My: Donc il a fallu aussi que toi tu changes la manière dont tu allais faire ce voyage. Et qu’est ce qui a changé du coup, dans ta manière d’appréhender peut-être les interactions ou d’appréhender ton arrivée dans les pays ?

 

Thomas Chopin: Vraiment, ça revient à ce qu’on disait tout à l’heure. Tu vois, c’est je ne veux pas avoir cette vision que je viens et je vous consomme votre culture, mais après moi de toute façon je me barre, je rentre chez moi et je referai exactement comme je faisais avant quoi.

 

Olivier My: Oui.

 

Thomas Chopin: Je voulais vraiment me dire je suis là pour découvrir quelque chose. Si vous m’autorisez à le découvrir, à comprendre ce que vous faites, comment vous le faites et à essayer de changer moi pour que demain je sois quelqu’un d’autre que celui que j’étais avant de venir vous voir quoi.

 

Olivier My: Donc il y a vraiment une dimension de changement personnel aussi derrière.

 

Thomas Chopin: À fond.

 

Olivier My: Ok, donc Bali. Donc là on a déjà voyagé dans trois pays.

 

Thomas Chopin: Ouais, on a sauté le Vietnam, j’étais obligé.

 

Olivier My: C’est pas grave, le Vietnam, on le met à côté, dixit le cambodgien qui parle tu sais.

 

Thomas Chopin: C’est ça. Je te vois. Il y a des histoires compliquées Vietnam, Cambodge mais je comprends.

 

Olivier My: Il y a eu des histoires effectivement. Donc Bali. Donc là on est toujours, on fait le tour du côté de l’Est. C’est ça, Tu disais.

 

Thomas Chopin: L’asie du Sud-Est ouais.

 

Olivier My: Est ce que il y a une école en particulier qui te marque ? Moi j’en ai une en tête parce que du coup, on en a parlé. Je t’ai écouté il y a pas longtemps sur le sujet. Il y en a une qui me marque mais est-ce qu’il y en a une pour toi qui serait intéressante à raconter sur le trajet ?

 

Thomas Chopin: On en a déjà fait pas mal. Après, tu penses à laquelle toi ?

 

Olivier My: Moi je pense à la Forest School.

 

Thomas Chopin: Ah, j’en étais sûre. J’hésite.

 

Olivier My: Pour moi, c’est vraiment celle qui est tellement différente et qui je pense change pas mal la manière dont on peut appréhender les choses.

 

Thomas Chopin: Oui, complètement.

 

Olivier My: Et voilà. Moi je sais que c’est celle que je t’aurais demandé, mais si tu en as une autre du coup, je sais pas.

 

Thomas Chopin: J’en ai tellement. Vraiment, Je pourrais toutes te les raconter, Elles sont toutes tellement particulières. Mais je te dis, il faut quand même que je trie. Donc tu vas m’aider à trier. Tu m’as aidé à trier ça y est.

 

Olivier My: C’est la seule que j’ai en tête donc.

 

Thomas Chopin: Donc pourtant je t’avais parlé de plusieurs.

 

Olivier My: Ouais, j’en ai d’autres, mais c’est celle qui m’a le plus marqué.

 

Thomas Chopin: Ouais mais je comprends. Mais moi aussi. D’ailleurs, c’est avec celle là que j’ai introduit ma conf.

 

Olivier My: Exactement.

 

Thomas Chopin: C’est toujours celle qui est la plus marquante quoi. Et ça, c’est Nouvelle Zélande. Donc là, on a passé l’Australie.

 

Olivier My: En plus tu m’avais dit que tu voulais me parler de la Nouvelle-Zélande, donc tu vois.

 

Thomas Chopin: Ah mais la Nouvelle-Zélande c’est, en terme de changement. Déjà, c’est loin.

 

Olivier My: L’Australie, c’est loin aussi.

 

Thomas Chopin: La Nouvelle-Zélande, c’est encore plus loin.

 

Olivier My: C’est encore plus loin Nouvelle Zélande ?

 

Thomas Chopin: Ouais. Je pense que je ne sais pas si on peut faire plus à l’opposé de chez nous. Vraiment faudrait que je regarde. Tu sais pile à l’opposé du globe terrestre de là où on se trouve aujourd’hui. Je me demande où ça tombe, mais je pense que ça tombe pas loin de la Nouvelle-Zélande.

 

Olivier My: Ah ouais, d’accord.

 

Thomas Chopin: Donc on est quand même franchement loin et c’est une culture hyper intéressante. Insulaire, avec une histoire très ancrée. C’est un pays qui a la double culture, le double langage avec la culture aborigène ancestrale quoi. Donc même si c’est anglophone, il y a quand même les Maoris qui apportent l’intégralité de leur culture. Tu le vois quand tu vois le rugby, les All Blacks.

 

Olivier My: Oui, c’est sûr.

 

Thomas Chopin: C’est empreint quoi. Mais c’est pas pour faire semblant et c’est pas du show quoi. C’est leur culture. Et donc là-bas on a visité plusieurs écoles par le biais de rencontres. Là j’ai vraiment pas le temps de t’en parler.

 

Olivier My: Ok, d’accord.

 

Thomas Chopin: Mais tous les deux on en discutera.

 

Olivier My: Exactement.

 

Thomas Chopin: Et dont une qui est une Forest School effectivement. On est tombés dessus vraiment un peu par hasard, mais en fait, ça a été une expérience là non plus, on n’était pas prêts.

 

Olivier My: Donc par hasard, tu dis.

 

Thomas Chopin: Ouais. Vraiment ouais. En fait, on était hébergés dans une famille en wwoofing, ça se fait beaucoup là bas.

 

Olivier My: Tu peux décrire un peu le concept ?

 

Thomas Chopin: Le wwoofing c’est tu, contre gîte et nourriture tu offres tes services. Là, c’était dans une ferme laitière. On a, tout ce dont ils avaient besoin, on leur a dit Bah nous, on est là pour vous aider quoi.

 

Olivier My: C’est marrant parce que je vois plus ce concept là pour tu vois, des étudiants ou des choses comme ça. Là en fait, c’est vraiment une famille qui le fait.

 

Thomas Chopin: Ouais, carrément. Alors c’est vrai que avant nous, il y avait plutôt des gens étudiants qui l’avaient fait. Mais nous, en tant que famille, on s’est proposé et ils nous ont accueilli les bras ouverts quoi.

 

Olivier My: Ok, je ne savais pas que ça se faisait aussi.

 

Thomas Chopin: Bah justement en fait, ils avaient deux filles, petites, et quand ils se lèvent à 4 h du mat pour aller traire les vaches et qu’ils reviennent à 11 h et qu’ils font une petite sieste. Bah c’est bien s’ils ont quelqu’un qui s’occupe de leurs enfants quoi. Et bah nous on a fait ça. On a construit une cabane.

 

Olivier My: Bah voilà !

 

Thomas Chopin: Je t’avais dit qu’on en viendrait à la cabane en Nouvelle-Zélande. On aura construit une cabane. On a rénové une cabane pour les petites et tout. On a aidé aux champs. On a aidé parce qu’ils cultivent du maïs pour nourrir les bêtes. On a aidé à moissonner le maïs. On a aidé pour les vaches, évidemment, c’était tout, un tout un travail. Ils sont très mécanisés, mais quand même, quoi. Et aussi, tu ne passes pas non plus ton temps à faire que ça. Ils te laissent faire ce que tu as envie. Et ils nous ont dit ben nous, il y a une Forrest School pas très loin de chez nous. Si vous voulez aller la visiter, allez y, ça pourrait être cool. On a fait bah excellente idée ! On y est allé.

