#25 Hôpital, pédagogie, coaching : les chemins de transformation de Nicolas Brichet

Description

Comment trouver sa voie quand on veut aider… sans se perdre ?

Dans cet épisode de Change & Chill, on part sur les traces de Nicolas Brichet, un homme qui a traversé plusieurs mondes (hôpital, formation, entreprise) sans jamais trahir ce qui l’anime profondément : la relation humaine, le collectif, et la transmission vivante.

À 14 ans, il pousse la porte de la Croix-Rouge. À 40, il accompagne des équipes de santé en tant que manager et formateur. Entre les deux ?

Des doutes, des bifurcations, de belles rencontres… et une boussole jamais très loin : rester aligné.

Vous découvrirez dans cet épisode :

  • Pourquoi il a quitté ses études d’infirmier… malgré sa vocation
  • Comment il a transformé un stage douloureux en point de bascule
  • Ce que le bénévolat à la Croix-Rouge lui a transmis (et continue d’éclairer son chemin)
  • Comment il a appris à former… sans enfermer
  • Sa manière de parler de pédagogie dans des contextes sérieux (voire tragiques) comme l’annonce d’un décès
  • Ce qu’il a retenu de son passage dans une startup tech
  • Le déclic de l’entrepreneuriat, entre désir de liberté et équilibre de vie
  • Et ses doutes très humains à l’idée de “vendre ce qu’il est”…

Un épisode pour tous ceux qui traversent des changements professionnels sans vouloir renier leur identité profonde.

 

Si l’épisode vous a plus, n’hésitez pas à laisser un message sur le répondeur du podcast : https://www.vodio.fr/repondeur/1273/

Séquençage du podcast

[00:00:00] Introduction – un tableau comme boussole de vie

[00:02:26] Enfance, bénévolat à la Croix-Rouge et vocation du soin

[00:03:55] Arrêt des études d’infirmier et bifurcation de parcours

[00:04:39] Retour à Rennes, formation en gestion des risques et CHU

[00:05:45] Premier poste de formateur à l’hôpital : terrain et postures

[00:06:55] Accompagner le changement dans le monde hospitalier

[00:09:24] Le désir de “mener”, entre enfance et travail collectif

[00:10:29] Stage difficile et sentiment de rejet dans le soin

[00:11:49] Un professeur comme appui structurant

[00:13:43] Les parcours multiples dans le master : un choc constructif

[00:15:34] Stage chez les pompiers : penser l’impensable

[00:17:08] Un projet prémonitoire : plan de confinement… en 2011

[00:19:00] Retour au CHU : former des formateurs et développer des pédagogies vivantes

[00:21:28] La mort comme objet pédagogique : oser en parler autrement

[00:23:56] La pédagogie, un miroir de qui l’on est

[00:26:30] L’influence de la Croix-Rouge sur ses pratiques d’apprentissage

[00:28:06] Regards croisés : de l’hôpital à l’entreprise sociale

[00:30:07] L’expérience Klaxoon : agilité, exigence, apprentissage

[00:33:17] L’humain au cœur de la transformation organisationnelle

[00:36:04] Quitter Klaxoon pour entreprendre et retrouver du sens

[00:37:36] Lancement de son activité, besoin d’espace et de temps pour sa fille

[00:38:37] Les peurs de l’entrepreneur : isolement, offre, positionnement

[00:40:55] Le coworking comme soutien, l’évolution de posture

[00:42:00] Évolution du rapport au coworking et retour sur la solitude entrepreneuriale

[00:43:22] Trouver une juste distance dans l’accompagnement

[00:45:07] Les effets du coaching sur sa posture d’écoute et d’interrogation

[00:46:53] Ce qu’il a appris de ses erreurs de positionnement en tant qu’indépendant

[00:49:15] Se réinventer sans se renier : les réajustements identitaires

[00:52:31] L’importance de ralentir pour mieux choisir

[00:54:07] Comment il accompagne aujourd’hui : posture, écoute et présence

[00:56:26] Le lien entre expérience, doute et légitimité dans le coaching

[00:58:43] Le poids des injonctions de réussite dans l’indépendance

[01:01:22] Ne pas savoir vendre : frein ou filtre ?

[01:04:04] Ce qui change quand on n’a plus besoin de prouver

[01:07:12] Gagner en sérénité : l’évolution de ses repères professionnels

[01:10:01] Devenir père : comment cela a transformé ses priorités

[01:12:39] Comment il choisit désormais ses projets

[01:15:23] Travailler avec le vivant, dans les équipes et en soi

[01:18:08] Le pouvoir des mots justes dans le lien d’accompagnement

[01:21:15] Mot de la fin : la transformation comme chemin, pas comme objectif

[01:24:45] Clôture de l’épisode – gratitude et regard sur le chemin parcouru

Idées Clés

Mots-clés

  • Transformation professionnelle,
  • monde hospitalier,
  • pédagogie active,
  • coaching,
  • reconversion,
  • manager en santé,
  • formation CHU,
  • Croix-Rouge,
  • alignement,
  • accompagnement,
  • changer de voie,
  • relation d’aide

Olivier My  00:05

– Bienvenue sur Change & Chill, le podcast où l’on parle de changement simplement. Je suis Olivier My et avec mes invités, nous explorons comment le changement peut être une force positive dans nos vies. Des histoires inspirantes avec une touche de légèreté. Dans ce nouvel épisode, j’ai le plaisir d’accueillir Nicolas Brichet. Salut Nicolas.

 

Nicolas Brichet  00:28

– Salut.

 

Olivier My  00:29

– Comment vas-tu ?

 

Nicolas Brichet  00:30

– Très bien.

 

Olivier My  00:30

– Il fait beau là aujourd’hui.

 

Nicolas Brichet  00:31

– Oui, c’est plutôt agréable. Il fait moins chaud qu’au début de semaine.

 

Olivier My  00:34

– Il fait moins chaud que d’habitude. Merci de m’accueillir chez toi. Je dis souvent que j’accueille les gens, mais en vrai, là, ces derniers temps, c’est plutôt vous, mes invités, qui m’accueillent chez vous. Donc merci pour ça. Et quand je suis rentré chez toi, j’ai été fasciné par ce petit tableau qui est en face de moi. Je vais le lire parce que les personnes ne le voient pas, mais c’est « Dans cette maison, on s’aime, on s’amuse, on fait des erreurs et on recommence. On croit en soi, on est reconnaissant, on se pardonne On rit beaucoup, on se donne une autre chance, on essaye toujours, on rêve, on est honnête et on est unis. Je trouve que c’est extrêmement beau. Est-ce que tu peux m’en dire plus sur ça et peut-être comment ça résonne chez toi et peut-être dans la culture de ta famille ?

 

Nicolas Brichet  01:16

– Oui, c’est intéressant. En fait, on le met toujours en avant, ce tableau-là. On l’a depuis presque qu’on s’est rencontrés avec ma femme. C’est un tableau qui nous avait marqués tous les deux parce que c’est des valeurs qu’on a. Et de se dire que c’est comme ça qu’on veut élever nos enfants, de se dire qu’il n’y a rien… toujours parfait dans la vie, tout est changeable finalement, mais que si on respecte ses valeurs, d’essayer de croire en soi, de recommencer et de faire beaucoup d’erreurs, on va réussir à faire quelque chose dans la vie. Et ce tableau-là, ma fille, une fois nous l’avait lu. C’était un moment dans la vie de couple qui était un peu plus compliqué et elle nous avait dit « Papa, maman, souvenez-vous de ce qu’il y a écrit sur le tableau. » Et du coup, on croit en soi, on fait des erreurs, on commence. Et vraiment, on était ravis de découvrir qu’elle avait compris le message. Et c’est quelque chose qui est marquant dans notre famille de se dire, on se raccroche à ce tableau. quand il y a des moments plus difficiles, où à l’école ça va moins bien, où nous, nos boulots, ça va moins bien. Du coup, on se raccroche à ça et on se le dit. C’est vraiment des valeurs importantes pour nous.

 

Olivier My  02:06

– C’est une vraie encre alors.

 

Nicolas Brichet  02:08

– Oui, tout à fait, oui.

 

Olivier My  02:09

– Parce que même tout à l’heure, je suis arrivé chez toi, je l’ai vu, je l’ai lu. Mais là, le fait de l’avoir dit à haute voix, je trouve quand même que c’est une puissance qui est différente. Donc si tu l’as entendu en plus, c’est vachement beau. Oui.

 

Nicolas Brichet  02:21

– Tout à fait.

 

Olivier My  02:21

– Est-ce qu’avant qu’on démarre vraiment ensemble, tu pourrais te présenter ?

 

Nicolas Brichet  02:26

– Ouais, alors du coup, moi j’ai 40 ans. Cette année, je suis marié, j’ai deux enfants qui ont 11 et 9 ans. Moi, j’ai commencé par des études d’infirmier. Si on reprend un peu les études, j’aime bien repartir de là. Sur le parcours, moi, j’ai commencé par des études d’infirmier et je ne suis pas allé au bout de mes études. Je me suis arrêté à la deuxième année parce que ça ne me convenait plus ce métier-là à ce moment-là, parce que je ne m’y projetais pas. Et en fait, à côté, j’étais bénévole à la Croix-Rouge française depuis une dizaine d’années.

 

Olivier My  02:53

– Donc le soin, ça a toujours été quelque chose qui faisait partie de… Je ne sais pas, des appétences ou un petit rêve ?

 

Nicolas Brichet  02:59

– Oui, c’est ça. Je pense que ça faisait partie des appétences. C’était à 15 ans. Même avant 14 ans, je me suis présenté à la Croix-Rouge en disant que j’aimerais donner un coup de main. Et du coup, j’aimerais m’investir.

 

Olivier My  03:08

– Seul ?

 

Nicolas Brichet  03:09

– Oui, je suis allé tout seul.

 

Olivier My  03:10

– Ce n’est pas tes parents qui t’ont dit « Tiens, tu pourrais faire ça » . Non.

 

Nicolas Brichet  03:13

– Je suis vraiment allé tout seul. Je me souviens, c’était un petit bureau. C’était au moment de l’ERICA, de la catastrophe ERICA sur les plages bretonnes. et du coup ça m’avait marqué ils m’étaient qui recherchait des bénévoles et moi naïvement j’avais cru qu’ils allaient m’envoyer sur les plages mais ils m’ont dit c’est pas possible monsieur vous êtes trop jeune et du coup en fait ça a commencé comme ça le bénévolat et du coup l’investissement et la Croix-Rouge en fait ça a été une école de vie une école de pas mal de choses en tant qu’ado en fait moi j’ai vécu mon adolescence sur des postes de secours, à aider les autres etc et du coup ils faisaient un programme de professionnalisation des bénévoles et du coup je suis rentré dans un master en gestion des risques au sein de la Croix-Rouge ? Ouais en fait ils avaient un partenariat avec une école de formation ce qui fait que quand j’ai arrêté mes études ils m’ont dit bah écoute nous on te propose de reconnaître tes années bénévoles pour te permettre d’accéder à un grade master en fait.

 

Olivier My  03:55

– Ah ouais ?

 

Nicolas Brichet  03:55

– Assez vite, ouais. Et donc du coup, je suis rentré comme ça, dans un master de gestion des risques, que j’ai obtenu, ça m’a permis de travailler après sur Paris, au ministère de la Santé, sur de la réponse aux urgences sanitaires à l’étranger. Donc c’était ça mes missions.

 

Olivier My  04:06

– Donc là, c’est vers quel âge tu visais ?

 

Nicolas Brichet  04:08

– Eh ben du coup, ça c’est en 2009, 2008-2009, donc j’ai 23 ans, 24 ans.

 

Olivier My  04:16

– Ah ouais, d’accord.

 

Nicolas Brichet  04:16

– À ce moment-là, ouais. C’est arrivé assez tôt en fait. Et donc du coup, je travaille sur Paris, après on pourra… rentrer un peu plus dans les détails. Oui, il y en a un, il y en a un. Et du coup, je travaillais sur Paris. Et en fait, ma femme, elle est infirmière sur Rennes. Pour le coup, elle a fait un seul service. Elle adore le service dans lequel elle est. Elle l’a trouvé dès le premier jour. Et on a dû faire un choix de vie en disant, est-ce qu’on va à Paris parce que ça me plaît ce que je fais ou est-ce qu’on reste à Rennes ? Donc, c’est Rennes qui a gagné.

 

Olivier My  04:39

– À l’époque, en tout cas.

 

Nicolas Brichet  04:39

– C’est ça. Et du coup, je suis revenu sur Rennes. et là j’ai travaillé au CHU de Rennes, à l’hôpital de Rennes, dans le service de formation continue.

 

Olivier My  04:47

– Ok, donc du coup pas en tant qu’infirmier, mais en tant que formateur alors ?

 

Nicolas Brichet  04:51

– Et du coup, moi, je faisais la formation continue des infirmiers. Donc, je m’occupais des programmes de formation et j’accompagnais les managers. Je ne vais pas rentrer dans le détail, mais à l’hôpital, il y avait un changement législatif qui faisait qu’on devait faire travailler un médecin, un cadre et une cadre administrative ensemble. Ce qui était des milieux qui ne se connaissaient pas avant, qui ne se connaissaient pas vraiment. Et donc, l’idée, c’était de les former à comment on peut manager ensemble, comment on partage les valeurs, comment on crée une vision d’équipe ensemble. Du coup, j’ai créé ce programme-là et j’animais certaines séances. Après, je suis reparti chez Klaxoon, qui est une entreprise renaise. Chez Klaxoon, j’étais plutôt au début formateur pour le produit. petit à petit, j’ai évolué vers plutôt des missions d’accompagnement, de consulting. Et après, chez Klaxoon, en fait, je me suis rendu compte que l’accompagnement, ça me plaisait, mais que je n’arrivais pas à accompagner d’où je venais, en fait, dans le monde de la santé. Donc, j’ai quitté Klaxoon pour créer mon entreprise d’accompagnement des professionnels de santé, autour de la gestion des émotions, autour des sujets comme la transformation, comme le management. Et en fait, je fais ça depuis 2019. Et pour finir dans mon parcours, en fait, en 2022, je me suis retrouvé un peu en décalage, où je parlais du travail en équipe et moi j’avais pas d’équipe Et les exemples que j’avais dans ma vie professionnelle, ça a commencé à dater de 4-5 ans. Et je me suis dit, je ne suis plus trop légitime. Et je me souviens d’une remarque d’une équipe que j’accompagnais. Vraiment, j’étais chez eux très régulièrement. Et c’était fin d’année, ils disent, on va faire un repas d’équipe. Donc Nicolas, si tu veux, on se retrouve à 14h. Et je me suis dit, en fait, je ne fais pas partie de leur équipe. Je suis avec eux, donc ils m’ont invité à d’autres moments d’équipe. Mais là, c’était leur moment à eux d’équipe. Et je me suis dit, en fait, c’est vrai, je ne fais pas partie d’une équipe et ça me manque. Donc, j’ai repris un travail de cadre en santé. Et donc, du coup, j’ai repris du manager de santé. Donc là, je travaille dans un établissement de santé et du coup, je…

 

Olivier My  06:31

– Tu fais partie d’une équipe. Oui.

 

Nicolas Brichet  06:32

– Je fais partie d’une équipe et j’en suis content. Et je garde un peu des missions d’accompagnement à côté en plus et de formation auprès des étudiants.

 

Olivier My  06:38

– C’est super, ça nous fait un grand teaser. Pas mal d’étapes dans ta vie que je trouve vraiment fascinantes. Et avant de repartir dans l’histoire, une question que je pose maintenant beaucoup en début d’épisode, c’est pour toi, le changement. Qu’est-ce que ça t’inspire ?

 

Nicolas Brichet  06:55

– Pour moi, le changement, c’est l’idée de tester des choses. Pour moi, je le vois vraiment comme ça. En fait, le changement, dans ma carrière, en tout cas professionnelle, mais même dans ma vie de tous les jours, c’est quelque chose qui m’anime. Je n’aime pas quand ça reste statique. Ça me fait peur, on va dire, quand c’est trop statique, sauf avec mon épouse. Ça va faire 19 ans, mais je la rassure si elle écoute.

 

Olivier My  07:13

– Ça a bougé, du coup, en 19 ans.

