#18 Ostéopathie, changement holistique et conscience corporelle avec Caroline Tran

Description

Et si le changement ne passait pas seulement par la tête, mais aussi par le corps ?

Dans cet épisode profondément humain et sensoriel, j’accueille Caroline Tran, ostéopathe à la vision holistique, pour explorer une autre manière de comprendre et d’accompagner le changement.

Un échange où l’on parle d’écoute du corps, de respect du rythme, d’histoire tissulaire et d’émotions enfouies. Un regard précieux, incarné et authentique sur le soin, l’accompagnement et la transformation.

Ce que vous découvrirez dans cet épisode :

  • Pourquoi une douleur au crâne peut trouver sa source… dans le bassin.
  • Ce que le toucher révèle que les mots ne disent pas.
  • Le lien entre consentement, confiance et transformation.
  • L’opposition entre changement brutal et changement doux.
  • Comment l’intuition et l’histoire du corps guident la pratique thérapeutique.
  • Les limites du tout-intellectuel… et l’urgence de se reconnecter à son corps.
  • Le rôle du soin dans la prévention, pas seulement dans la réparation.

 

Une conversation fluide, sincère et éclairante. À écouter en marchant… ou en s’écoutant.

Si l’épisode vous a plus, n’hésitez pas à laisser un message sur le répondeur du podcast : https://www.vodio.fr/repondeur/1273/

Séquençage du podcast

[00:00] : Introduction dans le cabinet de Caroline Tran

[02:10] : Le métier d’ostéopathe et sa vision globale du corps

[06:25] : Lien entre symptômes et zones inattendues du corps

[11:15] : Changement chez le patient… et chez le praticien

[15:50] : L’invasivité en soin et en accompagnement

[21:20] : “Seuls les tissus savent” : quand le corps parle

[25:40] : L’intuition comme outil thérapeutique

[31:10] : Changement brutal vs changement doux

[36:40] : Le consentement au cœur de la relation thérapeutique

[40:25] : La posture juste entre adaptation et intégrité

[45:10] : Corps, émotions et mémoire tissulaire

[50:05] : La conscience corporelle comme levier de changement

[55:40] : Prévention, bien-être et responsabilité individuelle

[01:01:20] : Écouter les signaux faibles du corps

[01:06:10] : Hommes, femmes et rapport à la douleur

[01:10:45] : La tête ne suffit pas : agir en conscience avec son corps

[01:15:30] : Le corps comme messager, la séance comme déclencheur

[01:20:00] : Mot de la fin : reconnecter le corps, ralentir, écouter

Idées Clés

Introduction et Présentation de Caroline Tran

Olivier My introduit son podcast “Change and Chill” et présente son invitée, Caroline Tran, ostéopathe. Ils décrivent le cadre inhabituel de cette interview, réalisée dans le cabinet de Caroline, ce qui sert de prémisse pour aborder comment l’ostéopathie peut influencer le changement dans la vie des gens.

L’approche holistique de l’ostéopathie

Caroline explique comment l’ostéopathie aborde le corps de manière globale en traitant parfois des zones inattendues pour résoudre les problèmes des patients. Elle partage un exemple de traitement non conventionnel qui illustre la philosophie de son métier : regarder au-delà de la zone présentant les symptômes pour découvrir la source profonde des douleurs.

Changement et Adaptation – Dans le soin et au-delà

Caroline et Olivier discutent de la manière dont le changement est perçu comme une opportunité d’adaptation et de croissance. Caroline partage son point de vue personnel sur le changement, qu’elle considère généralement positif, et elle évoque également des ajustements dans sa pratique professionnelle en fonction des interactions avec ses patients.

Écoute et Invasivité dans les soins ostéopathiques

Caroline parle de l’importance de la permission et de l’écoute dans sa pratique, en soulignant qu’il est crucial d’être attentif à la réaction des patients pour éviter une approche trop invasive. Elle compare cela à la relation avec les entreprises et l’importance de traiter les problèmes sans engendrer d’autres complications.

Différentes Approches du Changement : Douceur vs Brutalité

Une comparaison entre les approches douces (non-invasives) et dures (crac articulaire) de l’ostéopathie est faite, les avantages et inconvénients de chacune étant examinés. Une réflexion est menée sur la manière dont ces différents styles peuvent se traduire dans le monde de l’entreprise et du changement personnel.

La Complexité de l’Humain – Physique et Émotionnel

Caroline et Olivier discutent de l’interconnexion entre le physique et l’émotionnel, et comment l’ostéopathie peut influencer le bien-être émotionnel d’une personne. Caroline raconte des expériences où des traitements ostéopathiques ont conduit à des changements émotionnels positifs chez ses patients.

La Conscience Corporelle dans un Monde Moderne

La discussion se tourne vers la manière dont les gens sont souvent déconnectés de leur corps dans le monde moderne, en raison des distractions numériques et des pressions sociales. Caroline parle de l’importance de la conscience corporelle et comment elle peut servir de prévention et de guide dans la vie quotidienne.

La Dimension Physique et Mentale dans la Pratique Ostéopathique

Caroline discute de l’impact du stress et des traumatismes émotionnels sur le corps, et comment des douleurs physiques peuvent émaner de ces expériences. Elle partage son processus de questionnement pour aller au-delà des symptômes apparents et découvrir les causes sous-jacentes.

Expériences Personnelles de Changement et de Relation

Caroline partage des anecdotes personnelles sur ses choix de carrière et l’impact des relations passées sur sa vie. Elle parle de la prise de conscience des schémas relationnels répétitifs et de la nécessité d’établir des limites pour préserver sa santé mentale et émotionnelle.

Questions Réflexives et Clôture

Le chapitre se conclut par des questions réflexives posées à Caroline, conduisant à une exploration plus personnelle de ses aspirations, des enseignements tirés de son passé et de ses choix de vie. Caroline exprime sa satisfaction envers sa profession et partage ses méthodes pour maintenir un équilibre personnel et professionnel.

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Olivier My: Bienvenue sur Change and Chill, le podcast où l’on parle de changement, simplement. Je suis Olivier My et avec mes invité.es, nous explorons comment le changement peut être une force positive dans nos vies. Des histoires inspirantes avec une touche de légèreté. Dans ce nouvel épisode, j’ai le plaisir d’accueillir Caroline Tran. Salut Caroline, Comment ça va ?

 

Caroline Tran: Ça va bien. Merci de m’interviewer aujourd’hui.

 

Olivier My: C’est un grand plaisir parce que pour la première fois, j’interview pas quelqu’un de ma communauté ou des gens qui font des travails de bureau un peu comme moi, tu vois. Et surtout, le cadre est vraiment très différent. Parce que là on est aujourd’hui dans ton cabinet, parce que d’ailleurs, autant te présenter comme ça, au moins ça donnera du contexte. Est ce que tu peux nous en dire un peu plus sur toi ?

 

Caroline Tran: Oui bah du coup, moi je suis ostéopathe. C’est pour ça qu’aujourd’hui on est dans mon cabinet et c’est la première fois que je suis interviewée sur ma table de pratique avec des micros.

 

Olivier My: Je pense qu’effectivement, c’est assez rare d’avoir un équipement comme ça qui est posé. Je prendrais quand même une photo je pense, parce que comment transformer une table, on appelle ça comment ? C’est pas une table d’opération ?

 

Caroline Tran: Une table de pratique.

 

Olivier My: En studio de podcast. Comme ça, on sait que c’est possible.

 

Caroline Tran: Non mais au final, ça s’est très bien goupillé. J’ai vu que tu étais très efficace, en tout cas dans la disposition de tout le matériel.

 

Olivier My: Et donc je trouvais ça super intéressant de t’avoir dans ce podcast parce que on parle de changement et il s’avère que tu es mon ostéopathe et souvent quand tu me manipulais dans les séances, on avait toutes ces conversations, ces grandes conversations autour du changement. Et surtout, en quoi ton métier apporte un changement aussi dans la vie des gens. Et je trouvais que la manière dont tu amenais les choses était intéressante et donc c’est un petit peu sur ces éléments là qu’on va converser aujourd’hui. Et moi, la chose qui m’a toujours intriguée quand je venais te voir, c’était que même la première fois que j’étais venu. Je te disais ouais, alors moi j’ai mal un peu au niveau des hanches parce que je suis un peu tordu. Et puis je te vois prendre tes gants et me dire ok, maintenant ouvre la bouche. Et je trouve que c’est vachement quelque chose de spécifique aux ostéopathes où on vient avec un problème et on s’attend à ce que vous veniez traiter le problème là où il est et en fait c’est pas du tout là où vous allez. Et du coup, est ce que tu peux nous en dire plus sur ça ?

 

Caroline Tran: Oui, tout à fait. C’est vrai que en tant qu’ostéopathe, on va aborder vraiment le corps plutôt dans sa globalité. Et c’est intéressant cet exemple justement de venir travailler des muscles qui peuvent être intra-buccaux ou la mâchoire. En fait, dans notre pratique, par exemple, quand tu vas avoir différents motifs de consultation, que ce soit des migraines par exemple, ou quelque chose au niveau de la tête, on peut aussi avoir à travailler le bassin a posteriori. Par exemple, il y a quelques semaines, j’ai une patiente qui est venue me voir en me disant j’ai des migraines à m’en taper la tête contre les murs. Donc forcément, elle avait fait plein d’examens pour écarter tout ce qu’il y avait de grave. Et je lui ai dit bah écoutez, moi je ne vais pas toucher à vos cervicales, je ne vais pas toucher à votre crâne. En revanche, est ce que là je ressens des tensions au niveau du bassin, est ce qu’il s’est passé quelque chose d’un point de vue digestif, d’un point de vue gynécologique, etc. Et elle m’a dit oui, effectivement, je me suis fait poser un stérilet, c’était hyper douloureux et en fait, du coup, c’était intéressant de lui expliquer aussi tout le lien entre le bassin, tous les muscles et les membranes, etc qui sont reliés du bassin jusqu’au crâne.

 

Caroline Tran: Et dans ton exemple à toi, c’est tout à fait l’inverse. C’est à dire que chez certaines personnes qui vont avoir eu un trauma crânien il y a plusieurs années assez important, ou bien qui serrent très fort de la mâchoire, ça peut tendre parfois certaines parties au niveau des cervicales entre les omoplates et du coup avoir une répercussion a posteriori sur le bassin. Et c’est l’intérêt aussi de mon métier, c’est que un petit peu comme pour des personnes qui vont essayer de développer un sens, par exemple l’ouïe, nous, ça va être le sens du toucher et essayer de se dire bon ben là, en touchant l’épaule, j’ai l’impression que les tissus m’amènent complètement vers une autre partie du corps, le bassin, le digestif. Et du coup, voilà, ça prend quelques années à se faire la patte, mais c’est pour ça que chez toi en tout cas, j’ai été amené à te dire bon ben est ce que c’est ok aujourd’hui que je te manipule ou pas la mâchoire. C’est ok ou pas que je te manipule aussi en intra buccal ? Voilà, j’espère que je ne t’ai pas traumatisé.

 

Olivier My: Non mais en vrai, à force de faire l’exercice, moi j’ai trouvé ça assez agréable en fait, cet exercice là. Parce que moi je dois serrer des dents aussi pas mal. Je dois être stressé peut-être dans la vie, peut-être, je ne sais pas, mais j’ai trouvé ça toujours marrant de me dire on a l’habitude de voir un symptôme et de vouloir traiter ce symptôme là et de vous voir traiter ailleurs parce que c’est une manière plus holistique, donc de voir l’ensemble qui est assez naturel dans votre métier et qui l’est beaucoup moins dans le métier que je fais, où on a tendance à se dire si ça ne marche pas, c’est parce que la personne ne sait pas faire ou c’est la personne, c’est une mauvaise personne. Donc si tu considères une entreprise par exemple comme étant une entité à part entière, on essaie de traiter le problème là où il est et on ne se rend pas toujours compte que, en traitant le problème là où il est, on en génère un autre ailleurs. Ça, ça doit te parler du coup ?

 

Caroline Tran: Oui, tout à fait. Mais c’est intéressant parce que tout à l’heure, quand tu parlais de changement justement, pareil, tu peux avoir des changements au niveau du patient, mais tu peux aussi en avoir au niveau du praticien. Par exemple, quand tu me dis voilà la première fois qu’on s’est vu, tu m’as traité au niveau de la mâchoire ou en intra-buccal, chez moi, après pas spécialement cette consultation, mais après en avoir beaucoup parlé avec d’autres praticiens. Maintenant, c’est vrai que ma pratique va aussi pouvoir changer dans le sens où je ne vais jamais dès la première consultation, sauf si c’est le principal motif de consultation que de travailler sur la mâchoire, aller travailler en intra-buccal parce qu’aujourd’hui je vais considérer ça comme beaucoup trop invasif. Et puis pareil pour le patient les changements corporels peuvent s’effectuer pas seulement dans une dimension physique. Mais je trouve aussi que le fait de mettre par exemple directement des doigts dans la bouche chez certains patients, ça peut braquer aussi. Et du coup, voilà, il n’y a pas juste une dimension de la manipulation va entraîner un changement physique, mais il peut aussi y avoir plein de choses psychologiques qui se passent derrière, dans le positif comme dans le négatif. Du coup, ça nous permet toujours à nous en tant que praticien, de nous remettre en question sur comment est ce que je peux faire pour aborder le patient de la manière la plus pérenne possible et qu’il se sente à l’aise, que ce soit dans son entité physique ou psychologique.

