#06 D’Historienne à Entrepreneure – changer de positionnement avec Pauline Alessandra

Description

Avez-vous déjà ressenti le besoin de réinventer votre carrière ou de vous lancer dans un projet qui semble hors de votre zone de confort ?

Dans cet épisode de « Change and Chill », Olivier My accueille la Dʳ Pauline Alessandra pour explorer comment elle a navigué à travers les méandres de sa carrière, jonglant entre l’histoire, la transformation numérique et le conseil stratégique.

Pauline Alessandra, récemment devenue docteure en sciences de gestion, est une consultante en positionnement stratégique basée à Paris. Avec une formation initiale en histoire, elle a su se réinventer à plusieurs reprises, passant de l’École Normale Supérieure à des rôles variés dans des entreprises comme Air France et IBM. Aujourd’hui, elle aide les entrepreneur.e.s à se positionner stratégiquement tout en continuant à nourrir sa passion pour l’écriture et la musique.

N’hésitez pas à laisser un message sur le répondeur du podcast : https://www.vodio.fr/repondeur/1273/

Séquençage du podcast

0:00:00 – Introduction et accueil de l’invité
0:00:24 – Présentation du Dr. Pauline Alessandra
0:01:17 – Parcours académique de Pauline
0:02:36 – Transition de l’histoire à la stratégie
0:04:43 – Déménagements fréquents et acceptation du changement
0:09:12 – Obtention du premier « oui » professionnel
0:18:06 – Expérience chez IBM et premières désillusions
0:25:53 – Retour chez Air France et missions de transformation
0:32:00 – Renaissance professionnelle et thèse de doctorat
0:46:00 – Expériences en start-up et licenciement
0:56:00 – Début de l’entreprenariat et Cambridge
1:08:24 – Élaboration de la méthode « solo empire »
1:20:00 – Conclusion et questions finales

Idées Clés

Le parcours atypique de Pauline Alessandra

Pauline Alessandra partage son parcours unique, passant d’historienne à consultante en stratégie. Elle illustre comment les compétences littéraires peuvent enrichir le monde du conseil en entreprise, en mettant en avant l’importance de la diversité des expériences pour se démarquer dans un environnement professionnel souvent homogène.

L’importance du changement et de l’adaptabilité

Pauline explique comment elle a navigué à travers différentes carrières en restant ouverte aux opportunités et en s’adaptant aux changements. Elle souligne que le changement, bien que parfois inconfortable, peut être une force motrice pour l’épanouissement personnel et professionnel.

La puissance de la conceptualisation

Grâce à son parcours académique, Pauline a développé une capacité unique à conceptualiser et à connecter des idées complexes. Cette compétence lui permet de se positionner différemment dans le conseil en stratégie, en apportant une perspective nouvelle et enrichissante à ses clients.

Le rôle du positionnement stratégique pour les entrepreneurs

Pauline a créé une méthode pour aider les entrepreneurs à définir leur positionnement stratégique. Elle met en avant l’importance de se différencier sur le marché tout en restant aligné avec ses valeurs personnelles. Cette approche aide les entrepreneurs à créer une histoire cohérente et à se démarquer de la concurrence.

L’importance de la passion et de l’épanouissement personnel

Pauline partage comment ses passions, comme le violoncelle, enrichissent sa vie personnelle et professionnelle. Elle insiste sur l’importance de poursuivre des activités qui apportent du plaisir et de l’épanouissement, même en dehors du travail, pour maintenir un équilibre sain et enrichissant.

Mots-clés

  • changement,
  • inspiration,
  • gestion du changement,
  • développement personnel,
  • transformation positive,
  • résilience,
  • adaptation,
  • histoires inspirantes,
  • croissance personnelle,
  • force intérieure,
  • surmonter les défis,
  • évolution personnelle,
  • mindset (état d’esprit),
  • réflexion et introspection,
  • légèreté et divertissement,
  • stratégie de vie,
  • conseils pratiques,
  • olivier my,
  • pauline alessandra

Olivier My: Bienvenue sur Change and Chill, le podcast où l’on parle de changement, simplement. Je suis Olivier My et avec mes invité.e.s, nous explorons comment le changement peut être une force positive dans nos vies. Des histoires inspirantes avec une touche de légèreté. Dans ce nouvel épisode, je reçois avec un grand plaisir le docteur Pauline Alessandra. Salut Pauline, Comment ça va?

 

Pauline Alessandra: Salut Olivier. Merci, ça va très bien. En plus, tu m’appelles docteur alors c’est parfait!

 

Olivier My: J’ai cru comprendre en fait que c’était maintenant comme ça qu’il fallait t’appeler. Donc voilà, je me plie un petit peu à ces règles là. Justement, est ce que tu peux nous en dire plus vu que c’est quand même assez neuf ?

 

Pauline Alessandra: Ça fait tout pile une semaine que j’ai soutenu ma thèse de doctorat en sciences de gestion. Et donc, d’après l’université de Montpellier, on a le droit de m’appeler docteur maintenant.

 

Olivier My: On a le droit. Et donc du coup, maintenant, tu demandes un peu à tout le monde de t’appeler docteur.

 

Pauline Alessandra: Mais tu sais que c’est très américain comme approche. Parce-que quand tu remplis un formulaire, ce que j’ai fait il y a quelques jours américains, tu as Miss Mrs. Doctor et Mx pour genderfluid je pense. Chose qu’on n’a pas en fait en France. En France tu as Monsieur, Madame quoi. Et donc, la première fois récemment où j’ai appuyé sur DR, j’avoue que ça fait un petit quelque chose.

 

Olivier My: C’est vrai. C’est vrai qu’effectivement je me rappelle de certains questionnaires où il y avait docteur et je m’étais fait la remarque. Bon après moi je ne me sens pas concerné sur le moment, mais c’est vrai que effectivement dans nos questionnaires à nous en France, on n’a pas ce truc là. Je suis très content de t’avoir pour plein de raisons, mais justement on a plein de choses à discuter ensemble. Est ce que avant de commencer, tu peux te présenter ?

 

Pauline Alessandra: Oui, alors je m’appelle Pauline Alessandra, j’ai 33 ans, j’habite à Paris. J’ai fait beaucoup de choses dans ma vie. J’ai eu la chance d’avoir une vie très riche et elle n’est pas terminée donc j’espère qu’elle va continuer à être tout aussi riche. Et aujourd’hui, je suis consultante en positionnement stratégique pour entrepreneurs et je fais aussi du conseil en stratégie et en transformation pour plutôt les grandes entreprises ou les ETI.

 

Olivier My: Ok, bon, déjà là ça pose les bases. Docteur, différentes activités et ce que je te propose, c’est justement on va un petit peu naviguer dans tout ça parce que dans le monde du changement, le changement c’est quelque chose qui est très large et j’ai l’impression que tu as eu aussi plusieurs vies dans le passé. Donc voilà, ce que je vais te proposer, c’est qu’on va déjà un peu naviguer dans le passé et voir un petit peu ce qui t’a fait arriver, où tu en es aujourd’hui. Et puis ensuite on va discuter un petit peu de justement ce que tu fais aujourd’hui, parce que je pense que il y a un grand intérêt en fait à discuter du changement que toi, tu cherches à générer et comment ça se passe avec ces fameux entrepreneurs.

 

Pauline Alessandra: Super!

 

Olivier My: Est ce que tu peux repartir un petit peu au début de ton aventure ? Du coup tu viens d’où ? Parce que moi, ce que j’avais cru comprendre et quand on s’est rencontrés, c’est ce que tu nous avais dit. Ok, maintenant tu fais du consulting en positionnement, un peu de transformation dans les entreprises, mais tu as commencé en tant qu’historienne, c’est ça ?

 

Pauline Alessandra: Ouais, exactement. Moi je suis normalienne, donc j’ai fait après un bac économique et social. J’ai fait une prépa littéraire pendant trois ans et j’ai intégré l’École normale supérieure de Lyon. Et c’est à ce moment là où tu te spécialises. Donc moi j’ai choisi l’histoire et j’ai fait un master d’histoire en histoire contemporaine et très exactement, j’étais spécialiste des politiques culturelles sous l’Occupation, donc j’étais vraiment sur la partie plus Histoire de Vichy Seconde guerre mondiale. Et à la fin de mon master, j’ai décidé de faire totalement autre chose, ce qui était un choix assez difficile et qui m’a bien pris la tête quand j’avais 21 ans ou 22 ans, je me souviens plus sur comment tu te réinventes alors que tu as été un peu un rat de bibliothèque toute ta vie et que en fait, quand tu es bonne élève, tu te poses la question de la classe supérieure quoi. Tu veux la mention au bac, puis après on te dit si tu es bonne élève, tu vas en prépa et puis si en fait tu réussis en prépa, tu peux essayer de décrocher ton concours. Puis quand t’es au bout du parcours, tu te dis bah en fait…

 

Olivier My: Qu’est ce que je fais maintenant ?

 

Pauline Alessandra: Ouais, en fait il y a toujours un concours. J’ai des anciens amis de Normale Sup qui passent tous les concours possibles. Une fois qu’ils ont Normale Sup, il faut passer HEC et après HEC, il faut passer l’ENA et après l’ENA, tu fais un autre concours de la fonction publique territoriale. Tu peux passer ta vie à passer des concours. Et moi j’étais arrivée en me disant bon, j’ai passé trois ans de prépa, un concours vraiment difficile, j’ai pas envie de repasser un concours quoi. Et quand tu fais des sciences sociales en France et que tu as ton master, se pose la question de l’agrégation qui est encore un autre concours qui demande encore une prépa. Et en histoire, c’est tellement difficile qu’il fallait faire, moi je misais sur deux ans de prépa donc là je me suis dit j’ai bac + 5, il faut que je fasse encore deux ans de prépa, puis 3 à 5 ans de doctorat en histoire. Et j’ai fait un calcul tout bête qui est 21 ans. Mais en fait, quand est ce que je vais toucher mon premier salaire ? Et quand est ce que je vais avoir un job que je ne subis pas ? Parce qu’une fois que tu as fait tout ça et que tu es content, la réalité c’est que la galère commence.

 

Pauline Alessandra: Puisque évidemment, il n’y a pas énormément de postes d’enseignants chercheurs en histoire et a fortiori en histoire contemporaine sur l’Hexagone. Donc tu es nommé là où tu peux. Donc tu peux faire du lycée pendant quelques années et après tu es nommé soit, je ne sais pas à Tours, à Angers. En fait, tu n’as pas la main sur la géographie de ta vie et ça, c’est quelque chose qui m’a vraiment marquée, où je me suis dit je ne veux pas subir des mutations et devoir me déraciner une nouvelle fois parce que j’ai beaucoup, beaucoup déménagé quand j’étais petite. Tu en parlais du changement, c’est ce qui fait que tu es. J’étais plus en capacité d’accepter des changements dans ma vie parce que j’ai déménagé quatre ou cinq fois. Donc quand tu as huit ans et qu’on te dit maintenant, tu prends tes cliques, tes claques, tes amis, tu leur dis au revoir, et puis on traverse la France et on va à l’autre bout. Et Internet n’existait pas au stade qu’on connaît aujourd’hui. Moi, je me souviens, j’ai envoyé des lettres à mes amis, tu vois. Enfin.

 

Olivier My: C’est vrai que j’avais ce souvenir là et c’est marrant. Comme quoi, il y a plein de choses qui traversent mon esprit. Mais si on reste sur les lettres, c’est quand même dingue. Moi je me rappelle avoir écrit des lettres aussi, mais j’avais ce plaisir de recevoir la lettre. C’est-à-dire qu’aujourd’hui quand tu reçois un mail, bah voilà, tu as un mail quoi. Donc il y a toujours ce petit truc quand même. Tu vois cette petite touche de Ah c’est quoi et tout, tu vois, ça devient un peu plus surbrillant sur ton Gmail ou un truc comme ça. Mais recevoir une lettre, t’as l’écriture de la personne, t’as plein d’aspects en fait qui sont beaucoup plus humains finalement. Non mais c’est vrai que ça me rappelle des bons souvenirs. Et l’autre aspect qui me paraît intéressant dans ce que tu dis, c’est il y a deux mots, deux mots qui m’ont marqué, c’est le un, c’est le il faut et le deuxième c’est subir. C’est à dire qu’effectivement dans le système français, il y a souvent quand tu commences à rentrer dans une filière. Donc moi j’étais dans une filière ingénieur au départ et ce que j’entends, c’est que c’est un peu pareil dans la filière dans laquelle tu étais, c’est qu’il y a un petit peu le Ok, tu as fait ça et ensuite il faut faire ça, et puis ensuite il faut faire ça, et puis en fait tu t’arrêtes plus ou moins jamais, et presque même ta vie, elle est tracée quoi. On te dit c’est ça que tu vas faire, c’est ça que tu vas faire, c’est ça que tu vas faire. Donc soit tu suis…

 

Pauline Alessandra: C’est vraiment le principe des cursus honorum, c’est à dire que si tu es bon dans le système, le système va te pousser jusqu’au bout, mais il n’y a pas de bout en fait. Tu peux toujours, tu vois là, moi je viens d’avoir un doctorat et puis tu découvres que c’est pas fini. Tu peux faire une carrière d’enseignant-chercheur, mais dans ce cas là, faudra refaire une recherche. Au-delà des recherches propres au métier, tu passes ce qu’on appelle l’HDR, l’habilitation à diriger des recherches, ce qui est la plus haute distinction. Donc tu penses que tu as eu avec le doctorat la plus haute distinction et en fait pas du tout. Il y en a encore une, là tu te dis mais c’est sans fin en fait. Quand est ce que je peux dire Ok, check, ça c’est bon. Et en fait, c’est moi la leçon que tout ça m’a enseigné, c’est quand toi tu décides que c’est fini et que ça l’est. Mais sinon c’est une roue infinie.

 

Olivier My: Mais je trouve que c’est justement là que c’est intéressant dans à ce moment là déjà de ton parcours, c’est que tu as eu cette capacité un petit peu à te réveiller du système. C’est à dire qu’en fait il y a beaucoup de personnes qui se réveillent du système entre guillemets, je caricature, mais autour des 40 ans, tu vois. Tu vois la crise de la quarantaine, il y a ce côté OK, j’ai passé entre guillemets la moitié de ma vie à suivre le système et tu vois, j’ai entendu des personnes, donc effectivement autour de la quarantaine qui me disaient : j’ai l’impression d’avoir fait ce qu’on attendait de moi, genre je sais pas, j’ai une famille, j’ai je sais pas, je suis médecin, voilà. J’ai un statut social qui est soit disant celui qui est bien dans le monde, en tout cas en France, je ne sais pas, j’ai deux enfants etc. Mais maintenant, je fais quoi de ma vie ? Quoi ? Il n’y a pas ce côté où j’ai pris ma main, enfin si, j’ai pris ma main aussi, mais j’ai pris ma vie en main. J’ai fait des choix. Et est ce que ces choix que je fais en fait, sont vraiment les bons pour moi et pour mon épanouissement personnel quoi ? Donc là, déjà, autour des 20 ans de ce que tu me dis, donc tu t’es lancée dans cette partie là, tu t’es dit Ok, je ne vais pas passer ma vie simplement dans les études. À 33 ans, tu étais encore la semaine dernière encore dans les études, mais on va en reparler. Et donc quand tu te dis ça, qu’est ce qui se passe ? Tu te dis Ok, je suis dans le monde de l’histoire à Lyon, donc c’est intéressant. Moi je suis lyonnais au départ d’origine, c’est encore quelque chose qui nous relie. Et tu te dis quoi ? Alors tu dis ok, je suis dans l’histoire, qu’est ce que je peux faire pour peut être pour avoir mon premier salaire vu que tu l’as évoqué ?