 

Nicolas Brichet  07:15

– Ça a bougé quand même. Mais le changement, en fait, pour moi, c’est l’idée d’aller tester des choses, d’expérimenter et de se dire que le retour en arrière, il est toujours possible. Et que ce n’est pas parce qu’on change de métier, qu’on change de vie professionnelle ou qu’on change quelque chose dans notre quotidien que le retour en arrière, il n’est pas possible. Et du coup, le changement pour moi, c’est plutôt du mouvement qu’un état statique où on passe de point A à un point B. Pour moi, l’idée, c’est que c’est toujours des vases communiquants, on fait des allers-retours permanents. Et finalement, tu le pointais du doigt qu’en fait, on change toujours un peu tout le temps. Et c’est plus simple finalement. J’ai connu des équipes dans des institutions où je travaillais, ça faisait 42 ans qu’elles travaillaient dans le même bureau. Au même endroit, elle n’avait jamais rien changé. Et le jour où on a juste déménagé de bureau, c’était envahissant pour elle, inquiétant. Ce qui était logique. Alors que moi, j’ai plutôt une approche de dire je change tout le temps un peu quelque chose. Il y a toujours du mouvement. Ce qui fait que je ne suis pas inquiet par rapport à un changement. Pour moi, le changement, c’est ça. C’est l’idée d’avoir un mouvement perpétuel.

 

Olivier My  08:06

– Super. C’est marrant parce que quand tu parlais du bureau, je me suis dit, c’est vrai que quand on est toujours au même endroit, à faire toujours la même chose, on a nos repères. et donc forcément quand tu changes un bureau Tu changes les repères, donc on ne sait plus sur quoi se baser. Par contre, quand par exemple tu fais du mouvement, parce que tu parlais de mouvement en même temps, en fait tu es sur des appuis, pas forcément sur des repères, tu es sur des appuis. Et c’est ce qui te permet de pouvoir naviguer beaucoup plus facilement. Et donc si tu travailles tes appuis, tu es beaucoup plus à l’aise à pouvoir changer et à naviguer, probablement ce que tu as fait, qu’en ayant des repères trop rigides qui t’empêchent justement de voir autour. Donc voilà, je partage juste la réflexion que j’avais pendant que tu parlais de ça. Parce que c’est vrai qu’on le voit beaucoup dans le monde des organisations aussi, où on fait des restructurations, ça t’a dû en vivre aussi d’une manière ou d’une autre, où là, en fait, on change les repères des gens. On ne leur a pas appris à changer d’appui et à voir autrement et à changer véritablement leur manière de fonctionner entre eux, et puis même avec eux-mêmes. Parce que je pense que tu fais aussi du travail individuel avec les gens. Justement, on va en parler. Merci en tout cas pour cette réflexion, je te partageais ça. Donc si on revient un peu dans le passé, d’accord ? Tu nous parles de tes 15 ans. Si on repart… encore avant, je ne sais pas si tu as des souvenirs d’avant tes 15 ans est-ce que tu avais un rêve d’enfant ?

 

Nicolas Brichet  09:24

– Alors moi mon rêve d’enfant c’était de jouer au basket enfin je fais du basket depuis que j’ai 5 ans et c’était d’être joueur professionnel, ça c’était vraiment mon rêve mais en fait l’idée derrière ça c’était de, parce que j’ai un poste au basket qui était meneur donc tu jouais ? Ouais je jouais au basket aujourd’hui je coach mais je joue plus mais c’était d’être meneur et en fait c’était l’idée de se dire que d’amener les autres à se développer. En fait, je l’ai compris plus tard. Forcément, quand on commence en tant qu’enfant, il n’y a pas ces liens-là. Mais mon rêve d’enfant, c’était ça. C’était de me dire, moi, je veux aider les gens à faire des choses. Et la manière dont j’avais trouvé de le faire, c’était avec le basket, en fait. Et du coup, petit, c’était ça. Et je me projetais vraiment en tant que joueur professionnel de basket. Bon, ça ne s’est pas fait du tout.

 

Olivier My  10:04

– Ça ne s’est pas fait, quoi.

 

Nicolas Brichet  10:06

– Non. Comme beaucoup de stars, je me suis arrêté.

 

Olivier My  10:10

– Tu t’es arrêté avant de faire de l’ombrossard, c’est ça ?

 

Nicolas Brichet  10:12

– Voilà, je voulais pas.

 

Olivier My  10:15

– Et donc il y a eu le basket d’un côté et les études d’infirmiers. Et comme tu le précisais tout à l’heure, tu t’es arrêté. C’était pourquoi ? C’était parce que ça ne te plaisait pas la manière dont c’était enseigné ? Qu’est-ce qui a fait cet arrêt ?

 

Nicolas Brichet  10:29

– Alors l’arrêt, il y a eu deux éléments. Il y a eu d’abord un premier stage qui m’a fait… Alors j’ai généralisé ce que…

 

Olivier My  10:38

– Oui, bien sûr.

 

Nicolas Brichet  10:39

– Mais du coup, les infirmières pensaient que les hommes n’avaient pas leur place dans les soins. celle avec qui je travaillais. Ce qui fait qu’elle m’avait renvoyé tout le long du stage que tu n’auras jamais ta place dans le service de soins. Et donc du coup, ça avait été un stage très compliqué. C’était cinq semaines avec ces infirmières-là tous les jours qui te répétaient tout le temps, que je n’avais pas ma place, etc.

 

Olivier My  10:57

– Alors que tu étais juste stagiaire. Oui, c’est ça. On était là pour apprendre et en plus, on te balançait plein de messages comme ça.

 

Nicolas Brichet  11:02

– Oui, c’est ça. Et ce n’était pas simple parce qu’on construit notre identité à ce moment-là quand même.

 

Olivier My  11:06

– C’est vrai, oui.

 

Nicolas Brichet  11:07

– On cherche du coup ces fameux repères qui vont nous guider. Et je me suis dit, si je travaille dans ce milieu-là… tous les jours, on me dit que je n’ai pas ma place. Je ne me projetais pas là-dessus. Du coup, ce qui a amené à ce que je doute sur la continuité de l’infirmier. Et en fait, j’ai loupé un mois de cours. Et quand j’ai loupé ce mois de cours-là, j’ai un professeur qui m’a appelé en me disant, écoute, t’es fait pour ce métier. Juste reviens. Reviens quand tu as le temps. Reviens sur un cours qui te plaît, juste pour reprendre du plaisir à revenir. Donc, j’ai fini ma deuxième année comme ça. mais à la fin de la deuxième année en fait j’ai fait le point avec ce prof là et on s’est dit tous les deux que là, ce n’était plus le moment pour moi de continuer. Il fallait que je teste autre chose, que j’aille découvrir quelque chose et que je pourrais revenir. Sauf que je ne suis pas revenu parce qu’il y a eu un changement de législation qui faisait qu’il fallait que je reprenne tout à zéro.

 

Olivier My  11:49

– C’est marrant parce que tu as des personnes qui t’ont dit tu n’as pas ta place et de l’autre côté, tu as une personne qui s’est fait pour toi. C’est quand même dingue ce paradoxe. Mais je trouve ça marrant d’avoir finalement une situation qui est un peu inversée. Souvent, on dit les femmes n’ont pas leur place à tel endroit et là, c’est vraiment toi qui l’as vécu en tant qu’homme dans ce métier-là. qu’il y a un contexte qui fait que culturellement parlant, il y a un profil, on va dire, qui est plus adapté qu’un autre. Et à l’époque, en tout cas, c’était moins acceptable. Je ne sais pas aujourd’hui d’ailleurs si c’est mieux.

 

Nicolas Brichet  12:18

– C’est beaucoup plus lissé. Enfin, on le voit maintenant. Oui, avant, on était 90 dans ma promotion, on était 5 hommes. Donc, le rapport faisait qu’on était en sous-nombre. C’est une profession qui a été longtemps féminisée, réservée aux femmes, pour pas toujours les bonnes raisons dans l’histoire de la profession infirmière. Mais oui, il y avait ça. Je pense aussi qu’il y avait cette équipe qui vivait des choses où je leur renvoyais peut-être des choses qui n’étaient pas bonnes. Mais c’est vraiment ça, se dire est-ce que vraiment un homme a sa place dans les soins ? Hormis dans les soins où on a besoin d’un homme pour porter des charges lourdes, pour aller au conflit avec un patient, là il y avait besoin d’un homme. Donc ça renvoyait à des images auxquelles je ne suis pas particulièrement fort. Je n’aime pas beaucoup la bagarre. Mais du coup, on m’enfermait dans ce rôle-là que je ne voulais pas. Et oui, ce n’était pas simple à ce moment-là pour moi.

 

Olivier My  13:04

– C’est marrant parce que moi j’ai été brancardier. pendant quelques mois. C’était un boulot d’été. C’est vrai que moi, j’ai un papa qui est médecin. Et donc, forcément, j’ai navigué dans des hôpitaux aussi. Donc, je connais un peu ce milieu-là. Mais c’est vrai que ce qui est marrant, c’est que je n’ai pas du tout eu le même accueil. C’est vrai que du coup, je rentre dans le profil qui va bien avec la fonction, si je puis dire. Et du coup, effectivement, j’étais plutôt bien accueilli par les infirmières. C’est marrant. Bref, ça, c’est un beau souvenir que j’ai. et donc tu quittes la partie infirmier et tu rentres dans le master de ce que je comprends. Qu’est-ce que tu y découvres de marquant et dont tu te souviens aujourd’hui ?

 

Nicolas Brichet  13:43

– Dans le master ? C’était un master professionnel donc c’était que des gens qui étaient en activité et la pluralité des parcours. Moi c’est ça qui m’a marqué quand je suis arrivé. Il y avait des gens qui venaient d’un peu partout un peu de tout horizon et on se rejoignait autour d’un point commun. C’était une thématique particulière et que finalement on pouvait arriver de plusieurs chemins mais d’arriver à un point commun. Et c’est ça, moi, qui m’a marqué, c’est que j’étais en formation avec des gens qui avaient des métiers, qui travaillaient aux affaires étrangères, sur des théâtres de catastrophe.

 

Olivier My  14:07

– C’était des âges différents.

 

Nicolas Brichet  14:09

– Oui, des âges différents. Et des petits jeunes comme moi, on arrivait, on pensait avoir vécu pas mal de choses. Et finalement, à leur contact, on se dit, non, mais en fait, on peut se reconvertir. Je me souviens, quelqu’un qui avait 50 ans, il faisait ça pour la fierté d’avoir un grade de master, parce que c’était quelqu’un qui était monté par le bas de l’échelle, entre guillemets et qui n’avait jamais eu de reconnaissance de diplôme, mais son parcours professionnel faisait qu’il n’avait pas plus de connaissances que la plupart des formateurs qui pouvaient venir parfois. Mais en tous les cas, c’était le côté, on vient de différents horizons, différents parcours, et on se rejoint sur un point commun et on apprend tous ensemble la même chose et on partage nos visions. Et ça, c’est quelque chose qui m’avait marqué parce que culture, profession infirmière, on est quand même sur des connaissances qui sont assez stables quand même. Il y a eu beaucoup de découvertes depuis, mais c’est quand même assez stable, il y a beaucoup de transmissions, on n’a pas besoin de remettre en cause ce qu’on nous apprend parce que c’est comme ça. Alors que là, j’arrivais dans le master où on nous dit non, mais en fait, la culture gestion des risques, ça n’existe pas trop en France. Donc, du coup, on va vous présenter plein d’expériences. Et l’idée, c’est que vous alliez après trouver un terrain de stage pour expérimenter ça, voir comment ça passe, voir la culture, etc. Et ça, ça m’avait surpris de se dire que si on peut encore construire des choses, des connaissances, on peut encore produire. et participer à des expérimentations.

 

Olivier My  15:17

– Ça veut dire que cette culture de l’imprévu, de l’inconnu, là où on teste, finalement, c’était encore plus vrai à cet endroit-là. Et donc, tu as dû chercher un stage pour faire ça ? Tu l’as trouvé facilement ? Comment est-ce que tu as fait pour trouver un terrain d’expérimentation pour gérer des risques ? Je veux dire, tu vois, ce n’était pas si évident que ça.

 

Nicolas Brichet  15:34

– Non, alors, en fait, moi, avec l’activité bénévole à la Croix-Rouge, ça m’a fait rencontrer des personnes à la préfecture au niveau des pompiers. Et donc, du coup, Je traitais déjà avec des personnes qui étaient en commandement, on va dire, chez les pompiers ou autres. Et j’aime bien entrer en réseau avec les gens. J’aime bien m’intéresser à eux, être curieux. Et donc, du coup, quand j’ai eu besoin d’un stage, en fait, je les ai appelés tous les deux en disant « Je ne sais pas comment ça se passe chez vous, mais je cherche un stage d’une année. C’est rémunéré, par contre. Comment c’est possible de faire ? » En préfecture, c’était compliqué. Ils m’ont pris un mois, mais ce n’était pas possible de faire plus. Et puis après, les pompiers m’ont dit « En fait, ton profil nous intéresse, parce que tu as un côté secouriste. donc est-ce que t’es ok pour devenir volontaire et nous on te prend en charge donc chez les pompiers alors en stage et c’est un service de prévision et de planification et leur rôle c’est vraiment de se dire on imagine le pire et dans le pire comment on ferait pour s’organiser sachant que ça arrivera peut-être jamais mais juste si ça arrive un jour on a la fiche qui est déjà prête c’est génial ça donc c’était d’imaginer toujours le pire scénario en disant ok il y a ça qui existe mais si ça ça marche pas comment on fait et de réfléchir à ça tout le temps tu es plutôt imaginatif comme garçon ouais Ouais ouais, je pouvais aller très loin dans les choses et évidemment on se dit bah là ce serait vraiment quand même cata quoi.

 

Olivier My  16:47

– Est-ce que tu as un truc qui te revient, un scénario particulier auquel tu avais pensé et qui a généré une structure et quelque chose autour ?

 

Nicolas Brichet  16:56

– Ouais alors pas vraiment forcément chez les pompiers, c’est un petit peu plus tard parce que j’ai gardé ce métier là quelques années et en fait c’est assez drôle parce que j’ai participé à une réflexion sur un confinement généralisé en France pour un problème sanitaire.

 

Olivier My  17:08

– À quelle époque du coup ?

 

Nicolas Brichet  17:09

– En.

 

Olivier My  17:12

– 2011. 2011, d’accord. Donc tu avais prédit dix ans d’avance.

 

Nicolas Brichet  17:16

– Et on était dans une équipe où on nous disait, un jour, il y aura peut-être un problème. C’est plutôt sur attaque chimique, ce n’était pas sur une maladie ou une épidémie, ce n’était pas du tout ça. Mais c’est de se dire, on doit réfléchir comment on confine des gens, comment on vaccine des gens en masse et comment on organise les hôpitaux pour qu’ils continuent. Et donc nous, on devait projeter ça, en fait.

 

Olivier My  17:32

– Mais du coup, ce n’était pas chez les pompiers, c’était plutôt dans un organisme… Là.

 

Nicolas Brichet  17:35

– C’était au ministère de la Santé. Oui, c’est une agence sanitaire à côté. Et du coup, effectivement, on devait réfléchir à ça à ce moment-là. Et c’était dingue de se dire, en fait, un jour, on sera bloqué chez nous. On pourra plus faire… Aujourd’hui, on sait qu’on l’a vécu. Et c’était pas du tout pareil. C’est vrai ?

 

Olivier My  17:49

– C’est quoi les grosses différences, alors, entre ce qu’on pensait à l’époque ? Nous.

 

Nicolas Brichet  17:52

– On avait imaginé quand même que c’était l’armée qui devait faire, que les gens seraient pas obéissants, qu’ils resteraient pas chez eux. Et au final, moi, j’étais surpris de se dire, c’est annoncé, je sais plus quand, un lundi. le mardi tout le monde est chez soi, tout le monde se réorganise et finalement on a une grosse capacité de résilience à ce moment là Mais oui, nous, on avait imaginé ça quand même, que les gens résisteraient, qu’il faudrait mettre l’armée dans les rues, etc. Mais non, on avait été imaginer, en fait, les hôpitaux, il n’y a plus d’électricité, il n’y a plus d’eau. Et du coup, comment on fait pour organiser tout ça ? Donc, c’est celui que je donne souvent en exemple quand on me demandait un peu mes métiers, parce que ça m’a toujours fait sourire qu’en 2020, quand j’entends « on va confiner les gens » , je me dis « ah, quand même, il y a neuf ans en arrière, on a eu des autres fers, mais c’était lunaire ce qu’on avait écrit, c’était de la science-fiction » . Mais du coup, c’était rigolo. C’était une petite anecdote.

 

Olivier My  18:39

– C’est marrant de te dire quand même que ce à quoi tu as pensé il y a X années, c’est quelque chose qui arrive. En fait, tu peux faire des comparatifs par rapport à ce que tu avais imaginé. Tu peux le vivre autrement. Au sens expérimental du terme, tu fais « Ah ouais, ils ont fait ça. Ok. » Je n’aurais pas fait ça. Je n’aurais pas fait ça, moi.

 

Nicolas Brichet  18:55

– Non, pas du tout.

 

Olivier My  18:57

– Et donc, tu as ces expériences, donc ministère de la Santé, tu disais.