 

Olivier My: Et ce que je trouve bien dans ce que tu dis et je vais préciser quelque chose, alors je ne sais pas si c’était la première session ensemble. Effectivement.

 

Caroline Tran: Parce qu’en général je ne fais pas ça.

 

Olivier My: Je trouve ça toujours très marrant parce que les deux ou trois fois où j’ai dû avoir ça avec toi et avec d’autres personnes, c’est toujours étrange au début. Quand la première fois on te met les doigts dans la bouche. Voilà, c’est un peu étrange, mais il y a trois choses qui me reviennent à l’esprit et sur lesquelles j’aimerais bien revenir. Donc déjà, la première chose maintenant, je commence à poser la question du changement et j’ai oublié de te la poser, donc je vais te la poser. Toi, le terme changement, quand on en parle comme ça, ça t’inspire quoi ?

 

Caroline Tran: Pour moi, le changement c’est souvent positif parce que c’est de l’adaptation. Et je pense que c’est souvent dans les moments où on est dans le flou, où on est un petit peu dans le brouillard par rapport à soi ou par rapport à notre environnement, qu’on va développer des capacités d’adaptation. Et au final, in fine, quand on essaie en tout cas de contrôler la chose et quand on essaie de se dire bon bah en fait il n’y a pas d’autres solutions que de s’adapter, je trouve qu’on en sort toujours beaucoup plus fort. Alors parfois, sur le moment, ça peut être hyper douloureux que ce soit, j’en sais rien, physiquement, tu as envie de faire un régime. Tu as envie de changer complètement de morphologie. Ou bien je ne sais pas tu as vécu une rupture amoureuse ou bien j’en sais rien, on t’a viré ou voilà, je trouve que in fine, c’est toujours positif quoi. Si ton but c’est de te dire bon bah là effectivement, je ne me sens pas bien, je suis étriquée dans cette situation, comment est ce que je peux faire pour m’en sortir ? A partir du moment où tu as encore cette énergie pour te dire bon bah là j’ai qu’une seule solution, c’est d’aller de l’avant. Pour moi, le changement c’est toujours positif.

 

Olivier My: Donc tu fais une association entre changement et positif.

 

Caroline Tran: Ouais, ouais ouais.

 

Olivier My: Bon, en tout cas tu as toujours le sourire avec, donc ça c’est top.

 

Caroline Tran: Après, peut-être que je suis naïve, peut-être que je ne sais pas.

 

Olivier My: Ou pas. Ou peut-être que tu veux proposer aussi cette positivité que tu as. Et pourquoi pas ! C’est le premier aspect. Merci pour ça. Les deux choses avant que j’oublie. La première chose, c’est quand tu parles d’invasivité. Je ne sais même pas si ça se dit, tu sais, de mettre les doigts dans la bouche. Il y a une dimension importante dans ça parce-que dans le monde du changement que je connais moi, plutôt dans le monde de l’entreprise ou à titre individuel, j’ai l’impression que des praticiens comme moi, des fois, ne se rendent pas compte de la dimension invasive de certaines questions qu’on pose. Parce que nous, en tant que coach ou accompagnant, c’est surtout des questions qu’on va poser ou des choses qu’on va essayer de mettre en œuvre chez les autres. Et des fois, en fait, il y a ce côté invasif où quand tu es invasif du coup tu détériores avant d’avoir solutionné la chose, tu détériores. C’est pour ça que j’aimais bien cette description que tu avais, qui toi est même physique. Donc tu imagines quelqu’un qui met les doigts dans ta bouche tu vois. Moi, l’image que j’ai et que je donnais en conférence, c’était que j’avais des muffins dans la main et que je les mettais dans la bouche des gens. Et donc dit autrement, tu as deux choses qui peuvent émerger soit je les étouffe, soit ils me le recrachent à la gueule tu vois.

 

Caroline Tran: Ouais ouais ouais.

 

Olivier My: Et je pense qu’avec les doigts c’est pareil. Mais tu vois, il y a ce côté invasif je trouve qui est important comme questionnement à avoir. Et le fait que tu le disais toi-même, dans ta première session, tu ne le fais pas. Je pense que, en tant qu’accompagnant et praticien, c’est important aussi qu’on fasse attention à notre premier contact, à ne pas être trop invasif pour créer la connexion. Parce que sinon, tes patients, si direct tu les approches comme ça, ils ont peut-être pas envie de revenir quoi.

 

Caroline Tran: Oui, c’est hyper intéressant parce qu’au final, c’est vrai que nous en tant qu’ostéopathe. Alors du coup maintenant tu sais, moi je fais très peu craquer, voire jamais.

 

Olivier My: C’est tout un sujet ça que je voulais aborder avec toi aussi.

 

Caroline Tran: En fait, je trouve qu’il y a un dicton, ce sont des phrases qui reviennent très souvent dans le monde de l’ostéopathie, mais on dit souvent seuls les tissus savent. Et c’est assez intéressant. Moi c’est en tout cas ma manière de pratiquer l’ostéopathie, mais chez une personne qui est hyper contractée, et je vois qu’en fait, à force de rester sur une zone, la zone ne relâche pas, même si je pose plein de questions au patient, que j’essaye de voir si la zone s’est contractée suite à un traumatisme physique ou psychologique, si je vois qu’elle ne relâche pas, je me dis on ne va pas y aller. Les tissus me disent non, en gros. Et dans cette approche, par exemple, plutôt de crack articulaire, je trouve que c’est quelque chose qui n’est pas du tout pris en compte, le fait qu’on puisse comprimer un patient et se dire bah là j’ai l’impression qu’il n’y a pas de voie de passage, mais je vais quand même truster, je vais quand même en gros…

 

Olivier My: Aller en impact.

 

Caroline Tran: Ouais, voilà, c’est ça aller en impact. Et quand tu me disais dans ton domaine, il ne faut surtout pas être invasif, je pense que de toute façon, on fait tous son bout de chemin, ses erreurs. Moi évidemment, je ne sais pas si ma pratique est parfaite, en tout cas je ne pense pas. Même en tant que personne, je ne pense pas l’être et on essaye de toute façon dans son travail de toujours donner son maximum et pour moi c’est le plus important à avoir vraiment, en tout cas une obligation de moyens, mais pas forcément une obligation de résultats. Et derrière ça, même si de temps en temps tu peux être un petit peu invasif vis à vis des tissus ou vis à vis même de la personne que tu as en face de toi.

 

Caroline Tran: Si elle se sent brusquée, peut-être que ça va t’amener aussi à ces fameux changements sur ta propre personne. De dire en fait Ok, la prochaine fois je poserai peut-être la question d’une autre manière. Ou peut-être que je vais aborder le problème d’un autre point de vue, sous un autre angle. Mais bref, tout ça pour dire que d’un point de vue de c’est pas l’invasion, mais si on parle justement de ces méthodes qui peuvent être parfois trop invasives pour le patient, je pense que dans l’ensemble, on est quand même dans le soin et dans la bienveillance. On fait quand même un métier qui est là pour que les personnes se sentent mieux ou soit plus en accord avec elles-mêmes. Donc déjà elles savent qu’on ne part pas avec une mauvaise intention et pour moi c’est déjà pas mal. C’est pas comme rencontrer quelqu’un où tu te dis ouais bah en fait la personne n’a vraiment aucune délicatesse ou est hyper rude. Nous je pense que quand on va faire appel à nous, c’est quand même dans le but de se dire bon bah je ne vais pas sortir de la séance d’ostéopathie en étant complètement bloqué pendant deux semaines parce que la personne m’a tordu dans tous les sens en me disant bah oui, c’est normal de faire craquer dans tous les sens. Enfin bon, après je ne suis pas du tout anti-crack, il y a des personnes qui manipulent parfaitement. Mais c’est vrai que quand on ne sait pas écouter les tissus ou écouter le patient et qu’on vient, même dans des manipulations sans crack de viscérales, générer de la douleur, générer des contractures, c’est une forme pour moi de trop au niveau manipulation.

 

Olivier My: Mais je trouve que c’est intéressant quand tu abordes cette écoute des tissus et cette écoute des clients, c’est qu’effectivement le souvenir que j’avais vis à vis de moi en tous cas, c’était avant de mettre tes gants et de mettre tes doigts dans la bouche, c’était est ce que c’est ok pour toi que j’y aille ? Ça veut dire qu’il y a quand même une délicatesse de dire potentiellement je vais faire ça et ça risque d’être inconfortable. Est ce que tu es prêt ou non ? Et je suppose que si les personnes te disent non, tu n’y vas pas et tu trouves un autre moyen.

 

Caroline Tran: Bien sûr, oui.

 

Olivier My: Plutôt que de dire en fait, c’est la seule chose que je sais faire. Et donc du coup, j’y vais parce que c’est ça que je dois faire pour ton problème.

 

Caroline Tran: Oui, bien sûr.

 

Olivier My: Donc la dimension interactionnelle, je trouve qu’elle est importante dans le soin et dans l’accompagnement. Et justement, ce que je trouve d’autant plus intéressant, c’est et je reviens un peu sur ce que tu disais avant, c’est que forcément ça a un impact à la fois sur le client mais aussi sur toi, dans la manière dont ça va réagir, ça va avoir une résonance chez toi. Et donc en tant que praticien, cette interaction, c’est ce que moi j’appelle le changement parce que pour moi, le changement est rarement juste à un endroit. Il est souvent interactionnel, avec plein de variables qui sont autour.

 

Caroline Tran: Oui, oui, complètement. Et pour revenir encore sur cet exemple, par exemple de technique intrabuccale, au final, si quelqu’un te met un doigt au niveau de l’oreille ou dans la narine, bon ben c’est exactement la même chose. Au final, c’est quand même des orifices qui sont enfin peut-être pas vitaux pour les oreilles, mais c’est extrêmement dérangeant quand tu te sens dépossédé d’un moyen, que ce soit pour écouter, que ce soit pour manger, pour boire, pour respirer. Donc il y a des personnes aussi qui ont vécu des traumatismes, qui ont pu être, j’en sais rien, étranglés, qui ont pu avoir des otites quand elles étaient plus jeunes. Ce sont des zones qui peuvent être extrêmement sensibles. Donc il n’y a pas juste ce truc de bon on a créé une pensée comme quoi ça pouvait être désagréable, mais pour certaines personnes, c’est aussi un gros traumatisme. Et puis bon, déjà, ce sont des cavités, mais même, c’est comme poser la main sur une vieille cicatrice qui a fait suite, j’en sais rien, à un cancer ou à quelque chose qui a été plus ou moins grave dans la vie d’un patient. Bon, il n’a pas forcément envie qu’on touche à cette partie là de son corps. Donc c’est exactement la même chose. Et je trouve que juste poser la question, même si parfois le patient peut se dire ouais bah en fait ça a été un peu too much et j’ai vraiment trop réagi après la séance. Au moins moi je me dis bon bah c’est ok. Et je l’ai posée en pensant que le patient se sentait en tout cas en totale confiance.

 

Olivier My: Tu lui as donné le choix déjà.

 

Caroline Tran: Oui, exactement.

 

Olivier My: Ce qui est déjà énorme, c’est à dire que la personne se donne aussi la permission de refuser. Alors que des fois, juste pour une question de bienséance ou je ne sais quoi, on ne va pas le dire. Et puis après on va partir de la séance braqué pour x ou y raisons. Donc je trouve qu’effectivement.

 

Caroline Tran: Complètement oui.

 

Olivier My: Le fait de poser la question, c’est un pas que tu fais vers l’autre, après à l’autre de saisir sa chance ou pas. C’est aussi là la responsabilité de chacun derrière ça. Mais ce que je trouve aussi là éclairant dans ce que tu évoques, c’est la dimension d’historique. C’est à dire que les gens ont le corps qu’ils ont quand ils arrivent, et ce corps est empreint de toute l’histoire du passé. Et c’est important que toi, quand tu récupères ce sujet de pratique, que tu en prennes compte, ce qui est exactement la même chose dans mon cas lorsque j’interviens, c’est qu’en fait, si je ne prends pas en compte l’historique, bah en fait je loupe une partie des informations qui sont à ma disposition.