 

Olivier My: Et du coup, toi, tu connaissais le concept de Forest School ?

 

Thomas Chopin: Ouais, ouais, ouais. Alors outre le fait que ma femme aujourd’hui, elle fait déjà une journée par semaine où elle est à l’extérieur de l’école, c’est pas une Forest school, mais je veux dire, c’est inspiré de ça. Et le but c’était de faire ça sans pouvoir faire vraiment une Forest School. Ouais, ouais, on avait déjà la notion.

 

Olivier My: Donc ouais, c’est ça. Donc le concept de Forest School, si avant de rentrer dans l’expérience, tu pouvais le décrire pour les personnes qui ne connaîtraient pas ?

 

Thomas Chopin: L’idée de la Forest School, c’est de se dire on n’est pas obligé de faire l’école dans une classe, sur une chaise avec des bureaux et tous alignés devant un professeur sur une estrade. L’école, on peut la faire dans la forêt.

 

Olivier My: Donc c’est vraiment au sens littéral du terme, une Forest School.

 

Thomas Chopin: Ah bah là, tu peux pas être plus littéral.

 

Olivier My: Et donc cette Forest School. Donc on te dit ok, il y a un truc là bas, va voir, qu’est ce qui se passe ? Donc tu vas les rencontrer ?

 

Thomas Chopin: On les contacte, on leur dit qu’on aimerait visiter, on leur présente le projet, ils nous disent mais pas de problème, venez à 13 h, les enfants arrivent à 13 h. Là, en l’occurrence, c’est cette heure là et on vous accueillera avec grand plaisir. Vous pouvez venir autant de temps que vous voulez. On était là à l’heure. On arrive devant un petit bungalow où les enfants arrivent les uns après les autres. Ils sont accueillis. On rencontre les deux maîtresses animatrices. Je ne sais pas comment il faut les appeler en fait, mais très gentilles, qui nous accueillent à bras ouverts. Ils nous disent On est super contentess de vous avoir avec nous. On va vous montrer ce que c’est que notre Forest School. Regardez comment ça se passe. Voilà comment on les accueille, Voilà ce qu’on fait. On leur pose quelques questions sur, nos trois questions.

 

Olivier My: Les fameuses.

 

Thomas Chopin: Les fameuses. Autant dire que l’environnement, ça leur a beaucoup parlé. Bah, on les sensibilise à ça, c’est notre enjeu justement.

 

Olivier My: Ils sont connus pour ça aussi là-bas.

 

Thomas Chopin: Exactement. Ouais, ils sont dans une phase de reforestation hyper importante aujourd’hui en Nouvelle-Zélande, parce qu’ils ont déforesté pendant beaucoup d’années pour mettre des moutons et là ils reviennent un peu en arrière et refleurissent beaucoup. Et le digital par contre beaucoup moins. Et l’esprit critique, c’était pas structurant pour elle. Bon ok voilà.

 

Olivier My: Mais après c’est là où les gens sont.

 

Thomas Chopin: Exactement. L’idée c’est pas de leur dire qu’il fallait qu’ils fassent autrement. Vraiment nous, notre objectif c’était de voir ce qui se passait quoi. Et après ben l’heure arrive. Tous les enfants sont là, ils font l’appel, c’est bon, c’est parti, on y va. On marche cinq dix minutes sur un petit chemin et jusqu’à une petite barrière. On passe la barrière, on ferme la barrière. Bah voilà, on est à l’école, ça y est, t’es au milieu d’une forêt. La barrière, c’est un grand périmètre qui permet de délimiter. Les enfants vous restez là dedans mais maintenant, bah ça y est, on est à l’école quoi.

 

Olivier My: Et c’est plutôt safe comme forêt ? C’est à dire est ce que c’est une forêt avec des arbres bien espacés ? Tu sais, comme il y a des forêts comme ça où tu vois très loin ou est ce que c’est, bah des forêts comme on peut le voir dans les films un peu plus resserrée, on sait pas trop si les gens peuvent se cacher ou pas ?

 

Thomas Chopin: Ouais alors non, là tu peux te cacher, tu peux te cacher. Il y a un chemin quand même qui traverse tout le champ qu’on a emprunté, qui était plutôt boueux quoi. Tu vois, c’est pas non plus.

 

Olivier My: Oui, donc c’est pas une forêt qui est travaillée au sens humain du terme.

 

Thomas Chopin: Ah non pas du tout. Les arbres ne sont pas alignés. C’est pas, non c’est pas ça. Il y a une petite rivière qui le traverse aussi. Il y a.

 

Olivier My: C’est vraiment l’espace qui. Voilà, on a décidé de prendre cet espace là, mais après on fait avec ce qu’il y a quoi.

 

Thomas Chopin: Exactement. Ça monte, ça descend. Enfin tu vois, il y a un peu de dénivelé il y a vraiment, tu peux trouver un peu tout ce que tu peux imaginer en termes de forêt. Pas du tout une forêt rangée, classée, quoi.

 

Olivier My: Ok et donc vous y allez et ensuite on dit voilà, vous avez l’espace, sortez pas de là. Et ensuite ils font quoi ?

 

Thomas Chopin: Et ensuite on leur présente le programme de la journée. Donc nous on l’apprend en même temps, on va faire des pancakes. Ok, on est au milieu d’une forêt, mais.

 

Olivier My: Pourquoi pas des crêpes ?

 

Thomas Chopin: Bah très bonne question. Bah là c’était les pancakes, donc elle a amené tout ce qu’il fallait pour faire des pancakes. On va faire griller des marshmallows, on va faire du tissage. Voilà, En gros.

 

Olivier My: C’est déjà pas mal !

 

Thomas Chopin: Voilà, c’était le programme de la journée.

 

Olivier My: Donc ça veut dire que dans la forêt, les personnes avaient amené du matériel directement ?

 

Thomas Chopin: Les deux animatrices ont amené de quoi faire des pancakes avec, mais la poêle est déjà là, le coin feu est déjà là et surtout il y a une petite cahute à côté. Et quand elles ont fini de donner le programme, les enfants, ils ouvrent la cahute et là, ils sortent des scies, des clous, des marteaux, un fendeur à bûches et puis c’est parti quoi. C’est ça l’école.

 

Olivier My: D’ailleurs, les enfants, c’est quel âge ?

 

Thomas Chopin: Là t’es sur du six ans – dix ans max.

 

Olivier My: Oui, c’est quand même des petits. C’est à dire que tu dis il y a quand même des enfants qui sortent des scies et fendeurs à bûches. C’est quand même des outils qui peuvent être dangereux lorsque mal manipulés déjà même par des adultes. Et donc de ce que j’entends, c’est que là en gros, il y a, pas un coup de sifflet, mais en gros il y a un gosse ou les enfants ils y vont de manière autonome et ils commencent à se mettre en œuvre.

 

Thomas Chopin: Exactement.

 

Olivier My: Ça veut dire que c’est quelque chose qui leur a été appris à un instant T tu penses ? Tu vois, toi, tu arrives à ce moment là mais qu’est ce qui fait que ces enfants là sont aussi autonomes déjà ?