 

Nicolas Brichet  19:00

– Oui.

 

Olivier My  19:01

– C’est quoi le gap qu’il y a entre cette expérience-là et Klaxoon ?

 

Nicolas Brichet  19:05

– Parce que du coup pour moi il y a un trou là qui n’est pas super explicable alors en fait dans le chemin en fait pour y arriver c’est de me dire que quand je finis alors c’est une agence sanitaire c’est ce choix là entre Rennes et Paris c’est à ce moment là de ma vie et je me dis ok bon j’ai bien compris que Paris moi je faisais les allers-retours tous les jours donc on se disait dans la voiture ça met une heure et demie à l’époque ça mettait 2h10 donc je faisais 2h10 le matin 2h10 le soir et donc ma femme me dit bah moi j’aimerais rester à Rennes tu faisais les allers-retours de toute journée ? Voilà, donc quand on se projetait, on veut des enfants et tout ça, la vie faisait que ce n’était pas possible. Et quand je suis revenu à Rennes, je me suis dit, en fait, j’avais commencé à passer des concours pour rentrer chez les pompiers, ça n’avait pas marché. Je me suis dit, en fait, qu’est-ce que je vais faire ? Et quand j’ai postulé au hasard au CHU, ils m’ont dit, votre parcours nous intéresse parce que vous avez de la formation. Moi, j’étais formateur à la Croix-Rouge française depuis 2001.

 

Olivier My  19:57

– Écoute, tu as monté les grades à la Croix-Rouge alors ?

 

Nicolas Brichet  19:59

– Ouais, ouais, ouais. Et quand je suis arrivé du coup en 2011-12… au CHU m’ont dit, mais en fait, ça fait 12 ans que vous faites de la formation, ça nous intéresse que vous veniez en tant que responsable de formation continue, enfin responsable de formation, on était plusieurs, pour animer des formations auprès de nos formateurs d’abord. Et puis après, il y avait ce programme de management. Et c’est au CHU que je me suis formé à la pédagogie, que je me suis formé à l’accompagnement de cadres, à l’accompagnement de professionnels, sur un master et puis sur d’autres formations continues.

 

Olivier My  20:26

– Donc ça, c’est ta reine.

 

Nicolas Brichet  20:27

– Oui, c’est ta reine. Et du coup, c’est quand j’ai fini mon expérience au CHU. Alors avant, Klaxoon, ça s’appelait Regards.

 

Olivier My  20:33

– Klaxoon s’appelait Regards, c’est ça ? Oui.

 

Nicolas Brichet  20:35

– C’était deux entreprises différentes, mais l’équipe Regards est devenue Klaxoon à un moment donné dans l’histoire de Klaxoon. et chez Regards en fait, on crée des contenus de formation. Donc moi, je suis rentré d’abord par cette… de porte là.

 

Olivier My  20:45

– Donc c’est la partie formation qui est vraiment à créer la passerelle. C’est ça.

 

Nicolas Brichet  20:48

– Et quand je suis rentré dedans, j’étais chef de projet chez Regards. J’allais chez les clients. Petit à petit, il y a Klaxoon qui commençait à se développer. Ils m’ont proposé, comme tous les chefs de projet, d’utiliser Klaxoon dans nos accompagnements. Puis vous voyez qu’il y avait un truc qui prenait. On était deux, trois chefs de projet à vraiment bien aimer le produit et à l’utiliser. Et du coup, ils nous ont dit si ça vous intéresse de passer chez nous. Quand on est passé côté Klaxoon, là on a été formé.

 

Olivier My  21:11

– Donc, tu étais chef de projet du côté CHU, en fait. Mais en utilisant les produits de regard, c’est ça ?

 

Nicolas Brichet  21:16

– Oui.

 

Olivier My  21:17

– Ok, d’accord. C’est intéressant. Et un élément qui n’est pas très clair dans ma tête, c’était, parce qu’on n’en a peut-être pas parlé d’ailleurs, c’est que tu parlais de tes expériences au ministère, mais là, tu étais toujours en stage ?

 

Nicolas Brichet  21:28

– Non.

 

Olivier My  21:28

– Ok, là, tu étais quoi, en mission ?

 

Nicolas Brichet  21:30

– Oui, j’étais recruté, en fait. J’étais salarié de chez eux.

 

Olivier My  21:32

– Ah ok, d’accord. Là, tu étais vraiment en train de travailler là-bas. Après, c’est la prise de décision de te dire qu’est-ce que je peux faire pour rester un reine ? De part… Le contexte familial, et puis là, c’est le CHU qui démarre.

 

Nicolas Brichet  21:44

– Oui, c’est ça.

 

Olivier My  21:44

– Ok, d’accord. Et donc là, tu formes les formateurs dans le CHU. Je vais revenir sur cette partie-là parce qu’on verra Klaxoon après. Mais du coup, tu les formes à quoi ?

 

Nicolas Brichet  21:54

– À la pédagogie. En fait, on s’est rendu compte, il y a la formation professionnelle en santé, il y a des organismes extérieurs comme partout, mais il y a quand même des thématiques qui sont ultra liées aux soins dans l’enceinte de l’établissement, en fait, où c’est difficile d’aller chercher une expérience extérieure sur un protocole de soins intérieurs. Donc, du coup, on a recruté depuis toujours des formateurs internes au CHU qui sont infirmiers le lundi, mardi et le mercredi, jeudi sont en formation. Ils forment des équipes à la douleur, à plein de choses. Et c’est souvent des gens qu’on prend pour leur expertise. Et on s’est rendu compte que de passer d’expert à formateur, ce n’est pas si simple. Et qu’il y avait des gens où c’était naturel. Ils avaient ça, cette fibre, cette connaissance, peut-être des expériences perso à côté, etc. Qui faisait que les contenus de formation étaient hyper adaptés. Et d’autres. où on voyait qu’on avait plus de mal à inscrire des gens, où les contenus étaient un peu moins attractifs. Donc, on s’est dit, il faut former ces formateurs à c’est quoi la pédagogie ? Et surtout, c’est quoi la pédagogie que nous, on veut voir au chute ? C’est-à-dire d’éviter ce côté hyper transmissif, des contenus de formation hyper lourds, mais on va passer par le jeu, on va passer par, du coup, des scénettes de la simulation. En fait, on a essayé de décaler la vision de la pédagogie, qui était très transmissive, à quelque chose de plutôt ludique, etc. Donc, moi, je les formais à ça, en fait, à se dire, va Je vais vous expliquer comment fonctionne votre cerveau, votre mémoire et comment du coup, on fait en sorte que les contenus que je transmette, les gens, ils ont envie de les retenir. Parce que de passer de 10 ans d’expertise à deux jours de formation, on ne peut pas avoir le même niveau en sortie, en fait.

 

Olivier My  23:20

– C’est normal, oui. Et c’est marrant, ça veut dire que déjà à l’époque, tu avais fait shifter d’un enseignement, je dirais plutôt intellectuel, mental, tu vois, où on te balance plein de trucs. Et puis, on a l’impression que tu vas pouvoir emmagasiner tout ça, donc 10 ans en deux jours, quoi. à quelque chose qui est plus expérientiel de ce que j’entends. Et ça, c’est quelque chose qui était perçu comment par les gens ?

 

Nicolas Brichet  23:43

– Alors, c’est toujours pareil. Il y en a une partie qui adore. Ça, c’est chouette. Et une partie qui se dit que ça ne marche pas et que ça ne marchera jamais parce qu’en santé, on ne peut pas rire. C’est sérieux ce qu’on fait. On n’est pas là pour faire des jeux et rigoler.

 

Olivier My  23:56

– On ne peut pas rire en santé. C’est vraiment le message que tu as entendu.

 

Nicolas Brichet  23:59

– Ouais, c’est ça en fait. Du coup, c’était… L’époque où les serious games commençaient à arriver dans les entreprises, etc. Et ils disaient non, mais ça, c’est pas pour nous. En fait, on ne peut pas le faire. Et l’idée, ça a été de leur dire, moi, je vous propose, j’anime une séquence dans votre formation. Vous me donnez le thème que vous voulez. Et du coup, je vous montre comment on peut faire, en fait. Et ils m’ont donné le pire truc, c’était gestion de l’annonce d’un décès. Et là, je me dis comment je vais animer un truc qui est quand même hyper tragique, hyper dur.

 

Olivier My  24:25

– C’est ça, oui.

 

Nicolas Brichet  24:26

– Qui renvoie à plein de choses chez les gens dans l’imaginaire. Et en fait, j’ai choisi de leur dire c’est quoi votre meilleure anecdote. que vous avez envie de mieux transmettre autour de la gestion d’un essai. Et on voit que les anecdotes dans la santé, c’est toujours des trucs un peu pas rigolos au sens parce que c’est tragique, mais un truc qui ne s’est pas passé comme prévu, un truc où on ne s’y attendait pas et du coup, ça a amené à rigoler, à un fou rire, un truc, enfin voilà. Et du coup, elle s’est dit, ah ouais, on peut parler de la mort, qui est un sujet tragique, sérieux, en étant sérieux dans son approche. C’est-à-dire que derrière, moi, je voulais qu’ils apprennent quelque chose, qu’ils changent une partie de leur pratique, etc. mais d’abord en fait on amène à retrouver du plaisir autour de ce sujet là et les gens étaient en mouvement les gens étaient voilà C’est en leur faisant vivre, eux, l’expérience de, en fait, c’est possible. Pas tous les sujets, pas tout le temps, parce qu’il ne faut pas tomber dans l’excès inverse où on fait que jouer toute la journée. Il y a des moments où c’est plus pertinent. Juste de dire, il y a une petite dose à un moment donné où je leur apprenais à sentir le moment où le groupe a besoin de, là il faut qu’on lâche, il faut qu’on change de position, etc. Et à repérer ces moments-là pour leur dire, là c’est important d’y aller en fait.

 

Olivier My  25:22

– Donc ça veut dire que c’est mettre un peu de légèreté sur un sujet qui est un peu lourd, sans oublier de l’importance que ce sujet peut avoir et donc de le ramener au cœur de la conversation lorsque c’est nécessaire.

 

Nicolas Brichet  25:33

– Oui, c’est ça.

 

Olivier My  25:34

– Et donc, le fait de raconter des anecdotes, c’est ça qui a amené cette légèreté-là. Et qu’est-ce qui a amené le déclic de se dire… Ok, en fait, c’est quelque chose qu’on peut utiliser. C’est-à-dire qu’il y a eu des impacts particuliers, des retours des participants qui se sont dit « Ah ouais, je ne pensais pas qu’on pouvait faire ça » .

 

Nicolas Brichet  25:48

– Oui, alors il y a eu les participants et puis il y avait les formateurs qui étaient à côté en disant « Mais en fait, c’est génial » . Et les deux formatrices qui étaient là, c’est le retour qu’elles m’ont fait à la fin. En fait, c’est génial, on a parlé d’un sujet tragique, mais on n’a pas été dans le pathos, dans le côté un peu dur de la mort, parce que c’est pas un sujet facile à aborder. Et du coup, c’est resté agréable pour tout le monde. En fait, ce moment-là, il n’a pas été inconfortable. En fait, c’est ça qui était difficile pour elle en tant que formatrice. C’était de se sentir dans un inconfort quand il y a un truc envahissant qui arrive, qui est lourd. Eh bien, on ne sait pas comment faire. Donc, ce moment-là, il est arrivé peut-être plus tard dans la formation. Mais elles avaient tout en tête le côté où on a déjà partagé ensemble des trucs un peu sympas autour de ce sujet-là. Alors, c’est pas…

 

Olivier My  26:27

– Ça crée des liens entre les gens et qu’on peut aborder les sujets plus difficiles.

 

Nicolas Brichet  26:30

– Finalement derrière c’est un peu le déclic c’est dire ok c’est pas fait pour moi tout le temps Mais j’ai compris que pour les participants, ça pouvait être important. Et donc, du coup, elles l’ont fait. Après, à leur sauce, elles ont repris parce que c’est toujours pareil. En fait, on ne peut pas former différemment de qui on est, je trouve. On peut essayer de changer, on peut essayer de s’améliorer, etc. Mais il y a toujours un truc qui fait que si je ne suis pas en sécurité, de faire ce jeu ou la manière dont tu l’animes, je ne le ferai jamais. Moi, c’était de l’amener à, c’est quoi ta zone de sécurité ? Et comment, dedans, on peut essayer d’injecter un petit truc qui va changer, qui va varier. Et même pour ton plaisir de formatrice, je les ai amenés là-dessus en disant, t’en as pas marre de… depuis dix ans, faire tout le temps le même contenu dix fois dans l’année. Et en fait, de leur dire, si tu changeais juste un truc une fois dans une session, dans ton année de test. Et du coup, c’était le truc, le petit page, mais un tout petit changement en place. Et je vois ce que ça donne.

 

Olivier My  27:17

– Tu as fait quelque chose de très adaptatif, parce que c’est vrai que dans le monde de la ludopédagogie ou tout ce genre de choses qui se développent, tu as des extrêmes. Même moi qui utilise souvent des ateliers légers comme ça, il y a des trucs que je ne ferai jamais. ou en tout cas, je ne dis jamais aujourd’hui, et puis peut-être qu’un jour je le ferai, mais il faudra un contexte très particulier parce que moi, ça risque de me mettre en inconfort. Et si moi, ça me met en inconfort, c’est quand même difficile, si tu mets les autres en inconfort, de pouvoir cadrer tout ça. Je ne suis pas très expressif, tu vois, de manière générale. Donc, faire des trucs qui sont trop bruyants, par exemple, pour moi, c’est très inconfortable, tu vois. Mais justement, en parlant de ça, parce que dans ton parcours, je n’ai pas entendu de regard ou d’études particulières ou de curiosité sur la… sur pédagogie ou sur justement une manière de faire différemment de l’enseignement. Ça t’est venu comment pour pouvoir le partager par la suite au CHU ?

 

Nicolas Brichet  28:06

– Alors du coup, je reviens sur le côté à la Croix-Rouge française. On a été formés et en fait, à la Croix-Rouge, en 2001, ils avaient déjà ces approches.

 

Olivier My  28:15

– Ah ok, ouais.

 

Nicolas Brichet  28:16

– Et la phrase était « le bon cœur ne suffit plus, il faut se professionnaliser » . C’était de se dire, on ne peut plus juste se dire, on a des bénévoles qui sont sympas, il va falloir qu’on les forme. Et il faut se rappeler qu’ils viennent donner de leur temps. Donc, si on les forme et que c’est rébarbatif et que ce n’est pas intéressant, les gens ne donneront plus leur temps. Ils diront, c’est bon, en fait, je ne vais pas faire trois semaines de formation pour être bénévole et donner mon temps. Donc, tout de suite, ils ont la Croix-Rouge. Ça arrive en mal-être pédagogique. En fait, quand ça redescend du national, tout est fait. Nous, on n’a plus qu’à se former à l’animation de ça. Et les contenus qui nous arrivaient, c’était du post-it, c’était des jeux de rencontres pour que les gens fassent la connaissance au début de la formation. Un peu les Icebreakers d’aujourd’hui. mais Et en fait, tout de suite, ça avait été imaginé comme ça. Donc moi, quand j’ai découvert la pédagogie, j’ai été mis dans ce bain-là tout de suite. Et c’était très en avance sur leur temps, mais parce que c’était la Croix-Rouge internationale et je pense qu’on bénéficiait des approches des autres pays où c’était la nature de faire ça. Et moi, j’ai toujours été curieux d’apprendre. C’est un marqueur sur mon parcours. J’apprends en contact des gens. Donc dans le basket, je regardais des vidéos, je me suis formé à l’arbitrage dans le basket, donc j’ai suivi des formations, etc. Et puis, j’ai eu cette expérience, comme tout le monde, de l’éducation nationale, etc. Et moi, je n’étais pas un très bon élève. J’avais 10, 12 de moyenne et je me suffisais de ça parce que ce n’était pas mon modèle. Je ne me suis jamais retrouvé à pouvoir être à l’aise dans réutiliser mes connaissances à l’éducation nationale parce que c’était un modèle qui était trop fermé pour moi. Et quand j’ai dû faire mes premiers cours, je me suis dit, en fait, je ne veux pas m’imposer à moi-même de faire des trucs sur lesquels moi, je n’étais pas à l’aise. donc j’ai trouvé la patte en fait, l’endroit où moi j’étais à l’aise Donc c’est comme ça que j’ai fait. Je me suis dit, moi j’aime bien apprendre au contact des gens, j’aime bien discuter avec les gens pour apprendre, pour découvrir, faire des stages d’observation. J’ai toujours aimé faire ça, aller découvrir des métiers, des trucs. Et je me suis dit, je vais faire vivre des expériences de formation comme ça aux gens en disant tiens on va les découvrir on va aller regarder ça.