 

Caroline Tran: Oui. Je trouve ça hyper intéressant. Si je reviens sur cette notion de sens. Parfois, j’ai aussi sorti cet exemple à des patients, mais c’est comme quelqu’un qui développe le sens du goût. Un œnologue par exemple, il va dire ok, bon, on est sur tel cépage, enfin voilà, telle région etc. Et il va te donner tout l’historique d’un vin parce qu’il a développé justement son palais. Et en fait nous c’est un petit peu, enfin, il y a des ostéos qui sont vraiment fantastiques et en posant les mains au niveau de tel ou tel tissu du corps vont se dire Ouh là! Est-ce qu’il s’est passé quelque chose de grave à tel moment de votre vie ? Et c’est vrai que parfois ça fait un petit peu gourou ou chaman. Mais au final, je trouve que le fait de développer ce sens tactile, c’est quand même quelque chose d’incroyable parce qu’on pose la question en fait avec les mains et pas forcément de manière orale comme toi tu pourrais le faire dans ton métier. Bah en fait c’est un outil en plus, ça donne des indices en plus et voilà. Enfin moi je trouve ça personnellement hyper intéressant. Je ne suis pas prête de changer de boulot pour le moment.

 

Olivier My: C’est vrai que maintenant que tu le dis, dans mon métier, je pose souvent des questions pour les personnes. C’est juste qu’effectivement en posant des questions, on va surtout s’adresser à la tête. Quand tu formules la chose, bien évidemment. Sauf quand on essaie de toucher le cœur on dit qu’est ce que tu ressens aussi. Mais souvent, le fait de poser une question, ça remonte à la tête. Et souvent, ce que moi on m’avait appris et qui malheureusement marche très bien avec moi, c’est que le corps ne ment pas. C’est à dire que moi je suis assez bon pour trouver des choses dans ma tête et puis retourner les choses comme ça m’arrange, tu vois. Mais à chaque fois qu’on a dû me traiter pour quelque chose, ou en tout cas me coacher sur quelque chose quand on me faisait pas parler et qu’on me faisait juste bouger ou représenter des choses, ça marchait mieux. Du coup, si effectivement tu développes avec l’ostéopathie cette capacité à détecter des informations par le toucher, moi je trouve ça extraordinaire parce que ça veut dire que tu as une sorte de vérité franche qui t’est exposée.

 

Caroline Tran: Oui, complètement. Après, peut être que ça t’arrive aussi dans ton métier, à force de rencontrer des gens, à force de poser différentes questions, de te dire ah tiens là, dans son attitude ou dans ses mouvements, je vais peut-être changer un petit peu les questions, parce que là, j’ai l’impression que son attitude m’attire vers quelque chose d’autre. Je pense que quand tu arrives à créer une forme de lien de confiance avec quelqu’un, la personne aussi se livre d’une manière différente. Et je trouve qu’on parle beaucoup aussi d’intuition là dedans parce qu’on a tendance à beaucoup oublier j’ai l’impression avec les réseaux sociaux, chat, GPT, etc. Où en fait tu as l’impression, quand tu poses une question, que tout de suite tu vas avoir une réponse qui est directement…

 

Olivier My: Juste, la bonne.

 

Caroline Tran: Oui, voilà, exactement. Et en fait là, quand on est en train de parler d’un être humain à un autre être humain, que ce soit à l’oral ou même physiquement, je trouve qu’il y a beaucoup de choses qui relèvent totalement de l’inconscient et de l’intuition, et je trouve que c’est une approche différente du vivant.

 

Olivier My: Et justement cette notion du vivant est importante parce que derrière le vivant, il y a de l’intangible, il y a des choses qu’on n’explique pas. Et derrière ça, moi je critique avec bienveillance les gens qui s’appuient que sur la science pour la science, et je trouve que c’est justement un sujet qui est important parce qu’il y a plein de choses que la science n’a pas expliqué et pourtant qui ont l’air de fonctionner. Et j’ai l’impression aussi que le monde de l’ostéopathie navigue un petit peu dans ces eaux troubles.

 

Caroline Tran: Ah mais complètement! Moi c’est des trucs où, là il y a plein d’ostéopathes qui essayent vraiment de tout maîtriser, de tout mesurer en se disant bah voilà, là, sur les fameuses manipulations myotensives ou de crack articulaires, on voit bien que après la manipulation, la personne a gagné trois degrés d’amplitude etc. Et on essaie complètement de refouler les anciennes techniques qui peuvent être beaucoup plus douces. Moi c’est vrai que parfois quand je parle à des médecins, je me dis toujours bon, qu’est ce qu’ils vont penser de mes techniques ? Et parce qu’il y a des moments où j’ai une intention très forte dans les mains. Je suis hyper concentrée sur ce que je fais, mais les mouvements vont être vraiment minimes, voire imperceptibles pour le patient. Et en fait, quand le patient de toute façon le lendemain ou une semaine après me dit bah en fait j’ai plus de douleurs alors que c’était des douleurs chroniques que j’avais depuis plusieurs mois ou plusieurs années, bah je me dis bon bah ok, peut-être que j’arrive pas à le prouver scientifiquement ce truc là, en attendant ça fonctionne, donc moi je continue dans cette voie là.

 

Caroline Tran: Et puis en plus de ça, je ne fais pas de mal à mes patients, donc c’est tout bonus. Mais j’ai l’impression qu’effectivement aujourd’hui tout a besoin d’être prouvé alors que, en fait, je pense qu’il y a tout un monde qui existe autour de nous, qui est immatériel, impalpable. Et si les scientifiques aujourd’hui arrivent à tout calculer, c’est super. Mais bon, moi après c’est aussi mon esprit d’aventurière. J’ai tendance à me dire qu’il y a quand même des choses qui aujourd’hui sont inexplicables. Et tant mieux parce que sinon la vie serait un petit peu fade si on connaissait déjà tout d’avance. Donc voilà. Mais bon, si un jour on arrive à comprendre les techniques justement de relâchement tissulaire de je touche cette partie-là de la cage thoracique, ça relâche directement. J’en sais rien des tensions au niveau du bassin ou ou des cervicales. Bon bah c’est tant mieux, mais aujourd’hui je pense que les études sont vraiment trop, il y a trop de biais pour réussir à prouver des techniques qui au final, selon moi, sont quand même assez subtiles.

 

Olivier My: J’adore ce que tu viens de dire parce que ça me permet de faire une transition sur les types de changement parce que tu en décris deux, je trouve qu’ils sont très marqués. C’est le changement, le craquage qui est un changement plutôt brutal où j’impose une sorte de nouvel état à quelque chose qui était initial et l’autre style qui est plutôt doux. D’ailleurs, tu as utilisé un terme, je sais pas, j’ai pas trop compris ce que c’était. C’est quoi le terme ?

 

Caroline Tran: Fonctionnel peut-être ?

 

Olivier My: C’est fonctionnel, je sais plus. En fait, tu avais dit craquage et puis tu en avais dit un autre avant, mais du coup je le connais pas donc je peux pas te dire.

 

Caroline Tran: Oui oui, les techniques fonctionnelles c’est beaucoup ce que je fais au cabinet. C’est à dire que tu vas poser tes mains sur les tissus. Tu vas par exemple des personnes qui se sont bloquées lors d’un traumatisme émotionnel hyper important. Je ne sais pas. Tu as eu deux mois où c’était vraiment horrible en société, tu as été hyper stressé, tu as complètement contracté. Je ne sais pas tes épaules, ton diaphragme, les techniques fonctionnelles, en fait, elles vont en quelque sorte suivre les tissus donc tu vas les mettre encore plus dans la contrainte pour à ce moment là qu’elles puissent par la suite trouver un relâchement. C’est comme si tu, je ne sais pas s’il y a un terme comme ça scientifique, mais c’est comme si tu permettais aux tissus de, enfin, tu leur montrait le chemin en les remettant dans une situation où elles ont pu se bloquer. J’arrive pas trop à l’exprimer. Après encore une fois sur le crac articulaire, je ne suis pas du tout anti crac articulaire. C’est des manipulations qui peuvent être très bien faites, mais j’appliquerais plutôt ce terme. C’est plutôt une approche mécaniste du corps.

 

Caroline Tran: Par exemple, je ne sais pas, tu te bloques un étage vertébral parce que chez une personne qui va avoir par exemple de très fortes douleurs abdominales, des règles très douloureuses ou de l’endométriose, elle va avoir ses lombaires qui lui font super mal, qui vont faire craquer les lombaires. Peut-être que ça la soulagera un temps parce que ça va redonner de la mobilité à la zone et une fluidité de mouvement. Mais si tu ne relâche pas tout ce qu’il y a en avant d’un point de vue viscéral, en fait, ça n’aura pas vraiment d’effet. Mais pour moi, encore une fois, ça peut être une très belle approche, mais n’utiliser que ça, je pense que peu de praticiens peuvent s’en sortir qu’avec ça. Après, je n’ai que 30 ans, 31 ans et je pense que la vie a encore plein de choses à m’apprendre et peut-être que plus tard, je n’utiliserai que ça. Je ne sais pas. Je reste quand même très ouverte, mais en tout cas, dans mon chemin de jeune ostéopathe. J’ai l’impression que je suis bien là où je suis. Donc je continue là dedans.

 

Olivier My: Justement, je trouve ça intéressant parce que dans mon domaine, il y a aussi deux approches comme ça, qui s’opposent et qui n’ont pas forcément à s’opposer parce que c’est pas forcément blanc ou noir. Il n’y a pas que l’un que l’autre. Le fait de faire que l’un ou que l’autre souvent amène le problème qui est corrigé par l’autre encore une fois. Mais c’est vrai que le changement brutal, ça peut être bien d’apparence parce qu’on a l’impression qu’il y a un effet immédiat. Sauf que souvent, il est tellement brutal qu’il y a tellement de variables qui ont bougé en même temps qu’après c’est dur de savoir si c’est pérenne ou pas. C’est ce que j’entends de la partie mécanique et c’est souvent ce qui est le plus rassurant. En tout cas en entreprise, c’est souvent ce qui est fait. Des fois on se dit on veut changer et donc on va restructurer l’organigramme. Et puis parce qu’on a changé l’organigramme, il y a eu un changement brutal, mais ça se trouve, les problèmes sont toujours les mêmes. C’est juste qu’on les a renommés autrement. Et il y a une autre approche qui est intéressante parce que je fais des connexions avec ce que tu disais tout à l’heure, qui est une approche beaucoup plus douce où, plutôt que de te focaliser sur c’est quoi l’état idéal dans lequel tu voudrais aller, tu te focalise d’abord sur l’état dans lequel tu es maintenant.

 

Olivier My: Parce que quand tu fais ça, le gros intérêt, c’est que tu peux t’appuyer sur, dans ton cas, le corps tel qu’il est, avec son histoire et lui permettre de créer le chemin qui lui correspond pour aller dans l’état qui semble être le meilleur pour lui. Au lieu de l’avoir prédéfini et puis finalement se tromper parce que c’est pas au bon endroit. Et le truc que je trouve intéressant dans ce que tu disais tout à l’heure, c’est que dans cette démarche là qui pour moi est celle que je préfère parce que je préfère être cohérent, quitte à ce que ça aille moins vite, mais que ce soit plus pérenne dans le temps et que ce soit adaptatif. C’est que, au pire des cas, il se passe quoi en fait, il se passe pas grand chose. C’est à dire que je ne fais pas plus de mal que de bien en faisant ça. Alors que pour moi, le craquage ou le changement brutal, bah en fait tu as de grands risques de taper à côté et de casser ce qui est quoi.

 

Caroline Tran: Ouais ouais. Je crois que c’était avec toi qu’on en parlait l’autre jour. Mais c’est un petit peu comme avoir quelqu’un qui te dit bon alors j’ai plein d’antécédents psychologiques un petit peu traumatiques, mais j’ai lu le bouquin de développement personnel ou en fait j’ai tout compris à la vie et je vais appliquer ça. Et en fait, ça dépend aussi complètement de la personnalité du patient ou du client que tu as en face de toi. Je pense qu’il y a des personnes qui vont se dire j’ai pas le temps de faire dix années de psychanalyse, moi j’ai besoin de changement tout de suite maintenant parce que là actuellement je me sens hyper mal et y en a d’autres qui vont se dire bon bah ça fait depuis 20 ans que je traîne mes démons, je peux bien les traîner encore cinq années de plus, donc je vais aller analyser tout ça et tout le sac de nœuds que j’ai dans le dos. Et je trouve que c’est aussi intéressant. Par exemple, moi, mes patients, il y en a certains, je leur dis bon ben voilà, moi je vais essayer de relâcher certaines parties de votre corps, je vais essayer de savoir d’où est ce que ça vient. Est-ce que juste vous vous êtes pris une porte dans l’épaule et dans ce cas là, c’est un traumatisme physique direct ou est ce que cette douleur dans l’épaule vient de quelque chose d’autre ? Bref, et je pose toutes mes questions et je fais tous mes tests. Mais derrière ça, je trouve que je perds un petit peu le fil dans mes idées.

