Un petit exercice de Multitasking

Photo by rawpixel on Unsplash

Au cours d’une réunion avec 3 personnes il y a quelques jours, l’une d’elle m’indique qu’elle travaille sur 3 sujets en même temps et me demande de manière tout à fait sincère : « C’est pas bien ? ». Vous imaginerez bien que j’ai saisi l’occasion pour marteler à nouveau mon « Stop Starting, Start Finishing » favori mais plutôt que de le répéter, autant le faire expérimenter.

J’ai demandé à un de ses collègues de participer à une petite expérience, ce qu’il accepta vaillamment !

Voici ce que je lui ai proposé ! 🙂

Matériel

  • Feuille / Paperboard
  • Stylo / Feutre
  • Chronomètre

Note : vous reconnaissez ici mon souci du moindre matériel !  😛

Instructions

Ta mission, si tu l’acceptes, va être d’écrire sur 3 colonnes, respectivement :

  • Les 26 lettres de l’alphabet
  • Les nombres de 1 à 26 en chiffre arabe
  • Les nombres de 1 à 26 en chiffre romain

et le tout le plus vite possible bien évidemment !

L’atelier va se dérouler sur 2 tours :

  • Tour 1 : l’écriture se fera en switchant de colonne à chaque élément (en horizontal)
  • Tour 2 : l’écriture se fera par colonne (en vertical)

Déroulé

Tour 1

Le premier tour d’écriture

Le challenge lancé, nous pouvons commencer à observer ce qu’il se passe.

On peut sentir le balbutiement du cerveau à changer de tâche intellectuelle : il y a une légère pause entre chaque écriture ce qui saccade la réalisation.

Arrivé en milieu de course, sans véritable visibilité sur l’objectif, une sensation d’être perdu survient :

« J’en ai encore la moitié à faire ?! »

Note : Au bout de 10 lettres, je me suis dit que l’exercice était suffisamment long pour obtenir le résultat escompté donc j’ai réduit l’instruction à 20 plutôt qu’à 26.

Résultat obtenu

Rien ne vous choque ?

Résultat corrigé

Et là ? 😛

L’exemple est ici flagrant de la perte de cohérence du travail au bout d’un moment lorsque le multitâche dure trop longtemps.

En effet, gardons en tête que l’atelier nous met ici dans une situation de switch extrême ! 😉

Tour 2

Le second tour d’écriture

Sans surprises, le tour se déroule plus sereinement.

Le flux d’écriture est continu jusqu’au moment du switch sur la colonne suivante, la focalisation est présente.

Il n’y a donc que 2 moments de latence dans ce tour contre 59 dans le tour précédent.

Étude des temps

Tour 1 1 minute 55 secondes 115 secondes
Tour 2 1 minute 08 secondes 68 secondes

Nous avons donc une perte de productivité d’environ 40% au tour 1 sous l’effet du switch de tâches.

Pouvez-vous imaginer l’impact de cette pratique sur des tâches créatives complexes lorsque l’on voit le résultat sur des tâches aussi simples que l’écriture de lettres et de chiffres ?

Débriefing

Le débriefing est assez simple car les résultats parlent généralement d’eux-mêmes.

Cependant, je rajouterais quelques éléments supplémentaires :

Sources :

Conclusion

Un petit atelier rapide à effectuer qui généralement fait son effet ! 🙂

Note : vous pouvez bien évidemment changer les différentes activités à votre guise, l’idée étant simplement de faire switcher le participant d’une tâche intellectuelle à une autre.

Stop Starting, Start Finishing

Partager

Abonnez-vous !

Saisissez votre adresse e-mail pour vous abonner à ce blog et recevoir une notification de chaque nouvel article par email.

Olivier MY

Olivier MY

Ingénieur de formation et passionné par l’humain, je me suis rapidement tourné vers le monde du coaching Agile et du coaching Professionnel. J’accompagne aujourd'hui des individus, des équipes et des organisations vers une création de valeur adaptée aux contraintes et aux enjeux du monde actuel. J’ai à coeur de contribuer à la professionnalisation du métier notamment par des retours d’expérience détaillés et des inspirations soulignant l’importance d’une posture ouverte, curieuse et respectueuse.

Commentaires

4 réponses

  1. Super! Y a aussi un bon article sur cette illusion du multitasking dans le magasine Cerveau et Psycho N°100 par Jean-Philippe Lachaux, qui explique qu’on sait observer biologiquement cette impossibilité de faire 2 tâches en même temps.

  2. Merci Olivier pour l’article, toujours des belles opportunités de remise en cause et d’apprentissage tes articles, j’adore.