 

Thomas Chopin: On en a discuté un peu avec les deux encadrants, parce que nous, c’est quelque chose qui nous a choqué direct. Mais attends, mais pourquoi tu leur files des scies ils vont perdre un bras. C’est évident. Alors qu’en fait personne n’a perdu de bras dans cette affaire là, je te le garantis. Mais attention, on est en Nouvelle-Zélande ici, tu es chez les farmer quoi, tu es au fin fond de la Nouvelle-Zélande. C’est pas ton petit citadin de je sais pas quelle grande métropole occidentale quoi. Non, ici tu es chez des gens, ils vivent tous dans la nature, ils ont tous rapport avec la nature quotidiennement, ça fait partie de leur culture. C’est pas appris à l’école, c’est appris à la maison quoi, tu vois. Et c’est vrai qu’on n’avait pas cette notion là instinctivement quoi.

 

Olivier My: C’est pour ça que je trouve que le contexte de chacun a énormément d’influence sur les comportements et sur les changements qu’on opère.

 

Thomas Chopin: Ah bah là c’est la preuve parfaite. Et puis toutes les visites d’écoles qu’on a faites nous l’ont montré. J’ai une conviction, c’est que tu ne peux pas enseigner…

 

Olivier My: Donc tu as une conviction. Très bien.

 

Thomas Chopin: Moi, ma conviction, c’est que, outre le principe de pédagogie différenciée qui demande à ce qu’on adapte la pédagogie aux besoins de chacun des élèves, il y a quand même une notion de, les groupes classes n’ont pas forcément le même contexte et ne vivent pas dans les mêmes écosystèmes. Et à partir de ce moment là, je ne pense pas qu’on puisse créer une pédagogie qui soit duplicable à volonté dans toutes les écoles du monde.

 

Olivier My: Le côté universel, tu n’y crois pas alors.

 

Thomas Chopin: Non, ce n’est pas l’expérience que moi j’ai vécue.

 

Olivier My: Et c’est important parce qu’on le voit dans tous les cas, pour beaucoup de gens aujourd’hui, les systèmes éducatifs ne sont pas forcément très glorieux quand on voit la manière dont les enfants et peut-être je ne sais pas toi, l’expérience que tu as du système éducatif, mais moi je rencontre beaucoup de jeunes qui ne savent pas ce qu’ils veulent faire après, qui sont dégoûtés de l’école. Moi, mon exemple n’est pas forcément le bon parce que moi je n’ai pas trop réfléchi. Moi j’ai plus fait ok, je fais ce qu’on me dit de faire et je suis un bon élève et c’est tout. Tu vois. Mais je sais que je rencontre plus en plus de gens qui se posent la question de est ce que ce truc là, je suis obligé de l’apprendre parce-que c’est le tronc commun et il y a quelqu’un qui a défini pour moi ce que je devais apprendre et comment je devais l’apprendre.

 

Thomas Chopin: Ouais, c’est ça.

 

Olivier My: Sans prendre en compte qui j’étais, mes envies et un monde qui change autour, qui fait que ça se trouve, je serais inadapté avec ces informations là et ce mode d’apprentissage. Donc je trouve que au contraire, c’est un apprentissage qui est super intéressant parce que toi tu est allé le voir ailleurs. Ça veut dire que le fait d’avoir la preuve que ailleurs ils le font autrement, c’est pas forcément dire c’est mieux, c’est moins bien, c’est déjà il existe des alternatives et c’est pas que dans ma tête et c’est pas que de l’imaginaire.

 

Thomas Chopin: C’est un très très bon résumé de la situation en fait. Tu vois, moi mon ambition de parler de tout ça, c’est pas dire regardez, ils font mieux ailleurs, il faut faire comme eux quoi. C’est pas du tout ça l’idée, mais c’est vraiment être capable de dire il n’y a pas qu’une façon de le faire. Donc s’il n’y a pas qu’une façon de le faire, remettons en question la façon dont nous on le fait. Est ce que avoir un système unique pour enseigner les choses, même si en fonction des professeurs, ils ont quand même une liberté pédagogique qu’ils peuvent mettre en œuvre ainsi de suite.

 

Olivier My: Oui bien sûr.

 

Thomas Chopin: Je questionne quand même vachement le fait que cette liberté pédagogique, elle soit pleinement exploitée par l’ensemble des enseignants, même s’il y en a plein qui font plein d’efforts là dessus et je respecte énormément ce qu’ils font. Il y a aussi une standardisation du modèle éducatif, des expériences que j’ai aujourd’hui en France qui est dommage, je pense, parce qu’il y a d’autres choses à aller chercher.

 

Olivier My: Mais j’ai l’impression que derrière il y a une sorte de mécanisation de l’humain. Alors j’invente des notions comme ça. Mais cette vision qu’on veut dire que voilà, on est tous différents, voilà, on est des humains, mais c’est surtout par rapport à des robots. Et j’ai l’impression, et c’est pareil dans le monde de l’entreprise, que on traite les gens comme des robots parce que ça nous arrange pour la prise de décision.

 

Thomas Chopin: Complètement.

 

Olivier My: Que les gens fonctionnent pareil alors qu’on affiche à l’extérieur que on veut valoriser la diversité. C’est une conversation qu’on a eue tout à l’heure sur le scooter, mais je pense que c’est une discussion qui est importante parce que quand on veut valoriser la diversité, ça veut dire accepter d’aller un petit peu moins vite, parce que forcément, il faut accueillir les différences d’opinions pour essayer de créer quelque chose qui est censé être plus riche par la suite. Mais bordel, qu’est ce que c’est chiant de devoir temporiser, prendre le temps et essayer de trouver pas forcément un consensus, mais de s’être enrichi d’une conversation où on a eu des divergences d’opinions.

 

Thomas Chopin: Tout à fait. Mais je sais pas si c’est pas avec toi qu’on a eu cette conversation il y a quelques mois de ça déjà sur la différence entre standardiser les choses et harmoniser les choses.

 

Olivier My: Si c’est potentiellement avec moi.

 

Thomas Chopin: Il me semble bien tu vois.

 

Olivier My: On était dans la file d’attente pour aller manger.

 

Thomas Chopin: Exactement, Ça m’est revenu comme ça, mais tu vois, c’est évident, c’est bien ça. J’en suis encore là quoi. C’est vraiment pourquoi on crée un framework qu’on veut standardiser et rentrer tout le monde dans ce framework ? Je ne suis pas sûr que ce soit ça l’idée, quoi. La question, c’est plutôt prenons chacun et faisons en sorte que chaque diversité permet de fonctionner avec l’autre diversité d’à côté. Essayons de faire aller tout le monde dans le même sens, dans la même tonalité à la rigueur, mais pas forcément de la même manière.

 

Olivier My: Et c’est la difficulté. Je pense que c’est facile aussi à dire au sens théorique du terme. Et ensuite il y a toujours les enjeux qui sont derrière. Et je pense que si on pense humain, il y a aussi une acceptation que un humain c’est pas quelque chose qui est prédictible, c’est quelque chose qui bouge beaucoup et qui est énormément influencé par son environnement. Et vu que l’environnement bouge beaucoup, en fait tout bouge beaucoup. Et donc c’est ça aussi le cœur de la compétence d’agilité qu’on essaie de développer, qui est cette capacité à s’adapter, à prendre des décisions suffisamment informées pour pouvoir s’adapter au mieux aux enjeux qu’on vit tous les jours. Et c’est dur.

 

Thomas Chopin: On est bien d’accord.

 

Olivier My: Et c’est dur.