 

Olivier My: Reprends tranquillement il n’y a pas de problème.

 

Caroline Tran: Oui non, mais je trouve que c’est important aussi pour moi de dire bon ben moi j’ai ma part de boulot en tant qu’ostéo, je vous ai peut être énoncé que j’ai l’impression que ça vient de cette période de stress. Et si ça vient de cette période de stress et de ce patron qui a été horrible envers vous pendant deux mois par exemple, peut-être que l’ostéo va pouvoir vous aider au niveau de l’épaule, mais peut-être que derrière ça, il faut essayer de comprendre pourquoi est-ce que cette situation vous l’avez aussi mal gérée ? Est ce que vous avez j’en sais rien une peur du conflit etc. Mais là ça sort complètement de mon domaine de compétence donc je sors mon carnet d’adresses et je vais réorienter vers, j’en sais rien, soit un coach, soit un psychologue qui est adapté à la personnalité de la personne que j’ai en face de moi. Mais pour en revenir à ce que tu disais, c’est vrai que au final, j’ai cette impression que tu peux jamais considérer une personne que dans sa dimension physique ou dans sa dimension psychique, psychologique. Tu es obligé d’aborder le patient d’une manière vraiment globale. D’où le fait qu’en ostéopathie on dise que c’est une médecine holistique. Je ne sais pas si je me suis trop perdue.

 

Olivier My: Ne t’inquiète pas, c’est pas grave, on navigue. Justement, le changement c’est ça aussi, c’est une capacité à rebondir par rapport aux idées qui émergent. Donc en fait, moi je parlais de la partie douce. Tu sais, le fait que quand on fait des choses de manière douce, potentiellement ça va moins vite et on voit moins les effets. Mais il y a quelque chose d adaptatif par rapport à la personne et du coup parce que c’est adaptatif, c’est plus cohérent avec ce qu’elle est en train de vivre, ça lui permet aussi de vivre ce qu’elle a à vivre. Donc comme tu disais, toi, émotionnellement parlant, des fois les gens ont eu des traumatismes et le fait de leur faire faire juste un pas après l’autre, ça leur permet aussi de conscientiser, de par leur histoire, le chemin qu’ils ou elles sont en train de faire. Et voilà, moi ce que je dis souvent, c’est au pire des cas, il ne se passe rien, mais on a quand même fait un pas. Si ce n’est physiquement, dans la tête, d’apprentissage de ce qui marche, ce qui marche moins bien et ce que tu évoquais tout à l’heure sur le rythme des gens et des personnes, effectivement, il y a des moments où tu as besoin d’un changement brutal, simplement pour te donner une claque pour réussir à pivoter quelque part. Et c’est nécessaire. Je pense juste que de ne faire que se donner des claques, ça fait mal.

 

Caroline Tran: Oui.

 

Caroline Tran: Non mais c’est clair. Et puis par rapport à la pratique ostéo, tu vois, je trouve qu’une personne, ça dépend complètement justement du caractère des patients. Il y a des personnes qui vont se dire moi j’ai besoin que ça craque dans tous les sens et puis je me sentirais hyper bien après. Et je trouve que si tu considères que cette méthode là va faire du bien au patient et que ensuite il revient te voir et que tu as en quelque sorte gagné sa confiance en te disant bon ben je sais que ce que je vais faire ne va pas être délétère et du coup, je vais pouvoir ensuite lui suggérer une approche différente, bon ben c’est aussi génial. Après moi, c’est vrai que quand il y a des patients qui arrivent dans mon cab, je vais leur dire Moi par contre, je vous dis tout de suite je fais quasiment pas craquer, voire pas du tout. Et je leur dis mais si vous voulez, je connais un ostéo juste à côté qui est super bon dans ce qu’il fait. Et puis je peux vous donner son adresse, mais c’est vrai que ça a aussi été un changement personnel. En tant qu ostéo, je pense qu’il faut que tu sois hyper confiant dans ta pratique parce que moi je sais que si je vais manipuler des personnes de manière trop brutale, à la fin je vais me dire j’ai fait ça pour faire plaisir au patient parce que il m’a dit que ça allait lui faire du bien mais au final, bon ben moi je me sens trop mal dans ce que j’ai fait parce que ça ne correspond pas avec ma personnalité. C’est aussi beaucoup d’écoute, pas seulement de l’autre, mais aussi de soi.

 

Olivier My: Il y a un juste équilibre entre répondre à une demande d’un client et répondre de nos propres capacités.

 

Caroline Tran: Oui, complètement.

 

Olivier My: C’est à dire que on préfère être très bon sur un truc et comme ça quand les gens viennent nous voir, tu sais que un tu maîtrises la technique et deux que tu es capable de la contextualiser par rapport aux gens plutôt que des fois de faire un truc parce que les gens viennent te voir mais déjà un tu ne sais même pas si c’est la bonne chose parce qu’ils viennent te dire c’est quoi la solution pour eux alors que ça se trouve, ils n’en savent rien. Et toi tu te prends la tête à essayer de faire quelque chose qui est pas ce que t’aimes bien faire.

 

Caroline Tran: Et puis on est encore vachement dans le regard de l’autre. C’est à dire que tu te dis bon ben en fait, si le patient n’est pas satisfait, ça veut dire que c’est la catastrophe, c’est la fin du monde et ça fait de moi un mauvais praticien. Et aujourd’hui j’aborde les choses de manière assez différente. Mais comme tu le disais si justement tout à l’heure, dans une pratique où tu sais que tu ne peux pas avoir d’effet délétère, en ayant bien sûr posé toutes les questions au patient avant sur son état de santé, je pense que tu ne peux que enrichir aussi le patient. Si un patient qui te dit bon ben franchement, j’ai pas senti trop d’effet durant votre séance, mais le lendemain je me sentais vachement soulagé. Et ben peut être que tu casses des idées qu’il s’était fait sur l’ostéopathie comme quoi il allait rentrer, ça allait durer une demi-heure et il allait être justement manipulé de manière simplement très mécanique. C’est marrant parce que quand j’en parle, on a l’impression que je suis hyper énervé contre tout le mouvement de crac articulaire, ce qui encore une fois n’est pas vrai. Mais c’est comme en politique, c’est à dire que tu vas avoir des idées qui sont très différentes et au final tout se complète. Et le fait qu’il y ait justement plusieurs champs de vision, c’est ce qui crée aussi un tout et c’est ce qui crée une cohésion. Moi en tout cas, je ne fais pas partie du champ justement des personnes qui contraignent les tissus, mais je trouve que..

 

Olivier My: Mais je les accepte tels qu’ils sont.

 

Caroline Tran: Ouais non mais c’est un peu bête, mais par exemple, je vais avoir dans mes proches des amis ostéo, des supers bons potes, des personnes qui ne manipulent que en crac articulaire et ce sont des personnes qui moi m’ont appris énormément de choses, que ce soit sur ma manière de pratiquer, sur comment est ce que je conçois le corps, mais même pas en tant qu’osteo, en tant qu’être humain. Cette notion de consentement, cette notion d’accord justement tissulaire et je trouve ça hyper intéressant et j’espère que moi aussi j’ai pu leur apporter un point de vue qui a pu les faire évoluer aussi.

 

Olivier My: On leur demandera alors s’ils entendent cet épisode.

 

Caroline Tran: Mais je suis persuadé que ce sont des personnes qui respectent beaucoup ma pratique aussi, même s’ils ne pratiquent pas de la même manière que moi. Et bon, la guerre entre les ostéos, pour moi ça n’a pas trop de sens et je pense qu’on galère tous déjà à se dire comment est ce que je peux faire de mon mieux et avec toute l’expérience que j’ai, j’ai l’impression que, en tout cas, ma pratique me guide dans ce sens là. Bon, je ne vais pas aller critiquer, voilà, je ne suis pas un artiste sur sa manière de peindre ou autre, je pense que voilà, on est tous sur son chemin de vie à un moment, à un instant T.

 

Olivier My: Et justement, est ce que tu penses que c’est une question d’appétence où tu vas dans plus d’un côté que d’un autre ? Ou est ce que c’est un peu le standard qui a imposé plus d’un côté ou d’un autre ?

 

Caroline Tran: Je pense que c’est une question de ressenti. Moi j’ai fait mes deux premières années d’études dans une école où en fait les profs te disaient de toute façon, c’est cette manière là de faire, les autres écoles c’est tous des nazes. Moi c’est pas un truc que j’aime le fait d’être très catégorique. Alors ok pour des personnes on va dire pour des âmes perdues, on se dit ah mais la personne a l’air d’avoir vachement confiance en elle, donc ça veut dire que elle a la vérité absolue sur le monde. Moi je me dis bon bah j’aime bien me dire que je vais explorer plusieurs pratiques, plusieurs manières de faire et ensuite bah je verrais vers quoi est ce que enfin qu’est ce qui me fait le plus vibrer. Et après il y a aussi effectivement le ressenti des patients qui est hyper important. Moi en tous cas, aujourd’hui, j’ai l’impression que les patients reviennent au cabinet parce que je pratique de cette manière là. Mais bon, après, encore une fois, peut-être que dans dix ans, quinze ans, je vais pratiquer d’une manière complètement différente. Il y a plein de choses qui jouent aussi en ostéopathie. Je pense qu’il y a aussi un effet placebo. Il y a le fait d’avoir en face de soi quelqu’un qui nous réconforte, qui nous rassure. Quelqu’un qui ne va pas juste manipuler, mais aussi poser plein de questions sur l’état de santé, sur les antécédents, qui ne va pas juste manipuler sans s’assurer qu’il n’est pas dangereux. Mais c’est encore hyper flou et je pense qu’il y a plein de questions qui seront encore à poser à de nombreux ostéopathes.

 

Olivier My: Oui, il y a un thème que tu abordes que je trouve intéressant à creuser avec toi, c’est la dimension émotionnelle. C’est à dire que toi tu traites le corps. Tu disais tout à l’heure que effectivement, c’est dur de séparer finalement le corps de l’esprit de tout ce qui va avec. D’où le fait que ce soit intitulé médecine holistique. D’ailleurs, ce qui m’intrigue, c’est que c’est intitulé médecine. Ça ne fait pas tiquer des gens ?

 

Caroline Tran: Non mais parfois moi j’ai des patients qui me mettent sur les chèques Docteur Tran. Et je me dis non, non, non, non, non. Alors moi je n’ai pas fait dix ans d’études, mais enfin, c’est une médecine parallèle quoi.

 

Olivier My: Oui, c’est une médecine parallèle. Et cette dimension émotionnelle, toi, tu l’as vu. C’est à dire que toi, tu travailles sur le corps. Est ce que tu as pu voir des impacts aux sens émotionnels des gens que toi tu traites ? Est ce que tu as des anecdotes à ce sujet ?

 

Caroline Tran: Oui, complètement. Alors l’ostéopathie enfin, en tout cas, mes manipulations ne vont pas complètement changer l’état physique de mes patients. En revanche, des patients qui vont se dire mais je me suis sentie tellement libérée au niveau respiratoire après la séance et le fait d’avoir beaucoup parlé de pourquoi est ce que par exemple, la personne dans ce cas spécifique se sentait renfermée sur sa respiration parce que il avait vécu, je ne sais pas, un stress, un décès ou autre. Ça permet aussi de faire prendre conscience de leur propre corps aux patients qui par la suite vont mettre en place plein de choses. Il y a eu une année, je ne sais pas, j’ai eu un patient qui était vraiment en surpoids, c’était après le Covid. Bon, la personne forcément dans cette période qui était extrêmement dure, s’est complètement laissée aller, a fait tout ce qui pouvait être le plus réconfortant possible pour lui. Donc n’est pas sorti, a regardé Netflix toute la journée, mangé de la comfort food. Et c’est vrai que en fait, là, j’aurais pu lui dire bon ben faut se mettre au régime strict et puis ça ne va pas du tout là, votre IMC, c’est complètement catastrophique et je pense qu’encore une fois, sur le ressenti, le fait que le patient ait pu en fait se sentir peut-être un petit peu mieux physiquement, ce qui a pu lui permettre de courir un petit peu plus longtemps ou de marcher un petit peu plus longtemps, ou simplement de prendre confiance en lui. Parce que parfois ça passe aussi par des phrases qui peuvent sortir les patients de schémas, d’archétypes ou bien de jugements vis à vis de leur propre personne. Je pense que ouais, l’ostéopathie, que ce soit au niveau manipulation ou au niveau du thérapeute sur lequel on tombe, peut complètement changer émotionnellement aussi des patients et leur permettre d’aller mieux émotionnellement. Mais c’est voilà, nous on fait notre taf pendant la séance. Après le plus gros du travail c’est le patient, ce qu’il va faire derrière la séance.