 

Pauline Alessandra: Moi je suis quelqu’un de très pragmatique dans la vie et en même temps très intellectuelle. Tu vois, c’est un peu mes deux ambivalences. Je regarde ce que j’ai sur mon CV techniquement et il y a rien. Objectivement, il y a deux jobs d’été dont un au musée de la Résistance et de la déportation dont on ne sort pas vraiment de l’histoire, tu vois ? Et j’ai été stagiaire cinq jours dans une librairie, quoi. Donc concrètement, est-ce qu’une entreprise va m’employer ? Non. Donc je me dis il est urgent de mettre des trucs dans mon cv, mais des trucs qui sont un peu intéressants. Et à cette époque, je revenais. J’ai passé un mois en Argentine où je me suis promenée et j’avais deux enjeux. J’avais mettre des trucs sur mon cv et gagner des sous puisque j’avais fini de vider mon compte bancaire dans ce voyage. Et j’étais arrivée à ce dilemme qui est je ne pense pas réussir à avoir les deux à la fois et de l’argent et de l’expérience vu où j’en suis dans ma vie, vu mon manque d’expérience, etc. Donc la première opportunité qui se présentera à moi, j’irais. Soit ce sera de l’argent, soit ce sera de l’expérience. Mais je m’étais vraiment dit c’est la première.

 

Olivier My: T’as quelque chose à y gagner quoiqu’il arrive quoi.

 

Pauline Alessandra: Exactement. Mais vraiment j’étais sur cette urgence. Tu vois qui est le premier qui me dit oui, ce sera le bon. Qu’importe si c’est McDo parce que j’ai vraiment postulé à McDo, parce qu’un McDo, tu gagnes de l’argent et c’était vraiment mon objectif. Tu vois.

 

Olivier My: Ils t’ont accepté ou pas ?

 

Pauline Alessandra: Ouais, mais tu vas voir, en fait ça s’est joué à 48 h. Peut-être qu’on se serait jamais rencontrés si ces 48 h là étaient arrivées avant.

 

Olivier My: On se serait rencontré au McDo quelque part.

 

Pauline Alessandra: Et donc j’ai postulé un peu partout. Mcdo, hôtesse de bar et aussi stagiaire dans 1 milliard de trucs qui n’avaient rien à voir. Sachant qu’en fait, certes, il y a écrit Ecole Normale Supérieure de Lyon sur mon cv, ce qui ouvre des portes et c’est pas négligeable. Mais ensuite, quand tu regardes concrètement, qu’est ce que j’ai fait ? Il faut me faire confiance quoi. C’est à dire que c’est pas évident quand tu dis elle sait faire des trucs, en fait tu ne sais pas puisque j’ai pas d’expérience, mais moi j’avais la conviction que je savais faire, mais c’est pas écrit quoi. Et j’ai eu de la chance, j’ai eu un cabinet de recrutement à Lyon qui venait de se lancer et qui disait bon, on a besoin de quelqu’un de couteau suisse. Elle a l’air assez débrouillarde. On s’est rencontré, humainement ça s’est très bien passé et ils m’ont recrutée et donc j’étais leur première stagiaire et ça s’appelle Humanae et ils existent toujours, ils sont formidables et ils m’ont dit tu vas nous aider dans notre com, tu sais écrire donc on a besoin de quelqu’un qui nous aide dans les rapports de recrutement et d’entretien de ci de là. Et puis tu vas nous être un support femme à tout faire quoi, mais de manière intelligente. C’était vraiment des excellents managers et ils m’ont mis le pied à l’étrier en me disant écris notre site web, fouille un peu le WordPress et vois ce que tu peux apprendre, fais nous une page sur les réseaux sociaux, écris tous les rapports que tu veux, etc. Donc j’ai eu ce stage qui m’a mis un truc sympa sur mon CV pendant six mois et qui m’a fait gagner par contre 700 € par mois puisque en gros salaire de stagiaire. 48 h après ce coup de fil qui me disait ok, c’est bon.

 

Pauline Alessandra: Après l’entretien, j’avais McDo qui m’appelait en me disant on vous recrute pour le McDo de machin, veuillez vous présenter machin. Et là, il y avait de l’argent à jouer puisque c’était l’un ou l’autre. Et donc je me suis dit bon, je peux durer encore comme ça un an avec mes 800 € par mois. J’avais de la chance, mes parents m’aidaient encore un peu à cette époque. Enfin, tu vois, j’étais dans de bonnes dispositions. Et c’est comme ça que ça a déclenché mon changement. Je me suis dit bah en fait, j’ai aimé me lever le matin et aller travailler dans une entreprise, chose que je n’avais absolument jamais faite de ma vie, sauf travailler dans un musée. Et j’ai aimé à la fois le recrutement, j’ai aimé ce qui était un peu ressources humaines et surtout j’ai aimé la communication numérique et c’est là où je me suis dit ok, j’ai un truc à jouer. Le numérique c’est une nébuleuse, je vois que ça m’intéresse, il y a des trucs à faire. Et donc je me suis inscrite à la fin de cette année là à un deuxième master à Assas qui était un master, qui est toujours un master de stratégie numérique et innovation, ça s’appelle aujourd’hui UNIC usage numérique, innovation, communication. Et c’est ça qui m’a lancée et pourquoi j’ai pris ce master ? Toujours avec cet objectif qui est je dois remplir les cases vides de mon cv. Et ce master proposait un cursus d’un an, Master deux enfin comme un master spé en fait, mais en alternance. Et donc j’étais sûr d’avoir une année d’expérience dans mon cv.

 

Olivier My: Ça remplissait les cases de à la fois de l’éducation et puis en même temps de l’expérience professionnelle.

 

Pauline Alessandra: Exactement. Ce qui me permettait d’avoir sur mon cv à la fois j’ai une belle école et en France dieu sait que c’est important donc les gens sont contents. Mais surtout j’ai fait quelque chose de mes dix doigts et c’est ce stage chez Humanae, donc ce cabinet de conseil en recrutement qui m’a permis de rentrer chez Air France où j’ai fait mon premier apprentissage. Et là, je commençais à cocher toutes les cases du milieu professionnel : la belle école, des stages formateurs, une grosse boîte, un an d’expérience. Et ensuite, c’était un boulevard.

 

Olivier My: Et après tu as commencé. Justement, c’est là qu’on voit que tu as loupé cette grande expérience des cheveux gras et des choses comme ça. J’espère que c’est pas un trop grand regret pour toi en tout cas.

 

Pauline Alessandra: Non, ça va.

 

Olivier My: C’est marrant. Comme quoi les choses se jouent pas à grand chose justement. C’est-à-dire que déjà à 48 h tu l’as dit. Mais ce que je trouve fascinant dans ton expérience et j’ai un peu vécu la même chose, c’est que j’ai l’impression que tu vois cette ouverture que tu as eu. Finalement, ça a été sur ce premier oui dont tu avais besoin.

 

Pauline Alessandra: Exactement.

 

Olivier My: Parce que un petit peu comme toi, moi au début, j’avais cette passion de vouloir faire ce que je voulais, mais j’avais l’impression que j’avais que des portes fermées mais que des portes fermées parce que sur mon CV, il n’y avait pas les lignes qui expliquaient entre guillemets, qui rassuraient les gens. Mais par contre en entretien et c’est l’intuition que j’ai et je me dis qu’en entretien, quand les gens me parlaient, ils se disaient il y a quelque chose avec cette fille là qui arrive. Mais par contre je ne comprends pas, il n’y a pas de cohérence avec ces lignes de cv. Et donc effectivement, moi je me rappelle, j’avais oscillé pas mal en entretien comme ça j’arrivais à la fin du processus, mais à la fin ils me disaient bah non, entre guillemets, on n’est pas prêt à y aller quoi. Et un peu comme toi, avant que je commence à ouvrir ma voie dans ce qui me plaisait, j’ai dû attendre ce fameux oui quoi.

 

Pauline Alessandra: Mais moi ça a toujours été mon drame et ça l’a été et c’est l’une des raisons pour laquelle j’ai monté mon entreprise. Mais on en reparlera après. Mais je passe jamais le cap du filtrage cv. C’est-à-dire que quand j’ai été licenciée de la startup dans laquelle j’ai travaillé après avant de monter ma société, je me suis dit bon ben je vais postuler dans des grands groupes, j’ai quand même un cv honorable quoi, je passe pas, je me suis pris mais cinq, six, sept rejets alors que je sais qu’à l’instant où je suis à la phase d’entretien, le job il est quasiment à moi. Je ne me suis jamais faite rejetée d’un entretien d’embauche. À chaque fois que je suis à l’entretien, on me propose quelque chose : soit le job, soit autre chose, soit enfin il se passe quelque chose dans la rencontre, mais sinon je me fais jeter à 80 ou 90 % des fois parce que je suis inclassable. Tu veux un communicant ? Il y aura un meilleur communicant que moi. Mais du coup, tu veux une gestion de projet ? Tu auras quelqu’un qui aura fait que de la gestion de projet toute sa vie et quelqu’un qui aura fait la bonne école de commerce avec le bon truc, etc. Et donc comme tu me vois avec mon truc d’historien, un peu de RH, un peu de IBM, un peu de machin, tu te dis oh là là, fille instable et hop je saute !

 

Olivier My: C’est marrant comme quoi dans l’esprit on va dire général. Effectivement, le fait d’avoir cette variété là, ça ne donne pas cette curiosité, au moins de rencontrer la personne. C’est à dire que avant même de te rencontrer, des fois tu es filtrée alors que tu le dis toi même, et c’est pour ça que j’avais cette intuition là, c’est qu’en fait, quand tu es en entretien, bah du coup ils se disent mais c’est qui elle en fait exactement? Qu’est ce qui l’amène à être telle qu’elle est alors qu’elle n’a pas fait soit disant le parcours idéal par rapport à ce qu’on cherche quoi ?

 

Pauline Alessandra: Exactement.

 

Olivier My: Et du coup, ce premier oui, là tu es allée le chercher comment ? C’est enfin tu vois, Humanae là comme tu disais, c’est quelqu’un que tu connaissais ?

 

Pauline Alessandra: Pas du tout. J’ai job-board sur internet, annonce on recherche un stagiaire qui ferait ça, ça, ça, ça, ça. Je me suis dit.

 

Olivier My: Pourquoi pas.

 

Pauline Alessandra: Oui, quand ils m’ont rappelée, pour être honnête, ils m’ont dit oui, bonjour cabinet Humanae. Ah ok. Mais comme j’ai postulé à 50 trucs, dont des choses dont j’avais absolument, enfin je m’en foutais royalement, mais juste c’était bien payé. J’ai fait Actor Studio quoi. Ah oui, bien sûr ! Quand ça ? Rappelez-moi l’adresse. Et puis après tu te précipites sur internet en disant Mon dieu, mais c’était qui ces gens quoi ? Et donc j’y suis allée en me disant ça va m’apporter l’un et l’autre. Et en fait c’était une super rencontre et c’est vraiment eux qui m’ont lancée. Ouais.

 

Olivier My: Ça veut dire que derrière quand même, tu avais cette non seulement ce courage de te confronter à des choses qui étaient nouvelles pour toi, et je trouve que déjà c’est pas mal. Il y a beaucoup de gens qui préfèrent rester aussi dans leur zone de confort. Mais voilà, toi tu avais déjà cette envie de Ok, il faut que j’ai de l’expérience, il faut que je fasse des choses, donc faisons des choses. Et puis derrière en fait cette conviction que il faut tenter le coup quoi.

 

Pauline Alessandra: Exactement.

 

Olivier My: Parce que voilà, tu connaissais pas les gens, est ce que tu vas y arriver ou pas ? Presque la question ne se pose pas c’est je vais y arriver. Quoiqu’il arrive, je vais me démerder.

 

Pauline Alessandra: Une sorte d’urgence où en fait quand tu sais que tu veux l’un ou l’autre, qu’importe la décision, tu te bouges quoi. Mais je me souviens arriver avec mon petit sac en faux cuir hyper mal sapée. Stressée comme jamais alors que c’était un truc de stagiaire. Et je me suis dit ils vont s’en rendre compte qu’en fait je suis une intello qui a passé deux ans au fin fond des archives de la ville de Lyon. Mais je sais rien faire de ce qu’il y a écrit sur la job desk quoi, tu vois ? Et en fait, ça s’est extrêmement bien passé. Ça s’est tellement bien passé qu’ils m’ont gardé en freelance pendant un an. Donc j’avais monté à cette époque ma petite auto-entreprise pour les aider à faire des trucs rédactionnels, un peu de réseaux sociaux. Et après, ils se sont structurés de manière pérenne. Ils ont pris quelqu’un pour le faire correctement et de toute façon, moi je n’avais plus le temps de poursuivre.

 

Olivier My: Mais du coup, ça veut dire que déjà à l’époque, là, c’est quoi ? Tu as 25 ans, quoi, dans ces eaux là ? C’est à dire que ça ne t’a pas fait peur de te mettre à ton compte entre guillemets ? Tu vois monter une auto-entreprise, tu vois, il y a une démarche légère, mais ça reste quand même de l’administratif. Tu commences à être à ton compte. Alors que la vie, la vie normale pour les gens, c’est quand même d’aller dans une entreprise, tu postules, etc. Et ça, ça ne t’a pas fait peur de.

 

Pauline Alessandra: Non mais parce que je considérais pas que ça allait être ma vie. C’était mon argent de poche. Donc si tu considères ça comme de l’argent de poche, tu ne mets pas de pression sur la chose.

 

Olivier My: Il n’y a pas d’enjeu, quoi. Et je pense que c’est important d’ailleurs, cette notion d’enjeu. Ça veut dire que ça te permet de tester des choses sans avoir la crainte de devoir réussir ou rater. Et tu le fais quoi, donc au final, c’est intéressant parce qu’aujourd’hui tu es indépendante.

 

Pauline Alessandra: Et je fais pareil.

 

Olivier My: Peut être qu’effectivement là, c’était la première pièce que tu as mis dans la machine quoi. Et donc si on continue le chemin. Donc là tu es rentrée donc en alternance, tu disais ?

 

Pauline Alessandra: Donc là, je suis apprentie chez Air France pendant un an. Ça se passe super bien, j’adore ! Je suis au service de la formation que tu connais du coup.

 

Olivier My: Effectivement, le fameux campus.

 

Pauline Alessandra: Exactement où j’ai travaillé pendant un an et on développe tout ce qui est formation numérique, réseaux sociaux interne. Donc là j’étais formatrice Yammer, le fameux outil Microsoft pendant un an. J’ai animé je sais pas combien de formations du coup. Etant ayant été formée comme pour être enseignant chercheur, tu as quand même un côté prof quoi. Enfin, mine de rien. Et donc je retrouve ça comme le goût de n’avoir pas un public, mais tu vois des élèves à qui tu dois expliquer des choses. Alors il se trouve que ces élèves, ils ont 50 ans, ils ont l’âge d’être mes parents et je leur apprends les réseaux sociaux d’entreprise quoi. Mais ça se passe hyper bien, mes formations sont pleines tout le temps quoi. Enfin.

 

Olivier My: Tu aimes bien ce côté prof du coup ?

 

Pauline Alessandra: Ouais, j’aime bien. C’est toujours un peu stressant, mais j’aime bien. Et à la fois on me propose un cdi que je décline parce que c’était dans la communication et je n’avais pas envie de faire une carrière de communicante. Sachant qu’en plus chez Air France en fait c’était très difficile de rentrer à l’époque parce qu’il n’y avait pas de poste, là un peu moins aujourd’hui, mais c’était vraiment on a cinq cdi dans l’année, il y en a un pour toi est ce que tu le veux ? Et moi j’ai eu l’audace de dire oh bah non merci, je vais aller ailleurs, tu vois. Et je suis rentrée chez IBM comme consultante en transformation numérique, ce qui était plus ça que j’avais envie de poursuivre comme carrière. Travailler sur des problématiques de digitalisation, tu vois, pas de communication. La communication numérique, ça m’intéressait, mais ce qui m’intéressait, c’était le numérique dans la dimension. Et j’ai été consultante pendant plus d’un an. Et alors ce qui est très très drôle, petite anecdote, mais j’ai eu mon premier client, c’est public, donc je peux le dire, c’était l’EM Lyon qui avait un grand programme de transformation digitale et le directeur de l’époque, c’était un professeur qui gérait ça et puis d’autres évidemment sa carrière de chercheur. Et ce professeur, je l’ai retrouvé il y a une semaine dans mon jury de thèse.

 

Olivier My: Ah, c’est fou ça! Comme quoi ça date. Donc ça date de combien de temps ?

 

Pauline Alessandra: De 2015.

 

Olivier My: Dix ans quoi du coup ?