 

Thomas Chopin: Voilà. On touche à la systémique et à la vision holistique du modèle où en fait tout bouge tout le temps. Tout a un impact sur tout. Donc à un moment où tu bouges un petit truc quelque part, et ben ça a des impacts que tu n’as pas pu mesurer, mais il faut que tu les acceptes parce que ne pas bouger, c’est pareil. Il y a quand même des choses qui vont bouger, même si ce n’est pas toi qui les bouge.

 

Olivier My: Donc ouais, exactement, ouais. Et du coup, si on revient simplement sur la Forest School, juste pour fermer un peu aussi ce chapitre là. Donc on parlait des enfants qui allaient récupérer une scie pour aller se couper un bras, c’est ça ?

 

Thomas Chopin: Ouais, presque. C’est un résumé de la situation, mais malheureusement, ils n’ont pas coupé le bras. Mais il y en a un. Il a coupé un arbre.

 

Olivier My: Ok. Tranquille.

 

Thomas Chopin: Tranquille. Oklm. Comme dirait quelqu’un que je connais. On était en train de visiter l’espace là. Et tout d’un coup, il y a un arbre qui tombe. Oh, pas un gros arbre, je te rassure, parce que faut quand même le temps de le couper. Mais un bon cinq cm de diamètre quoi, tu vois ? Et donc là, il y a une des animatrices qui était là qui va le voir et qui fait Ok, attends, mais Qu’est-ce que tu as fait là ? Tu as coupé un arbre ? Ah ok. Tu as coupé un arbre ? Mais il était mort, l’arbre ? Parce que en fait, c’est ça le principe. On coupe les arbres qui sont morts. Pourquoi tu coupes un arbre sinon ? Tu vois, il faut que ça ait du sens. Et voilà. Et là, ça commence. Voilà pourquoi on coupe les arbres. A quoi ça sert. Comment est ce que c’est comme ça qu’il fallait couper ? Est ce qu’il ne faut pas faire attention à où il tombe ? Tu vois des choses comme ça ? Tout est source d’enseignement.

 

Olivier My: Ouais, d’accord. Donc ça veut dire que, après l’expérience ou après l’action, c’est là où le rôle de l’animatrice est de créer la réflexivité et créer l’apprentissage.

 

Thomas Chopin: Ouais, exactement. Alors après, tant que c’est des expériences qui ne coûtent pas cher, c’est bien. Mais bon, si l’arbre tombe sur quelqu’un, il y a débat, tu vois. Enfin, nous c’est tout de suite le truc qui nous est venu quoi. Et pourquoi tu veux que ça tombe sur quelqu’un ? Oui, oui, c’est pas faux. Il est tombé sur personne. Oui, c’est pas faux. Et vous avez souvent des accidents ? Bah non, pas tant que ça en fait quoi. Tu vois ? On peut tout sécuriser pour être sûr qu’il n’y ait pas d’accident, parce qu’au cas où il y a un accident, c’est un problème ou on peut se dire bah en fait il ne va pas y avoir d’accident et au pire, s’il y en a un, bah on fera avec et on verra ce qui se passe quoi.

 

Olivier My: C’est marrant c’est toujours est ce qu’on crée des règles pour les X % de risques ou pas quoi. Et ça veut dire quand même que voilà, tu as un jeune, il prend une scie, il va couper un arbre tranquille et grosso modo, tout se passe bien. C’est juste une situation improbable on va dire, dans le contexte que l’on connait.

 

Thomas Chopin: Dans notre perception du truc ouais, complètement. Bon après ils ont pas tous coupé un arbre, tu vois, c’est pas non plus la peine. Il y en a un quoi. Enfin voilà, il l’a fait. Les autres, il y en a qui ont construit des ponts, il y en a qui ont construit des cabanes, il y en a un il a passé sa journée à faire du feu.

 

Olivier My: Il a réussi au moins ?

 

Thomas Chopin: Ah mais non, mais il a fait du feu ! Mais il l’a réalimenté ! Il était là, il regardait son feu. Je suis allé m’installer avec lui pour discuter un petit peu. On a parlé de ça. Mais qu’est ce que tu fais là ? Bah je fais du feu, et tu aimes ça ? Ouais, moi j’aime bien ça. J’aime bien le voir fonctionner. J’aime bien remettre du bois, j’aime bien comment ça fait. Et puis voilà. C’était ça qu’il avait envie de faire aujourd’hui. Il fait pas ça tous les jours, mais ce jour là, il avait envie de faire du feu. Il a fait du feu toute la journée.

 

Olivier My: Mais ça veut dire que en termes d’enseignement. Donc tu disais on passe la barrière, donc on a sécurisé l’ensemble, mais après il n’y a pas tellement d’instructions.

 

Thomas Chopin: Non.

 

Olivier My: C’est à dire que, au delà de voilà, on va faire des pancakes, il faut quand même de la préparation. Le reste c’est faites ce que vous voulez.

 

Thomas Chopin: Ouais, c’est ça en fait il y a vraiment un consomme la pédagogie que tu veux en fait, c’est si aujourd’hui tu as envie de faire du feu, tu fais du feu. Si demain tu veux venir faire l’activité qu’on fait, et ben tu feras cette activité là quoi. C’est tu viens consommer ta pédagogie. On n’est pas là pour te la distribuer. Toi, c’est à toi de la prendre. Il faut que tu la prennes parce que derrière tu seras interrogé pour le faire.

 

Olivier My: Tu seras interrogé pour le faire ?

 

Thomas Chopin: Chez nous, c’est très ça. Tu vois, on a fait une leçon et après on va te faire réciter pour voir si tu as bien compris ce qu’on t’a enseigné quoi.

 

Olivier My: Ouais, mais de leur côté ?

 

Thomas Chopin: Mais alors là, pas du tout, c’est pas du tout ce modèle-là.

 

Olivier My: Ouais, ok, donc de leur côté, il y a des gens qui font des choses, mais par exemple, la personne que tu as vu qui faisait du feu, imaginons que cette personne, elle voulait faire du feu, mais elle savait pas, tu penses enfin je suppose tu vois que elle se serait dit ouais, moi j’aimerais bien faire du feu. Est ce que tu peux me montrer comment on fait ? C’est ça ?

 

Thomas Chopin: C’est exactement comme ça que ça s’est passé. Il est arrivé, il a dit Moi, je veux faire du feu. Ils ont fait Très bien, regarde, on va se mettre à un endroit, on va faire du feu. Voilà comment ça se passe. Le feu. Ils l’ont pas allumé avec un briquet, Ils l’ont allumé avec une pierre à feu. Ils ont fait une étincelle sur un bout de coton. Ils avaient du coton et des pierres à feu. D’accord, mais voilà.

 

Olivier My: Attends, là, je viens juste d’avoir un éclair de génie Pierrafeu en fait.

 

Thomas Chopin: C’est un petit bâton. Je sais plus ce que c’est comme matériau. Je vais dire une bêtise. Alors je sais, c’est un matériau spécial, un métal spécial. Et tu frottes ça avec une lame de cutter avec une lame de couteau avec tout ce que tu veux, ça crée des étincelles et tu mets un morceau de coton en dessous. Le coton, il s’enflamme. Voilà. T’as du feu. Après, tu mets des petites brindilles, des plus grosses brindilles, des petites branches, des plus grosses branches, des bûches.

 

Olivier My: C’est marrant parce que du coup, c’est aussi le nom de la famille…

 

Thomas Chopin: Pierrafeu ?