 

Olivier My: Ouais je vois. J’étais curieux sur ce que tu disais autour des personnes qui n’ont pas conscience de leur corps. Ça veut dire que toi ce que tu fais quand les gens viennent là, vu que tu les touches, ça les force à avoir conscience de leur corps. D’ailleurs, c’est ce qu’on dit souvent quand on veut se rattacher au moment présent, c’est souvent de se rattacher à son corps. Comment est-ce qu’on sent les sensations au niveau des pieds, des genoux. Il y a souvent ce petit scan corporel qu’on fait quand on veut se raccrocher au présent. Est ce que tu as l’impression justement qu’aujourd’hui, de manière générale de ta vision, les gens n’ont pas forcément conscience de leur corps et donc du coup il y a plein de choses qui se passent au sens émotionnel et qui vont ré-impacter le corps par la suite jusqu’au moment où ils viennent te voir quoi ?

 

Caroline Tran: C’est une question assez vaste. J’ai l’impression qu’aujourd’hui il y a beaucoup de personnes qui sont effectivement coupées de leurs sensations corporelles. C’est un sujet qui revient très souvent avec des patients. Par exemple le fait qu’on soit beaucoup dans la représentation sur les réseaux sociaux. En fait, je trouve que quand tu es en face à face avec quelqu’un, il y a beaucoup plus de choses qui se passent que quand tu te dis ah bah oui, je me suis dit que la personne avait l’air d’avoir un caractère exceptionnel parce que j’ai vu une photo d’elle ou une vidéo d’elle. Et c’est vrai que moi aujourd’hui, j’ai l’impression que d’un point de vue conscience corporelle, les gens sont beaucoup plus tournés sur les autres que sur eux-même. Après, j’ai l’impression aussi de ma petite expérience d’ostéo que par exemple après le Covid, tu as eu quand même pas mal de personnes qui naturellement se sont dit mais là ça ne va plus du tout. En fait, mon métier ça a été métro-boulot-dodo et du coup j’ai besoin de me reconnecter à mes sensations, de savoir ce qui me plaît, ce qui me fait vibrer. Je pense que ça a aussi été une période où tu as plein de personnes qui ont décidé de faire des reconversions professionnelles.

 

Olivier My: Déjà, il y a eu des relocalisations.

 

Caroline Tran: Ouais voilà.

 

Olivier My: Énormément de relocalisations.

 

Caroline Tran: Moi, je n’ai plus aucun pote ostéo sur Paris ou très peu. Ils sont tous partis et je pense que c’est quand même, les ostéo forcément vont beaucoup travailler sur eux, que ce soit leur mental ou le physique. Et au bout d’un moment, tu es obligé de t’écouter et de savoir ce qui te permet d’aller de l’avant ou pas. Mais ça dépend j’ai l’impression que les jeunes générations s’écoutent quand même un petit peu plus. Peut-être, je ne sais pas. Après, elles sont quand même plus soumises au regard de l’autre, aux réseaux sociaux, à tout ce qui est publié j’en sais rien sur Facebook, sur Instagram, mais bon, après je vais toujours avoir des patients qui me disent ouais ouais, j’ai un lumbago énorme, mais par contre, juste après, c’est arrivé la semaine dernière, un monsieur qui m’a dit mais par contre juste après moi j’ai un tournoi de golf donc pas le temps quoi. Et c’est vrai qu’il y a des moments où je me dis bah en fait bon bah soit je vais faire ce que je peux faire. Mais bon après encore une fois, tu fais un truc pendant la séance, le patient il est libre de ses actes juste après la séance, moi je lui donne les conseils. Bon après il fait, il fait ce qu’il veut, mais je me dis il y a des patients qui ne sont pas du tout à l’écoute de leur corps quoi.

 

Olivier My: Et c’est vrai que c’est un exercice qui est difficile. C’est à dire que dans la société actuelle, ce qui est vraiment très valorisé, c’est plutôt l’intellect. Donc ce qui se passe dans la tête, le monde des émotions de manière générale, est quelque chose qui n’est pas trop valorisé, même si ça se travaille au fur et à mesure dans le monde des entreprises de se dire bah maintenant, exprimer ce que tu ressens est tout à fait OK. Et en fait ça nous donne des informations supplémentaires pour pouvoir prendre des décisions ensemble plutôt que de se dire bah oui, cachez vos émotions parce que on veut tous être des robots. C’est marrant parce qu’il y a un paradoxe d’ailleurs de en fait, vous êtes tous différents et on veut valoriser la diversité, par contre, on aimerait bien quand même que vous soyez des robots parce que ça nous arrange.

 

Caroline Tran: Carrément.

 

Olivier My: Quand on veut avancer ensemble.

 

Caroline Tran: Oui, bah je trouve qu’aujourd’hui c’est un peu un tout. Mais plus une personne a de responsabilités ou à un salaire hyper élevé. Et plus on va se dire ah ouais, la personne est hyper balèze et à côté de ça, bon bah je trouve que ça exclut quand même énormément de professions autour de ces personnes qui au final sont quand même relativement faibles sur l’ensemble de la population française. Et en revanche tous les efforts que des personnes, directeur d’entreprise, PDG, etc vont faire à côté pour se dire comment est ce que je peux faire pour garder un physique ou en tout cas que la machine continue à tourner ? Ça on n’en parle pas du tout de ce qu’elles font au niveau sportif, au niveau soin, ostéopathie, kiné, massages. Enfin ça on n’en parle pas du tout. Pourtant c’est quand même quelque chose qui est hyper important. Et moi je pense que voilà, pour aller plus loin, il faut ménager sa monture on va dire.

 

Olivier My: Mais c’est vrai que je pense qu’on en parle de plus en plus. Tu vois, ceux qui sont sur les réseaux sociaux, ils disent voilà, j’ai non seulement une capacité à avoir des résultats dans l’exécution par exemple, mais pour que je puisse faire tout ça, je me réserve non seulement du sommeil. C’est un vrai thème je trouve du moment et j’ai une sorte de routine physique pour justement me permettre de pouvoir continuer comme ça. Donc je pense que de plus en plus on en parle. Par contre, ce qui me faisait réfléchir pendant que tu évoquais le sujet des réseaux sociaux, c’est qu’effectivement le corps a à la fois ce côté fédérateur, c’est pas vraiment fédérateur que j’avais en tête, mais plutôt un effet qui rassemble au sens où en fait notre corps, c’est ce qui nous ramène à notre condition d’humain. C’est à dire que que tu sois multimilliardaire je ne sais où, il y a un moment donné, quand tu es malade, tu es malade quoi. Tu seras sur le même lit qu’une autre personne qui n’est pas dans des sphères comme ça quoi. Et je trouve que justement, le fait de quitter son corps nous empêche de nous rappeler que on est humain et qu’on peut interagir d’une certaine manière et que le monde évolue très vite et que comment justement on va naviguer dans ce truc là si on n’est pas connecté au présent et à qui on est ?

 

Caroline Tran: Non mais c’est intéressant. J’ai plusieurs patients dans ce cas là et je leur dis très souvent vous devriez regarder cette vidéo. C’était une interview sur TEDx justement, d’une businesswoman incroyable qui toute sa vie s’est dit bon, en fait c’est le business, le business, mon entreprise, c’est hyper important. Et en fait, elle avait eu une scoliose qui d’année en année s’était vachement aggravée. Elle avait complètement laissé son corps de côté, ce qui fait que un beau jour, bon bah en fait je crois qu’elle ne pouvait plus marcher, il y avait trop de dégâts on va dire au niveau neuromusculaire et du coup elle a dû se faire opérer et c’était hyper intéressant parce qu’elle disait c’est là, quand j’ai pris conscience de mon corps que je me suis dit mais en fait c’est dingue parce que j’avais une possibilité de faire plein de choses à côté de mon boulot et en fait, cette expérience m’a donné un nouveau souffle de vie. Et parfois c’est dingue parce qu’il y a des patients, je leur dis mais là ok, vous avez un boulot d’enfer, des responsabilités de dingue, mais si vous voulez que ça continue et justement continuer à rester en super forme, je ne suis pas du tout en train de culpabiliser mes patients bien sûr, je ne dis pas que l’ostéopathie c’est quelque chose qui est absolument nécessaire dans la vie de quelqu’un, mais c’est bien de prendre conscience de son corps pour se dire bah j’ai pas juste été matérialisé dans cette vie pour être aussi chef d’entreprise, il y a plein d’autres dimensions qui sont quand même hyper importantes.

 

Olivier My: C’est une manière d’entretenir. Tu vois ce que je veux dire. C’est à dire que ostéopathie ou autre pratique qui a une expertise au niveau du corps, c’est toujours bien d’aller voir aussi des gens qui s’y connaissent un peu mieux que nous au sens général, pour voir comment ça tourne.

 

Caroline Tran: Oui et puis après là, on parle quand même d’une dimension physique, mais que ce soit justement coach en développement personnel ou psychologue psychanalyste, c’est aussi des personnes qui vont permettre justement de nous sentir aligné et de faire en sorte que la vitesse de croisière soit encore plus importante. Donc moi je pense qu’on ne peut pas vraiment dissocier le corps de j’ai envie de dire de l’âme. Mais c’est vrai qu’on ne peut pas seulement dire qu’on intellectualise les informations qui nous sont données. Il y a aussi toute cette partie corporelle qui est hyper importante.

 

Olivier My: On me disait souvent que lorsque on commence à avoir des signaux corporels, c’est que c’est déjà trop tard au sens où pas que c’est irrattrapable, mais ça veut dire que c’était la dernière manière pour dire Hey là il y a vraiment un problème. Et donc du coup, là je sonne l’alarme quoi.

 

Caroline Tran: Oui.

 

Olivier My: Et ça te parle toi ou pas ça ? Quand il y a les signaux comme ça qui arrivent au niveau du corps, comment est ce que tu l’interprètes ?

 

Caroline Tran: Oui, bah moi je vais travailler, je ne dirais pas que comme ça, mais des patients qui vont me dire bah ouais, suite à mon burn out, j’ai des fourmillements depuis quatre ans dans la main, dans le bras. C’est vrai que je me dis mais est ce que vous aviez quand même des signes précurseurs ? Comment est-ce que ça c’était passé au niveau digestif, au niveau de votre respiration, etc. Et en fait, la plupart du temps, les patients me disent C’est vrai que à ce moment là, je suis tombé hyper malade ou bien j’ai pu avoir des torticolis à répétition, des lumbagos à répétition. Et quand la pathologie en tout cas arrive, c’est qu’il y a plein de choses. Des signes avant-coureurs qui n’ont pas du tout été écoutés par le patient. Mais comme tu le dis en général c’est jamais irréversible, sauf si vraiment le patient il lui est arrivé quelque chose d’hyper grave et au final il a une pathologie incurable. Mais je trouve qu’encore une fois, quand tu as des petites douleurs, c’est toujours intéressant de se dire bon bah est ce que je me suis pris le pied dans le tapis ou est ce que effectivement j’ai eu un contexte autour de moi qui a fait que mon corps s’est contracté de cette manière là et du coup, nous, en tant que ostéo, c’est aussi, je trouve, une dimension très importante que de ne pas seulement débloquer, mais aussi poser toutes les questions sur pourquoi est ce que les douleurs sont apparues. Enfin voilà, on en revient à ce que je te disais au début de la séance.

 

Olivier My: Justement parce que je pense que là, dans la description que tu en fais, il y a une notion qui explique le passé, c’est à dire que la personne arrive, elle a des symptômes, quels qu’ils soient, sur le corps, tu vas lui poser des questions, ça va te permettre d’expliquer, Ok, il y a toute une histoire qui nous fait comprendre ce qui fait que vous avez ce que vous avez. Et un symptôme n’est pas juste un symptôme, c’est un symptôme qui est basé avec votre histoire. Si une personne a mal ou je ne sais pas à l’épaule, ça peut très bien être un coup qu’elle s’est prise ou quelque chose qui date depuis plein d’années basé sur autre chose. La question que j’aurais pour toi c’est ok, on voit que ça peut expliquer le passé. Maintenant, le corps nous invite à regarder des choses qu’on n’arrive pas à regarder et donc c’est un signal d’alarme qu’il envoie lorsqu’il nous envoie des symptômes au niveau du corps. Est ce que tu aurais des petites astuces pour nous dire ok si je ne sais pas si ça marche ou pas, mais voilà, si on a des douleurs à tel endroit, quel est le sens qu’on peut donner à la chose et auquel cas est ce que ça peut nous aider à avoir ce petit déclencheur de changement dans notre vie par la suite ? Est ce que tu en aurais quelques uns comme ça ?