 

Olivier My  30:07

– Donc ce que je comprends, c’est que toi, tu aimes bien créer des conversations plutôt que d’être dans le monologue unilatéral qui, ça se trouve, totalement ennuye les gens. Mais c’est marrant parce que je me dis qu’effectivement, la réflexion de la Croix-Rouge à l’époque, c’est de se dire comment est-ce que j’apporte de la valeur à des gens qui, finalement, viennent vraiment de bon cœur, comme le slogan le dit, et pour qu’ils aient envie de rester. Et je me dis, mais c’est quand même dommage qu’on ne se pose pas plus la question, même à l’école ou de manière générale. Tu vois, il y a ce côté, je fais la formation, je coche des cases, mais je n’essaye pas d’avoir… Encore une fois, je caricature en disant qu’on ne le fait pas, mais il y a encore une grosse tendance à simplement déployer des choses. Tu vois, je prends des slides, je les balance et puis ensuite, je suppose que les gens, c’est bon, ils ont eu la certification, toc, tout est bon. Alors qu’en fait, l’expérience de la conversation, de l’intégration est quelque chose de très humain et qui n’est pas logiciel. Et donc, c’est intéressant de voir quand même qu’il y a des organismes qui ont pensé ça très tôt. Maintenant, ça arrive dans le monde des entreprises. Et encore, je trouve que ça n’arrive pas de manière si marquée, quoi, aujourd’hui. Parce que tu vois, quand tu disais le rire dans la santé, voilà, ça ne marche pas. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’entreprises où ils disent, nous, on n’est pas là pour jouer, quoi. Ça, on l’entend encore beaucoup. Donc, je comprends maintenant la dimension de jeu, de pédagogie, en fait, que tu as eu. Et du coup, donc, tu fais la connexion dans un projet avec regard. Qu’est-ce qui te fait basculer, te dire, OK, il y a une opportunité à aller chez eux ? Parce que du coup, tu étais dans le CHU, tu étais dans ton domaine, tu faisais de la pédagogie. Mais qu’est-ce que tu as vu dans cet ailleurs qui t’a donné envie d’y aller ?

 

Nicolas Brichet  31:41

– Alors moi, dans tous mes changements, j’essaie de marcher au projet. Et je me dis, à ce moment-là, il y a un poste qui me paraît hyper intéressant. Je parle avec une chef de projet qui était là depuis longtemps. Et du coup, la manière de voir les choses, la vision de l’entreprise, etc. me plaît. Et au CHU, dans le même temps, en fait, on était dans un moment où nous, on avait à Rennes, ça s’appelle l’Hôtel Dieu. On avait un ancien hôpital à notre disposition pour la formation. Donc, on avait des blocs opérateurs, on avait tout. Et on était à l’extérieur, enfin, dans un beau site de Rennes, etc. Et ils nous disaient, là, vous allez revenir sur le CHU et vous n’aurez plus que deux salles de formation, des salles ultra classiques. Donc, on passait dans un environnement où on avait toutes les possibilités offertes. Ah, là, vous n’aurez plus que deux salles. Nous, on tournait à cinq, six salles avant. Enfin, bref. donc je me suis dit là on va commencer à me limiter et en fait je suis je pense que quand on me met des contraintes et que j’ai plus de liberté dans mon action, ça me pousse à partir, en fait. Et c’est un peu ça, en fait. À chaque fois que je me suis senti contraint ou limité dans ma créativité, dans l’innovation que je pouvais apporter, je respecte toujours le cadre qu’on me donne. Mais dans le cadre, j’aime bien qu’on me laisse naviguer un peu comme j’ai envie. Et donc, du coup, là, je sentais que j’étais un peu trop contraint. C’était plus la même façon de voir la formation. On avait changé de directrice, etc. On avait un peu moins cette aisance-là. Et du coup, je me suis dit, à côté c’est possible donc pourquoi pas essayer.

 

Olivier My  32:55

– C’est intéressant, c’est-à-dire que tu as ce déclencheur de la contrainte qui te dit tiens, peut-être il y a quelque chose à faire.

 

Nicolas Brichet  33:00

– C’est ça, en fait je marche un peu à ça. Quand je me sens contraint dans un environnement, j’essaye d’aller voir s’il n’y a pas un ailleurs où j’aurais moins de contraintes dans ma créativité.

 

Olivier My  33:11

– Donc tu rentres dans ce monde-là, c’est finalement le monde de l’informatique. C’est un monde que tu connaissais ?

 

Nicolas Brichet  33:17

– Non, pas du tout. Non, c’était ma vraie crainte quand je suis arrivé chez eux. Je découvrais un langage que je ne comprenais pas.

 

Olivier My  33:24

– Ça vient avec un jargon directement. Oui.

 

Nicolas Brichet  33:26

– C’est ça. Et puis, il y a une culture d’entreprise, effectivement, mais il y avait des termes très anglicisés. Alors que dans la santé, on est plutôt sur des termes très français, où il y a très peu d’anglicisme dans nos méthodes de travail ou dans l’apprentissage. J’ai découvert d’ailleurs qu’il y avait des méthodes de travail et que je ne connaissais pas ça. En fait, moi, on m’a toujours dit, tu fais comme ça et c’est comme ça.

 

Olivier My  33:46

– Qu’est-ce que tu mets derrière méthode de travail ?

 

Nicolas Brichet  33:47

– De se questionner sur comment on organise notre travail. Et chez Regards Klaxoon c’est un truc qu’on faisait. presque en permanence, en fait, de se dire, ça vient avec les concepts d’agilité, même si ce n’était pas totalement de l’agile, mais de se dire, on se questionne au bout d’un certain temps, de certaines semaines, mois, de se dire, tiens, qu’est-ce qu’on a fait et pour faire ce qu’on a à faire après, comment on va s’organiser pour le faire, le travail ? Moi, au CHU, j’ai fait quatre années où on ne s’est jamais regardé travailler, en fait. Jamais, on s’est dit, tiens, C’est vrai que ce process-là, il est un peu compliqué à mettre en œuvre. En fait, c’est comme ça, c’est compliqué. Donc, juste on garde et on ne bouge pas, en fait.

 

Olivier My  34:19

– Ce qui est important, c’était de faire, quoi.

 

Nicolas Brichet  34:21

– Ouais. Ouais, de faire et puis de surtout pas trop bouger parce qu’en fait, c’est des process qui ont toujours existé. Donc, ça a toujours été. Il y avait un peu cette vision-là. Je ne sais pas où ça en est aujourd’hui. Mais de se dire, en fait, la procédure, quand on regardait la date d’écriture, c’était 96, 97 et on était en 2012. Et du coup, mais ça marche. Donc, pourquoi changer ? Et j’arrive chez Klaxoon Rega et on te dit, en fait, on change tout le temps. Déjà, tu n’as pas de bureau vraiment attitré. On avait quand même un espace à nous. Mais si tu as envie d’aller travailler à la Café Tao, tu peux. Ah ouais, ok. J’ai découvert le Wi-Fi, mais ça a été vraiment ce contact-là et de se dire, le PDG, je peux prendre du café avec lui. Le matin, il me parle, il me dit bonjour. Au CHU, le directeur général, c’était très solennel quand on le rencontrait, parce que c’est quelqu’un qu’on ne rencontre pas souvent. Et là, je découvre en fait cette proximité-là, cette simplicité-là, et en même temps… Cette capacité à délivrer et à travailler qui est ultra présente. Et je me dis, on peut avoir un environnement hyper sympa au travail, hyper léger et en même temps de délivrer des trucs. Et méthode de travail, je mettrais tout ça derrière. De se dire, on pense comment on veut s’organiser. C’est-à-dire qu’on veut un travail léger, on se donne les moyens de le faire. Et comment on fait pour que le travail soit léger et en même temps qu’on délivre ? Parce que ça reste une entreprise et il faut délivrer pour vendre et payer les salaires aussi.

 

Olivier My  35:35

– C’est ça, mais c’est marrant parce que du coup, des fois, en changeant de contexte, On n’arrive pas à s’appliquer des règles qu’on s’applique ailleurs. Parce qu’en fait, c’est exactement ce que tu faisais dans la pédagogie. Tu as amené de la légèreté en te donnant les moyens pour délivrer ce que tu avais délivré, juste sous une autre forme. Et en fait, quand tu te rends compte que tu peux le faire de manière beaucoup plus globale, pas juste à la formation, mais aussi dans toute la manière de travailler, ça devient une nouveauté, parce que le contexte était différent. Mais là, du coup, tu l’as vécu. Et de toute cette expérience Klaxoon, qu’est-ce que toi, tu gardes de marquant ?

 

Nicolas Brichet  36:04

– Le regard centré sur l’humain. Faites dans la santé, on fait tout pour le patient. Mais des fois, on l’oublie un peu dans nos manières de faire. On se dit tellement qu’on est très empathique qu’on oublie de se questionner sur est-ce que vraiment on l’est ? Et là, je découvre un monde de l’entreprise qui est quand même concurrentiel, qui est quand même dur, mais où chacun a une attention sur l’humain au sein de l’entreprise et sur nos clients. Et c’est vraiment ça, en fait, que j’essaye de garder aujourd’hui, de me dire qu’on peut faire des choses hyper dures. Parce que chez Klaxoon, c’est en esprit startup. Il y a quand même de la pression à faire des choses, à innover, à tester. on change en permanence nos procédures, mais… toujours en se questionnant, est-ce que c’est le bon moment pour toi ? C’est-à-dire que le changement, il est là, mais je ne l’ai pas vécu comme un truc imposé, où tu n’as pas le choix, tu t’es et tu fais ce que je te demande.

 

Olivier My  36:47

– Donc pas sous la contrainte.

 

Nicolas Brichet  36:48

– Oui, je n’ai pas senti de contrainte, effectivement. Et du coup, ça, c’est un truc qui m’a marqué. Et j’essaie de le garder maintenant, dans soit mes accompagnements ou aujourd’hui quand je manage, de me dire, j’essaie de m’intéresser aux gens. Des fois, je dois accompagner un changement où on n’a pas le choix. en fait c’est comme ça je suis d’accord ou pas d’accord c’est pas la question qu’on me pose on me demande de le faire Mais par contre, je me dis, tiens, est-ce que mon équipe, là, je n’ai pas besoin de ralentir un peu juste pour leur offrir de la respiration pour que derrière, après l’été, on soit capable de se remettre en place, etc. Et ça, je l’ai vraiment appris chez Klaxoon, c’est le truc marquant. En termes de vécu, c’est de me dire, on peut s’intéresser à l’humain tout en étant hyper productif et hyper investi, en fait. C’est pas en technologie. Ouais.

 

Olivier My  37:25

– Super. Du coup, Klaxoon, tu me disais qu’il n’y avait pas de contraintes, d’accord, dans ce temps-là. et pourtant tu as décidé de partir en donner ouais qu’est ce qui a fait ce mouvement là en fait.

 

Nicolas Brichet  37:36

– Moi, j’ai vécu les débuts de Klaxoon où on n’était pas nombreux. Quand je suis parti, on nous a rendu plus d’une centaine. Donc forcément, il y avait plus de process, il y avait plus de strates managériales.

 

Olivier My  37:49

– Plus de lourdeur et de contraintes, du coup.

 

Nicolas Brichet  37:51

– Voilà. Vraiment, je n’ai pas de critique sur Klaxoon. Ce n’est pas une contrainte où je me suis senti limité dans mon boulot, etc. Mais forcément, il y avait plus d’éléments où on devait faire valider avant de tenter quelque chose, etc. Même si c’était très ouvert. Mais je me suis senti à un moment donné en me disant, en fait, j’ai envie de créer un truc moi, de ne pas faire tout le temps pour les autres, mais j’ai envie de faire un truc à moi qui me ressemble. Et c’est un peu ce moment-là dans ma vie de me dire, j’ai envie de tenter l’expérience, d’être à mon compte et de faire ça. en fait.

 

Olivier My  38:18

– Et justement, comment est-ce que cette aspiration, parce que moi, c’est ce que j’entends, tu vois, il y a une étincelle en mon denier, moi, j’ai beaucoup donné pour les autres, peut-être que tu as eu une idée. Peut-être que tu as eu des envies parce qu’en fait, tu as bâti quand même de l’expérience, tu as appris des choses, tu as rencontré beaucoup de gens. Et puis en plus, tu aimes bien rencontrer les gens et apprendre d’eux. Qu’est-ce qui t’a justement allumé la lumière ?

 

Nicolas Brichet  38:37

– Je n’arrive pas à trouver le moment où ça s’est allumé. En fait, je pense que j’ai commencé à m’intéresser à des coachs en dehors de mon environnement professionnel ou perso avec le basket. Et j’ai trouvé des coachs développement personnel. Et je trouvais que ce qu’ils apportaient, c’était intéressant. Donc, j’ai commencé à lire un peu autour de ces sujets-là. L’étincelle, elle est venue un peu comme ça. C’est plutôt un feu qui a commencé à grandir que le moment de « tiens, je vais faire ça » . Je me suis intéressé à autre chose que ce que je faisais. Et je me suis dit « c’est chouette aussi de… » Ça me donne envie d’aller creuser plus. Et je sais que si je veux pouvoir creuser plus, il faut que je parte d’où je suis parce que mon environnement professionnel ne me permet pas d’aller m’ouvrir sur ces sujets-là. Et donc, le changement, je l’ai fait pour avoir la capacité à avoir plus de temps pour réfléchir, penser, me documenter, me former. Je dirais que ça a été là-dessus, en fait, le déclic. De dire, c’est le moment d’y aller. C’est que je voulais avoir ce temps-là pour moi, parce que je commençais à prendre des jours de congé pour suivre des formations et à devoir faire le choix entre, là, on devait partir trois semaines en vacances avec la famille. Mais du coup, sur ces trois semaines, j’ai une semaine de formation. Parce que sinon, je ne peux pas. À me dire, j’aimerais pouvoir me former un peu tout le temps, quand j’en ai envie, quand je capte un truc qui me plaît. Et l’entrepreneuriat m’a permis de faire ça, en fait. Je le mettrais sur ce versant-là pour dire, C’est le déclic qui m’amène à me pousser. L’autre point aussi, on va dire que celui-là, il était plus familial. C’est vrai que… Là, on parlait côté pro, mais chez Klaxoon, j’avais un poste où j’étais parti trois jours par semaine, on va dire, de Rennes. Et ma fille, en fait, elle est née en 2016. Donc, elle avait mes années Klaxoon de zéro à trois ans. En fait, ma fille, je la voyais pas beaucoup, alors que mon fils, je l’ai vu un peu plus. Et je me suis dit, en fait, j’ai envie d’avoir du temps pour elle et les zéro trois ans. Mais maintenant, à trois ans, j’aimerais grandir avec elle et découvrir des choses avec elle. Et c’est aussi ça le déclic. c’était de me dire que J’avais envie d’avoir du temps pour moi, de choisir le temps que je mettais au travail et que je mettais pour ma famille. et de rééquilibrer un peu tout ça. Je ne me sentais plus équilibré. Je pense que c’est ces deux éléments-là, le déclic, en fait.

 

Olivier My  40:33

– C’est vrai que j’aime bien ce terme « choisir » , parce que du coup, c’est une vraie décision que tu as prise. Parce que derrière ça, la question que je me pose, c’est tu n’as pas eu de peur dans cette transition-là ? Parce que du coup, quand tu changes de boulot à un autre endroit, etc., OK, il y a un changement, mais tu es soutenu par quelque chose. Mais quand tu te lances dans l’entrepreneuriat, il y a une sorte de vide qui se crée. t’as pas eu des petits moments de doute à cet endroit là ?

 

Nicolas Brichet  40:55

– Au moment de prendre la décision non j’étais plutôt sûr de moi et voilà plutôt content mais en fait c’est quand le jour je suis passé de salarié à entrepreneur donc à plus vraiment de statut reconnu on va dire là ça m’a fait peur parce que je me dis en fait tout repose que sur moi là c’est à dire que on avait une maison donc on avait un crédit on avait une stabilité familiale qui faisait qu’on avait quand même une aisance pour vivre, voyager et faire ça et là j’impose à ma famille un truc où maintenant on va être dans le doute un peu permanent parce qu’une activité, ça ne se lance pas du jour au lendemain. Il y a du temps. En plus, l’histoire va m’apprendre qu’un an après avoir quitté Klaxoon, il y avait le confinement généralisé. Et voilà. Mais en fait, le doute, il arrive après en se disant « Mais en fait, là, je ne peux plus compter sur quelqu’un d’autre pour faire à ma place. Il va falloir que je fasse moi-même. » Et c’est là où je me dis « Je ne suis pas formé en marketing. Je ne sais pas comment on vend un produit. On ne m’a jamais appris à vendre. » Même si Klaxoon, ça m’a ouvert les yeux sur ça, mais n’a pas appris à vendre. Il faut que je trouve un comptable, il faut que je fasse des statuts. En fait, c’est un nouveau monde qui s’ouvre. Et là, je me dis, en fait, je suis vraiment tout seul. Et c’est en étant dans ce moment-là, en fait, où je me suis dit, la première structure que j’ai créée, c’est un espace de coworking.