 

Olivier My: Ouais. Préhistoriques là les animés. Je me suis dit tiens, c’est marrant ce nom, il me dit quelque chose. Et donc ils avaient ce matériel là pour créer des expériences, je suppose en fait, des personnes de cet âge là.

 

Thomas Chopin: Exactement. Enfin, en tout cas, les pancakes, c’est pareil. Il y avait un espace fait pour faire du feu à hauteur, pour mettre une poêle dessus. Et le feu, c’est les élèves qui les ont, qui l’ont allumé.

 

Olivier My: Et est ce que tu as vu des élèves qui ne faisaient rien ?

 

Thomas Chopin: Non, pas du tout. Ils étaient tous en train de faire quelque chose. Il y en a qui creusait un trou, l’autre qui saute à Cloche-pied, l’autre qui coupe des bûches parce que ils avaient un système pour couper des bûches avec un marteau et un système de fendeuse à bûches, développé apparemment par des étudiants Néo-Zélandais qui avaient créé ça dans une école je sais pas quoi. C’est vachement ingénieux. Le système n’empêche très basique, mais très efficace. C’est indescriptible, donc je ne vais pas m’amuser à le faire là. Mais en tous cas, voilà, c’est comme ça qu’ils coupaient les bûches pour les mettre dans le feu. Il y en a d’autres qui jouent à Cache-cache, il y en a qui. Peu importe quoi en fait. Il y en a un qui enquillait des clous sur une planche toute l’après-midi, presque quasiment quoi.

 

Olivier My: Je me posais la question parce que on se disait aussi que tu vois, ne rien faire est quelque chose qui est important.

 

Thomas Chopin: Mais complètement.

 

Olivier My: Ça veut dire que aujourd’hui, dans le système scolaire aujourd’hui c’est voilà, étudis, fais quelque chose et à force de s’occuper l’esprit, ça nous empêche d’avoir cette respiration qui nous permet aussi d’être créatif et de rêver.

 

Thomas Chopin: Mais alors c’est bien de ça dont on parle en fait là. C’est pas de la sur-sollicitation où on leur disait tu as fini ton cours de maths, maintenant on va t’emmener au piano et puis après on va t’emmener faire la piscine et après on va t’emmener à faire ça. Non, c’est pas ça. Là, c’est justement, il y a deux animatrices pour douze élèves, quoi. Donc, il y a un moment où tu n’es pas tout le temps en train de lui proposer des trucs à faire. Donc eux, ils partent dans la rêverie et ils se disent bah tiens, j’ai envie de creuser un trou, je creuse un trou. Et c’est justement ça qu’on cherche. C’est On les laisse aller dans la créativité, dans l’imaginaire, ils se créent des histoires. Tu vois, quand un enfant il te dit je m’ennuie. Effectivement, il ne faut pas aller lui chercher plein de trucs à faire et plein d’idées de trucs à faire. C’est pas du tout l’idée. Mais il ne faut pas non plus lui dire non mais c’est bien que tu t’ennuies parce que c’est hyper important pour ta créativité. Il s’en fout l’enfant de ça.

 

Olivier My: Ouais ouais.

 

Thomas Chopin: Par contre, il faut réussir à avoir une approche très douce sur le Bah en fait je ne vais pas lui dire mais je vais le laisser s’ennuyer quoi.

 

Olivier My: Donc il y a quand même une approche humaine de la pédagogie qui est adaptée à chacun des enfants. Dans le contexte dans lequel ils sont, Parce que ça veut dire qu’il y avait aussi plusieurs âges. Tu disais de six ans à dix ans. Donc ça veut dire qu’ils ne sont pas quand même au même stade d’évolution et d’envie ?

 

Thomas Chopin: Non, pas du tout. Effectivement, même si à cet âge là, c’est et très proche et très différent entre un enfant de six ans et de dix ans. Il y a quand même une grosse différence. Et en même temps, ils sont quand même dans des univers où tu vois, ils ne sont pas trop partis trop loin en terme de centre d’intérêt quoi. Y’a un moment où tu joues toujours à Cache-cache, que tu aies six ans ou dix ans dans les deux, tu vois, tu vois ça ça va encore. Il y a des trucs qu’ils ne comprennent pas trop, qui ne s’échangent pas. Mais ça, ça va. Donc ça va, ça s’anime assez bien, je dirais ça comme ça.

 

Olivier My: D’accord. Bah c’est super en tout cas comme expérience. Et donc malheureusement, on ne va pas pouvoir faire plus d’écoles. C’est déjà pas mal comme tour du monde et voir tout ce que tu nous as partagé. Merci pour ça. Est ce que de ce tour du monde tu pourrais nous partager quelques apprentissages ? Parce que initialement tu m’avais dit voilà, il y a eu un avant et un après. Et du coup, à quoi ressemble cet après ? Qu’est ce que toi tu en as retiré ? Et qu’est ce qui a changé chez toi depuis que tu es revenu ?

 

Thomas Chopin: Après, il y a une forme de prise de recul vis à vis de ce que je peux vivre moi aujourd’hui au quotidien tu vois. Ce n’était pas juste une parenthèse. On est parti, on revient et on recommence comme avant. Il y a clairement quelque chose qui a changé dans le sens où tu es obligé de te dire quand il t’arrive quelque chose, mais en même temps, il faut relativiser quoi. Parce que j’ai vu des choses, je ne dis pas que j’ai vu la misère humaine, je n’ai pas fait de l’humanitaire dans des camps, enfin c’est d’autres histoires quoi. Mais même déjà, même comme ça en fait, tu vois d’autres cultures, tu vois d’autres choses. Et quand tu as un enfant de cinq ans qui préfère aller sur la place du marché, vendre des bracelets à 1 $ plutôt que d’aller à l’école parce que au moins là, il a 1 $, alors qu’aller à l’école il ne sait pas quand est ce qu’il aura de l’argent avec le travail qu’il aura peut-être un jour. Je pense qu’on ne part pas pareil dans la vie tu vois. Je ne dis pas qu’il faut qu’on parte tous pareil, mais à un moment ou sachons aussi apprécier ce qu’on a quoi. Arrêtons de demander toujours plus de trucs. On est parti en voyage avec un sac à dos chacun. Les filles portaient déjà cinq kilos quasiment chacune. Nous on était plutôt aux alentours de quatorze quinze. Ce qui est déjà pas beaucoup.

 

Olivier My: Ah quand même.

 

Thomas Chopin: Bah en fait c’est pas beaucoup.

 

Olivier My: Ah ouais je me rends pas compte.

 

Thomas Chopin: Bah là pfffff. Enfin, t’as une paire de chaussures, une paire de tong, un short, un pantalon, trois T-shirts, quatre caleçons, quatre paires de chaussettes. En terme d’affaires, c’est tout quoi.

 

Olivier My: Ça va vite, hein.