 

Caroline Tran: Sauf causes purement mécaniques, déjà très souvent ce que je dis aux patients, ce n’est pas tous les patients ne vont pas le faire parce qu’il y en a qui sont beaucoup trop actifs. Mais essayer simplement de se mettre un petit peu dans un état d’enracinement. Ce que tu énonçais tout à l’heure, le body-scan, le fait de se dire bon bah ok, je vais essayer de voir à quel niveau de mon corps je peux avoir des sensibilités ou des douleurs, ça c’est une première chose. Après, si tu es sûr de l’endroit de ta douleur, déjà se poser la question comment est ce que c’est arrivé et pourquoi c’est arrivé ? Il y a des personnes qui vont rester vraiment dans une dimension purement anatomique de j’ai mal ici, c’est anti-douleur et anti-inflammatoire et puis ne pas se poser la question de est ce que j’ai beaucoup trop fait la fête sur ces dernières semaines ? Est ce que j’y suis allée beaucoup trop fort dans le sport ? Est ce que je manque de sommeil ?

 

Olivier My: C’est très action-réaction quoi.

 

Caroline Tran: Voilà. Mais sur ces douleurs là, bon, sauf si c’est des douleurs qui vraiment nous font penser à quelque chose de grave, je trouve que les patients devraient vraiment déjà se dire est ce que déjà c’est un trop plein de sport ? Est ce que je n’en fais pas assez ? Ma qualité de vie, mon hygiène de vie ? Est ce qu’il y a des choses que je peux justement améliorer de ce point de vue là ? Ou bien effectivement, si tout ça c’est déjà nickel, est ce que peut-être je devrais en parler à un professionnel de santé ou justement un professionnel paramédical pour voir s’il y a quelque chose de psychologique qui bloque ou bien de physique. Et dans ce cas là, c’est souvent dans ces situations là que je vais recevoir des patients.

 

Olivier My: Justement, si on pousse l’exercice un peu plus loin. Imagine que je fais ce body scan. D’accord, je fais le body scan. Donc j’ai les pieds bien au sol. Puis j’essaie de voir à quel endroit j’ai des sensations. Et je me rends compte par exemple que les tensions que je ressens, elles sont un peu au niveau de la nuque et des épaules. Qu’est ce que je peux me dire potentiellement ? Est ce qu’il y a des choses particulières que je peux me dire ? Voilà, parce que j’ai des douleurs là, la dimension psychologique qui peut être associée à ça, est ce qu’il y a des liens ou pas ?

 

Caroline Tran: Oui, tu peux avoir des liens. Après, c’est vraiment du cas par cas. Il y a des personnes aujourd’hui, c’est un peu la maladie du siècle, c’est tu vas avoir une super mauvaise posture devant ton bureau. Donc toi en tant que personne te dire bah du coup je vais changer, je ne sais pas, je vais changer mon poste de travail, je vais changer ma chaise, je vais relever mon écran. Tu peux te dire ça ou bien tu peux te dire bon bah je vais essayer d’aller un petit peu plus régulièrement à la muscu et faire plusieurs exercices ou bien je vais faire du pilates, mais ça dépend encore beaucoup du caractère et des antécédents de chaque patient.

 

Olivier My: Il y a vraiment l’histoire qui en ligne de compte. Je m’étais dit que voilà, peut-être que j’aurais trouvé la baguette magique, mais non en fait.

 

Caroline Tran: Voilà, c’est ça, j’ai pas de solution, sinon ce serait trop.

 

Olivier My: Ce serait trop facile non mais tu vois, j’ai essayé quoi. Je me dis on n’est pas à l’abri. Par contre, de ce que j’entends qui est vraiment important, c’est que d’avoir quand même conscience de son corps, c’est un signal qui nous permet de nous dire il y a quelque chose qui cloche et donc il y a peut être quelque chose à faire. Après le quoi, comment, et cetera, ça dépend des gens, ça dépend des spécialistes que tu vas voir.

 

Caroline Tran: Ouais et puis avoir une bonne conscience de son corps, je trouve que c’est aussi un super bon moyen de prévention des personnes qui vont par exemple être sportifs de haut niveau. Ce sont des personnes qui vont se dire bon bah là je sens que ça tire un petit peu sur la cheville, tout de suite je vais aller consulter plutôt que de me dire bon bah en fait je vais continuer à faire de la corde à sauter à longueur de journée. Il n’y a pas de sportifs de haut niveau qui font ça toute la journée je crois.

 

Olivier My: On n’est pas à l’abri de découvrir une nouvelle discipline.

 

Caroline Tran: Mais pour le coup, c’est quand même, je trouve que c’est un bon moyen de prévention. Et petit aparté, moi j’ai cette impression qu’il y a beaucoup plus de femmes qui sont dans une certaine conscience corporelle, enfin une conscience corporelle plus importante parce qu’il y a aussi moins de pudeur. Et si on parle d’antécédents en quelque sorte, je trouve qu’aujourd’hui les hommes vont être un petit peu plus pudiques ou ne veulent pas se faire manipuler ou ne veulent pas justement forcément montrer qu’ils peuvent avoir un petit bobo. Ce sont des choses qui sont, je pense, très ancrées et je pense que sur des motifs de consultation, on va dire moins graves, je vais avoir quand même plus de femmes qui vont venir en prévention ou pour du bien-être que des hommes qui eux viennent quand vraiment.

 

Olivier My: C’est ce que j’allais dire.

 

Caroline Tran: Ça ne va pas du tout.

 

Olivier My: Ouais c’est ce que j’allais dire. Enfin quand tu disais je me suis dit il y a des gens qui viennent pour la prévention, ça veut dire que ils viennent avant qu’il y ait des problèmes, ce qui n’est pas culturellement l’habitude, c’est à dire que c’est plutôt dans les cultures orientales et asiatiques où le médecin est payé pour justement te garder en bonne santé, alors que là, on a plutôt l’habitude de venir quand on est malade. Donc ça veut dire quand même que tu as des patientes plutôt qui viennent en prévention et en bien-être ? Tu disais ?

 

Caroline Tran: Oui.

 

Olivier My: Mais du coup, ça veut dire quoi venir en bien-être ? Juste qu’elle aime bien le principe. C’est un peu comme des massages quoi ? Elles viennent pour…

 

Caroline Tran: Alors je dirais pas de massage parce que c’est pas la même intention qu’on a sur les muscles. Mais déjà il y a un côté effectivement psychologique voire placebo où quand tu as un contact entre par exemple mes mains et le crâne du patient, tu vas déjà avoir un effet sur le patient. C’est un petit peu comme quand tu vas voir le médecin et que tu dis bah en fait quand j’ai pris le rendez vous, j’avais mal, mais là aujourd’hui, comme par hasard bon bah en fait ça va mieux. Moi j’aime bien aussi associer ça au bien-être parce que tu décides de prendre soin de toi. Tu décides par exemple d’aller voir l’ostéo, tu décides d’aller voir un psychologue, même si en fait c’est une consultation de routine et qu’aujourd’hui il n’y a pas spécialement de problématique dans ta vie et c’est déjà une démarche de bien-être pour toi et nous. En fait, c’est vrai que dans nos manipulations, on ne va pas avoir ce côté où on va masser les gens avec de l’huile, mais il y aura quand même dans tous les cas toujours des choses à réaligner ou des tissus à justement relâcher. Ou même tu peux toujours travailler sur, je ne sais pas, le viscéral ou sur détente musculaire, mais ce n’est pas exactement la même chose que du massage.

 

Olivier My: D’accord, mais ça veut dire quand même que les gens viennent pour cette sensation de bien-être, quelle qu’elle soit. Donc soit pas forcément directement sur le toucher et l’acte de massage, mais pour la sensation de relâchement de qu’il y ait quelqu’un qui prenne soin de nous.

 

Caroline Tran: Oui, exactement.

 

Olivier My: Je pense que c’est aussi cette dimension là.

 

Caroline Tran: Complètement. Après, c’est pas la majorité des patients. En général, les gens viennent quand ils ont mal.

 

Olivier My: Je confirme.

 

Caroline Tran: Mais voilà, après je pense qu’on est tellement, enfin en tout cas sur Paris, c’est une ville qui va tellement vite et les gens sont vraiment obnubilés par le travail et la productivité. C’est normal aussi que les personnes se disent je ne vais pas aller voir l’ostéo tous les trois mois et qui s’oublient un peu, notamment dans les périodes de stress où tu privilégies surtout ton boulot plutôt que ton corps. Mais je pense que c’est une habitude à prendre. C’est comme au final simplement aller courir, te dire bon bah une fois par semaine, il faut que je fasse une activité sportive. Parfois tu skippes une séance de sport parce que tu te dis que le boulot est trop important, mais du coup ça rajoute justement des contraintes musculaires et des personnes qui savent qu’elles ont beaucoup de contraintes physiques ou psychologiques peuvent venir en prévention en se disant j’ai pas envie justement de me retrouver avec un lumbago ou un torticolis d’ici deux semaines un mois quoi.

 

Olivier My: Mais ça veut dire qu’elles ont déjà une conscience quand même qu’il y a une vraie connexion entre le corps et l’esprit et que si elle n’arrive pas forcément à travailler l’esprit juste avec la force de leur esprit, c’est un autre moyen d’aller travailler le corps. Donc pour générer un changement, parfois simplement de se mettre en mouvement physiquement, ça peut déjà nous aider à changer des choses.

 

Caroline Tran: Complètement. Non mais c’est intéressant. Bon, je parle beaucoup du travail et de la productivité qu’ont certains patients mais pour revenir sur justement cette fameuse dame qui avait fait justement l’interview Tedx et dont j’avais parlé un tout petit peu plus tôt dans ton podcast, en fait, ça arrive très souvent que des patients, enfin très souvent, de temps en temps, que des patients viennent me voir en me disant bon ben alors moi je ne crois pas du tout à l’ostéopathie, c’est juste que là j’ai tout essayé, je suis allé voir les meilleurs médecins, des neurologues, etc. Mais cette douleur ne passe pas et ce sont des personnes qui n’ont pas du tout envisagé que ça pouvait venir de quelque chose de psychologique, d’un trop plein et du fait qu’ils ne s’occupent jamais de leur corps. Et ce sont des personnes qui sont hyper intelligentes, incroyables sur plein de points, mais qui ne conscientisent absolument pas leurs sensations corporelles. Et c’est dingue quoi, c’est comme si leur cerveau était fait pour être hyper productif mais que du coup.

 

Olivier My: Il faut relâcher tout le reste.

 

Caroline Tran: Ouais voilà. Mais c’est marrant, on ne peut pas être parfait partout, mais en général il y a des personnes qui vont se dire bon ben ok, je teste un petit peu plein de choses sur ma palette de vie et il y a des personnes qui vont être les meilleurs dans un seul domaine, qui vont éclater tout le monde mais qui par contre vont avoir des séquelles corporelles. Et c’est aussi intéressant de leur donner, on va dire un nouveau souffle de vie, comme disait justement cette fameuse personne faudrait que je retrouve son prénom, ça me gêne de ne pas la citer parce que c’était hyper intéressant ce qu’elle disait, mais justement ce second souffle de vie en se disant bah ouais, peut-être que je pourrais jouir de la vie d’une autre manière que en étant implacable intellectuellement, c’est aussi hyper jouissif pour elle de prendre conscience qu’il y a autre chose que l’intellect, qui est quand même très important.

 

Olivier My: C’est ça. C’est surtout que dans un monde qui va de plus en plus vite, où on est tous interconnectés, où il y a beaucoup plus d’incertitudes, où il y a beaucoup plus d’instabilité, si on est obligé d’utiliser que la tête qui en fait est faite pour prévoir les choses, anticiper, au bout d’un moment la tête, elle n’y arrive plus. Autant qu’on vive le corps aussi dans l’instant présent et qu’on ait cette capacité à pouvoir agir en conscience. C’est pour ça que j’utilise pas le terme réagir, parce que réagir des fois il y a une dimension un peu automatique à l’arrache, mais nous ce qu’on voudrait, c’est avoir cette capacité d’adaptation intentionnée justement pour garder un cap et nous permettre de rester sain d’esprit avec cette sanité du corps.

 

Caroline Tran: Après, vraiment, c’est toujours la même chose. C’est vraiment du cas par cas. Ça dépend aussi de l’éducation que tu as eue. C’est vrai qu’il y a des parents qui se disent bon bah toi tu vas être un futur Léon Marchand, toute ta vie tu vas faire que de la piscine, de la natation et des personnes qui se disent si je fais autre chose que ça, ça veut dire que je suis un lâche, que je suis un nul, que bon bah au final, c’est un petit peu la même chose pour le domaine de l’intellect. Toutes les personnes qui vont faire, je ne sais pas, des supers écoles, Centrale, l’ENA, HEC, pour moi c’est une question d’équilibre, d’éducation, c’est une question aussi. Mais cette conscience corporelle est hyper importante parce que parfois c’est vrai qu’on suit beaucoup aussi des schémas familiaux sans trop s’écouter et on se rend compte vers 40 50 ans que c’est peut-être pas forcément ce qui nous correspond à nous. Et ça demande aussi énormément de cran de laisser de côté un cadre que des personnes nous ont en tout cas donné de manière très bienveillante. Mais ça demande beaucoup de cran de laisser ça de côté justement.