 

Olivier My  42:03

– Ah oui, c’est vrai.

 

Nicolas Brichet  42:04

– Ouais.

 

Olivier My  42:05

– C’est vrai, je me rappelle.

 

Nicolas Brichet  42:06

– Et du coup, en fait, là, tu te dis, mais moi, je suis tout seul. Mais il y en a d’autres qui doivent être tout seuls. Et c’est chouette que c’est tout seul, on se regroupe. et que vous ne soyez plus des seuls.

 

Olivier My  42:13

– Mais des ensemble.

 

Nicolas Brichet  42:15

– Et en fait, l’espace de coworking, ça n’a pas vraiment pris. Ça a duré une petite année et demie. Mais du coup, sur ce moment-là, je me suis retrouvé avec des gens. On s’est dit, on a les mêmes problèmes. Dedans, en plus, on avait un gars, il était avocat. L’autre, il était comptable. On s’est dit, c’est chouette, on va partager nos ressources, on va s’aider, etc. Et en fait, on a commencé à faire un peu ce mini réseau-là sur Fougère, en étant ensemble dans un même loco toute la journée, en ayant tous nos activités différentes. Mais les doutes que j’avais, c’était de me dire, il faut que j’apprenne tout là, tout seul. Et en plus, j’ai fait des mauvais choix. notamment sur la structuration juridique de ma société. Et je m’en suis rendu compte que quand on a voulu changer de maison avec ma femme, où la banque me disait « Mais attendez, vous n’avez pas ça, vous n’avez pas ça. Et en fait, là, pour réemprunter, ça va être très compliqué, monsieur Brichet, on ne va pas pouvoir vous accompagner. » Parce que nous, on n’a pas la sécurité de ci ou ça. Et je me suis dit « En fait, à ce moment-là, j’ai fait des choix que je pensais bons, mais je n’avais pas de recul ou de personne pour venir m’aider. » Et tous mes doutes étaient là-dessus, mes peurs étaient principalement là-dessus. et puis l’autre peur mais je pense que celle-ci elle est un peu un peu inhérente au métier, c’est que du coup, je vends qui je suis. Et en fait, si les gens n’achètent pas, c’est qu’ils n’aiment pas qui je suis. En tout cas, c’est le lien qu’on fait. Oui, oui, ce n’est pas vrai après. Mais du coup, au début, je me suis dit, mais en fait, est-ce que je vais être suffisamment aimé pour que les gens aient envie de, entre guillemets, m’acheter ? Et c’était ma peur de me dire quand j’avais les noms des clients au début qui arrivaient, je me disais mais en fait je suis pas fait pour ça, je suis pas bon dans ce que je fais etc et puis quand il y a les premiers oui qui arrivent là ça commence à rassurer mais Il y a toute une période de développement d’activité qui nous a dit « Mais en fait, vous êtes qui ? Vous avez déjà accompagné quelle entreprise, quelle équipe ? » Et que ça, je dis « Ben là, je débute. » Mais j’ai ça comme bagage. Oui, j’ai ça. Mais en fait, c’est dur d’avoir la confiance, de se créer le réseau. Et puis avoir la carte de visite, je viens de la part de Klaxoon. C’était une carte de visite hyper intéressante. Donc oui, c’est ça les doutes. Mais ces doutes-là, ça ne m’a jamais empêché de passer à l’action. En fait, je pense que dans mon fonctionnement, pour gérer la peur, il faut que je fasse. Si je reste assis sur mon canapé et que je suis dans un moment où je doute et où j’ai des peurs, c’est hyper envahissant pour moi. Et la manière dont j’ai de les gérer, c’est de me dire, si je fais quelque chose, mon cerveau va être à résoudre des problèmes et puis à grossir les problèmes. Parce que la peur, elle amène quand même ça, un tout petit truc. On va en faire une montagne, on va faire des scénarios catastrophes. J’ai quand même ça en bagage professionnel, se faire des scénarios catastrophes. Mon cerveau, il est habitué à penser au pire. Et puis surtout.

 

Olivier My  44:41

– Malheureusement, c’est que scénarios catastrophes, qui ont tendance à se réaliser. Donc, il faut faire gaffe aussi. Ça.

 

Nicolas Brichet  44:45

– Il faut faire gaffe. Mais du coup, je me dis, en fait, il faut que je fasse des choses. Il faut que je me mette en action. Donc, j’ai commencé à aller voir des comptables, à aller voir des avocats. Et en fait, petit à petit, les doutes étaient moins présents et prégnants, en fait, dans mon quotidien.

 

Olivier My  44:57

– Et je pense que c’est un vrai message que je trouve intéressant. C’est qu’effectivement, quand tu commences à avoir peur, déjà, c’est plutôt bon signe, c’est que tu es humain. C’est une première chose. Mais si, par exemple, tu t’assoies Et il n’y a que l’action qui te permet d’avoir cette soupape de décompression, de dire déjà est-ce que la peur elle est avérée ? Parce que du coup, derrière, j’entends légitimité, etc. Tu vois ? Oui. Mais en vrai, quand tu as une conversation avec quelqu’un, toi qui as une envie d’aider les gens avec la curiosité que tu as et toutes les compétences que tu as développées finalement dans le passé, tu te rends compte que tu es en capacité d’écouter les gens et de les aider le cas échéant. Maintenant, il faut juste avoir la conversation.

 

Nicolas Brichet  45:38

– C’est ça.

 

Olivier My  45:38

– C’est ça qui est intéressant. Et du coup, je me rappelle moi, où justement, on avait repris contact à l’époque. Donc, c’était autour de 2020. Donc, je pense que c’était à peu près à cette période-là.

 

Nicolas Brichet  45:46

– Oui.

 

Olivier My  45:47

– Où je t’avais vu justement faire des vidéos. Est-ce que c’est cette période-là ou est-ce que c’est un peu après ?

 

Nicolas Brichet  45:52

– Non, c’est cette période-là.

 

Olivier My  45:54

– Et du coup, je trouvais que tu avais fait des vidéos super quali, etc. Et donc, c’était basé sur quoi ? C’était quoi l’envie de l’époque ?

 

Nicolas Brichet  46:00

– Alors du coup, l’envie de l’époque, c’était… Donc moi, j’étais rentré dans un programme d’accompagnement, un mastermind qui avait débuté du coup en février 2020. Donc première séance début février, deuxième séance le 16 ou 17 mars. En fait, le matin, j’étais à Paris.

 

Olivier My  46:15

– Oui.

 

Nicolas Brichet  46:15

– Le coach, il nous dit en début d’après-midi, l’annonce présidentielle va arriver, il faut que vous rentriez dans vos villes respectives. Parce que du coup, on ne peut pas, il y aura peut-être plus de train demain matin, etc. Bref. Et il nous pose juste la question, en quoi le confinement va être une opportunité pour vous ? Et il nous dit, juste vous réfléchissez à ça. Et en fait, moi, ça m’a travaillé en me disant, au début, moi, je faisais plutôt du coaching en entreprise, parce que je venais de Klaxoon et que c’était plus simple. J’avais quand même gardé quelques contacts avec des personnes qui m’avaient fait réintervenir chez eux. Et je me suis dit, en fait, moi, mon origine, c’est vraiment le monde de la santé. Et le monde de la santé, pendant le confinement, ils ont pris cher. Et je me suis dit, peut-être que là où je vais avoir de la valeur, ça va être de reprendre tout mon acquis sur la gestion de l’imprévu, sur l’organisation quand on ne sait pas ce qui va se passer le lendemain, l’agilité là-dedans. Je me dis, c’est peut-être ça, en fait, où je vais avoir une valeur à le rendre. Mais c’est ceux qui ne sont pas disponibles. Et du coup, dans cet espace de coworking-là, on avait un entrepreneur qui créait des formats vidéo et qui cherchait en fait… à se développer lui aussi. Et je lui en parle un jour en disant, ben voilà, moi j’ai ce projet-là, mais je ne sais pas comment le faire vivre parce que je ne peux pas aller en établissement de santé, je n’ai pas le droit de me déplacer. Les établissements de santé sont fermés, je ne suis pas vacciné Covid, je n’ai pas accès. Et puis c’est quand même mars 2020, on flippait un peu de savoir est-ce que c’est grave, pas grave, etc.

 

Olivier My  47:27

– Ben c’est ça, oui.

 

Nicolas Brichet  47:28

– Il me dit, ben écoute, est-ce que ça te tente qu’on fasse une ou deux vidéos et tu l’envoies et tu testes ? Et en fait, j’ai envoyé ça à une directrice d’école infirmière. Et elle m’a dit, en fait, ta vidéo, elle est hyper pédagogue. Et du coup, elle va me servir. Moi, je l’ai diffusée à mes cadres, en fait, chez moi. Et donc, elle me raconterait quand même, elle me dit, est-ce que tu aurais d’autres sujets en bagage pour, du coup, diffuser des conseils pratiques et de sortir les gens du quotidien ? L’idée, ce n’était pas de parler du confinement ou du Covid, mais c’était plutôt de se dire, quand il y a un truc imprévu, comment je peux le gérer ? Comment je fais un scan de mes émotions ? Vraiment d’amener les gens à se recentrer un peu sur eux dans ce moment-là. Et on s’est mis en challenge de faire une vidéo tous les jours. Et du coup, j’ai fait 65 vidéos, un truc comme ça, pendant cette période-là Covid, où du coup, je produisais beaucoup de contenu assez court. Et ouais, c’est venu comme ça, en fait. L’idée est venue de se dire comment je peux en faire une opportunité et que le format vidéo était le seul format qui était disponible à ce moment-là où je pouvais diffuser mon contenu, en fait.

 

Olivier My  48:22

– C’est super parce que ça veut bien dire utiliser un tremplin, finalement, pour faire autre chose, alors que pour beaucoup de gens, c’était un problème. La situation était terrible. Et encore une fois, des rencontres. Des rencontres qui font la différence. Mais c’est vrai que moi, quand j’avais vu ces vidéos-là, je les avais trouvées déjà très qualies. Et j’avais trouvé que justement, tu avais cette capacité à expliquer les choses d’une manière très claire. Et ce qui était intéressant, c’est que moi qui te connaissais dans un autre domaine, du coup, moi je n’avais pas tout le bagage que tu avais derrière. Je me dis, c’est intéressant parce que du coup, tu parles des mêmes choses dont moi je parle, mais dans un domaine que moi je trouve mériterait en fait d’avoir encore plus de ces notions-là. Donc je trouvais ça génial à l’époque. C’est pour ça que du coup, on a eu l’occasion d’échanger sur le sujet. Et du coup, tu fais ces vidéos-là, donc tu en fais 60 et quelques. Les années passent. Qu’est-ce qui se passe ensuite ?

 

Nicolas Brichet  49:08

– Alors… Du coup, ensuite, j’ai beaucoup plus d’accompagnement dans la santé.

 

Olivier My  49:12

– Ok.

 

Nicolas Brichet  49:13

– Où je commence à accompagner d’abord par les étudiants. Parce que je viens de la pédagogie, parce que je connaissais la directrice de l’école qui accepte de me faire réintervenir. C’était dans mon école où j’étais formé avant. C’est vraiment ça ? Ouais. C’est ce que je lui ai dit en fait. Ça a été fou de devenir formateur à un endroit où j’ai quitté. Et du coup, je commence à les accompagner. Puis en plus, les formateurs de l’IFSI qui sont cadres de santé. Ils suivent souvent les interventions des premiers intervenants pour voir si je raconte pas trop n’importe quoi et si c’est cohérent. Ils me disent, mais en fait, ce que tu leur dis là, moi, ça me servirait dans ma pratique. Et du coup, on en parle avec la directrice, on aurait un projet d’accompagner l’équipe cadre de santé de l’institut de formation. Donc, elle dit, ok, pas en co, je les emmène faire de l’équicoaching, je les sors de leur domaine, etc. Et quand ils reviennent, ils en parlent à d’autres cadres. Et en fait, je me suis mis à accompagner les cadres de cette institution-là, comme ça. et de fil en aiguille j’ai accompagné des cadres sup Et j’en reviens à ce moment où j’accompagnais des équipes. Et j’étais plutôt installé, ça marchait plutôt bien sur cette période-là avec les équipes. Mon Calliope a mis un peu de difficulté dans tout ça, un peu de contraintes. Mais ce n’était pas au point de partir. Mais j’avais trouvé un peu le format des programmes que je pouvais faire et d’accompagnement. Et il y a eu ce moment où je me suis dit, mais en fait, je parle d’équipe. Mais je ne vis plus dans des équipes, en fait.

 

Olivier My  50:29

– Mais justement, avant qu’on arrive à ce moment-là, toute cette période-là, ça dure combien de temps ? Ça veut dire que depuis 2019-2020, là.

 

Nicolas Brichet  50:36

– C’est ça ? Jusqu’à 2022. Donc, 3-4 ans.

 

Olivier My  50:39

– Donc, 3-4 ans, tu réussis quand même à accompagner régulièrement des personnes dans des institutions santé. Et les personnes que tu accompagnes, c’est quoi le genre de personnes ? C’est-à-dire, tu parles de cas de cas de sup, mais c’est quoi ? C’est des médecins ? C’est des infirmiers ?

 

Nicolas Brichet  50:53

– Non, c’est infirmier. Alors, du coup, dans ceux que j’accompagne, dans le profil, ça va être effectivement cadre de santé. Donc, c’est des infirmiers qui deviennent managers. En fait, c’est quand on dit cadre de santé, c’est des managers qui managent du coup des équipes de soins. Et moi, j’ai choisi de le faire uniquement en institution, dans des hôpitaux ou dans des cliques. Je ne voulais pas aller sur le terrain des libéraux ou d’autres structurations professionnelles dans le médico-social, par exemple, les maisons de retraite ou autre.

 

Olivier My  51:20

– D’accord, ouais.

 

Nicolas Brichet  51:21

– Parce que je connaissais moins et il y a quand même un langage. dans la santé qui fait que c’est… En tous les cas, moi, ça me paraissait plus simple d’aller voir des gens où on parlait le même langage, où on était capable de se comprendre déjà. Quand ils m’expliquaient leur métier, je leur posais des questions pas vraiment sur ce qu’ils faisaient parce que je l’avais compris, mais sur comment ils le faisaient, pourquoi ils le faisaient comme ça, etc. Ce qui fait qu’ils pouvaient utiliser tous leurs termes techniques et tout. C’était plus simple pour moi. J’ai fait une fois en EHPAD et je me suis rendu compte que c’est un contexte qui est similaire. mais le langage est différent et du coup on n’a pas eu cette connexion simple en fait il fallait à chaque fois pardon vous me parlez de ça mais ça signifie quoi pour vous comment j’arrivais pas à tout comprendre dans le contexte donc c’est normal on peut le faire à plein d’endroits mais moi ça me mettait en difficulté donc du coup j’ai préféré faire ce choix d’organisation dans un domaine qui te.

 

Olivier My  52:05

– Parle le plus toi pour toi ouais et donc toi qui as vécu le monde on va dire un peu informatique où t’as un peu accompagné des gens tu vois à ta manière et toi qui vois maintenant le monde de la santé c’est quoi le genre de sujet ? que vous discutez, est-ce que c’est similaire ou est-ce qu’il y a des choses qui sont très spécifiques que tu pourrais nous partager ?

 

Nicolas Brichet  52:23

– Oui, alors il y a les deux. Il y a des sujets qui vont être ultra spécifiques d’organisation de soins, parce qu’il y a des règles d’organisation, de protocolisation, etc. Mais quand on prend un peu de recul, en fait, c’est les mêmes sujets qu’on va traiter. Souvent, les sujets qui revenaient pour moi, c’est comment je peux animer mon équipe. Parce que dans la santé, c’est un peu comme les 3-8. Pour un service où on a, je ne sais pas moi, 5-6 infirmiers en même temps, ça va faire tout de suite des équipes de 30-40 professionnels en fait.

 

Olivier My  52:52

– Ça va vite.