 

Thomas Chopin: Ah ouais après, c’est parce que tu as aussi un peu de trousse de secours, un peu de paperasse, un peu de carnet de voyage, un peu de. Enfin, tu vois, tu rajoutes tous les trucs annexes, mais c’est ultra minimaliste. Et là tu te dis mais attends, j’ai vécu un an avec ça. Au pire, si t’as vraiment besoin d’un truc, tu l’achètes en plus tu vois. Ton T-shirt, il est troué bah t’en achètes un autre quoi. Mais c’est sûr que tu changes pas de fringues tous les jours. Tu les laves, mais tu ne changes pas de tenues tous les jours quoi. Donc tu rentres en France, tu as loué ta maison, tu reviens, il n’y a rien dedans. Tu te dis putain! Est-ce qu’il faut vraiment que je remette tout ce qu’il y avait avant ? Peut-être pas en fait quoi. Peut être que si j’ai besoin de moins de choses j’aurai moins de problèmes aussi. Moins de trucs à gérer quoi. Moins de trucs que tu risques de perdre. Moins de trucs que tu risques d’abimer, d’être obligé de changer. Moins de trucs que tu risques d’entretenir. Moins de bibelots que tu es obligé de déplacer quand tu fais ta poussière. Et le gros changement, il était là dessus quoi. Il est sur, je ne veux pas dire une décroissance, mais une minimalisation quoi, on essaie de minimiser les choses un maximum.

 

Olivier My: Et qu’est ce qui a changé pour ta femme et tes filles du coup ? Parce que là, on parle de toi avec la vision que tu avais, les envies que tu avais. Est ce que tu as une vision de ce qui a changé pour elles ? Est-ce que vous en aviez parlé ?

 

Thomas Chopin: Alors les filles, honnêtement, autant grosse adaptabilité franchement, elles sont parties, elles sont revenues. C’était comme s’il s’était rien passé. Elles se sont adaptées. Et autant justement tellement adaptable que finalement, elles sont revenues assez vite à ce qu’elles faisaient avant. Il y a plein de prises de conscience, tu vois. Je te parlais tout à l’heure du petit garçon qui vendait des bracelets à 1 $ sur le marché. Il y a quelques jours ma fille elle me disait Mais tu te souviens de ce petit gars en fait, quand j’y pense, finalement l’école obligatoire c’est plutôt une bonne chose quoi. Bon, c’est vrai qu’à dix piges, quand elle te dit ça, tu te dis il y a quand même des trucs qui ont crantés dans ta tête depuis ce voyage, ça c’est sûr.

 

Olivier My: Mais après les interprétations, les conclusions, c’est autre chose. Mais ça veut quand même dire qu’elle se souvient de ça et ça l’a suffisamment marquée pour pouvoir en reparler.

 

Thomas Chopin: Exactement. Et des petites anecdotes comme ça, on en reparle régulièrement tu vois notre voyage, clairement, il ponctue énormément de nos discussions. Pas toutes, on ne parle pas que de ça, mais ça ponctue plein de trucs. Donc je sais qu’il y a des prises de conscience, mais elles sont quand même assez vite revenues à ce qu’elles faisaient avant quoi. Avec ma femme, on est plutôt alignés sur l’expérience dont je te parlais avant. La diminution, la minimalisation des trucs.

 

Olivier My: Ouais. Bah super. En tous cas, c’est une très belle aventure.

 

Thomas Chopin: C’est vrai.

 

Olivier My: Ça donne envie de savoir plein de petites choses parce qu’on n’est pas rentrés dans quelles ont été les difficultés ? Parce que je pense que quand on est 24/24, 365 jours ensemble, déjà à deux, c’est pas évident. Alors à quatre avec des âges différents, des envies différentes, je pense qu’il y a plein de choses.

 

Thomas Chopin: Oui.

 

Olivier My: Mais voilà, ce sera peut-être pour un prochain épisode.

 

Thomas Chopin: Avec plaisir.

 

Olivier My: Et ce que je te propose, c’est qu’on passe à la dernière phase de ce podcast, ces fameuses cartes que tu vois en face de toi. On va enfin pouvoir y faire quelque chose !

 

Thomas Chopin: Ah je me demandais.

 

Olivier My: Donc comme je te l’ai expliqué, il y a deux paquets de cartes en face de toi, un paquet de cartes qui sera plus orienté sur le passé. Donc tu verras soit l’année passée, soit un peu avant comme tu le souhaites et d’autres sur le futur. Et donc pour commencer, ce que je te propose, c’est que je vais te donner ce premier paquet de cartes. Je te propose de les mélanger.

 

Thomas Chopin: Je les mélange, très bien.

 

Olivier My: Et ensuite d’en sélectionner une.

 

Thomas Chopin: Au hasard ?

 

Olivier My: Au hasard.

 

Thomas Chopin: Ce sera celle là.

 

Olivier My: Très bien. Donc retourne là, je te laisse la lire et puis ensuite y répondre.

 

Thomas Chopin: Revenons sur l’année écoulée. Sachant ce que tu sais maintenant, qu’aurais tu fais différemment ? C’est une excellente question.

 

Olivier My: C’est fait pour.

 

Thomas Chopin: C’est vraiment pas simple parce que j’ai tendance à dire que tout ce qui nous est arrivé pendant le voyage, tu l’as dit, il y a des trucs plus ou moins faciles. On se souvient pas trop des trucs difficiles, on se souvient souvent des trucs heureux et tout. C’est très bien. On est plutôt bien fait pour ça, l’être humain.

 

Olivier My: Je pense oui.

 

Thomas Chopin: Donc j’ai envie de me dire tout ce qui s’est passé, ça reste des apprentissages. Oui, il y a des trucs malheureux peut-être que j’aurais aimé éviter de vivre mais finalement tout reste apprentissage. Et aujourd’hui je me pose sérieusement la question qu’est-ce que je ferais différemment ?

 

Olivier My: Imagine que là tu pouvais discuter avec le toi de avant le voyage par exemple ? Est ce qu’il y a quelque chose que tu te dirais ? Prends deux caleçons plutôt qu’un seul ?

 

Thomas Chopin: Non, franchement, j’enlèverai pas grand chose de notre sac. Je crois que de tout le sac à dos, il y a un truc qu’on n’a pas utilisé quoi. C’est un sac de, une sorte de sac de soie pour dormir. Tu te mets dedans quand t’as pas de drap, tu peux te mettre dedans quoi. C’est le seul truc qu’on n’a pas utilisé de tout notre sac à dos quoi. Du coup, je dirais le prends pas quoi. Prends pas ce truc là quoi.

 

Olivier My: Bah peut être.

 

Thomas Chopin: C’est à peu près tout. Bizarrement. Ou peut être que ça me reviendra, mais là, comme ça franchement, j’étais en train de me demander un truc pas très agréable que j’aurais bien aimé éviter. Il y a tellement de trucs extraordinaires auxquels je repense en fait. Et je me dis mais j’aurais tellement aimé revivre.

 

Olivier My: Ça se voit dans tes yeux. Donc c’est super sympa à voir. Et encore une fois, la question n’est pas faite pour trouver forcément une réponse de qu’est-ce que tu veux faire différemment ? Peut être que justement de ce que j’entends, c’est que toutes les expériences autant positives que négatives ou inutiles au sens de ce truc que t’as pas utilisé, font ce que tu es aujourd’hui. Et peut être que bah voilà, peut être que tu te serais simplement laissé vivre ce que tu as vécu et c’est super. Alors on va passer à une deuxième question.

 

Thomas Chopin: Vas y.

 

Olivier My: Mais pour ce faire, tu vas en sélectionner deux des cartes, donc au hasard, comme tu le souhaites. Ce que tu vas faire c’est que tu vas lire les deux et ensuite tu as le choix entre la première, la deuxième, celle à laquelle tu veux répondre.

 

Thomas Chopin: Ok. Quelle a été ta meilleure décision et quelle est la leçon la plus précieuse que tu aies apprise ? J’ai envie de répondre aux deux questions.

 

Olivier My: Après, on est chez toi, on peut répondre aux deux questions.