 

Olivier My: Tu parles de cadre familial, alors sans rentrer dans ta vie privée, toi, du coup, quand tu t’es dit moi je veux devenir ostéo, c’est venu d’où ? Tu as des parents qui sont dans ce domaine là ? Qu’est ce qui t’a amenée en fait à faire ce métier là ?

 

Caroline Tran: C’est intéressant. Moi, depuis que je suis toute petite, je sais que je veux prendre soin des gens. Bon après petit, on veut faire plein de métiers à la fois, mais je savais que je voulais faire quelque chose dans le soin. Donc naturellement, je me suis dirigée vers médecine. Après, je pense que à la fin de mes études, franchement, je ne savais pas trop vers quoi me tourner. Je pense que je fais un petit peu partie des familles qui se disent bon bah ce sera droit ou médecine. Et moi je suis allée vers médecine et je n’étais pas du tout assez dans la compétition donc pendant un semestre, je ne savais pas trop quoi faire. J’étais à Pierre et Marie Curie et du coup, après avoir tenté le concours de médecine, de faire une licence de bio. Et là je me suis dit c’est la catastrophe. C’est pas du tout ce que je veux faire. Vraiment la recherche plus tard ou enfin bref, ça me plaisait vraiment pas du tout. J’avais vraiment besoin d’être sous pression, d’être stimulée, d’être au contact de personnes. Et puis j’en pouvais plus aussi d’être simplement derrière un bureau.

 

Olivier My: Juste dans la tête en fait.

 

Caroline Tran: Ouais, voilà. Et puis je me suis dit bon, j’ai plusieurs options, soit je fais kiné et du coup c’est de nouveau sur concours et je risque de reperdre une année si je n’ai pas la formation kiné. Soit je fais ostéo et là c’est des écoles privées, donc il y a aussi des avantages ou l’inconvénient que ce soit des études relativement onéreuses, mais je me suis quand même lancée là dedans. Et au final aujourd’hui je suis hyper contente de me dire que bon bah je peux prendre soin de plein de patients, que j’ai mes petits contacts de médecins chez qui je réoriente les patients aussi, ce qui est une autre approche de soin. Quand c’est l’ostéopathie, c’est aussi ça. C’est de la réorientation de patients qui parfois sont à risque ou sont simplement pas fait pour être dans notre cabinet. Donc voilà, c’est comme ça que je suis devenue ostéo et au final, je me dis c’est pas mal de hasard et je suis très contente d’être ostéo aujourd’hui.

 

Olivier My: Mais ça veut dire que dans ton parcours, tu fais des études, donc intellectuelles d’une certaine manière. Tu voulais quand même aider les gens d’une manière ou d’une autre, mais ce n’était pas très clair dans ta tête. Et donc à un moment donné tu te dis ok, je suis trop dans la tête et du coup je veux faire autre chose. Mais tu n’as jamais eu cette problématique parce que moi je l’ai, parce que moi le toucher est quelque chose qui n’est pas un sens que j’ai particulièrement développé. Mais tu t’es dit tout de suite tiens, je vais aller dans le domaine où je vais toucher des gens ? C’est à dire que tu vois, entre la bio où tu dis c’est très dans la tête et puis après kiné ostéo où tu es très dans le toucher, c’est à dire que toi ça a toujours été un sens que tu aimais bien, que tu voulais utiliser par la suite ?

 

Caroline Tran: J’avoue, je ne me suis jamais vraiment posé la question. Pour moi, ce qui était hyper intéressant, c’est déjà d’un point de vue théorique de connaître plein de pathologies, de connaître l’anatomie du corps humain, les différents groupes musculaires, toute la neurologie, etc. Enfin toute la neurologie, je ne connais pas tout mais. Mais voilà, en tout cas, je fais de mon mieux. Et à côté de ça, c’est vrai que tout le côté du toucher, au départ, c’est pas que j’étais mal à l’aise avec ça, mais on se rend compte très rapidement qu’il y a des personnes en fait qui excellent un petit peu, qui ont déjà une sorte de don au niveau palpatoire. Et en fait j’ai trouvé ça c’était un petit peu le but du jeu de se dire bon ben en fait quand est ce que je manipule ? Quand est ce que je manipule pas ? Où sont les zones les plus denses au niveau du corps ? Et tout de suite tu oublies ce côté ah c’est un corps de chair et tu associes ça avec tout le côté extrêmement pudique et émotionnel de voir quelqu’un justement, le dos de quelqu’un, le torse de quelqu’un. Bon, je pense que tu sors complètement de ce truc là, parce que quand il y a un patient qui te dit bah j’ai mal, je sais pas, j’ai mal dans la jambe, j’ai mal au ventre ou j’ai des fourmillements ou des engourdissements dans le bras, tu ne vas pas te dire ouh là là, j’ai peur de le toucher.

 

Caroline Tran: Ce qui est intéressant, c’est de se dire d’où est ce que ça vient. Est ce qu’il y a quelque chose d’organique ? Est ce qu’il y a quelque chose de pathologique ? Où est ce que je peux le manipuler ? Et si je le manipule, pour toi, le plus important, ce n’est pas de te dire Oh mon Dieu, c’est j’en sais rien parce que c’est vrai que certaines personnes, j’imagine que ça peut les dégoûter, mais moi mon boulot c’est juste de me dire la personne, si elle ressort de la consultation, il faut qu’elle se sente mieux ou qu’elle se sente prise en charge, ou qu’elle en sache un petit peu plus sur ses douleurs. Et puis après, je ne sais pas, peut être que c’est déjà arrivé à d’autres ostéo, très certainement, mais bon, les personnes font quand même relativement attention à venir propres.

 

Olivier My: Un minimum en tout cas.

 

Caroline Tran: Ouais un minimum pendant les consultations.

 

Olivier My: Ça veut dire que toi tu utilisais le toucher comme un moyen pour une fin, enfin tu voulais que les gens sortent mieux et donc ça n’a pas été un problème juste en te disant bah c’est le moyen là que je suis en train d’apprendre pour les accompagner.

 

Caroline Tran: Oui, exactement.

 

Olivier My: Parce que moi, c’est vrai que le toucher, c’est un des trucs que je m’étais dit quand dans ma famille, j’ai des médecins. Et effectivement, j’ai eu ce choix entre moi j’ai eu ingénieur aussi à côté, donc du coup je suis plutôt allé dans cette direction là. Mais quand je m’étais posé la question de médecine, je m’étais dit médecine, ça me botterait bien, mais il faut toucher les gens. Donc du coup, après je me suis dit je vais faire pharmacie parce que je touche pas les gens. Bon, ça veut quand même dire concours et tout. Et est ce que je veux faire ça pour après me dire bon ingénieur, du coup, j’ai moins de chance de toucher les gens. Mais c’est vrai que cette notion de toucher pour moi est importante parce que c’est en plus dans la culture actuelle, le toucher a une connotation très particulière je trouve. Et donc c’est un métier où je pense que si tu n’aimes pas ça, je ne sais pas si tu peux réussir à être un ou une bonne ostéo, tu vois ? Si le toucher t’as pas forcément ce don comme tu dis.

 

Caroline Tran: Mais il y a certains étudiants qui ont arrêté leurs études en cours parce que c’était quelque chose qu’ils pouvaient pas supporter de se dire bah en fait je suis hyper mal à l’aise avec le fait de toucher. Parfois c’est une question de timidité vis à vis de se dire je ne sais pas, je suis une femme, je vais toucher quelqu’un qui n’est pas une femme ou même enfin c’est assez. C’est très divers, mais moi personnellement, je ne me suis pas trop posé la question. Et puis c’était aussi un tout. C’est à dire que moi je sortais de deux années de médecine où je me suis dit là par contre, il y a le fait de faire des études, de les faire bien, j’ai pas envie de perdre une année de plus. C’est marrant parce qu’en fait on ne se rend pas compte que quand on a 20 ans, on a toute la vie devant nous et on se dit il faut gagner du temps, il faut gagner du temps, il faut faire des études. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, si je devais soigner des patients soit par les manipulations, soit par je ne sais pas, de l’acupuncture, des ventouses, enfin même sans les toucher, pour moi c’est toujours le but qui est m’importe quoi.

 

Olivier My: C’est une option possible en tout cas.

 

Caroline Tran: Oui, voilà, c’est ça. Parce que bon, au final, si j’avais été médecin généraliste, bon, je pense qu’on se pose toujours les mêmes questions de se dire bon, est ce que j’ai fait tout ce que je pouvais ? Est ce que la patiente je lui ai, ou le patient je lui ai apporté quelque chose de positif ? Donc voilà, il y a toujours les remises en questions aussi personnelles. Enfin, tout n’est pas que théorique je trouve dans la médecine.

 

Olivier My: Bah super! En tout cas merci beaucoup pour ton partage.

 

Caroline Tran: Merci à toi.

 

Olivier My: Ce que je te propose. On va basculer la dernière partie du podcast comme je te l’avais évoqué et quand je t’en avais parlé, je t’avais dit que j’amènerai des cartes et il s’avère que j’ai oublié. Donc du coup on va faire autrement. Donc ce que je vais faire, c’est que ces fameuses cartes, je vais les récupérer quelque part. Donc ce sera un petit peu moins du hasard, enfin si ça va être du hasard quand même. Mais du coup, ce que je vais te proposer, c’est que donc tu as une cinquantaine de cartes qui sont sur mon téléphone, et ce que tu vas faire, c’est que tu vas choisir entre le numéro 4 et le numéro 53. Et donc ce que je vais faire, c’est que je vais juste te dire c’est laquelle et puis je vais te laisser la lire.

 

Caroline Tran: Je vais prendre le numéro 31.

 

Olivier My: Alors, 31, je te laisse la lire.

 

Caroline Tran: Qu’est ce qui te rendait heureuse avant qui ne te satisfait plus aujourd’hui ? Ah, c’est intéressant.

 

Olivier My: Je ne les ai pas prévu, vraiment c’est pour toi.

 

Caroline Tran: Alors j’ai toujours été quelqu’un de très heureuse hein. Il y a même une fois une amie qui m’a dit non mais tu vois les personnes qui sont tout le temps heureuses et tu as envie de les frapper tellement elles sont heureuses, et bah c’est toi. Donc du coup, je me suis dit ok, mais des choses qui pouvaient en tout cas plus me rendre heureuse avant, c’était la fête. J’ai toujours, vraiment à partir de mes 18 20 ans, j’ai adoré faire la fête, rencontrer pleins de personnes, danser à fond, écouter de la musique, établir énormément de relations sociales. Faire des nouveaux contacts. Ça, c’est un truc que j’ai toujours adoré. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, j’aime moins. Simplement parce que je pense que ma batterie sociale commence à fatiguer un petit peu.

 

Olivier My: Ta batterie sociale, je trouve ça intéressant comme mot.

 

Caroline Tran: Oui et puis pour le coup, la conscience corporelle fait aussi que je m’écoute plus. Et quand j’étais plus jeune, j’étais aussi plus dans le regard de l’autre. Donc aujourd’hui je pense que c’est peut-être aussi l’âge et simplement la fatigue. Mais le fait d’avoir un boulot avec des responsabilités et puis avoir un petit peu moins d’énergie qu’avant, ça fait que je prends quand même beaucoup plus soin de moi. Et maintenant ça m’apporte beaucoup moins de satisfaction que de faire la fête parce que au bout d’un moment, tu fais le tour du truc quoi. Toutes les soirées se ressemblent un petit peu.

 

Olivier My: Mais au moins quand tu le fais, tu le fais pour la bonne raison et tu peux en profiter vraiment que avant juste une question d’habitude.

 

Caroline Tran: Exactement.

 

Olivier My: Faire la teuf quoi.

 

Caroline Tran: Et puis après ton cercle d’amis en fait te correspond de plus en plus. Donc tu sais que tu t’engages dans une soirée que quand tu es sûr d’être en bonne compagnie avec des personnes qui s’écoutent, qui t’écoutent. Mais bon, aujourd’hui ce n’est plus quelque chose qui est nécessaire. Je pense que aussi, quand tu es étudiant, tu as besoin d’un moyen de décompression, que ce soit le sport, la fête, les amis, les voyages. Donc ça c’est quelque chose, en tout cas pour les soirées qui me rend moins heureuse.

 

Olivier My: Moins heureuse maintenant.

 

Caroline Tran: Voilà.

 

Olivier My: Ok, bah très bien alors on va continuer et ce que je vais te proposer de faire, c’est de choisir deux chiffres, deux nombres, plutôt entre quatre et quinze. Entre quatre et quinze et t’en choisis 2.

 

Caroline Tran: Et ben je vais prendre 7 et 12.

 

Olivier My: 7 et 12. Donc ce que je vais faire, c’est que je vais te les lire toutes les deux et tu auras le choix de répondre à celle que tu veux.