 

Nicolas Brichet  52:52

– Oui, parce que du coup, il y a les congés, il y a les repos, on travaille du lundi au dimanche toute l’année. Donc, il faut du monde tout le temps. Mais le patient qui est pris en charge à 9h par l’infirmier X, à 14h quand c’est l’infirmier Y qui vient, ça ne peut pas être une prise en charge différente. Alors que c’est deux personnes différentes. Donc en fait, il faut avoir la capacité. Alors, on a un socle commun de connaissances, de formation, mais après à qui on est fait qu’on est forcément différent alors on garde notre patte. Mais le travail des cadres, c’est aussi d’harmoniser les soins. Et du coup, il y avait beaucoup cette question-là de se dire, comment je peux faire en sorte que mon équipe, sans se voir en réunion, parce qu’on a très peu de temps dans les institutions, de réunion où on pose les gens pour réfléchir ensemble, c’est 10 minutes, 15 minutes par jour. Comment, sans ces temps-là, je peux faire en sorte que ma culture de service, elle se transmette et elle se diffuse dans l’équipe ? Et ça, c’est un sujet que je trouvais ailleurs, en fait, sur des équipes distribuées. quand j’ai un bureau à Paris, à Lyon et à Marseille comment je fais pour que les gens Ils aient la même culture d’entreprise alors qu’ils ne se voient pas et ils ne s’entendent pas tout le temps. Et donc, dans les soins, il y a beaucoup cette question-là. On m’appelait beaucoup pour ça. On m’appelait aussi sur les sujets de comment je peux changer les formats de réunion. Parce qu’on ne se voit pas beaucoup de temps.

 

Olivier My  53:55

– Mais déjà, on ne se voit pas beaucoup de temps. Et en plus, c’est pourri.

 

Nicolas Brichet  53:58

– C’est ça. Et alors, pas tout le temps pourri. Mais en tout cas, ils appelaient ça les flashs infos. Et les flashs infos, c’était l’actualité institutionnelle. Donc, je transmets de l’info. la nouvelle procédure des congés je transmets de l’info le machin je transmets de l’info Et je me disais, mais à quel moment l’équipe vous transmet de l’info ?

 

Olivier My  54:13

– Quand est-ce que ça va dans l’autre sens ?

 

Nicolas Brichet  54:16

– Et voilà, certains le faisaient à d’autres moments, etc. Il y avait des choses, mais du coup, les sujets qu’on traitait étaient vraiment liés à comment je peux mieux organiser les temps où je croise mon équipe pour qu’on ait cette envie de travailler ensemble et de se développer en fait.

 

Olivier My  54:29

– Comment est-ce qu’on crée un vrai collectif plutôt qu’une somme d’individualité avec peut-être une même tête ou un truc comme ça ? Oui.

 

Nicolas Brichet  54:35

– C’est ça. Et c’était toute cette difficulté-là d’avoir un collectif effectivement de soins. Et puis le dernier sujet, c’est les conflits.

 

Olivier My  54:40

– Il y en a aussi là-bas ? Non.

 

Nicolas Brichet  54:42

– Il n’y a jamais de conflit en santé, on s’entend tous très bien. Et du coup, c’était ça en fait, c’était comment je gère un conflit. Et notamment la difficulté, c’était quand le manager n’est pas présent. Parce que la nuit, il n’y a pas de manager. Alors, il y a des établissements où il y a des cadres de nuit, mais pas partout. Et de se dire, quand c’est difficile la nuit, comment en tant que manager, je peux agir dessus alors que je ne suis pas présent tout le temps ? Et donc du coup, c’était comment je crée de la présence à distance. Et je trouve que le Covid avait amené à réfléchir là-dessus. avec des équipes de se dire, en fait, maintenant, on est tous à distance, mais comment on crée de la présence à distance ? Comment ils peuvent savoir que je suis là ? Du coup, on avait mis ça en place dans les équipes de nuit, de se dire, quand il y a un conflit dans une équipe de nuit, il faut que le manager arrive à être présent sans être physiquement là. Et donc ça, je trouve que c’est des sujets que tu retrouves un peu partout dans l’anglais.

 

Olivier My  55:26

– C’est génial parce que du coup, ça montre bien qu’il y a un pont entre tous ces mondes qui sont assez différents. En vrai, c’est des ponts faciles parce que du coup, c’est des gens. Est-ce que tu as perçu des différences notables, si je puis dire, en termes de culture ? C’est-à-dire que c’est des mêmes sujets. Tu vois le conflit, par exemple, typiquement. Tu peux l’amener dans une structure de santé, mais tu peux l’amener, moi par exemple, dans des banques, des assurances, des choses comme ça. Mais culturellement parlant, les gens sont différents. Est-ce qu’il y a des choses ? marquantes dont tu te souviens, tu te dis, tiens, ce sujet-là, dans le monde de la santé, ça passe mieux de telle manière ou ça a été plus difficile pour telle ou telle raison alors que dans un autre domaine, ça a été l’inverse, etc. Est-ce que tu as des souvenirs de ce genre-là ?

 

Nicolas Brichet  56:09

– Oui, la différence notable, c’est qu’il y a un autre humain qui dépend de nous dans un lit. Et ça, ça change beaucoup de choses. C’est-à-dire que quand je travaille avec mon collègue que je n’aime pas mais qu’on doit aller faire la toilette du patient, c’est impensable que le patient y ressente. et il le fait forcément, il le ressent forcément, mais que ça soit délétère pour la prise en charge parce que l’équipe ne s’entend pas. Ou parce que, je ne sais pas, il n’y a pas forcément que des conflits, mais il y a un changement de tel matériel de soins qui fait qu’on doit changer d’autre manière de faire. Le patient, il ne peut pas en pâtir, en fait. Là où, je ne sais pas, la banque, il change de logiciel. Bon, OK, pendant 24 heures, on n’a pas accès à notre logiciel de banque. C’est embêtant. Voilà. Nous, si on dit aux patients, là, pendant 10 heures, on ne peut pas vous prendre en charge parce que du coup, on ne connaît pas encore comment ça fonctionne. Ce n’est pas pensable. On veut être soigné. On veut avoir la même qualité de soin, peu importe ce qui se passe derrière. Et ça, c’est vraiment quelque chose qui est central dans le milieu du soin. C’est qu’on ne peut pas s’arrêter de soigner les gens. Peu importe ce qui se passe dans le contexte, ça ne peut pas s’arrêter de se soigner. Alors on a vu pendant le Covid qu’on pouvait décaler les opérations, mais on a vu aussi toutes les répercussions négatives que ça a eu sur des gens qui sont devenus un peu plus malades qu’en temps normal s’ils avaient été pris en charge à temps. Donc ça nous fait bien dire que peu importe le contexte dans lequel on se trouve, on ne peut pas s’arrêter de soigner. C’est-à-dire que même pendant les grèves, les gens ne s’arrêtent pas de soigner les malades. Ils le font différemment, mais ils ne s’arrêtent pas de soigner. Et ça, je trouve que dans les conflits, du coup, on arrive des fois à retrouver… On parle de se reconnecter à l’humain, au cœur, quand des fois, moi en tout cas, c’est mon approche du conflit, de dire arrêtez d’être dans votre tête et de vous opposer, juste on se regarde là-dessus. En fait, avec le patient, c’est assez facile d’y aller en disant Mais là, si je vous allonge dans le lit, je vous mets deux personnages qui sont en train de se disputer au-dessus de vous. Comment vous vous sentez avec ça ? Et donc du coup, les gens, assez naturellement, ils ont envie de se mettre à l’écoute de l’autre. Et je trouve que ça, c’est une vraie différence que j’ai vue. C’est quand même cette empathie assez naturelle auquel on est formé, mais il y a des dispositions un peu naturelles pour aller dans les soins.

 

Olivier My  58:05

– Oui, c’est ce que je me dis. C’est forcément les gens en plus qui sont là, au départ, normalement, ils veulent quand même que le patient aille mieux et qu’on prenne l’impact direct de leur comportement sur le résultat final. Et c’est vrai que là où je te rejoins, alors moi c’était dans un autre cadre mais Ne serait-ce que quand tu es en contact direct avec un client, alors là, c’est impatient, c’est encore différent, mais quand tu es en contact direct avec un client, ça change totalement la manière dont tu appréhendes tes objectifs, tes contraintes et un petit peu tes caprices. Parce qu’en entreprise, encore une fois, quand c’est de l’immatériel, de l’intangible des projets, des logiciels, des trucs comme ça, effectivement, il n’y a pas mort d’homme derrière. En tout cas, la plupart du temps, il n’y a pas mort d’homme derrière. C’est plus une question de… Est-ce que je vais être bien vu par mon chef ? Est-ce que ça va me faire avoir, je ne sais pas, mes primes ? Je ne sais pas quoi, tu vois, il y a autre chose derrière. Mais quand tu as vraiment quelqu’un en face de toi, d’un coup, tout ça, ça tombe. Il y a juste un objectif, c’est comment est-ce que je sers mon client et je le rends satisfait. Et moi, l’expérience que j’avais eue, qui m’a redonné, qui m’a réappris ce truc-là, pas que je ne le savais pas, mais tu vois, des fois, tu le sais dans ta tête, mais tu le sais pas dans ton coeur, dans ton corps tu vois c’est que moi je me suis, il y a quelques années j’ai pris un petit job à côté de restauration. D’accord ? Parce que j’ai toujours voulu faire ça. Voilà, c’est un rêve de… Je n’en sais rien, bref. Et j’ai eu cette opportunité-là et j’étais ce qu’on appelle runner. Donc, runner, c’est un gros serveur. Ça m’a rappelé mes moments de brancardier. Parce que c’est un peu ça que tu fais quand tu es brancardier. Tu emmènes un truc d’un endroit à un autre. Et le fait d’être en contact direct avec les clients, ça change totalement la donne. Parce que déjà, je trouve que tu as une satisfaction qui est différente. Ça donne du sens à ce que tu es en train de faire, mais ça t’aide à faire des choix. qui sont driveés par rapport à cet objectif qui est de satisfaire le client et pas juste de faire ce que toi, tu as à faire. Parce qu’il y a moyen quand même, peut-être que dans le monde de la santé, où il y ait cette notion de silo. Tu le vois quand même ça aussi. Mais du coup, je trouve que ce système de silo, on arrive à le dépasser lorsque l’on est le plus proche possible du résultat final. Tu le vois à quel endroit, toi, les silos, du coup, dans le monde de la santé ?

 

Nicolas Brichet  1:00:03

– Alors, c’est un vrai sujet dans la santé. Alors, il y a des équipes, l’infirmier et l’aide-soignant. L’aide-soignant, il est plutôt là pour les soins près du… patients, mais sur les soins toilettes, alimentation. Et l’infirmier, il est plutôt sur la délivrance des traitements, sur l’évaluation clinique. Il y a des équipes où les étudiants travaillent d’un côté, les infirmiers travaillent d’un autre côté, et les informations sont croisées que sur le logiciel de patients.

 

Olivier My  1:00:26

– Ah oui, c’est le logiciel qui fait la transaction entre les deux. Oui.

 

Nicolas Brichet  1:00:28

– C’est ça. Donc là, il y a un peu de silos. Et puis, parfois, il y a du silo, même très régulièrement, entre l’équipe de soins, le brancardage, l’équipe de soins, les blocs, l’équipe de soins, la restauration. En fait, on est tous autour du patient, mais il y a peu d’endroits où on se met vraiment à dialoguer ensemble en se disant comment on peut améliorer le parcours patient. Mais vraiment d’un point de vue parcours…

 

Olivier My  1:00:52

– Expérience utilisateur. Oui, c’est ça.

 

Nicolas Brichet  1:00:54

– Et pas juste pour sa personne, en fait. Et ça marche quand même. On dit qu’en santé, il y a du travail en équipe. Mais moi, j’ai vu des équipes qui ne travaillaient pas ensemble, qui étaient côte-côte, comme on pourrait avoir ça à d’autres endroits, en fait. Limite, on dit des fois, on s’envoie un mail à son voisin de bureau. Là, ils écrivent sur le logiciel patient en espérant que l’autre va lire la transmission pour le savant, en fait. Parce qu’il n’y a pas de temps de transmission, parce que ce n’est pas dans la culture. Il y a même des endroits où les aides-soignants n’écrivent pas dans les dossiers patients. donc tout ce qu’ils font c’est transparent ça n’existe pas Alors, ça n’existe pas. Ça n’existe pas au sens… Ce n’est pas tracé, ce qui est fait. Donc, oui, ça marche en silo à plein d’endroits.

 

Olivier My  1:01:31

– Donc, créer les interactions, ça reste un véritable enjeu dans tous les domaines. C’est ce que j’entends.

 

Nicolas Brichet  1:01:36

– Et ce que tu disais, je voulais juste rebondir là-dessus, en fait, c’est que tu parlais que ça donnait du sens. Et c’est vrai que pour la santé, on a une utilité immédiate du geste qu’on produit.

 

Olivier My  1:01:45

– C’est vrai.

 

Nicolas Brichet  1:01:45

– C’est-à-dire qu’on voit le résultat immédiatement. Il n’y a pas d’immatériel, enfin très peu d’immatériel dans les soins. Et c’est ce qui, moi, je travaillais ça avec les cadres de santé. On passe d’un poste d’infirmier où je fais une prise de sang, un truc assez bête. Je fais une prise de sang, j’ai le résultat immédiat, je peux agir dessus, à cadre de santé où je veux faire un changement, mais je ne vois pas le changement. Toute ma journée, quand on me demande qu’est-ce que tu as fait, j’ai répondu à des mails, j’ai fait des réunions. Mais concrètement, en fait, ma femme, elle a eu beaucoup de mal à expliquer des fois ce que je faisais parce que ce n’était pas concret. Elle, quand on dit infirmière, tout le monde a une représentation de l’infirmière. Oui.

 

Olivier My  1:02:18

– C’est ça.

 

Nicolas Brichet  1:02:19

– Elle peut expliquer concrètement ce qu’elle fait. Elle peut expliquer mon métier des fois en cadre. Ils disaient, ils s’occupent des gens, mais différemment. Et après, ça n’arrivait pas à trouver des trucs concrets, en fait, pour expliquer, même aux enfants. Des fois, quand tu expliques à un enfant c’est quoi être cadre, il ne voit pas trop. Et je trouve que dans la santé, vraiment, pour hors d’or des cadres, on a cette chance-là qu’immédiatement, on voit le résultat. C’est-à-dire que quand on change une procédure, ce n’est pas trois semaines après qu’on a le résultat. C’est immédiatement, en fait, on change le numéro d’appel des brancardiers. Et c’est un changement qu’on a fait il n’y a pas très longtemps dans mon équipe pour que ça soit plus réactif. Mais en fait, le jour même… on a vu que il y a toujours un branquage qui répond quand on leur a mis tous un téléphone un truc bête et du coup les patients ils attendent moins donc on a moins d’insatisfaction patient donc il y a moins de lourdeur pour les infirmiers ils finissent à l’heure en fait il y a une satisfaction globale qui s’installe mais dans la semaine alors que quand j’accompagne des équipes cadres qui passent de ce statut là au statut cadre bah là l’utilité directe de leur action elle était compliquée et de garder une trace de ce qu’ils ont fait et vraiment ils étaient là-dessus en disant mais en fait je fais plus rien j’arrive plus à voir ce que je fais et du coup on a fait tout un accompagnement sur eux Comment je peux remettre de la trace dans ce que je fais dans mon quotidien, pour que ça soit concret, que je reparte avec un truc ? J’ai fait ça.

 

Olivier My  1:03:27

– Et c’est dur, parce qu’en vrai, en tant que manager, en tout cas, moi, la vision que j’en ai, c’est que ce que l’on offre aux autres, c’est de la disponibilité. C’est-à-dire qu’en vrai, si on est trop occupé, on n’a pas cet espace. Pouvoir aller regarder ce qui se passe, aller pouvoir écouter les gens, ou aller déclencher une conversation qui peut-être n’a pas lieu, ou ce genre de choses-là. Donc, créer de l’espace fait partie, finalement, de ce dont on a besoin. mais c’est quelque chose qui n’est pas toujours valorisé Parce qu’il n’y a pas quelque chose de concret derrière ou ce n’est pas immédiat. Parce que quand tu as écouté quelqu’un, ok, il y a un effet, la personne peut s’exprimer sur le moment, mais l’effet, il est plus lointain. Et voire même, des fois, quand tu préviens des risques, tu ne sais pas vu qu’il n’est pas arrivé.

 

Nicolas Brichet  1:04:06

– Oui, ça.

 

Olivier My  1:04:06

– Tu vois ce que je veux dire ? Donc, effectivement, je trouve que c’est un positionnement qui est difficile quand tu es dans ce monde-là. Et dans le monde du coaching, c’est pareil. Oui, c’est un peu ce problème-là. Ce que je te propose, c’est qu’on parle un petit peu d’aujourd’hui où tu en es. Ça veut dire que tu accompagnais des gens et maintenant, effectivement, tu as retrouvé une équipe. Qu’est-ce que ça change au quotidien pour toi ?