 

Pauline Alessandra: Et dans son discours introductif, ensuite, c’était un de mes rapporteurs de mon doctorat. Il a commencé par dire oui j’ai eu la chance de rencontrer Pauline il y a dix ans, dans un contexte professionnel. Et en fait, on avait gardé, et c’est en partie lui qui m’a donné envie de faire un doctorat puisque on avait eu cette discussion qui était est-il possible de travailler, de faire un doctorat ? Il m’avait dit non. Et du coup, moi, dans mon discours de fin de thèse, j’ai dit merci pour cette discussion qui a allumé l’étincelle et qui m’a montré que certes…

 

Olivier My: Le challenge.

 

Pauline Alessandra: C’était impossible. Mais vous voyez, on est là tous les deux. Et je l’ai fait.

 

Olivier My: Challenge accepted !

 

Pauline Alessandra: Exactement. Mais ça date de 2015 et on se retrouve dix ans après où je peux le dire. Et t’as vu !

 

Olivier My: C’est marrant comme quoi cette discussion. En tout cas, l’intérêt des conversations qu’on peut avoir et comment elles peuvent shifter…

 

Pauline Alessandra: Complètement.

 

Olivier My: Le fameux 1/60 dont on entend parler souvent aujourd’hui peut nous guider d’une certaine manière ou tous les chemins qu’on fait à un instant T peuvent se rejoindre à un autre instant de notre vie. Donc ça c’est très marrant quoi. Et donc du coup, effectivement, Air France Alternance, ensuite tu pars pour faire de la transformation et tu vois si je reprends un peu le chemin, histoire ok, résistance et tout, tu vois. Donc je vois un peu l’image que j’ai dans ma tête, c’est la boue, enfin tu vois ce truc là. Puis ensuite tu fais un petit peu de réseaux sociaux, tu dis donc en alternance et transformation, enfin tu vois c’est quoi le trajet qui a fait le lien ?

 

Pauline Alessandra: C’est le numérique.

 

Olivier My: En fait, c’est le numérique qui fait le lien.

 

Pauline Alessandra: Et je l’ai vraiment fait au campus d’Air France puisque le campus d’Air France, tu apprends aux gens à se servir d’outils numériques pour améliorer leurs process, leurs performances et leur qualité de vie au travail. Et ça, c’est un programme de transformation digitale en fait. Et je me suis dit c’est pas le. C’est pour ça que j’ai refusé ce poste à la communication. C’est pas le numérique au service du marketing ou de la communication qui m’intéresse, c’est en fait le processus interne qui est l’usage du numérique au service de l’amélioration de quelque chose ou de quelqu’un. Et ça, c’est de la transformation digitale. Ce qui était très à la mode. Et ce qui l’est un peu moins aujourd’hui parce que maintenant on va plus parler de transformation avec l’IA, etc. Mais ça reste un processus de passer de A à B. Comment tu y vas quoi. Et avec des programmes de conduite du changement, etc. Et comme c’est ça qui me plaisait bien chez IBM, c’était un boulevard. Ce n’est que ça en fait. Tu implémentes des outils ou des programmes avec des outils IBM et tu contribues à la transformation digitale d’une entreprise ou d’une école de commerce. Et ça, c’était vraiment intéressant. Et c’est ce qui, tu vois donc ça fait geekerie très personnelle. J’ai mon site web, mon blog, mon truc machin, réseaux sociaux, réseaux sociaux, réseaux sociaux d’entreprise et programmes de transformation digitale Reverse mentoring. Comment, parce que tu es un petit jeune qui comprend comment fonctionnent les réseaux sociaux. Tu vas aider un DG, j’avais aidé le DG d’Air France dans sa stratégie personnelle numérique dans un programme de reverse mentoring et après la transformation digitale et ensuite la transformation tout court. Donc c’est un chemin que j’ai fait par le numérique, en fait.

 

Olivier My: Par le numérique. Et donc du coup, IBM, tu disais un an, donc c’est aussi court.

 

Pauline Alessandra: Oui.

 

Olivier My: Et qu’est ce qui a fait qu’encore une fois tu t’es dit tiens, je vais aller ailleurs ?

 

Pauline Alessandra: Plusieurs choses. La première, c’est que je me suis rendue compte que je n’aimais pas le consulting. Alors j’en suis revenue parce que maintenant, c’est mon métier. Donc tu peux te dire, c’est paradoxal, ce n’est pas le consulting que je n’aime pas, c’est la vente de temps. J’avais du mal à me dire et quand tu es junior, tu fais ce qu’on te dit. On t’a vendu dix jours, tu es prié de faire ton travail en dix jours. Le problème, c’est que moi je faisais mon travail en cinq six et j’avais quatre jours où je m’asseyais à un endroit stratégique du plateau pour qu’on ne voit pas mon écran. Et je faisais autre chose juste parce que.

 

Olivier My: Dix jours avaient été facturés.

 

Pauline Alessandra: Exactement.

 

Olivier My: Donc je suis priée de le faire en dix jours. Et quand je levais la main en disant Je pourrais faire autre chose, on me disait Bah non, parce que si tu fais autre chose, il va falloir le facturer. Du coup, c’est une autre facturation. Mais les gens ne vont pas comprendre pourquoi tu fais ça. Et là, je devenais schizophrène en fait en me disant mais je ne peux pas faire semblant de travailler en fait. Et je ne vais pas faire semblant de travailler moins vite. Soit, j’ai un problème de charge, vous me mettez pas assez. Soit il y a un problème d’organisation, mais il y a un problème, quoi. Et quand je lève la main et qu’on me dit non, non, reste tranquille. Là, ça m’était insoutenable. Donc ça, c’était la première chose. Seconde chose, c’est que j’ai beaucoup été à Lyon. Et moi je vivais à Paris. Toute ma vie était à Paris. Donc je prenais le train de 5 h et demie le lundi et je revenais le jeudi soir à 22 h. J’avais le vendredi où je faisais mes notes de frais et le Week-End à Paris. Et j’ai fait ça pendant neuf mois.

 

Olivier My: Donc à cette époque là, quand tu es partie à IBM, donc Air France, bah du coup effectivement, c’était à Paris. Mais quand tu faisais tes études avant d’histoire, tu habitais à Lyon où tu étais déjà à Paris.

 

Pauline Alessandra: Non, j’étais à Lyon. J’ai quitté Lyon à la fin de Normale Sup pour aller faire ma formation en apprentissage plus Air France. Et ensuite je suis restée à Paris.

 

Olivier My: Tu es restée à Paris.

 

Pauline Alessandra: Exactement.

 

Olivier My: Et donc il s’avère juste que tu avais des clients qui étaient à Lyon.

 

Pauline Alessandra: Exactement. Je faisais des allers retours et j’ai fait ça pendant huit mois et mon déclic, ça a été l’odeur de l’hôtel. Alors tu te dis qu’est ce qu’elle raconte ? J’arrivais. J’arrivais à l’hôtel, c’était toujours le même et l’odeur du hall d’entrée qui avait une odeur caractéristique de je ne sais pas quoi me faisait sentir à la maison. Tu sais ce moment où tu rentres chez toi, tu ouvres la porte, tu te dis home sweet home.

 

Olivier My: Oui, exactement.

 

Pauline Alessandra: Je n’avais plus ça chez moi, mais je l’avais en passant la porte coulissante de l’hôtel où je me disais Ah c’est bon, je suis bien, on va me donner. La clé m’attendait. Madame Alessandra. Troisième étage, comme d’hab. On sait que vous voulez l’étage où il y a des baignoires. Vous nous dites ce qui va. On vous attend, comme d’hab.

 

Olivier My: Tu es une femme à baignoire alors.

 

Pauline Alessandra: Ah, j’adore ça !

 

Olivier My: Le petit détail qui n’est pas passé à la trappe.

 

Pauline Alessandra: Non mais c’est exactement ça. Et donc là, tu te dis bah en fait, c’est chaud de se sentir chez soi dans une chambre d’hôtel et pas chez soi. Et donc j’avais demandé à mon employeur à l’époque deux choses. Un d’être rapatriée en Ile de France pour juste rentrer dans mon lit le soir. Et deux de quitter le secteur de l’éducation et de tester un autre secteur d’activité puisque je ne voulais pas être la madame normalienne qu’on met dans.

 

Olivier My: Les écoles.

 

Pauline Alessandra: Parce que ça passe très bien. Donc c’est un bon argument de vente. Mais moi, j’avais envie de faire du conseil aussi pour me tester sur d’autres industries. Et on m’a dit Super, tu vas les faire les propales pour l’université Paris-descartes. J’ai fait mais !

 

Olivier My: C’est une école quand même.

 

Pauline Alessandra: Alors j’ai 50 % de mes exigences et j’ai une boîte comme IBM. Ça me paraissait pas abusé de demander un secteur d’activité autre qu’un secteur d’activité mineur quoi, tu vois ?

 

Olivier My: Surtout qu’ils doivent avoir un portefeuille qui est tellement énorme. Et justement, c’est ça l’intérêt aussi d’aller chez eux.

 

Pauline Alessandra: Mais j’étais la normalienne du coin et c’était pratique. Donc je me suis dit bon, là ça ne va pas. Et je m’entendais pas très bien avec le management de l’époque. Donc ok, fair enough. Et à cette période, Air France me rappelle en disant on ouvre un poste de jeune cadre, donc de débutant quoi. Sur des projets de transformation digitale, postule. Et j’ai fait ok. Chance de ma vie, j’arrive. Donc j’ai fait la lettre de motivation au carré. Un cv incroyable. Enfin j’ai vraiment tout donné et j’ai eu le poste. Et c’est comme ça que je suis retournée chez Air France. Donc là on est en 2017.

 

Olivier My: Oui, donc en fait tu retournes chez Air France en interne ?

 

Pauline Alessandra: Exactement. En cdi, et donc j’y reste pendant six ans.

 

Olivier My: Oui donc là pour une fois dans le trajet tu te dis ok, là j’ai vraiment un truc qui semble me botter. En plus, tu as accumulé quand même de l’expérience le fait d’être allée quand même en consulting. On a beau dire.

 

Pauline Alessandra: J’ai tout appris là-bas. Pour le coup, ce n’était pas une bonne expérience humaine, mais techniquement c’était une expérience où j’ai tout appris quoi.

 

Olivier My: Ouais. C’était ce que je me suis dit aussi. Je m’étais dit ça quand j’ai commencé ma carrière. J’avais commencé ma carrière dans un grand groupe américain. C’est juste que typiquement j’ai pas appris grand chose là bas. Donc je suis allé dans un truc très gros parce que je me suis dit justement, ils doivent avoir un truc très structuré, etc. Au final, j’ai plus appris ailleurs, mais. Mais je peux comprendre que ça puisse être très formateur pour certains quoi.

 

Pauline Alessandra: Bah moi encore une fois, je venais de Normale Sup Histoire, donc tout m’aurait paru formateur.

 

Olivier My: Oui, effectivement.

 

Pauline Alessandra: Sachant qu’en fait j’étais un alien, je ne venais pas de ce monde là. Donc en fait, c’était facile de m’apprendre des trucs puisque je partais de zéro.

 

Olivier My: Mais tu as quand même développé cette capacité à apprendre et cette curiosité naturelle déjà de lire, je suppose que déjà c’est. C’est quand même énorme comme compétence aujourd’hui. Et d’accumuler finalement de la connaissance et de réussir à la mettre en contexte. Parce que tu vois, avoir cette conversation, tu aurais très bien pu rester dans ton cadre littéraire à parler de choses superficielles alors que justement ton pragmatisme a fait quand même la différence.

 

Pauline Alessandra: Oui, exactement. Et ça, c’est je pense, une de mes qualités et c’est quelque chose que peu de gens ont. Et je trouve que c’est dommage. C’est être un caméléon. C’est à dire que tu me mets dans un milieu de l’Opéra de Paris en train de discuter avec une coupe de champagne. Je tiens la route. Tu me mets avec des développeurs à parler de dev, je tiens la route, tu me mets avec des anciens chercheurs en gestion, je tiens la route. Tu vois, c’est parce que j’arrive à m’adapter à mon milieu. Ce qui me demande un effort surhumain de le faire parfois. Mais ça passe. Et donc c’est ce qui fait que les gens comme ils ont l’impression que je fais partie de leur écosystème, oublient. J’ai eu ça pendant ma thèse, oublient que je ne viens pas de là et donc ne comprennent pas comment j’arrive à mobiliser des connaissances ou des compétences qui sont complètement externes à ce milieu là, ou me prennent pour un alien parce qu’ils voient bien qu’il y a un truc qui ne va pas quoi. Je vais donner un exemple concret. Pendant ma soutenance de thèse, il y a un des professeurs de mon jury qui m’a dit mais j’ai eu l’impression de lire une thèse de littérature. Où avez vous appris à écrire ? Sous-entendu une thèse de gestion est généralement écrite. Bof bof.

 

Olivier My: Enfin, c’est écrit correctement.

 

Pauline Alessandra: Oui. Et comment avez vous pu avoir le temps de travailler, d’écrire une thèse et plutôt une bonne thèse, et en plus que la qualité littéraire soit supérieure à la moyenne ? Du coup, ça a flatté mon égo, tu vois, je me suis dit oui oui je suis bien.

 

Olivier My: Mais des fois il faut aussi, il faut accepter.

 

Pauline Alessandra: J’ai pris le compliment. Puis après j’ai quand même expliqué la mystification qui est non, je ne suis pas un génie, vous avez juste oublié la moitié de ma vie. Je ne suis pas née, je n’ai pas fait une école de commerce où j’ai travaillé à partir de 20 ans, en faisant des stages, etc. J’ai fait une prépa littéraire Normale sup.

 

Olivier My: Je viens de là quand même.

 

Pauline Alessandra: Exactement.

 

Olivier My: C’est ça mon milieu d’origine en fait. Et ça m’a fasciné de me rendre compte à ce moment là, dans un moment assez intense de ma vie, où il y avait une erreur de lecture sur mon parcours, alors qu’il y a écrit dans ma thèse que j’ai fait Normale Sup de l’histoire, etc. Et il y avait une erreur d’analyse de mon parcours en oubliant cette part fondamentale qui est ce qui m’a construit et ce qui m’a appris à penser, à réfléchir, à écrire et de s’imaginer que j’ai fait de la gestion toute ma vie et. Et du coup, il y a un truc qui ne colle pas, qui est le niveau littéraire quoi.

 

Olivier My: Ce qui est intéressant parce qu’au final, les gens vont voir ce qu’ils voient, c’est à dire qu’ils vont rester là où tu es maintenant, alors qu’effectivement toute l’histoire qui est derrière fait que tu es unique, même si tu as peut être le même titre que quelqu’un d’autre. Tu es docteur Pauline Alessandra mais même si d’autres personnes ont la même chose, leurs histoires font quand même que il y a une différence dans leur parcours, dans la manière d’appréhender la chose, quoi.

 

Pauline Alessandra: Et il m’a dit « Normalement, les consultants écrivent mal. C’est plein de mots, bullshit, creux et vous tous les mots sont précis. » Ciao! Oui, parce que je suis une fausse consultante. Je ne suis pas une praticienne qui a appris à devenir chercheuse. Je suis une chercheuse qui a abandonné pour être praticienne et qui, à un moment donné a repris. Mais du coup, le terreau fertile du début, il est toujours là quoi. Et donc ça joue en ma faveur parce que les gens oublient. Et donc je les surprends par une qualité de livrable final supérieur à ce qu’ils imaginaient. Donc comme ils me sous estime et que moi je sur-délivre. Alors là, il y a un effet waouh qui marche à chaque fois et sur lequel moi je surfe. Tu vois.

 

Olivier My: Il vaut mieux que ce soit dans ce sens là en même temps.

 

Pauline Alessandra: Exactement.

 

Olivier My: Mais ça m’étonne toujours à quel point les gens parfois me sous-estime. Et je ne m’en plains pas, parce que c’est ce qui fait que derrière, il y a un bel effet quand j’ai envie de faire un tour de magie quoi tu vois, c’est le truc qui est sous leurs yeux, ils ne le voient pas.

 

Olivier My: Tour de magie.

 

Pauline Alessandra: Non mais c’est vrai, tu vois.

 

Olivier My: Le lapin, voilà.

 

Pauline Alessandra: Le lapin, il était vraiment assis à côté de toi, juste t’as décidé de ne pas le voir en fait.