    Ton atelier me semble intéressant car il permet de prendre consciences des limites du multi tâches. Donc c’est mission accompli. Après, je suis plus prudent sur le débrief. D’un certain point de vue, tu donnes l’impression avec l’atelier que le multi tâches est la raison de l’écart de performance alors que peut être pas tant que ça. En effet, tu demandes dans un premier temps un effort d’apprentissage bien plus important que dans le second cas. Donc, bien sur le multi tâches rend plus difficile la réalisation mais dans le second cas, et par exemple, tu t’appuies sur un comportement ancré et donc l’effort d’apprentissage est bien moindre.
    Exprimé autrement, je serais prudent sur l’amalgame créé entre la notion de multi tâches (les tâches que nous faisons dans notre quotidien) et le caractère multi-tâches du cerveau. Si nous peinons à passer d’une tâche à une autre, c’est pour bien plus de raison que la vitesse de switch du cerveau. J’ai cité le fait que le comportement soit précédemment ancré, je rajoute ici la notion de filtre d’attention.
    Pour les plus curieux, la notion de multitasking en neurosciences est plutôt traité sous le terme d’attention divisée et s’intéresse à des tâches qui ont lieu en même temps (comme conduire en téléphonant). L’illusion est de penser que nous avons pleinement conscience des deux tâches et pour autant, on ne peut pas rejeter l’idée qu’ à la vitesse de notre conscience nous faisons bel et bien les deux deux choses en même temps. Le gendarme sur le bord de la route constatera bien que vous faisiez les deux (allez lui expliquer le switch du cerveau). C’est donc bien d’attention qu’il est question selon moi. Pour creuser encore, il faut avoir conscience que même dans le cas où nous ne faisons qu’une chose à la fois, les « filtres d’attention » pour vulgariser nous empêche d’avoir pleinement conscience de la « réalité » qui nous entoure. Donc et ce sera ma conclusion, le cerveau propose des phénomènes hautement complexes et il est peut être risqué d’isoler une « raison » possible. Il est tentant de faire un lien entre notre vitesse de switch entre deux tâches et la vitesse de switch du cerveau. Pour illustrer, c’est comme restreindre la capacité d’écoulement du traffic sur une autoroute à la capacité d’ouverture des barrières de péage. C’est un facteur limitant certes mais loin d’être le seul et certainement pas le plus impactant.

  3. J’ai adoré votre article.
    Tous les défis que relève au quotidien mon Assistant de projets Taskworld s’y trouve.
    Absolument tous.
    Y :compris le suivi du temps passé par tâches / listes de tâches / projets / collaborateurs.

    J’aimerais connaître vos impressions quant à l’outil : https://taskworld.com/fr/signup/

    Qu’en pensez-vous?

  4. Merci pour l’article Olivier! Cela me donne beaucoup d’inspiration. Une variante pourrait d’ailleurs être de timeboxer chaque tour (avec la durée qu’intentionnellement ne permettrait pas de remplir les 3 colonnes). Au premier tour aucune colonne ne seraient remplie et donc pas de valeur produite, alors qu’au 2ème tour une ou deux colonnes seraient bien terminées et donc il y a bien de la valeur produite à la fin de l’itération. Cela permettrait encore une fois mettre en avant ton principe favori “Stop Starting, Start Finishing” 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Articles récents

Réconciliation et Collaboration : Comment Faciliter une Équipe en Conflit

Il est courant pour les équipes dans les organisations dynamiques d’éprouver des tensions, surtout lorsque les responsabilités et les objectifs ne sont pas clairement définis. ...
LIRE PLUS

L’Art de transformer les Désaccords en Opportunité

Que vous soyez cadre d’entreprise, freelance ou tout simplement une personne qui souhaite améliorer ses relations interpersonnelles, savoir gérer les désaccords est essentiel. Pourquoi ? ...
LIRE PLUS

Parler de confiance en équipe

La confiance au sein d’une équipe n’est pas simplement un atout supplémentaire, c’est le fondement même d’une collaboration réussie. Elle impacte chaque aspect, de la ...
LIRE PLUS

Confiance et Vulnérabilité : au Coeur d’une Équipe Forte et Épanouie

Vous êtes-vous déjà demandé ce qui sépare une équipe qui excelle d’une autre qui stagne ? Ou pourquoi certaines organisations ont des employés passionnés et ...
LIRE PLUS

Évaluer le niveau de confiance dans une équipe

La confiance est plus qu’un simple mot dans le monde professionnel. Elle est le socle sur lequel repose chaque interaction, chaque décision et chaque innovation. ...
LIRE PLUS

« Circle of Trust » : Créer un environnement de confiance

La confiance est aujourd’hui, plus que jamais, au cœur de la performance d’une équipe. En effet, sans elle, même les talents les plus brillants peinent ...
LIRE PLUS

Prenons contact !