 

Nicolas Brichet  1:04:25

– Alors, j’ai vu deux changements. Le premier changement, ça a été de redécouvrir des problèmes et de devoir les résoudre moi-même. En fait, je me suis retrouvé à dire, je conseillais ça aux gens. Mais en fait, dans la vraie vie, ce n’est pas si simple que ça à mettre en place. Je ne sais pas, moi, j’arrivais dans un service où ils n’avaient que des réunions descendantes. Pendant trois heures, ils écoutaient quelqu’un. Et moi, je suis arrivé en disant « Non, je ne vais pas faire ça, je vais faire autrement. » Et je leur propose un petit icebreaker. C’était un truc tout simple. Une anecdote vraie, deux anecdotes fausses. Enfin, l’inverse, mais on doit découvrir l’anecdote fausse. Ils ont dit « Non, mais nous, on ne joue pas. » Et ils sont restés tous assis. Devant moi, il y avait 30 personnes. Ils ont dit « Non, on veut écouter ce que tu as à nous dire, mais on ne va pas faire nous. » Et je me suis dit « Waouh ! » Comment je vais faire ? Et en tant que coach, c’était « Attends, c’est facile, tu les prends. » Mais en fait, je me suis retrouvé à me dire, en fait, je ne suis plus dans le conseil. Je suis dans le faire et ce n’est pas si simple que ça parce que j’ai des enjeux qui sont différents. Je ne peux pas prendre les mêmes risques quand je manage une équipe que quand je conseille à quelqu’un de tenter quelque chose en fait. Parce que là, je me dis, la filiation, la reconnaissance, la légitimité, tout ça, je peux tout casser parce que je veux trop changer. la manière de faire avec cette équipe. Donc, je suis reparti sur des réunions ultra classiques. Et puis, petit à petit, je leur disais, est-ce que vous êtes OK si on se fait juste une petite pause, faire un petit truc ? Et puis, petit à petit, voilà. Et à la fin, au bout de 2-3 ans, j’arrive à faire des réunions comme j’aime. Et puis, aujourd’hui, ils n’envisageraient pas de revenir en arrière. Mais je me suis rendu compte de ça, que si je continuais à vouloir être trop changeant, je cassais leur repère et je cassais tout. Et du coup, je me suis dit, en plus, ça c’était une manager qui m’avait confié ça elle s’est dit bon je me rappelle toujours qu’avant moi, il y avait quelqu’un, après moi, il y aura quelqu’un sur cette équipe et on a des équipes de soins qui sont assez stables. Moi, je vois dans mes équipes, elles ont facile 10 ans d’ancienneté dans le service et 10 ans d’ancienneté, elles ont pu voir 4, 5, 6, 10 cadres. Donc du coup, je me dis que le changement que je vais faire, en fait, l’équipe, elle va le subir ou elle va le vivre en tous les cas, mais celui d’après, elle va peut-être rechanger ce que j’ai changé. et donc c’est quoi la capacité de mon équipe à vivre des changements perpétuels de façon de voir les choses et de faire et donc en fait j’ai plutôt réappris à me dire en fait J’ai ma vision de là où j’aimerais les amener, mais d’abord, ma culture, comment ils fonctionnent, qu’est-ce qui est important pour eux. Je leur demande des fois, où est-ce que je peux aller changer quelque chose, parce que j’ai envie de changer. Mais dites-moi où vous m’autorisez à faire. Et du coup, ça, ça a été mon premier changement, de me dire que je ne peux pas tout changer dans une équipe. Et en fait, c’est trop facile quand on est coach et qu’on arrive.

 

Olivier My  1:06:48

– Et ça, c’est que je trouve un message hyper important. Moi, c’est quelque chose que je partage beaucoup aujourd’hui, c’est que la notion de positionnement a énormément d’impact. c’est à dire que c’est pas euh l’icebreaker en question, c’est pas les serious games qui ont vraiment de l’importance, c’est le positionnement que tu as quand tu partages ce truc-là. Parce que, effectivement, moi, c’est le questionnement que j’ai actuellement, où je me dis, effectivement, quand je parle avec des managers, avec des dirigeants, avec des équipes, les choses ont l’air légères et simples, quand tu le dis, parce que tu les accompagnes en train de faire. Mais il y a plein de chaînes que nous, on n’a pas en tant qu’accompagnants externes. Et la question que je me pose, et c’est intéressant de voir qu’en tout cas, toi, tu as cette expérience-là, tu passes de l’autre côté même si tu peux les percevoir, tu te dis, elles doivent être là, les chaînes. Mais quand tu les as, tu fais, bah merde, en fait, c’est pas si évident que ça. Et forcément, t’as des enjeux particuliers qui se mettent en œuvre. D’où l’intérêt aussi, quand même, d’avoir des fois des personnes extérieures, parce que ça t’aide à ne pas oublier que tu pourrais faire autrement. Mais c’est génial en tout cas d’avoir cette expérience, de dire, t’as les connaissances, mais maintenant, tu dois t’adapter au rythme des gens et de les prendre là où ils sont. Je trouve que le message du « il y aura quelqu’un après » aussi, c’est important parce que du coup peut-être que ça met moins d’enjeux Je ne sais pas si c’est comme ça que tu le vis toi, mais ça met moins d’enjeux sur les changements que tu vas mettre en œuvre. Mais c’est aussi respectueux des gens qui, eux, vont rester.

 

Nicolas Brichet  1:08:02

– Oui, c’est ça.

 

Olivier My  1:08:02

– Parce que je trouve que des fois, même en tant que consultant, on devrait avoir ça en tête. En tout cas, moi, c’est ce sur quoi je porte beaucoup mon attention. C’est en fait, ce que je laisse, moi, je ne vais pas le subir, tu vois. Autant que je laisse que des choses que les gens vont prendre parce que ça fait sens pour eux et pas juste qu’ils vont faire de manière automatique parce qu’il y a un constant qui a débarqué et qu’il fallait faire ça. Oui, c’est ça.

 

Nicolas Brichet  1:08:24

– Et le deuxième changement que j’ai vu, c’est de rentrer dans une routine où on oublie de se poser des questions. Et c’est-à-dire qu’en tant que coach, dès qu’on arrive quelque part, on doit se re-questionner sur, tiens, comment je vais amener ça pour cette équipe ? Et en fait, moi, j’avais un questionnement assez permanent dans ma pratique d’accompagnement. Je préparais mes entretiens individuels en me disant, tiens, lui m’a parlé de ça, il faudrait que je lui parle de ça, etc. À, finalement, le quotidien, c’est très… Enfin, le milieu de santé, je pense que c’est un peu partout pareil, mais c’est très ritualisé. C’est tous les jours la même chose finalement. Et du coup, je me posais beaucoup moins de questions. Et il y a le début de cette année, j’ai eu un problème de santé pas très grave, mais qui m’a fait m’arrêter pendant un mois. Et en fait, je me suis reposé en me disant, ça fait combien de temps que je n’ai pas lu un article sur le management, sur la méthode de travail.

 

Olivier My  1:09:09

– Sur les choses malheureuses.

 

Nicolas Brichet  1:09:10

– C’est ça en fait. Et je me dis en fait, je ne m’octroie plus ce temps que j’avais en tant que coach et que je conseillais d’ailleurs même dans mes accompagnements au manager, surtout rester informé, aller en formation, ouvrir le bout, etc. Et après, je me suis remis à écouter des podcasts, je me suis remis à écouter des vidéos et à me dire en fait, ah ouais, ça je savais, mais je ne sais plus du tout quoi. Et du coup, ça, c’est le deuxième changement de me dire en fait qu’au bout d’un moment, la routine reprend une place alors que j’avais essayé de changer des choses en fait et que je m’étais mis dans l’équipe et qu’aujourd’hui, je ne voyais plus les problèmes de l’équipe parce que j’étais dedans et que je n’arrivais plus à voir ce qui… Il n’y avait pas de gros dysfonctionnements, mais des choses qui auraient pu être améliorées ou changées.

 

Olivier My  1:09:45

– C’est vraiment la focale d’attention, j’ai l’impression. C’est ça que j’entends, c’est-à-dire que… lié au positionnement que tu as maintenant avec d’autres enjeux d’autres chaînes si je puis dire c’est pareil parce que tu es à un endroit particulier tu ne vois que certaines choses et forcément quand tu étais coach accompagnant tu étais autour donc vu que tu es autour tu vois l’ensemble et tu aides les gens à lever la tête mais forcément tu as des enjeux tu dois délivrer des choses et puis maintenant il faut y aller donc c’est génial comme vision des choses et le fait de réappartenir à une équipe alors ça change quoi ?

 

Nicolas Brichet  1:10:13

– Ça change pas mal de choses déjà de ne pas se sentir seul dans la prise de décision.

 

Olivier My  1:10:17

– Mouais.

 

Nicolas Brichet  1:10:18

– Moi, c’est un vrai point sur l’entrepreneuriat. C’était d’être tout seul dans le processus de décision et de se dire, même si j’avais des gens avec qui je pouvais causer pour savoir est-ce que c’est bien, etc. Mais finalement, la décision, c’était toujours moi qui devais la prendre tout seul.

 

Olivier My  1:10:30

– Qui n’impactait que toi au final.

 

Nicolas Brichet  1:10:32

– Oui, c’est ça. Et que là, avec l’équipe, c’est de se dire, on peut décider ensemble, on peut construire une réflexion. Il y a toujours quelqu’un qui n’est pas d’accord avec ce que je pense. Et ça maintient, je trouve, une capacité d’ouverture, qui est parfois un peu épuisante dans le quotidien. Mais cette capacité d’ouverture, il y a des gens dans le monde qui ne pensent pas comme moi. Et c’est même plutôt bien. Mais je trouve que quand on est trop tout seul, on peut se mettre à penser et à croire que tout le monde pense un peu comme nous parce qu’on lit les mêmes choses. Les réseaux nous proposent les mêmes contenus. Donc on se dit, finalement, j’ai raison, tout le monde pense comme moi. Là, je me confronte à des vrais gens dans une équipe. ou sur un même sujet où on est censé être d’accord parce qu’on a les mêmes valeurs, et bien non en fait, il y a quelqu’un qui ne le voit pas comme ça, et je trouve que c’est hyper enrichissant. Donc le fait de faire partie d’une équipe, ça, ça m’a vraiment changé. Et puis d’avoir une appartenance plus haute que moi. Un truc qui me dépasse moins, c’est que je fais partie d’une équipe qui contribue à quelque chose qui est un peu plus haut que moi, et que je contribue à quelque chose d’utile pour les autres. Et quand j’étais tout seul, je contribuais à quelque chose qui… Alors oui, en accompagnant les autres, je les ai développés, mais… Je n’avais pas ce sentiment d’utilité un peu global, en fait. Et que là, dans l’équipe, ça me change ça.

 

Olivier My  1:11:39

– Super. Mais en plus, tu peux aller déjeuner avec des gens. Tu peux faire partie.

 

Nicolas Brichet  1:11:43

– Il m’invite à manger et tout ça.

 

Olivier My  1:11:46

– C’est super. Merci bien, en tout cas, pour ces partages-là. Ce que je te propose, c’est qu’on bascule sur la dernière phase de cet épisode-là. Donc, comme tu as pu le voir et comme tu as pu potentiellement l’écouter dans d’autres épisodes, j’ai mon petit stock de cartes qui est à côté de moi et dont tu vas voir. la possibilité de découvrir. Parce que je te vois yoter dessus.

 

Nicolas Brichet  1:12:07

– Oui, je regarde. On peut se retourner pour ce qui écoute. Je ne sais pas s’il y a écrit dessus, c’est dommage.

 

Olivier My  1:12:13

– C’est marrant parce qu’en plus, dans le processus de préparation, souvent, je le fais devant vous, les invités. J’aime bien parce qu’il y a toujours cette curiosité de se dire « Mais pourquoi il prend celle-là et pas celle-là ? .

 

Nicolas Brichet  1:12:24

– Il y a un choix aussi dans ce que tu fais. Ce n’est pas que l’aléatoire. Exactement.

 

Olivier My  1:12:26

– Ce n’est pas que l’aléatoire. Non, non. quand tu vas tirer la carte, mais il y a une sélection comme je le disais, de par les conversations qu’on a avant l’épisode et des questions que je trouverais intéressantes de te poser. Donc c’est un choix sans être un choix. Donc je te tends le paquet de cartes, donc tu vois il y en a quand même un certain nombre. Je vais te proposer d’en tirer une. Donc je te propose de la lire. Et tu as le choix. Soit tu en retires une mais tu ne pourras pas la reposer. Soit tu réponds à celle-là que tu as en face de toi.

 

Nicolas Brichet  1:12:57

– Si tu étais un artiste Merci. Qui serais-tu et pourquoi ? Je vais la reposer et je vais te dire pourquoi je la repose. Je ne suis pas fort pour retenir les noms d’artistes et ce qu’ils ont fait. Je m’intéresse. En fait, j’ai découvert l’art il y a peu de temps. Et en fait, c’était un truc où je n’étais pas sensible. Avec mon épouse, on s’est rendu compte de ça, qu’on ne s’y intéressait pas.

 

Olivier My  1:13:17

– Tous les deux ?

 

Nicolas Brichet  1:13:18

– Oui, tous les deux. C’était un truc qui nous… On aime regarder les films, les séries et tout, mais on s’y intéresse depuis peu. De vrai, j’ai peu de connaissances là-dessus.

 

Olivier My  1:13:24

– Et du coup c’est quoi les centres d’intérêt autour de l’art que vous avez aujourd’hui ?

 

Nicolas Brichet  1:13:28

– Du coup, on va plus s’intéresser au film, plutôt le cinéma, et l’architecture un peu plus extérieure. C’est-à-dire qu’on est parti à Rome, à Florence.

 

Olivier My  1:13:36

– Vous appréciez un peu plus maintenant de regarder les choses ? Oui.

 

Nicolas Brichet  1:13:38

– On regarde, on compare, on essaie de se renseigner de qui a construit tel monument, etc. Pour se dire, ah ouais, tiens, ok, c’était dans cette époque-là que ça a été créé, et c’est quoi l’impact ? Mais en fait, c’est tout récent, et je la repose pour ça.

 

Olivier My  1:13:50

– Tu vois, c’est intéressant aussi de le voir. C’est-à-dire que maintenant, on pouvait avoir des conversations autour d’un verre. Oui, alors l’architecte… Non.

 

Nicolas Brichet  1:13:56

– Passe-moi. mais on va dire tiens j’aime bien cette bâtisse mais en fait pourquoi je l’aime bien ah ouais en fait parce qu’elle me rappelle ça et du coup en fait c’est plus ça c’est génial de se découvrir ça allez j’en tire une autre hop là celle-ci ah ça c’est top si tu devais te réincarner dans un animal lequel serait-ce et pourquoi et donc du coup ça en fait c’est un truc sur lequel on est sensible dans la famille on essaie souvent de trouver nos animaux totems ouais super Et moi, celui qui ressort tout le temps, c’est le cerf. Et vraiment, je pense que c’est un animal qui me correspond pas mal. Et j’aimerais bien me réincarner dans un cerf. Alors, un cerf, pas forcément qu’on aurait une meute ou plusieurs, je sais pas comment on dit chez les cerfs, mais plusieurs femmes et plusieurs enfants. Mais plutôt dans l’image de le côté conduire les autres. Ça, c’est un truc qui est important pour moi. Et cet animal, je trouve qu’il le montre bien parce qu’il a un côté de force. Une force qu’on ne voit pas. Je connais très peu de personnes qui peuvent dire, ah ouais, moi, j’ai croisé un cerf l’autre fois en forêt. C’est un animal qu’on voit peu. qui reste très discret. Mais par contre, quand on le voit, il impose une sérénité et un côté sécurité. Et c’est souvent ce qu’on me renvoie, que j’amène à une certaine sérénité, une certaine sécurité dans ma posture et dans ma manière d’être. Donc au début, c’est les gens qui me renvoyaient ça. Et puis petit à petit, je me suis intéressé à cet animal-là et effectivement, je le trouve intéressant pour ça. Il y a le côté sécurité, sérénité. Et puis le côté, j’emmène les gens en fait. Il y a ce côté-là en fait pour le cercle. Donc j’aime bien ce côté meneur.

 

Olivier My  1:15:20

– Ouais. il y a ce côté là et tu disais que vous faites ça dans la famille ?

 

Nicolas Brichet  1:15:24

– Oui, on a nos animaux totems.

 

Olivier My  1:15:25

– Et donc, c’est quoi ? Tu utilises les cartes totems ? Oui.

 

Nicolas Brichet  1:15:28

– On a les cartes totems sur lesquelles on regarde. Et puis, quand il y a des animaux qui viennent à nous de manière spontanée, auxquels on ne s’y attendait pas, on essaie de dire, tiens, qu’est-ce que ça veut dire ?