 

Thomas Chopin: Ouais, c’est cool ça.

 

Olivier My: Tout à fait. Ça c’est, ça c’est l’avantage.

 

Thomas Chopin: Ça, ça me plaît. J’ai bien fait de t’inviter à la maison. Non, parce qu’il y en a une qui est évidente, tu vois. Quelle a été ta meilleure décision ? Ma décision, ça a été de partir quoi. Ça a été de me dire que si c’était possible et en même temps, c’est pas si fou. Il y a plein de gens qui le font. Mais tu vois, quand c’est à toi de le faire, tu as l’impression que c’est une décision hors norme. Et ça me rappelle quelqu’un d’ailleurs qui m’avait parlé de ça, qui avait fait un tour du monde et qui me disait T’as de la chance, t’as fait un tour du monde et tout. Et je lui ai fait non, j’ai pas de chance, c’est pas une question de chance. J’ai la chance d’avoir un bon passeport qui me permet d’aller dans tous les pays. Ça oui. Ce qui n’est pas donné à tout le monde. Mais par contre, j’ai surtout pris la décision de partir. C’est pas une question de chance, c’est une question de prise de décision.

 

Olivier My: C’est marrant parce que ça, pas forcément moi mais j’entends des gens qui disent pareil quand les gens partent en entrepreneuriat ou en freelance, les gens disent Oh tu as de la chance, etc. Mais en fait non, ce n’est pas une question de chance, c’est une question de j’ai osé prendre la décision que toi tu rêves de prendre et qui aujourd’hui est quelque chose qui te semble inaccessible. Et je trouve que c’est un apprentissage qui est énorme parce que comme tu l’as décrit dans ton aventure, ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. Vous avez pris du temps, vous avez eu ce fameux restaurant où il y a une décision qui a été prise et c’est ce moment qui est important. C’est ce moment de décision qui fait la différence parce qu’après tu étais lancé et après vous avez fait ce qu’il fallait.

 

Thomas Chopin: Exactement. Après, tu mets en œuvre, tu es responsable de la décision que tu as prise et tu la déroules quoi.

 

Olivier My: Super.

 

Thomas Chopin: Donc ça, c’est vraiment une conviction qu’on a eue tout au long du voyage. Ce n’est pas une question de chance, c’est une question de prise de décision. Après voilà, on a la chance d’être né dans un pays où on a le bon passeport, en tout cas pour notre histoire. Tu vas dans un pays où tu as le droit d’entreprendre pour ton exemple par exemple, c’est peut être pas comme ça partout.

 

Olivier My: Oui, tout à fait. La deuxième alors ?

 

Thomas Chopin: Alors la leçon la plus précieuse que j’ai apprise pendant ce voyage, c’est j’ai eu une leçon de générosité. On m’a donné une leçon de générosité qui restera gravée longtemps, je pense, dans ma mémoire. On était en Équateur, sur une plage à Canoa, une petite plage touristique un week-end et on était sur le bord de la plage en train de jouer avec les filles. Et c’est pas la plage caraïbes bleu turquoise mais on s’en foutait, c’est pas grave et il fait bon on était dans un bel endroit et il y a une petite famille qui débarque à côté de nous. Deux équatoriens, vénézuéliens en fait pour être plus précis, qui se mettent à tchatcher avec les filles et avec nous et on discute pendant 1 h.

 

Olivier My: En anglais alors ?

 

Thomas Chopin: Ouais tout en anglais, anglais et espagnol. Moi je parle espagnol. Pour ma femme qui ne parlait pas, plutôt anglais et au bout d’une heure de discussion, ils nous disent mais vous avez fait quoi en Équateur ? Ben on a fait ça, ça, ça et là. Après on va aller à Quito et tout. Et ils nous disent Ah bah nous on habite Quito. Bah, quand vous venez à Quito, venez chez nous. Alors attends, je viens de te rencontrer, on est tous les deux en maillot, on est sur une plage et là tu me dis viens, je t’héberge quoi.

 

Olivier My: Et puis vous n’êtes pas juste deux.

 

Thomas Chopin: Et non !

 

Olivier My: C’est toute la famille quoi.

 

Thomas Chopin: C’est ça ! Et il me fait Mais il y a pas de problème. On a un appart. On te laissera la chambre du petit. Viens à la maison, il n’y a pas de problème quoi. Bon, écoute, on garde contact, on va y réfléchir. On réfléchit un peu, on envoie un message et tout. T’es sûr ? Parce qu’on arrive telle date. Oui, il n’y a pas de problème. On regarde les billets de bus pour y aller. On devait arriver à 5 h du mat quand même. Mais pas de problème, je serai là. Je vous préparerai un petit déj, il y a aucun souci quoi. Bah vas y, allons y essayons quoi. Et ben ils nous ont hébergés cinq jours et à la fin, c’est nous qui avons été obligés de partir parce que sinon on pouvait rester trois mois. Ils nous ont dit mais non, mais vous restez tant que vous voulez en fait. Ben oui, mais on a tout un voyage à faire encore tu vois, il nous restait la Colombie, le Costa Rica et tout donc. Mais ils nous ont accueillis les bras ouverts quoi. On se connaissait pas il y a une heure. Extraordinaire.

 

Olivier My: Incroyable.

 

Thomas Chopin: Non mais vraiment, j’ai pris une grosse leçon ce jour là.

 

Olivier My: C’est vrai que c’est fou qu’on ne se rend pas compte que l’humanité est beaucoup plus belle qu’on pourrait le croire. Quand on voit les médias, quand on voit tout ce qui se passe. Bah en fait, il existe encore de la générosité. Il existe encore des connexions qui peuvent se faire sans forcément qu’il y ait des arrière-pensées derrière, etc.

 

Thomas Chopin: Exactement. Et tu vois, on est toujours en contact avec eux, on les voit, on les Skype, on les voit régulièrement, on garde contact, évidemment quoi. C’est une belle, une belle histoire.

 

Olivier My: Ouais, c’est super. Ce que je te propose, c’est qu’on passe à l’autre paquet et puis tu pourras avoir la curiosité, si tu le veux par la suite de voir les autres questions que j’avais sélectionnées.

 

Thomas Chopin: Merci parce que j’avais bien envie de voir les autres cartes aussi.

 

Olivier My: Donc là c’est l’autre paquet. Donc là c’était plus orienté passé et là c’est plus le futur. On va faire pareil, sauf que tu vas en prendre deux tout de suite, sélectionner et après tu en re-sélectionnera deux, sauf que tu me les donneras. Ok ? On change un peu les règles du jeu.

 

Thomas Chopin: Parfait! J’adore.

 

Olivier My: Donc vas y, je te laisse lire les deux.

 

Thomas Chopin: Alors la première, c’est quel conseil vas tu suivre ?

 

Olivier My: Dans le futur donc.

 

Thomas Chopin: Ok. Et le deuxième, c’est que vas tu faire pour la première fois de ta vie ? Je choisis une des deux.

 

Olivier My: Ouais.

 

Thomas Chopin: Je vais prendre le conseil. Le conseil que je vais suivre, c’est ça revient un peu à ce qu’on disait tout à l’heure, c’est je te conseille de sortir la tête de l’eau en fait, je te conseille de prendre du recul sur ce que tu vis. Je te conseille de pas rester dans ton petit pré carré, enfin dans ta conception de ta vie aujourd’hui et de régulièrement on va dire ça comme ça, faire une phase de prise de recul par tout un tas de moyens pour prendre de la hauteur sur ce que tu vis et vivre pleinement ta vie en fait.