 

Olivier My: Depuis tout à l’heure je le caresse le lapin, je ne comprends pas, tu ne le voyais pas, etc. Mais effectivement, je trouve que la beauté de ce que tu nous dis, c’est qu’effectivement se passer d’histoire qui n’est peut être pas si commun dans on va dire dans les environnements dans lesquels tu peux naviguer aujourd’hui, de consultant etc ou autres. C’est aussi aujourd’hui la grande force de différenciation que tu as. Et aujourd’hui, ça veut dire que tu réussis quand même à utiliser le levier qu’il y a derrière. Parce que au final, on pourrait très bien avoir une personne qui est historienne ou je vais plutôt dire enseignant-chercheur. L’histoire c’est une chose, mais tu vois juste le poste d’enseignant chercheur parce que les gens qui sont parfois trop dans la recherche, moi j’en ai eu des profs qui étaient enseignants chercheurs et on sent qu’ils ne sont pas profs, ils sont enseignants chercheurs, tu vois. Et je pense que dans le monde, en plus de l’entreprise, si tu étais juste restée enseignante, chercheuse, tu vois, et que tu devais expliquer des choses, ça se trouve, tu aurais justement apparu comme la personne qui est pas du tout pragmatique parce qu’elle a effectivement des mots très précis, mais elle est dans son monde quoi. Le monde qui n’est pas le monde réel. Et donc tu as réussi à toucher aussi le cœur du problème des gens pour te mettre à un niveau qui est non seulement d’expertise en termes de vocabulaire et de qualité de livrable, mais aussi de pragmatisme pour toucher en fait aux objectifs des personnes.

 

Pauline Alessandra: Mais ça, ça s’apprend. C’est à dire que ce n’est pas inné, tu vois. Je pense qu’il y a une part de ma personnalité qui est comme ça et qui est à l’aise à la fois dans des trucs très conceptuels et en même temps qui a toujours été ancrée sur quelque chose de très pragmatique. Mais j’ai aussi pris des baffes, tu vois. Je me souviendrai toute ma vie en réunion dans la start-up dans laquelle je bossais. Je leur parle de « stigmatisation organisationnelle » qui est un concept très connu dans la littérature en management, mais juste « stigmatisation organisationnelle », sorti comme ça de but en blanc dans une réunion, les gens se sont arrêtés, m’ont regardé et ils ont ri en disant Ah, c’est l’intello qui intellectualise en fait. Tu vois, c’est Pauline is being Pauline quoi. Et t’es là mais en fait non, il y a un vrai sens derrière. Il y a un message que j’essaye de faire passer. Et le fait qu’il se marre, moi ça m’a vexé comme un pou, tu vois.

 

Olivier My: J’imagine ouais.

 

Pauline Alessandra: Il y a une part de moi qui s’est révoltée en disant mais vous êtes tous cons et restez cons. Tu vois ? Et donc du coup tu dis.

 

Olivier My: Restez avec votre médiocrité !

 

Pauline Alessandra: Mais tu vois, il y a un truc très égotique qui commence et qui est t’as pas envie de qu’on ait une discussion importante sur un sujet important ? Bah écoute, va te faire voir quoi. Et il y a une partie de moi qui disait mais en fait c’est juste de ta faute si t’avais pas utilisé des grands mots et des grands concepts et que tu avais fait passer le message différemment, alors la qualité de ce que tu avais envie de dire serait passé. Tu aurais réussi à faire ce débat. Donc il a fallu qu’on se moque de moi aussi. Tu vois. Et qu’on me reproche d’être trop intello, ce qui a été longtemps un peu moi, ma qualité et mon défaut quoi. Et donc je l’ai longtemps vu comme un défaut avant qu’on m’aide à le voir comme une qualité. Mais c’est aussi toujours une question de positionnement sur comment tu fais passer un message en t’adaptant vraiment à l’audience que tu as en face de toi. Quand tu es avec des enseignants-chercheurs, tu parles de stigmatisation organisationnelle. C’est comme parler d’un café quoi, tu vois ? Mais par contre, en plein milieu d’une réunion sur des choses très opérationnelles où personne ne comprend de quoi tu veux parler, tu balances ça, ça fait un pavé dans la mare quoi.

 

Olivier My: Il y a des choses qui émergent dans ma tête avec ce sujet là, c’est que un effectivement pour affiner notre compétence, soit on est un génie et auquel cas tu vois on réussit à toucher toujours pile poil ce qu’il faut etc. Mais des fois on a besoin de recevoir des coups. Le coup ça nous permet juste de nous remettre dans les rails à un instant T. Donc en fait, au final, c’est une sorte d’erreur. Et encore une fois, c’est contextuel. C’est à dire que est ce que tu as fait une erreur en tant que tel non, mais ça a été considéré comme étant, ça a été mal reçu à ce moment là, mais c’est ce qui t’as permis de réajuster, au moins de te poser des questions, ce qui est déjà énorme. Ça veut dire qu’il y a des gens qui auraient juste pu rester au « de toute façon, ce sont tous des cons » et je me barre potentiellement ou je vous fais la tête ou etc. Bref, ça c’est un premier aspect qui me paraît vachement important dans ce que tu dis, c’est que en fait, recevoir des coups ça fait partie du jeu et en fait recevoir des coups tant que ça nous fait pas trop trop mal en fait ça peut être apprenant.

 

Olivier My: Et le deuxième aspect que je trouve intéressant et je ne sais pas ce que tu en penses, mais il y a beaucoup de personnes dans leur métier qui n’ont pas forcément une culture ou qui ne se forment pas au-delà de simplement ce qu’on leur demande de faire. Ce qui fait que quand tu commences à amener des thématiques comme ça, conceptuelles, au lieu d’avoir la curiosité de se dire mais c’est quoi ce truc ? Et en fait, je suis curieux de savoir ce que c’est parce qu’il s’avère que je ne connais pas. Il y a un peu une sorte de défense automatique qui se met en œuvre face à de l’intellect. Et je ne sais pas trop ce que toi tu as pu voir en entreprise mais c’est vrai que moi j’ai l’impression des fois que les gens sont très la tête dans le guidon quoi. Ils font ce qu’ils ont à faire. Mais cette ouverture intellectuelle de se former, d’avoir cette curiosité, c’est pas quelque chose qui est super naturel.

 

Pauline Alessandra: Non et c’est aussi très français dans le sens où tu vois comme l’éducation est gratuite, ce qui est une très bonne chose, on considère ça comme un acquis et dès qu’il faut commencer à payer pour une éducation, tu as l’impression que ce n’est pas normal puisque tu as passé 20 ans à avoir des études gratuites. Même 25 si tu comptes, si tu as fait une fac et que tu as payé 300 € ton année quoi. Donc tu as un rapport au savoir qui est complètement biaisé parce que tu le considères pas comme un privilège, mais presque comme un dû. Et donc je me souviens me faire moi-même la réflexion de me dire en entreprise, on me forme pas assez, c’est à l’entreprise de me former, tu vois ?

 

Olivier My: Elle me donne pas assez quoi.

 

Pauline Alessandra: Oui, d’être dans une logique très attentiste sur le savoir. Et ça je pense que c’est une première chose. Et après on a un rapport aussi très français, ce qui fait la qualité, je pense de nos chercheurs puisqu’on est très théoriciens. Tu vois, quand tu regardes en mathématiques, on est parmi les meilleurs au monde sur les mathématiques fondamentales, tu vois, parce qu’on a une capacité de conceptualisation très forte et qui nait très tôt. Quand tu regardes le système scolaire, il est vraiment construit comme ça, mais ça crée une défiance énorme. Quand en fait, tu te rends compte que au travail, ça c’est pas considéré comme une source de performance. Ce qui va être la source de performance, ça va être la qualité des livrables, leur rapidité et ta capacité d’exécution, etc. Il faut attendre quelques années de monter dans l’échelle hiérarchique avant que cette capacité…

 

Olivier My: Un peu stratégique.

 

Pauline Alessandra: Oui, exactement. La conceptualisation, c’est juste une capacité stratégique et comme c’est réservé aux managers, aux top managers, etc. Ben le faire trop tôt c’est soit tu mets les gens en difficulté parce qu’ils ont l’impression et j’ai déjà eu ce cas avec des managers qui se sentent un peu en danger parce qu’ils se rendent compte que en fait tu as les mêmes capacités qu’eux voire mieux intellectuellement, mais simplement ça les insécurise eux et donc là, tu as une relation bizarre, soit tu es dans une situation où on te dit bon elle est dans la lune quoi. En gros, le conceptuel c’est trop théorique, tu vois, c’est ce qu’on dit tout le temps, tu es trop académique. J’ai mis du temps à comprendre que le trop académique voulait dire ce n’est pas assez concret et ce n’est pas assez proche de problématiques opérationnelles du quotidien.

 

Olivier My: Je ne comprends pas pourquoi tu me dis ça alors que j’ai l’impression que ça n’a rien à voir.

 

Pauline Alessandra: Exactement. Alors qu’en fait c’est juste que le lien ne se fait pas parce qu’il n’est pas compris. Et donc tu as cette défense qui a quand même été longtemps la mienne, qui est vous êtes tous des cons. Et puis après tu as le bon, ok, pourquoi je n’arrive pas, moi, à vulgariser ou à rendre les choses, à faire le pont entre les deux. Et ça, c’est extrêmement difficile.

 

Olivier My: Et du coup, tu as eu cette expérience d’un chef où tu sentais que tu l’avais mis en insécurité justement par ces concepts que tu amenais ?

 

Pauline Alessandra: Oui, et c’est très difficile à vivre parce que…

 

Olivier My: Ça te bride.

 

Pauline Alessandra: Oui, j’ai mis du temps à comprendre que je n’étais pas responsable de l’insécurité de l’autre. Mais je veux dire, je l’ai compris l’année dernière peut être. Tu vois. Donc maintenant que je suis entrepreneure, ça me sert avec mes clients pour si tu veux signer un client, tu as intérêt à ce qu’il ne se sente pas insécurisé en ta présence quoi.

 

Olivier My: Oui, tout à fait.

 

Pauline Alessandra: Et en même temps, je ne comprenais pas pourquoi les gens me disaient Mais en fait, je ne sais pas, j’ai 26 ans, 27 ans, j’ai 1 milliard de trucs à apprendre, pourquoi on n’arrive pas à avoir un débat serein ? Pourquoi tu te mets dans une position où c’est des adultes entre guillemets, qui ont 45 50 ans, qui sont insécurisés face à quelqu’un qui pourrait être leur fille quoi. Et ça, en fait, je le dis que je l’ai compris, je ne l’ai jamais compris, mais j’ai fait avec. Et donc je me suis dit bon ben en fait, peut être que j’ai touché du doigt un truc, tu vois, leur propre syndrome de l’imposteur ou un traumatisme dans l’enfance je ne sais pas quoi où, mais on n’arrivait pas à être sur la même longueur d’onde quoi. Et moi, à un moment donné, je ne peux pas être comme un lion en cage quoi. Faire semblant que je ne suis pas qui je suis, Ce n’est pas possible.

 

Olivier My: Oui bah déjà de toute façon, on le voit bien dans ton parcours. On a voulu t’enfermer à te trouver un parcours avec des examens, des choses comme ça. Déjà, tu les passes. Jusqu’à encore aujourd’hui, c’est pour dire quand même. Donc effectivement, je pense que t’enfermer comme ça c’est intéressant parce que ça montre bien la difficulté relationnelle parfois qu’on peut avoir avec cet intellect qui fait partie de toi, de ta formation et puis de qui tu es aujourd’hui et comment est-ce qu’elle peut être appréhendée, c’est à dire qu’il y a une différence entre avoir cette intention de mettre mal à l’aise les gens, la perception que les gens ont quand tu sors justement cette « stigmatisation organisationnelle », tu vois, et puis ensuite comment tu crées la relation pour expliquer Ok, moi j’apporte ça sur le plateau que peut-être vous n’aviez pas, mais comment est ce que ça peut être utile à tout le monde ? Et puis toi aussi tu t’adaptes etc. Donc c’est vraiment un changement de regard aussi sur la diversité.

 

Pauline Alessandra: Mais il faut aussi savoir quand est ce que tu n’es pas à la bonne place. Moi je me suis aussi beaucoup suradaptée et à un moment donné, j’allais au travail avec la boule au ventre et le jour où j’ai su que j’allais partir d’Air France, c’est le jour où je suis monté dans le RER et j’avais eu envie de pleurer. J’avais vraiment les larmes aux yeux en me disant mais il est 8 h et demie du matin, je suis dans le RER B j’ai pas envie d’y aller, j’ai pas envie de voir les gens que je vais voir dans 1 h. J’ai pas envie de travailler sur les sujets sur lesquels on m’impose de travailler. En fait, y a rien qui va. Alors c’est un sport de riches de dire ça parce que je suis bien payée, je ne suis pas avec des gens méchants, je ne suis pas dans un environnement toxique, je ne suis pas harcelée, tu vois, mais tu as un désalignement ou je me suis dit en fait cette place elle est super, mais elle est juste… C’est pas la mienne en fait, c’est celle de quelqu’un d’autre. Et peut être que quelqu’un d’autre sera nettement plus heureux que moi à ce moment là. Mais je peux pas, je peux pas aller la boule au ventre au travail, c’est pas possible.

 

Olivier My: Mais justement je trouve ça dommage qu’on croit que c’est vraiment un problème de riche. Parce que du coup, au final, qu’est ce qu’on fait quand on fait ça ? C’est qu’on est en train d’exprimer notre propre identité, nos propres envies, chose qu’on nous a empêché de faire toute notre vie. On nous a dit c’est comme ça que tu dois faire et si tu fais quelque chose d’autre, tu es une mauvaise personne. Et au contraire, je trouve que c’est vachement beau de dire bah je l’ai ressenti, je l’ai vécu, je l’ai accepté et ensuite c’est est-ce que j’en accepte les conséquences le cas échéant. Moi qui ai fait ce trajet un petit peu aussi, puis le RER B je pense que c’est connu dans le monde dès que… C’est marrant quand même de dire que les touristes c’est la première chose qu’ils voient le RER B. Je peux comprendre d’avoir la boule au ventre comme ça, mais ce que je trouve intéressant c’est ok, tu as ressenti ça. Donc quelque chose qui était peut être intangible avant est devenu tangible chez toi, qu’est-qui t’a donné envie du coup de faire le pas suivant ? Donc là tu travailles à Air France, tu avais ton job, tu as passé six ans quand même, probablement avec plein de choses à l’intérieur. Peut être que t’as pas fait les mêmes choses à l’intérieur.

 

Pauline Alessandra: Tous les deux ans, un peu moins. J’ai changé de job.

 

Olivier My: Donc trois jobs.

 

Pauline Alessandra: Trois jobs exactement. Et à chaque fois, c’était à la fois très transverse, très prenant, très stimulant. J’ai toujours été au niveau direction générale donc j’avais une vue 360 de l’entreprise, j’avais des responsabilités. Enfin.

 

Olivier My: Il n’y avait rien en fait sur le papier qui…

 

Pauline Alessandra: En fait, j’avais une manager incroyable qui je pense, s’est retrouvée en moi et elle s’est dit Pauline, c’est moi il y a dix ans. On avait plein de points communs, émotionnels, intellectuels et c’est resté une très très bonne amie aujourd’hui. Et quand cette personne là est partie, il y a un truc qui s’est cassé parce que j’ai perdu cette bulle de protection managériale. Et elle, elle m’offrait vraiment. Je faisais ce que je voulais du moment que je lui en parlais et qu’elle voyait, elle, elle le voyait certainement des ramifications que je ne voyais pas, tu vois, mais qui n’étaient pas problématiques. Et donc c’est comme si j’avais tout le temps une bulle de protection où je pouvais tenter des trucs et si jamais ça ratait, je savais que j’avais une directrice générale adjointe qui allait dire non c’est bon, je gère ou je prends ma part. Enfin tu vois, c’est comme si elle assumait avec moi la responsabilité. Ça, c’est incroyable. Et le jour où j’ai perdu ça et où on m’a demandé Tu vas faire ça et tu vas rester dans le rang et tu es priée de tout ce que tu faisais à côté. Là, c’est sympa, mais on va arrêter. Il y a un truc qui s’est un peu cassé où je me suis dit j’ai perdu ce qui me faisait vibrer en fait, ce qui me faisait vibrer, ce n’était pas les projets de l’entreprise, c’était la liberté que j’avais qui m’était offerte par un manager. Et donc, en partant de là, je suis restée encore trois ans, je crois, non deux ans. Et là, ça a été une longue descente. Tu vois, en me disant mais en fait je ne suis plus à la bonne place, mais parce que je ne trouve pas ma place ici. Et donc il faut que je parte.