 

Olivier My  1:15:38

– Tu as un cochon qui débarque. Oui, c’est ça.

 

Nicolas Brichet  1:15:41

– Pourquoi il y a un cochon là ? Non, mais par exemple, du coup, sur notre voiture, sur le rétroviseur du côté de ma femme, il y a une buse qui s’est posée pendant un moment. Et elle était là, on était à l’arrêt dans les bouchons. On s’est dit, mais pourquoi elle se pose là ? Il n’y a aucune raison, mais juste on s’est dit, tiens, si ça avait une signification. Donc, on s’intéresse aux animaux totems comme ça. Et puis, de se dire, il y a des animaux qu’on aime naturellement et on ne sait pas pourquoi. Ma fille, tu parlais du cochon, c’est drôle. Ma fille est fan de cochon.

 

Olivier My  1:16:05

– C’est marrant.

 

Nicolas Brichet  1:16:06

– Mais on ne sait pas du tout pourquoi. Et en fait, le cochon, il a ce côté très social, vivre avec les autres. Il a ce côté douceur, malgré tout ce qu’on peut avoir comme image. et en fait dans sa fonctionnalité dans le monde animal il amène tout ça le cochon Et du coup, ma fille, elle a ce côté-là, ce social, elle va vers les autres, elle est très douce dans ses gestes, dans l’empathie, etc. Et le cochon, il a ça comme valeur. Et je trouvais ça drôle de se voir. Alors, du coup, on fait des liens parce qu’on a envie de les trouver. Oui.

 

Olivier My  1:16:28

– C’est ça.

 

Nicolas Brichet  1:16:29

– Mais les animaux totems, ça nous parle. On fait pas mal ça dans la famille.

 

Olivier My  1:16:32

– Mais du coup, qui dit animal totem dit animal et dit qualité. C’est quoi la qualité qui émerge ? Alors souvent, tu disais sérénité et sécurité, mais est-ce qu’il y a autre chose ?

 

Nicolas Brichet  1:16:41

– Dans la valeur, au côté serre ? Du coup, je ne sais plus trop comme ça, mais moi, j’avais plutôt retenu le côté sérénité.

 

Olivier My  1:16:46

– Sérénité et sécurité ?

 

Nicolas Brichet  1:16:48

– Oui, plutôt ça et plutôt le côté meneur.

 

Olivier My  1:16:50

– Meneur.

 

Nicolas Brichet  1:16:50

– Oui, c’est plutôt les deux éléments que j’ai retenus de ça.

 

Olivier My  1:16:53

– Super.

 

Nicolas Brichet  1:16:53

– Et puis le deuxième animal, parce que j’aime bien. Ah, tu en as plusieurs ? Non, j’en ai un deuxième plus. Parce que c’est un animal qui m’a toujours fait peur, c’était l’abeille.

 

Olivier My  1:17:01

– Ok.

 

Nicolas Brichet  1:17:02

– Et on parlait des peurs l’autre fois et je vais avoir 20 ans ou 21 ans. Je me suis dit en fait, j’aurais un peu marre d’avoir peur de cette petite bête. tout le monde dit qu’il faut la protéger ce qui doit avoir un intérêt quand même Je me suis intéressé au monde des abeilles. Et du coup, c’est un animal qui me fascine. Je ne sais pas si je voudrais être réincarné en abeille. Ils ont une durée de vie très courte quand même. Mais… En plus, c’est en abeille. C’est ça. Mais non, je trouve que c’est un animal qui est assez fabuleux dans l’organisation qu’ils ont, dans le truc de… On n’a pas besoin de communiquer au sens… Enfin, ils ont très peu de systèmes de communication entre elles, mais tout se fait naturellement, juste par acculturation. Et en fait, je suis un peu fan de cet animal par rapport à sa capacité d’adaptation au changement, à l’évolution, etc. et de réussir à… perpétuer leur tradition, en fait, malgré tous les changements autour. Donc, c’est un animal, moi, qui me fascine. Je ne voudrais pas être réincarné dedans.

 

Olivier My  1:17:47

– Est-ce marrant ? C’est-à-dire que tu es passé de la peur à la fascination.

 

Nicolas Brichet  1:17:49

– Oui, et c’était un moyen, encore une fois, de lutter, parce que c’était vraiment une peur bloquante. Ça volait, je devais rentrer dans la maison, m’enfermer.

 

Olivier My  1:17:58

– Oui, genre les repas à l’extérieur, où tu avais des vêtements qui tournent autour. Oui.

 

Nicolas Brichet  1:18:01

– C’était vraiment une peur qui était envahissante, et j’en ai eu un peu marre, en fait, de me dire, tout le monde dit que c’est chouette c’est qu’elle est pas si méchante que ça la petite bête.

 

Olivier My  1:18:09

– En tout cas, ce serait toute une autre discussion pour dire comment tu dépasses un truc comme ça. Parce que du coup, si tu devais vraiment rentrer et que maintenant, il y a une sorte de fascination, c’est quand même un trajet qui a dû être fait. Alors, je te propose maintenant, je prends le même paquet. Tu vas en sélectionner deux. OK. Tu vas lire les deux et tu vas choisir celle qui te parle le plus. Et si tu es dans une envie de zèle, tu peux même répondre aux deux si tu le souhaites.

 

Nicolas Brichet  1:18:33

– OK. Je prends la première et je prends la deuxième.

 

Olivier My  1:18:37

– Tu ne fais pas partie des gens qui prennent au milieu, toi.

 

Nicolas Brichet  1:18:40

– En fait, quand j’ai réfléchi, je me suis dit, naturellement, j’ai envie d’aller au milieu.

 

Olivier My  1:18:45

– Moi, la plupart du temps, les gens prennent au milieu. C’est pour ça que des fois, j’essaie de changer pour tourner, mais c’est marrant, les gens prennent souvent au milieu.

 

Nicolas Brichet  1:18:50

– Ouais, moi j’ai fait, et je me suis dit, peut-être que tu avais pensé à ça. Et j’aime bien essayer de sortir des sentiments. Raconte-moi la dernière fois où tu as fait quelque chose pour la première fois. Et si tu pouvais avoir un superbe pouvoir, lequel serait-ce et comment l’utiliserais-tu ? Alors, la dernière fois que j’ai fait quelque chose pour la première fois, en fait, j’ai fait pour la première fois un arbitrage au basket. Et c’était un truc que je n’avais pas fait.

 

Olivier My  1:19:16

– Tu t’étais formé ? Oui.

 

Nicolas Brichet  1:19:17

– Je m’étais formé à ça, mais je n’avais jamais vraiment officié, en fait. Et fin d’année dernière, j’ai eu ma première fois en tant qu’officiel. J’avais la tenue de l’officiel, etc. Et ça fait bizarre de retrouver une première fois à presque 40 ans.

 

Olivier My  1:19:32

– Oui, je comprends.

 

Nicolas Brichet  1:19:32

– Et de me dire, en fait, j’étais avec un petit jeune à côté de moi, il avait 16 ans ou 17 ans. Et lui, il faisait ça depuis deux ans. Et c’était, en fait, lui, il était le premier arbitre. Donc, dans les arbitres, on est deux arbitres. Il y a un chef et puis il y a l’autre. Donc, moi, j’étais l’autre. Et je me suis retrouvé avec un jeune de 17 ans qui m’apprenait à faire un truc, alors que le basket, j’en fais depuis 20 ans, 30 ans. Et ça fait bizarre, en fait, de se dire, en fait, je connais les règles. Mes coups de sifflet, ils ne sont pas bons. Mon positionnement, il n’est pas bon. Les coachs, ils se disaient que comme j’étais l’ancien, je maîtrisais. et vous vous faites compte, je me suis pris plein de remarques. Alors, bienveillante, ça se fait toujours dans un… Mais je me suis dit, waouh, en fait, les premières fois… C’est galère. C’est nul. C’est nul les premières fois. Et ouais, en fait, c’est ça. Et je me suis dit, on oublie ces premières fois après le temps. Là, tu me poses la question de où je raconte cette anecdote-là, mais je l’avais oublié presque. Et heureusement d’ailleurs, parce que sinon, c’est paralysant, mais de me dire, en fait, quand on se retrouve à faire quelque chose pour la première fois, d’accepter d’être débutant alors qu’on a plutôt arrivé à mon âge intermédiaire ou expert sur certains sujets. C’est bizarre de retourner débutant sur quelque chose et de se dire, OK, j’ai des compétences quand même, je sais communiquer avec les gens. Pour le basket, ça aide, mais sur le fond, je découvre.

 

Olivier My  1:20:39

– Ça nous réapprend l’humilité à chaque fois. Qu’est-ce que tu penses du super pouvoir ? Est-ce que tu as une idée ou pas ?

 

Nicolas Brichet  1:20:46

– Ouais, en super pouvoir, moi j’aurais une baguette magique et j’exhausterais des vœux.

 

Olivier My  1:20:53

– Les vœux des autres, du coup.

 

Nicolas Brichet  1:20:54

– Ouais, ou les miens.

 

Olivier My  1:20:56

– Ou les tiens, ouais.

 

Nicolas Brichet  1:20:56

– Mais j’aime bien ce super pouvoir de la baguette magique parce que je trouve qu’il est utile. Et je le ferais un peu mode paillettes licornes, quoi. Soit d’amener un truc…

 

Olivier My  1:21:06

– En train de t’imaginer avec…

 

Nicolas Brichet  1:21:10

– Parce que je trouve qu’on oublie… dans notre monde que des fois, il n’y a pas besoin d’avoir un vœu, d’avoir plein d’argent. Des fois, juste, je vois ma fille, elle nous demande régulièrement, et c’est marrant, c’est quoi ton rêve réalisable et c’est quoi ton rêve irréalisable ? Et nous, des fois, on va faire… C’est elle qui vous demande ça ? Ouais, c’est elle qui nous demande ça, ouais. Mais dans la conversation de tous les jours, encore, on pourrait demander comment s’est passée ta journée. Ah ouais.

 

Olivier My  1:21:29

– D’accord.

 

Nicolas Brichet  1:21:29

– Ouais. Et tout le temps, elle, c’est un truc hyper petit. Par exemple, l’autre fois, on a une petite piscine dans la cour, vraiment tout petit, et elle nous dit, moi ce que je rêverais de faire là, c’est qu’on aille tous les quatre dans la piscine. alors que c’est un truc rêve réalisable ouais rêve réalisable mais je me dis en fait c’est pas du rêve c’est une activité mais elle elle le voit et j’aimerais voir cette baguette magique pour dire aux gens c’est quoi ton petit rêve du moment là qui t’amènerait la paillette dans ta vie parce que je trouve qu’on oublie avec notre âme d’adulte ce petit moment là donc j’aimerais avoir ce super pouvoir là pas pour changer le cours des choses du monde mais juste de rappeler aux gens qu’on peut faire un tout petit truc et que ça change notre manière de voir les choses sur le moment en tous les cas.

 

Olivier My  1:22:07

– C’est qu’en vrai, c’est super pouvoir c’est un petit peu ce que tu fais au quotidien non ?

 

Nicolas Brichet  1:22:11

– C’est ce que j’essaye mais je trouve que d’avoir l’outil baguette magique c’est parce qu’il te manque la licorne et tout ce qui vient avec c’est pour ça l’imaginaire mais toi le coup de baguette et ça apparaît quoi tu sais il n’y a pas besoin de convaincre la personne qu’il n’y a pas de processus contraignant d’effort à faire c’est le truc hop c’est immédiat tu.

 

Olivier My  1:22:28

– L’amènes génial ouais ce serait ça ouais super bon maintenant j’ai une image de toi avec la baguette et la liqueur et les trucs au contraire Alors, ce que je te propose maintenant pour cette dernière étape, donc tu vois, je vais remélanger les trois. Comme ça, on n’a plus le doute du milieu, du pas du milieu. C’est que tu vas en sélectionner trois. Et moi, je vais sélectionner celle que je vais te poser. Ok.

 

Nicolas Brichet  1:22:53

– Donc là, je prends le milieu.

 

Olivier My  1:22:54

– Ok. Est-ce que tu peux nous lire les trois, s’il te plaît ?

 

Nicolas Brichet  1:22:58

– Parle-moi de trois rêves que tu as ou trois objectifs que tu t’es fixés. Pour quelles choses es-tu reconnaissant dans ta vie ? Et quand as-tu été ? ému pour la dernière fois et pourquoi cela t’a-t-il ému ?

 

Olivier My  1:23:10

– Ok. Dans ces trois-là, est-ce que tu peux en enlever une ?

 

Nicolas Brichet  1:23:15

– Je vais enlever celle sur les rêves.

 

Olivier My  1:23:17

– Ok. Et du coup, je vais prendre les deux autres et puis je vais te poser une des deux. Je savais déjà laquelle. Pour quelle chose es-tu reconnaissant dans ta vie ?

 

Nicolas Brichet  1:23:28

– Pour le fait que ma femme soit restée tout le temps avec moi.

 

Olivier My  1:23:31

– 19 ans, c’est ça ?

 

Nicolas Brichet  1:23:32

– Ouais, 19 ans. 13 ans de mariage. Et ouais, je suis reconnaissant envers elle. Parce que la stabilité, ça n’a pas fait forcément partie de mon parcours professionnel, on en a parlé, mais de ma vie d’enfance. Et du coup, cette stabilité-là, pour moi, elle était importante de trouver. Et je trouve qu’à 21 ans, de trouver la femme de sa vie, c’est un peu le côté romantique, etc. Mais moi, j’ai eu la chance de trouver vraiment mon alter ego avec qui on partage beaucoup de choses. On n’est pas d’accord sur tout, on n’a pas le même fonctionnement. Mais par contre, je suis vraiment reconnaissant vers elle parce que… Elle a toujours été présente sur les moments compliqués, mais aussi sur les moments heureux. Et elle a toujours su me faire confiance. Parce que pour elle, le changement, c’est inquiétant. Elle n’a pas changé de boulot, elle a toujours les mêmes collègues. Là, l’un des parents en retraite d’une collègue, c’est qui va venir après, etc. Et moi, je change tout le temps. Et du coup, je suis vraiment reconnaissant parce qu’elle apporte la stabilité en termes d’image dans notre couple aux enfants. Et ce n’est pas forcément facile à maintenir. Et du coup, elle a su, avec cette stabilité-là, avec ces repères fixes de me permettre à moi de changer et de faire ce que je voulais faire. Je n’aurais pas pu le faire avec quelqu’un qui aurait eu le même profil que moi. Parce que trop de changements, finalement, on n’a pas de sécurité pour personne. Je suis vraiment reconnaissant envers elle.

 

Olivier My  1:24:42

– Super. Est-ce qu’il y a autre chose qui te vient à l’esprit ou quelqu’un d’autre ? Ou est-ce que c’est principalement la personne qui t’est venue à l’esprit ?

 

Nicolas Brichet  1:24:49

– Principalement, oui, quand même. Et après, je suis reconnaissant aussi de manière ésotérique, mais de pouvoir faire ce que j’aime comme je l’aime. Alors, je m’en donne les moyens, on m’en donne les moyens, mais je trouve que… J’ai cette chance de faire des rencontres. Je la crée probablement, mais j’ai cette chance de faire des rencontres toujours de personnes qui m’inspirent et qui vont arriver, comme par hasard, à un moment dans mon parcours où j’ai besoin d’entendre, où j’ai besoin de voir un truc qui va me changer. Et ouais, je fais confiance à la vie un peu en me disant, jusqu’à présent, toutes les rencontres que j’ai faites, même négatives sur le moment, ça m’a amené aujourd’hui à comprendre qu’à ce moment-là, ça m’a aidé en fait.

 

Olivier My  1:25:24

– Tu sais qu’on dit que la chance, c’est un hasard qui se provoque.

 

Nicolas Brichet  1:25:27

– Ouais. C’est une belle définition. C’est un peu ça en fait. On a toujours l’impression que ça arrive comme ça par hasard, mais quand on remonte un peu plus, c’est ce que tu disais, les micro-décisions qu’on a pu prendre qui ont amené à ce moment-là. C’est important.

 

Olivier My  1:25:41

– Eh bien super. Merci beaucoup Nicolas pour tout ce partage et cette sincérité que tu nous as donné dans ce moment-là. Si on veut continuer la papote avec toi et qu’on veut te contacter, comment est-ce qu’on peut faire ?

 

Nicolas Brichet  1:25:54

– Le plus simple, c’est la page LinkedIn. Sur mon nom sur LinkedIn, ça reste le plus simple. C’est mon seul réseau actif, on va dire.

 

Olivier My  1:26:00

– OK, merci. Je mettrai les coordonnées, quoi qu’il arrive. Et puis, si on veut te contacter, les gens auront toutes les infos. Super, merci à toi. Merci beaucoup. Et puis, à la prochaine. À très vite. Salut. Salut.

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