 

Olivier My: Ouais, je trouve que c’est un très bon conseil en tout cas. Super ! Et je te propose pour la dernière question, c’est que tu vas en sélectionner deux. Moi je vais les lire et c’est moi qui vais choisir.

 

Thomas Chopin: Ah ouais !

 

Olivier My: Parce-que moi j’ai envie de jouer aussi.

 

Thomas Chopin: Je vois ça ouais ! Après je te propose que j’en tire une et c’est toi qui réponds.

 

Olivier My: Si tu veux. Allez, on peut jouer à ça. Alors à quoi souhaite tu consacrer plus de temps ? Donc l’année prochaine ou dans le futur, première question. Et la deuxième l’année prochaine, quand tu regarderas les photos que tu as prises, qu’est ce que cela te dira ? Moi j’aime bien cette question là.

 

Thomas Chopin: Alors attends, parce que je réfléchis à quelle photo ? De quelle photo ?

 

Olivier My: C’est ça. C’est, tu regardes dans le futur, Imagine qu’on est ce jour là, mais l’année prochaine.

 

Thomas Chopin: Ah oui, d’accord, Ok.

 

Olivier My: Imagine les photos que tu auras prises.

 

Thomas Chopin: Ok, ça tombe bien, je viens de prendre une photo avec toi.

 

Olivier My: Exactement.

 

Thomas Chopin: Je retombe sur cette photo.

 

Olivier My: Par exemple. Qu’est ce que ça te dira ?

 

Thomas Chopin: Prenons celle là, tiens. Déjà parce que tu m’as influencé, donc je vais la prendre.

 

Olivier My: Tout à fait. C’est celle que je choisis pour toi. Donc vas y.

 

Thomas Chopin: Je pense que je me dirai que j’ai bien fait d’aller te voir ce jour là où on s’est croisé tous les deux par hasard et où tu m’as parlé de ton projet. Et je me suis fait bah moi en fait, j’ai envie de lui parler du mien de projet quoi. Je me dirais que c’est la concrétisation d’un hasard. On s’est rencontrés et on s’est dit essayons quoi. Essayons de faire un truc parce que finalement on s’est calé un rendez-vous, on s’est mis en ordre de marche pour réussir à le mettre en œuvre. T’as été très moteur là-dessus d’ailleurs ce qui était signe d’une vraie envie de le faire.

 

Olivier My: Et c’est une vraie décision.

 

Thomas Chopin: Ouais, voilà, c’est ça. Ouais mais bon, après tu sais des gens qui ont des paroles en l’air j’en connais aussi pas mal.

 

Olivier My: Oui, effectivement.

 

Thomas Chopin: Donc ouais, je me dirais justement, c’est bien, c’est la concrétisation d’un truc quoi. On a réussi à concrétiser quelque chose quoi.

 

Olivier My: Bah super! Du coup, tu voulais qu’on en tire une ? Plutôt de quel côté ?

 

Thomas Chopin: Tu veux le passé ou le futur ?

 

Olivier My: Peu m’importe. Il y en a plus dans le passé donc tu auras peut-être plus de choix si tu veux.

 

Thomas Chopin: Allez j’en prends deux dans le passé.

 

Olivier My: Et en plus il se donne le choix quoi, regardez-le !

 

Thomas Chopin: Alors qui voudrais-tu remercier ? T’as pas le droit de dire moi.

 

Olivier My: Ok.

 

Thomas Chopin: Non pas que je sois égocentré mais c’est tellement évident. Bon, et à quel moment as tu le plus ri ?

 

Olivier My: Ça sera plus facile pour moi de prendre le remerciement, parce que quand je t’ai sélectionné celle pour le rire, c’est que j’ai du mal à me souvenir des moments genre de fou rire. Par exemple, j’ai pas trop de souvenir comme ça. Puis moi j’ai une tendance à rigoler un peu de tout, donc du coup.

 

Thomas Chopin: Je te vois bien joyeux comme ça.

 

Olivier My: Ouais nan mais j’ai pas de moments précis comme ça qui me vient à l’esprit.

 

Thomas Chopin: Bah c’est cette question là que je vais choisir. Non, je rigole. Qui voudrais-tu remercier ?

 

Olivier My: Si je devais remercier quelqu’un.

 

Thomas Chopin: À quelqu’un à qui tu as envie de dire merci. Un Kudo.

 

Olivier My: Ouais bah tu vois, tu disais égocentré. Je pense que j’aimerais bien me dire merci pour une fois.

 

Thomas Chopin: Ah cool.

 

Olivier My: C’est parce que cette année, c’est une année très particulière pour moi, parce que je lance plein de choses pour la première fois, je me donne les moyens de faire des choses qui sont l’expression de ma propre identité et pas simplement drivée par le marché. Et cette volonté de passer de l’ombre à la lumière qui est un exercice qui est difficile pour moi, je trouve que ça m’apporte plein de belles choses et si je n’avais pas décidé de le faire, jamais on aurait été là tous les deux chez toi, encore une fois. Là je viens chez toi, j’ai passé quoi, 20 minutes sur ton scooter ?

 

Thomas Chopin: Ouais, carrément.

 

Olivier My: Accroché, tu vois.

 

Thomas Chopin: Je t’ai baladé à Nantes.

 

Olivier My: Il y a plein de choses que je n’aurais pas fait si je ne m’étais pas permis à moi-même de vivre ces expériences-là. Et donc bien sûr, il y a plein d’autres gens qui m’ont influencé, mais y’a un moment donné où, comme tu le disais, il y a une décision à prendre, et y’a un moment donné, il n’y a que toi qui peut prendre la décision de faire les choses. Donc voilà, c’est un peu égocentré, mais sous un certain angle, mais je pense qu’on se le dit pas assez quand on fait des choses comme ça.

 

Thomas Chopin: Exactement. Je suis assez d’accord avec ça. Oui, c’est très orienté sur toi, mais en même temps on se le dit pas assez quoi. C’est pas mal de se dire merci. Tu passerais ta journée à ça.

 

Olivier My: Oui, c’est ça.

 

Thomas Chopin: Tu vois, on en rediscuterait. Mais bon, écoute, se le dire une fois de temps en temps, ça fait du bien je pense.

 

Olivier My: En tout cas, merci pour cette opportunité de me dire merci.

 

Thomas Chopin: Moi je te remercie pour l’invitation que tu m’as offerte à venir te voir.

 

Olivier My: Pour l’invitation chez toi.

 

Thomas Chopin: Pour l’invitation chez moi. Participer à ce podcast, c’était une vraie belle expérience. J’adore!

 

Olivier My: Bah super! Et du coup, si il y a des personnes qui veulent continuer la papote avec toi, comment est ce qu’ils peuvent te contacter ?

 

Thomas Chopin: Moi je crois que moi je ne suis pas très réseau donc il y a qu’un seul point de contact je pense, ça doit être mon LinkedIn. Ils seront toujours les bienvenus, il n’y a pas de problème. Je suis assez disponible par message sur LinkedIn, ils me trouveront.

 

Olivier My: Ok bah super! Bah voilà, c’est l’heure de la fin. Merci encore Thomas pour ce partage et pour l’authenticité que tu as eu dans cette histoire. Et puis à la prochaine !

 

Thomas Chopin: Avec grand plaisir.

 

Olivier My: Salut !

 

Thomas Chopin: Salut Olivier, à plus !

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