 

Olivier My: Donc sur les six ans, ça fait trois ans et après encore trois ans, le temps en fait de te rendre compte…

 

Pauline Alessandra: À peu près.

 

Olivier My: C’est marrant ça, c’est probablement un futur épisode que je ferai mais ces petites personnes, enfin petites, je ne vais pas les réduire parce que c’est pas du tout mon intention mais ces personnes qu’on rencontre et qui nous amènent en fait à créer un environnement où on se sent bien, quitte à nous aider en fait à faire le pas suivant. Tu vois, j’ai eu un mentor. C’est vraiment une personne qui m’a aidé à structurer, à me rassurer en fait aussi, des fois à avoir cette conversation des fois que tu peux pas avoir avec les gens, avec d’autres, tu sens qu’il y a une compréhension, il y a un soutien un peu inconditionnel. Et effectivement, je comprends que quand on le perd, ça puisse être un peu déstabilisant. Moi ça a été pareil quand, on était dans la même boîte et moi j’avais des envies d’ailleurs. Et je me rappelle quand je lui avais dit, on avait eu cette conversation c’est, ce qui fait que je suis encore là c’est parce que je sais que si je vais ailleurs, je vais perdre ce truc là. Ce qui est marrant parce que toi, du coup, cette perte a été imposée. Mais moi c’est le moment où j’ai dû faire le choix de me séparer de ce qui est aussi difficile. Et donc du coup tu sens ce truc dans le RER, donc est ce que ça c’est au bout des derniers trois mois ou est-ce que c’est un peu au milieu des trois mois qui restent.

 

Pauline Alessandra: On va dire c’est six mois avant que je pose ma démission.

 

Olivier My: Ok, d’accord ouais.

 

Pauline Alessandra: Un peu moins, 4 mois. Ouais, quatre, six mois. Et là, crise existentielle. Qu’est ce que je vais faire ?

 

Olivier My: C’est quoi l’étape d’après c’est ça ?

 

Pauline Alessandra: Ouais. J’étais persuadée que je devais aller faire du conseil en stratégie parce-que j’étais avec un homme à cette période qui faisait ça et qui le faisait bien et qui était passionnant dans ce qu’il disait et les enjeux qu’il traitait. Et en même temps, je me disais je peux retourner dans le conseil, il y a une diversité d’enjeux, etc. Et ça va me botter. Et en même temps, rentrer dans les gros cabinets de conseil en stratégie, c’est en fait, c’est l’exact opposé de qui je suis, C’est à dire que c’est des formats rigides. On ne cherche pas des gens forcément très intelligents ou forcément très cultivés, mais c’est des gens qui sont formatés et qui tolèrent ce formatage. Tu as des épreuves qui sont bêtes et méchantes. C’est un peu comme un concours d’entrée en fait. Tu vois, on te demande combien de balles de Ping-Pong on peut mettre dans un Boeing. Voilà, donc c’est à toi de, pas de trouver la bonne réponse, mais de trouver la logique qui va te permettre d’arriver à une réponse honorable. Et le tout avec pas mal de calcul mental qui est mon point faible numéro un. C’est à dire que vraiment, je suis une littéraire pur souche. Donc me demander de calculer le diamètre d’un Boeing, puis le diamètre d’une balle de Ping-Pong, puis de faire des multiplications à n’en plus finir pour trouver combien de balles de Ping-Pong sachant si on enlève les sièges ou pas enfin, ça c’est cauchemardesque pour moi. Ça, c’est vraiment…

 

Olivier My: Oui donc toi en fait, la partie intellectuelle qui fait vraiment ta force, c’est plutôt la création de liens littéraires finalement.

 

Pauline Alessandra: Oui, mais en fait je vois tout de suite la logique. Je saurais te faire la démarche intellectuelle pour remplir ton foutu boeing de balles de Ping-Pong, mais je ne connais pas la formule du diamètre et je ne suis pas capable de te faire 72X42. Ok. A la louche, on va dire que c’est 70X4. Je ne sais pas faire ça en fait.

 

Olivier My: Ouais, je comprends.

 

Pauline Alessandra: Donc je sais te l’écrire, te dire. Voici toute la démarche qu’il faudrait faire. Mais par contre l’opérationnaliser, je ne sais pas faire. Et non seulement je ne sais pas faire, mais je panique. Et donc du coup j’y arrive encore moins. Et je me suis forcée pendant trois mois à faire ça. Et pendant trois mois, j’ai été dans un stress constant qui était Je sais que je peux faire ce job, je sais que je ne serai pas mauvaise et je le sais en plus que ma relation avec mes clients serait bonne parce que justement, j’apporterais quelque chose de différent. Mais je ne vais pas réussir les examens parce qu’on va me dire que tu es trop nulle en calcul mental et que tu as perdu tes moyens dans un moment où tu n’aurais pas dû les perdre.

 

Olivier My: Tu n’as pas les critères minimum pour rentrer.

 

Pauline Alessandra: Et donc en fait c’est juste le signe que je ne suis pas faite pour ça quoi. Mais ça m’a pris trois mois de me rendre compte, ce qui était un peu long.

 

Olivier My: Et ce qui est encore vachement rapide par rapport à beaucoup de gens qui mettent 40 ans.

 

Pauline Alessandra: Vu comme ça. Et en fait, à ce moment là, il y a une offre d’emploi dans une Start-Up dans l’hydrogène qui me paraît bien parce que c’est un poste de Chief of Staff et j’adorais. Maintenant, j’adore un peu moins, mais les postes de Chief of Staff que j’ai déjà occupé deux fois chez Air France parce que c’est 360, on te demande des compétences analytiques, d’organisation, de compréhension des opérations, de communication. Tu vois, c’est une large palette un peu touche à tout.

 

Olivier My: Est ce que du coup tu peux nous le décrire en quelques phrases pour les personnes qui ne connaîtraient pas le métier en lui-même ?

 

Pauline Alessandra: Oui. Chief of Staff, c’est un anglicisme affreux pour dire bras droit, on n’a pas trouvé mieux parce que c’est bras droit. Mais ce n’est pas un stage de fin d’études, bras droit de CEO de Start-Up parce que ça y a un côté assistant à tout faire. Théoriquement, quand le poste est bien construit, tu es le deuxième cerveau du CEO. Et en même temps, tu n’as aucun pouvoir hiérarchique, donc tu n’as que un pouvoir d’influence sur les choses et les gens. Et tu as surtout une vision 360 de l’entreprise.

 

Olivier My: Tu as un mandat dans la structure organisationnelle, tu n’as pas un truc particulier.

 

Pauline Alessandra: Tu n’as pas d’équipe, tu n’as pas d’autres responsabilités que celles que vont t’attribuer le CEO. Et moi j’adore, parce qu’en fait c’est plus dur d’avoir un pouvoir d’influence que d’un pouvoir hiérarchique. Avec un pouvoir hiérarchique à un moment donné, tu peux taper du poing et tout le monde va te détester. Tu vas être un manager atroce, mais le système est pyramidal et te l’impose. Quand le système n’est pas pyramidal, là ça devient rigolo parce que tu es obligé de travailler un peu et de faire un peu de politique, de vraiment comprendre les leviers des gens, de voir comment tu peux essayer que tout se passe bien, etc. Et moi ça me va bien. Des postes flous en fait. Plus c’est flou et en même temps hiérarchiquement proche du soleil et plus je m’amuse parce qu’en fait, je peux construire le poste à ma façon.

 

Olivier My: Tu as une liberté d’action à l’intérieur.

 

Pauline Alessandra: Et en même temps, comme tu es proche de direction générale, du coup tu n’es pas bloquée par un middle manager au milieu qui va te dire que ce n’est pas possible ou qu’on n’a pas le budget, ou que ce que tu veux.

 

Olivier My: Est suffisamment haute pour aussi pouvoir prendre des décisions.

 

Pauline Alessandra: Oui, exactement. Ou souffler dans l’oreille de ceux qui…

 

Olivier My: Murmurer des petits mots.

 

Pauline Alessandra: Mais moi, chez Air France, j’ai passé cinq ans à faire ça en fait. Donc vraiment, c’est quelque chose qui m’épanouit. Et donc je trouve cette offre d’emploi, le projet est super. Je me dis l’hydrogène, ça reste dans l’industrie des transports. Le projet était de construire une voiture automobile propulsée à hydrogène. Donc c’est dans les transports. C’est une Start-Up. Et donc ça correspond bien à mon envie de tester autre chose que les grands groupes. Et puis ils cherchent maintenant quoi. Je me dis ok, en fait ça me soulage de mon traumatisme des calculs mentaux, je peux en même temps partir d’Air France, rester dans un secteur d’activité qui me passionne.

 

Olivier My: Et est-ce que tu prends le RER B pour y aller ?

 

Pauline Alessandra: Et non, c’était dans le 16ᵉ arrondissement, un gros critère. En vrai, c’était 35 à 40 minutes de transport mais plus de RER. Télétravail machin pour moi. Et donc clairement, je passe les entretiens, je court-circuite tout parce que j’écris directement au président de l’époque sur Twitter qui me répond. On se rencontre deux jours après dans un événement aéronautique où il intervenait, ça matche plutôt bien. Le soir même, je rencontre le CEO qui me fait un entretien de dix minutes montre en main, ça matche. Je vais voir la RH qui me dit je t’envoie directement le, pas de promesse d’embauche que dalle, le contrat tu signes, terminé.

 

Olivier My: Mais du coup c’est une embauche là, t’es pas en consulting ok.

 

Pauline Alessandra: Embauche.

 

Olivier My: Et il me dit bon ben voilà, c’est fait. Et donc le soleil qui apparait, je vais pouvoir arrêter de faire ce que je n’aime plus chez Air France, m’inventer une nouvelle vie. Tu vois arriver la galère dans mon discours qui est que ça s’est hyper mal passé pour plein de raisons différentes : des raisons économiques, des raisons managériales, des raisons de positionnement du poste, des raisons…

 

Olivier My: De positionnement c’est la vision que eux avaient de ce que tu voulais amener c’est ça ou ?

 

Pauline Alessandra: Du champ de responsabilité. En gros, pour te la faire courte, ils ont recruté trois profils avec trois titres différents mais qui faisaient la même chose. Donc de trois, on est passé à deux. Il y a quand même une fille que j’ai rencontrée qui était très charmante, qui était recrutée sur le même job que moi et en fait ils lui avaient dit oui, promesse d’embauche. Et en fait, ils lui ont dit finalement on a trouvé mieux. Merci, au revoir.

 

Olivier My: Ah ouais, carrément.

 

Pauline Alessandra: Mais c’est hyper cavalier en fait.

 

Olivier My: C’est à dire qu’ils ont en fait, pendant un certain temps, ils ont pris deux personnes un peu pour les voir sur le terrain quoi.

 

Pauline Alessandra: Mais même pas parce qu’en fait. Elle, elle devait commencer un mois et demi plus tard et puis finalement on l’a appelée en lui disant bah non, en fait, on a trouvé Pauline, merci, au revoir quoi. Je ne te dis pas que la position dans laquelle ça m’a mise.

 

Olivier My: C’est sûr, ouais.

 

Pauline Alessandra: Mais après c’est le côté un peu foisonnant de la Start-Up. C’est quand même plein d’erreurs humaines.

 

Olivier My: Y’a un côté extrême quand même des choses.

 

Pauline Alessandra: Oui, c’est ça. Mais j’étais vraiment mal à l’aise. Mais quand on s’est rencontrées, elle l’avait pris avec une extrême philosophie. C’était quelqu’un de très charmant et surtout après elle a trouvé un poste génial dans lequel elle s’épanouit aujourd’hui. Donc tu vois, j’ai l’impression que le karma,

 

Olivier My: Oui, c’est ça.

 

Pauline Alessandra: L’a protégée de moi la galère que j’ai vécue derrière. Parce qu’ensuite il y avait, on était deux sur le même poste, on n’avait pas les mêmes titres, mais on faisait la même chose. Et moi, je ne suis pas bonne dans la compétition comme ça, tu vois. Je suis plutôt dans une logique de collaboration et donc je me suis fait cornériser, je me suis auto-cornérisée et j’étais dans une situation où j’ai vu 1 milliard de dysfonctionnements. J’ai fini par ne plus croire au projet. Mon job n’avait plus aucun sens. Je me suis dit mais en fait je suis l’assistante de direction la plus chère qui soit pour un épanouissement intellectuel qui est à -100 000, tu vois. Par contre, j’ai rencontré des personnes incroyables. Ça, c’est au moins humainement ça tenait bien. Mais professionnellement, je ne comprenais pas ce que j’étais en train de faire.

 

Olivier My: Et donc cette fameuse boule au ventre que tu avais eu là, dans le RER, etc.

 

Pauline Alessandra: Ben j’avais la même, mais dans le métro maintenant, ligne dix. Donc j’ai juste transféré, tu vois le problème.

 

Olivier My: Donc c’est revenu en tout cas. Ouais, ouais.

 

Speaker2: Et en fait, mon problème s’est arrêté de lui même puisque je me suis faite licencier. L’entreprise n’a jamais levé de fonds et donc elle n’avait plus les moyens de payer les salaires. Et comme j’étais encore en période d’essai…

 

Olivier My: Plus facile à… ouais.

 

Pauline Alessandra: Un jour, j’ai reçu un coup de fil. C’est fini. Tu pars ce soir. Merci. Au revoir.

 

Olivier My: Ce soir ?

 

Pauline Alessandra: Ce soir.

 

Olivier My: Ah oui.

 

Pauline Alessandra: C’était très charmant.

 

Olivier My: Donc du coup, toi qui avais quand même cette tendance, tu vois, à regarder devant, te dire qu’est ce que je vais faire ? Un peu planifier la chose donc du jour au lendemain, véritablement là du coup, tu es sans rien. Qu’est ce que tu te dis ? Qu’est ce qui te fait faire le pas suivant ?

 

Pauline Alessandra: Alors j’avais quand même vu le vent tourner. Donc quand ils m’ont appelée, en gros, je savais que j’allais me faire licencier dans la semaine, donc j’attendais juste de voir le nom du CEO sur mon téléphone et de me dire Ah ça y est, c’est maintenant quoi. Et je lui ai dit ses quatre vérités. Je pense que j’ai jamais été aussi peu sympa avec une personne, mais c’est sorti, tu vois. Et à un moment donné, j’avais des choses à dire et j’ai été très désagréable et je pense qu’il s’en foutait. Mais moi ça m’a fait du bien.

 

Olivier My: Bah au moins tu.

 

Pauline Alessandra: Je suis sortie la tête haute quoi.

 

Olivier My: Voilà, c’est ça. Et puis tu sors les trucs que tu as gardé pendant un certain temps.

 

Pauline Alessandra: Et ensuite ben au chômage quoi. Et donc là, j’ai eu un moment hyper bizarre de je suis sur-diplômée, j’ai un cv super et non seulement je suis au chômage mais en plus quand je postule, je reçois le mail trois semaines plus tard qui me dit « merci de votre candidature, malheureusement gnagnagna, nous avons décidé de ne pas donner suite… »

 

Olivier My: Le truc automatique là.

 

Pauline Alessandra: Mais en fait c’est quoi mon problème ? J’ai eu un problème d’identité à cette période, je m’en souviendrai toute ma vie et d’aller chez le coiffeur et de me dire bon, la coiffeuse va discuter avec moi, elle va me demander vous faites quoi dans la vie ? Et je ne sais pas quoi répondre parce-que concrètement, je suis doctorante, mais je n’ai jamais considéré que c’était mon identité, que c’était mon. Et la réalité, c’est que j’étais chômeuse. Mais en même temps, j’avais super honte de dire ça alors qu’en fait j’ai pas décidé de me faire licencier. J’avais vraiment un espèce de flou où je ne savais pas comment dire que là je suis paumée quoi.