 

Caroline Tran: Ok. C’est les questions les plus hard entre 4 et 15 ?

 

Olivier My: Non, je te le dirai juste après.

 

Caroline Tran: D’accord.

 

Olivier My: Façon tu vas le voir.

 

Caroline Tran: Ça marche.

 

Olivier My: La première, c’est quel mot choisirais tu pour décrire tes choix de vie jusqu’à présent ? Et la deuxième, c’est que retires-tu de tes relations amicales ou amoureuses qui se sont terminées ?

 

Caroline Tran: Je vais prendre la deuxième question qu’est ce que je retire de mes relations amoureuses ou amicales qui se sont terminées ? On est bien d’accord quand je dis qu’est ce que je retire c’est quelles sont les choses négatives qui font qu’aujourd’hui je n’ai plus ce genre de relations ?

 

Olivier My: Oui ou positives ! C’est vraiment une question au sens large. Quels sont tes apprentissages par rapport à ça ?

 

Caroline Tran: Alors dans mes relations, que ce soit amicales ou amoureuses, je peux retenir plusieurs choses. Déjà, il y a le fait que j’ai beaucoup travaillé sur moi-même pour ne plus reproduire des schémas de reproduction. J’ai d’ailleurs fait appel justement à différents professionnels médicaux ou paramédicaux qui m’ont permis de comprendre pourquoi est ce que, à chaque fois, je me prenais la baie vitrée et je retombais dans le truc à chaque fois.

 

Olivier My: Mais tu sais qu’il y en a, ils mettent des petites gommettes tu sais, sur ça, pour éviter de.

 

Caroline Tran: Ah oui non mais c’est le truc, c’est que c’est des schémas de reproduction quoi, tu sais.

 

Olivier My: Donc tu as identifié ces schémas que tu reproduisais ?

 

Caroline Tran: Exactement.

 

Olivier My: Ça, c’est quelque chose que tu gardes en tête parce que faut déjà avoir cette prise de recul, qu’il y a un schéma, c’est déjà pas mal.

 

Caroline Tran: Ouais.

 

Olivier My: Ok. Donc ça c’est un élément.

 

Caroline Tran: Ensuite, il y a des choses, Alors je sais pas si c’est quelque chose de familial ou c’est propre à mon caractère, mais j’ai beaucoup été dans ce schéma de le syndrome du sauveur.

 

Olivier My: Ouais.

 

Caroline Tran: Donc dans les relations amicales, notamment le fait de ne pas voir quand est ce que tu dépasses le côté amical mais que tu rentres dans un rôle de thérapeute. Ça, c’est quelque chose que j’ai dû prendre beaucoup de recul pour me rendre compte qu’en fait je m’écoutais plus du tout. Et moi, je ne suis pas du tout formée à une approche psychologique de la personne, comme je l’ai dit. Quand je dois réorienter, je réoriente.

 

Olivier My: Tu as appris alors.

 

Caroline Tran: Et du coup, j’ai appris. Mais j’ai appris par épuisement, parce que pour moi, c’était inconcevable de pouvoir me dire je laisse un ami, je laisse une amie ou bien je laisse un amoureux de côté et au bout d’un moment, c’est vrai que quand tu n’en peux plus, tu n’en peux plus quoi. Et puis enfin, quand tu te rends malade pour quelqu’un, bon bah là tu sais que ce n’est plus bon. Et encore une fois, sur la conscience corporelle, je pense que quand ton corps il te dit des choses, quand tu as mal à la gorge, quand tu as mal au ventre, que tu n’es pas bien à l’idée de penser à une personne, et bien je pense que c’est aussi quelque chose à prendre en compte. Et ça, ça m’a permis justement aujourd’hui de garder en fait des personnes qui aussi se remettent en question elles-mêmes sur est ce que je prends trop d’énergie ou je donne trop ou je suis vraiment dans ce truc de j’ai besoin d’englober la personne à fond.

 

Olivier My: Donc tu as réussi à définir tes propres limites par rapport à tes relations.

 

Caroline Tran: Oui, mais ça prend énormément de temps et je pense que quand tu décides de ne pas faire appel à quelqu’un, de ne pas faire appel à un psychologue, un psychanalyste, un médecin, en fait tu peux garder ces trucs là jusqu’à 40 50 ans, voire ta mort quoi.

 

Olivier My: Donc du coup, c’est sûr que on peut toujours tout faire tout seul. Aujourd’hui, l’information est disponible, ce n’est pas ça qui manque, c’est juste que quand tu le fais tout seul, tu risques de te heurter en fait à toutes les embûches qu’il peut y avoir sur le chemin. Et surtout, il y a vraiment un exercice qui est très difficile, c’est l’exercice d’introspection. Moi, j’ai souvent l’occasion de le dire, je dis les yeux ça pointe vers l’extérieur et souvent les personnes qui nous en apprennent le plus sont les personnes qui nous regardent justement, qui nous portent de l’attention, qui nous permettent de nous rendre compte de certaines choses que l’on fait de manière répétée, c’est à dire ces fameux schémas, les autres le voient alors que toi tu ne le vois pas. Et le fait de faire appel à un professionnel ou juste quelqu’un d’autre qui nous voit, ça nous aide à pouvoir réfléchir et à évoluer.

 

Caroline Tran: Oui, complètement. Après moi, ce que j’aime bien dans le fait de faire appel à un professionnel, c’est que quand tu fais appel à un ami, alors les amis sont toujours là et ils essayent toujours d’avoir les meilleurs conseils. Mais tout ce lien émotionnel que tu as avec l’autre ou la personne, parfois elle se dit il ne faut surtout pas que je la froisse. Pour moi, c’est un biais qui est énorme. Et quand tu es face à un professionnel qui se dit bon bah la personne je la connais ni d’Eve ni d’Adam et j’ai un petit peu cerné son profil et du coup je vais lui poser la question qui va faire qu’elle va se remettre en question sur le prochain mois jusqu’à notre prochaine session, ça bah les potes ils peuvent pas l’avoir vis à vis de toi. Et du coup, pour en revenir justement à le fait d’avoir délaissé derrière moi certaines personnes, le fait de faire appel à un professionnel, ça te permet aussi d’être plus doux vis-à-vis de toi-même, surtout si tu as ce syndrome de l’imposteur ou ce syndrome du sauveur. Bah t’es complètement dans un truc de culpabilité de me dire oh mon dieu, j’ai mal fait les choses, j’ai mal fait les choses. Alors que quand quelqu’un t’explique que non, tu ne pouvais pas faire autrement et que tu as besoin de te sauver et de te faire passer en premier, c’est quand même beaucoup plus déculpabilisant que quelqu’un qui te dit bah non, c’est normal. C’est normal et juste sois sûre de toi.

 

Olivier My: La puissance du tiers, c’est aussi d’avoir un regard qui est non-jugeant, qui est non émotionnaliser quoi. C’est à dire que la relation n’est pas en jeu au sens de l’amitié que tu peux avoir avec des gens. Là c’est son rôle à cette personne de te faire un retour le plus décontextualisé possible, mais pour t’aider. C’est vraiment ça.

 

Caroline Tran: Carrément. Et puis dans ces relations que j’ai pu mettre de côté, il n’y avait pas forcément des personnes qui en fait voilà les personnes hyper lourdes qui te veulent du mal, qui ne se remettent jamais en question. Bon, parfois ce sont des personnes qui ne se remettent pas en question, mais parfois il y avait des personnes qui étaient vraiment fantastiques et juste ça n’allait que dans un sens en fait. Et ouais, ce truc de remise en question. C’est vrai qu’au bout d’un moment, on ne peut pas être le psychologue de tout le monde quoi. Je trouve que c’est. Il en va de la responsabilité de chacun de se dire est ce qu’aujourd’hui j’ai l’impression de faire un maximum de bien et un minimum de mal ? C’est un truc que je répète très souvent, c’est assez familial et c’est vrai que je pense qu’il y a des personnes qui n’arrivent pas du tout, comme tu disais, à apporter une vision extérieure sur leur propre personne et à ne pas se rendre compte que parfois elles demandent trop.

 

Olivier My: Mais faire le tri de son entourage, ça a beau avoir un peu une connotation étrange parce qu’on a l’impression qu’on traite les gens comme des objets tu sais comme tu ranges les choses. Mais en vrai, comme tu l’évoquais, c’est des interactions qui génèrent du bruit, qui prennent de l’énergie. Et donc si tu ne réussis pas à définir ces limites qui t’aident à te protéger tout autant que ça te permet de t’exprimer pleinement, bah ça commence à devenir difficile.

 

Caroline Tran: Oui, complètement.

 

Olivier My: Donc très courageux de ta part en tout cas d’avoir fait ça. Et pour terminer ce que je vais te proposer.

 

Caroline Tran: La question ultime.

 

Olivier My: Maintenant, c’est que tu vas en choisir trois. Mais c’est moi qui vais choisir.

 

Caroline Tran: D’accord.

 

Olivier My: Ça te va ?

 

Caroline Tran: Oui.

 

Olivier My: Donc tu vas choisir entre 41 et 53.

 

Caroline Tran: Ok. 42 ?

 

Olivier My: Ok.

 

Caroline Tran: 48 et 53.

 

Olivier My: Ok. Alors 42. Je te l’ai dit et puis après j’en choisirai une selon comment tu vas réagir. Donc si ton alimentation exprimait tes aspirations les plus profondes, de quoi serait composée ton assiette au prochain repas ? Ok. 48. Quel petit pas aurais-tu envie de faire pour un projet qui te tient à cœur ? 53. Tu m’as facilité la tâche. Si tu étais confinée avec tes proches, que souhaiterais-tu partager avec eux ?

 

Caroline Tran: Rien. Nan je déconne.

 

Olivier My: J’ai déjà beaucoup trop partagé avec eux.

 

Caroline Tran: Les proches, la famille ou les amis ?

 

Olivier My: Après, c’est pas précisé. Ça, c’est une représentation personnelle.

 

Caroline Tran: Ça marche.

 

Olivier My: Vu qu’il est bientôt temps de manger, et bien je te propose de discuter d’alimentation. Donc je te la rappelle la question, si ton alimentation exprimait tes aspirations les plus profondes, de quoi serait composée ton assiette au prochain repas ?

 

Caroline Tran: C’est hyper compliqué. Il faut savoir que je suis une très bonne vivante, donc je pense que je prendrais quelque chose à la fois de sain mais de très réconfortant.

 

Olivier My: Dit autrement, sain et gras.

 

Caroline Tran: Non, mais je pense que je prendrais. Oh là là, c’est hyper compliqué comme question. Franchement, j’ai envie de dire Pho, un Pho, enfin une soupe vietnamienne parce que bah en fait parce que tu peux mettre plein de légumes à l’intérieur, plein de soja, plein d’herbes, plein d’aromates, donc c’est aussi extrêmement bon. Le bouillon est hyper réconfortant. Après moi j’adore la viande crue donc en fait tu peux aussi mettre ça dedans. Et puis je trouve que les pâtes c’est toujours quelque chose de très, voilà qu’on aime depuis l’enfance. Donc voilà, je pense que je partirais sur ça.

 

Olivier My: Ok, Et quel est le lien avec une aspiration profonde que tu ferais avec un Pho ?

 

Caroline Tran: Et bien je pense que c’est pour ça que je parlais des pâtes et du fait qu’on aime ça depuis l’enfance. Enfin moi en tous cas personnellement, mais je trouve que c’est le fait de reconnecter avec son moi mais beaucoup plus petit. Tu sais, c’est parfois un petit peu comme quand tu sens un parfum qui te rappelle, je sais pas, l’odeur d’une personne, l’odeur de ta maman ou des trucs comme ça. Et je trouve qu’un repas, parfois c’est un petit peu la même chose, ça te rappelle plein de bons souvenirs. Voilà, donc.

 

Olivier My: Aujourd’hui ce sera le Pho.

 

Caroline Tran: Voilà, ça répond bien à tes questions.

 

Olivier My: En tout ce cas Caroline merci beaucoup pour ce temps passé ensemble.

 

Caroline Tran: Merci à toi. C’était super intéressant.

 

Olivier My: Si des personnes veulent te contacter, comment est-ce qu’elles peuvent te retrouver ou te joindre ?

 

Caroline Tran: Alors moi j’ai un Instagram, c’est tout en minuscule, @ctran.osteo. Et voilà où je fais des petites publications de temps en temps si elles veulent avoir de mes nouvelles. Et sinon, si elles veulent me voir au cabinet, j’ai une page Doctolib et je suis sur deux cabinets, un à Boulogne et un dans le Marais.

 

Olivier My: Bah super, merci beaucoup !

 

Caroline Tran: Merci encore, c’était super cool !

 

Olivier My: Et puis bah à la prochaine !

 

Caroline Tran: À la prochaine !

 

Olivier My: Salut!

 

Caroline Tran: Au revoir.

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