 

Olivier My: C’est quand même, je ne vais pas dire marrant parce que c’est pas marrant en soi, mais c’est incongru un peu cette situation là parce que au final, on se définit beaucoup par ce que l’on fait ou les diplômes que l’on a, en France en tous cas. Et on n’arrive même plus à converser avec des gens lorsqu’on n’a plus justement cette assise. Je trouve que ton exemple est super parce que c’est heureusement qu’on est, on a enfin on est passé à autre chose, tu vois. Mais je pense qu’il y a plein de gens qui pourraient se reconnaître, qui se disent ok, aujourd’hui je suis chômeur. Fondamentalement, il n’y a rien de mal à être chômeur au demeurant de comment tu utilises le système, etc. C’est encore autre chose. Mais il a été fait pour au départ. Et au contraire, c’est le bon moment pour réussir à te définir toi-même avec des choses qui te plaisent. Donc je trouve ça toujours un peu dingue de se dire effectivement, on se sent coupable de notre situation de par ce que la société peut nous amener comme codes et normes.

 

Pauline Alessandra: Moi le sentiment que j’avais, c’est un vrai sentiment de honte. J’ai pas le droit d’être dans une situation en ayant tant travaillé, fait tant d’études. Je suis censée être un pur produit du système, donc pourquoi j’y arrive plus quoi tu vois ? Qu’est ce qui s’est passé ? Pourquoi j’ai quitté un job dans lequel j’étais pas très heureuse, mais en même temps ça allait tu vois, j’aurais pu continuer, là j’avais vraiment un problème de sens et d’envie d’alignement. Mais bon, ok, j’aurais pu aussi continuer et j’ai tout quitté pour une boîte qui me met à la porte en moins de six mois où j’étais malheureuse. Mais tu te dis mais très bon choix du docteur Pauline Alessandra qui n’était pas encore docteur à l’époque. Et je me dis OK, bon ben il va falloir réinventer un truc quoi.

 

Olivier My: Et du coup ?

 

Pauline Alessandra: Et du coup là, je passe tout le mois de décembre à. Donc là on est en 2022 à peu près.

 

Olivier My: Il n’y a pas si longtemps alors.

 

Pauline Alessandra: Non, non, t’as vu ce que je te raconte c’est récent.

 

Olivier My: C’est marrant, ouais.

 

Pauline Alessandra: Et donc je passe tout le mois de décembre 2022 à broyer du noir et à me dire bon bah je vais déjà me reposer parce que j’étais vraiment sous pression et puis on va voir ce que j’arrive à inventer.

 

Olivier My: C’est à dire que 2022 Excuse-moi, je te coupe juste là, mais du coup le confinement, tu l’as passé à la start-up ?

 

Pauline Alessandra: Non, chez Air France.

 

Olivier My: Ah ok. Chez Air France. Donc c’est après le confinement que du coup tu as bougé. Ok.

 

Pauline Alessandra: Confinement d’ailleurs que j’ai vécu confinée, mais travailler à Air France pendant le Covid, c’était épique. J’étais dans le seul département qui ne savait plus comment gérer la masse de travail qu’il y avait. Ce qui est complètement paradoxal puisque tous les avions étaient par terre. Donc 99 % de la société était en train de broyer du noir en se disant Mon Dieu, qu’est ce qu’on s’ennuie ! On n’a plus rien à faire. Activité partielle, longue durée, etc. Et moi, je travaillais au département du programme des vols qui devaient prendre des décisions hyper stratégiques sur quels avions on garde, quels avions on confine, qu’est-ce qu’on met dans les avions parce qu’on ne peut pas mettre des gens comment on va mettre du cargo, etc etc. Donc c’est pas moi, il y avait une équipe, je sais pas il y avait une centaine, un peu moins de 100 personnes et eux ils travaillaient comme des dingues. Et comme moi j’étais Chief of Staff de la directrice générale qui était en charge de ça à l’époque, c’était l’horreur quoi. Très impressionnant, mais pas du tout reposant quoi. Bref.

 

Olivier My: Excuse moi, j’ai juste fait une parenthèse. Je me suis dit tiens, mais du coup, à quel endroit c’était donc…

 

Pauline Alessandra: C’était Air France où j’ai vraiment beaucoup travaillé.

 

Olivier My: Donc 2022.

 

Pauline Alessandra: 2022. Donc là on arrive à janvier 2023. Et là j’ai une ancienne collègue qui est consultante indépendante qui me dit j’ai besoin d’un nouveau site web, j’ai vu que tu t’ennuyais, t’as pas envie de me le faire ?

 

Olivier My: Tu deviens webmaster tu sais.

 

Pauline Alessandra: Oui, complètement. Oui, tu sais écrire, tu sais présenter. Ok, j’ai que ça à faire. Allons y, tu vois. Et en fait, c’est elle qui me dit mais pourquoi tu montes pas ta société, trouve des clients. Et moi j’avais un problème complexe, ce qui n’est pas compliqué, mais qui est que, à cette période là, j’avais été admise à l’université de Cambridge pour ma thèse et donc j’étais un listing de deux mois, un peu plus et ça collait pile avec une période où j’aurais été si j’ai trouvé un cdi dans un laps de temps tout à fait normal qu’il aurait fallu que ça prenne, alors ma période d’essai serait tombée pendant Cambridge et donc il fallait que je fasse un choix entre aller à Cambridge ou retrouver un cdi assez vite.

 

Olivier My: Sachant que là ce que tu es en train de nous dire, c’est que tu étais encore en train de chercher un truc pour faire des études ?

 

Pauline Alessandra: Non parce que c’était ma thèse. Ma thèse, je l’ai commencé en 2020, donc j’étais à la moitié de ma thèse.

 

Olivier My: D’accord, mais je veux dire, quand est ce que tu t’es dit que tu allais faire une thèse ? Parce que moi j’ai loupé ce petit moment.

 

Pauline Alessandra: Ah pardon, j’en ai pas parlé.

 

Olivier My: Oui, parce qu’effectivement ça te paraît logique, mais moi je me dis ok, là on est en train de suivre des trucs pro, tu vois, elle rentre, elle a sa carrière et puis d’un coup c’est ah oui bah en fait fallait que je rentre dans Cambridge pour ma thèse. Mais ça veut dire que du coup tu as toujours eu ce côté…

 

Pauline Alessandra: J’ai commencé ma thèse à un moment donné.

 

Olivier My: Mais du coup tu t’es dit en même temps que je travaille, je vais aller vers le doctorat parce que, qu’est ce qui t’a amené à te dire ça alors que tu commençais quand même à construire, tu vois ton cv etc. ?

 

Pauline Alessandra: Le covid.

 

Olivier My: Tu t’ennuyais trop c’est ça ? Alors tu t’ennuyais pas c’est ce que tu me disais ?

 

Pauline Alessandra: Non en fait j’ai eu un problème de sens. C’est pas une question d’ennui, c’est un problème de sens. Je suis rentrée chez Air France en 2016. C’est ce que je raconte tout le temps, Greta Thunberg, elle avait huit ans, personne ne savait qui c’était. Et 2019 Greta Thunberg, elle a 17 ans, du coup elle n’a pas huit ans. Mais bon, tu vois le calcul mental ? J’ai un problème. En tout cas, elle était assez jeune pour être ignorée.

 

Olivier My: Elle a fait un saut quantique, on va dire.

 

Pauline Alessandra: Tu vois, c’est bien que McKinsey m’ait jamais recrutée pour leur bien à eux et leur clients. Bref. Et donc elle était jeune et ignorée. Et à 16 – 17 ans, on est en 2018 2019. Du coup, elle est la militante qu’on connaît quoi. Elle refuse de prendre l’avion pour aller à l’ONU. Elle fait les premières manifestations de jeunesse pour le climat et là, le transport aérien commence à être stigmatisé ou en tout cas pointé du doigt parce qu’on dirait en littérature, c’est contesté. Et là, je me suis vraiment dit mais zut ! Je vais commencer à rentrer chez Air France. Je n’avais jamais pensé à l’écologie. Tu vois la dimension écologique du transport aérien. Et on en parlait, mais c’était quand même liminaire. Il n’y avait pas grand chose. Et là, je l’ai pris en pleine face et je me suis dit bon, mais en fait je pensais et je pense toujours que le transport aérien provoque des choses incroyables, permet la connexion, permet de créer des ponts entre les continents, entre les peuples. Ça a permis à beaucoup de gens de rencontrer d’autres cultures, etc. Et là je prends une externalité négative en pleine face, tu vois. Genre en fait ça ne fait pas que des choses bien aussi le transport aérien. Et je trouve aucun livre sur le sujet qui me parle parce qu’il y avait quelques livres mais très militants et du coup je ne m’y retrouve pas.

 

Pauline Alessandra: Et je me retrouve coincée dans un paradoxe qui est j’ai l’impression de travailler pour Marlboro, tu vois, de vendre des cigarettes mais sans le savoir. Et je découvre en fait que je travaille pour Marlboro quoi. Je me suis dit bon, il y a forcément un juste milieu. Où se trouve t il ? Comment je peux essayer de moi me positionner dans cet écosystème là ? Et comment en fait, l’entreprise peut aussi s’en défendre parce que le transport aérien se défend très très mal de ces accusations ou fait un discours très technique. Mais il n’y a pas de discours sociétal sur ce que le transport aérien permet dans le monde. Et du coup j’ai creusé, j’ai rien trouvé et j’avais toujours cette petite voix « souviens-toi de cette conversation de 2015 avec ce professeur de l’EM Lyon qui me dit oui, le doctorat est difficile. » Il m’avait dit à cette période tu peux faire un DBA. Le DBA c’est le MBA version doctorat, mais ça coûte très cher, ça prend du temps et tu fais ça généralement quand tu as 50 ans et une grosse carrière derrière toi. Et je me dis OK, je vais faire un DBA et je vais essayer le pari que je n’ai jamais tenté mais que j’aurais perdu de le faire financer par Air France sur ce sujet en me disant potentiellement ça intéressera.

 

Olivier My: En plus, ça aurait pu leur être utile. Alors je sais pas du coup si t’as réussi ou pas, mais du coup.

 

Pauline Alessandra: J’ai pas tenté parce que avant de faire toute ma stratégie, j’appelle le seul enseignant-chercheur que je connais et qui est un grand professionnel du transport aérien qui s’appelle Paul Chiambaretto.

 

Olivier My: Que l’on salue !

 

Pauline Alessandra: N’est-ce pas, puisqu’il est devenu mon directeur de thèse en fait.

 

Olivier My: Ah en plus.

 

Pauline Alessandra: Donc on se connaît très très bien. Je l’appelle ce jour-là, je lui dis Bon, j’ai un projet de faire un DBA, qu’est ce que tu en penses ? Qu’est ce que tu me conseille ? Il me dit : pauline, tu vas pas faire un DBA. Tu vas faire un vrai PhD. Et voici comment tu peux le faire. Voici les critères auxquels tu dois penser. Voici les critères pour le directeur de thèse. Voici les critères de la fac. Voici. Il m’explique tout, mais de manière limpide. Et là, tout devient possible. Et si je faisais un PhD ? Je raccroche, je réfléchis un peu pendant l’été, j’en parle avec ma sœur. Je me souviendrais tout le temps, on était à Manchester, dans un vieil hôtel désert parce que c’était le Covid et que du coup on ne pouvait rien faire à Manchester. Je lui ai dit tiens, si je faisais une thèse ? Mais vraiment au même degré que si on mangeait une pizza ce soir ? Et elle n’a pas levé les yeux de son téléphone. Elle m’a dit Ah oui, ça t’irait bien, comme Ah oui une pizza, quatre fromages ou origan, on verra quoi. Et c’est ces deux moments clés qui me font dire Ok, let’s go ! Et je rappelle Paul et je lui ai dit je crois qu’on ne s’est pas appelé, je lui ai fait un mail en disant Bon, voici ce que j’ai envie d’étudier et j’aimerais bien que ce soit toi. Est ce que tu es d’accord pour m’accompagner ? Et on s’est tapé dans la main en disant c’est parti pour quatre ans quoi. On ne savait pas que ça allait être un roller coaster comme ça, mais du coup, c’est devenu mon directeur de thèse comme ça.

 

Olivier My: C’est là où je trouve que c’est marrant parce que quand on voit ton parcours et nous on se connaît un tout petit peu aussi, je pense que j’aurais eu la même réaction que ta sœur quoi. C’est, une thèse ? Bah oui, vas y, il n’y a pas de… Alors que moi, ne serait-ce que d’imaginer aller dans une thèse, j’imagine que c’est monter l’Everest, tu vois. Alors que effectivement, je me serais dit bah oui, bah vas y. T’es pas à ça près, tu vois.

 

Pauline Alessandra: Après, il y a beaucoup d’ignorance de ma part, c’est à dire que je me suis lancée en me disant ce sera un gros master quoi. Ce n’est pas vrai du tout. Mais du coup, il faut cette ignorance pour le faire, sinon tu ne le fais pas.

 

Olivier My: Ouais, vaut mieux en fait, comme on dit, les imbéciles ne savaient pas, donc ils l’ont fait, tu vois.

 

Pauline Alessandra: Exactement. J’étais la reine des imbéciles là. Voilà.

 

Olivier My: Et donc du coup, excuse moi, j’ai fait cette parenthèse parce que je trouvais ça tellement, tellement marrant. J’ai dit bah en fait voilà, il y a Cambridge, etc. Et donc du coup tu as fait le choix à ce moment là de faire quoi ? C’est soit tu allais à Cambridge, c’est ça, tu disais, soit tu potentiellement, tu avais une période d’essai ?

 

Pauline Alessandra: Un cdi potentiel que j’avais toujours pas trouvé et donc du coup, n’ayant jamais fait de Erasmus dans ma vie, c’était un regret que j’avais. Je me suis dit c’est bon, t’es douchée du monde professionnel en ce moment, t’as la chance d’avoir le chômage sur deux ans. Donc profites-en va à Cambridge. Et c’est pas du temps perdu. Tu vas améliorer ton anglais, tu vas connecter avec des chercheurs de très haut niveau, tu vas rencontrer des gens. Profite quoi ! Et c’est ce que j’ai fait. Du coup, je suis allée travailler à Cambridge pendant un peu plus de deux mois. Une expérience incroyable. Mais juste avant, je signais mon premier contrat grâce à cette fille qui m’a rappelé en me disant On a un contrat avec un grand groupe énergétique, on a besoin de mains, est-ce que tu as envie ? C’est un projet de transfo sachant que c’était en plus lié avec l’automobile dont je sortais, donc je n’étais pas totalement déconnectée. Je me dis let’s go ! Je me dis c’est marrant, je trouve deux contrats en deux mois.

 

Olivier My: Mais du coup là tu es.

 

Pauline Alessandra: Freelance.

 

Olivier My: Là tu es free, mais tu n’es plus avec ton auto-entreprise que tu avais créé au départ. Là, tu as vraiment créé ta structure.

 

Pauline Alessandra: Non, là je suis encore avec mon auto-entreprise et avec l’idée que tout ceci est temporaire. Ça va me faire un peu d’argent pour survivre à Cambridge tu vois parce que Cambridge ça coûte cher donc c’était bien d’avoir un peu d’argent. Et quand je reviens de Cambridge, je re-signe gentiment en CDI.

 

Olivier My: Ok.

 

Pauline Alessandra: Donc là on arrive, je passe mes mois à Cambridge qui étaient incroyables. Entre temps, je signe un autre client via une autre collègue qui me dit en fait il y a aussi ce besoin, etc. Puis j’ai aussi une amie qui là me dit mais attends mais si tu as monté ta structure, on a un truc pour toi. Et en fait, tu vois, j’ai à la fois jamais prospecté et en même temps j’ai prospecté toute ma vie, tu vois. C’est vraiment juste du réseau. J’ai juste levé la main en disant ah au fait, j’ai un peu de temps et j’ai une structure, si jamais il y a des gens qui veulent travailler avec moi. Et ça faisait dix ans que je travaillais. Donc en fait, oui, il y avait des gens que j’avais rencontrés et qui m’aimaient bien ou qui m’avaient suivie sur ci et là et qui m’ont proposé des petites missions par ci par là. Et ce qui fait que je me suis dit mais zut, en fait j’arrive à un chiffre d’affaires qui est pas du tout honteux quoi. Qu’est ce que je vais faire ? Donc là, j’arrive à octobre novembre 2023, donc il y a pile un an à peu près.

 

Pauline Alessandra: Et je me dis bon, là faut faire un choix puisque entre temps j’ai postulé à plein de trucs. J’ai même postulé deux fois à une même société où j’avais très envie de travailler et deux fois ils m’ont dit non. J’ai même testé avec des pistons de poids, etc. Et deux fois ils m’ont dit non. Et je te jure que c’est à ce moment là que je me suis dit j’étais hyper déçue et je me suis dit bon ben à un moment donné, il faut croire à ton destin quoi, Tu voulais travailler là, deux fois ils te reçoivent même pas en entretien et même quand tu as une lettre de recommandation d’un mec hyper haut placé ils ne veulent pas de toi. Apprends quoi, je me suis dit bon ok, ça veut dire que en fait, peut être que c’est pas ça mon chemin. Mon chemin, il est peut être de continuer avec mon entreprise. Et là je regarde. Le plafond de l’auto-entreprise n’est pas atteint mais pas loin et je me dis et j’ai fait ça sans forcer, sans travailler sur le sujet. Maintenant, tu vas te concentrer sur ton entreprise. Et donc j’ai monté une vraie société et c’est comme ça que j’ai commencé après mon travail de freelance.

 

Olivier My: Et donc là c’est là où tu es aujourd’hui, avec ta structure.

 

Pauline Alessandra: Oui, exactement.

 

Olivier My: Mais c’est l’activité dont tu parlais au début. Plutôt pour les entreprises, parce que du coup, tu as une deuxième activité et je pense que ça pourrait être intéressant qu’on en discute un petit peu. Donc je pense effectivement qu’on pourrait en parler pendant encore 1 h, etc. Mais je trouve intéressant au moins qu’on évoque ce sujet parce que je trouve que le sujet du positionnement est intéressant dans la dimension du changement et ce que ça peut apporter pour les entrepreneurs. Donc voilà, on laisse un peu de côté cette partie corporate parce que je pense qu’on a bien compris un peu le chemin que tu as eu dans le corporate. Et si on arrive maintenant à cette activité que tu développes aussi, qui est autour donc d’aider les entrepreneurs comme moi typiquement à trouver leur positionnement. Donc est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus ?

 

Pauline Alessandra: Sur le contexte, toi tu as assisté à la naissance du coup du projet. Tout à fait. Donc on s’est rencontrés dans un mastermind, celui de Kevin Dufraisse et Thibaut Louis. Et moi je suis arrivée avec mon business de conseil en transformation et en gros, c’est l’antithèse de ce qu’ils appellent la PME Internet. C’est à dire je travaille qu’avec des grands comptes, c’est dépendant de mon temps et de ma personne. Et moi, j’ai réfléchi à la question, est-ce que j’avais envie d’avoir un modèle de cabinet de conseil puisque je pouvais très bien créer mon cabinet, tu vois.

 

Olivier My: Avoir des mini-Pauline etc.

 

Pauline Alessandra: Ce qu’on appelle une boutique, une petite boutique parisienne où il y aurait quatre ou cinq consultants et je me suis dit mais en fait ça, ça va me. Moi, ce que j’aime, c’est le contact client, mais c’est le delivery, tu vois. Et j’ai pas envie de devenir commercial en cheffe et de faire juste la relation au début, la relation à la fin au milieu, tu sous-traites tout et c’est parti quoi. Alors qu’en fait, moi ce que j’aime c’est le milieu. Donc par défaut, je ne vais pas créer un business qui certes pourrait marcher parce que je pense que j’en aurai les compétences, mais qui ne va pas m’amuser quoi. Et en même temps, j’étais coincée parce que je m’ennuyais dans ce que je faisais. Parce que la transformation, je fais ça depuis longtemps. C’est toujours les mêmes enjeux, les mêmes problématiques. Je change d’un grand groupe à un autre. Objectivement, c’est pas diamétralement opposé quoi.

 

Olivier My: Donc au-delà de la valeur que tu es en capacité de pouvoir délivrer à ces grands groupes et on les invite à te contacter.

 

Pauline Alessandra: Bien sûr !

 

Olivier My: Y’a vraiment ce petit truc de qu’est ce que tu pourrais faire qui déclenche un peu l’étincelle à chaque fois que tu y vas quoi.

 

Pauline Alessandra: Exactement. Et là je me suis ennuyée dans mon propre job. Sauf que m’ennuyer en corporate, c’était le signe qu’il fallait que je fasse une mobilité interne. C’était assez bien vu machin. Mais là, m’ennuyer dans ma propre entreprise, il y a un problème. Tu vois.

 

Olivier My: C’est comme si tu disais tu étais dans ta bibliothèque, tu lisais un bouquin et tu t’ennuyais de lire quoi.

 

Pauline Alessandra: Exactement. Et là je me suis dit ah ok, je pensais que j’étais juste curieuse, mais là j’ai un problème. Et donc que j’ai résolu. Et donc je suis allée dans ce mastermind avec cette envie là en me disant je ne sais pas du tout ce que je vais faire. J’ai eu 50 idées différentes. Je pars avec l’idée de ce que moi, ce que j’aime fondamentalement, c’est écrire des livres. Donc en me disant je vais aider les gens à écrire des livres. Sauf qu’en fait, les gens ne veulent pas écrire des livres. Les gens veulent publier des livres. Ce qui est très différent.

 

Olivier My: Tout à fait. Mais je te rejoins effectivement.

 

Pauline Alessandra: Donc du coup, mauvaises idées de business, etc. Je cherche, je cherche et je finis par me rendre compte que, et là on reprend le début de la conversation, mes capacités analytiques et de conceptualisation qui sont nées par l’histoire, par la recherche, les sciences humaines sont en fait une qualité énorme quand les entrepreneurs cherchent un positionnement et n’arrivent pas à sortir la tête de l’eau. Parce que moi, c’est ce que je sais le mieux faire ne pas avoir la tête dans l’eau, mais avoir une vision très macro de la chose et essayer de créer des liens entre-eux. On appellerait ça faire de la maïeutique. Tu vois, c’est prendre des petits morceaux les uns avec les autres et essayer de donner un sens commun et différenciant. Parce que c’est bien beau de donner du sens, mais ensuite il faut que ça reste très business. Donc comment tu fais pour qu’en plus il y ait quelque chose qui apporte de la valeur et qui soit rentable quoi.

 

Olivier My: C’est vrai qu’en anglais ils parlent de connect the dots. Donc c’est connecter les points en fait qu’il y a des fois, les pointillés et de créer en fait finalement une sorte de toile toile cohérente.

 

Pauline Alessandra: Exactement. Et ça, je me suis rendu compte que j’avais une discussion. On avait un petit exercice dans le Mastermind et moi ça m’a pris un quart d’heure de connecter tous les points de mon collègue qui était assis à côté de moi et qui, lui, m’a regardé comme si j’étais une extra-terrestre en disant Mais comment tu as fait ça ? Je lui dis Bah, j’ai juste été moi, j’étais là. Ah ok. Donc en fait, peut être que être moi c’est un business en fait.

 

Olivier My: Ce qui est pas mal en vrai.

 

Pauline Alessandra: Moi j’ai eu une révélation ce jour là tu vois, en me disant en fait ce que je trouve d’une simplicité déconcertante dans ma tête a en fait une valeur incroyable pour d’autres. Et ces personnes sont en plus bloquées avec ce problème. Donc maintenant, une fois que j’avais compris ça, mon enjeu était un peu de faire la rétro-ingéniérie de mon propre cerveau et d’essayer de le conceptualiser. Donc je me suis auto-conceptualisée.

 

Olivier My: C’est marrant, tu fais une étude sur toi.

 

Speaker2: Exactement sur comment je l’ai fait, quelles sont et ensuite comment je peux le traduire de manière intelligible et avec une méthode. C’est à dire que, à terme, je voudrais être en capacité de soit de le faire moi même et du coup j’ai, t’as la valeur ajoutée de mon cerveau et en fait de mes dix ans d’études. Et ça je ne suis pas en capacité de l’offrir autrement qu’en travaillant avec moi tu vois. Personne ne pourra avoir mes dix ans d’études parce que personne n’aura fait les mêmes dix années d’études que moi sur le même sujet. C’est ce qui va me rendre moi unique. Mais par contre, je peux essayer de formater une méthode qui pourrait inspirer d’autres personnes. Et c’est comme ça que j’ai créé la méthode Solo. Ce que j’ai appelé le Solo Empire et qui est une méthode autour de quatre piliers. Et ces quatre piliers forment à mon sens, et c’est ce que j’ai conceptualisé, les bases d’un bon positionnement stratégique qui te permet à la fois d’être aligné dans ton business. C’est pour ça que c’est très important de travailler sur la raison d’être et en même temps de trouver des approches différenciantes pour faire en sorte que si tu es coach agile, tu ne sois pas le même coach agile que le voisin. Si tu es communicant t’es pas le même communicant que le voisin, etc. Donc tu as un enjeu de battre la concurrence. Tu vois, d’être au-dessus de la mêlée. Parce qu’en fait, ce que je cherche, c’est que les gens ne soient pas dans la mêlée mais au-dessus de la mêlée, en train de dire continuez à vous battre en-dessous, moi je vole vers d’autres cieux tu vois.

 

Pauline Alessandra: Ça c’est le premier point. Et le deuxième, c’est quand tu as et quand tu es solopreneur c’est un constat que j’ai fait. Ça marche par coup. Tu vas faire un produit, puis un autre produit, un lancement et un autre lancement. C’est quoi la ligne directrice et le fil rouge de tout ça ? En fait, le fil rouge, si on est honnête, c’est le business. C’est à dire que c’est bah ça marche, j’ai fait, c’était très rentable, donc je le fais. Et j’ai rencontré des solopreneurs qui le faisaient parce que c’était rentable et qui trouvaient du sens là dedans parce qu’il y avait un lifestyle. En gros, tu as de l’argent, donc tu peux avoir des belles photos Instagram, aller dans des beaux hôtels, etc. Mais fondamentalement, ce qu’ils font les passionne pas quoi. Et je me suis dit c’est dommage, il y a un truc avec lequel tu peux travailler. Et donc ma méthode permet justement de dépasser ça. Et donc, au lieu de faire des coups, d’avoir une colonne vertébrale sur laquelle à chaque fois que tu vas faire un coup parce que c’est comme ça que ça fonctionne, et bien ça va être intégré dans un fil rouge beaucoup plus large. Et donc tu vas écrire une histoire beaucoup plus simple. Et ça, je le fais soit avec eux à ce moment là, soit ce que j’appelle je range leur chambre, c’est à dire que je leur fais a posteriori l’histoire dans laquelle ensuite ils peuvent ranger l’intégralité de leurs produits et de leurs offres. Et ça forme un tout très censé, très homogène.

 

Olivier My: C’est sûr que moi qui ai eu la chance de pouvoir expérimenter en fait ça, ce que je trouve que ça change énormément alors je peux parler que moi de mon exemple, mais effectivement, je pense que l’exemple de ranger sa chambre est très bien, parce que quand on a les idées qui sont un peu floues, on sait à peu près ce que l’on veut, mais pas complètement. Et le fait que justement tu aies cette capacité à créer des connexions entre les choses et de leur donner un sens commun, ça aide pas mal à avoir ne serait ce qu’un discours qui est plus percutant. Ça nous permet aussi d’être plus alignés avec nous-même. Parce que du coup, quand on a la chambre qui est en bordel et c’est marrant parce qu’il y a beaucoup de gens et j’en fais partie aussi qui disent ouais mais c’est mon bordel, tu vois. C’est à dire que moi je sais où se trouvent les trucs. Ok, tu sais où se trouvent les trucs, mais est ce que tu réussis en fait à avoir une vue d’ensemble quand même ? Et je trouve que ça change énormément de choses de trouver son positionnement. Et c’est intéressant parce que toi tu as une logique de positionnement stratégique globale. C’est pour ça que tu parles d’Empire, mais c’est vrai que moi aujourd’hui je travaille beaucoup sur le positionnement dans l’accompagnement. C’est à dire que si je te parle et que je prends le positionnement là d’interviewer, mais si je te parle avec un positionnement de coach, le sens que tu vas donner à ma question ne va pas être la même. Et c’est pour ça que je trouve que le positionnement change énormément de choses en fait dans l’interaction qu’on a, dans les relations qu’on a avec nous-même et avec les autres.

 

Olivier My: C’est pour ça que je trouvais intéressant que tu nous présentes ça. Au delà du fait que moi j’ai eu la chance de rentrer dans le processus et de voir en fait le changement que ça peut avoir, parce que le sujet du positionnement est un vrai sujet. Pour moi c’est pas un truc annexe, c’est un vrai sujet. Et en tous cas j’invite les personnes à découvrir cette science mais aussi effectivement de passer par là parce que je trouve que c’est vraiment intéressant au sens même ne serait ce que business mais après, tout le travail d’introspection qui est nécessaire aussi est intéressant pour soi. En tout cas, merci Pauline pour tous ces éléments là. Ce que je te propose, c’est qu’on passe à la phase que moi j’attends depuis le début et qui voilà fait un petit peu partie de ma petite routine, c’est que je vais te poser d’autres questions mais qui vont pas venir directement de moi, mais d’un petit jeu de cartes que j’aime beaucoup et qui a été créé par les joyeux audacieux. Et donc je t’ai fait une sélection de cartes à l’intérieur avec des questions. Ce que je propose, c’est de prendre le jeu de cartes, tu vas les mélanger.

 

Pauline Alessandra: Ah je mélange.

 

Olivier My: Ouais mélange, c’est pour se donner un petit peu le choix dans les cartes. Donc les sujets sont divers et variés, mais tu vas voir ce qui émerge dans ce que je te propose, c’est de choisir une carte à l’intérieur.

 

Pauline Alessandra: Allez, je tire la première.

 

Olivier My: Tu tires la première.

 

Pauline Alessandra: J’ai l’impression de tirer un tarot. Tu sais, on va lire l’avenir.

 

Olivier My: Donc ce que je te propose c’est de lire la carte.

 

Pauline Alessandra: Oh là là, ça y est, j’ai lu.

 

Olivier My: Ça y est, tu as lu ? Donc encore une fois, si vraiment tu veux pas y répondre, on n’y répond pas. Mais voilà, je te propose de lire la carte et puis ensuite d’y répondre comme tu le sens.

 

Pauline Alessandra: Alors la carte, tu viens d’apprendre que tu allais mourir dans un an, changerais-tu quelque chose dans ta vie et pourquoi ? J’ai pas de bol déjà.

 

Olivier My: Ouais effectivement !

 

Pauline Alessandra: J’espérais pas mourir dans un an. Et ben c’est à la fois oh la la et en même temps très facile. J’arrêterais de travailler. Parce que j’ai un rapport au travail qui est pas passionné slash passionnel, j’ai pas de passion dévorante. En ce moment, je fréquente quelqu’un qui a trouvé sa vocation à sept ans et qui fait le métier qu’il avait dit qu’il ferait à sept ans. Et du coup, je trouve que c’est un alignement exceptionnel. Bah moi non, tu vois. En fait j’ai 33 ans et j’ai déjà fait trois métiers différents donc parce que j’ai pas, c’est pas le travail, je travaille parce que j’ai besoin de gagner de l’argent pour faire tout ce que j’ai envie de faire à côté en fait. Et donc du coup je partirais du principe que je peux cramer toutes mes économies en un an, tout va bien, j’ai zéro intention de mourir riche, donc autant mourir pauvre et je ferai tout ça, donc je le ferai. Alors ça dit pas si je suis en bonne santé, mais on va partir du postulat que je suis en bonne santé.

 

Olivier My: Oui, c’est ça c’est comme tu es maintenant tu vois imagine.

 

Pauline Alessandra: Exactement juste je sais que dans un an quick c’est fini. Et ben j’ai…

 

Olivier My: Quick ! C’est ça le bruit de la mort chez toi ! C’est Quick !

 

Pauline Alessandra: Du coup, j’écrirais les livres que j’ai envie d’écrire. Mais du coup, là, avec un sentiment d’urgence, je jouerai du violoncelle et je passerai du temps avec mes proches.

 

Olivier My: Parce qu’on n’a pas parlé aussi de toutes ces choses que tu fais autour donc effectivement tu fais du violoncelle. Tu as fait, tu eusses fait du Ping-Pong.

 

Pauline Alessandra: Oui, très longtemps.

 

Olivier My: C’est ça que j’ai gardé en tête et donc effectivement, tu ne feras plus des choses que tu aimes et tu passerais plus de temps avec les gens que tu aimes aussi.

 

Pauline Alessandra: Exactement. Je chercherai pas en tout cas à travailler pour gagner de l’argent parce que j’ai un rapport très pragmatique au travail. Tant qu’à faire quelque chose qui me rapporte de l’argent et dans lequel je vais passer huit à 10 h par jour, j’ai envie que ça ait du sens et que c’est un intérêt. Mais je n’oublie pas que la finalité, elle est plutôt pour me permettre de faire des choses tu vois voyager, en fait, pour le dépenser cet argent dans des choses qui m’intéressent plus donc là du coup, ce serait open bar.

 

Olivier My: Ok, super.

 

Pauline Alessandra: Autre question c’est toi qui tire maintenant.

 

Olivier My: Voilà, je vais tirer. Et en vrai, ce que je vais faire, c’est que je vais en tirer deux.

 

Pauline Alessandra: Ok. Et tu choisis.

 

Olivier My: Et je vais choisir celle que je te pose. Ok ? On se donne un peu de suspense. Tu vois, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. Alors là, vous ne le voyez pas, mais Pauline est en train de me regarder avec…

 

Pauline Alessandra: Fébrilité. Qu’est ce qu’il va me choisir ?

 

Olivier My: Chose que je n’ai pas vu pendant toute l’interview. Je trouve vachement intéressant.

 

Pauline Alessandra: Oui, parce que personne. Enfin si, les gens le savent quand ils me connaissent, mais je suis un peu control freak, un peu beaucoup, d’ailleurs c’est ce qui me permet de faire pas mal de choses et donc j’ai horreur de la surprise. Et donc là, je vois les deux cartes dans ta main et je ne peux pas les lire. Et donc je suis en suspense. De la surprise.

 

Olivier My: Je savais que j’allais adorer ce moment là avec toi. Mais ne t’inquiète pas, il n’y a rien qui doit être normalement trop compliqué pour toi, mais suffisamment justement dans le non-contrôle pour que ce soit intéressant. Quel est le métier le plus farfelu que tu aies déjà voulu faire ?

 

Pauline Alessandra: Ah voulu faire.

 

Olivier My: Et après farfelu est encore une fois relatif. Mais voilà. Est ce qu’il y a un truc que tu as déjà voulu faire dans ta vie ?

 

Pauline Alessandra: Alors oui, mais c’est un truc que j’ai voulu faire pendant longtemps. Je voulais être astronome.

 

Olivier My: Donc astronome.

 

Pauline Alessandra: Pas aute. Ça m’a jamais fait rêver, tu vois, de passer…

 

Olivier My: D’être coincée comme ça.

 

Pauline Alessandra: Dans une station à tourner en rond pendant 90 jours. J’adore les images qu’on y voit, mais je ne suis pas sûr que ça me plairait. Non, j’étais passionnée. J’étais parce que je crois que ça m’est passé. Mais en fait du coup là je viens de faire une connexion. J’avais deux métiers que je voulais faire, je voulais être vulcanologue et astronome donc.

 

Olivier My: Donc la terre et le ciel quoi.

 

Pauline Alessandra: Exactement, Mais c’est très biologie tu vois dans l’approche. Mais pendant très longtemps quand je sais pas quand j’avais sept dix ans, mes parents m’achetaient des cassettes vidéo d’éruption volcanique et je les regardais en me disant Oh la la les vulcanologues que tu vois, tu sais, dans les grandes combis en train de marcher au dessus de la lave, je trouvais ça incroyable et je voulais faire ça. Après, ça m’est un peu passé et du coup j’ai voulu faire pareil, mais là-haut. Et donc j’avais…

 

Olivier My: Marcher sur les étoiles, c’est ça ?

 

Pauline Alessandra: Les observer du moins et je voulais étudier le système solaire. Et je pense que c’est un rapport tu vois, il y a un côté avec l’infiniment grand qui est à la fois vertigineux et passionnant. Et le rapport très incertain de la Terre. Tu vois le côté éruptif qui est dans mon esprit d’enfant, tu ne pouvais pas l’anticiper donc tu vis ta vie et à un moment donné paf, tu as un volcan qui explose.

 

Olivier My: Et tu as des chocapics.

 

Pauline Alessandra: Voilà, c’est ça. Exactement. J’ai été très marquée par je faisais du latin en sixième et on étudiait Pompéi. Tu sais, les versions de Pline le Jeune qui te raconte. Et ça, ça m’avait fascinée en me disant mais comment une ville avec ses habitants peut être du jour au lendemain recouverte de cendres et disparaître là-dessus. Donc c’était des phénomènes, mais c’est toujours un peu des phénomènes extrêmes que tu retrouves d’ailleurs c’est pas pour rien que j’ai étudié la seconde guerre mondiale, c’est que c’est quatre années, cinq années dans l’histoire de l’humanité c’est rien, mais ce ne sont que des phénomènes extrêmes, à la fois dans le courage et dans l’horreur. Et donc c’est ça que j’aimais bien, qui m’intéressait, qui me fascinait. Donc voilà, vulcanologue ou astronome. Mais quand tu vois mon niveau de calcul aujourd’hui, tu te rends compte que j’ai bien fait de faire des lettres.

 

Olivier My: Après chacun son chemin et heureusement, il y en a pour tout le monde. Et c’est aussi ça qui est quand même la beauté de la chose quoi.

 

Pauline Alessandra: Exactement.

 

Olivier My: Allez, je te propose d’en faire une dernière.

 

Pauline Alessandra: Allez.

 

Olivier My: Ok, mais ce que je vais te proposer de faire là, c’est que tu vas en sélectionner trois.

 

Pauline Alessandra: Ok.

 

Olivier My: Tu vas regarder les trois.

 

Pauline Alessandra: Et je choisis ?

 

Olivier My: Et tu choisis en fait celle qui te met le plus en inconfort. Non, non, je rigole vraiment tu choisis celle que tu veux.

 

Pauline Alessandra: Alors…

 

Olivier My: Ce que je te propose, c’est que tu nous lise les trois. Donc juste pour ton information, la deuxième que j’avais, comme ça au moins tu le sais, c’était quel était le métier que tu voulais faire quand tu étais petite.

 

Pauline Alessandra: Ah bah tu vois, j’ai répondu à la question.

 

Olivier My: En fait, il y avait un peu les deux. Étonnamment, c’était un peu la même. Donc voilà est-ce que tu peux nous lire les trois, histoire qu’on sache un petit peu dans quelle aventure tu vas aller ?

 

Pauline Alessandra: Bon, je ne vais pas prendre la première déjà parce que j’en ai aucune idée : si tu devais te réincarner dans un animal, lequel serait-ce et pourquoi ?

 

Olivier My: Quand je l’ai choisie celle-là, je me disais que ce serait marrant.

 

Pauline Alessandra: Tu voulais m’entendre dire je voudrais être un corgi. Mais non, je ne rêve pas d’être un corgi.

 

Olivier My: Effectivement, c’est encore un point commun qu’on a. Donc c’est effectivement une réincarnation d’un animal. Ok, les deux autres ?

 

Pauline Alessandra: Si tu pouvais échanger ta place avec n’importe qui d’autre dans le monde pour une journée avec qui ce serait et pourquoi ? Et raconte-moi la dernière fois où tu as fait quelque chose pour la première fois.

 

Olivier My: Après, si vraiment tu as un coup de zèle, tu peux répondre aux deux. Il n’y a pas de.

 

Pauline Alessandra: Oui, je peux te répondre à celle-ci. J’ai fait mon premier concert de violoncelle devant un public en juin dernier. Du coup, ça, c’était une première. Parce que ça fait quoi ça fait pas longtemps que je joue du violoncelle, ça fait quatre ans, cinq ans. J’ai commencé vraiment sur le tard et donc j’ai un niveau moyen et c’était très stressant. Il y avait un grand amphi avec des gens dedans et puis tu t’assois.

 

Olivier My: Avec des gens dedans, c’est mieux effectivement.

 

Pauline Alessandra: Tu vois. En fait, le regard de l’autre qui t’écoute dans un moment où tu sais que ça ne va pas être parfait, Tu vois, quand tu es un control freak comme moi, tu te mets vraiment en danger. En plus, ce n’était pas un solo, tu vois, c’était un petit ensemble. On était quatre à jouer tous ensemble, quatre ou cinq et c’était vraiment génial. J’ai adoré et en même temps, ça m’a. J’ai fait du théâtre pendant quelques années. Ça m’a rappelé la toute toute première fois où je suis montée sur scène et où je me souviens. Je ne sais pas. Il fallait que je frappe et fasse semblant de frapper à la porte et ma collègue allait m’ouvrir. Et puis ma première réplique allait arriver et j’étais à quelques secondes du moment où il fallait que je fasse semblant de frapper. Et j’ai frappé, et mon cerveau s’est mis à être tout blanc. Je me souviens d’une image blanche en disant Je ne sais plus ce que je dois faire, mais je ne sais même plus en fait avancer, un pied devant l’autre. Et je suis passée en mode automatique et j’ai avancé, j’ai fait ma réplique et tout s’est extrêmement bien passé. Mais j’ai eu cette impression de presque de dissocié quoi, en disant en fait maintenant il y a une Pauline qui est dans un état de stress tel que plus rien n’existe. Et puis il y a celle qui a tellement travaillé, qui a avancé. Et ça, ça me le fait souvent. Tu vois, ce rapport entre à un moment donné, le travail va prendre le dessus sur l’angoisse que tu vas avoir parce que tu as répété, parce que tu es préparée. Et donc c’est ce qui fait que j’ai confiance en moi quand je travaille et d’où mon absence totale de goût pour l’improvisation ou pour la spontanéité. C’est parce que ça va me terroriser en fait tu vois. Et donc du coup je compense en travaillant et ça a été ma solution.

 

Olivier My: Et du coup, si tu devais résumer un peu en un mot, le voilà ce que tu gardes de cette expérience de violoncelle que tu nous as décrite, ce serait quoi ?

 

Pauline Alessandra: Bah, le plaisir.

 

Olivier My: Le plaisir oui ?

 

Pauline Alessandra: Parce que c’était presque trop court. Tu vois, on a joué, on n’a pas très bien joué en plus.

 

Olivier My: C’est relatif. Souvent, ça ne s’entend pas.

 

Pauline Alessandra: Mais je crois que là, on est au stade où ça s’entend. Je crois qu’on va rester modeste. Non mais c’était audible, tu vois. C’est bien, mais par rapport à ce qu’on avait pu faire quand on s’est filmé en répétition, etc. Tu entends qu’il y a eu une différence ouais, mais j’ai adoré parce que c’était un moment collectif. C’est un moment où et c’est des moments qui ne. J’aime bien les moments qui ne peuvent pas se reproduire. Tu peux le refaire, mais ce ne sera pas pareil. Tu vois, c’est comme la différence entre le théâtre et le cinéma. Le cinéma, c’est toujours la même. Tu le fixes une fois sur pellicule et c’est le même film. Le théâtre, tu vas dire les mêmes mots, la même heure, avec les mêmes gens et ce sera quand même pas pareil. Et donc ça, j’ai aimé ce sentiment très éphémère et qui fait qu’après t’as l’impression c’est trop court et que tu as envie de recommencer et que tu ne peux pas parce que là, c’est fini quoi.

 

Olivier My: Oui, les gens sont partis, après tu peux le refaire mais.

 

Pauline Alessandra: Mais ça m’a fait pareil avec ma soutenance de thèse. Une soutenance de thèse, c’est un rite initiatique qui ressemble à une pièce de théâtre où j’avais sur-répété la chose et pourtant j’étais dans un état de stress pas possible. Puis quand c’est fini, tu te dis ah ça y est, en fait c’est quatre ans de travail qui viennent de se terminer avec un show quoi. Et là, ça fait quelques jours, j’y pense tout le temps en me disant mais en fait, j’aimerais bien retrouver ce sentiment à la fois de concentration extrême et de j’ai de la chance, ça s’est très bien passé donc j’ai eu plein de compliments. Et donc tu sors reboostée, tu vois.

 

Olivier My: Et en plus, il y avait aussi toute ta famille. Il y a tout un contexte derrière qui fait que.

 

Pauline Alessandra: Tu sens que tu mets un point final à une expérience quoi. Et que c’est le dernier, Il n’y en aura pas d’autre. Puis j’ai pas envie de refaire une thèse là. C’est bon, c’est fini.

 

Olivier My: Oui enfin, c’est ce que tu nous dis aujourd’hui. Et puis un jour, dans une chambre d’hôtel, tu diras : et si je faisais ça ?

 

Pauline Alessandra: Exactement. Si je faisais une thèse en sociologie maintenant ? Au secours ! Il faut m’arrêter. Si jamais un jour je le dis.

 

Olivier My: Un jour, tu le dis oui.

 

Pauline Alessandra: Il faut faire une intervention, dire « C’est bon, Pauline, tu es déjà passée par là. Fais autre chose. Va faire de la harpe ou quelque chose d’autre. » Mais bon, Bref. Donc ouais, c’est le côté éphémère et intense de la chose qui je trouve, rend des souvenirs un peu impérissables.

 

Olivier My: Bah super. Je pense que c’est sur cette belle dernière phrase qu’on va pouvoir clôturer. Et avant de clôturer, si les gens ont été fascinés par ton histoire ou juste s’ils ont envie de te faire un petit coucou, comment est ce qu’ils peuvent te joindre ? Prendre contact avec toi ?

 

Pauline Alessandra: Via mon site internet, c’est facile. Pauline Alessandra un l, deux s.

 

Olivier My: un l, deux s, ok.

 

Pauline Alessandra: Point fr ou sur Instagram par exemple.

 

Olivier My: Instagram Ok. Bah merci beaucoup Pauline.

 

Pauline Alessandra: Merci à toi.

 

Olivier My: Et puis à la prochaine.

 

Pauline Alessandra: À bientôt.

 

Olivier My: Salut!

Autres épisodes

#07 Agilité, Développement personnel, Émotions au travail avec Patrick Manoukian

Comment changer nos relations au travail ? C'est la question intrigante à laquelle Olivier My, animateur du podcast "Change and Chill", tente de répondre avec ...

[Hors-Série #4] Quoi de neuf en Kanban ? Évolutions, Maturité en France et Perspectives niveau entreprise

Dans cet épisode hors-série, Olivier My est interviewé par Laurent Morisseau, auteur et coach de référence sur Kanban et sur les OKRs (Objectives and Key ...

[Hors série #3] Au-delà des buzzwords agiles, retrouver du sens au travail – Journée Agile 2024 – Pyxis Le Podcast

Conversation avec Olivier My sur la simplicité, l'intentionnalité et la connexion humaine. Imaginez-vous à la Journée Agile 2024, l'énergie est palpable, des professionnels du monde ...

[Hors-série #2] Développer sa responsabilité personnelle et celle des autres – Olivier My

Dans cet épisode Hors-série, Olivier My, passionné par l’humanité et ses paradoxes est interviewé pour la première fois dans un podcast par Christophe Chene. Ils ...

[Hors série #1] Coaching Agile et Entrepreneuriat, les clés du succès – Olivier My

Dans cet épisode hors série, je suis interviewé par Christophe Chene pour explorer en profondeur les thèmes du changement, de l’adaptation, et des nuances de ...

#05 8 métiers à 26 ans. Et si changer n’était pas synonyme d’instabilité ? avec Diane Jaurett

Dans cet épisode de “Change and Chill”, Olivier My reçoit Diane Jaurett pour une conversation captivante sur la quête de carrière et la réinvention personnelle. ...

#04 Du Call Center au podcast – influencer grâce à sa voix avec Michel Godart

Dans cet épisode de “Change and Chill”, Olivier My accueille Michel Godart, une voix familière et passionnée de la scène du podcasting. Michel partage son ...

#03 Changer les règles pour redonner goût au salariat avec Pauline Egea

Dans cet épisode, Olivier et Pauline explorent comment Yeita, avec ses valeurs de transparence et de partage, redonne goût au salariat. Ils discutent de la ...

#02 Investir en soi et prendre la parole pour transformer sa carrière avec Christophe Chene

Dans cet épisode de Change & Chill, Olivier My s’entretient avec Christophe Chene, un développeur devenu Scrum Master et entrepreneur. Après une carrière de développeur ...

#01 Entrepreneuriat, Résilience, Personal Branding avec Mona Boujtita

Dans cet épisode de “Change and Chill”, Olivier My et son invitée Mona Boujtita discutent des défis et des récompenses de l’entrepreneuriat dans le monde ...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Prenons contact !